:
Il va arriver, et il ne concerne que notre deuxième point à l'ordre du jour.
Le premier point a trait au rapport provisoire que j'ai l'intention, si tout se passe bien, de présenter à la Chambre jeudi après en avoir été autorisé par le comité.
Le problème, c'est qu'avant d'avoir pu présenter ce rapport à la Chambre des communes, j'ai lu des commentaires le concernant dans les journaux. Ce rapport est confidentiel tant qu'il n'a pas été présenté à la Chambre. En ma qualité de président, je déplore ce fait, je suis très déçu, et j'espère qu'il en est de même pour vous.
Je pense que vous avez pris connaissance des débats concernant ce neuvième rapport. Je vais vous en faire la lecture parce que je considère que l'affaire est grave.
Le jeudi 4 juin dernier, le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration s'est réuni à huis clos afin de discuter de son rapport provisoire concernant son étude sur les consultants fantômes et les travailleurs migrants.
Dans un article publié le lendemain dans le National Post, Don Martin indiquait ce qui suit: « un rapport m'a été communiqué jeudi ».
Je dois dire que j'ai lu la même chose dans d'autres journaux. Je crois que c'était dans le Toronto Star. Je n'en suis pas sûr, mais je sais que d'autres journaux en parlaient.
Cet article renfermait plusieurs éléments d'information contenus dans le rapport confidentiel provisoire, de même qu'une citation directe:
« Le Comité regrette que ce genre de situation puisse se produire dans le cadre du Programme des aides familiaux résidants ».
À la lumière de ce qui précède, le Comité a des raisons de croire qu'il pourrait y avoir eu atteinte au privilège, et il a adopté le mardi 9 juin 2009 la mention suivante:
Que le Comité signale à la Chambre une atteinte apparente au privilège des membres, résultant de la divulgation d'un rapport provisoire confidentiel sur les travailleurs migrants et les consultants fantômes; qu'il soit indiqué dans le rapport que l'article publié dans les médias contenait une citation tirée directement du rapport provisoire confidentiel; qu'un journaliste a indiqué avoir eu en main une copie du rapport confidentiel provisoire; que le Comité demande à la Chambre et au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre de faire enquête sur cette affaire.
Le Comité estime qu'il est de son devoir de soumettre cette question à la Chambre, car il pourrait s'agir d'une question de privilège, et la Chambre devrait avoir l'occasion de se pencher là-dessus.
Un exemplaire des procès-verbaux pertinents (séances nos 20 et 21) est déposé.
Il est inhabituel de faire une telle lecture, mais je considère que l'affaire est particulièrement grave.
Il s'agit là d'un projet de résolution, que vous avez eu certainement la possibilité de lire, j'imagine. Si la question vous préoccupe, je demanderai à quelqu'un de proposer cette résolution et de la lire pour qu'il en soit pris acte.
Monsieur Dykstra.
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Monsieur le président, je vais lire cette résolution pour qu'elle figure dans notre procès-verbal. Je vais d'abord vous la lire, puis je ferai quelques commentaires. La voici:
Que le Comité signale à la Chambre une atteinte apparente au privilège des membres, résultant de la divulgation d'un rapport provisoire confidentiel sur les travailleurs migrants et les consultants fantômes; qu'il soit indiqué dans le rapport que l'article publié dans les médias contenait une citation tirée directement du rapport provisoire confidentiel; qu'un journaliste a indiqué avoir eu en main une copie du rapport confidentiel provisoire; que le Comité demande à la Chambre et au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre de faire enquête sur cette affaire.
J'ai une chose à dire sur cette affaire. J'ai eu la possibilité d'en parler avec M. Bevilacqua hier. Je ne sais pas vraiment si on peut procéder à une enquête détaillée. Je me demande s'il pourrait y avoir une autre option, la possibilité de faire jurer à chacun des membres de notre comité qu'il ne s'est pas rendu coupable de cette divulgation, ou encore de faire signer à notre personnel une déclaration sous serment, ce qui nous mettrait certainement en meilleure posture.
Il est indéniable que nous avons fait un gros travail dans le cadre de ce rapport. Nous avons pris la peine de dialoguer, avec difficulté parfois, les uns avec les autres, et de travailler ensemble. Il reste qu'en dépit du point de vue de chacun sur le rapport lui-même, qu'il s'agisse du contenu, des recommandations ou de son orientation, notre comité a effectivement très bien travaillé. Il n'en reste pas moins qu'il y a eu une infraction... Ça s'est déjà produit auparavant, et j'ai peut-être été un peu trop agressif dans la motion que j'ai déposée, mais j'ai été bien conseillé par mes collègues sur ce point. La réalité, c'est que nous avons un rapport. On ne peut nier que tous les gens autour de cette table ont lu ce rapport. On en a rendu compte dans les médias. Il a été divulgué à un représentant au moins des médias. Je considère qu'en dépit de nos divergences sur le contenu ou les conséquences de ce rapport, il y a une chose sur laquelle il faut que notre comité puisse compter, c'est la confiance que nous pouvons avoir les uns envers les autres et notre capacité à travailler ouvertement et librement, en toute confidentialité.
Je pense qu'il nous faut être très fermes et bien affirmer nos principes sur cette question. J'étais tout à fait disposé à déposer cette motion. J'espère que nous l'appuierons à l'unanimité. Je souhaite évidemment que nous ayons un vote par appel nominal sur cette question. Je dois vous préciser que puisque j'ai déposé la motion, je ne puis en proposer la modification. Je crois savoir que la chose s'est produite dans un autre comité, dont les membres ont signé un affidavit attestant qu'ils n'avaient pas divulgué le rapport. Cela nous permettra donc au moins d'être en confiance entre nous pour la suite de nos travaux.
C'est malheureux. C'est regrettable. Je ne vois vraiment pas pour quelles raisons on a divulgué ce rapport. En fin de compte, il doit être présenté à la Chambre mercredi — demain. Il n'y avait qu'un ou deux jours à attendre pour que ce rapport devienne public. Je ne comprends pas quelle était l'importance d'une divulgation avant demain.
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Merci, monsieur le président.
Ce sont là des aléas de la procédure de notre comité qui sont très préoccupants, parce qu'il y a eu une grave atteinte à nos privilèges. C'est préoccupant car cela témoigne d'un très grand manque de respect envers les travaux du comité et les opinions exprimées par chacun de ses membres.
Je dois ajouter que chaque fois que se produisent des fuites de ce genre, il faut examiner sous quel angle la chose est présentée à la presse, et à partir de là je tire mes propres conclusions. Je peux vous dire en conséquence que lorsque j'ai lu les articles que vous avez mentionnés, j'ai été bien déçu de voir qu'un membre du comité ou une autre personne qui avait eu le rapport en sa possession a estimé que cette divulgation était en fait plus importante que les travaux parlementaires effectués au nom du peuple du Canada afin d'améliorer un programme qui a besoin d'être amélioré, le programme des aides familiaux, et qui nécessite toute notre attention en tant que parlementaires.
Je ne montre personne du doigt ici. J'ai lu l'article. Voilà 21 ans que je siège en ces lieux. Je sais comment ces choses se produisent parfois. Toutefois, c'est le mauvais côté de la politique; ce n'est pas digne des parlementaires et de la procédure qui est la nôtre. Si nous voulons que notre comité ait un sens, que notre Parlement soit respecté, il nous faut absolument éviter ce genre de comportement, qui témoigne d'un manque de respect.
Je crois bien franchement que la ou les personnes, quelles qu'elles soient, qui sont responsables de ces fuites, ne devraient pas être fières d'elles lorsqu'elles se regarderont dans le miroir. Pour ma part, je n'ai absolument aucun respect pour ce genre de personne — aucun respect parce qu'elles ne respectent pas elles-mêmes les témoins qui sont venus se présenter devant notre comité ni la gravité des questions soulevées alors que nous traitons de la vie des gens.
Ces audiences ont été difficiles pour de nombreux intervenants et pour les membres de notre comité, et il faut croire qu'une personne qui agit de cette manière est bien peu responsable. Ce sont des personnes qui ne méritent pas de prendre part à notre procédure. Elles enfreignent un certain nombre de nos droits fondamentaux en tant que parlementaires.
Monsieur le président, j'espère que lorsque vous ferez votre déclaration devant la Chambre, si c'est la solution que vous choisissez, vous serez très fermes et ferez comprendre le message. Il faudra par ailleurs que cette affaire soit portée à l'attention du président de la Chambre et de tous ceux qui sont chargés du bon déroulement de la procédure à la Chambre des communes.
Je dois vous avouer que je suis bien triste pour la ou les personnes qui ont fait cela, parce qu'à mon avis tout ne tourne pas rond dans leur tête. Elles ne sont pas dignes d'appartenir à une institution comme la Chambre des communes. Elles ne sont pas non plus dignes de prendre une part quelconque à cette procédure.
J'espère qu'elles m'écoutent et qu'elles ont bien profité de leur moment de gloire lorsqu'elles ont divulgué ces informations à un journaliste. Ce sont probablement des personnes qui manquent totalement d'envergure et qui aiment ainsi se mettre en avant, qui se sentent flattées lorsqu'un journaliste leur accorde une attention qui leur manque probablement dans leur vie de tous les jours.
Si ces gens s'amusent à fausser la procédure démocratique de notre comité, grand bien leur fasse. J'espère qu'ils se sont délectés et que cela ne les empêche pas de dormir, car ce sont de bien petites gens.
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Merci, monsieur le président.
Je vais m'efforcer de limiter mon intervention étant donné que nous avons moins de temps que d'habitude pour les questions.
Avant de commencer, je tiens à vous présenter M. Manchanda, qui est ici en sa qualité d'administrateur principal des finances par intérim de CIC. Votre comité avait pris l'habitude d'entendre M. Wayne Ganim, notre APF de ces quatre ou cinq dernières années, qui a comparu devant vous à plusieurs reprises pour traiter des Budgets supplémentaires des dépenses. Wayne vient de prendre une retraite méritée de la fonction publique et je tiens à le remercier pour toutes les compétences qu'il a mises, en véritable professionnel, au service de notre ministère et du gouvernement du Canada.
Je regrette de devoir vous informer que M. Fadden va comparaître pour la dernière fois devant votre comité en qualité de sous-ministre de CIC, qu'il vient de servir avec brio ces trois dernières années comme il l'a toujours fait au sein du gouvernement du Canada. M. Fadden va prendre à la fin du mois le poste de directeur du SCRS. Je sais que la sécurité de notre pays sera entre de bonnes mains avec M. Fadden à sa tête. Je n'ai eu la chance de collaborer avec lui que pendant quelques mois, mais c'est un véritable professionnel qui est l'un des fleurons de notre fonction publique.
Des voix: Bravo!
L'hon. Jason Kenney: C'est la première fois que vous recueillez les applaudissements du comité, n'est-ce pas?
Le président: Je ne pense pas qu'ils étaient pour vous, monsieur le ministre.
L'hon. Jason Kenney: Merci, monsieur le président et mes chers collègues.
J'ai aujourd'hui l'honneur de présenter au Comité le Budget supplémentaire des dépenses (A) de mon ministère pour l'exercice de 2009-2010.
[Français]
Je me suis présenté ici il y a trois mois, et c'est avec plaisir que je viens vous livrer les dernières nouvelles au sujet du travail de mon ministère.
Monsieur le président, le Budget supplémentaire des dépenses (A) comprend de nouvelles demandes de financement au montant de 76,7 millions de dollars visant à faire passer les pouvoirs de dépenser du ministère à 1,43 milliard de dollars pour l'exercice 2009-2010.
Plus précisément, monsieur le président, ce financement concerne plusieurs secteurs clés pour l'exercice 2009-2010.
[Traduction]
Premièrement, le ministère demande un montant de 37,4 millions de dollars pour le transfert des programmes du gouvernement en matière de multiculturalisme afin de les faire passer du ministère du Patrimoine canadien à Citoyenneté et Immigration Canada, comme l'a annoncé le premier ministre l'année dernière. Cela permettra de lier nos programmes en matière de multiculturalisme à des initiatives pour encourager les nouveaux arrivants à s'intégrer à la société canadienne. Certains points doivent encore être négociés entre les deux ministères. Après, le financement restant sera transféré au Budget supplémentaire des dépenses (B).
Deuxièmement, nous demandons 14,3 millions de dollars pour gérer l'arriéré, et continuer à moderniser et à mieux administrer le système d'immigration. Cela nous permettra d'améliorer notre capacité de répondre à l'accroissement des demandes, tant dans les catégories temporaires que permanentes. Je parlerai davantage des résultats précis enregistrés dans le cadre de nos efforts pour réduire l'arriéré dans quelques instants.
[Français]
Troisièmement, nous demandons un financement de près de 7,1 millions de dollars pour nous aider à étudier la façon d'améliorer la reconnaissance des titres de compétences étrangers et pour aider les immigrants éventuels à comprendre le marché du travail avant de venir au pays. L'intégration préalable des nouveaux arrivants leur permet de commencer leur vie active dès leur arrivée au Canada.
Ce financement appuiera l'élaboration d'un cadre pancanadien sur la reconnaissance des titres de compétences étrangers et des activités afférentes visant à améliorer la capacité du Bureau d'orientation relatif aux titres de compétence étrangers.
Nous demandons également un financement d'un montant 12,1 millions de dollars pour poursuivre les activités nécessaires à la planification de la mise en place du projet de biométrie dans le programme des visas temporaires.
[Traduction]
Finalement, monsieur le président, nous demandons un financement de 2 millions de dollars pour appuyer et évaluer une campagne de sensibilisation ministérielle multilingue visant à informer les nouveaux arrivants au sujet des services du gouvernement qui leur sont offerts au Canada.
Monsieur le président, je propose de poursuivre mon discours en présentant certains secteurs importants et je pourrais aborder les intérêts particuliers du Comité lors de la période réservée aux questions.
Monsieur le président, lorsque je me suis présenté devant le Comité plus tôt cette année, d'abord en février et ensuite en mars, j'ai expliqué comment le plan d'action pour accélérer l'immigration portait fruit. J'ai mentionné que l'arriéré de demandes dans la catégorie des travailleurs qualifiés, qui était à environ 600 000 en 2008, est passé à 515 000 à la fin de l'année dernière, une diminution importante de 15 p. 100. Je suis heureux de vous annoncer, monsieur le président, que nous continuons de faire des progrès à cet égard. Au 30 avril, l'arriéré comptait 481 000 personnes, une autre réduction de 7 p. 100. Autrement dit, moins d'un an après la mise en application du plan, nous avons réduit l'arriéré des travailleurs qualifiés de plus de 20 p. 100. Je crois fermement que cette diminution se poursuivra. La réduction de l'arriéré se traduit en une amélioration des délais de traitement.
Monsieur le président, en tant que ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, je me suis efforcé d'établir un lien entre nos politiques de multiculturalisme et les autres volets de mon portefeuille. Je veux réorienter l'ancien discours et m'écarter d'un multiculturalisme superficiel pour me concentrer davantage sur une intégration rapide et réussie des nouveaux arrivants au sein de la société canadienne, tout en reconnaissant la contribution de toutes les communautés culturelles, y compris celles qui sont établies depuis longtemps au Canada. Je crois qu'il faut parler davantage des manières de mieux intégrer les communautés au Canada et de bâtir des ponts entre elles, et des moyens que le gouvernement peut prendre pour commémorer les expériences parfois tragiques d'anciens immigrants au Canada.
À cette fin, le gouvernement finance des projets communautaires de nature commémorative et éducative qui soulignent les expériences vécues par les communautés ethnoculturelles touchées dans le passé par les mesures de guerre ou les restrictions en matière d'immigration mises de l'avant au Canada, et qui mettent en valeur la contribution de ces communautés à l'édification de notre pays.
Il y a exactement une semaine, j'ai eu l'honneur d'annoncer que le gouvernement du Canada s'associera à B’nai Brith Canada pour investir dans le groupe de travail national sur la recherche, la mémoire et l'éducation liées à l'Holocauste, qui vient d'être créé. Cette association sur trois ans réunira des universitaires, des experts juridiques, des éducateurs, des survivants de l'Holocauste et des intervenants de la communauté juive afin de communiquer et de rehausser les résultats des travaux de recherche et de sensibilisation importants effectués au Canada en ce qui concerne l'Holocauste.
[Français]
Monsieur le président, nous devons encourager les citoyens déjà au pays à accueillir les nouveaux arrivants dans la famille canadienne. Pour que cela se réalise, nous avons adopté une approche bidirectionnelle encourageant les nouveaux arrivants à s'intégrer; et les citoyens, à les y aider. Bref, nous souhaitons que tous se sentent responsables vis-à-vis du Canada et que le Canada se sente responsable de tous.
La clé de ce modèle prônant l'unité dans la diversité est l'intégration réussie des nouveaux arrivants.
[Traduction]
Nos efforts se concentrent notamment sur l'augmentation du nombre de participants aux programmes d'établissement, et particulièrement à la formation linguistique. C'est pourquoi nous examinons de nouveaux outils pour accroître la participation, dont un projet pilote qui évaluera si la délivrance d'une forme de certificat aux nouveaux arrivants les motive à s'inscrire à de la formation linguistique auprès d'un fournisseur de service de leur choix et à la terminer.
Je dois mentionner que je soutiens fortement les organisations qui fournissent actuellement des services aux nouveaux arrivants. Lors de visites que j'ai effectuées auprès d'elles, j'ai été impressionné par leur professionnalisme, leur motivation et leur détermination. Afin de mieux soutenir les nouveaux arrivants, nous devons adopter de nouvelles approches pour servir les personnes dont l'intégration au Canada est essentielle à notre avenir.
Je vais juste dire quelques mots des représentants en immigration avant de conclure, monsieur le président.
J'ai lu avec intérêt le rapport de votre comité au sujet des représentants en immigration. J'ai pris note des excellentes idées qu'il contient. Je tiens à ce que votre comité sache que j'ai voulu moi aussi entendre directement ce qu'avaient à dire les nouveaux arrivants qui ont été exploités par des consultants fantômes opérant dans ce domaine, et que j'ai tenu dans tout le pays des réunions publiques au cours desquelles j'ai entendu de nombreuses histoires très troublantes au sujet de personnes qui ont perdu des milliers de dollars et qui ont grandement souffert d'être exploitées par des consultants sans scrupules. Nous avons aussi organisé des consultations par Internet pour avoir une meilleure idée de la façon de procéder en la matière. Nous avons reçu plus de 4 200 réponses et les résultats sont très intéressants. Je serais très heureux d'en faire part au comité si quelqu'un est intéressé.
À la suite de l'enquête menée par votre comité et compte tenu de l'information recueillie auprès du public, j'ai l'intention d'intervenir dans le courant de l'année pour garantir une meilleure protection aux futurs émigrants au Canada, s'assurer qu'ils sachent bien qu'ils ne sont pas tenus de recourir à des tiers et que, s'ils le font, ces derniers doivent être dûment agréés, qu'il existe de véritables pénalités dissuasives à l'encontre des consultants fantômes, et que nous envisageons de remodeler complètement le cadre de la réglementation dans ce domaine.
Je suis toujours disposé à écouter les propositions que pourront me faire à l'avenir les membres de votre comité.
:
Merci, monsieur le ministre.
Je remercie aussi M. Fadden. Je tiens à vous féliciter à mon tour d'avoir pris vos nouvelles fonctions. J'espère que ce n'est pas le fait d'avoir travaillé avec M. Kenney pendant quelques mois. Excusez-moi, je plaisante. J'apprécie vraiment les services que vous avez dispensés au Canada jusqu'à présent. Je m'attends de votre part à un apport encore plus grand et c'est pourquoi, au nom du Parti libéral, je vous sais gré de votre contribution.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être venu nous présenter cet exposé. Il se passe bien des choses, de toute évidence, au sein de votre ministère. Je pense que vous exercez à la fois vos fonctions de ministre du multiculturalisme et de ministre de l'immigration, ce qui m'a toujours fasciné car vous êtes constamment chargé à temps partiel de l'immigration ou du multiculturalisme.
Je tenais à vous dire qu'il y a bien des défis très graves à relever au sein de votre ministère. Les délais d'attente dans certains secteurs ont augmenté. Vous êtes placé en face de grandes difficultés en ce qui a trait au mécanisme des réfugiés, qu'il nous faudra réexaminer de très près, je l'espère, dans un avenir proche. Je me suis souvent demandé si ce gouvernement vous avait fourni les crédits nécessaires pour faire le travail dont a besoin notre pays en matière d'immigration. C'est l'une des dimensions du problème.
L'autre dimension du problème qui m'a véritablement frappé, c'est à la lecture d'un article de la revue Maclean dans lequel vous étiez interrogé. Il y avait aussi dans cet article les résultats d'un sondage qui m'ont quelque peu préoccupé en ce qui a trait aux tendances de la population canadienne en matière de tolérance — si c'est bien le mot qui convient ici — concernant les relations entre les différents groupements culturels et religieux. Je pense qu'il y a là une tâche qui ne s'annonce pas facile pour notre comité et pour vous en tant que ministre. On y voit un certain nombre de signes alarmants que révèle très clairement ce sondage.
Notre comité s'intéresse de très près au règlement des questions qui se posent à nous aujourd'hui, qu'il s'agisse du programme des aides familiaux ou du système des réfugiés, mais cette tendance m'inquiète et il faudra faire preuve d'une volonté ferme pour remédier aux difficultés. Je me demandais si vous partagiez ce point de vue et ce que vous comptiez faire.
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Merci d'avoir posé ces intéressantes questions.
Pour ce qui est tout d'abord de la première question concernant les ressources du ministère, il est évident qu'en tant que ministre, comme tous ceux qui sont à la tête d'un ministère, j'aimerais toujours disposer de plus de ressources, mais nous vivons dans un monde dont les ressources financières sont limitées, aujourd'hui plus que jamais à cause de la situation économique. Cela dit, je rappelle au député que le budget du ministère est nettement plus élevé qu'il ne l'était il y a quelques années. Comme je l'indiquais dans mon exposé, il se monte au total à quelque 1,43 milliard de dollars. Je crois qu'il était de l'ordre de 900 millions de dollars en 2004-2005. Bien sûr, une grande part de cette augmentation s'explique par le fait que l'on a en quelque sorte triplé les crédits d'installation, mais l'on a aussi augmenté les crédits d'exploitation du ministère. À titre d'exemple, j'ai mentionné dans mon exposé les 25 millions de dollars supplémentaires affectés au budget de CIC de cette année pour oeuvrer en collaboration avec RHDCC sur la question de la reconnaissance des crédits obtenus à l'étranger. J'ai aussi discuté aujourd'hui des nouveaux crédits affectés au programme de biométrie. Il y avait aussi les 109 millions de dollars prévus dans le budget de l'année dernière pour accélérer la procédure et régler l'arriéré, que l'on retrouve aujourd'hui en partie dans le Budget supplémentaire des dépenses, j'imagine.
Il y a de nouvelles ressources, mais pourrions-nous en faire davantage avec plus de ressources? Bien sûr. Toutefois, je ne peux pas décemment me présenter devant le ministre des finances pour lui dire que notre ministère est le seul qui a besoin de plus de ressources. Je dois féliciter le ministère d'avoir su accomplir une tâche administrative de plus en plus lourde avec les ressources actuelles. Aujourd'hui, nous passons par une phase de révision stratégique, ce qui signifie que nous allons devoir faire des économies. Mon ministère est en train de me donner d'excellentes idées sur la façon d'y parvenir sans réduire le niveau des services.
Au sujet de votre deuxième question, d'une très grande importance, vous évoquez un sondage publié dans la revue Maclean il y a quelque trois ou quatre semaines, qui fait état d'un niveau d'ignorance troublant et même d'une forme d'intolérance envers certaines minorités religieuses au Canada. C'est quelque chose qui me préoccupe fortement, bien évidemment, et c'est pourquoi je vous dis qu'un programme de multiculturalisme doit à mon avis servir à jeter des ponts entre les gens. Au Canada, nous avons toujours très bien su nous féliciter de notre tolérance et de notre diversité, mais si nous n'arrivons pas à nous connaître les uns les autres, cela ne va pas bien loin. Il est important pour les néo-Canadiens de connaître les Canadiens de vieille souche et vice versa. Il est important pour les néo-Canadiens provenant de différents pays et de différentes régions d'apprendre à se connaître. J'ai indiqué dans cette entrevue que parfois c'est entre des gens d'origines très semblables que je constatais la plus grande hostilité, et je vais vraiment m'intéresser de près à cette question.
Je vais vous donner un petit exemple. Il existe un projet que nous allons annoncer bientôt à Toronto et sur lequel je travaille depuis un certain temps. Il s'agit des jeunes membres de la communauté somalienne qui sont arrivés dans notre pays en tant qu'enfants de réfugiés n'ayant pas grand-chose ou rien du tout devant eux, et qui ont dû faire face à l'exclusion sociale et à un manque de débouchés économiques. Nous sommes en train de mettre en place à leur intention un programme de prise en charge dans des professions traditionnellement mais non exclusivement occupées par la communauté juive. C'est une excellente façon de jeter des ponts entre deux communautés religieuses différentes tout en fournissant des possibilités d'intégration sociale à ces jeunes.
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Cela répond à ma question.
J'aimerais vous parler de la question du multiculturalisme, dont il est question dans votre rapport.
Vous savez que depuis longtemps, le Québec a une approche différente en ce qui a trait à l'intégration des nouveaux arrivants. On parle d'interculturalisme. C'est une approche qui est largement défendue au Québec.
Le multiculturalisme à la sauce canadienne a été rejeté dès le début par Robert Bourrassa, qui était un libéral. Il a aussi été rejeté par les autres partis politiques présents à l'Assemblée nationale.
Même une des figures de proue du NPD au Québec, Julius Grey, a signalé que ce modèle n'était pas applicable au Québec. On veut pouvoir défendre une approche plus proactive au chapitre de l'intégration, qui s'articule autour de l'idée selon laquelle on est tous Québécois sans exception, qu'on soit arrivé il y a deux ans ou que nos ancêtres soient arrivés il y a deux siècles.
Cette approche est toujours un peu contredite par un autre message que les immigrants reçoivent. Au Québec, on leur dit que l'on prône l'interculturalisme, que l'on veut qu'il y ait une intégration proactive à la société québécoise et qu'ils contribuent à la société québécoise.
D'un autre côté, le gouvernement fédéral envoie le message d'un multiculturalisme qui met beaucoup l'accent sur les différences, sur une cohabitation qui se limite au respect de chacun. Ce message est même inscrit dans les sites Internet du ministère et les documents promotionnels. Un choc se présente.
Votre énoncé indique quand même une volonté de rapprochement. On parle plus d'intégration que de la mise en valeur des distinctions. Malgré tout, il reste une différence entre les deux.
Le Bloc québécois avait déposé un projet de loi qui visait à ce que le Québec soit soustrait au multiculturalisme canadien pour que le message donné aux immigrants qui choisissent le Québec soit simple et qu'ils ne reçoivent pas deux messages contradictoires.
Le gouvernement serait-il prêt, dans la prochaine législature, à appuyer un tel projet de loi, qui permettrait au gouvernement québécois d'élaborer seul sa politique d'intégration des immigrants, d'autant plus que la plupart des responsabilités nécessaires pour l'intégration relèvent du gouvernement du Québec?
Monsieur le ministre, j'ai constaté que selon les statistiques du Centre d'immigration du Canada, il fallait quelque 40 mois pour traiter 50 p. 100 des dossiers de réfugiés parrainés par des personnes privées dans votre bureau de Nairobi. En somme, il faut plus de trois ans pour traiter 50 p. 100 des demandes de réfugiés parrainés par des personnes privées qui sont déposées à Nairobi. Nous savons que ce bureau est chargé des demandes provenant de pays comme le Burundi, le Congo, l'Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, la Somalie, la Tanzanie et l'Ouganda. Ce sont là des pays qui ont fait l'objet de conflits violents. Il y a aussi la population du Soudan, qui ces derniers temps passe par le Kenya, et qui alourdit encore la charge de travail du bureau.
Cette région compte des millions de personnes déplacées qui toutes cherchent un refuge et il y a bien des gens très doués — motivés et qualifiés — qui se languissent dans des camps de réfugiés. Leurs enfants grandissent dans des camps; les femmes enceintes y donnent naissance à leurs enfants. Un camp de réfugiés n'est pas un endroit pour élever une famille.
Ce sont des gens qui ont des aspirations. Nous le savons; nous l'avons vu. Nous savons que nombre de réfugiés — par exemple les boat-people — qui sont venus au Canada ont vraiment bien réussi chez nous. Ces gens veulent élever une famille et donner une vie meilleure à leurs enfants. Nombre de Canadiens, et je pense que vous en avez rencontré un certain nombre par l'intermédiaire des églises — vous vous souvenez des groupes de cinq — comprennent le malheur de ces personnes déplacées. Ils parrainent en privé les réfugiés. Les Canadiens sont nombreux à souhaiter aider les réfugiés et cela ne coûte rien à votre gouvernement si ce n'est le temps consacré aux demandes.
Je constate cependant qu'il y a un fort arriéré et qu'il faudra des années pour que ces gens puissent faire venir leurs enfants des camps de réfugiés dans le cadre du regroupement familial ou pour les parrainer une fois installés au Canada. J'ai vu des cas, récemment celui d'une fille de 14 ans en attente dans un camp de réfugiés. Le bureau de Nairobi m'a déclaré que l'agent responsable était parti pendant trois ou quatre semaines et qu'aucun autre agent ne pouvait traiter ce dossier.
Il y a quelque chose qui cloche dans ce bureau. Au lieu de dépenser 12 millions de dollars pour prendre les empreintes digitales des parents qui rendent visite à leurs enfants, au moment des mariages, de la naissance des enfants, des funérailles — tous ces visiteurs que vous envisagez de contrôler avec la biométrie — pourquoi n'affectez-vous pas davantage de crédits à vos bureaux étrangers pour accélérer le traitement des dossiers en retard? Il est bien triste de voir toutes ces personnes confinées dans des camps de réfugiés, dans des lieux qui sont finalement les plus dangereux qui soient.
En outre, les chiffres ont diminué. Je les ai consultés. Depuis 2000 et 2001 — j'ai vérifié pour le Congo — les chiffres ont énormément baissé quant au nombre de personnes provenant de ces pays dangereux. Prenons, par exemple, le cas de la Somalie. La population féminine relevant des questions humanitaires, qui était de 338 en 2001, est désormais passée à 60 personnes. Les besoins ne manquent pas, pourtant, mais les chiffres baissent et les délais d'attente augmentent.
Qu'est-ce qui ne marche pas, et pourquoi n'affecte-t-on pas davantage de crédits à ces pays en augmentant les quotas?
:
Je vous remercie de cette question très pertinente, madame Chow.
Laissez-moi vous dire tout d'abord que nous augmentons quelque peu les quotas de réétablissements, notamment pour ce qui est des réfugiés parrainés par des personnes privées. La dernière fois que j'ai comparu devant votre comité, j'ai annoncé une augmentation des quotas correspondant à la région du Moyen-Orient, qui privilégie les réfugiés parrainés par des personnes privées. En faisant la somme de tous nos quotas à l'échelle mondiale, nous prévoyons qu'en 2009 il y aura en fait une augmentation du nombre de réétablissements.
Le Canada joue donc son rôle. Nous faisons mieux que pratiquement tous les autres pays du monde en termes relatifs pour ce qui est de l'accueil des réfugiés en vue d'un réétablissement ainsi qu'en matière de protection, tant au niveau des réfugiés aidés par le gouvernement que nous renvoie l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés que des réfugiés parrainés par des personnes privées.
Je suis au courant des problèmes que vous soulevez au sujet du bureau de Nairobi. Je comprends la frustration des gens qui ont présenté des demandes de parrainage de réfugiés dans les pays africains que vous avez mentionnés. D'autre part, je crois comprendre que le ministère éprouve de très sérieuses difficultés logistiques dans cette région. Chaque demandeur du statut de réfugié doit passer une entrevue. Souvent, ces entrevues doivent être organisées dans des lieux très retirés, parfois dans des villages situés à des centaines, sinon à des milliers, de kilomètres de Nairobi.
Nous avons un effectif complet quant au personnel de notre mission de Nairobi. Le ministère m'informe que nous n'avons pas suffisamment de locaux pour ajouter du personnel à cette mission, que nous tournons au maximum de nos effectifs. Je vais demander au sous-ministre de compléter ma réponse ici, parce que ce sont des questions d'administration, mais je ne pense pas qu'il faille parler d'un manque de ressources. C'est simplement que nous faisons face à de très grandes difficultés logistiques pour traiter les demandes dans la région que vous avez indiquée.
:
Merci, monsieur le président.
M. Shory n'est certainement pas le seul à avoir fait cette expérience. Ce qui est regrettable, c'est qu'il y a de si nombreux professionnels formés à l'étranger, comme M. Shory, qui ne parviennent jamais à être agréés pour exercer la profession qu'ils ont choisie. Je félicite M. Shory d'avoir surmonté tous les obstacles et de s'être inscrit au barreau canadien. C'est un magnifique exemple pour tous les autres qui ont subi cette frustration et qui se sont découragés.
Je n'apprends rien au député, monsieur le président, en lui disant que c'est un problème qui fait le désespoir des gouvernements fédéraux successifs parce qu'en dernière analyse la réglementation du marché du travail ne relève pas des compétences fédérales. J'estime toutefois que sous notre gouvernement, le gouvernement fédéral prend de plus en plus ses responsabilités en mettant en oeuvre et en accélérant une procédure plus transparente de reconnaissance par les provinces des diplômes obtenus à l'étranger. Ressources humaines et Développement des compétences Canada dispose d'un excellent programme de reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger qui, entre autres, aide les organisations locales à faciliter la tâche des personnes qui déposent une demande et à entrer en contact avec plus de 400 organismes d'agrément, de reconnaissance et de licence dans le pays. Il y en a plus de 40 dans chaque province.
Dans le budget de 2006, nous avons créé le Bureau d'orientation relatif aux titres de compétences étrangers, qui s'efforce d'informer les immigrants sur la procédure à suivre avant leur installation au Canada afin qu'ils puissent prendre de l'avance dès leur arrivée. Surtout, lors de la réunion des premiers ministres qui s'est tenue en janvier à Ottawa, le premier ministre a amené ses collègues provinciaux et territoriaux à s'entendre sur la création d'un cadre pancanadien pour ce qui est de la reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger. On s'est entendu pour produire un premier rapport en septembre de cette année. Nous allons affecter un budget de 50 millions de dollars pour que ce cadre de politique pancanadien, en vue de la reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger, voit le jour dans de bonnes conditions. Sur cette somme, 25 millions de dollars vont être investis par l'entremise de mon ministère. Nous mettons l'accent sur les professions prioritaires recensées dans les instructions ministérielles prévues dans le cadre des modifications apportées au projet de loi qui visent à instaurer une collaboration avec les organismes professionnels concernés au Canada.
Pour mettre en place ce cadre de reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger, il faut d'abord assurer la mobilité du marché du travail au Canada. Le problème vient en partie du fait qu'il y a 10 ou 13 régimes différents dans chaque profession. Il est absurde qu'un médecin puisse faire connaître ses diplômes en Europe en passant de la Pologne au Portugal et qu'il ne puisse pas le faire en allant du Manitoba à la Saskatchewan. Il nous faut résoudre ce problème, sur lequel se penchent les provinces et le gouvernement fédéral. Cela permettrait déjà de recourir à une procédure plus simple et plus transparente pour assurer la reconnaissance des diplômes.
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Monsieur le président, j'envisage de comparaître devant le Comité du patrimoine pour revoir cette question plus en détail lorsqu'il étudiera le projet de loi C-302.
M. Calandra a raison de dire qu'en novembre 1990 le premier ministre Mulroney a déclaré, devant une assemblée du Congrès national des Italo-Canadiens:
Au nom du gouvernement et du peuple du Canada, je fais sans réserve toutes mes excuses pour les torts causés à nos concitoyens d'origine italienne durant la Seconde Guerre mondiale.
En ma qualité de secrétaire d'État au multiculturalisme, j'ai eu l'honneur d'essayer, en collaboration avec les représentants des organisations italo-canadiennes, de trouver une solution à leurs demandes en instance pour qu'il y ait une certaine forme de réparation symbolique des injustices causées aux Canadiens d'origine italienne lors de la Seconde Guerre mondiale en ce qui concerne les personnes internées, car je crois que quelque 680 Canadiens d'origine italienne ont été internés pendant un certain temps.
Nous avons évoqué différentes possibilités de financement et des projets commémoratifs dans le cadre des programmes de reconnaissance historique nationale et pour les communautés. Je me souviens effectivement que l'on nous avait demandé d'établir une fondation. Nous avons demandé à des responsables d'étudier cette possibilité, mais l'ensemble des organisations qui se sont présentées pour administrer cette fondation n'avaient pas une assise financière suffisante pour pouvoir prétendre à ce statut compte tenu des conditions et des critères établis de très longue date par le gouvernement.
À titre de solution de remplacement, nous avons offert 5 millions de dollars devant financer des projets administrés dans le cadre du Programme de reconnaissance historique pour les communautés, qui dépend du secteur du multiculturalisme de notre ministère. Nous avons nommé un groupe d'experts éminents composé de trois Canadiens d'ascendance italienne jouissant d'une grande réputation et chargés de revoir les demandes présentées au titre des projets commémoratifs de recherche et d'éducation. Cela s'explique par le fait que nous ne voulons pas nous éterniser sur les fautes du passé; nous voulons en tirer les leçons qui s'imposent. Nous voulons nous assurer que la chose ne se reproduira pas.
C'est pourquoi en un sens le programme que nous avons mis en place insiste bien sur les événements tels qu'ils se sont produits, mais s'efforce par ailleurs d'éduquer les générations actuelles et futures. Qu'est-ce qui a motivé ces événements? Comment éviter qu'ils se reproduisent à l'avenir? Je pense que c'est une très bonne façon de procéder qui, à mon avis, reçoit l'assentiment d'une très grande majorité de la population, car elle fait bien la part des choses entre la nécessité de se souvenir et la volonté de se tourner vers l'avenir.
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Tous ces projets sont pris en charge dans le cadre de nos programmes de reconnaissance historique nationale et pour les communautés. Mme Wong n'ignore pas que nous avons beaucoup avancé dans le cadre du projet de réparation au titre de la taxe d'entrée et de la loi d'exclusion imposées aux Chinois. Nous savons tous que le premier ministre a présenté des excuses il y a trois ans. Par ailleurs, en plus du PRHC, 20 000 $ d'indemnisation ont été versés à titre gracieux aux payeurs survivants de la taxe d'entrée et à leurs conjoints survivants. Nous avons aussi institué un fonds commémoratif de 5 millions de dollars contrôlé par un conseil consultatif composé de membres éminents de la communauté chinoise canadienne afin de sensibiliser les générations futures sur cette question.
De même, nous avons institué, comme je l'ai déjà mentionné, le fonds d'éducation de 5 millions de dollars concernant l'internement des Italo-Canadiens lors de la Seconde Guerre mondiale. Nous avons pris des dispositions spéciales pour toutes les communautés dont les membres ont été internés lors de la Première Guerre mondiale. Ce sont avant tout des immigrants canadiens en provenance de l'empire austro-hongrois. Ils appartiennent à différents pays, principalement, mais non exclusivement, de l'Ukraine. Ces dispositions sont prises au moyen du transfert de 10 millions de dollars à une fondation administrée par la Taras Shevchenko Foundation et ayant à sa tête un conseil spécial comprenant des membres d'autres communautés affectées, notamment les communautés croates et serbes.
En ce qui a trait à la situation juive, des réfugiés juifs ont été expulsés du Canada ou n'ont pas été acceptés dans ce pays avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, et nous avons donc mis de côté, dans le cadre du PRHC, 2,5 millions de dollars pour mieux faire comprendre à la population ce qu'ont vécu les réfugiés juifs en raison des restrictions apportées à l'immigration. Nous nous intéressons en particulier à l'incident du Saint-Louis en 1938. À l'époque, il y avait plus de 800 000 réfugiés juifs européens et ce bateau, qui transportait des réfugiés juifs européens, n'a pas été autorisé à entrer dans le port d'Halifax. Nous avons récemment organisé à Toronto une conférence à laquelle ont participé des universitaires réputés au plan international et, comme je l'ai indiqué, nous avons mis sur pied un projet de 1 million de dollars dirigé par B’nai Brith pour faciliter les recherches et sensibiliser les générations futures à cet événement.
Veuillez m'excuser si j'oublie d'autres projets.
Ah oui, il y en a un autre, le projet Komugatu Maru. Nous avons mis de côté 2,5 millions de dollars, dans le cadre du PRHC, devant financer des projets de sensibilisation dans ce domaine. Nous allons bientôt annoncer la constitution d'un comité consultatif composé d'éminents Canadiens d'origine indienne, qui nous aidera à affecter ces crédits.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Bevilacqua, de m'appuyer si généreusement. En tant que nouveau membre, j'aurais quelques petites choses à apprendre.
Monsieur le ministre, je veux revenir sur une question que notre comité a évoquée il y a quelques temps, et M. Fadden pourrait éventuellement faire des commentaires. Il s'agit plus précisément d'une motion déposée par un député libéral et que l'opposition a imposée au sujet de l'expulsion de certaines personnes du Canada au Sri Lanka.
Comme vous le savez peut-être, je m'y suis fortement opposé. L'une des choses qui m'inquiétaient c'est que l'on ne mentionnait aucunement dans cette motion le fait que certaines personnes étaient de véritables criminels ou avaient pu être reconnues coupables de crimes au Canada. Cette motion m'a posé de gros problèmes. J'ai cité certains exemples précis: celui d'un homme condamné pour avoir attaqué avec un couteau de boucher et détruit un centre communautaire.
Je constate qu'il y a une forte communauté canadienne tamoule dans ma circonscription. Il y a des personnes exploitant des entreprises au sein de cette communauté qui ont été très déçues par cette motion parce que certaines d'entre elles ont été la cible d'activités criminelles.
De nos jours, plus particulièrement, alors que nous faisons venir au Canada de plus en plus de Sri-lankais d'origine tamoule pour remédier à la situation humanitaire, j'aimerais que vous me commentiez ce genre de motion en me disant dans quelle mesure la population canadienne est bien servie par le dépôt d'une telle motion. Cette affaire pourrait aussi nous servir d'exemple dans d'autres secteurs de l'immigration alors que nous pourrions adopter des motions s'appliquant à d'autres pays susceptibles de se retrouver dans la même situation.
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Merci, monsieur le président.
Précédemment, je n'ai pas eu l'occasion de conclure, relativement à la question de la reconnaissance des titres.
Selon moi, cette volonté du gouvernement fédéral de s'immiscer dans des champs de compétence qui sont clairement du domaine des provinces dénote une idéologie qui s'inspire du nation building de Pierre Elliott Trudeau. À cet égard, il n'y a pas une grande différence entre les conservateurs et les libéraux.
Si tout allait bien au fédéral, qu'il n'y eût pas de problème, que tout fût sous contrôle et qu'il n'y eût pas de délai d'attente, je pourrais comprendre que l'on décide d'investir des sommes dans des structures qui sont clairement de responsabilité provinciale.
Puisqu'il y a des problèmes importants en immigration, ne pensez-vous pas que cet argent serait mieux investi si on le consacrait au traitement des délais d'attente ou si on le remettait directement aux provinces? On y fait déjà des travaux pour améliorer la reconnaissance des titres des travailleurs étrangers.
Nous sommes tous favorables à cela. Je crois aussi qu'il y a des problèmes. Je suis membre de l'Ordre des ingénieurs du Québec et je fais pression sur mon ordre pour que des choses se développent. Il me semble qu'il y a une question d'efficacité. Les provinces doivent déjà travailler avec les ordres professionnels. Si on rajoute une autre couche, — le gouvernement fédéral qui imposera des normes pour établir des cadres nationaux et des politiques nationales —, si on n'est pas capable d'accepter le fait qu'il y a des différences entre les différentes provinces, on n'est plus dans un système fédéral, on est dans un système unitaire.
Quand on croit au fédéralisme, il faut être capable de vivre avec le fait que le Québec peut avoir une façon de faire différente de celle de l'Ontario, de la Saskatchewan ou du Manitoba. C'est ça, le fédéralisme.
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Soyons clairs, monsieur le président.
Chaque province est responsable de l'administration de son marché du travail et des organismes qui font la reconnaissance des titres de compétence, entre autres.
Si le Québec ne veut pas participer à une approche pancanadienne, il peut se retirer. C'est très simple. Nous ne faisons rien pour menacer la souveraineté du Québec en ce qui concerne les compétences du Québec et la reconnaissance des titres.
Cependant, le Québec vient de conclure un accord avec la France en ce qui concerne la reconnaissance des diplômes des avocats. Si le Québec peut conclure un tel accord avec la France, j'espère qu'il peut en faire un avec l'Ontario.
Comme je l'ai dit, c'est une affaire de gros bon sens. Cela ne diminue pas le pouvoir du Québec, ou de n'importe quelle province, que de conclure des ententes avec les autres provinces dans le cadre d'une approche pancanadienne. Oui, nous sommes dans un système fédéral, mais le fédéralisme n'interdit pas la coopération de toutes les provinces entre elles.
Sachez que les dix premiers ministres et les trois premiers ministres territoriaux ont signé un accord en janvier pour coopérer à cet égard, et on est là pour les aider.
On n'est pas là pour dicter au Québec de reconnaître les titres de compétence des professionnels de tel pays. Au bout du compte, c'est au Québec que revient la gouvernance des organismes professionnels. Comme je l'ai dit, j'espère que s'il peut coopérer avec les pays européens, il peut travailler avec les provinces canadiennes.
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Monsieur le président, comme l'a déclaré le sous-ministre, le ministère est toujours disposé à envisager une réaffectation des ressources jusqu'à un certain point.
Une chose que je dois signaler, et dont la députée n'a peut-être pas conscience, c'est qu'il appartient au ministère des Affaires étrangères d'administrer globalement notre service extérieur, y compris en ce qui a trait aux agents d'immigration, dans des dizaines de nos bureaux à l'étranger. C'est très onéreux. Je pense qu'il nous impose un montant brut de quelque 800 000 $ la première année pour poster un agent du service extérieur à l'étranger. Cela signifie que chaque fois que l'on ajoute un agent des visas canadiens, il nous en coûte 800 000 $ et davantage la première année.
Il y a des demandes partout. M. Karygiannis voudrait que l'on affecte bien plus de personnel à Colombo. Je suis sûr que tout le monde autour de cette table est prêt à me proposer une augmentation de personnel dans un bureau donné. La question de l'administration de nos ressources dans nos missions à l'étranger est épineuse.
Cela dit, monsieur le président, je prends très au sérieux l'observation de la députée. Quant à la remarque quelque peu démagogique concernant la piscine, vous savez, je vais prendre un risque politique et défendre la chose en disant que nous demandons à des gens d'aller à l'étranger pendant deux ou trois ans, dans des conditions parfois difficiles, pour vivre dans des pays offrant peu ou pas de confort. Il n'est pas déraisonnable, à mon avis, que nos familles de diplomates qui travaillent à Nairobi, par exemple, puissent disposer en fin de semaine d'une installation offrant toutes les garanties de sécurité pour leurs enfants afin de passer un peu de temps en famille, par exemple. Il ne me paraît pas déraisonnable d'offrir un minimum de confort ou une certaine qualité de vie à des milliers de Canadiens qui, il faut bien le dire, risquent parfois leur vie dans des pays où il est bien difficile de vivre.
Je ne tiens pas à faire entendre à nos agents du service extérieur, quel que soit le ministère dont ils dépendent, qu'il convient de leur enlever le minimum de confort dont ils bénéficient avec leurs familles.