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Je déclare la séance ouverte.
Nous examinons aujourd'hui une nomination par décret. Elwin Hermanson a été nommé au poste de commissaire en chef de la Commission canadienne des grains.
Bienvenue, Elwin. Il est agréable de vous voir.
Nous effectuons cet examen conformément aux articles 110 et 111 du Règlement. J'aimerais d'emblée vous lire un extrait de Marleau et Montpetit, en commençant à la page 863, ligne 447, afin que tout le monde sache quelles règles s'appliquent aujourd'hui:
L'obligation faite aux témoins de répondre à toutes les questions posées par un comité doit être mise en équilibre avec le rôle que jouent les fonctionnaires lorsqu'ils donnent des avis confidentiels à leur ministre. La tradition veut qu'on envisage ce rôle par rapport à la mise en oeuvre et à l'exécution de la politique gouvernementale, plutôt qu'à la détermination de celle-ci. En conséquence, on a dispensé les fonctionnaires de commenter les décisions stratégiques prises par le gouvernement. En outre, les comités acceptent ordinairement les raisons données par un fonctionnaire pour refuser de répondre à une question précise ou à une série de questions supposant l'expression d'un avis juridique, pouvant être considérés en conflit avec leurs responsabilités envers leur ministre, débordant leur domaine de responsabilité, ou pouvant influer sur des opérations commerciales.
Plus loin, au sujet des questions:
... (les comités) peuvent convoquer la personne nommée ou qu'on propose de nommer à comparaître... pour répondre à des questions au sujet de ses qualités et de sa compétence pour remplir les fonctions du poste auquel on l'a nommée ou on propose de la nommer.
Puis, à la page 876:
La portée de l'examen par le comité des personnes nommées ou qu'on propose de nommer par décret est strictement limitée à leurs qualités et à leurs compétences pour remplir les fonctions du poste en question. Le président peut interrompre l'interrogatoire des membres du comité s'ils cherchent à aborder des questions qu'il juge sans rapport avec cet examen. Parmi les domaines habituellement considérés comme débordant la portée de celui-ci figurent: l'affiliation politique de la personne nommée ou qu'on propose de nommer, ses contributions à des partis politiques, et la nature du processus de nomination. Toute question peut être admise s'il peut être prouvé qu'elle a un rapport direct avec l'aptitude de la personne à remplir le poste auquel elle a été nommée ou on propose de la nommer.
Les comités n'ont pas le pouvoir d'annuler une nomination ou proposition de nomination et peuvent seulement signaler qu'ils ont examiné la personne intéressée et donné leur avis sur la question de savoir si elle possède les qualités et la compétence voulues pour remplir les fonctions du poste auquel elle a été nommée ou on propose de la nommer.
Je voulais simplement m'assurer que cela figure au procès-verbal et que tout le monde connaisse les règles du jeu aujourd'hui.
Là-dessus, j'invite M. Hermanson à faire sa déclaration liminaire. Veuillez ne pas dépasser 10 minutes.
Rappel au Règlement, monsieur Easter.
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Bonjour, et merci, monsieur le président.
Cela me rappelle des souvenirs d'être de retour au comité, et je dirais que ce sont de bons souvenirs. Je n'ai pas souvent comparu comme témoin, mais cela m'est néanmoins arrivé. J'ai occupé les fauteuils des honorables membres et j'ai trouvé cela une expérience très riche. Je suis honoré que l'on m'ait demandé de comparaître devant votre comité ce matin.
J'ai une déclaration dont je pense qu'elle prendra moins de 10 minutes. Je vais la commencer tout de suite, pour m'assurer de ne pas dépasser le délai.
Honorables députés, il me fait plaisir de comparaître devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire aujourd'hui. Je crois savoir que la raison principale de ma comparution devant vous aujourd'hui est de discuter de ma nomination au poste de commissaire en chef de la Commission canadienne des grains. J'aimerais d'abord faire une courte déclaration et ensuite je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Pour commencer, j'aimerais souligner que c'est un grand honneur pour moi de travailler pour le compte des agriculteurs canadiens et des Canadiennes et Canadiens dans leur ensemble, à titre de commissaire en chef de la CCG. À titre d'organisme de réglementation de l'industrie céréalière du Canada, la CCG est responsable des systèmes d'assurance de la qualité et de la quantité du grain canadien, de mener des recherches sur les grains et d'offrir la protection aux producteurs. À titre de commissaire en chef de la CCG, je suis personnellement résolu à atteindre ces objectifs importants et à préserver la haute réputation des céréales canadiennes dans le monde.
Comme vous le savez, ma nomination intervient à un moment où la CCG se restructure et se modernise, conformément au , Loi modifiant la Loi sur les grains du Canada, récemment déposé à la Chambre des communes. La CCG a besoin d'une direction ferme et d'une gestion saine pour la guider durant cette période de transformation.
Honorables députés, tout au long de ma carrière j'ai fait preuve d'une grande capacité de leader et de gestionnaire. Je possède une vaste expérience du secteur agrocommercial et du service public au Canada, avec 32 années d'expérience en tant qu'agriculteur et élu, aussi bien à l'échelle fédérale que provinciale. En tant que cultivateur, j'ai géré mon exploitation familiale à Beechy, en Saskatchewan, une exploitation diversifiée produisant des céréales, des légumineuses et des oléagineux et comprenant une entreprise de naissage. Au niveau fédéral, j'ai siégé comme député de la circonscription de Kindersley--Lloydminster, en Saskatchewan, de 1993 à 1997. Durant cette période, j'ai siégé au même comité que vous représentez aujourd'hui, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. J'ai également fait la preuve de mes compétences de leadership au sein du comité directeur et comme chef de l'opposition officielle de 1999 à 2004 à l'assemblée législative de la Saskatchewan.
Tout au long de ma carrière, l'élaboration et la communication de la politique agricole a toujours été l'une de mes priorités. Je suis fier de pouvoir dire que ma réussite politique était fondée sur ma connaissance du secteur agricole. De fait, j'ai pu consacrer ces années au service public grâce à l'appui considérable des collectivités et des familles agricoles. J'ai accepté le poste de commissaire en chef de la CCG en raison de mon profond désir de servir les cultivateurs canadiens et les Canadiennes et Canadiens en général.
Comme je l'ai déjà mentionné, ma nomination à titre de commissaire en chef s'est faite à un moment ou l'organisme traverse des changements et se modernise. Je dois dire que les céréaliculteurs connaissent une période faste en ce moment. Mais je réalise que c'est aussi une période difficile pour les éleveurs. La Canadian Cattlemen's Association est en ville. Je suis tombé sur quelques-uns d'entre eux et nous compatissons certainement avec les éleveurs confrontés à ces pressions économiques. Mais les prix des céréales sont à un niveau record et les producteurs d'oléagineux engrangent enfin le fruit de ce qu'ils sèment.
Bien que les agriculteurs canadiens continuent à approvisionner les marchés d'exportation traditionnels, de nouveaux débouchés se présentent. Le grain canadien est de plus en plus vendu sur les marchés à créneaux ainsi qu'à des entreprises à valeur ajoutée sur le marché intérieur, telles que des fermes d'élevage et des usines de biocarburants. Pour soutenir cette croissance, tant les cultivateurs que l'industrie céréalières cherchent de nouveaux débouchés et un système de manutention du grain plus rentable.
Un grand nombre d'intervenants du secteur céréalier, agriculteurs compris, demandent depuis de nombreuses années une mise à jour de la Loi sur les grains du Canada. Dans ce contexte, le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a introduit à la Chambre des communes en décembre dernier le , Loi modifiant la Loi sur les grains du Canada. Le représente la vision du gouvernement du Canada d'une CCG moderne, bien positionnée pour répondre aux besoins évolutifs du secteur céréalier d'aujourd'hui. Le gouvernement met l'accent sur l'allègement de la réglementation contraignante et des frais inutiles, tout en conservant les avantages d'un système d'assurance de la qualité du grain canadien.
Honorables députés, il m'apparaît que si vos partis respectifs s'accordent sur la nécessité de moderniser la loi, ils ne s'entendent pas tous complètement sur les détails de ce changement. Il appartient aux députés de décider de la forme ultime d'un projet de loi, et le rôle du commissaire en chef est d'appliquer la Loi sur les grains du Canada telle que promulguée par le Parlement. Alors qu'il est du devoir de la CCG d'appuyer le programme et l'orientation de la politique du gouvernement, ni moi ni la CCG ne préjugerons l'aboutissement des délibérations du Parlement.
Je tiens à affirmer sans aucune équivoque que la responsabilité première de la Commission est d'administrer la Loi sur les grains du Canada.
Le commissaire en chef doit diriger l'organisation de manière à assurer la protection continue des producteurs et la réputation de haute qualité du grain canadien et il doit exécuter le programme du gouvernement. Cela m'amène à aborder les critiques qui m'ont récemment été adressées pour un article d'opinion que j'ai rédigé pour deux publications différentes de l'Ouest canadien.
J'aimerais tout d'abord préciser que cet article d'opinion était destiné à me présenter aux agriculteurs et à l'industrie céréalière en tant que nouveau commissaire en chef de la CCG. Deuxièmement, je voulais rassurer les producteurs, les intervenants de l'industrie céréalière et les acheteurs de grain canadien en démontrant que le n'allait pas affaiblir le système d'assurance de la qualité du grain. Troisièmement, les agriculteurs ont besoin de l'assurance que la Loi sur les grains du Canada continuera à les protéger.
Honorables députés, avant de répondre à vos questions, j'aimerais aborder un dernier sujet, la note de service de la CCG adressée aux employés. Cette note a été présentée tant dans les médias qu'à la Chambre des communes comme une consigne de silence donnée par le gouvernement. Il n'y a pas de consigne de silence et les allégations d'ingérence politique sont sans fondement.
Nul au cabinet du ni au cabinet du premier ministre n'a demandé à la direction de la CCG d'émettre cette circulaire. Il s'agit d'un document interne produit par la haute direction de la CCG de sa propre initiative en réponse aux questions des employés sur les activités politiques touchant le .
La directive de la CCG aux employés concernant leurs activités politiques est fondée sur le Code de valeurs et d'éthique de la fonction publique. Elle dit que les fonctionnaires sont libres de faire part de leurs opinions sur les modifications à leurs députés, à condition de ne pas critiquer publiquement le gouvernement. Le Code des valeurs et d'éthique de la fonction publique dit clairement que les fonctionnaires doivent appliquer loyalement les décisions ministérielles prises en toute légalité. Je précise en outre, que ce code est en place depuis 2003.
Pour conclure, honorables députés, il est clair que la CCG entame une période passionnante de modernisation et de changement. Je désire également réitérer que la CCG a le devoir de mettre en oeuvre le programme du gouvernement et de suivre ses opérations politiques. Je ne doute pas que l'intégrité du système d'assurance de la qualité et la fiabilité des exportations céréalières canadiennes seront maintenues; d'ailleurs, je m'engage à faire en sorte qu'il en soit ainsi.
Enfin, c'est avec un profond sentiment de fierté à l'égard de cette institution vieille de 96 ans que j'assume la rôle de commissaire en chef de la CCG. Je suis impatient de me mettre au service des agriculteurs et de tous les Canadiens dans mes nouvelles fonctions.
Merci beaucoup.
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Je n'ai aucune réticence à mettre un certain nombre de choses au clair, et j'espère ne pas enfreindre de règles du comité.
Premièrement, il y a des années de cela, le ministre Ritz et moi-même étions collègues. Mais cela n'a rien à voir — ni de son point de vue ni du mien — avec ma décision de laisser mon nom sur la liste des candidats pour le poste de commissaire en chef.
Deuxièmement, en ce qui concerne la Commission canadienne du blé, cette dernière est cliente de la Commission canadienne des grains. J'ai l'intention, en tant que commissaire en chef, d'avoir une relation positive avec la Commission canadienne du blé, comme avec tous nos autres clients, je l'espère. Au-delà, je ne crois pas qu'il appartienne au commissaire en chef de se prononcer sur les affaires de la Commission du blé. Je ne l'ai pas fait et ne le ferai pas.
Vous avez parlé de l'article d'opinion. Lorsque j'ai pris les fonctions de commissaire en chef le 21 janvier de cette année, la haute direction de la Commission, et notamment les deux autres commissaires, m'ont demandé d'écrire une lettre de présentation. Nous avons travaillé à cet article en ayant trois objectifs à l'esprit.
Le premier était de m'identifier avec la Commission canadienne des grains. C'est pourquoi j'ai signé la lettre de mon nom. Je voulais que l'industrie, depuis les producteurs jusqu'aux clients à l'étranger, sachent qu'Elwin Hermanson était le nouveau commissaire en chef de la Commission canadienne des grains.
La deuxième raison d'écrire l'article était d'assurer aux agriculteurs, à l'industrie et aux clients de la Commission canadienne des grains que le n'allait pas affaiblir le système d'assurance de la qualité des céréales du Canada. C'est la raison d'être même de la Commission canadienne des grains. C'est la raison d'être de la Loi canadienne sur les grains: faire en sorte que le système d'assurance de la qualité des grains canadiens soit le meilleur du monde, et je crois que tel est bien le cas. Je m'engage à maintenir cette qualité. Nous avons analysé l'effet du à cet égard.
Enfin, je voulais faire savoir que les cultivateurs continueraient d'être protégés par la Loi sur les grains du Canada. Je voulais qu'ils sachent que le laissait en place la Loi sur les gains du Canada et que la protection qu'ils avaient connue dans le passé serait maintenue.
C'était les trois raisons qui ont présidé à cet article d'opinion. J'ai souscrit à cette décision alors et je la crois toujours bonne. Ces objectifs étaient justes. Il est regrettable que cet article soit devenu un ballon de football politique, mais cela n'a jamais été l'intention.
Merci beaucoup. C'est un plaisir de vous rencontrer, monsieur Hermanson.
Voyons un peu la politique que ce projet de loi propose. Comme vous le savez, notre comité a fait une étude de la Commission des grains. Certains d'entre nous pensent que nous avons peut-être été un peu trop vite, que certaines recommandations auraient dû être revues.
Le comité a recommandé, par exemple, d'accroître les crédits à la Commission des grains afin d'en assurer la viabilité à long terme. Le projet de loi est silencieux à cet égard.
Le comité a recommandé que la Commission des grains reçoive un financement adéquat afin de pouvoir examiner d'autres options au moyen d'une analyse de coûts-avantages dans le cadre d'un projet pilote triennal. Le projet de loi passe outre à ces recommandations en amputant immédiatement et agressivement les responsabilités réglementaires et les services.
Quel est votre avis à ce sujet?
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Oui, je réponds avec plaisir.
Premièrement, je tiens à assurer le comité que lorsqu'il étudiera le je serais ravi de revenir et je serai accompagné d'experts de la Commission, si vous le jugez bon, de façon à pouvoir répondre à vos questions de manière aussi approfondie que vous le souhaiterez.
De façon générale, je dirais que le donne suite à certaines des recommandations du comité. Évidemment, quiconque sait lire verra bien que toutes les recommandations du comité ne se retrouvent pas dans le projet de loi C-39. Je ne suis pas sûr qu'il soit inhabituel qu'un gouvernement en suive certaines seulement et pas toutes.
Je pourrais vous dire où se situe le terrain commun et quelles recommandations n'ont pas été suivies dans le , mais je ne suis pas sûr qu'il soit utile de passer en revue ce que nous savons déjà tous très bien. Tout ce que je peux vous dire c'est que j'ai lu le projet de loi, j'ai lu le rapport du comité, et que je vois là où il y a convergence et là où il y a divergence. Peut-être d'autres recommandations seront-elles suivies ultérieurement.
C'est une décision politique, elle n'appartient pas au commissaire en chef. Notre rôle est de conseiller le ministre et d'appliquer ce qui est sur la table.
Bien entendu, nous sommes là pour analyser vos compétences et qualifications, et votre CV semble plutôt mince. Beaucoup de mes étudiants de deuxième cycle ont des CV plus longs et plus complets que celui-ci. Une bonne partie de votre expérience administrative, si c'est ce que le poste exige, semble être de nature biblique ou religieuse, plutôt que dans une administration comme celle-ci.
Il est difficile de déterminer s'il y aura une réflexion prospective ou objective, sans parti pris idéologique. Mes deux questions visent donc à déterminer si un penseur progressiste... et je sais que les conservateurs n'aiment plus le mot « progressiste ».
Premièrement, nous sommes préoccupés par le recours, comme mode de fonctionnement, à des articles d'opinion qui énoncent un programme personnel en dehors de l'organisation mais qui en déterminent effectivement le cours. Cela signifie que vous allez agir en dehors du conseil d'administration ou du mandat.
La deuxième question concerne la politique et les procédures. Du point de vue de votre style de gestion propre, continueriez-vous à bâillonner un employé ou à le menacer de sanction disciplinaire s'il émet une opinion sur un projet de loi comme le ?
Voilà mes deux questions, et s'il reste du temps...
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Non. Je pense que ce qui compte, ce sont les aptitudes et qualifications qu'un candidat présente. Permettez-moi de vous dresser un portrait des trois commissaires de la Commission canadienne des grains.
J'ai mentionné que nous avons tous les trois des antécédents agricoles. L'un des commissaires, celui qui a pour titre « commissaire » vient du milieu industriel. Il a travaillé, entre autres, pour Agricore United. De nous trois, il est probablement le meilleur expert des choses techniques.
Le commissaire en chef adjoint, outre qu'il est cultivateur lui-même, ce qui est très important, a travaillé dans des organisations d'agriculteurs. Il a été président de Grain Growers of Canada et a joué un rôle dans des organisations de producteurs de la C.-B., et il apporte donc cette optique à notre équipe de gestion.
Mon expérience à moi a été acquise dans des postes de leadership et de direction et dans la communication. J'ai une expérience commerciale et une expérience d'élu. Les gens autour de cette table savent quelles capacités sont requises à cet égard.
Nous trois travaillons très bien ensemble, soit dit en passant. Si je me fie à mes presque deux mois d'expérience maintenant, je dirais que nous travaillons très bien ensemble. Nous formons une bonne équipe. Nous avons des aptitudes et quelques antécédents communs tout en présentant une certaine diversité. Cela fait de nous une équipe solide. Je ne sais pas s'il y avait un architecte derrière tout cela, mais je suis très impressionné par les commissaires en place et par les antécédents, les compétences et l'expérience que nous apportons à la table.
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Merci, monsieur le président, et merci au témoin d'être venu comparaître aujourd'hui.
Monsieur Hermanson, après avoir lu votre CV et entendu certaines questions posées autour de la table, je n'ai aucun doute quant à vos qualifications. Le seul argument que l'on pourrait vous opposer, et qui n'est certainement pas valide, concerne votre affiliation partisane. Je pense que ce débat durera éternellement. Lorsque quelqu'un accède à des fonctions comme les vôtres, l'opposition aura toujours recours à cet argument, si elle le juge bon. Cela n'a donc rien à voir avec la question.
Le fait que vous ayez une certaine expérience politique et le fait que vous ayez travaillé dans l'agriculture rencontre une forte résonnance chez moi. J'ai épousé ma chère femme en 1975 et ai commencé à cultiver la terre à temps plein, avec mon père, pendant plusieurs années. C'est une expérience que nous partageons et c'est loin d'être la seule.
Dans l'exercice de vos fonctions, monsieur Hermanson, j'aimerais vous entendre parler des changements survenus, et qui surviennent encore, à l'heure où nous parlons, dans le secteur céréalier, avec l'industrie de l'éthanol et des biocarburants et les accords commerciaux récents conclus par ce gouvernement et d'autres en cours de négociation, qui vont certainement bénéficier à l'agriculture beaucoup plus qu'à n'importe quel autre secteur de l'économie canadienne. J'aimerais entendre vos idées sur la manière dont vous allez utiliser votre poste pour diriger l'industrie céréalière face à ces changements.
Une autre évolution que je trouve réellement positive est que les agriculteurs canadiens, surtout ceux de l'Ouest, se montrent ravis d'avoir le choix de la méthode de commercialisation de l'orge. Il se pourrait bien que la superficie cultivée en orge dans le pays augmente considérablement.
J'aimerais donc vous entendre parler un peu de ces trois aspects, soit les défis et la façon dont vous pouvez aider l'industrie dans vos fonctions pour qu'elle en sorte aussi prospère que possible.
Premièrement, le secteur agricole est vaste et la Commission canadienne des grains ne s'occupe que de la composante céréalière. Tout ce que nous faisons doit s'inscrire dans le mandat donné par la Loi sur les grains du Canada, soit la loi actuelle soit les lois futures que le Parlement voudra promulguer. Donc, tout ce que je fais, tout ce que les commissaires font, tout ce que fait la Commission canadienne des grains doit s'inscrire dans la Loi sur les grains du Canada. Il faut que ce soit très clair.
Cela dit, aux termes de la Loi sur les grains du Canada, telle qu'elle existe et telle qu'elle existerait avec l'adoption du projet de loi , nous avons un rôle vis-à-vis de l'enregistrement de nouvelles variétés dans le but de saisir les opportunités commerciales actuelles et futures. Vous avez mentionné les biocarburants. Il y a aussi les céréales fourragères, les principes agronomiques et la résistance aux maladies. Le travail que nous faisons à la Commission canadienne des grains équipe les producteurs ou leur apporte les semences, pour dire les choses carrément, qui les aideront à prospérer dans l'économie agricole d'aujourd'hui et de demain.
Je considère ce rôle comme très important. Tout ce qui concerne la nourriture est incroyablement important car elle est un ingrédient absolument vital que les Canadiens tiennent trop facilement pour acquis. La Commission canadienne des grains est l'un des acteurs qui assurent la qualité des aliments. L'ACIA en est un autre et Santé Canada un autre encore. Mais nous avons notre niche, nous avons notre rôle à jouer sur le plan de la salubrité des céréales. Tout cela, c'est pour le bien des producteurs.
L'agriculture connaît une mutation. Lorsque j'ai commencé à cultiver la terre, à peu près à la même époque que vous, monsieur, on calfeutrait encore les wagons couverts. Aujourd'hui, on passe à l'IP, qui veut qu'une bonne partie de notre grain soit transporté par conteneur, ce qui pose quelques difficultés à la Commission. Aux termes de la loi actuelle, nous sommes organisés pour manutentionner des wagonnées de grains, et non pas des conteneurs.
Ce sont donc là les défis du futur que la Commission des grains doit maîtriser, et nous devons opérer conformément à la Loi sur les grains du Canada pour servir les producteurs, servir l'industrie céréalière et servir les Canadiens de telle façon que cette industrie prospère et que le secteur agricole soit en bonne santé.
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C'est l'une de nos préoccupations majeures. Je pense que vous pouvez le constater dans les questions de l'opposition.
Ce gouvernement a pour histoire de saper sans cesse l'autorité indépendante des organismes de réglementation, la Commission canadienne du blé en étant un. Il n'a pas aimé que son PDG le conteste et défende la Commission, comme il en avait le devoir, et il l'a congédié. C'était la même chose avec la responsable de la réglementation nucléaire — la commissaire de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Elle a été mise à la porte pour avoir fait son travail conformément à la loi.
Ma préoccupation ne concerne pas nécessairement vos qualifications, mais plutôt les directives que vous choisirez de suivre. Aurez-vous assez d'indépendance pour vous opposer au ministre le cas échéant? Vous avez mentionné les deux autres commissaires, le commissaire adjoint et le sous-commissaire, et je connais bien ces deux personnes. Mais je sais aussi, tout comme vous, qu'ils sont de longue date des détracteurs de la Commission canadienne du blé. Leurs opinions sont très proches de celles du ministre.
Je m'inquiète de l'affaiblissement du rôle de la Commission canadienne des grains. Je l'ai dit dès le début. Je pense que c'était une erreur que vous vous fassiez le chantre du projet de loi , et j'espèrais que vous le reconnaîtriez.
Quoi qu'il en soit, vous avez dit à M. Lauzon que de nombreux agriculteurs se sont déclarés en faveur du projet de loi C-39. Dans votre rôle de commissaire en chef, avez-vous entendu des vues contraires — de fortes réserves — concernant le projet de loi C-39 et ses résultats?
Je ne sais pas si cette question est recevable ou non, monsieur le président.
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Je vais passer directement à votre question concernant mon rôle.
Je suis engagé à respecter deux valeurs. L'une veut que les fonctionnaires donnent des avis sincères et impartiaux à leur ministre et lui fournissent tous les renseignements pertinents à une décision. C'est l'un de mes rôles à titre d'administrateur général, et j'ai l'intention de donner des avis sincères et impartiaux.
La deuxième valeur veut que j'applique loyalement les décisions légalement prises par le ministre. Cela fait également partie du code. Et cela s'applique à mon rôle de commissaire en chef de la Commission canadienne des grains, mais uniquement pour ce qui concerne la Commission canadienne des grains.
En ce qui concerne la Commission canadienne du blé, ce n'est pas un enjeu dont nous avons à traiter hormis le fait que, comme je l'ai mentionné, la Commission du blé est cliente de la Commission des grains, et nous traiterons ce client de la même façon que tous les autres clients de la Commission.
Nous ne nous mêlons pas de la Commission du blé. Je sais qu'elle constitue un enjeu. Bien évidemment, de par ma vie antérieure, je sais qu'elle est un enjeu. Mais dans mon rôle de commissaire en chef de la Commission canadienne des grains, nous nous occupons des affaires de la Commission des grains et d'elles seules.
Enfin, je réitère que la Commission a aussi un rôle de tribunal quasi judiciaire totalement indépendant du ministre. Je comprends ce rôle. À aucun moment le ministre ou le gouvernement ne m'ont-ils donné d'indication que cette relation ou ce rôle changerait.
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J'espérais justement que nous en parlerions un peu plus. Cela a été évoqué plusieurs fois, mais je n'ai jamais réellement pu parler de mes qualifications. Et l'heure tourne.
Je dirais simplement que j'ai occupé de nombreux postes de responsabilité dans le secteur privé, dans le secteur sans but lucratif et le secteur public. Et j'ai très bien réussi dans les trois sphères.
Je pense que ma plus grande réussite, particulièrement en rapport avec l'agriculture, est qu'en Saskatchewan les gens du monde de l'agriculture — de la campagne, des collectivités rurales de la Saskatchewan — voulaient massivement me confier le gouvernement de la province, où j'aurais été responsable d'un budget de quelque 6 milliards de dollars touchant non seulement l'agriculture, mais aussi la santé, l'éducation, l'environnement, la justice, la politique municipale et les relations fédérales-provinciales. Ils m'ont demandé massivement d'assumer cette responsabilité. Pour moi, c'est le plus grand honneur que l'on puisse jamais faire à une personne.
Certains se plaignent que mon CV soit trop court. J'aurais pu l'étirer beaucoup plus si j'avais voulu. Je ne sais même pas quelle version vous avez. Ce pourrait être celle affichée sur le site Internet, pour autant que je sache. Je sais que j'ai des antécédents publics qui sont suffisamment parlants. Je n'aime pas particulièrement vanter mes propres mérites.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Encore une fois, monsieur Hermanson, je parcours votre résumé. J'ai été fonctionnaire dans une vie antérieure et je sais ce que c'est que d'appliquer un code d'éthique. J'ai également enseigné la rédaction de CV. Contrairement à ce que dit M. Boshcoff, je tiens à vous féliciter pour votre CV, car nous avons toujours enseigné qu'il fallait rédiger un CV de deux pages. Nous avons tous vu des CV faisant neuf pages de long, et très franchement, soit vous allez réussir à vous vendre au cours des 30 premières secondes soit vous n'y arriverez pas. Je vous félicite donc de cet excellent résumé, mais je vous félicite particulièrement de son contenu.
Auparavant, je veux m'excuser, au nom de mes collègues de ce côté-ci de la table, auprès de tous les agriculteurs. J'ai des agriculteurs partout dans ma circonscription et je veux m'excuser auprès d'eux pour les remarques faites ce matin, disant que l'agriculture ne constitue pas une expérience crédible. Les exploitations de ma circonscription font des millions de chiffre d'affaires et je suis sûr...
Monsieur Hermanson, j'ai des centaines et peut-être des milliers d'agriculteurs dans ma circonscription, comme vous le savez probablement. Tous les membres de ce côté-ci de la Chambre ont beaucoup d'agriculteurs dans leur circonscription. Je leur présente des excuses pour les propos tenus ici. Ce sont des exploitations de millions de dollars. Vu la difficulté de gérer une exploitation aujourd'hui, je porte énormément de respect aux agriculteurs. Ce sont des affaires beaucoup plus difficiles à gérer que la petite entreprise moyenne dans ce pays.
Je tenais donc à faire cette mise au point. Ce n'est certainement pas ce que je pense et j'exprime probablement l'avis de tous les agriculteurs du pays.
L'autre chose que je voulais dire est que je respecte vraiment le fait que vous ayez fait vos études au Full Gospel Bible Institute. Je pense que cette éducation... Je suis sûr que c'est une bonne école, et je vous félicite d'y avoir étudié.
Pour en revenir au rôle de serviteur du public, après 23 années passées dans le service public, il me semble que vous devez bien comprendre le rôle de serviteur du public. Peut-être pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet. Vous parliez de la responsabilité de ceux qui travaillent pour vous et de votre responsabilité. J'aimerais que vous répétiez cela pour le comité, s'il vous plaît.
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Premièrement, merci de vos remarques très chaleureuses.
En ce qui concerne mes études supérieures, une leçon que j'ai retirée de cette expérience est l'importance d'être un bon citoyen. C'est l'un des enseignements les plus précieux que j'ai retirés de cette éducation, l'importance de servir, et c'est ce que j'ai essayé de faire. Comme je l'ai dit, je ne veux pas me vanter et je n'en dirais donc pas plus, mais cette formation m'a réellement aidé dans mon travail de service public.
Peut-être mon expérience la plus pratique et la plus complète de la fonction publique me vient-elle des quatre années que j'ai passées à présider le Comité des comptes publics en Saskatchewan. Cela n'apparaît peut-être pas dans mon CV. À certaines périodes, nous recevions chaque semaine des sous-ministres et des hauts fonctionnaires des ministères. Ils venaient expliquer le travail de leur ministère. Ils parlaient des problèmes signalés par le vérificateur général provincial. Nous formulions des recommandations. Ils nous faisaient rapport sur leur exécution de ces recommandations.
C'était presque comme des études académiques du plus haut niveau appliquées à la réalité concrète. Je voyais des ministères qui étaient très bien gérés par des fonctionnaires, auxquels l'opposition ne pouvait rien trouver à reprocher. Je présidais le comité comme membre de l'opposition. Je voyais d'autres ministères qui avaient des problèmes récurrents ou constants. Il y avait des problèmes au niveau de la direction supérieure, des problèmes avec les employés.
J'ai donc pu tirer quelques conclusions quant aux qualités d'un bon fonctionnaire et à la nature des problèmes et des écueils potentiels. J'ai pu voir cela sur une période de quatre ans.
Je prêche peut-être ici aux convertis, mais si vous avez jamais l'occasion de siéger à un comité des comptes publics, n'hésitez surtout pas. Certains pensent que c'est ennuyeux, mais je trouve cela fascinant. On comprend ainsi la fonction publique, on comprend en quoi consiste le service public, et on voit ce qui est bien et ce qui peut être amélioré. J'ai eu aussi l'avantage de dialoguer avec le vérificateur provincial, une tierce partie indépendante qui m'a donné des leçons et une formation précieuse.
Monsieur Hermanson, le moins qu'on puisse dire, c'est que vous êtes plus chanceux qu'Adrian Measner et Linda Keen. Pensez-vous que ces gens auraient gardé leur emploi s'ils avaient fait ce que vous avez fait?
Aussitôt nommé, vous avez tout de suite pris position en écrivant cette lettre ouverte sur le projet de loi dans The Western Producer. Tous les collègues autour de la table ont parlé de cet article du 7 février. Or vous avez été nommé le 21 janvier.
Personnellement, je lis religieusement The Western Producer, tout comme je lis La Terre de chez nous, parce que je veux savoir aussi ce qui se passe dans l'Ouest. Quand j'ai lu cela, mon sentiment a été que, en tant que haut fonctionnaire nouvellement nommé, vous transmettiez le message du ministre et du gouvernement, et que c'était carrément partisan, d'autant plus qu'on n'avait même pas fini d'étudier ce projet de loi. Vous saviez sans doute qu'il était controversé. Une note avait même été envoyée aux employés pour leur dire qu'ils n'avaient pas le droit d'en parler si c'était pour critiquer le gouvernement. Vous ne voulez pas dire que c'est un bâillon, mais moi, j'appelle cela de la censure. Cela fait une belle jambe de ne pas pouvoir parler de quelque chose si on le critique. Vous saviez alors que ce projet de loi était critiqué et qu'il était dans l'appareil gouvernemental, et vous y êtes allé de cette lettre ouverte disant que vous appuyiez le projet de loi C-39 tel que libellé. À mes yeux, c'est un commentaire partisan.
Vous avez fait ce que M. Measner et Mme Keen ont refusé de faire. Ils ont perdu leur emploi, et vous avez gardé le vôtre.
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Si le président m'y autorise, j'aimerais vous donner une illustration. J'espère que c'est une illustration pertinente et, si elle ne l'est pas, veuillez m'en excuser.
Si j'achète une voiture dans une province et veux déménager dans une autre province, mon véhicule doit subir une inspection, en règle générale, pour vérifier qu'il est sûr. Mais si je déménage à l'intérieur de la même province, je ne suis pas tenu de faire cette inspection. Nous avons constaté de plus en plus souvent dans l'industrie céréalière que nous inspections du grain qui restait dans la même juridiction, par manque de meilleur terme. C'est un coût que la plupart des intéressés — peut-être pas 100 p. 100, mais la plupart des intéressés — reconnaissent comme inutile. Cela signifie-t-il que, dans le cas de votre véhicule, si vous pensiez qu'il présentait un problème, vous ne le feriez pas inspecter, volontairement, et à encourir ce coût si vous l'estimiez nécessaire?
Cela vous aide-t-il à comprendre pourquoi la Commission et, je pense, les intervenants, estiment que ces coûts aujourd'hui obligatoires sous le régime de la Loi sur les grains actuelle, doivent être rendus facultatifs tant que le grain ne sort pas de la juridiction? À mes yeux, cette analogie est valable.
Cela n'exclut pas les inspections. Selon la nouvelle loi, ces inspections peuvent avoir lieu, simplement elles ne seront pas faites par la Commission canadienne des grains. Ceux qui inspecteront les grains devront être agréés par la Commission canadienne des grains. Cela ne signifie pas que la Commission canadienne des grains ne peut pas contrôler la qualité du grain déplacé; nous avons toujours la faculté de contrôler, d'assurer la qualité et de vérifier que les variétés sont enregistrées. Nous avons tous les pouvoirs dont les producteurs ont besoin pour garantir la qualité du grain.
C'est sur cette base que nous avons fait de cela notre priorité, plutôt que les 200 emplois dont vous dites qu'ils seront perdus — encore que nous ne savons pas exactement quel sera le nombre. Ce n'est pas que nous ne soyons pas satisfaits de ces employés, mais encore une fois, notre première responsabilité est d'agir en faveur des producteurs céréaliers et du Canada tout entier. C'est ce que nous cherchons à faire.
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Merci, monsieur le président.
Je ne vais évidemment pas appuyer cette motion. En écoutant son témoignage, en lisant son CV, qui est excellent, et ayant constaté au cours de la réunion l'intégrité de M. Hermanson, confirmée par mes collègues, M. Atamanenko et M. Easter, si j'avais eu l'occasion de poser une question de plus, elle aurait porté sur ce qui se dégage de tout ce que j'ai entendu aujourd'hui, et qui a été confirmé par deux des membres d'en face, à savoir l'intégrité et la sincérité fondamentales de M. Hermanson et son style sans détours. J'essaie d'être ainsi — en fait, non, je n'essaie pas, je le suis — et je vois bien que les gens qui ont tendance à le faire parlent du fond du coeur. Ils disent la vérité. Si j'avais pu poser encore une question, j'aurais demandé à M. Hermanson si l'idée lui était jamais venue de changer d'avis, lorsqu'il a vu la recommandation de la direction au moment de sa prise de fonctions, songeant aux répercussions politiques et afin de s'épargner les attaques politiques qu'il essuie ici et qui me paraissent injustifiées.
Je sais que je ne peux pas placer de mots dans sa bouche, mais je pense que sa réponse aurait été que non, absolument pas. C'est le genre de gars dont nous avons besoin à ce poste — un gars, une personne, une dame, comme vous voudrez. Je trouve qu'il est très crédible.
Je pense que cette motion dégage un relent, une puanteur, de pure partisanerie, et c'est regrettable. Il devrait être question ici des qualifications. Tous les attributs et les capacités de cet homme, jusqu'à son intégrité, ont été mis en évidence ici. Il ne devrait pas y avoir de polémique.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je demande votre patience et celle du comité pendant une minute.
Premièrement, je ne pense pas que les membres de l'opposition, en particulier M. Easter et M. Atamanenko, puissent réellement approuver cela. Malheureusement, on a beaucoup parlé de la question de savoir si un agriculteur est qualifié ou non. Je crois que M. Boshcoff a fait une mise au point disant qu'il considère que les agriculteurs sont compétents et qualifiés pour occuper ce poste, et je vois qu'il hoche la tête affirmativement.
Et je peux citer M. Easter lui-même. Il a dit ne pas douter de vos qualifications ou de votre compétence.
Si je puis inviter le comité à ouvrir Marleau et Montpetit à la page 877:
Les comités n'ont pas le pouvoir d'annuler une nomination ou proposition de nomination et peuvent seulement signaler qu'ils ont examiné la personne intéressée et donner leur avis sur la question de savoir si elle possède les qualités et la compétences voulues pour remplir les fonctions du poste auquel elle a été nommée ou on propose de la nommer.
La motion, si nous la transmettons à la Chambre, doit s'en tenir à cela. Nous devons y parler directement des qualifications ou de la compétence du candidat. Les bleus témoigneront du fait que plusieurs membres de l'opposition ont convenu de ses qualifications et de sa compétence.
Je ne vois donc pas comment cette motion pourrait être adoptée.
Merci.
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Je n'ai pas le texte sous les yeux, mais mon amendement dirait: « étant donné qu'il n'a pas démontré, comme le voulait le comité, qu'il possède les compétences nécessaires pour assumer les fonctions d'administrateur de la Commission canadienne des grains ».
C'est une formulation semblable à celle de la motion concernant Bruce Johnson.
Je propose donc cet amendement. Puisque Brian veut que l'on parle des compétences, j'ai des réserves dans la mesure où la compétence exige l'indépendance par rapport au gouvernement. Nous avons vu l'article d'opinion, qui promeut un projet de loi non encore promulgué et qui veut faire pencher l'opinion publique dans le sens voulu par le ministre.
L'histoire de ce gouvernement, les antécédents de ce gouvernement, sont absolument clairs: quiconque s'oppose au premier ministre est jeté à la porte. Nous avons besoin dans ces postes, que ce soit celui de commissaire en chef de la Commission des grains ou de chef de l'autorité de réglementation nucléaire canadienne ou de chef de la Commission canadienne du blé, des gens véritablement indépendants du gouvernement. Cet article qui a paru dans plusieurs journaux de l'Ouest m'amène à penser que ce commissaire en chef sera plus un porte-parole du gouvernement qu'un administrateur indépendant de la Loi sur les grains du Canada, et cela motive ma position.
Si les antécédents du gouvernement n'étaient pas si calamiteux, s'il ne nommait pas seulement des gens à l'échine souple, alors nous verrions les choses d'un oeil différent. Mais les antécédents sont terribles et nous n'avons d'autre choix que de nous opposer à cette nomination.
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Monsieur le président, vous me voyez très déçue par mes collègues.
Venant de Saskatchewan, je connais M. Hermanson depuis des années. Je connais son service personnel à sa province, aux habitants de la Saskatchewan, à la communauté agricole. Je sais ce qu'il a fait lorsqu'il était membre de l'assemblée législative de la Saskatchewan, et le sectarisme partisan que je vois à l'oeuvre ici me brise presque le coeur.
Le fait d'avoir participé à la vie politique ne signifie pas que l'on ne peut tenir les engagements donnés au moment d'occuper une fonction. Lorsque je quitterai cette assemblée, j'espère que le seul fait d'avoir servi ma province et ceux qui m'ont élue et donné le privilège de servir ici, ne va pas motiver un groupe de personnes à dire que je ne suis pas qualifiée pour occuper un tel poste.
Je suis très heureuse que M. Hermanson ait brigué ce poste et y ait été nommé. Il est très respecté dans notre province. Et je suis d'autant plus déçue car au fil des ans, siégeant en face de M. Easter, de M. Boshcoff et de M. St. Amand, lorsqu'ils formaient le gouvernement de ce pays, j'ai vu des nominations que j'aurais peut-être moi-même qualifiées à l'époque de nominations politiques.
Je trouve que c'est une position réellement partisane. Je crois réellement que M. Hermanson est un nominataire très crédible et que nous devrions lui donner notre soutien total.
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Merci, monsieur le président.
Les propos de ont réellement, je pense, mis en évidence le fond du problème dont nous parlons ici.
J'aimerais revenir sur les commentaires de . Je respecte Alex autant que quiconque d'autre à ce comité. Je pense qu'il est un homme sincère. aussi. Mais la seule façon dont M. Hermanson puisse être victime des circonstances, c'est si nous faisons de lui une victime et par « nous » j'entends le comité. Et je crois que nous sommes en bonne voie de le faire si la motion est adoptée.
Une chose que Mme Skelton a dite m'a réellement fait réfléchir. Il y a quelques mois, lorsque le premier ministre a chargé John Manley d'étudier la problématique de l'Afghanistan et de lui soumettre un rapport, ma première réaction a été de me demander s'il allait rester non partisan. C'était juste une réflexion en passant. Un certain nombre de mes électeurs m'ont dit la même chose. Mais je leur répondais: « Écoutez, M. Manley était un député très respecté lorsqu'il était à Ottawa, à ma connaissance, et il faut donner à quelqu'un possédant ce genre de qualifications la possibilité de faire le travail ».
Au bout du compte, ce monsieur nous est revenu avec un rapport que j'estime objectif. Il n'était en aucune façon marquée par l'esprit de parti ni rien du genre.
La même chose vaut ici. Il s'agit des qualifications. Certains députés d'en face parlent de ses capacités. vient de les réaffirmer. L'expérience agricole de M. Hermanson est certainement un atout. Son expérience de la vie politique est certainement un atout. Il sait comment fonctionne le système. Son intégrité a été reconnue à maintes reprises. Il n'y a aucun problème, hormis la partisanerie, si nous la laissons s'exprimer ici.
Comme l'a dit, si le fait d'être député devait disqualifier, par exemple, , lorsque ses jours sur la Colline seront révolus, et l'empêcher d'être nommé à un poste agricole, je trouve que ce serait grand dommage — tout comme ce le serait dans mon cas, ou le vôtre, monsieur le président, ou n'importe qui d'autre. Si les qualifications sont présentes, c'est cela qui devrait compter.
Je vais donc demander à tout le monde ici de regarder les choses objectivement et de laisser de côté la partisanerie. Cet homme est qualifié. J'approuve pleinement sa nomination à ce poste, et je pense que l'histoire prouvera que c'est un excellent choix.
Je m'en tiendrai là, monsieur le président.
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La raison était qu'Adrian Meisner s'est opposé au ministre au nom de son conseil d'administration, dont les membres étaient élus par les producteurs, et le premier ministre n'a pas apprécié et l'a congédié.
Mme Keen a fait son travail pour la même raison, et le premier ministre n'a pas apprécié qu'elle applique les lois en vigueur, et elle a donc été virée.
En l'occurrence, M. Hermanson a dit en substance dans son exposé: « Le Code de valeurs et d'éthique de la fonction publique stipule clairement que les fonctionnaires doivent appliquer loyalement les décisions ministérielles légalement prises ». Eh bien, l'article sur le ne traduisait pas la loi. La loi est celle que je vous ai montrée plus tôt dans le grand classeur, la Loi sur les grains du Canada. Voilà la loi. Ce texte-ci n'est qu'un projet de loi. Il rencontre beaucoup d'opposition,. Les syndicats agricoles et les producteurs s'inquiètent de nombreuses dispositions du ou des changements apportés à la Commission canadienne des grains.
M. Hermanson a dit dans l'article, et je cite « En tant que commissaire en chef de la CCG, je suis fermement partisan de ce projet de loi et je réitère l'engagement de cette organisation d'offrir de la valeur aux producteurs ». Eh bien, cela sonne très fort comme la voix du ministre. Je ne veux pas entendre la voix du ministre. Je veux entendre de la part de la Commission canadienne des grains une opinion indépendante, conformément à son mandat.
Lorsque nous demanderons au commissaire en chef de comparaître devant ce comité lors de l'examen du , je m'attends à ce qu'il nous donne des avis indépendants. Certains iront dans le sens de l'opinion du ministre, d'autres en sens contraire. Mais de lancer une déclaration globale telle que « Je suis fermement partisan de cette législation », très peu de temps après son dépôt, alors que les producteurs expriment tant de réserves, à mes yeux cela ne témoigne pas de l'indépendance par rapport au gouvernement que ce poste exige.