:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Lorsque nous nous sommes rencontrés le 2 mars dernier, je vous ai exposé brièvement le rôle du Commissariat. Depuis, j'ai envoyé une réponse à la question du comité, à savoir comment le traitement accordé par le Canada relativement aux déplacements parrainés des députés se compare au traitement accordé par d'autres pays. J'espère que ces renseignements vous ont été utiles.
[Français]
J'aimerais maintenant vous présenter mes collègues qui sont à mes côtés aujourd'hui: Mme Denise Benoit, directrice, Gestion coopérative, et Mme Lyne Robinson-Dalpé, commissaire adjointe, Conseils et conformité.
Comme vous le savez, j'ai été nommée le 7 juillet 2007, date de l'entrée en vigueur de la Loi sur les conflits d'intérêts régissant la conduite des titulaires de charge publique. Je suis responsable d'administrer la loi de même que le Code régissant les conflits d'intérêts des députés.
[Traduction]
Lorsque j'ai témoigné devant le comité à la même époque l'an dernier, j'ai qualifié les premiers mois de mon mandat de période de transition et d'apprentissage. À mon arrivée, j'ai dû relever des défis immédiats sur le plan des capacités, étant donné que je devais faire respecter une nouvelle loi et un code qui venait d'être considérablement remanié. De plus, j'assumais le nouveau mandat du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique. Nous avons dû très rapidement être en mesure de communiquer des renseignements clairs à ceux qui sont visés par la loi et par le code afin de fournir des interprétations justes et cohérentes et élaborer des systèmes internes nous permettant de respecter les délais de conformité établis dans la loi et dans le code.
Par rapport aux sept premiers mois qui ont suivi mon entrée en fonction, le dernier exercice a été une période de consolidation et de renforcement des fondements. J'ai le plaisir de vous informer que j'ai donné suite aux priorités que j'avais établies l'an dernier pour le Commissariat et que nous demeurons engagés à fournir aux titulaires de charge publique le soutien dont ils ont besoin pour respecter leurs obligations. Les titulaires de charge publique et le public peuvent désormais avoir accès à des renseignements de meilleure qualité et en plus grande quantité; nos procédures et nos systèmes ont gagné en efficacité, et les arriérés et les retards dans la gestion des dossiers ont été pratiquement éliminés.
J'aimerais consacrer quelques minutes au travail de mon bureau au cours de l'exercice écoulé, car j'estime que cela permet de comprendre les prévisions financières de l'exercice en cours. Que ce soit la gestion de la conformité ou la prestation de conseils, la communication et la prévention ont été et sont toujours mes priorités en tant que commissaire. En plus de fournir des services personnalisés aux députés et aux titulaires de charge publique, mon bureau a mené diverses activités pour que tous ceux qui sont visés par le Code régissant la conduite des députés ou la Loi sur les conflits d'intérêts comprennent et connaissent leurs obligations.
Nous avons remanié notre site Web pour qu'il soit plus convivial. Nous avons émis des lignes directrices sur les cadeaux et les remboursements ayant trait aux fiducies. Nous avons également publié des avis d'information sur des questions d'intérêt général portant sur les activités politiques ainsi que sur l'après-mandat et les dispositions de la Loi sur le lobbying. Nous avons aussi publié un avis sur les comptes d'épargne libres d'impôt, créés en janvier 2009, et leurs conséquences pour les mesures d'observation visant les titulaires de charge publique.
L'an dernier, mon personnel et moi-même avons rencontré divers groupes de titulaires de charge publique, notamment des dirigeants et des membres de commissions et tribunaux fédéraux, ainsi que des ministres et leur personnel, pour discuter de l'application de la loi à leur situation particulière. Ces séances d'information revêtent une importance particulière pour le cabinet de chacun de ces ministres, en raison non seulement des changements relativement fréquents de personnel, mais également de la nécessité d'informer les candidats des exigences de la loi. Fin novembre 2008, peu de temps après les dernières élections, j'ai animé une séance d'orientation destinée aux nouveaux députés sur les obligations qui leur incombent en vertu du code régissant leur conduite. Au cours de l'exercice, grâce au service de courriel Communiqué, nous avons continué de transmettre des renseignements sur ce code aux députés, tel que l'annonce des formulaires de déclaration nouvellement approuvés et la disponibilité du registre des députés sur notre site Web.
Pour ce qui est de la sensibilisation et de l'information du public, j'ai prononcé des discours pour expliquer mon rôle et mieux faire connaître les régimes de déontologie des titulaires de charge publique et des députés. De plus, nous avons amélioré les registres publics pour les titulaires de charge publique et les députés afin de les rendre plus accessibles et plus compréhensibles pour le public en général. Fin mars, le registre électronique pour les députés est devenu opérationnel, et les Canadiens peuvent désormais consulter rapidement et aisément toutes les déclarations publiques, non seulement des titulaires de charge publique, notamment les ministres et les secrétaires parlementaires, mais également des députés.
Une bonne partie de notre travail est de nature opérationnelle. Nous fournissons aux 308 députés, de même qu'à un peu plus de 1 000 titulaires de charge publique principaux, des avis confidentiels concernant les mesures initiales d'observation liées aux biens et exigibilités, aux activités extérieures, aux cadeaux, aux invitations à des activités, aux obligations après-mandat et aux autres circonstances pouvant donner lieu à un conflit d'intérêts. Nous gérons également un registre public pour les déclarations publiques comme l'exigent la loi et le Code régissant la conduite des députés.
L'an dernier, année des élections, a entraîné une augmentation de la charge de travail, car il a fallu créer de nouvelles mesures d'observation et procéder à la refonte des mesures existantes pour l'ensemble des députés ainsi que pour les nouveaux ministres du Cabinet, ministres d'État, secrétaires parlementaires et leur personnel respectif. Nos conseillers ont fourni des services rapides et efficaces dans les délais prévus.
Je suis heureuse de pouvoir déclarer que nous avons réussi, l'an dernier, à réduire notablement, voire à éliminer, les arriérés dans divers secteurs opérationnels, surtout pour ce qui est des examens annuels des renseignements contenus dans les rapports confidentiels des titulaires de charge publique principaux. Pour ce faire, nous avons eu recours à de nouveaux systèmes de suivi et de déclaration et à une saisie de données plus uniforme.
Ayant réduit les arriérés, nous avons pu mettre en place, en novembre dernier, le régime de pénalités qu'exige la Loi sur les conflits d'intérêts. Dans le cadre de ce processus, nous avons établi un système d'avertissements concernant certains délais de divulgation précisés dans la loi. Ces avertissements ont été très efficaces pour encourager l'observation de la loi. Je n'ai pas encore eu à dresser de procès-verbal et je tiens à souligner que nous continuons à bénéficier de l'excellente collaboration des titulaires de charge publique principaux en matière de respect des délais d'observation initiaux.
Un aspect important de mon mandat consiste à mener des enquêtes et à présenter des rapports sur des allégations de non-respect du code ou de la loi par un député ou un titulaire de charge publique. Depuis avril dernier, j'ai étudié un total de huit demandes d'enquêtes émanant de députés. Six concernaient le code et deux demandes concernaient des titulaires de charge publique visés par la loi.
Entre le 1er avril 2008 et le 31 mars 2009, j'ai fait rapport de mes constatations relativement à quatre enquêtes. Une enquête qui a commencé pendant l'exercice précédent est toujours en cours.
Pour établir si je dois faire enquête, je cherche à savoir s'il y a eu un manquement manifeste aux dispositions du code ou de la loi et si l'on dispose de renseignements suffisants pour avoir des motifs raisonnables de croire qu'il y a eu manquement. Le code prévoit un processus strict qui comprend un délai dans lequel le répondant doit me présenter son point de vue avant que je ne prenne une décision. Bien que la loi ne prévoit aucune date limite pour les enquêtes, j'essaie de suivre un processus analogue.
Les motifs d'un refus d'enquête sont communiqués aux parties concernées, mais je ne peux les rendre publics moi-même.
L'an dernier, je me suis demandé si j'allais, de mon propre chef, donner suite à un certain nombre de demandes de la part de citoyens exigeant des enquêtes sur des députés et des titulaires de charge publique. Bien que rien ne m'oblige à donner suite à des demandes de quiconque autre que des députés, ce que la Cour d'appel fédérale a confirmé récemment après une contestation de Démocratie en surveillance, j'estime important d'analyser ces demandes soigneusement s'il semble y avoir une question qui est de mon ressort. Que ce soit en vertu de la loi ou du code, je suis habilitée à enquêter de mon propre chef lorsque j'ai des raisons de croire que l'un ou l'autre a été enfreint. Les demandes du public sont analysées de façon à établir si elles comportent suffisamment de renseignements pour appuyer les allégations. La plupart de ces dernières ne sont pas suffisamment étayées.
Cette année, je n'ai décidé qu'une seule fois de prendre l'initiative de faire enquête aux termes de la loi en raison de renseignements fournis par une personne qui n'était ni député, ni sénateur. Cette enquête est toujours en cours.
Comme je l'ai mentionné durant mon témoignage devant le comité le 2 mars 2009, j'ai procédé à un certain nombre de changements d'ordre organisationnel l'an dernier pour mieux tenir compte des besoins du Commissariat et mieux utiliser nos ressources humaines et financières. Il me reste peut-être encore quelques modifications à apporter aux opérations, mais nous sommes, à mon avis, tout près d'avoir le type de structure qui appuiera au mieux le mandat du Commissariat.
Au nombre de ces changements organisationnels, citons l'achèvement de l'examen de toutes les descriptions de tâches à tous les niveaux, qui visait notamment à établir une classification solide et harmonisée dans l'ensemble de l'organisation. Nous avons également actualisé nos politiques internes dans l'optique d'une saine gestion des ressources financières et humaines.
J'ai eu le bonheur de pouvoir conserver un certain nombre d'employés qui travaillaient pour l'ancien commissaire à l'éthique. Toutefois, la rotation du personnel demeure problématique. Même si nous avons réussi à attirer de nouveaux employés par divers moyens, notamment grâce à des concours et au programme Échanges Canada, nous continuons de perdre des effectifs à la fonction publique, qui offre plus de possibilités d'avancement. Je crois que cette situation est typique des petits organismes comme le Commissariat.
Nous constatons que les concours pour des postes de conseiller en matière de conformité donnent de meilleurs résultats lorsqu'ils sont ouverts au public, mais la dotation devient alors plus longue. Au 31 mars, il y avait huit postes vacants, soit 17 p. 100 de notre effectif. Nous avons également doté un certain nombre de postes en fin d'exercice, ce qui explique qu'il reste environ 900 000 $ dans mon enveloppe salariale. Je demeure convaincue que mon budget de 4,5 millions de dollars pour les salaires sera nécessaire afin d'appuyer la structure de mon organisme, une fois que tous les postes auront été comblés.
Une portion importante du budget de 1,8 million de dollars pour les postes autres que les salaires couvre le coût des services administratifs reçus en vertu de protocoles d'entente conclus avec la Chambre des communes, la Bibliothèque du Parlement et Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Le reste vise les coûts de fonctionnement normaux ainsi que les coûts des enquêtes menées aux termes du code et de la loi. Il comprend une réserve visant à répondre à des situations comme des projets spéciaux ou une demande anormalement élevée d'enquêtes et d'examens.
Comme je l'ai déjà indiqué, je suis très impressionnée par le dévouement des députés et titulaires de charge publique à l'égard des intérêts du public. Au cours de ce nouvel exercice, je continuerai à avoir comme priorité d'appuyer et de faciliter l'observation du code et de la loi grâce au maintien de mesures de sensibilisation et d'éducation. Nous sommes en train d'élaborer un plan de communication stratégique qui devrait nous permettre de cibler nos activités de sensibilisation sur ceux qui sont assujettis au code et à la loi ainsi que sur le grand public et les autres parties intéressées. Nous continuerons d'améliorer l'information concernant la loi et le code qui se trouve sur notre site Web.
Nous nous employons à maintenir des liens avec d'autres organisations en matière de régimes relatifs aux conflits d'intérêts et à nous familiariser avec les pratiques et les enjeux de chacun. Nous entretenons notamment des rapports avec le Réseau canadien des commissaires aux conflits d'intérêts, le Groupe d'experts sur les conflits d'intérêts de l'OCDE et le Council on Governmental Ethics Laws ou le COGEL, organisme américain fonctionnaires oeuvrant dans le domaine de l'éthique et des conflits d'intérêts.
Comme vous le savez peut-être, je travaille actuellement avec un sous-comité constitué récemment au sein du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre sur les règles concernant les cadeaux offerts aux députés. Nous avons déjà établi des lignes directrices pour les titulaires de charge publique, que l'on peut trouver sur notre site Web.
Dans mon prochain rapport annuel sur la Loi sur les conflits d'intérêts, je compte faire allusion à certaines des difficultés que j'ai rencontrées dans l'interprétation et l'application de la loi. Mon rapport annuel sera envoyé d'office à votre comité pour examen et je me réjouis des discussions que nous aurons à ce sujet avec vous.
Pour conclure, j'aimerais simplement dire que je pense que nous avons établi de solides assises pour le Commissariat au cours de l'exercice écoulé. Si nous avons toujours quelques difficultés à combler des postes, ce qui signifie que nous n'avons pas encore utilisé la totalité de notre budget salarial de l'exercice, nous avons néanmoins mis sur pied une bonne équipe et nous assumons les responsabilités qui nous ont été confiées jusqu'ici.
[Français]
Bien qu'il y ait encore des améliorations à apporter et que de nouveaux défis ne manqueront pas de se présenter, j'estime que nous disposons d'un organisme solide grâce auquel nous pourront y parvenir.
Je vous remercie de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions que vous pourriez avoir.
[Traduction]
Merci, je suis prête à répondre à vos questions.
:
Je pense que nous avons fait pratiquement tout ce que nous pouvions faire au chapitre des arriérés. En fait, il y a plusieurs différents délais prévus dans la loi et dans le code. En vertu de la loi, les députés disposent de 60 jours pour déposer leurs déclarations. Il arrive que nous ne recevions pas les déclarations à l'intérieur du délai requis lorsque, pour quelque raison que ce soit, nous n'avons pas été informés de l'entrée en fonction d'une personne. Aussitôt que nous en sommes avisés, nous envoyons immédiatement une lettre. Normalement, nous l'apprenons plus ou moins dans les 10 jours, puis nous faisons parvenir une lettre. Il est important de revenir en arrière. Nous effectuons maintenant une vérification à 30 jours lorsqu'on n'a pas communiqué avec nous, puis une autre à 50 jours.
Comme je l'ai dit, tout cela a été élaboré dans le but de mettre en place un système réglementé suffisamment rigoureux pour imposer des sanctions, car nous ne pouvons pas punir les gens avant d'être certains que ceux-ci savaient qu'ils avaient une obligation.
Le délai de 60 jours est presque toujours respecté aujourd'hui, parce que nous donnons un avertissement à 50 jours. Je pense qu'il nous est arrivé une ou deux fois de devoir entreprendre des démarches en vue d'une sanction. Les personnes concernées ont donc immédiatement pris les choses en main et se sont conformées. Pour ce qui est du délai de 120 jours, c'est un peu plus difficile, parce qu'il y a parfois des situations très compliquées avec lesquelles nous devons composer, particulièrement, lorsque les gens doivent se dessaisir de leurs biens. Il y a souvent des retards dans ces cas. J'oublie le nombre. Est-ce 38? C'est le chiffre qui me vient en tête: 38 personnes sur 1 000 n'ont pas respecté le délai de 120 jours. Nous nous en tirons quand même très bien, même pour ce qui est du délai de 120 jours.
Il y a d'autres délais qui sont difficiles à faire respecter, par exemple, pour les cadeaux. Les députés sont censés déposer une déclaration dans les 30 jours suivant la date de la réception du cadeau. Il n'y a pas énormément de cadeaux qui sont déclarés, alors c'est une situation un peu difficile à gérer. Notre système se compare au système fiscal; si les gens ne déclarent pas leurs cadeaux, il n'y a aucun moyen de le savoir, à moins de le lire dans les journaux. À ce moment-là, nous communiquons avec la personne concernée. Par conséquent, il n'y a aucune façon de savoir dans quelle mesure les gens omettent de déclarer leurs cadeaux.
Par ailleurs, lorsque les gens reçoivent une offre d'emploi ferme, ils doivent le déclarer, si je ne me trompe pas, dans les sept jours suivant l'offre. Je pense que la plupart s'y conforment, car nous le saurions de toute façon lorsqu'ils quittent leur emploi.
Il y a aussi les récusations. Comment pouvons-nous le savoir si les gens ne nous disent pas qu'ils auraient dû se récuser, à moins de le lire dans les journaux ou de l'entendre de quelqu'un d'autre? Ce sont donc le genre de choses pour lesquelles nous pouvons recevoir une demande d'enquête, par exemple.
Est-ce clair?