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Nous sommes très heureux ici de pouvoir discuter de notre chapitre sur les nominations par le gouverneur en conseil.
Comme vous l'avez déjà dit, je suis accompagnée ici d'Anne Marie Smith, directrice principale, et de Jean Goulet, directeur, qui sont les responsables de cette vérification. Celle-ci avait pour objet d'examiner le processus de nomination par le gouverneur en conseil dans les sociétés d'État et les petites entités fédérales ainsi que, ce qui intéresse surtout le comité, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada.
La Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, ou CISR, montre bien l'ampleur des problèmes qui peuvent surgir si les nominations ne sont pas faites en temps opportun. Les taux élevés de vacances et de roulement des postes de commissaire ont grandement contribué à l'accumulation des retards dans les décisions et au nombre élevé de cas non traités. Cela engendre de l'incertitude chez les demandeurs et une hausse des coûts des programmes sociaux.
Dans l'ensemble, nous ne sommes pas satisfaits des progrès réalisés depuis nos vérifications précédentes. Nous avons relevé dès 1997 des difficultés liées à la CISR. Nous avions alors fait part de nos préoccupations au sujet du taux de roulement élevé des membres de la commission et des retards dans les nominations, qui donnaient lieu à un grand nombre de postes vacants. Même si nous avions noté certaines améliorations dans notre rapport de suivi de 2001, les taux de roulement et de vacances observés au cours de cette vérification étaient plus élevés qu'en 1997. Au 20 septembre, il y avait encore 10 000 appels non réglés en plus de 50 000 dossiers non traités de demande de statut de réfugié.
Notre vérification nous a permis de constater qu'il existe un processus bien structuré pour la recommandation des commissaires au sein de la CISR, processus qui a beaucoup évolué depuis 2004. Il comprend maintenant une première sélection des candidats, ainsi que l'examen des dossiers par un comité de cadres supérieurs de la commission et d'experts externes appelé le Comité consultatif de sélection. Après vérification des références, les candidats recommandés sont ajoutés à la liste qui est présentée par le président de la commission au ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. Le ministre fait ensuite des recommandations au gouverneur en conseil. Le président de la CISR recommande aussi au ministre le renouvellement des mandats qui sont sur le point de se terminer, après avoir évalué le rendement des commissaires.
[Français]
À la suite des changements apportés au processus de nomination au cours des quatre dernières années, nous nous attendions à ce que les nominations soient effectuées en temps opportun et à ce que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié ait le nombre de décideurs dont elle a besoin pour s'acquitter de son mandat. Cependant, au 31 mars 2008, seuls 106 des 164 postes approuvés étaient pourvus, ce qui correspondait à un taux de vacance de 35 p. 100. Le 30 septembre 2008, la commission avait un taux de vacance de 23 p. 100.
Notre vérification nous a également permis de constater que les membres n'étaient pas traités avec respect lorsque leur mandat était sur le point de se terminer. Les membres n'étaient pas informés si leur mandat était renouvelé ou ne l'étaient pas en temps opportun. Les membres ont souvent été informés peu de temps avant l'expiration de leur mandat, et beaucoup d'entre eux l'ont été après l'expiration de celui-ci. De plus, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qui doit prévoir des bureaux, gérer la charge de travail et donner de la formation aux nouveaux membres, n'est pas toujours informée de la date d'entrée en fonction des nouveaux membres. Nous craignons que l'arriéré de cas ait probablement augmenté depuis la fin de notre vérification. Le comité pourrait vouloir demander à la commission quelle est la situation actuelle en ce qui a trait aux retards.
Pour conclure, la réponse du gouvernement aux recommandations que nous avons faites dans le chapitre n'indique pas clairement quelles mesures il compte prendre pour régler les problèmes que nous avons soulevés. Le comité voudrait peut-être obtenir plus de détails et demander notamment au gouvernement s'il a établi des plans d'action, des échéances ou des stratégies pour traiter l'arriéré de cas non réglés, en temps opportun, compte tenu du nombre actuel et projeté de nouveaux cas.
[Traduction]
Monsieur le président, ceci termine ma déclaration d'ouverture. Mes collègues et moi-même répondrons avec plaisir aux questions du comité. Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour et merci de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui. Je suis heureux d'avoir l'occasion de me présenter au comité et de vous renseigner sur le processus de sélection des personnes nommées par décret à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada.
Je m'appelle Simon Coakeley. En septembre 2008, j'ai été nommé au poste de secrétaire général à la CISR. En tant que secrétaire général, j'agis à titre d'administrateur en chef des opérations de la CISR et je suis responsable du rendement des services intégrés et des services de soutien pour les audiences à la commission.
[Traduction]
J'aimerais expliquer un peu le contexte de la manière dont le processus de sélection du gouverneur en conseil est géré au sein de la CISR.
Comme l'a dit Mme Fraser, le processus de sélection part du Comité consultatif de sélection, ou CCS, qui a été mis sur pied en juillet 2007. Il est composé de neuf membres, soit le président de la CISR; quatre membres externes nommés conjointement par le président et le ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme; et quatre autres personnes — nommées par le président de la CISR — de l'interne. Actuellement, trois des quatre personnes nommées par le président sont des cadres supérieurs du bureau du gouverneur en conseil au sein de la CISR, et un autre est un haut fonctionnaire.
Tous les membres du CCS doivent déclarer solennellement qu'ils feront preuve d'impartialité dans tous les aspects du processus de sélection. En vertu de ce processus, le président est responsable de la sélection de candidats qualifiés. Il recommande alors ces candidats au ministre, lequel décide des nominations.
[Français]
Le processus de sélection est transparent et fondé sur le mérite, et il garantit que seuls les candidats qualifiés sont retenus en vue d'une nomination. La CISR a établi les compétences comportementales que doivent avoir les commissaires nommés par décret pour veiller à ce qu'ils aient les compétences, les habiletés et les qualités personnelles nécessaires pour remplir leurs tâches. Ces compétences constituent des critères d'évaluation des candidats en vue d'une nomination à la CISR ainsi que ceux utilisés dans le cas de l'évaluation continue du rendement des commissaires.
Les compétences sont: la communication verbale et écrite, le raisonnement conceptuel, la prise de décision, la recherche d'information, le jugement/réflexion analytique, le souci de l'organisation, l'orientation vers les résultats, la maîtrise de soi et le savoir-faire culturel. Toutes ces compétences se trouvent sur le site Web de la CISR.
[Traduction]
Tous les candidats potentiels font l'objet d'une présélection initiale dans le cadre de laquelle les exigences de base, soit les études et l'expérience, sont évaluées à la lumière des critères publiés dans notre site Web. Le CCS se réunit ensuite et examine le formulaire de candidature de tous les candidats présélectionnés. En tenant compte des critères objectifs qu'il aura établis, le CCS parvient à un consensus afin de déterminer la pertinence de poursuivre l'examen de certains dossiers de candidature. Les candidats sont avisés par écrit du résultat de l'examen mené par le CCS.
[Français]
Les candidats retenus par le CCS doivent ensuite se soumettre à l'examen écrit dont Mme Fraser a parlé. Cet examen écrit sert à évaluer quatre compétences: le raisonnement conceptuel, le jugement/réflexion analytique, la prise de décision et la communication écrite.
Comme Mme Fraser l'a mentionné, il y une note de passage, et les candidats doivent démontrer qu'ils possèdent chacune des compétences. Si le candidat ne possède pas une compétence, il ou elle échoue à l'examen. Encore une fois, les candidats sont avisés par écrit du résultat.
Les candidats retenus sont invités à une entrevue devant un comité composé du président de la CISR ou son délégué, qui est normalement un membre du CCS, d'un des membres externes du CCS nommés conjointement par le président de la commission et le ministre, et d'un cadre supérieur de la CISR, dont moi-même, entre autres. De plus, il y a un consultant externe en ressources humaines, un membre qui joue un rôle actif au sein du groupe responsable de l'entrevue.
Le comité responsable de l'entrevue procède à une entrevue axée sur le comportement et évalue les candidats en fonction des six compétences suivantes: la communication verbale, la recherche d'information, la maîtrise de soi, le souci de l'organisation, l'orientation vers les résultats et le savoir-faire culturel. Encore une fois, les candidats doivent démontrer qu'ils ont satisfait à toutes les compétences, et la décision repose sur un consensus des membres du comité et non sur un vote. Tous les membres du comité responsables de l'entrevue ont reçu une formation adéquate sur la conduite d'entrevues axées sur le comportement.
[Traduction]
Comme je l'ai dit, depuis mon arrivée à la CISR, avec plusieurs de mes collègues fonctionnaires, j'ai reçu une formation formelle sur la technique d'entrevue axée sur les comportements. Cette technique permet d'évaluer les candidats potentiels en fonction des compétences nécessaires. J'ai également participé, comme plusieurs de mes collègues hauts fonctionnaires, au processus d'entrevue des candidats.
Le président de la CISR se fondera sur les résultats de l'entrevue et de la vérification des références pour communiquer par écrit au ministre les noms des candidats qualifiés. Le ministre recommandera alors au gouverneur en conseil de nommer des personnes faisant partie du bassin de candidats qualifiés en tenant compte des besoins opérationnels de la CISR, de nos trois bureaux, de l'équité entre les sexes, de la diversité ainsi que des exigences linguistiques.
Lorsque le mandat d'un commissaire approche de son échéance, le président fait une recommandation au ministre de renouveler ou non ce mandat. Le président fonde sa recommandation sur le rendement du commissaire. Le ministre fait alors au gouverneur en conseil une recommandation relativement au renouvellement du mandat, après avoir pris note des recommandations du conseil de la CISR.
Mme Fraser a dit dans un rapport récent reconnaître que la CISR respecte invariablement les processus établis pour solliciter et évaluer les nouveaux candidats. Pendant la période visée par l'examen de Mme Fraser, la CISR a régulièrement recommandé de nouveaux candidats au ministre, et les recommandations de renouvellement ont été faites de façon constante six mois avant la date d'expiration du mandat des titulaires.
Au nombre des recommandations que renferme son rapport, la vérificatrice générale invite le gouvernement et la CISR à collaborer pour déterminer un effectif approprié de commissaires ou d'autres stratégies qui visent à réduire le nombre de demandes d'asile non traitées et d'appels en matière d'immigration qui ne sont pas réglés en temps utile.
[Français]
Les trois sections de la CISR ont vu leur charge de travail s'accroître au cours des dernières années, mais la SPR est celle qui doit relever les plus grands défis. Au mois de mars 2009, l'arriéré de la SPR s'élevait à 58 000 cas. À la SPR, le temps de traitement moyen actuel est de 17,7 mois; à la SAI, il est de 11,4 mois. Nous reconnaissons que c'est trop long. Le manque de commissaires constitue déjà une importante préoccupation pour la CISR, avant même la publication du rapport Le Point de la vérificatrice générale. À ce jour, le nombre de postes vacants se maintient à 26 commissaires. La CISR accepte la recommandation de la vérificatrice générale de veiller à ce qu'à l'avenir, la CISR soit dotée en temps opportun du nombre requis de décideurs qui possèdent les connaissances, les compétences et l'expérience nécessaires pour réaliser son mandat.
[Traduction]
La CISR est heureuse que la vérificatrice générale reconnaisse que le processus de sollicitation et d'évaluation de candidats ainsi que le processus de recommandation des candidats qualifiés au ministre sont bons, et que les processus de sélection visant à recommander le renouvellement de mandats au ministre ont été engagés en temps opportun. Nous continuons d'obtenir la collaboration du ministre et du gouvernement pour établir le nombre approprié de commissaires afin de pouvoir composer avec la charge de travail.
Pour terminer, j'aimerais seulement souligner que de nouveaux commissaires sont sur le point d'être nommés à la CISR. De fait, pas plus tard que la semaine dernière, quatre nouveaux commissaires ont été nommés, dont un à Vancouver et trois à Toronto.
Je vous remercie et je répondrai volontiers à vos questions.
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Je le répète, monsieur le président, la décision de ne pas nommer une personne est une décision et la prérogative du gouverneur en conseil.
Nous nous soucions du roulement de personnel. Nous avons souligné dans le rapport que, au 31 mars 2008, la moitié des commissaires en étaient à leur premier mandat, ce qui signifie que la commission ne fonctionnait pas à pleine capacité, si on peut dire.
Il y aura toujours un certain roulement. Je pense qu'on peut presque s'attendre à ce qu'il y ait un certain roulement, mais celui-ci devrait être mieux planifié, et ne devrait pas avoir cette ampleur, parce que cela crée des tensions pour l'exécution du mandat de la commission. Les dossiers s'accumulent rien que parce que les commissaires ne sont pas aussi efficaces qu'ils le seront, disons, à leur deuxième mandat.
Alors il y a une question de planification, de savoir quand les mandats arriveront à échéance, quel roulement serait souhaitable et, ensuite, combien de mandats seront renouvelés; c'est vraiment la gestion de la composition de la commission à long terme.
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Je ne peux vraiment pas répondre à votre première question, sur ce que le président a dit au ministre. Je ne sais pas s'il a parlé au ministre actuel, ou à ses prédécesseurs, de la nécessité de procéder à des nominations, de l'incidence du report des nominations, et du temps qu'il faut vraiment pour former les nouveaux commissaires.
Pour ce qui est de la période de formation, les six ou douze mois, c'est évidemment une moyenne. Il y a, c'est sûr, des gens qui peuvent devenir productifs plus rapidement que d'autres, et il y en a d'autres qui auront besoin d'un peu plus d'aide que d'autres pour parvenir à ce niveau de productivité. Nous disons généralement que notre programme de formation structurée prend environ six mois, mais le fait d'avoir formé un commissaire ne signifie pas qu'il est aussi productif qu'un commissaire chevronné. Cela varie encore d'une personne à l'autre, et en ce qui concerne les nominations récentes, il est certain que nous réfléchissons à la nécessité de modifier ou non notre programme de formation pour reconnaître que ce n'est pas tout le monde qui a besoin de l'intégralité des six mois de formation structurée. Ils pourront être autonomes, en un sens, avant la fin des six mois et, de fait, devenir pleinement productifs avant la fin des 12 mois.
Pour vos deux dernières questions, surtout au sujet de l'arriéré, nous examinons les chiffres à l'interne, à la commission, comme je l'ai dit dans mes observations préliminaires. L'arriéré actuel de la SPR s'élève à 58,000 cas. Bien que la taille réduite de l'effectif ait certainement contribué à ce retard, la hausse importante du nombre de demandeurs du statut de réfugié y est aussi un facteur. Nous avons reçu environ 36 000 demandes l'année dernière...