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Bonjour, mesdames et messieurs.
Nous sommes le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Il s'agit de notre 36e séance. Nous sommes mardi, le 26 novembre 2009. Aujourd'hui, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions le chapitre 2, La sélection des travailleurs étrangers en vertu du programme d'immigration, du Rapport de l'automne 2009 de la vérificatrice générale du Canada.
Nos témoins aujourd'hui sont la vérificatrice générale, Sheila Fraser, qui connaît bien ces salles, et ses collègues. Bienvenue, madame.
Nous accueillons aussi Richard Flageole — j'espère qu'il s'agit de la bonne prononciation — qui est vérificateur général adjoint, et Suzanne Therrien, directrice principale. Je ne suis pas certain de ce que cela signifie, mais peut-être allez-vous nous donner des explications.
Alors, bienvenue. Comme vous le savez, nos témoins ont l'occasion de faire un exposé liminaire qui sera suivi par des questions posées par nos collègues. Je vous remercie de passer en revue votre rapport avec nous. Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre chapitre sur la sélection des travailleurs étrangers en vertu du programme d'immigration. Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagnée de Richard Flageole, vérificateur général adjoint, et de Suzanne Therrien, directrice principale, qui étaient responsables de la vérification.
[Français]
Le Canada a constamment besoin de travailleurs permanents et temporaires possédant diverses compétences, et il doit concurrencer d'autres pays pour les attirer. Il est donc primordial que les programmes gouvernementaux destinés à faciliter l'entrée au Canada de ces travailleurs soient conçus et mis en oeuvre de façon à répondre aux besoins du marché du travail canadien.
Nous avons constaté que Citoyenneté et Immigration Canada a pris un certain nombre de décisions importantes sans en évaluer adéquatement les coûts et les avantages, les risques et l'incidence éventuelle sur les autres programmes et sur les mécanismes de mise en oeuvre. Certaines de ces décisions ont provoqué un changement important au niveau du type de travailleurs admis au Canada. Nous avons trouvé peu d'indications montrant que ce changement s'inscrit dans le cadre d'une stratégie bien conçue pour combler le plus efficacement possible les besoins du marché du travail canadien.
De plus, nous avons constaté que les évaluations des programmes que nous avons vérifiées étaient périmées ou n'avaient pas été effectuées. À notre avis, tant qu'il n'aura pas élaboré une vision claire des résultats attendus de chaque programme et évalué les résultats des programmes en vigueur, le ministère ne sera pas en mesure de démontrer que ces programmes répondent le mieux possible aux besoins du marché du travail canadien.
[Traduction]
Depuis notre vérification de 2000, le nombre de demandes en attente d'une décision dans la catégorie des travailleurs qualifiés du volet fédéral a presque doublé. En décembre 2008, plus de 620 000 personnes attendaient en moyenne 63 mois avant de savoir si elles allaient obtenir la résidence permanente ou non. Le ministère n'a pas suffisamment analysé l'effet que pourraient avoir les mesures qu'il a prises en 2008 pour limiter le nombre de nouvelles demandes, par exemple, le fait de traiter seulement les demandes respectant de nouveaux critères plus restrictifs.
Il est encore trop tôt pour évaluer le plein impact de ces mesures, mais à en juger par l'évolution du nombre de demandes reçues depuis le début de 2009, les mesures pourraient ne pas avoir l'effet désiré. Par exemple, à la fin de juin 2009, le nombre de nouvelles demandes reçues par le ministère n'avait pas beaucoup diminué. Citoyenneté et Immigration Canada devra suivre la situation de près et pourrait devoir envisager d'autres stratégies pour gérer ces demandes en attente. S'il n'y arrive pas, il pourrait se retrouver avec un inventaire de nouvelles demandes et il pourrait ne pas être en mesure de les traiter dans le délai de 6 à 12 mois qu'il a prévu.
De plus, le ministère pourrait avoir beaucoup de difficulté à réduire l'inventaire des demandes en attente avant l'entrée en vigueur des instructions ministérielles. Au moment de notre vérification, Citoyenneté et Immigration Canada n'était pas en mesure de déterminer quand il viendrait à bout de cet arriéré ni ce qui constituerait un délai raisonnable pour le faire. Selon la dernière estimation, établie en 2008, il lui faudrait de 8 à 25 ans pour venir à bout de cet inventaire.
Cependant, à la fin de juin 2009, l'arriéré avait été réduit de 29 p. 100, soit à environ 452 000 personnes. Cette réduction a été possible parce que Citoyenneté et Immigration Canada a traité surtout d'anciennes demandes. Le ministère n'a commencé à traiter les nouvelles demandes pour fins de recevabilité qu'en novembre 2008, lorsque les instructions ministérielles ont finalement été publiées.
En juin 2009, l'inventaire total composé des nouvelles et des anciennes demandes renfermait toujours à environ 594 000 demandes. Il s'agit d'une réduction de seulement 6,5 p. 100 depuis l'entrée en vigueur des instructions ministérielles.
[Français]
Notre chapitre a également révélé des problèmes graves dans la conception et la prestation du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Ce programme est géré conjointement par Citoyenneté et Immigration Canada et Ressources humaines et Développement des compétences Canada. Le Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés stipule qu'avant d'octroyer un permis de travail à un travailleur temporaire étranger, l'agent de Citoyenneté et Immigration Canada doit évaluer, en se fondant sur l'avis qui lui est donné par Ressources humaines et Développement des compétences Canada, si l'offre d'emploi est authentique et si elle est susceptible de nuire au marché canadien du travail. Le règlement énumère les facteurs dont il faut tenir compte pour évaluer les effets sur le marché du travail, mais n'indique pas comment évaluer si l'offre d'emploi est authentique. Nous avons constaté que les ministères n'avaient pas clairement défini leurs responsabilités et leurs rôles respectifs en ce qui a trait à cette évaluation et à la manière de l'effectuer. L'authenticité des offres d'emploi est donc rarement vérifiée. Par conséquent, des permis de travail pourraient être accordés pour des emplois ou des employeurs qui n'existent pas.
De plus, ni Ressources humaines et Développement des compétences Canada ni Citoyenneté et Immigration Canada ne font de suivi systématique pour vérifier si les employeurs canadiens respectent les modalités qui se rattachent à l'approbation des permis de travail, notamment les salaires versés et les logements fournis. Ces lacunes menacent l'intégrité du programme et pourraient placer bien des travailleurs étrangers, comme les aides familiaux résidents et les travailleurs étrangers temporaires moins qualifiés, dans une situation précaire.
En outre, les faiblesses relevées dans les pratiques entourant l'émission des avis sur le marché du travail mettent en doute la qualité et l'uniformité des décisions prises par les agents de Ressources humaines et Développement des compétences Canada. Après notre vérification, les modifications du règlement visant à solutionner certains de ces problèmes ont été publiées dans la Gazette du Canada.
[Traduction]
Citoyenneté et Immigration Canada a adopté avec succès des mesures et des outils pour corriger certaines des inefficiences que nous avions relevées en 2000. Cependant, malgré notre recommandation, CIC n'a pas mis en oeuvre un cadre d'assurance de la qualité pour obtenir l'assurance que les décisions prises par les agents des visas sont justes et uniformes.
Enfin, nous avons signalé que CIC et RHDCC ont établi des programmes pour faciliter la reconnaissance des titres de compétence étrangers. À la fin de notre vérification, le gouvernement fédéral travaillait avec les provinces et les territoires pour élaborer un cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications étrangères.
Monsieur le président, nous avons soulevé d'importantes questions dans notre chapitre. Nous encourageons le comité à demander à Citoyenneté et Immigration Canada et à Ressources humaines et Développement des compétences Canada de soumettre un plan d'action et à suivre les progrès réalisés par les ministres pour mettre en oeuvre nos recommandations.
Monsieur le président, voilà qui conclut ma déclaration d'ouverture. Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame la vérificatrice générale, j'aimerais d'abord vous remercier ainsi que votre équipe pour tout le travail que vous faites au nom des Canadiens, c'est un travail que je connais bien personnellement et que les membres du caucus libéral prennent au sérieux.
Je vais profiter de cette occasion, très brièvement en deux ou trois minutes, pour donner un aperçu de quelques-unes des préoccupations que vous avez présentées, et j'aimerais que vous me donniez une description de l'état du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration en ce qui a trait aux enjeux que vous avez soulevés. Si je voulais être partisan, j'aurais l'embarras du choix avec tout ce que vous nous avez présenté, mais je suis motivé par un objectif plus noble, soit celui d'offrir aux Canadiens la meilleure solution de rechange possible.
Quand on examine votre rapport, on voit bien que l'on s'attendait à ce que CIC ait « une vision claire du nombre d'immigrants qui devraient être admis dans chaque catégorie selon une planification pluriannuelle ». En dépit des engagements pris en 2004, un cadre national en matière d'immigration, comme une « voie stratégique » n'existe toujours pas. C'est une des questions.
Maintenant en ce qui concerne la planification et la programmation stratégique — et je puise mon information de la note d'information de la Bibliothèque du Parlement —, « la vérification a conclu que l'évaluation des programmes examinés est périmée ou n'a pas été faite de façon opportune de manière à faciliter l'élaboration des programmes ».
Pour ce qui est des travailleurs qualifiés du volet fédéral, « la vérification a étudié l'arriéré des demandes, lequel s'élevait à plus de 620 000 demandes au 31 décembre 2000 ainsi que les mesures prises pour y remédier ». Vous avez souligné des problèmes à cet égard également. Ensuite, on peut lire que « la vérification formule un certain nombre d'observations ainsi que trois recommandations portant sur les instructions ministérielles. Premièrement, l'élaboration des instructions ministérielles reposait sur une analyse insuffisante » — et, bien sûr, on fait référence au projet de loi C-50. « Deuxièmement, les premières données recueillies tendent à indiquer que les instructions ne permettent sans doute pas d'atteindre l'objectif de réduire le nombre de nouvelles demandes », et « troisièmement, la vérification... a conclu à l'absence d'un processus et de mécanismes permettant d'évaluer et de réviser celles-ci de façon continue ». Par la suite, on peut lire: « Enfin, la vérification examine la centralisation des demandes des travailleurs qualifiés du volet fédéral... La vérification conclut que le Bureau de réception centralisé a été mis sur pied sans analyse suffisante et a éprouvé des difficultés sérieuses... »
En ce qui a trait au programme des candidats des provinces, la note d'information révèle que l'on a pas vraiment évalué les programmes pour déterminer s'ils répondent aux objectifs de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Comme je l'ai dit, il y a un très grand nombre de problèmes liés aux travailleurs étrangers temporaires.
Vous avez également exprimé des inquiétudes concernant « la qualité et l'uniformité des avis sur le marché du travail » et vous avez « constaté que les directives étaient imprécises et incomplètes et que leur interprétation variait d'une région à l'autre et même au sein d'un même bureau ». La note d'information précise en outre qu'« En ce qui touche l'authenticité d'une offre d'emploi pour un travailleur étranger temporaire, la vérification a conclu que RHDCC et CIC n'ont pas défini de façon précise leurs rôles et responsabilités et que des mesures n'ont pas été mises en place pour vérifier systématiquement l'authenticité des offres d'emploi ».
Je dresse tout simplement la liste de tous ces éléments pour les Canadiens qui, j'en suis persuadé, nous regardent à la télévision parce que le travail que nous faisons et les activités du Parlement leur tiennent à coeur. Je vous présente la liste de toutes ces choses afin de nous donner une idée de l'ampleur des défis auxquels le gouvernement ainsi que nous, les parlementaires, devons collectivement faire face pour résoudre ces problèmes. Dans tous les rapports que vous avez préparés, et vous en avez rédigé un grand nombre, où situez-vous celui-ci relativement à une situation de crise? Vous avez rédigé de nombreux rapports. Quelle est l'importance de ces questions?
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Merci, monsieur le président.
Je dirais que ce sont des problèmes sérieux, parce qu'évidemment, les Canadiens doivent avoir recours à l'immigration pour répondre à leurs besoins en matière de marché du travail. Je pense que toutes les études démontrent qu'en raison de notre taux de natalité, la seule façon d'accroître notre population, c'est au moyen de l'immigration. En raison de la population vieillissante, nous avons besoin de ces travailleurs qualifiés et talentueux qui viennent au pays et qui répondent aux besoins du marché du travail.
Je pense qu'il y a probablement deux questions principales sur lesquelles j'aimerais attirer l'attention du comité. La première porte sur le problème de la stratégie et du cadre pour l'avenir. Dans le rapport, nous signalons dans une des pièces, la pièce 2.5, qui se trouve à la page 14 de la version française des changements importants dans les catégories, et nous n'avons vu aucune analyse qui indiquerait que c'est ce qui est désiré. À moins de modifier les choses, et je pense qu'il y a eu certains changements d'après les derniers chiffres qui ont été produits par le ministère, le programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral passera à 18 000 personnes.
Il y a eu d'importantes modifications au programme de candidats fédéral, qui sont peut-être appropriées, mais nous n'avons vu aucune analyse qui indiquait que c'est ainsi que le gouvernement fédéral voulait que les décisions sur l'immigration soient prises. Il y a très peu de surveillance, et on comprend très peu le type d'immigrants qui arrivent au pays dans le cadre du programme des candidats des provinces. Je pense que ça soulève des questions, à savoir quel est le rôle du gouvernement fédéral et sa responsabilité relativement à ces programmes et je pense que c'est un des problèmes.
L'autre problème, je pense, c'est la gestion des demandes. Selon moi, c'est un gros problème. Même si le nombre de catégories d'emploi a été réduit de 300 à 38, on continue de recevoir des dizaines de milliers sinon des centaines de milliers de demandes chaque année. Les premières indications démontrent que cette réduction n'a pas l'effet escompté, et que le ministère aura de la difficulté à atteindre sa cible de 6 à 12 mois. Il s'agit de déterminer comment on peut gérer cela de façon plus efficace. Est-il raisonnable de faire attendre les demandeurs pendant cinq ans avant qu'ils n'obtiennent une réponse?
Bien sûr, il y a la question de surveillance qui doit avoir lieu par la suite pour s'assurer de l'authenticité des emplois. Selon moi, voilà les principaux défis auxquels doit faire face le ministère.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous, madame Fraser, et à votre équipe d'être présents ici aujourd'hui.
Avant d'aborder le rapport que vous avez soumis dernièrement, je voudrais revenir sur le précédent rapport qui comportait un volet sur l'immigration et dans lequel vous souligniez — si je me souviens bien — que 41 000 individus étaient sous le coup d'un avis d'expulsion, d'interdiction de territoire, et que l'agence en avait carrément perdu la trace.
Vous souligniez également qu'il était difficile pour l'agence d'investir des énergies afin de les retrouver parce qu'on ne savait pas, tout simplement, s'ils avaient ou non quitté le pays. Vous souligniez à l'époque que cela était dû, entre autres, au fait qu'il n'y avait pas de contrôle à la sortie, au Canada. Si je me rappelle bien, vous n'aviez pas fait de recommandation à cet effet.
Pourriez-vous me dire si des nouvelles à ce sujet ont été portées à votre connaissance par le gouvernement? Croyez-vous qu'il serait intéressant que ce comité se penche sur cette possibilité d'instaurer un contrôle à la sortie, au Canada? Serait-ce une piste qui mérite réflexion? Devrait-on faire une étude des coûts par opposition aux avantages? Car il y a des coûts inhérents à l'instauration d'un tel contrôle à la sortie; en revanche, cela comporte aussi des avantages.
Récemment, on a vu à la télévision des reportages sur des fraudes en matière de citoyenneté: des gens quittent parfois le pays pendant des années en faisant croire qu'ils sont toujours ici. Croyez-vous que notre comité devrait consacrer des énergies à suivre une telle piste?
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Merci, monsieur le président.
Le rapport auquel le député fait référence a été émis en 2006 ou en 2007, je crois. Nous n'avons pas fait de suivi par la suite, mais je signalais que nous avons vu une amélioration dans les procédures, contrairement à ce que nous avions noté lors de la vérification que nous avions faite auparavant, où le ministère faisait davantage une analyse de risque, et les individus qui pouvaient être dangereux pour la société faisaient l'objet d'un meilleur suivi. On était plus actifs afin de les retrouver. Alors, on trouvait que la situation s'était améliorée. Toutefois, je n'ai pas obtenu de résultat ou d'information depuis. Ce serait une chose à demander au gouvernement.
Quant à la question du contrôle, c'est vraiment une question politique. Or, comme vous le savez, le vérificateur général fait très attention de ne pas commenter les questions politiques.
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D'accord. Je partage votre analyse.
Je suis préoccupé, entre autres, par la question des immigrants investisseurs, qui sont, par nature, des gens d'une très grande mobilité, qui peuvent aller s'installer partout dans le monde. Quand on a des délais d'attente très importants, à mon avis, il y a un risque d'une forme d'écrémage qui fait en sorte, finalement, que les gens les plus mobiles et le plus susceptibles de se déplacer n'importe où dans le monde pourraient choisir d'autres endroits où ils obtiendront une réponse plus rapide.
Je ne sais pas si vous pourrez répondre à ma prochaine question, mais peut-être que vous pourrez nous guider un peu. J'ai souvent l'impression, en tant que député, que la question du délai d'attente est utilisée pratiquement comme un mode de gestion de l'immigration. Je m'explique. Généralement, dans un système, par exemple celui des soins de santé, il y a des délais d'attente simplement parce qu'on n'a pas suffisamment de ressources ni assez d'argent à y consacrer. Donc, il y a des gens qui prennent la file. La perception courante est qu'en matière d'immigration, c'est une question de contrôle. On émet des quotas annuels, et la seule façon d'arriver à ces quotas, puisque beaucoup de gens veulent venir vivre au Canada, c'est de mettre le frein et de maintenir les délais d'attente.
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Madame Fraser, merci d'être là.
Votre rapport indique essentiellement qu'il n'y a pas de plan, de système, de planification stratégique, de vision, de cadre d'assurance de la qualité, de mesures pour améliorer l'intégrité du programme des travailleurs étrangers temporaires et aucune surveillance. C'est assez cinglant.
Nous avons ici un immense programme des travailleurs étrangers temporaires, qui touche plus de 200 000 travailleurs, et malgré cela, on voit que le nombre de travailleurs qualifiés va bientôt chuter de 96 000 à 46 000. J'ai additionné les travailleurs qualifiés du volet fédéral ainsi que ceux du Québec. Alors à moins qu'il y ait une politique philosophique qui sous-tende ce programme, il me semble que l'on se base uniquement sur ce que souhaitent les employeurs. En l'absence d'un plan stratégique global, à quel genre de risque pensez-vous que nous nous exposerons, soit dans dix ans ou même cette année? Qu'adviendra-t-il de ce grand nombre de travailleurs, c'est-à-dire 200 000 travailleurs étrangers temporaires au Canada, si l'intégrité du programme n'est pas bien protégée? Ces travailleurs peuvent très bien entrer dans la clandestinité s'ils n'arrivent pas à trouver du travail parce qu'il n'y a pas de plan stratégique et parce qu'ils ne veulent pas quitter le pays. Cela signifie que nous pourrions avoir un grand nombre de travailleurs non documentés au Canada, et que certains d'entre eux pourraient réclamer le statut de réfugié. Cela deviendrait un chaos total. Vous avez publié un rapport au sujet de l'Agence des services frontaliers du Canada il y a deux ans qui portait également sur ce problème; les choses risquent d'empirer.
Alors, où pensez-vous que cela va nous mener, et pourquoi en est-il ainsi?
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... ni de blâmer qui que ce soit pour les problèmes actuels. Je ne jouerai pas à ce petit jeu ce matin. Je tiens toutefois à souligner que, d'un point de vue général, le rapport fait état d'une vision claire en ce qui a trait aux titres de compétence étrangers, au statut de résident permanent accordé aux nouveaux Canadiens, de même qu'aux travailleurs temporaires et au programme lui-même.
Je conviens qu'il y a des secteurs bien précis qui méritent notre attention — je suis le premier à dire qu'il y a toujours place à amélioration... Mais il faut reconnaître les bons commentaires. Par exemple, à la page 47, on dit que le ministère réussi à mettre en place un certain nombre d'initiatives et d'outils qui ont permis d'améliorer le traitement des demandes dans les missions à l'étranger, ce qui a aidé à atténuer les problèmes mis en lumière dans votre rapport de 2000. Par ailleurs, à la page 44, on souligne que le gouvernement contribue à la reconnaissance des titres de compétence étrangers.
J'aimerais poser deux questions générales, et ensuite deux plus précises. Vous avez eu l'occasion d'examiner les recommandations faites par le ministère dans le contexte de la vérification. Ces recommandations sont-elles assez précises? Sont-elles formulées de façon à ce que, lors de la prochaine vérification, vous puissiez déterminer si elles ont été efficaces ou non?
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Merci, monsieur le président.
Il est vrai que nous avons remarqué des améliorations dans certains domaines. Par exemple, le gouvernement prend des mesures pour résoudre une question importante pour de nombreux immigrants au Canada, soit la reconnaissance des titres de compétence étrangers. Il y a aussi eu des développements récents au chapitre des travailleurs temporaires — ce dossier est toujours à l'ordre du jour, en fait — et nous voyons que des progrès sont réalisés de ce côté.
Nous sommes heureux que les ministères aient accepté les recommandations formulées dans notre rapport de vérification. Les réponses indiquées dans le rapport sont assez courtes et peu précises, mais c'est compréhensible. Nous nous attendons à ce que les ministères établissent un plan d'action qui met de l'avant les mesures destinées à donner suite aux recommandations.
Lorsque nous effectuons un suivi... Selon l'échéancier que le ministère s'est donné pour mettre en place ces diverses mesures, nous faisons généralement une nouvelle vérification pour voir si des progrès ont été faits. Cette pratique est de plus en plus courante.
Les ministères n'ont toujours pas mis en place de plan d'action. Il serait bon que le comité les incite à en établir un et qu'il demande la tenue d'un suivi régulier.
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Vous vous reportez à quel paragraphe? Ah, je vois, le titre.
Comme la vérificatrice générale l'a dit, tout ce dossier est très important. C'est un problème de longue date. Nous avons vu le gouvernement mettre en place deux programmes. Il y a le Programme de reconnaissance des titres de compétence étrangers à RHDCC. Un autre a été créé très récemment à l'Immigration. On en est encore au tout début, mais ces programmes semblent fonctionner assez bien.
L'un est un programme de contribution. Beaucoup d'intervenants entrent en jeu dans la reconnaissance des titres de compétence étrangers: les provinces, les territoires, les associations professionnelles et les employeurs. Le programme fournit donc des contributions à toutes ces organisations pour faciliter la reconnaissance des titres de compétence étrangers. Le rôle clé que le gouvernement peut jouer est de faciliter le tout, étant donné que cela relève surtout des compétences provinciales.
Nous avons été très heureux de voir que l'on a pris toutes ces nouvelles initiatives. Je suppose que la plus importante est la création du cadre pancanadien auquel travaillent toutes les provinces et le gouvernement fédéral. Il ressort de la dernière discussion que nous avons eue avec les gens du ministère que le tout est presque terminé. Je pense que deux provinces doivent encore ratifier le document, mais l'intention était de l'annoncer à l'automne 2009.
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Merci d'être venus. Chose certaine, votre rapport jette la lumière sur un certain nombre de problématiques.
J'ai environ cinq questions. Je vais les poser et, si nous manquons de temps, vous pourrez peut-être répondre par écrit.
Dans le paragraphe 3 de votre déclaration, vous dites en quelque sorte que les avantages, les risques... Vous n'avez pas constaté de changement en profondeur. Il y a des travailleurs en attente qui sont admissibles en application des directives ministérielles actuelles, mais ces gens-là sont encouragés à laisser tomber ou leur dossier ne bouge pas. C'est ma première question.
Dans le même paragraphe, vous dites que vous n'avez pas vu d'indications montrant que ce changement s'inscrit dans le cadre d'une stratégie bien définie, qu'il manquait de programmes et qu'il y avait des pratiques désuètes. CIC réagit instinctivement aux problèmes qui surgissent et ne fait pas preuve d'imagination.
Dans le paragraphe 4 de votre déclaration, vous dites que le processus prend 63 mois, c'est-à-dire cinq ans. Cela s'applique aux travailleurs qualifiés. Pourtant, les demandes de parrainage de parents prennent de sept à huit ans. On s'efforce de créer des familles complètes et de faire venir les grands-parents pour fournir une aide dont les plus jeunes ont grand besoin et s'occuper des petits-enfants pendant que les parents sont au travail. Pourtant, tout cela prend tellement...
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Pourtant, on n'offre pas l'aide qui est nécessaire.
Dans le paragraphe 5, vous dites qu'il faudra de 8 à 25 ans pour éliminer l'arriéré, lequel a été réduit de 29 p. 100. Cependant, je me demande si vous avez tenu compte des gens qui se sont retirés et du nombre de cas qui ont été transférés de la mission où le dossier était censé être traité à une autre mission. On les retranche pour pouvoir classer le dossier. Plus précisément, je parle de dossiers qui sont allés de Damas à Varsovie. On a des dossiers du Moyen-Orient à Varsovie et les réponses sont souvent négatives.
Ma dernière question porte sur les travailleurs étrangers temporaires. Depuis que notre gouvernement est entré en fonction, les travailleurs étrangers ont doublé tandis que les travailleurs qualifiés sont toujours au même niveau. Pourtant, beaucoup de travailleurs étrangers qui sont au Canada ne sont pas autorisés après trois ou quatre ans à contribuer et à s'installer ici. Nous les renvoyons chez eux. Je m'interroge au sujet de l'investissement qu'ils font en venant ici. Comment cela reflète-t-il...?
Me reste-t-il du temps, monsieur le président?
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Bonjour à tous. Je vous remercie d'être présents pour discuter avec nous.
Madame Fraser, vous avez dit que le plan présenté par le ministère était déficient et qu'une stratégie devrait être élaborée. J'en conviens.
Vous avez aussi mentionné que les délais avaient beaucoup d'impact sur les demandeurs, mais également sur les employeurs. Vous avez également parlé de la modification du nombre de catégories. Mon collègue M. St-Cyr en a bien identifié la source en affirmant que les délais entraînent probablement ce phénomène.
Au point 8, vous avez dit que beaucoup de ressources servent à évaluer les demandeurs, mais qu'il y en a peu pour faire le suivi auprès des employeurs afin de savoir s'ils respectent les modalités. On sait que, dans la plupart des programmes, les demandeurs sont liés à un employeur et non à un type d'emploi, ce qui contribue dans plusieurs domaines à fragiliser le travailleur qui pourrait voir son emploi prendre fin de façon arbitraire.
On a parlé des délais qui pouvaient atteindre jusqu'à 63 mois alors qu'un demandeur a déjà un permis qui le lie directement à l'employeur et qu'il voit son emploi prendre fin de façon abrupte. Il y a également des délais qui sont hors normes pour un employé qui voudrait se qualifier pour le même type d'emploi, mais chez un autre employeur.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, madame Fraser, pour un autre rapport très complet.
Je tiens à consigner que le rapport remonte à 2002. Je suis content que M. Bevilacqua ait décidé de ne pas être partisan, parce que cela ne met pas en cause un gouvernement en particulier. Cela s'applique à tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2002.
Je constate que les ministères ont accepté toutes vos recommandations, ce qui démontre la qualité de la vérification. On s'efforce d'apporter des améliorations, mais il semble que les processus eux-mêmes soient en transition. Dans le secteur privé, nous parlions « d'amélioration continue ». Dans bien des cas, votre préoccupation semble mettre en cause un manque d'information. Il semble que ce soit un thème qui revient constamment dans le rapport.
Il semble que la situation change tellement rapidement que l'analyse n'a pas suivi le rythme des innovations, car les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada ont fait preuve d'innovation. Dans les pages 20 et 21 du rapport, je constate qu'il y a au moins 7 innovations conçues pour réduire l'inventaire des demandes dans la catégorie des travailleurs qualifiés du volet fédéral. Avez-vous une idée de la raison pour laquelle ces innovations n'ont pas eu autant de succès que prévu?
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Fraser, et merci aux personnes qui vous accompagnent.
Le gouvernement reconnaît qu'il faut permettre aux travailleurs temporaires d'obtenir le statut de résident permanent, afin de conserver les travailleurs étrangers qualifiés qui ont de l'expérience canadienne. C'est pourquoi nous avons créé, en septembre 2008, la catégorie de l'expérience canadienne.
À la page 32 de la version française de votre rapport, on peut lire:
Nous avons constaté que pour concevoir et instaurer cette catégorie de l'expérience canadienne, CIC avait notamment procédé à des analyses détaillées des options, à des évaluations des répercussions possibles sur les autres programmes et à une évaluation approfondie des risques. À notre avis, il s'agit d'un bon exemple de la manière d'étayer des décisions à l'égard des programmes.
J'aimerais que vous me disiez quels aspects de ce programme, à votre avis, sont bien conçus et bien mis en oeuvre. Pouvez-vous m'éclairer à ce sujet?
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Merci, monsieur le président.
Comme nous l'avons dit, il existe une nouvelle catégorie depuis 2008, qui s'applique aux travailleurs qui viennent au Canada de façon temporaire et qui, après une certaine période — je crois que c'est trois ans — peuvent présenter une demande de résidence permanente sans avoir à quitter le pays. Il y a aussi les étudiants internationaux.
Évidemment, cette catégorie a été créée pour nous permettre de conserver les gens qui sont déjà au Canada sans qu'ils aient à retourner chez eux pour présenter une nouvelle demande. Nous avons jugé excellente l'analyse qui a permis d'étayer cette nouvelle catégorie. Les responsables ont analysé plusieurs options. L'évaluation était très bonne et nous avons pu observer qu'on a beaucoup réfléchi à cette idée avant de la mettre en oeuvre. C'est le genre d'analyse que l'on aimerait voir plus souvent.
C'est un bon exemple d'un processus qui pourrait s'appliquer de façon plus vaste. Visiblement, le ministère peut le faire.
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Merci, monsieur le président.
Comme nous le constatons dans le rapport, le Programme des candidats des provinces a connu une croissance marquée, qui devrait se maintenir. Les programmes des provinces n'obéissent pas au même système que la catégorie des travailleurs qualifiés du volet fédéral. Ils sont caractérisés, comme nous l'indiquons dans le rapport, par une grande diversité. Les critères varient d'une province à l'autre et, même si elles sont tenues de fournir des renseignements au gouvernement fédéral, ces renseignements sont souvent lacunaires, si bien que le gouvernement fédéral ne mesure pas pleinement la nature des divers programmes et le type de personne qui arrive.
Vu la mobilité qui existe au Canada, on s'attendrait à une meilleure coordination ou, du moins, à ce qu'on connaissent mieux les immigrants qui arrivent au pays en vertu des programmes et qu'on sache mieux s'ils répondent aux besoins du marché du travail maintenant, et dans l'avenir. Nous nous serions attendus à une analyse plus large.
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Merci, monsieur le président.
Le système de gestion globale des cas était en fait une réponse du ministère à une recommandation que nous avions faite en 2000, qui portait sur toutes les difficultés technologiques. Le projet a commencé au début de 2001.
En 2006, le bureau a fait une autre vérification sur les grands projets d'informatisation: nous avions déjà noté beaucoup de difficultés liées à ce système. On l'avait donc examiné et on avait noté toute une panoplie de problèmes dans la définition, l'étendue et la gestion du projet.
Certes, des choses étaient importantes. Par exemple, en 2003, lorsqu'on a séparé les activités de..., on a envoyé un certain nombre de choses à l'Agence des services frontaliers du Canada. Cela a remis certaines choses en question.
Dans ce projet, il y a eu des dépassements de coûts très significatifs. On a été obligé de réduire la portée du projet. Finalement, il doit être mis en place en juin 2010. On arrive donc au bout du tunnel. Disons que cela n'a pas été l'histoire d'un grand succès de développement de projet informatique.
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Monsieur le président, laissez-moi dire d'abord que, selon moi, nous devons nous résigner à ce qu'il y ait toujours un arriéré. Le Canada est une destination de choix et il y aura toujours, on le suppose, beaucoup de demandes. La vraie question est de savoir jusqu'à quel point nous faisons venir les bonnes personnes rapidement. Pour cela, il faut veiller à ce qu'il y ait une bonne analyse des besoins du marché du travail, à ce que le ministère comprenne bien les projections pour l'avenir et à ce qu'il évalue les professions selon cette analyse.
On a observé une réduction du nombre de professions en demande, sans trouver d'analyse sous-jacente justifiant une réduction aux 38 professions retenues. On se serait attendu à cela et à un très bon suivi par la suite. C'est ce que nous recommandons maintenant: que l'on s'assure que les nouvelles mesures introduites ont bien l'effet souhaité, vu que nous ne constatons pas une réduction des demandes. Si les cibles sont maintenues au même niveau, l'arriéré va exploser et, en fait, les cibles risquent même d'être réduites. Les projections du ministère indiquaient une réduction à 18 000.
Toute une série de facteurs entrent en jeu, dont les besoins du marché du travail, les cibles des programmes, l'efficacité de la coopération avec les provinces ou si les demandes sont limitées encore davantage.
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Effectivement. On ne peut pas y voir une réussite en matière de développement de logiciel.
En 2006, nous nous sommes penchés précisément sur la gestion des gros projets de TI. Nous avons étudié le système mondial de gestion des cas et avons relevé un certain nombre de problèmes, dont les changements apportés à l'étendue du projet. Il a été difficile, d'autre part, d'obtenir du financement pour le projet. De plus, on manquait de personnes compétentes pour le mener à bien et le programme était plus complexe que ce à quoi on s'attendait au départ. Bref, il y a eu une série de défis et de difficultés au fil du temps.
Le système a toujours été très important, parce que les gens des missions sont ensevelis sous une montagne de paperasserie, à une époque où on pourrait s'attendre à ce que les systèmes soient informatisés. Le programme est censé entrer en fonction en juin l'an prochain et on espère qu'il améliorera l'efficacité. Mais, comme l'a dit plus tôt M. Flageole, il y a eu beaucoup de changements et de progrès dans le domaine du traitement électronique entre-temps, si bien que le ministère va sans doute devoir se pencher sur la question assez rapidement, vu que le système a été développé il y a déjà plusieurs années.
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Laissez-moi revenir à la question des rapports avec les provinces, dans deux domaines que vous avez signalés dans le rapport, pas nécessairement en ce qui concerne les recommandations, mais plustôt en ce qui concerne la façon dont vous présentez ces relations entre le gouvernement fédéral et les provinces.
Il y a deux domaines, le premier tenant au changement apporté à la loi, à la partie 6 du budget, le projet de loi , qui a changé le système de points d'appéciation pour le rendre plus dépendant des besoins économiques du Canada, des forces du marché et de la façon dont on peut devenir résident permanent au Canada par le biais d'une demande de ce type.
À ce sujet, vous avez évoqué la question de la façon dont on a déterminé les catégories retenues — 38 en 2009 — et vous avez suggéré la marche que nous devrions suivre pour déterminer ces catégories. J'ai trouvé cela très intéressant, vu que j'ai participé au processus, à titre de secrétaire parlementaire, et que j'ai constaté avec quel souci du détail ce travail a été effectué et avec quel soin on s'est adressé aux intéressés susceptibles de nous conseiller: syndicats, syndicats de la fonction publique, gouvernements provinciaux ou entreprises... Nous avons commencé par passer en revue une liste exhaustive, pour veiller à faire les bons choix dès le départ et ensuite, nous avons mis sur pied un processus pour bien choisir les bonnes catégories et aider véritablement les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral, de façon à assurer le succès de l'entreprise à long terme.
Vous n'avez pas formulé de critiques, mais vous vous êtes interrogés sur la façon dont le processus allait fonctionner. Je m'en formalise un peu, vu le caractère extrêmement exhaustif et détaillé du processus auquel j'ai participé pour l'établissement et l'examen de la liste.
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Merci, monsieur le président.
Comme nous le signalons dans notre rapport, selon les ententes, les provinces ne sont pas tenues d'obtenir une entente ou une approbation de quelque sorte que ce soit à l'avance; elles peuvent choisir leurs propres catégories et simplement en informer le ministère.
On travaille actuellement à une évaluation globale, qui est sans doute vraiment essentielle pour savoir comment le système fonctionne. Il y a dans les ententes une exigence selon laquelle les provinces doivent fournir des renseignements au gouvernement fédéral quant à la rétention des candidats dans la province mais, nous le signalons dans le rapport, ces renseignements sont soit absents soit incomplets, si bien que le gouvernement fédéral n'a pas une bonne idée de ce qui se passe vraiment dans les provinces.
On s'attendait, au minimum, qu'il y ait des échanges, parce qu'au bout du compte, c'est le gouvernement fédéral qui est responsable de la question. Comment savons-nous si les provinces font même un suivi de leur programme? Il faut une meilleure coordination et un meilleur partage de l'information. Selon moi, l'évaluation globale est vraiment importante. De plus, on s'attendrait à plus de discussions au sujet des catégories de professions. Peut-être n'y aurait-il pas nécessairement de correspondance exacte, mais si les provinces ont des catégories de professions complètement différentes des 38 catégories fédérales, on s'attendrait à ce qu'elles expliquent pourquoi.
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Peut-être que lorsque vous avez examiné la question, c'est un domaine où nous n'avons pas assez bien expliqué comment le processus fonctionnait. J'en déduit qu'il faut aller plus loin. N'empêche que j'ai aussi des difficultés quand, par exemple, je prends la catégorie des aides familiaux résidants que vous avez étudiée. Là encore il s'agit du suivi: savons-nous si la personne ayant obtenu un emploi est effectivement payée correctement? Savons-nous si elle est traitée comme il faut? Fait-elle le travail qu'elle avait convenu de faire?
Ce sont deux domaines où je m'attends à ce que nous nous heurtions à de vraies difficultés. Notre comité a effectué un examen du Programme des aides familiaux résidants temporaires, comme vous le savez sans doute. D'ailleurs, le rapport vient d'être adopté à l'unanimité à la Chambre des communes. Il comporte des recommandations bien précises, formulées par le comité. Deux d'entre elles, les recommandations 4 et 5, recoupent assez exactement les problèmes que vous avez soulevés.
C'était plus une remarque qu'une question que j'avais, peut-être. Je comprends que vous estimiez que le ministère doit communiquer davantage avec les provinces et les territoires, vu qu'au bout du compte, c'est lui qui est responsable, lorsqu'il s'agit...
J'ai en main certains chiffres provenant du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. Je vais vous les soumettre et vous pouvez peut-être nous dire comment la situation a évolué.
En 2004, nous avons admis 113 442 travailleurs qualifiés au Canada. En 2009, nous en avons admis 103 736. Il s'agit d'une baisse de 10 p. 100.
En 2004, nous avons admis 90 668 travailleurs temporaires étrangers. Et voici où le bât blesse, et mes collègues d'en face devraient certainement prendre bonne note de ce chiffre: en 2009, nous avons admis 192 500 travailleurs temporaires. Il s'agit d'une augmentation de 210 p. 100.
D'une part vous dites que les niveaux d'inventaire ont diminué de 29 p. 100 et pourtant, malgré cela, il faudra 25 ans. Nous accueillons des travailleurs temporaires pour répondre aux besoins en travailleurs qualifiés et ces personnes passent de deux à quatre ans chez nous. Elles n'enrichiront pas leur vie après leur départ, puisqu'ils laisseront une partie de leur vie derrière eux au Canada. Dans vos calculs, avez-vous réussi à résoudre ce problème?
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Permettez-moi de répondre, monsieur le président.
La réponse consiste à effectuer une bonne analyse des besoins du marché du travail et d'effectuer une évaluation afin de déterminer si les programmes répondent effectivement aux besoins.
Vous parlez d'une baisse de 10 p. 100. Cependant, lorsque nous avons mené la vérification, nous avons constaté, et cela ressort de la pièce 2.5, que le nombre de personnes acceptées dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral avait baissé à 18 000 personnes, ce qui représente une baisse importante. C'est la raison pour laquelle nous affirmons que les programmes ont connu des changements importantes et que des changements importantes sont également prévus pour l'avenir.
Est-ce bien ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins du marché du travail et allons-nous dans la bonne direction? Nous ne pouvons évidemment pas commenter cela, mais nous nous attendions à une analyse à l'appui de ces changements importantes et à une évaluation de leur réponse aux besoins du marché du travail. Nous nous serions attendus également à voir une évaluation des programmes.
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre mon intervention sur l'allocation des ressources dans différentes ambassades dans le monde qui se trouvent à imposer de facto un quota sur une base géographique et même, indirectement, sur une base ethnique, puisque il y a un regroupement par ambassade.
Je veux parler aussi des difficultés de certaines ambassades où il y a des problèmes de gestion. À Nairobi, par exemple, il y a souvent des dossiers qui sont carrément perdus; on doit envoyer des choses de nouveau, etc.
Je me suis toujours demandé pourquoi on fait ce traitement dans les ambassades de par le monde plutôt que de le faire directement au Canada. Par exemple, pour le programme québécois, les demandes sont traitées en sol québécois par des fonctionnaires québécois, sur lesquelles on a un meilleur contrôle.
Vous êtes-vous déjà penchée sur la question de l'efficacité de ce mode de gestion éparpillé partout dans le monde, avec toutes sortes de personnes de différentes cultures et de différents modes de fonctionnement, par opposition à ce que ce pourrait être si c'était géré à partir du Canada?
Au point 8 de votre exposé, vous parlez du suivi auprès des travailleurs temporaires qui sont arrivés ici. Lorsque ce comité a étudié cette question, il avait fait une recommandation visant à instaurer une visite obligatoire des travailleurs étrangers temporaires après trois mois, pas nécessairement par des représentants gouvernementaux, puisque ça pourrait être lourd, mais par des ONG accréditées à cette fin, par exemple. Donc, trois mois après leur arrivée ici, on irait les voir pour s'assurer qu'ils travaillent bien là où ils sont supposés travailler, et pour voir s'ils ont de bonnes conditions salariales, si l'employeur respecte les lois, etc. Cela avait été recommandé par ce comité. On verra s'il y a lieu d'y donner suite.
Croyez-vous que cela pourrait être un mécanisme intéressant pour faire un suivi de ce qui se passe une fois qu'on a émis un avis relatif au marché du travail et qu'on a émis le visa? On pourrait ainsi voir si, effectivement, c'est mis en oeuvre ensuite.
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C'est 2012. Nous avons donc un projet pilote de dix ans.
Compte tenu du nombre important de travailleurs étrangers temporaires admis, les travailleurs moins formés sont certainement en demande, mais aucun guichet n'est prévu pour eux, de sorte qu'ils doivent trouver un moyen quelconque d'être admis.
Avez-vous étudié les répercussions pour ce qui est du nombre de personnes qui demandent le statut de réfugié au Canada parce qu'elles souhaitent travailler ici, parce qu'elles ont un emploi ici, parce qu'on a besoin de leur capacité de travail ici et parce qu'elles souhaitent rester ici? C'est la raison pour laquelle elles sont ici; elles sont passés par la mauvaise filière. Il n'y a aucune filière leur permettant de rester au Canada en permanence et ils ont donc choisi la filière des réfugiés.
L'avez-vous remarqué? Doit-on s'en inquiéter?
Pour terminer, je voudrais parler du contrôle de la qualité du processus. Vous avez fait plusieurs recommandations à ce sujet, tant en 2000 qu'en 2006, mais il ne semble pas y avoir eu de suivi. Aucun cadre n'assure la qualité des services et surtout — et je sais que nous sommes plusieurs à nous préoccuper de cela — l'équité du traitement des demandes.
Lorsque des demandes sont étudiées par nos agents à l'étranger, il faudrait que les critères appliqués et les réponses rendues soient passablement les mêmes que partout ailleurs. Je me demande si l'informatisation des dossiers ne pourrait pas être un atout en ce sens. En effet, l'évaluation des dossiers sous cette forme pourrait être plus équitable, moins personnalisée que sur papier. Dans ce dernier cas, la qualité de la présentation, du papier ou des documents est toujours un facteur.
Madame Fraser, vous avez dit que tous les bureaux atteignaient leurs objectifs. Vous avez aussi mentionné le nombre d'employés affectés. Nous menons deux études à ce sujet, et nous avons remarqué que dans des bureaux tels que ceux de Nairobi, du Ghana et de Kingston, en Jamaïque, de même que dans d'autres bureaux qui traitent des demandes provenant d'Afrique, les délais sont beaucoup plus longs que dans d'autres régions.
Le ministre dote ces bureaux en personnel, et ceux-ci atteignent leurs objectifs. Pourtant, il reste des problèmes évidents dans les bureaux d'immigration qui traitent des demandes provenant d'Afrique. Comment expliquez-vous cela?