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Merci, monsieur le président.
Je pense que vous avez tous reçu la version française et anglaise du document de quatre pages que nous avons préparé. Je ne vais pas le lire, mais comme je vais me reporter à certains des graphiques qu'il contient, il serait peut-être bon de l'avoir sous la main.
Le Syndicat national des cultivateurs s'inquiète énormément des prix élevés des intrants. Nous les avons vu grimper en flèche. Ce que nous espérons porter à l'attention des membres du comité aujourd'hui, c'est qu'avec l'augmentation du prix des céréales, nous nous attendons à ce que le prix des intrants augmente énormément, et que nous craignons fort que les bénéficiaires de la majeure partie de la hausse des prix des céréales soient les fournisseurs d'engrais, de produits chimiques, de semences et de carburant.
Nous avons préparé un mémoire de quatre pages pour les membres du comité. Dans ce mémoire, nous avons utilisé des diagrammes et des données préparés, non pas par nous, mais par Agriculture et Agroalimentaire Canada ainsi que les fournisseurs d'intrants. Sur la première page de ce document, vous voyez un diagramme qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada a créé il y a quelques années. Il montre quel a été l'effet des dépenses totales sur les exploitations agricoles familiales au Canada.
Si vous examinez ce diagramme de la première page, vous constaterez que la grosse tranche du milieu qui représente nos dépenses, nos coûts d'intrant, s'élargit avec le temps jusqu'à ce qu'elle absorbe pratiquement 100 p. 100 des revenus agricoles canadiens et réduise le revenu agricole net à zéro. Au cours des 20 dernières années, nous avons constaté que les fournisseurs d'intrants ont accaparé une part de plus en plus importante des revenus à tel point qu'aujourd'hui ils en reçoivent la quasi-totalité. Voilà pourquoi le revenu net des agriculteurs est nul ou négatif.
Si vous prenez la page suivante du mémoire que nous avons distribué, vous trouverez, à la page 2, un deuxième diagramme d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. En lisant les documents du ministère, on peut voir qu'il est parfaitement au courant de ce problème. Il n'en parle pas toujours aussi clairement que les agriculteurs le souhaiteraient, mais il est clair qu'il a les données en main.
Dans notre document, le deuxième diagramme d'Agriculture et Agroalimentaire Canada montre les mêmes données, mais cette fois en tenant compte des revenus nets des agriculteurs tirés du marché et de la dépréciation. Je désire souligner ici qu'en 1985, au Canada, le revenu agricole net est tombé à peu près à zéro et qu'il est resté à ce niveau depuis lors. Il a été tantôt négatif tantôt positif, mais si vous faites la moyenne, vous vous rendez compte que le revenu agricole net a été d'environ zéro, au Canada, entre 1985 et aujourd'hui.
Si vous additionnez la valeur de la production agricole pendant cette période, cela donne 689 milliards de dollars, soit les deux tiers d'un billion de dollars. J'aimerais que les membres du comité se posent la question suivante lorsqu'ils examinent le prix des intrants: si les agriculteurs ont produit et vendu au cours des deux dernières décennies pour plus des deux tiers d'un billion de dollars de marchandises agricoles, sans en tirer un seul cent de revenu net, où est allé tout cet argent?
Les deux tiers de ce billion de dollars sont allés dans les poches de John Deere, Cargill, Agrium, Mosaic, Exxon et les autres fournisseurs d'intrants agricoles du Canada. Voilà quelle est la situation. Il ne s'agit pas seulement de se demander si les Canadiens paient un peu plus ou un peu moins que les Américains ou si le prix des engrais a augmenté un peu plus rapidement que celui des produits chimiques, ou l'inverse. En fait, les puissantes sociétés transnationales qui fournissent les intrants se sont positionnées de façon à accaparer 100 p. 100 de la richesse produite dans les exploitations agricoles du Canada.
Ce problème ne touche pas seulement les agriculteurs. Nous soulignons également que les contribuables canadiens ont dû apporter une généreuse contribution sous la forme de programmes de soutien à l'agriculture pour que les familles agricoles puissent continuer à cultiver la terre. Comme les fournisseurs d'intrants ont englouti les deux tiers d'un billion de dollars représentant le produit du travail de nos agriculteurs, les contribuables ont généreusement comblé la différence. Au cours des 20 dernières années, les contribuables ont versé près de 68 milliards de dollars en paiements de soutien pour que les agriculteurs puissent continuer à cultiver la terre. Cela donne environ 9 000 $ par famille de contribuables.
D'un certain point de vue, ces programmes de soutien ressemblent autant à des subventions aux fournisseurs d'intrants qu'à des subventions aux familles agricoles. Par conséquent, si vous prenez les milliards qu'il est nécessaire de verser en paiements de soutien agricole pour compenser ce qui a été extorqué par les fournisseurs d'intrants, c'est vraiment un problème important pour tous les Canadiens. Tous ceux qui paient des impôts devraient s'intéresser au fait que le revenu agricole est aussi bas, en grande partie à cause du prix des intrants.
Les deux diagrammes suivants dont je vais parler, qui sont à la page 3, n'ont pas été créés par Agriculture et Agroalimentaire Canada, mais par des fournisseurs d'engrais. Ce sont des diagrammes extrêmement provocateurs, car ils montrent que le prix de l'azote suit le prix des céréales et que le prix des engrais est relié au prix des céréales.
Le premier diagramme a été préparé par Agrium Inc., une des plus grandes sociétés nord-américaines, et le deuxième, par Yara, un des plus grands fabricants d'engrais européens. Ils reconnaissent entièrement que leurs prix sont déterminés par le prix des céréales. Lorsque le prix des céréales augmente, ils augmentent le prix des engrais.
Dans ce cas, à quoi faut-il s'attendre? Le prix des céréales a énormément augmenté. Comment le prix des engrais va-t-il se comporter? Selon le ministère de l'Agriculture de l'Alberta, le prix de l'azote a grimpé de 39 p. 100 et celui du phosphate, de 42 p. 100 en l'espace d'un an, entre décembre 2006 et décembre 2007. Par conséquent, nous constatons une hausse d'environ 40 p. 100 du prix des engrais, ce qui n'a rien d'étonnant étant donné que, selon les fabricants d'engrais, ils augmentent leurs prix lorsque le prix des céréales augmente.
Je dirais seulement une dernière chose, car je me rends compte que je dispose seulement de 10 minutes. Ces hausses du prix des engrais répondent à la hausse du prix des céréales et non pas à l'augmentation du coût de production des engrais.
Comme nous le rapportons dans notre mémoire, Agrium Inc. a récemment déclaré que:
Les prix records de l'azote et une légère augmentation seulement des coûts attribuables aux prix élevés de l'essence ont donné lieu à des marges de profit records de 151 $ la tonne.
Ces sociétés ont des marges de profit records. Le dernier diagramme figurant dans notre mémoire montre qu'il s'agit de profits records. Les profits de fabricants d'engrais sont maintenant cinq à six fois plus élevés qu'ils ne l'étaient au cours de la dernière décennie.
En conclusion, nous espérons que les membres du comité et les autres parlementaires pourront voir la situation dans son ensemble, voir comment, au fil des ans, les fournisseurs d'intrants se sont positionnés de façon à être les principaux bénéficiaires de la richesse que nous créons en cultivant la terre et qu'ils sont en train de devenir les principaux bénéficiaires des hausses du prix des céréales. Nous espérons que les membres du comité pourront en parler courageusement et clairement et qu'ils pourront ensuite travailler avec les producteurs pour rééquilibrer le pouvoir entre les agriculteurs et les fabricants d'intrants, car c'est le pouvoir du marché qui détermine la répartition des profits. En raison du déséquilibre des forces, la répartition des profits est déséquilibrée.
Pour résumer la crise agricole en une phrase, les agriculteurs gagnent trop peu parce que les autres accaparent trop.
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Merci, monsieur le président.
C'est un honneur pour moi de comparaître devant le comité permanent. Le président de notre association, David Marit, a malheureusement été retenu par d'autres obligations.
L'Association des municipalités rurales de la Saskatchewan est une association cadre qui représente les 296 municipalités rurales de la Saskatchewan. La totalité des terres agricoles de la province se trouve à l'intérieur des frontières de ces municipalités rurales.
Dans le cadre de cette présentation, la SARM souhaite aborder certaines questions liées aux coûts élevés des intrants. Ces questions comprennent: la différence dans les prix des engrais entre les États-Unis et le Canada et la valeur de programmes comme le Programme d'importation pour approvisionnement personnel. Nous voulons également discuter des efforts visant à harmoniser la réglementation canadienne portant sur ces produits avec celles de pays comme les États-Unis, ce qui donnerait des chances égales à nos producteurs dans un contexte nord-américain.
Je m'appelle Ray Orb et je suis un des directeurs de la SARM. Je suis le préfet de la Municipalité rurale de Cupar, située à 80 kilomètres au nord-est de Regina. Voilà 29 ans que mon épouse et moi gérons une exploitation céréalière et une exploitation vache-veau.
Depuis que nous sommes exploitants agricoles, ma femme et moi, nous n'avons jamais connu une époque aussi favorable dans l'industrie céréalière. Plusieurs produits de base comme le lin, le canola, le seigle et les petits pois ont récemment établi de nouveaux records pour ce qui est du prix des cultures de l'année précédente et, en raison des faibles réserves interannuelles et du faible rapport stock-demande, de nombreux analystes prédisent que les prix des cultures de l'année seront tout aussi élevés.
Cependant, comme le comité le sait, le secteur de l'élevage traverse actuellement une crise. L'industrie de l'élevage bovin devrait s'en remettre, puisque bon nombre de nos exploitants en Saskatchewan sont également des producteurs de céréales et se sont habitués à la rentabilité cyclique du secteur de l'élevage.
Au cours des années, bon nombre de mes collègues ont publiquement soutenu que si les agriculteurs doivent vendre leurs produits au cours mondial, alors ils devraient également pouvoir acheter leurs intrants au cours mondial.
La hausse rapide du prix des engrais n'est pas non plus passée inaperçue au sein de la SARM. Selon l'édition de mars 2007 du bulletin bimensuel d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, les prix moyens des engrais au Canada ont augmenté de 3,9 p. 100 en 2006 en raison d'une demande accrue et d'une offre moindre. Le bulletin notait en outre que les prix accrus du carburant et de l'énergie feraient encore grimper le coût des engrais. Cette hausse de 3,9 p. 100 équivaut à environ 99 millions de dollars, et AAC estime qu'une augmentation d'un cent dans le prix du kilo d'engrais représente une hausse d'environ 61 millions de dollars dans la facture annuelle d'engrais des agriculteurs canadiens.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Le prix de l'engrais azoté dans ma région est passé de 595 $ par tonne en décembre 2007 à 605 $ par tonne en mars 2008, soit une hausse de 2 p. 100. Le prix de l'engrais phosphaté, pour sa part, a augmenté encore plus rapidement: il est passé de 615 $ par tonne en décembre 2007 à 839 $ par tonne en mars 2008, soit une hausse de 36 p. 100 au cours de la même période.
Keystone Agricultural Producers a réalisé une étude du 15 avril au 15 mai 2007 dans laquelle elle comparait les prix des engrais à différents endroits du Manitoba et au Dakota du Nord. Les résultats indiquaient que les prix moyens des engrais étaient de 33 p. 100 plus élevés au Manitoba qu'au Dakota du Nord.
Pour prendre un exemple précis, le prix de l'ammoniac anhydride était de 63 p. 100 plus élevé, et celui du phosphate liquide était de 41 plus élevé au Manitoba qu'au Dakota du Nord. L'étude révélait en outre qu'une importante quantité de l'engrais vendu aux États-Unis provient d'une source canadienne. On peut donc se demander pourquoi les compagnies d'engrais peuvent utiliser des ressources naturelles canadiennes pour produire de l'engrais et le vendre moins cher aux agriculteurs américains qu'aux agriculteurs canadiens.
David Rolfe, qui était alors le président de Keystone, a fait valoir que:
Cette pratique revient essentiellement à offrir une subvention aux agriculteurs américains aux dépens des agriculteurs canadiens, et il est absolument essentiel que les gouvernements fassent enquête afin de corriger cette situation au nom de nos producteurs.
La SARM appuie cette affirmation et encourage le gouvernement fédéral à examiner cet important écart au nom des agriculteurs.
Le prix des pesticides agricoles est également à la hausse, et les mêmes produits sont considérablement moins chers aux États-Unis qu'au Canada.
La SARM est d'avis que le Programme d'importation pour approvisionnement personnel du gouvernement fédéral était un bon outil de gestion des prix, puisqu'il permettait aux producteurs canadiens d'importer des pesticides chimiques des États-Unis et d'ainsi faire des économies. En 2005, le PIAP a permis aux producteurs de se procurer 3 146 permis et d'importer 5,75 millions de litres de ClearOut 41 Plus, qui est un glyphosate générique.
En juillet 2007, le PIAP a été remplacé par le Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs ou PIAPDA. À l'époque, nous croyions que le PIAPDA allait simplifier à la fois le processus d'obtention des permis et le processus d'admissibilité au programme et qu'il serait maintenant possible d'importer une plus grande gamme de produits. À première vue, cela semblait très bien, mais nous avons tout de même exprimé certaines préoccupations dans des lettres et des rencontres avec le ministre Ritz et l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire. Le nouveau programme stipulait que la formule chimique des produits importés devait être identique et non simplement équivalente pour que les produits soient admissibles à l'importation. Nous craignions que cela exclurait de nombreux produits.
Depuis l'entrée en vigueur du PIAPDA, nos membres nous ont informés que le programme ne fonctionne pas comme il était censé fonctionner. La liste de produits admissibles à l'importation est passée de huit à cinq produits. De plus, le PIAPDA exige que tous les contenants de produits importés vides soient recyclés, et les fabricants ont imposé d'importants frais de recyclage. Dans certains cas, ces frais ont rendu les produits importés plus chers que leurs équivalents canadiens, éliminant ainsi l'avantage de l'importation.
Parce que le PIAPDA s'est révélé inefficace pendant sa première saison de fonctionnement, la SARM demande au gouvernement fédéral et à l'ARLA de remettre en place le PIAP jusqu'à ce qu'on puisse prouver l'efficacité du PIAPDA.
Le revenu net total des agriculteurs canadiens a considérablement baissé au cours des 30 dernières années, et le prix des intrants continue de grimper. Dans ces conditions, les programmes permettant aux producteurs d'avoir accès à des produits chimiques moins chers aux États-Unis sont très bienvenus. Nos produits agricoles de base doivent livrer bataille dans les marchés mondiaux, et nos agriculteurs ont besoin d'intrants à des prix abordables s'ils souhaitent demeurer concurrentiels. Voilà pourquoi les économies découlant du PIAP ont été si importantes pour bon nombre de producteurs.
Les agriculteurs de la Saskatchewan courent le risque de perdre des millions de dollars si le PIAP n'est pas maintenu en place. Nous avons soumis une demande formelle auprès du ministre de l'Agriculture Ritz et de l'ARLA pour que le PIAP soit prolongé et que les agriculteurs soient informés que ce programme leur est accessible.
Afin que nos producteurs conservent un avantage concurrentiel dans le marché mondial, nous croyons que, dans la mesure du possible, la réglementation portant sur les intrants agricoles comme les pesticides, les engrais et le carburant doit être harmonisée à l'échelle de l'Amérique du Nord. L'harmonisation permettrait aux intrants vendus à des prix concurrentiels de traverser les frontières plus librement. Cela ferait en sorte que nos producteurs aient accès aux meilleurs prix pour leurs intrants et cela abaisserait le prix des intrants.
Pour conclure, la SARM est d'avis que la hausse du prix des engrais et des pesticides chimiques est une double anomalie qui doit être abordée.
Premièrement, l'étude de KAP a été réalisée en 2007, alors que notre dollar canadien valait 80 ¢ américains. L'étude relevait un écart moyen de 33 p. 100 dans le prix des engrais au Manitoba et au Dakota du Nord. Avec la hausse de la valeur de notre dollar, nous pourrions nous attendre à constater une réduction de ces écarts, mais ce n'est pas le cas.
Deuxièmement, étant donné le fait que la plus grande partie des engrais, et en particulier l'engrais azoté est fabriquée ici-même au Canada, en Saskatchewan, nous pourrions nous attendre à ce que ces produits soient moins chers au Canada qu'aux États-Unis, mais l'inverse est vrai.
Comme l'indiquait l'étude de KAP, PriceWaterhouseCoopers a constaté que les vendeurs étaient réticents à discuter des facteurs possibles contribuant aux écarts dans les prix. La SARM a fait le même constat lorsqu'elle a tenté d'étudier ces écarts. Par conséquent, la SARM demande ce qui suit au comité.
Premièrement, la SARM demande au comité d'encourager le gouvernement fédéral à étudier les raisons derrière ces écarts dans le prix des intrants au Canada et aux États-Unis et à déterminer si les clients, à savoir les agriculteurs, sont placés en position de désavantage concurrentiel en raison d'une fixation des prix injuste ou d'autres facteurs.
Deuxièmement, la SARM demande au comité d'encourager le gouvernement fédéral à remettre en place le PIAP jusqu'à ce qu'on puisse démontrer que le PIAPDA constitue un remplacement efficace.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je siège au conseil d'administration de l'Association de nutrition animale du Canada ou ANAC. Je suis le président de W-S Feed & Supplies Ltd., une entreprise d'aliments industriels comptant 40 ans d'existence, qui est établie à Conestogo, dans la région de Waterloo, en Ontario. L'ANAC est l'association nationale de l'industrie canadienne de l'alimentation animale, et représente les compagnies qui fabriquent des aliments destinés au bétail et à la volaille, ainsi que les fournisseurs de biens et services connexes à l'industrie.
L'ANAC apprécie vivement cette occasion de s'adresser au comité sur l'importante question des prix élevés des intrants et leur impact sur les producteurs et autres intervenants du milieu agricole dont le bien-être est lié étroitement à celui des producteurs. L'industrie de l'alimentation animale est certes l'un de ces intervenants.
Les producteurs agricoles sont à la fois nos fournisseurs et nos clients. Il est important de souligner que les éleveurs canadiens de bétail et de volaille représentent l'ensemble de notre base de clientèle. Lorsque leurs entreprises sont affectées par une situation quelconque, il en est de même pour les nôtres.
Les principaux produits qui servent à la fabrication d'aliments pour animaux sont le maïs et le soya. Le prix plus élevé de ces intrants a aussi fait grimper le coût d'autres ingrédients protéiques et énergétiques qui servent à la fabrication des aliments
Récemment, Statistique Canada déclarait qu'entre septembre 2006 et 2007, les prix de l'orge dans l'Ouest canadien ont augmenté de 60 p. 100 et qu'en Ontario, les prix du maïs ont grimpé de plus de 50 p. 100, une situation qui ne semble pas vouloir s'atténuer depuis septembre. Le maïs coûtait 170 $ la tonne en Ontario en date de la fête du travail et maintenant, il a passé à 200 $ la tonne. Ensuite, le tourteau de soya coûte maintenant 430 $ comparativement à 313 $ la tonne en septembre.
Les fabricants déboursent aussi beaucoup plus pour les micro-ingrédients, les vitamines et les oligo-éléments qui contribuent à la valeur nutritionnelle des aliments. Plusieurs de ces produits sont fabriqués à même la production de combustibles fossiles et leur prix a monté en flèche à cause de la hausse du prix du pétrole.
Il en résulte que notre industrie paye davantage pour ses intrants mais, bien entendu, nous sommes également des fournisseurs d'intrants. Les aliments que nous fabriquons sont l'intrant le plus important pour les producteurs. En fait, il s'agit de la plus importante composante-coût dans le secteur de la production animale. Par exemple, les aliments représentent 75 p. 100 des coûts de l'élevage porcin.
Notre industrie est exploitée moyennant des marges très serrées et les intrants représentent au moins 85 p. 100 de notre coût total de production et nous devons transmettre ces coûts plus élevés à nos clients. Nous avons déployé tous les efforts pour tarder à transmettre certains de ces coûts. Par exemple, lorsque les prix du pétrole ont commencé à augmenter, plusieurs compagnies d'aliments pour animaux n'ont pas immédiatement transmis les coûts plus élevés aux producteurs dans l'espoir qu'il s'agissait d'une tendance à court terme seulement. Cependant, les augmentations sont devenues tellement prédominantes dans l'industrie du transport que nous devons maintenant transmettre ces coûts sans hésitation.
Certains demanderont possiblement pourquoi l'industrie de l'alimentation animale éprouve tant de difficultés si elle transmet les coûts plus élevés à ses clients? La réponse repose sur le fait que notre viabilité est étroitement liée à celle de nos clients. La hausse du prix des intrants oblige certains producteurs à fermer leurs portes et, de ce fait, notre base de clientèle est à la baisse.
Dans le sud de l'Ontario, un certain nombre de compagnies à usines multiples ont dû en fermer quelques-unes et la situation est même beaucoup plus sérieuse dans l'Ouest canadien . L'ANAC estime qu'au moins 5 p. 100 des établissements ont soit fermé leurs portes ou sont sur le point de le faire. Et, nous ne croyons pas avoir vu le pire de la situation puisque certaines compagnies retardent leur décision pour voir s'il y aura revirement de la situation d'ici quelques mois. Malheureusement, il y a peu de chances que cela se produise.
Comme vous le savez déjà, le taux de change exerce aussi un impact négatif sur les éleveurs de bétail.La dernière fois que les aliments étaient si dispendieux au Canada, soit vers le milieu des années 1990, les producteurs étaient plus en mesure d'accepter l'augmentation des coûts des intrants étant donné que la faiblesse du dollar leur permettait de toucher de bons prix à l'exportation de viandes.
Le taux de change exerce donc un impact certain. De nombreuses meuneries situées à la frontière canado-américaine avaient l'habitude de vendre une importante quantité d'aliments aux états du nord des États-Unis. Maintenant, ces ventes en sont pratiquement à un point mort étant donné la parité des devises, un autre facteur qui contribue à la fermeture des meuneries.
Comme nous le savons tous, les solutions à cette hausse du prix des intrants sont complexes. J'aimerais aborder rapidement quelques points qui, selon l'ANAC, pourraient être améliorés.
Un certain nombre de nouvelles technologies et de produits sont disponibles de par le monde et peuvent aider à réduire le coût des aliments. Toutefois, la réglementation canadienne décourage le recours à de nombreux ingrédients nouveaux et de rechange étant donné la nature complexe et fastidieuse du processus d'approbation.
L'ANAC recommande la modification des règlements qui régissent les ingrédients d'aliments afin d'assurer que le marché puisse accéder plus facilement à ces nouveaux ingrédients moins dispendieux.
D'ordre général, le régime de réglementation qui régit la fabrication d'aliments est désuet. Ce régime ne permet pas à l'industrie de l'alimentation animale de réagir rapidement aux situations de crise comme celle qui entoure la hausse actuelle du prix des intrants. En théorie, il existe un certain nombre d'ingrédients à coûts réduits qui pourraient être importés des États-Unis mais ils ne sont pas approuvés ou seront retenus à la frontière.
Les aliments sont plus dispendieux au Canada parce que nous avons des exigences supplémentaires en matière de salubrité, y compris l'EBS. Maintenant, l'industrie de l'alimentation animale comprend l'importance de ces mesures de sécurité et l'ANAC a collaboré étroitement avec le gouvernement fédéral pour établir un mécanisme de mise en oeuvre des mesures de protection contre l'EBS. Mais, la conformité à la réglementation porte un prix. Du même coup, nos producteurs doivent livrer concurrence aux produits de viande importés qui ne sont pas sujets à des règles aussi strictes. La situation n'est vraiment pas juste.
L'ANAC voudrait une réforme visant à réduire les coûts de conformité, tout en assurant l'application des mêmes normes élevées de sécurité. C'est pourquoi nous recommandons que le gouvernement offre aux producteurs une forme de financement pour compenser les coûts plus élevés qui sont associés au renforcement du règlement sur l'EBS.
Avant de terminer, j'aimerais commenter brièvement la stratégie du Canada relativement aux biocarburants. l'industrie de l'alimentation animale est fermement d'avis qu'une stratégie fondée sur le maïs est imprévoyante. Nous devrions plutôt concentrer nos efforts sur la production de biocarburants à même des matériaux qui n'ont aucun impact direct sur la chaîne alimentaire comme les copeaux à brûler ou les sous-produits de la production de méthane. Selon leur plus récente loi sur l'énergie, il semble que les États-Unis se tournent dans cette direction, explorant la possibilité de produire des carburants à même d'autres biomasses afin d'alléger les pressions exercées sur l'industrie de la production de maïs.
Je vous remercie pour l'attention que vous avez accordée à ces propos. Si vous avez des questions, il me fera plaisir d'y répondre.
Monsieur le président et membres du comité, je suis Jill Maase, vice-présidente de la Biotechnologie végétale, Affaires gouvernementales et publiques à CropLife Canada. Je suis accompagnée de mon collègue, Peter MacLeod, vice-président de la Chimie de protection des cultures.
Nous sommes heureux de comparaître aujourd'hui devant le comité permanent dont les membres délibèrent actuellement sur l'impact engendré par les coûts des facteurs de production exigés des agriculteurs à l'échelle nationale.
CropLife Canada est l'association représentant les concepteurs, les fabricants et les distributeurs de technologies phytoscientifiques, de pesticides et de biotechnologie végétale. Nos membres se sont donné pour objectif de se maintenir à l'avant-garde de l'innovation agricole en prodiguant de précieux conseils à notre clientèle de producteurs agricoles qui, grâce à l'agriculture, proposent en retour des solutions adaptées aux besoins et aux problèmes de la société. La production des aliments, des aliments pour animaux, du carburant, des solutions environnementales et même la fabrication des produits industriels et pharmaceutiques peuvent entièrement reposer sur les végétaux et il faut des intrants pour produire ces innovations et ces produits de base. Le comité a acquis une connaissance approfondie des avantages que présentent les biocarburants pour le Canada. D'ailleurs, nos membres produisent les céréales et les graines oléagineuses qui constituent la matière première servant à la production actuelle d'éthanol et de biodiesel.
Voici quelques exemples des progrès favorisés actuellement par les technologies phytoscientifiques dans le domaine de l'agriculture: le maïs à haut rendement et à forte teneur en amidon pour les biocarburants; le maïs résistant aux insectes; la fève de soja et le canola résistants aux herbicides et l'agriculture sans labour en permettant une gestion plus efficace des mauvaises herbes et une réduction de l'utilisation de carburant; des pesticides à risque réduit qui conviennent très bien à la lutte antiparasitaire intégrée, et il y en a d'autres.
Nos produits ont une valeur réelle pour les agriculteurs, l'environnement et les consommateurs. Pour cette étude, le comité permanent a déjà entendu les nombreux témoignages d'intervenants comme l'ARLA, ainsi que de regroupements d'agriculteurs au sujet du Programme d'importation pour approvisionnement personnel et du nouveau Programme d'importation pour approvisionnement personnel à la demande des agriculteurs qui est en voie de s'implanter.
CropLife Canada et mon collègue Peter MacLeod ont participé intensivement aux activités du groupe de travail sur l'importation pour approvisionnement personnel. À ce titre, nous souhaitons formuler quelques commentaires sur les origines de la création de ce groupe de travail et les aspects ayant donné lieu à ces recommandations consensuelles finales.
Examinons les antécédents de cet enjeu. À l'origine, le Programme d'importation pour approvisionnement personnel a été conçu pour devenir un mécanisme de régulation des prix, à une époque où le revenu des agriculteurs, qui avait enregistré une baisse record, constituait la norme et où les agriculteurs cherchaient, à juste titre, à acquitter les coûts des facteurs de production les plus bas possible. La situation a donné lieu à de nombreuses études sur l'établissement des prix: certains produits étaient moins coûteux au Canada, et d'autres produits étaient moins coûteux aux États-Unis.
Dès le lancement de l'IAP en 1993, et ce, jusqu'à 2004, un seul produit a fait l'objet d'une autorisation par l'intermédiaire de ce programme. En 2004, l'ARLA a permis à des intermédiaires ou à des agents de représenter les agriculteurs, en établissant une équivalence chimique entre chaque produit à l'étude et un produit homologué au Canada. L'année 2005 a donné lieu à l'émission de permis relativement à plus de 5,7 millions de litres de pesticide non homologué. Le Programme d'importation pour approvisionnement personnel était maintenant diffusé à l'échelle industrielle.
Étant donné l'expansion du programme, bon nombre d'intervenants ont fait part de leurs préoccupations, dont des regroupements de producteurs agricoles, des fabricants, des détaillants, des ONG du secteur de l'environnement, des gouvernements provinciaux ainsi que des marchands de grain.
Santé Canada a constitué le groupe de travail en novembre 2005 afin de se brancher sur les préoccupations suivantes: risque d'interruption des échanges commerciaux suite à l'exportation de denrées agricoles traitées avec des pesticides non homologués; salubrité, y compris de déphasage par rapport aux plans agro-environnementaux et autres mesures de salubrité alimentaire; les agriculteurs doivent assumer l'entière responsabilité du rendement des produits importés; ralentissement de l'investissement et du potentiel d'innovation, un sujet dont les agriculteurs parlent beaucoup; les intermédiaires n'assument aucune part des droits d'homologation au Canada ou des responsabilités.
En fin de compte, un système reposant sur la délivrance de permis a supplanté le système fondé sur l'homologation des produits. En conséquence, nos membres se sont questionnés sur la voie à emprunter. Pourquoi franchir toutes les étapes du processus d'homologation, alors que d'autres ne le font pas?
Le groupe de travail sur l'IAP a rapidement pris conscience que les problèmes des agriculteurs s'étendaient bien au-delà des mécanismes de régulation des prix. Ils englobaient notamment l'accès aux technologies de pointe en parallèle avec la concurrence américaine et le rôle joué par l'harmonisation réglementaire quant à l'atteinte de cet objectif; le comblement des lacunes technologiques grâce au recours à un plus grand nombre de produits d'usage mineur; la gérance de l'environnement et la gestion des conteneurs; la protection de la propriété intellectuelle et la mesure dans laquelle elle stimule le développement des nouvelles technologies; l'accès amélioré aux produits génériques.
CropLife Canada a appuyé le consensus adopté par le groupe de travail, puisqu'il tenait plus largement compte des besoins à long terme des agriculteurs et de l'industrie. Comme le comité permanent le sait déjà, tous les membres du groupe de travail sur l'IAP ont approuvé officiellement la conclusion de la Fédération canadienne de l'agriculture, d'autres regroupements de producteurs agricoles y compris Pulse Canada, Farmers of North America ainsi que des représentants de notre secteur et du gouvernement.
Cette approbation a donné lieu à un document consensuel des plus convaincants, qui comporte des recommandations sur les aspects suivants: lancer un programme pilote d'IAPDA, qui permettra aux producteurs agricoles d'identifier 12 produits candidats potentiels, et cela a été fait en 2007; maintenir l'accès au programme d'IAP durant la mise en oeuvre du programme pilote; élaborer des programmes de gérance prévoyant la gestion des conteneurs, grâce à des discussions avec nos membres, Agriculture Canada et des représentants des gouvernements provinciaux; l'ARLA irait de l'avant en perfectionnant un système d'homologation des produits génériques et Agriculture Canada maintiendrait la surveillance des prix.
Par conséquent, où en sommes-nous aujourd'hui?
Le seul produit autorisé en vertu du programme d'IAP est maintenant homologué au Canada et figure parmi les candidats au programme d'IAPDA de cette année. Sept produits ont déjà fait l'objet d'une autorisation en vertu du programme d'IAPDA. Une demi-douzaine de produits seront mis à l'étude cette année. Certaines améliorations proposées au système d'homologation des produits génériques sont entrées en vigueur. Les membres de CropLife Canada prônent l'instauration des normes d'homologation nord-américaines relativement à un grand nombre de nouveaux produits. Un programme sur les pesticides à usage mineur favorise l'intégration d'un plus grand nombre de produits à usage mineur. Notre industrie s'est engagée à fournir les données nécessaires — à la fois coûteuses et détaillées — à l'ARLA afin qu'elle évalue les applications de l'IAPDA et qu'elle collecte les conteneurs que lui remettront les producteurs agricoles. Nous avons même permis le prolongement du programme actuel d'IAP jusqu'à l'entière fonctionnalité du programme d'IAPDA.
Toutes proportions gardées, nous avons remporté un succès retentissant d'une part, en permettant aux producteurs agricoles d'accéder aux produits dont ils ont besoin et en renforçant le potentiel d'importation de ces produits et, d'autre part, en maintenant les protections souhaitées par les Canadiens sur les plans de la santé, de la sécurité et de l'environnement. Une partie de ce succès réside dans l'instauration du programme d'IAPDA et dans la perte de vitesse du programme d'IAP. En effet, l'existence de ces deux programmes en tandem incite peu nos membres à fournir l'information nécessaire à l'autorisation des produits candidats du programme d'IAPDA, au soutien financier d'un programme de gérance des conteneurs et au maintien du développement de nouveaux produits destinés à l'homologation nord-américaine, qui feront l'objet d'examens conjoints ou qui porteront l'étiquette de l'ALENA.
Pour conclure, les membres de CropLife Canada sont déterminés à mettre la meilleure technologie à la disposition des agriculteurs canadiens et nous incitons fortement le comité à soutenir la mise en oeuvre du programme d'IAPDA pour la prochaine saison et à évaluer sa réussite en se fondant sur les résultats obtenus. À la fin de la prochaine saison, les producteurs agricoles et les parlementaires saisiront mieux la valeur de l'IAPDA.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci pour vos témoignages. Il semble que le sujet du coût des intrants soit récurrent au Comité de l'agriculture. Malheureusement, on ne parle jamais de la baisse du coût des intrants; on parle toujours de sa hausse. On se penche sur cette question régulièrement. Vos témoignages peuvent nous servir à trouver des solutions qu'on peut ensuite présenter au ministre. Il n'y a peut-être pas de solution magique, mais on peut quand même discuter et essayer d'obtenir des informations qui vont nous permettre de recevoir de bons et judicieux conseils.
Vous connaissez sans doute l'étude de Keystone Agricultural Producers, KAP, qui a été faite récemment par PricewaterhouseCoopers. Je me pose certaines questions concernant les statistiques sur la hausse du prix des engrais qui y figurent. Cette étude compare les prix des engrais du Manitoba et de la Saskatchewan à ceux du Dakota du Nord. Il faut vivre avec nos voisins américains, et les produits peuvent circuler librement grâce à l'ALENA.
Ce qui m'intrigue dans cette étude est l'écart de seulement 1 p. 100 en 2004. On peut pratiquement parler de parité, dans ce cas. Par contre, en 2006, cet écart est passé à 10 p. 100, toujours en faveur des prix américains. En 2007, il est de 33 p. 100, et dans le cas de l'anhydre, il est de 63 p. 100. On ne joue plus maintenant sur la même patinoire que les Américains. Qui plus est, avec la hausse du dollar canadien, notre pouvoir d'achat devrait augmenter et nous devrions pouvoir acheter nos produits à moindre coût.
Comment se fait-il qu'au lieu de voir les écarts diminuer, on les voit augmenter? Je m'explique mal cet état de fait, je ne suis pas économiste. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
Pour souci d'efficacité et parce que je veux donner à CropLife Canada la possibilité de répondre — je vais devoir malheureusement oublier deux de nos témoins pour passer directement à vous, madame Maase.
J'ai d'abord une ou deux choses à dire. Les producteurs de l'ouest du pays — et je n'ai pas eu l'occasion de sillonner le pays autant que certains de mes collègues — comptent parmi les plus efficaces et les meilleurs et produisent les meilleures récoltes et les meilleurs produits au monde. J'estime que le gouvernement les empêche trop souvent de concurrencer sur un pied d'égalité les autres pays et les autres producteurs du monde entier.
Un exemple, selon moi — j'ai soulevé la question devant le comité la dernière fois que l'ARLA a comparu, et je sais que vous étiez là — est le nouveau programme PIAPDA. Il suffit de voir toute la paperasserie dont nos producteurs doivent s'occuper pour pouvoir faire venir certains de ces produits.
Je ne m'y connais pas vraiment, mais je trouve qu'il est extrêmement difficile pour nos producteurs de pouvoir obtenir un permis pour importer ces produits. Nous avons créé un monopole de plus en ce qui concerne le recyclage des contenants. Par souci de justice, je veux vous donner l'occasion de répondre, car nous n'avons pas encore eu l'occasion d'en discuter vous et moi. Encore une fois, nous avons donné à une organisation la possibilité d'établir tous les prix et nos producteurs doivent recourir à ses services. Une fois de plus, j'estime que nous allons dans la mauvaise direction.
Je voudrais que vous nous parliez rapidement de la paperasserie, étant donné que l'ARLA n'en a pas encore parlé.
Je voudrais aussi vous donner rapidement quelques chiffres, après quoi je vous céderai la parole. Rien qu'en Alberta, 1 515 879 litres de ClearOut 41 Plus ont été utilisés en 2007. Un bon nombre de producteurs de ma région à qui j'ai parlé et un bon nombre des professionnels de l'industrie disent que cela représente une économie d'environ 4 $ le litre. Cela donne une économie d'à peu près 6 millions de dollars rien que pour les agriculteurs de l'Alberta.
J'ai les chiffres: pour le Manitoba, 652 000 litres; pour l'Ontario, 607 000 litres; pour la Saskatchewan, 4 524 337 litres, pour 2 196 permis, ce qui donne une économie de plus de 18 millions de dollars pour les agriculteurs de la Saskatchewan.
Je dirais que si l'écart de prix n'est pas aussi important, cette année, que l'année dernière, c'est simplement grâce à ce programme.
Je vois des objections à ce que ClearOut 41 Plus, qui était disponible dans le cadre du Programme d'importation pour approvisionnement personnel, fasse l'objet d'un examen pour le programme PIAPAD. Cela ne me paraît pas logique.
Je voudrais parler aussi des sept herbicides et produits chimiques qui ont été homologués et des six qui font l'objet d'un examen. Je remarque dans votre mémoire que vous parlez d'études selon lesquelles des intrants moins coûteux devraient être homologués. J'ai du mal à croire que c'est une priorité importante pour certains de nos producteurs. Pour ce qui est d'améliorer l'accès aux produits génériques, ce n'est pas encore fait. D'après les témoignages antérieurs, nous espérons que cela sera fait en partie cette année. L'accès aux produits les plus récents est une question qui m'a vraiment frappé. Les sept produits que nous avons autorisés sont tous d'anciens produits et cela ne donne pas à nos producteurs d'avoir accès à la technologie et aux produits les plus récents pour se retrouver de nouveau sur un pied d'égalité.
Comprenez-moi bien. La plupart des gens à qui j'ai parlé sont satisfaits de ces sept produits. Ils veulent les six autres produits et, comme vous le savez, il y en a bien d'autres. Il semble qu'il y ait un véritable obstacle qui empêche nos producteurs de se retrouver sur un pied d'égalité avec la concurrence.
Je n'ai même pas parlé de l'ammoniac anhydre ni de toutes les autres choses dont il est question dans le rapport de Keystone Agricultural Producers.
Peut-être pourriez-vous simplement répondre à cela, madame Maase, et je vais vous donner du temps pour cela.
Merci pour votre présence ici.
J'ai trois questions et je vais essayer d'être rapide.
Darrin, vous avez mentionné que le prix de l'azote et du phosphate avait augmenté d'environ 40 p. 100. Bien entendu, nous vivons dans une société libre et nous ne pouvons pas simplement réglementer les prix — ou peut-être que nous pourrions le faire. Je n'en suis pas sûr, mais je ne crois pas. Est-ce le résultat de l'absence de concurrence?
Je crois que certains engrais sont venus de Russie et ont été vendus à un prix plus bas. Devrions-nous en importer davantage pour essayer d'abaisser les prix?
Voici ma deuxième question. Ray, vous avez mentionné la différence entre les États-Unis et le Canada. Avons-nous la preuve que le gouvernement américain a subventionné les entreprises des États-Unis pour leur permettre de maintenir leurs prix à un bas niveau? Je me demande si quelqu'un a enquêté et si telle est la raison. Les prix sont-ils plus bas aux États-Unis simplement en raison du volume des ventes, même s'ils importent nos produits?
Ma troisième question concerne les biocarburants. Monsieur Wideman, vous avez mentionné que le Canada devrait centrer ses efforts sur les biocarburants fabriqués à partir de matières premières qui n'ont pas d'impact direct sur la chaîne alimentaire. C'est une préoccupation que je partage et que j'ai soulevée au comité. Peut-être que lorsque nous aurons la réponse à ces deux questions, s'il nous reste du temps, chacun de vous pourrait donner son avis à ce sujet. Sommes-nous sur la mauvaise voie en ce qui concerne les carburants et devrions-nous changer de cap?
Je vais m'arrêter là.
Darrin ou Ray.
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Pour ce qui est des biocarburants, l'investissement qui a été fait dans ce secteur au Canada a accompli ce que l'industrie voulait. Le prix des intrants a augmenté, ce qui est acceptable dans une certaine mesure.
Je dirais que si les États-Unis veulent promouvoir les biocarburants pour réduire leur dépendance vis-à-vis du pétrole du Moyen-Orient, le Canada pourrait en bénéficier sans avoir à construire une seule usine d'éthanol. En effet, une fois que la demande d'éthanol sera devenue énorme et que les États-Unis auront de la difficulté à produire des récoltes suffisantes, le Canada pourra leur expédier son maïs pour qu'ils puissent fabriquer de l'éthanol. C'est une tendance que nous constatons déjà avec l'apparition d'un grand nombre d'usines d'éthanol un peu partout dans le Midwest. L'Iowa, qui était un exportateur net de maïs est en train de devenir un importateur net. Je ne pense donc pas que les agriculteurs canadiens souffriront de prix plus bas pour le maïs si ces prix s'alignent sur ceux du Chicago Board of Trade.
Le Canada possède une énorme quantité de biomasse qui pourrait être transformée en produits à base d'éthanol. Nous devrions utiliser cette biomasse que nous avons en énorme quantité. Je pense que la production canadienne de maïs est inférieure à celle de l'État du Nebraska. Par conséquent, si nous voulons devenir un important producteur d'éthanol fabriqué à partir du maïs, nous devrions commencer à déménager notre pays dans une région où nous pourrons faire pousser plus de maïs. Je crois plutôt que nous devrions utiliser la matière première que nous avons chez nous.
L'autre fausseté présentée par le secteur de l'alimentation animale est que la quantité considérable de sous-produits qui proviendra de l'industrie de l'éthanol deviendra une source d'ingrédients à bon marché pour engraisser le bétail et les porcs et élever les poulets. Malheureusement, la quantité de sous-produits dont on peut nourrir les animaux est limitée.
Vous pouvez donner de grandes quantités de maïs à un poulet ou à un porc, mais vous ne pouvez leur donner qu'une faible quantité de drêches de distillerie. Par conséquent, pour vous épargnez l'aspect scientifique de la chose — et je ne connais pas suffisamment bien l'industrie de l'éthanol — si nous pouvions créer une source d'alimentation du bétail à partir de quelque chose qui actuellement n'a aucune valeur pour l'agriculture, si nous pouvions tirer des usines d'éthanol un sous-produit dont le secteur de l'agriculture pourrait se servir, je pense que ce serait beaucoup plus intéressant pour nous.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous pour votre présence ici, et surtout pour vos mémoires écrits.
Pour revenir sur la discussion qui a suivi vos exposés, on peut dire, je crois, que le processus d'homologation est trop lent et trop coûteux par rapport à celui de nos concurrents, que ce soit pour l'alimentation animale ou les produits chimiques, et que ces coûts supplémentaires se répercutent sur les prix que paient les agriculteurs, sans parler des profits excessifs.
La deuxième chose que je conclus de cette discussion est que la Loi sur la concurrence ne protège pas les intérêts des agriculteurs.
Également, M. Orb a parlé des profits astronomiques des sociétés. Monsieur le président, je me demande si nous ne pourrions pas demander à notre personnel de recherche de faire une étude dans ce domaine. Je crois que le Syndicat national des cultivateurs en a déjà fait une, mais elle pourrait être mise à jour, si possible.
Je ne voudrais pas imposer davantage de travail à JD, mais nous le ferons de toute façon.