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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite à tous la bienvenue, vous qui êtes ici pour poursuivre notre étude du projet de loi , une mesure législative destinée à permettre au gouvernement d'établir notre mandat en matière de biocarburants.
J'aimerais accueillir à la table aujourd'hui Roger Samson, directeur exécutif de Resource Efficient Agricultural Production Canada, ou REAP Canada, et Todd Moser, de Rothsay. Nous recevons également Mark Nantais, de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules, ainsi que Gilles Morel et Gene Carrignan, de l'Institut canadien des produits pétroliers. Soyez tous les bienvenus parmi nous.
Je demande à l'ensemble des témoins de faire leur déclaration d'ouverture en 10 minutes maximum. Je les rappellerai à l'ordre, si nécessaire, étant donné que nous avons un ordre du jour très chargé aujourd'hui.
Ceci dit, je vous cède la parole, monsieur Samson.
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Merci beaucoup, et bonjour à tous.
Si vous voulez notre mémoire, sachez qu'il figure parmi les documents qui vous ont été distribués. D'ailleurs, nous l'avons révisé pour y inclure quelques références; vous allez donc en recevoir un nouveau prochainement.
REAP Canada est essentiellement un centre de recherche et d'enseignement, qui travaille depuis 1986 dans le domaine de l'agriculture durable et, plus spécifiquement, du développement des biocarburants au pays depuis 1991. Notre plus récent rapport sur l'atténuation des gaz à effet de serre à partir des biocarburants au Canada date du mois dernier; il s'intitule: « Analyzing Ontario Biofuel Options: Greenhouse Gas Mitigation Efficiency and Costs ». Ce document a été corédigé par sept personnes, et nous aimerions que le comité l'examine en détail pour mieux comprendre les enjeux concernant les biocarburants.
Deux critères permettent de déterminer si un biocarburant est bon: d'abord sa très grande efficacité de compensation des gaz à effet de serre, et ensuite le rapport coût-efficacité avantageux qu'il procure au contribuable canadien.
Si vous vous reportez au graphique 1 de mon mémoire, vous verrez qu'il illustre le cycle de vie des émissions de gaz à effet de serre causées lors de la production de carburants bioénergétiques par secteur de consommation énergétique. Nous avons comparé trois secteurs: celui des transports, celui de la production d'énergie verte et celui de la production de chaleur verte. Vous pouvez observer, en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, que le secteur de production de la chaleur verte et celui des énergies vertes sont plus efficaces pour réduire ces émissions. En effet, celles-ci sont plus faibles.
Au graphique 2, vous verrez ceci transposé en pourcentages. Vous remarquerez que sur le plan de l'efficacité, d'après notre rapport, la compensation par l'éthanol de maïs est de 21 p. 100 et celle attribuable au biodiesel est d'environ 50 à 58 p. 100.
En Europe, ils ont instauré une norme selon laquelle l'Union européenne doit démontrer que les biocarburants génèrent au minimum 35 p. 100 de moins de gaz à effet de serre que l'essence, qu'ils ne peuvent provenir de la terre et qu'ils doivent avoir une valeur élevée reconnue sur le plan de la biodiversité. Par conséquent, l'éthanol de maïs ne serait pas admissible là-bas; pourtant, avec l'énergie et la chaleur vertes, les compensations sont de l'ordre de 80 à 90 p. 100.
Et qu'est-ce qui fait un bon biocarburant? Son excellent niveau de compensation et son coût.
Le graphique 3 illustre les prix. Nous avons examiné quelles étaient les subventions fédérales et provinciales offertes en Ontario, et nous avons déterminé l'efficacité de compensation de ces carburants. Nous avons remarqué que pour le biodiesel, les coûts d'atténuation étaient d'environ 100 $ la tonne, et pour l'éthanol de maïs, avec les mesures incitatives actuellement en vigueur dans la province, de 375 $ la tonne.
Si vous regardez dans la partie droite du graphique, vous verrez qu'il existe des possibilités pour environ 50 $ la tonne dans pas mal de technologies, y compris une sur laquelle nous avons travaillé, qui est la culture du panic, un produit que l'on transforme ensuite en granulés et qu'on utilise comme combustible thermique de remplacement.
Si vous allez à la page 11 du mémoire, au tableau 1, vous verrez notre analyse des carburants et notamment la compensation nette de gaz à effet de serre issue de carburants renouvelables. De quelle façon utiliser une acre ou un hectare de terres agricoles pour compenser efficacement les gaz à effet de serre? Voici comment c'est possible: en utilisant 900 kilogrammes de biodiesel de soya par hectare; 1 500 kilos d'éthanol de maïs; 4 700 kilos d'éthanol cellulosique; et 13,5 tonnes de granulés de panic raide par hectare; ceci est huit à dix fois plus efficace que l'éthanol de maïs.
Nous invitons quiconque le souhaite, dans la communauté scientifique canadienne, à contester ces chiffres. Nous avons entièrement confiance dans ces données, et nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement canadien ne favorise pas davantage des technologies de compensation plus efficaces.
Dans nos recommandations au comité, nous exprimons trois grandes réserves au sujet de cette mesure législative. Premièrement, elle n'aura pas pour effet de réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre. On nous a dit qu'il fallait s'attendre à des compensations de l'ordre de 4 millions de tonnes. Si nous nous fions aux chiffres tirés de notre récent rapport, cela donne uniquement 2,1 millions de tonnes — soit la moitié moins que ce que le gouvernement promet aux Canadiens.
Deuxièmement, nous pensons qu'il y aura un sérieux problème de conversion des terres, parce que le Canada ne dispose pas de suffisamment de potentiel pour cultiver ces sources de carburant. Nous allons devoir nous tourner vers les importations ou convertir nos pâturages en terres arables, et cela aura pour effet de dégager de grandes quantités de gaz à effet de serre. Plusieurs scientifiques ont publié des rapports le mois dernier, disant qu'il faudrait attendre environ 50 à 130 ans pour avoir des retombées. Cela ne permettra donc pas de ramener les niveaux des gaz à effet de serre à ceux visés. Nous ne croyons pas que cela va se concrétiser.
Troisièmement, ce n'est pas une solution canadienne parce que nous allons devoir importer massivement du maïs pour produire cet éthanol. Quant au biodiesel, c'est tout simplement trop cher. Aujourd'hui, le biodiesel tiré du canola revient à 1 000 $ la tonne, et à 1 300 $ la tonne avec l'huile de soya. Ce ne sont donc pas des biocarburants économiques. Les mesures incitatives actuelles mises de l'avant par le gouvernement fédéral ne permettront pas d'atteindre le niveau de mélange proposé de 2 p. 100.
La mesure législative mise de l'avant ne démontre pas que l'on fait preuve de responsabilité financière. Les compensations de CO2 qui découlent de l'éthanol de maïs reviennent de six à huit fois plus cher qu'avec les autres solutions de remplacement.
Nous faisons trois recommandations au gouvernement. Premièrement, celui-ci devrait mettre en place des stratégies de gestion axées sur les résultats dans l'ensemble de ses programmes de recherche et d'encouragement afin de s'assurer d'atteindre les buts visés, soit l'atténuation des gaz à effet de serre et le développement rural. Nous croyons que cela peut être bénéfique autant pour l'environnement que pour les cultivateurs et les contribuables, mais pour y parvenir, nous devons élaborer une politique efficace. Malheureusement, en ce moment, nous n'avons pas le cadre adéquat pour nous attaquer au problème du dioxyde de carbone.
Deuxièmement, le gouvernement doit se tourner vers les cultures de vivaces énergétiques et cesser l'utilisation des récoltes annuelles en guise de biocarburants. Il faudrait reconnaître qu'il y a un surplus limité de terres arables au Canada et que les principales sources de biocarburants sont les cultures vivaces énergétiques. Il faudrait utiliser les terres agricoles marginales pour cultiver des biocarburants comme le panic pour faire des granulés.
Troisièmement, le gouvernement doit créer une parité sur le marché de la bioénergie en accordant, par exemple, des incitatifs au secteur des biocarburants. Le gouvernement ne devrait pas choisir les gagnants. Il y a une blague à ce propos qui dit que le gouvernement choisit les gagnants et que les perdants choisissent les gouvernements. Vraiment, nous devons instaurer en quelque sorte une taxe sur les dioxydes de carbone; ce serait une façon de créer une stratégie efficace pour réduire le CO2. Nous voudrions qu'Agriculture Canada poursuive ses recherches sur les cultures vivaces lignocellulosiques plante entière. Actuellement, la recherche manque de financement dans ce domaine, et nous voudrions vraiment que ce soit corrigé.
Je vous remercie beaucoup.
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Monsieur le président, chers membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous faire part de mon opinion au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi canadienne sur l'environnement de 1999.
Vous avez devant vous quelqu'un qui jouit d'une expérience de plus de 20 ans dans le domaine du raffinage, de l'approvisionnement, de la distribution et du marketing de produits pétroliers conventionnels au Canada, et à titre de vice-président de Rothsay, je suis fier d'être membre des Aliments Maple Leaf et d'être un pionnier de l'industrie du biodiesel au pays. Je suis certain que mon expérience pratique et commerciale, autant dans les carburants conventionnels que ceux de remplacement vous sera utile dans vos discussions d'aujourd'hui.
J'ai deux messages à livrer au comité: premièrement, les carburants de remplacement comme le biodiesel comportent de nombreux avantages pour le Canada et les Canadiens; deuxièmement, et plus important encore, il est essentiel d'adopter rapidement le projet de loi si nous voulons tirer parti de tous ces avantages.
Les carburants renouvelables comme le biodiesel peuvent profiter au Canada et aux Canadiens de trois façons. D'abord, ils permettraient de freiner les effets grandissants des changements climatiques, qui sont réels; et les conséquences environnementales de la dépendance aux hydrocarbures sont l'une des principales sources du problème. Les combustibles renouvelables comme le biodiesel peuvent nous aider à régler ces problèmes puisqu'ils présentent des avantages substantiels pour l'environnement, contrairement aux combustibles fossiles conventionnels. Dans le cas du biodiesel, les avantages environnementaux sont nombreux.
D'après Ressources naturelles Canada, les réductions de gaz à effet de serre grâce au biodiesel sont de 70 à 95 p. 100; tout dépend de la matière première utilisée. Même en mélangeant 20 p. 100 de biodiesel à du diesel conventionnel, on peut réduire les émissions de carbone de plus de 15 p. 100 dans le cycle de vie. À elles seules, nos installations de Sainte Catharine's contribuent à éliminer environ 122 000 tonnes métriques de gaz à effet de serre par an, ce qui revient à retirer de nos routes 16 000 camions légers ou 22 000 voitures.
Le biodiesel est aussi biodégradable que le sucre et il est 10 fois moins toxique que le sel de table. Le biodiesel offre également un équilibre énergétique très positif. En fait, une analyse récente conduite par l'Université de l'Idaho, en collaboration avec le département américain de l'Agriculture, démontre que l'équilibre énergétique du biodiesel est positif par 3,5 contre 1, ce qui revient à dire que pour chaque unité d'énergie fossile nécessaire pour produire du combustible dans un cycle de vie, le retour est de 3,5 unités d'énergie. C'est très avantageux par rapport au diesel conventionnel tiré du pétrole, dont le rendement est inférieur à un.
Deuxièmement, les carburants renouvelables comme le biodiesel contribuent à la diversité énergétique. Le fait que le baril de pétrole brut coûte 100 $ est une raison plus que suffisante pour se tourner vers des énergies renouvelables si on veut être moins dépendant des hydrocarbures. Non seulement les prix du pétrole brut ont augmenté de façon spectaculaire, mais en plus, ils sont à des niveaux records. Payer 3 $ le gallon aux États-Unis et 1 $ le litre au Canada est maintenant monnaie courante, à cause d'un réseau de raffinage vieillissant, d'une capacité de réserve minimale et de spécifications de produits toujours plus nombreuses.
Dans la plupart des rapports qu'elle a émis en juillet 2007 sur le marché pétrolier à moyen terme, l'Agence internationale de l'énergie, un organisme mondialement respecté pour la fiabilité de ses informations en matière énergétique, a prévu que les marchés continueraient de se resserrer après 2010 à cause de la diminution des réserves de l'OPEP, pour atteindre un plancher d'ici 2012.
Dans le même rapport, l'agence indique que la demande énergétique n'est pas prête de reculer. Les économies en croissance, particulièrement dans les pays qui ne font pas partie de l'OCDE — par exemple, en Asie et au Moyen-Orient —, prévoient que leur demande de pétrole augmentera de 3,6 p. 100 annuellement au cours des cinq prochaines années. C'est un indicateur clair que la pression à la hausse des prix se poursuivra, et cela affectera autant le pétrole brut que les produits pétroliers dans un avenir prévisible.
Les carburants renouvelables comme le biodiesel peuvent nous aider à diversifier l'offre énergétique puisqu'ils permettraient d'accroître la capacité de production et l'offre d'énergies de remplacement propres et renouvelables qui soient totalement compatibles avec les moteurs d'aujourd'hui, qui puissent satisfaire aux normes de produits élevées et qui puissent être facilement intégrées dans notre système de distribution. Qui plus est, ces carburants sont disponibles maintenant.
Le troisième avantage que représentent les carburants renouvelables est leur effet positif sur l'économie canadienne. Les installations de Sainte Catharine's, au Québec, sont la preuve que même avec un investissement modeste, on peut agir de manière positive sur les collectivités locales.
Pour ce qui est de l'emploi, nous sommes fiers de pouvoir offrir des débouchés à des professionnels ainsi qu'à des travailleurs spécialisés et de spécialisation moyenne. Nous comptons plus de 25 personnes travaillant directement dans notre secteur du biodiesel. Nous dépensons également plus de 800 000 $ par année pour des services locaux à l'appui de nos activités et une somme dépassant 15 millions de dollars sera investie pour l'acquisition de matières premières produites localement.
Notre usine contribue à l'assiette fiscale aux échelons municipal, provincial et fédéral. En 2007, nous avons en outre procédé à une modernisation importante de nos installations et fait appel pour ce faire aux gens de métier et aux services locaux aux étapes de la conception, de la construction et de la mise en service du projet.
La vigueur de l'industrie nationale du biodiesel permet la création de nouveaux marchés et une stabilité des prix pour les oléagineux et les sous-produits d'origine animale, tout en diversifiant et consolidant les économies des milieux ruraux. De toute évidence, il s'agit là de trois avantages importants — l'impact sur notre environnement, la diversité énergétique et l'économie — pour le Canada et ses citoyens. Nous ne pourrons toutefois pas profiter de ces avantages si le projet de loi n'est pas adopté rapidement.
Le projet de loi est absolument indispensable si le Canada veut favoriser l'émergence d'une industrie forte et d'un marché dynamique à l'échelle nationale pour les combustibles renouvelables. Une chose est sûre, sans le projet de loi et une norme en matière de carburants renouvelables, on n'assistera pas à une appréciation de la demande canadienne pour ces carburants, laquelle aurait contribué aux investissements relativement restreints nécessaires pour adapter notre infrastructure de distribution à ces carburants plus propres.
C'est un phénomène que nous pouvons déjà observer. La quasi-totalité des 35 millions de litres que nous produisons à notre usine de Sainte Catherine's sont expédiés directement dans des pays qui ont des programmes beaucoup plus élaborés en matière de carburants renouvelables. Il y a actuellement au Canada seulement deux usines de biodiesel à vocation commerciale alors qu'aux États-Unis, on en recense plus de 130, sans compter les 37 qui sont en construction. Pire encore, il existe un fossé important qui nous empêche de rejoindre les consommateurs souhaitant utiliser le biodiesel. Je ne connais que deux terminaux au Canada capables d'effectuer des mélanges de biodiesel et à peine une poignée de stations-service où les automobilistes peuvent s'en procurer.
L'adoption rapide du projet de loi permettrait de changer le cours des choses en servant de catalyseur pour susciter les investissements nécessaires aux usines de biodiesel et aux infrastructures requises pour la distribution de ce carburant renouvelable et propre aux consommateurs. Si le projet de loi n'est pas adopté, je suis persuadé que les investissements futurs dans les biocarburants s'en trouveront considérablement amoindris, si ce n'est totalement abandonnés. C'est certainement le cas pour mon organisation qui aimerait étendre ses activités dans le secteur des biocarburants, mais hésite à le faire sans savoir s'il existera vraiment un marché au Canada.
En résumé, je crois que les carburants renouvelables sont porteurs de grandes promesses et de nombreux avantages pour le Canada et ses citoyens. Ils permettent de lutter contre les changements climatiques, d'améliorer la diversité énergétique et de contribuer au développement rural et à la croissance économique du Canada. En adoptant rapidement le projet de loi , vous lancerez le signal nécessaire pour stimuler les investissements et sensibiliser notre pays aux nombreux avantages que les carburants renouvelables ont à offrir.
Je vous remercie de votre attention et du temps que vous m'avez consacré.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de venir exposer les vues de l'association à l'égard du projet de loi .
L'Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV) est le principal regroupement national représentant les constructeurs de véhicules légers et lourds du Canada, soit Chrysler, Ford, General Motors et International Truck and Engine. Collectivement, nos membres construisent plus de 70 p. 100 des véhicules produits au pays, occupent 55 p. 100 du marché intérieur et soutiennent 150 000 travailleurs et retraités canadiens grâce à l'ensemble de leurs activités commerciales.
D'entrée de jeu, je peux vous dire que nous appuyons sans réserve le projet de loi et que nous vous demandons de l'adopter aussi rapidement que possible. Peut-être que la chose vous surprendra, mais je crois qu'il y a de nombreuses organisations qui partagent notre avis quant à l'adoption rapide de ce projet de loi, et je vais vous dire pourquoi. En matière de carburants renouvelables, l'ACCV est fortement en faveur d'une stratégie poussée et soutenue par des règlements appropriés. Des mesures visant à accroître la disponibilité et la consommation au Canada de mélanges de carburants renouvelables de qualité aideraient à réduire de façon considérable les gaz à effet de serre produits par le parc de véhicules.
Dans son avis sur les carburants renouvelables publié en 2007 dans la Gazette du Canada, le gouvernement a très justement évalué les avantages de ces carburants du point de vue des émissions de gaz à effet de serre pendant le cycle de vie. C'est la première fois que le gouvernement exige l'ajout d'un constituant dans les carburants vendus au Canada dans le cadre de la Loi sur la protection de l'environnement.
Nous croyons que nous tenons là une bonne occasion d'assurer le succès des carburants verts sur le marché, pourvu que l'on veille tant à la qualité de ces carburants qu'à l'acceptation des consommateurs. Pour susciter une confiance et une acceptation durables de la part des Canadiens, il faudra que l'implantation de ces carburants sur le marché canadien se déroule de façon harmonieuse et efficace.
En outre, étant donné que le secteur de la construction de véhicules est fortement intégré en Amérique du Nord et que le gouvernement du Canada a souscrit à l'application de règlements communs sur les gaz d'échappement en Amérique du Nord, il sera important de veiller, dans la mesure du possible, à la concordance des démarches canadienne et américaine au chapitre des carburants renouvelables.
Depuis les années 1980, tous les véhicules à essence produits par les sociétés membres de l'ACCV peuvent consommer du carburant contenant jusqu'à 10 p. 100 d'éthanol. Nos membres sont aussi des chefs de file dans le domaine des véhicules polycarburants E85. Il s'agit de véhicules pouvant consommer soit du carburant contenant jusqu'à 85 p. 100 d'éthanol soit de l'essence ordinaire, sans que le conducteur ne note de différence. De plus, nos véhicules diesel peuvent aussi consommer des mélanges biodiesel selon les recommandations du constructeur.
Il est cependant essentiel que tant le constituant renouvelable que le constituant conventionnel des carburants renouvelables satisfassent à des normes de qualité appropriées. L'absence de mesures garantissant la qualité des carburants pourrait entraîner des effets négatifs par rapport aux critères établis, compromettre le rendement par temps très froid ou très chaud et le rendement général des véhicules et causer des défaillances des dispositifs d'alimentation et antipollution. Il est donc nécessaire que des exigences de qualité soient stipulées expressément dans le projet de loi pour assurer que les biocarburants offerts au Canada sont appropriés et uniformes.
Il est également important de reconnaître, comme l'a déjà fait la LCPE et comme le fait maintenant le projet de loi , que les véhicules et les carburants forment un tout intégré.
À notre avis, les dispositions suivantes sont nécessaires afin d'assurer la bonne mise en application du règlement sur les carburants renouvelables et d'atteindre les objectifs visés par le gouvernement au chapitre des carburants renouvelables et de l'amélioration de l'environnement. Premièrement, on a besoin d'exigences relatives à la qualité des carburants en vertu d'un règlement national sur la qualité des carburants. Deuxièmement, il faut des mécanismes de contrôle et de gestion de l'implantation et d'aspects tels que l'entreposage de l'éthanol, la compatibilité, la propreté des réservoirs et la gestion de l'eau pendant la phase de transition. Troisièmement, il convient d'élargir l'accès aux mélanges éthanol-essence à haute teneur en éthanol, soit jusqu'à 85 p. 100.
J'aimerais ajouter quelques observations au sujet de la nécessité d'un règlement fédéral sur les carburants. Un règlement national sur la qualité des carburants visant tant les carburants conventionnels que renouvelables mettrait fin à la discordance qui existe entre les diverses mesures provinciales. Nous suggérons au gouvernement fédéral de collaborer étroitement avec les provinces pendant la rédaction de la loi et du règlement afin de s'assurer que tant les carburants renouvelables que la qualité des carburants fassent l'objet d'une seule et même approche cohérente dans l'ensemble du Canada, tout en tenant compte de certains facteurs régionaux et saisonniers.
Selon notre interprétation de l'article 140 de la LCPE, le ministre a l'autorité d'imposer des règlements stipulant des paramètres de qualité pour les carburants. La LCPE de 1999 indique qu'il doit être démontré que les règlements édictés à l'égard des carburants n'ont pas d'incidences négatives sur l'environnement, sur la vie ou la santé humaine, ou sur le fonctionnement, le rendement ou la mise en marché de technologies de combustion ou autres technologies touchant les moteurs ou les équipements antipollution.
Nous croyons donc qu'une approche simple à l'égard des carburants renouvelables consisterait à faire référence aux exigences relatives à la qualité des carburants contenues dans les normes de l'Office des normes générales du Canada (ONGC) ou de l'American Society for Testing and Materials, approche suivie d'ailleurs par la province de l'Ontario dans son règlement 535 concernant l'éthanol. Cette approche garantirait l'uniformité de la qualité des carburants partout au pays, prouverait que le gouvernement est déterminé à veiller à ce que l'implantation des carburants renouvelables concoure à l'amélioration de l'environnement et n'ait pas d'effets négatifs sur le fonctionnement des véhicules des Canadiens. Cela montrerait également le leadership du gouvernement au chapitre des carburants renouvelables.
Bien que l'ONGC soit un organisme de normalisation reconnu, ses normes sur les carburants n'ont pas été adoptées et mises en oeuvre dans l'ensemble des provinces dans le cadre de leurs règlements. À l'heure actuelle, je crois que les paramètres de qualité pour l'essence élaborés par l'ONGC ont valeur de règlement dans deux provinces, valeur de quasi-règlement dans une autre et font l'objet d'une référence partielle dans un autre cas. Aucune loi provinciale actuelle n'exige donc que tous les carburants pour les véhicules routiers respectent les normes en vigueur de l'ONGC.
Les exigences touchant les détergents à essence de l'ONGC sont un autre exemple montrant que les normes de cet organisme ne sont ni adoptées ni appliquées au Canada. Selon les données publiées par Environnement Canada au sujet des anticalaminants, environ 20 p. 100 des essences canadiennes ne contiennent aucun anticalaminant, alors que cet additif est nécessaire pour réduire les dépôts du système d'alimentation qui peuvent augmenter les émissions et nuire au rendement des véhicules. Je peux ajouter que l'industrie automobile et l'industrie pétrolière conjuguent leurs efforts dans ce dossier et que l'on progresse à ce chapitre vers la satisfaction totale de nos clients mutuels.
Afin de corriger ces lacunes et d'en éviter la perpétuation, nous croyons qu'il est nécessaire d'établir une norme nationale sur la qualité des carburants dans le cadre d'un règlement sur les carburants renouvelables.
Je veux aussi vous parler du contrôle et de la gestion de l'implantation et d'aspects tels que l'entreposage de l'éthanol, la compatibilité, la propreté des réservoirs et la gestion de l'eau. Tous les véhicules à essence peuvent tolérer une teneur en éthanol jusqu'à 10 p. 100. Étant donné les caractéristiques des mélanges éthanol-essence, le secteur automobile suggère que des mesures soient mises de l'avant afin de réduire au minimum les effets négatifs du mélange avec l'essence qui entraîneraient une augmentation de la pression des vapeurs du système d'alimentation, une hausse des émissions de COV et de possibles problèmes de conduite.
Les carburants à haute teneur en éthanol (c'est-à-dire ceux contenant jusqu'à 85 p. 100 d'éthanol et 15 p. 100 d'essence) pourraient procurer des avantages considérables au chapitre de l'environnement si on profitait au maximum de la technologie des véhicules polycarburants E85 offerte au Canada depuis près d'une décennie par les sociétés membres de l'ACCV. D'après le modèle GHGenius de Ressources naturelles Canada, les carburants E85 peuvent réduire les émissions de CO2 de 47 à 55 p. 100 pendant le cycle de vie, comparativement à l'essence conventionnelle. L'une des façons d'atténuer au maximum les problèmes éventuels d'infrastructure, de distribution et de gestion des mélanges à l'éthanol serait de voir à atteindre une partie des 5 p. 100 visés de quantité d'éthanol en carburant E85 au moyen de mesures obligatoires ou incitatives.
En outre, si le Canada souhaite accroître la consommation d'éthanol comme l'ont fait la Suède, les États-Unis, le Brésil et les autres pays déjà avancés dans cette voie, il devra avoir recours à la technologie des véhicules polycarburants E85 et mettre en place des infrastructures de distribution pour ce carburant. Il convient d'étudier très attentivement les politiques gouvernementales pouvant être mises en place à l'appui de cette initiative. En favorisant la disponibilité et la consommation de carburants renouvelables et propres, le gouvernement peut rendre service aux consommateurs tout en accélérant la réduction des émissions de gaz à effet de serre au Canada.
J'aimerais encore faire quelques commentaires.
En 2007, les sociétés membres de l'ACCV ont annoncé et lancé une approche réaliste et intégrée pour accélérer la réduction des gaz à effet de serre au Canada. Notre plan mise sur le lancement accéléré de nouvelles technologies respectueuses de l'environnement, l'élargissement du choix de carburants propres et renouvelables offert aux Canadiens, la mise au rancart de vieux véhicules polluants, l'écologisation des parcs de véhicules gouvernementaux et la modification des comportements des conducteurs.
Bien que notre industrie ait déjà accompli des progrès dans les aspects qu'elle maîtrise, elle a besoin de l'appui du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux pour réussir encore mieux. Nous suggérerions notamment que le Canada crée un incitatif sous forme de dégrèvement d'impôt semblable à celui offert dans le cadre de l'initiative d'infrastructure de carburant de remplacement aux États-Unis. Le modèle des crédits fiscaux adopté aux États-Unis prévoit jusqu'à 30 000 $ par pompe pour la conversion au carburant E85. Notre deuxième recommandation viserait le rétablissement de l'exemption de taxes sur le carburant E85. Troisièmement, nous voudrions que l'on continue d'appuyer l'achat et l'utilisation de véhicules polycarburants dans les parcs gouvernementaux et privés. En quatrième lieu, nous préconisons le maintien des mécanismes de soutien actuels à l'éthanol conventionnel et des efforts plus soutenus en faveur de la production d'éthanol cellulosique au Canada.
Monsieur le président, je voudrais seulement résumer en disant que le projet de loi est un élément d'importance capitale dans une approche intégrée et plus vaste visant à réduire les gaz à effet de serre et à atteindre nos objectifs environnementaux. Nous espérons donc qu'il sera adopté aussi vite que possible.
Merci.
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Monsieur le président, députés du Parlement et Canadiens assistant à cette audience, au nom des membres de l'Institut canadien des produits pétroliers, je vous remercie de m'avoir invité pour exprimer notre point de vue sur le projet de loi , le cadre législatif qui permettrait d'établir un cadre réglementaire national pour les carburants renouvelables du Canada.
D'entrée de jeu, j'aimerais aussi, tout comme les trois intervenants précédents, exprimer le soutien de notre association au projet de loi . L'ICPP, comme vous le savez, est une association nationale représentant les grandes entreprises canadiennes engagées dans le raffinage, la distribution et la commercialisation de produits pétroliers aux fins de transport d'énergie d'usage domestique et d'utilisation industrielle. Nous aimerions faire valoir les trois principaux points suivants à l'égard du projet de loi C-33.
Premièrement, l'ICPP estime que la seule approche raisonnable à l'égard des mandats en matière de carburant renouvelable doit avoir une portée nationale. Deuxièmement, l'ICPP a travaillé conjointement avec l'Association canadienne des carburants renouvelables, l'ACCR, en vue de développer une approche nationale. Troisièmement, l'ICPP oeuvre en faveur d'une recherche de pointe sur la qualité des carburants qui tient compte des caractéristiques uniques du Canada, comme son climat et sa géographie.
L'étendue du Canada est immense, mais le pays compte une population relativement faible et une économie fondamentalement liée à celle des États-Unis. Dans notre cas, elle est en concurrence directe avec celle-ci.
[Traduction]
La libre circulation des produits constitue la pierre angulaire du succès de l'économie canadienne et, au moment où tous les ordres de gouvernement cherchent ardemment à éliminer les obstacles au commerce intérieur, il est regrettable de constater que certaines politiques provinciales concernant les carburants renouvelables ont eu l'effet de créer de nouvelles barrières économiques.
On peut observer dans le graphique inclus dans notre document l'émergence d'une véritable mosaïque de réglementation au pays. La deuxième carte montre l'emplacement des principales installations de raffinage. Ces illustrations ne tiennent toutefois pas compte des propositions récentes de l'Ontario et de la Colombie-Britannique qui souhaitent emboîter le pas à la Californie et instaurer un niveau de complexité supplémentaire, soit la norme pour les carburants à faible émission de carbone. Les objectifs ne sont pas clairs.
La création d'un cadre réglementaire national est l'un des points forts du et nous félicitons le Parlement du Canada pour le leadership dont il a fait preuve dans ce dossier.
Pour ce qui est des éléments essentiels d'une politique nationale sur les carburants renouvelables, l'ICPP comprend très bien les nombreuses motivations qui sous-tendent l'attention accordée à l'adoption d'une politique gouvernementale en matière de carburants renouvelables. Qui plus est, il faut nous rappeler que ce cadre ne peut pas à lui seul nous permettre d'atteindre les objectifs fixés. Alors que les pays comme les États-Unis poursuivent des politiques sur les carburants renouvelables en vue d'assurer leur autonomie et leur sécurité énergétiques, ce n'est pas le cas au Canada et cela ne risque pas de l'être dans un avenir rapproché. Le Canada bénéficie d'une abondance de ressources naturelles qui, grâce à une saine gestion et à l'innovation, assureront la sécurité énergétique du pays, des emplois à valeur ajoutée et une croissance économique qui profitera à toutes les régions.
Une stratégie nationale en matière de carburants renouvelables n'est pas une panacée pour tous les problèmes que posent les changements climatiques. Peut-être le sera-t-elle un jour, mais pour le moment, je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que les scientifiques, les ingénieurs, les professionnels de la santé et les spécialistes de la modélisation cherchent toujours les véritables solutions au phénomène des changements climatiques, et nous sommes prêts à participer à cette recherche.
Pourquoi alors un mandat concernant les carburants renouvelables? C'est à tout le moins instructif de voir que la Chambre des communes a confié cet important projet de loi au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Comme nous l'avons mentionné dans le cadre stratégique que nous avons préparé conjointement avec l'Association canadienne des carburantsrenouvelables, nous avons souvent répété qu'il appartient aux gouvernements de prendre les décisions politiques menant à l'établissement d'une politique des carburants renouvelables dans les meilleurs intérêts des Canadiens.
[Français]
Monsieur le président, le projet de loi ne présente qu'une des composantes d'un cadre pour les carburants renouvelables. Les mesures qui devront être prises, si nous voulons vraiment réussir, sont exposées dans le cadre de l'ICPP-ACCR joint à titre indicatif.
On peut essentiellement compter cinq points: le leadership du gouvernement fédéral; un environnement concurrentiel; des avancées sur le plan de la technologie; des politiques qui favorisent la capacité des carburants renouvelables à réduire les gaz à effet de serre; et le maintien de frontières ouvertes.
Je désire informer les parlementaires que, dans son dernier budget, le gouvernement fédéral a envoyé certains messages discordants au sujet des carburants renouvelables.
D'une part, de très généreux programmes de subventions seront offerts à compter d'avril 2008 pour la production de carburants renouvelables. Le gouvernement fédéral a annoncé, entre autres, l'Initiative écoÉNERGIE sur les biocarburants qui consistera à investir jusqu'à 1,5 milliard de dollars sur neuf ans pour stimuler la production canadienne de biocarburants.
Malheureusement, le budget fédéral de 2007 a modifié la Loi sur la taxe d'accise pour annuler les exonérations accordées pour les combustibles renouvelables.
Dans les faits, le gouvernement a établi un taux d'imposition plus élevé pour les biocarburants. Au cours de la même période visée par l'Initiative écoÉNERGIE, le gouvernement a coupé 1,5 milliard de dollars sur neuf ans. Cet argent aurait autrement servi à maintenir le coût des carburants combinant le biodiesel et l'éthanol au même niveau que celui de l'essence et du diesel.
Ces mesure ne représentent donc, de notre point de vue, aucun nouvel investissement net du gouvernement dans la production de biocarburants.
[Traduction]
Comme l'expérience américaine l'a démontré, un crédit d'impôt fédéral pour les mélangeurs représente la méthode de choix pour soutenir la production d'éthanol. Un crédit d'impôt équivalent accordé aux mélangeurs du Canada prend fin au 1er avril prochain. Mais en l'absence de dispositions comparables avec notre plus important partenaire commercial, le Canada ne pourra répondre aux attentes et espérer soutenir la concurrence des produits américains semblables.
Monsieur le président, je vais laisser M. Gene Carrignan, président de notre comité national, conclure notre exposé d'aujourd'hui.
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Monsieur le président, le dernier volet de notre exposé porte sur les efforts en temps réel consacrés aux biocarburants.
Pour satisfaire aux impératifs de cette politique, nous effectuons de la recherche de pointe. Ainsi, le 22 janvier 2008, la plus importante démonstration routière de diesel renouvelable par temps froid au Canada a été lancée officiellement en partenariat avec l'ICPP, les gouvernements fédéral et albertain et un groupe multilatéral diversifié réunissant l'organisme Climate Change Central, le Conseil canadien du canola et l'Association canadienne des carburants renouvelables.
Une soixantaine de camions de toutes tailles utilisent donc le diesel renouvelable pour circuler aux quatre coins de l'Alberta, la province posant les défis les plus redoutables à cause de son climat. La démonstration permettra aux mélangeurs de carburant, aux distributeurs, aux parcs de camions de long courrier et aux conducteurs de faire l'essai du diesel par temps froid. Nous sommes fiers de faire partie d'un groupe diversifié d'intervenants qui cherchent à comprendre comment on peut tirer le maximum du diesel renouvelable au Canada.
De plus, nous collaborons actuellement avec Ressources naturelles Canada et Environnement Canada à un second projet de recherche sur le biocarburant visant à comprendre et à régler les problèmes que posent les mélanges de biocarburants dans des conditions climatiques particulières au Canada. Ces recherches porteront notamment sur l'opérabilité à basse température des moteurs de grosse cylindrée; l'entreposage de carburant pour des applications multiples; et la stabilité thermique ainsi que la résistance à l'oxydation du mazout de chauffage soumis à des variations saisonnières.
L'image figurant dans notre mémoire montre une chambre à température froide unique en son genre qui se trouve à Sarnia, et qui sera utilisée pour ces travaux. En fait, tout de suite après cette réunion, nous nous rendrons à une autre afin de poursuivre la conception de ce programme.
En résumé, monsieur le président, certains des éléments essentiels que l'ICPP a mis de l'avant ne sont pas négociables. Tout d'abord, notre organisme agit à titre de porte-parole des producteurs d'énergie auprès des consommateurs. Nous avons entendu le point de vue des producteurs; c'est nous qui recevons réellement les plaintes des consommateurs en cas de problèmes de fonctionnement.
Nous effectuons les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs des politiques gouvernementales sur une grande échelle. Notre mission collective consiste essentiellement à faire en sorte que les carburants que nous offrons aux Canadiens répondent aux attentes de façon sécuritaire et durable, et que nous collaborions activement avec le gouvernement et la société civile en vue de trouver des solutions scientifiques relativement aux priorités en matière de santé et d'environnement. Les résultats que nous avons obtenus sont chiffrables.
Qui plus est, l'ICPP veut s'assurer que notre main-d'oeuvre collective s'attire le respect et cherche à gagner la confiance de la clientèle que nos membres desservent; et que les Canadiens continuent de disposer d'un vaste choix de carburants dans un marché hautement concurrentiel.
Comme on l'a dit plus tôt, l'ICPP appuie le et encourage son adoption par le Parlement. En fait, nous souhaitons que les règlements sur les carburants renouvelables qui s'imposent soient en place le plus tôt possible, de façon à ce que nous, ainsi que les entreprises qui devront se conformer à cette politique, ayons suffisamment de temps pour mettre en oeuvre les changements nécessaires à nos opérations.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Je ne peux pas parler au nom de chacun de nos membres, dans chaque région, parce qu'il s'agit d'une orientation que chacun adopte de son côté. Par contre, j'aimerais souligner que notre institut compte deux des trois plus gros producteurs et distributeurs d'éthanol au Canada. Il s'agit de Suncor, qui a une très grosse usine d'éthanol en Ontario, et de Husky, qui en a dans deux provinces et fournit de l'éthanol dans presque toutes ses stations-service.
Nous insistons pour que l'adoption du projet de loi C-33 se fasse le plus rapidement possible parce que nous devons être en mesure de faire les modifications nécessaires pour qu'à la station-service, au dépôt de distribution ou à la raffinerie, il soit possible de mélanger les carburants renouvelables. Dans le cas de l'éthanol, ça se fait relativement facilement, étant donné que la technologie de l'automobile permet qu'on utilise sans problème jusqu'à 10 p. 100 de ce carburant, et même plus dans certains cas. La technologie, la compréhension du phénomène et la science rendent la chose non pas facile mais faisable.
En ce qui a trait au biodiesel, un bon nombre de considérations techniques doivent être étudiées. C'est pourquoi nous essayons autant que possible, de concert avec l'Association Canadienne des Carburants Renouvelables, le Conseil canadien du canola et des associations comme Climate Change Central, de déterminer ces paramètres. En effet, nous sommes pour le consommateur l'ultime interface. Il faut s'assurer que le produit qui sera disponible à la station-service répondra à ses attentes et à ses besoins. Pour y arriver, il y a une foule de défis techniques à relever.
Comme l'a dit plus tôt M. Carrignan, nous devons rencontrer des représentants de Ressources naturelles Canada et d'Environnement Canada dans quelques minutes afin d'élaborer d'autres programmes scientifiques visant à déterminer quelles composantes causent encore problème et doivent être réglées le plus rapidement possible. Nous avons indiqué que nous appuyons une réduction de 2 à 5 p. 100 ainsi que l'adoption du projet de loi. Nous espérons que ça répond à votre question.
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J'ai passé un certain temps auprès du gouvernement de la Saskatchewan. Il est fortement en faveur d'un programme sur l'éthanol adéquat.
Nous devons bien prendre garde à ce que nous disons au sujet des matières premières utilisées pour produire de l'éthanol à base de grains, quand il est question des prix des aliments et autres choses du genre. Beaucoup d'études démontrent qu'il est faux de prétendre que cette production a été la cause de l'aggravation des pénuries d'aliments. Dans certains cas... Il y a cette fameuse histoire du prix des tacos au Mexique. J'ai cru comprendre que le problème était davantage d'ordre commercial et tarifaire qu'autre chose.
Selon nous, lorsqu'on a une possibilité comme celle-là de réduire les gaz à effet de serre de moitié par rapport à l'essence, et que, comme en ce moment, plus de 100 000 de nos véhicules peuvent fonctionner avec ce biocarburant, si nous n'en profitons pas, nous ratons réellement une occasion. Nous avons discuté, avec les provinces des Prairies, d'une autoroute de l'éthanol qui traverserait le Canada, là où cela a du sens. La même chose vaut pour les biodiesels. Je conduis maintenant un véhicule pouvant fonctionner au carburant biodiesel propre, et c'est merveilleux.
Je crois donc qu'on a de véritables possibilités. Mais il faut faire très attention, parce que beaucoup de ces matières premières sont des grains destinés aux animaux d'élevage. Ils peuvent servir à créer l'éthanol, et il est possible d'utiliser une pâtée de ces grains, si vous voulez, pour nourrir le bétail. Mais on peut également utiliser les déchets issus des grains au moyen d'un processus cellulosique pour produire de l'éthanol. C'est vers cela que nous devrons nous tourner à un moment donné: vers toutes les possibilités qui s'ouvrent maintenant — et qui évoluent — en ce qui a trait à l'éthanol cellulosique.
Encore une fois, nous avons là une véritable occasion. Compte tenu de la demande mondiale de véhicules et de l'énergie qui sera nécessaire pour les alimenter, nous devons chercher à diversifier le mélange de combustibles du mieux que nous pouvons.
Du point de vue planétaire, la demande actuelle représente 71 millions de véhicules. Dans 10 ans, ce nombre passera probablement à 91 millions. Il faut trouver une façon d'alimenter ces véhicules d'une manière propre et responsable sur le plan environnemental.
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Merci beaucoup de partager avec nous votre expertise, messieurs.
Je crois que ce que nous devons comprendre, c'est que du point de vue de l'agriculture, tout ce qui pourra aider les fermiers est une bonne chose, et il y a des aspects de ce projet de loi qui leur faciliteront la vie.Toutefois, il ne s'agit pas d'un projet de loi sur l'agriculture, mais sur l'environnement.
Tout d'abord, j'aimerais avoir vos commentaires, monsieur Samson, et j'espère que nous pourrons entendre d'autres opinions là-dessus. Vous avez mentionné que selon les recherches que vous avez menées, cette mesure ne réduira pas les émissions de gaz à effet de serre de manière appréciable, en ajoutant qu'à l'évidence, aucune preuve scientifique n'atteste que l'objectif de 4 millions de tonnes de dioxyde de carbone prévu par cette loi sera atteint.
Nous avons vu récemment — ce mois-ci ou le mois dernier, je crois — que le Royaume-Uni avait imposé un moratoire sur les biocarburants. Par ailleurs, il y a environ une douzaine de scientifiques américains qui remettent en question la direction empruntée par les États-Unis avec son programme de transformation de maïs en éthanol.
J'aimerais avoir votre avis là-dessus. Nous disons que les biocarburants sont respectueux de l'environnement et qu'ils réduisent les gaz à effet de serre. Or, selon des recherches, dont la vôtre, tout bien considéré, ce n'est pas peut-être pas tout à fait le cas.
Je vais faire valoir un autre point, puis je vous laisserai formuler quelques remarques.
Votre second argument est qu'il ne s'agit pas d'une solution canadienne, et que cela soutiendra surtout les marchés pour les cultivateurs de maïs américains, sans compter le fait que pour la transformation intensive de l'éthanol à base de maïs, nous allons ouvrir davantage l'usage du gaz naturel liquéfié.
Hier, nous avons parlé de l'idée que ce projet de loi pourrait constituer une assurance et une solution pour nos agriculteurs pendant les périodes difficiles. Je pense que le Manitoba réserve 10 p. 100 de ses terres arables à la production de biocarburants à base de blé de faible qualité, en espérant que les agriculteurs exerceront cette activité, particulièrement lorsque les temps sont durs.
Compte tenu des prix élevés du blé et du canola, il est possible que maintenant, les agriculteurs ne souhaitent pas profiter des débouchés de l'industrie des biocarburants. Alors, où prendra-t-on les matières premières? J'aimerais savoir si vous croyez que nous deviendrons des importateurs de matières premières à faible coût, pas seulement des États-Unis, mais aussi de l'hémisphère sud, où nous en avons constaté les résultats dévastateurs pour les forêts et les agriculteurs chassés de leurs terres.
La question est celle-ci: pouvons-nous garder l'industrie du biodiesel comme solution canadienne? L'un de mes amendements à ce projet de loi consisterait à conserver la production au Canada. Toute matière première destinée à l'industrie des biocarburants au Canada doit être canadienne.
Je vais m'arrêter là et vous demander vos commentaires, et d'autres pourront peut-être également réagir à ce que j'ai dit.
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Merci, monsieur le président.
J'aurais deux observations à faire au sujet de l'amendement proposé.
Tout d'abord, effectivement, une partie du pouvoir ajouté par cet amendement serait, selon nous, déjà conférée au sous-alinéa 140(1)g)(iii), qui autoriserait le gouverneur en conseil à prendre des règlements aux termes desquels les promoteurs du combustible seraient tenus de soumettre de l'information sur ses effets délétères sur la santé ou l'environnement. Les effets nocifs pourraient en fait être liés à n'importe quelle étape du cycle de vie du combustible. Donc, cela couvrirait le sous-alinéa proposé (iii.2) et une partie du sous-alinéa (iii.3), qui mentionnent l'impact environnemental. Je soumets donc respectueusement qu'une partie de l'amendement est superflue, pour reprendre vos propres paroles.
Je suppose qu'il y a deux autres sources de préoccupation. L'une est que certaines expressions utilisées sont un peu vagues, et je suis conscient que c'est intentionnel. Par exemple, l'expression « bilan environnemental » n'est pas une expression courante à laquelle seraient habitués les hauts fonctionnaires du ministère de l'Environnement, pas plus qu'elle n'est suffisamment précise pour que ceux auxquels elle pourrait s'appliquer sachent qu'ils sont peut-être visés, ce qui est en quelque sorte un principe fondamental de rédaction.
Une troisième source de préoccupation concerne le troisième élément de l'amendement qui conférerait au ministre de l'Environnement et au ministre de la Santé le pouvoir en vertu de la LCPE, c'est-à-dire d'une loi de protection de l'environnement, de recommander la prise d'un règlement d'application concernant l'impact social. À nouveau, je ferais écho aux observations de M. St. Amand. Bien que ce soit incontestablement bien intentionné et puisse bien relever du mandat du comité, je demanderais que le comité garde à l'esprit, lorsqu'il examinera toutes ces dispositions, qu'il est question d'amendements à la LCPE, non pas à une loi agricole ou à une loi commerciale. Ces amendements visent une loi de protection de l'environnement et de la santé. Donc, la portée de cette loi est très clairement limitée à protéger l'environnement et la santé, non pas à atteindre des objectifs sociaux ou économiques. Nous n'avons certes pas l'habitude d'avoir recours à la LCPE pour réunir des données de nature sociale ou économique, et l'on pourrait soutenir que cet amendement va bien au-delà de la portée de la loi que vise à modifier le projet de loi.
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Puis-je maintenant vous parler un peu de la raison pour laquelle je propose cet amendement?
J'estime qu'il convient d'appliquer le principe de prudence. Le compromis sur lequel nous pouvons nous entendre est, par l'adoption du projet de loi à l'étude, d'insérer des freins... Il s'agit en fait de permettre au gouverneur en conseil de régir par règlement la production de biocombustibles au Canada, notamment, dans les six mois suivant l'entrée en vigueur du règlement. Vous pouvez ensuite voir que le dernier amendement, le second, est d'en faire l'examen.
C'est important... Nous en avons discuté et nous avons entendu des témoins au sujet des céréales génétiquement modifiées. Je propose que nous interdisions l'utilisation des céréales, oléagineux ou arbres génétiquement modifiés pour la production de biocombustibles à l'exception de ceux qui sont déjà utilisés à cette fin.
Ce n'est pas là simplement un point au sujet duquel nous avons reçu de l'information d'organismes qui examinent cet aspect de la santé; il peut aussi coûter cher aux agriculteurs, en raison de la contamination. On peut lire dans Farm Update, un document qui porte sur les cultures génétiquement modifiées en Ontario:
La contamination peut coûter aux agriculteurs et à l'industrie des milliards. Par exemple, en 2006 et en 2007, on a constaté la présence de deux variétés de riz génétiquement modifiées qui n'avaient pas été approuvées dans 25 pays, y compris au Canada. Aux États-Unis, les semences de souche ont été touchées, de sorte que leurs exportations de riz ont été frappées d'interdictions et de restrictions. Le riz a été cultivé aux États-Unis en 2001, dans le cadre d'essais sur le terrain, mais le gouvernement des États-Unis n'a pas cherché à trouver la source exacte de la contamination. Le gouvernement du Canada n'homologue désormais une culture génétiquement modifiée que si elle est également approuvée pour la consommation humaine. Cette mesure a été prise après que le maïs Starling, approuvé aux États-Unis pour l'alimentation des animaux, mais pas pour une consommation humaine, a largement contaminé les approvisionnements alimentaires mondiaux, forçant l'industrie alimentaire à rappeler des produits au coût estimatif de un milliard de dollars environ.
Et ce n'est qu'un exemple dont je me suis servi pour illustrer qu'en exerçant le principe de prudence, nous pouvons aller de l'avant avec l'implantation de l'industrie, mais qu'il ne faut pas s'en servir comme moyen d'introduire plus de modifications génétiques. J'aimerais plus particulièrement que nous parlions de blé. Comme vous le savez, que nous soyons d'accord ou pas sur la méthode de mise en marché, nous savons que nous avons une excellente qualité de blé et de blé durum qui ont tous deux très bonne réputation dans le monde. Ainsi, si nous permettions par exemple, par opportunisme, l'introduction d'une marque de blé génétiquement modifié pour produire du biodiésel, de l'éthanol, alors il est fort possible, si nous nous fions à ce qui s'est passé avec le riz aux États-Unis, que le blé que nous cultivons actuellement pour la consommation et la production d'aliments soit contaminé.
Nos coûts grimperaient, et il faudrait réparer les pots cassés. C'est la principale raison pour laquelle nous proposons d'inclure l'alinéa 140(2.1)a). Pour ce qui est d'interdire l'utilisation des terres protégées par loi fédérale et d'autres terres à la biodiversité fragile afin de protéger celle-ci, nous devons faire en sorte...
Par « biodiversité »... il faut entendre la variabilité des organismes vivants. Elle inclut la diversité au sein même des espèces... et des écosystèmes... La biodiversité a de l'importance en raison de sa valeur intrinsèque, mais également pour les services sans prix qu'elle rend à l'écosystème, par exemple, en nettoyant l'eau, l'air, en assurant le maintien des cycles nutritifs, le contrôle des inondations, la lutte antiparasitaire, la pollinisation des cultures, les composés pour de nouveaux médicaments et les semences pour de nouvelles cultures.
Cette citation n'est pas d'un organisme inconnu, mais bien d'un document d'Environnement Canada. Peut-être ne semble-t-il pas signifier grand-chose, mais il établit que nous préservons effectivement notre biodiversité au Canada à mesure que nous progressons dans l'implantation de cette industrie, à nouveau en appliquant le principe de prudence.
L'alinéa d) est explicite. Je ne crois pas, pas plus que mon parti, que nous devrions importer des céréales ou des huiles pour la production de biocombustibles au Canada. Nous avons entendu des témoins — et le monsieur qui a parlé du canola aujourd'hui estimait que nous pouvons nous autosuffire — nous dire que nous pouvons produire ces grains et ces huiles pour l'industrie des biocombustibles au Canada.
Si nous n'ajoutons pas un article interdisant l'importation dans le projet de loi à l'étude, alors nous risquons que notre industrie soit aux prises avec des grains ou des huiles bon marché venus d'ailleurs, non seulement des États-Unis, mais de toutes les autres régions du monde. L'hémisphère Sud, où le phénomène est survenu, a vu son industrie agricole et ses petites fermes détruites. C'est un point crucial. Si nous avons une industrie de production de biocombustibles, faisons-la démarrer du bon pied. Faisons en sorte que nos agriculteurs en profitent parce que si nous permettons l'importation, nous laissons les prix baisser en raison de la concurrence avec, par exemple, du maïs subventionné en provenance des États-Unis.
Il s'agit d'une mesure très concrète, et elle fait partie intégrante de mes amendements.
Je m'excuse de ma verbosité, mais je tenais à bien faire comprendre mon point. J'essaie d'être le plus concis possible.
Toute l'idée d'avoir des critères de durabilité environnementale pour la production de biocombustibles afin d'assurer le respect des pratiques exemplaires reconnues internationalement est importante, si nous nous lançons dans cette entreprise. Je viens tout juste de lire un document de l'OECD affirmant que nous nous conformons aux normes internationales. Nous ne pouvons pas être perçus comme un pays qui s'engage dans sa propre voie, suivant peut-être l'exemple de ce qui se passe au Sud sans respecter les normes internationales.
Il existe des sources de préoccupation. On affirme qu'il est plus probable que les contraintes imposées à l'utilisation des terres limiteront la quantité de terres nouvelles qui peuvent être mises en production, ce qui entraînera un débat où il faudra choisir entre les aliments et l'énergie. C'est là un autre point que nous devrons examiner dans le cadre de notre débat sur toute l'idée de respecter des normes internationales. Ainsi, il faut tenir compte de ce que dit l'OCDE. Elle affirme que d'autres technologies classiques de production de biocombustibles ont permis de réduire typiquement les gaz à effet de serre de moins de 40 p. 100 par rapport à nos solutions de rechange en matière de combustibles fossiles. Quand des impacts comme l'acidification des sols, le recours aux engrais, la biodiversité et la perte de toxicité des pesticides agricoles sont pris en compte, les impacts environnementaux globaux de l'éthanol et des biocombustibles peuvent très facilement excéder ceux du pétrole et du diesel de source minérale.
Nous avons entendu M. Samson nous expliquer aujourd'hui les raisons pour lesquelles il aimerait que nous soyons très prudents et pour lesquelles il souhaite que le projet de loi à l'étude ne soit pas adopté. Du point de vue de l'environnement, ce que nous proposons n'est pas efficace. Dans l'étude qu'il a menée et dont j'ai lu le volumineux rapport, l'utilisation la plus efficace de l'environnement est le recours à des boulettes pour produire de l'énergie, par exemple.
Nous allons le faire, mais en le faisant, il faut tenter d'atteindre et de respecter les normes internationales. En ajoutant cet article au projet de loi à l'étude, nous y arriverons.
L'alinéa f), c'est-à-dire le dernier point, vise à imposer des restrictions quant à l'utilisation des terres arables au Canada pour la production de biocombustibles. À mon avis, nous pourrions nous sentir très à l'aise d'adopter le modèle manitobain. Car, dans cette province, on a mis de côté, d'après le ministre des Ressources naturelles avec lequel je me suis entretenu, 10 p. 100 des terres arables pour la production de biocombustibles. En d'autres mots, les agriculteurs peuvent en profiter en faisant pousser des cultures qui ne servent pas à la production d'aliments.
En guise de conclusion, j'essaierai de vous convaincre de m'appuyer et je suis sûr qu'on votera à l'unanimité pour mon amendement, tout comme la Chambre était comble hier soir quand j'ai pris la parole.
Ce sont là mes sources de préoccupation. Il faudrait en prendre note. Nous pouvons adopter un excellent projet de loi en y insérant ces amendements.
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L'amendement d'Alex soulève un certain nombre de préoccupations tout à fait légitimes. Les gens se posent des questions. Le représentant de REAP s'est demandé, ce matin, s'il n'existait pas des moyens plus efficaces de réduire les gaz à effet de serre. Ce sont là des préoccupations légitimes.
On s'inquiète — j'en ai entendu parler la semaine dernière, en Saskatchewan — des prix du bétail, de la façon dont ils évoluent. Les agriculteurs se lancent dans l'élevage du bétail, abandonnent les terres marginales, misent sur les cultures à fort rapport économique. Il y a donc des inquiétudes de ce côté-là, mais, comme l'a indiqué André, elles relèvent davantage de la responsabilité des provinces.
J'aimerais poser quelques questions aux témoins.
Compte tenu des questions que soulève l'amendement d'Alex, des intrants qui s'avèrent nécessaires pour soutenir la production d'éthanol — je ne sais pas si vous allez être en mesure de répondre —, quelles restrictions s'appliquent au maïs qui est importé des États-Unis? Nous entendons dire que le maïs américain subventionné est acheminé vers l'usine de Chatham, en Ontario, qu'environ 80 p. 100 de la matière de base de l'usine — c'est à peu près cela, Larry — provient des États-Unis.
Est-il possible d'empêcher une telle chose? Je sais que nous pouvons interdire cette pratique si elle est assimilée à du dumping, mais quelles mesures pouvons-nous prendre pour protéger nos producteurs?
Il y a ensuite l'éthanol qui est importé du Brésil. Le Brésil produit de l'éthanol à peu de frais, en utilisant la canne à sucre. Si un navire-citerne transportant de l'éthanol emprunte la voie maritime du Saint-Laurent — ce qui est fort possible —, est-ce que les subventions versées par le gouvernement s'appliquent à cet éthanol? Le Canada pourrait-il se trouver à subventionner l'éthanol qui est produit au Brésil?
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Merci, monsieur le président.
Je veux répondre brièvement aux commentaires de M. Easter concernant l'usine d'éthanol-maïs. S'il y a une personne qui est totalement contre le dumping de maïs dans ce cas-ci, c'est bien moi.
Il est important de signaler — et je pense que M. Steckle va me donner raison sur ce point — que l'Ontario est un exportateur net de maïs. Que le maïs soit acheminé vers une usine de production d'éthanol ou destiné à un parc d'engraissement... Si le maïs en provenance des États-Unis est acheminé vers une usine de production d'éthanol, cela veut dire, en termes simples, qu'une grande partie du maïs qui sort des silos locaux est destiné aux parcs d'engraissement et aux amidonneries — par exemple. Je tenais à le préciser.
Concernant le projet de loi lui-même, je respecte, dans une certaine mesure, le point de vue de M. Atamanenko et de son parti. Toutefois, cet amendement n'a pas sa place dans le projet de loi. On peut en débattre une autre fois, dans le cadre d'un autre dossier, mais, à mon avis, il n'a pas sa place ici. Vous pouvez l'adopter, mais sans l'utilisation de céréales génétiquement modifiées, qui semble être l'expression qu'ils veulent utiliser, nous aurions, aujourd'hui, des terres qui produisent 60 ou 70 boisseaux de maïs à l'acre. En plus, nous ne prendrions même plus le temps d'élever du bétail en Ontario. Voilà où nous en sommes.
Nous voulons que nos agriculteurs soient en mesure de soutenir la concurrence à l'échelle internationale. À ma connaissance, personne n'a contracté de maladie après avoir consommé des produits modifiés — et je pense que M. Steckle a insisté là-dessus, hier. Donc, je crois que nous devons tenir ce débat, monsieur le président, mais un autre jour. Le moment est mal choisi. L'amendement est bien rédigé, mais il n'a pas sa place dans ce projet de loi-ci.
Nous avons des réserves au sujet des alinéas a) et b), car ils pourraient porter atteinte aux obligations commerciales internationales du Canada. En vertu de ces obligations, qui sont définies dans l'accord du GATT de l'OMC et dans l'ALENA, le Canada peut imposer des restrictions sur les importations, mais seulement dans un but précis, par exemple, pour répondre à des préoccupations relatives à la santé ou à l'environnement qui sont scientifiquement justifiables.
Or, ces deux dispositions — et le texte dit bien « peut par règlement » — obligeraient le gouverneur en conseil à interdire l'utilisation de céréales, d'oléagineux ou d'arbres génétiquement modifiés après 2008, de même que leur importation, qu'il y ait ou non des préoccupations liées à la santé ou à l'environnement. Cette mesure tranche nettement avec la façon dont le Canada réglemente à l'heure actuelle les semences, voire tous les produits génétiquement modifiés, qui doivent, en vertu de la Loi sur les semences, faire l'objet d'une évaluation préalable par l'ACIA, au cas par cas, en vue de déterminer s'il y a un risque pour la santé ou l'environnement qui mérite, par exemple, l'imposition d'une restriction commerciale.
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Merci, monsieur le président.
Cet amendement soulève quelques interrogations que je voudrais porter à l'attention du comité.
Encore une fois, je sais que je me répète et je m'en excuse, mais comme ce projet de loi vise à protéger l'environnement, il y aurait peut-être lieu de revoir la portée de cette disposition, qui exige un examen des aspects environnementaux et économiques de la production de biocombustibles. J'invite le comité à se pencher là-dessus.
Ensuite, et il s'agit d'un détail technique plutôt mineur, on obligerait essentiellement le Parlement à entreprendre un examen alors que la loi prévoit déjà un tel pouvoir réglementaire. C'est peut-être davantage une question de forme que de fond.
Enfin, et je le dis avec respect, vous pouvez déjà mener un tel examen. Vous n'avez pas besoin d'une autorisation légale pour le faire. La compétence du comité, comme je l'ai déjà indiqué, ne se limite pas à la protection de l'environnement et au respect de la LCPE. Vous pouvez entreprendre un tel examen quand bon vous semble.
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Je vais vous donner quelques exemples. Avant toute chose, je tiens à dire que je considère cela comme une sorte de garantie. Encore une fois, nous ne pouvons jamais être trop prudents. Il est bon d'avoir une garantie, la certitude qu'un examen aura lieu.
Il s'agirait essentiellement d'une étude d'impact environnemental. Il faut réévaluer toute la question des émissions de gaz à effet de serre, parce que c'est dans cette voie que nous nous orientons. Nous devons voir quelles sont les répercussions de cette production sur les terres, l'utilisation de celles-ci. Est-ce qu'elle a pour effet d'encourager l'activité économique dans les régions rurales? Est-ce que la production se retrouve entre les mains d'une seule grande entreprise, qui a créé quelques emplois? Ou encore, comme l'a indiqué M. Klein, est-ce que des emplois ont été perdus dans le secteur agricole, par exemple?
Je ne sais pas. Cet examen, à mon avis, nous permettrait d'analyser les retombées économiques de cette production sur les régions rurales du Canada. S'il n'y a pas de retombées économiques, alors des changements s'imposent peut-être. En tout cas, nous espérons qu'il va y en avoir.
Il s'agit tout simplement d'un moyen de garantir la tenue de tels examens. Il se peut, Brian, que les collectivités en Alberta, par exemple, se trouvent confrontées, à un moment donné, à une situation qui pourrait les inciter à demander la tenue d'un examen. Je pourrais, comme d'autres, entendre parler d'un cas.
Selon moi, cet amendement n'empêche pas l'entrée en vigueur du projet de loi. Il propose tout simplement que ces deux aspects fassent l'objet d'un examen à un moment donné.
Vous trouverez peut-être qu'il y a des similitudes avec l'amendement à l'article 2 que j'ai tenté de faire adopter plus tôt. Cependant, je pense qu'il s'applique mieux à l'article 5. Je ne doute pas que les membres du comité vont se rendre compte de la pertinence de cet amendement.
Le projet de loi permet, dans sa forme actuelle, de traiter différemment les combustibles et les biocarburants selon un certain nombre de critères, comme la quantité de rejets émis et les matières premières employées, ou encore selon la composition chimique de ces combustibles.
Selon nous, cet amendement à l'article 5 — encore une fois, c'est un pouvoir qu'on donne au gouvernement, et vous devriez en être satisfaits — devrait permettre de traiter différemment les biocarburants selon des critères ayant une portée environnementale plus large.
Je reviens à mon bilan environnemental et énergétique, à l'analyse de leur cycle de vie, voire même à leur impact social et environnemental. Plus tôt, j'ai entendu beaucoup d'arguments. Si vous voulez les répéter, libre à vous; moi, je répète les miens. Il est important à mes yeux que le gouvernement puisse sécuriser les démarches entreprises concernant les biocarburants, en ayant la possibilité d'obtenir des analyses plus poussées sur les conséquences que pourrait avoir la production de ces biocarburants.
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Merci, monsieur le président.
Je dirais la même chose qu'au sujet de la motion précédente du Bloc, BQ-2. Je vais me répéter, si vous voulez bien m'accorder votre indulgence.
L'amendement BQ-2 concerne la présentation des rapports. Ces dispositions s'ajouteraient aux divers éléments que le gouvernement prendrait en compte au moment de formuler le règlement. Elles ne sont donc nullement obligatoires. Rien au paragraphe 330(3) ne serait obligatoire, ce serait plutôt des facteurs que le gouvernement pourrait prendre en compte. Donc, l'amendement du Bloc ajouterait trois éléments, et je me propose de parler de chacun d'eux.
Le premier est l'alinéa proposé 330(3.2)j), sur le bilan environnemental et énergétique. Ce qui nous préoccupe, en tant que fonctionnaires, c'est le manque de précision de la terminologie employée ici. Il n'y a pas d'opposition de principe, mais très franchement, je ne suis pas sûr que cela ajouterait quoi que ce soit à la loi, puisque « bilan environnemental » n'est pas un terme technique. Pour ce qui est du bilan énergétique, nous ne savons pas exactement quels seraient les éléments précis que le gouvernement pourrait prendre en compte.
Si l'objectif visé est que le gouvernement puisse prendre en compte la gamme complète, le spectre complet des implications environnementales possibles, la LCPE donne déjà ce pouvoir. De fait, l'objet de la LCPE est essentiellement de doter le gouvernement d'un éventail complet de pouvoirs afin qu'il puisse composer avec les impacts des produits, y compris les combustibles, sur l'environnement et la santé.
Je ferais le même commentaire à propos de l'alinéa proposé 330(3.2)k), bien que l'analyse du cycle de vie est en train de devenir une expression technique clairement comprise relative à l'environnement. J'insisterais encore une fois sur le fait que la LCPE habilite clairement le gouvernement à prendre règlement pendant toute la durée du cycle de vie d'un produit.
J'en dirais tout autant de l'alinéa proposé 330(3.2)l), sur l'impact environnemental. C'est exactement le point de mire de la LCPE. Je ne vois donc pas vraiment ce que cette clause ferait de plus dans la loi. De fait, en ajoutant ces dispositions ici, on risquerait de créer un problème d'interprétation de la loi, dans le sens où s'il est nécessaire de fournir cette précision ici, cela peut laisser entendre que d'une certaine façon, ce pouvoir n'est pas déjà attribué ailleurs, dans la LCPE. Notre position, et c'est mon avis depuis la première version de la LCPE en 1988, c'est que cette approche axée sur le cycle de vie complet est implicite dans la loi.
La dernière chose dont je veux parler, c'est du terme « social ». Encore une fois, la LCPE, en tant que loi de protection de l'environnement, ne permet pas actuellement au gouvernement, et ne vise pas à lui permettre, de prendre des règlements différents en fonction seulement de considérations d'ordre social. De fait, on pourrait soutenir qu'à tout le moins certaines parties de la LCPE — par exemple, l'article 93, dans la partie V, les dispositions de la LCPE sur les substances toxiques, sur laquelle cette disposition aurait une incidence — sont fondées sur l'autorité législative du droit criminel. Je pense qu'il est assez clair qu'on ne pourrait pas créer une loi criminelle fondée sur un règlement qui établit une différence entre les personnes visées par la réglementation rien qu'en fonction de considérations d'ordre social.
Donc, pour résumer, je pense la plupart des modifications proposées ici risquent d'être redondantes, de créer un certain flou, de semer la confusion quant aux pouvoirs qui sont déjà implicites dans la loi et, en tout cas, en ce qui concerne le terme « social ». Je pense que ces modifications nous feraient largement déborder des limites de la portée actuelle de la loi.