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Merci beaucoup, monsieur le président et bonjour.
Je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Je suis accompagnée aujourd'hui de mes collègues Henry Molot, sous-commissaire, et de Joe Friday, avocat général. Je suis véritablement enchantée de venir exposer à votre comité le mandat et le rôle du Commissariat à l'intégrité du secteur public, un organisme relativement nouveau.
J'ai été profondément honorée d'être la première personne à être nommée commissaire à l'intégrité du secteur public, et j'ai déployé considérablement d'effort à mettre sur pied une nouvelle organisation qui sera perçue par les fonctionnaires et la population canadienne comme étant efficace, crédible et digne de confiance. Il est très important que nous soyons vus comme un organisme qui répond à des sujets de préoccupation sérieux et qui trouve des solutions pertinentes, efficaces et concrètes aux problèmes. Notre objectif premier est d'améliorer la confiance dans nos institutions publiques et de soutenir la saine gestion publique.
D'importants progrès ont été réalisés depuis ma première comparution devant les deux chambres, mais il reste encore beaucoup à faire. J'ai l'intime conviction que l'élan que nous avons créé se poursuivra avec une grande vigueur et que nous nous en inspirerons pour aller de l'avant.
[Français]
J'aimerais vous parler aujourd'hui de notre mandat, de qui nous sommes, de notre raison d'être, mais également du préambule actuel de la loi, qui reconnaît essentiellement le rôle crucial de l'administration publique fédérale au sein de la démocratie canadienne et en fait état. Dans le préambule, on parle de l'intérêt public, et c'est très important. On parle d'accroître la confiance à l'égard de l'intégrité des fonctionnaires et des institutions publiques. Cela constitue la pierre angulaire sur laquelle repose l'établissement du secrétariat.
J'ai le sentiment que la crise économique actuelle attire notre attention sur le rôle joué par nos institutions publiques. En période de difficultés économiques, le rôle des institutions publiques est d'autant plus important. La nécessité et l'importance des programmes et services offerts par ces institutions n'ont jamais été aussi évidentes. Il en va de même pour la saine gestion.
[Traduction]
En cette période d'instabilité économique, je pense que notre organisation joue un rôle très important pour ce qui est de stimuler la confiance dans nos institutions publiques.
Il serait peut-être utile que je vous explique très brièvement notre mandat. Nous parlons essentiellement d'une loi et de deux régimes: le processus de divulgation d'actes répréhensibles et le processus de plaintes en matière de représailles.
Permettez-moi de commencer par le processus de divulgation d'actes répréhensibles. Selon la loi, constitue un acte répréhensible la contravention à une loi fédérale ou provinciale ou à un règlement pris sous le régime; l'usage abusif des fonds ou des biens publics; les cas graves de mauvaise gestion; le fait de causer — par action ou omission — un risque grave et précis pour la vie, la santé ou la sécurité des personnes ou pour l'environnement; la contravention grave à un code de conduite établi en vertu de la loi; ou bien le fait de sciemment ordonner ou conseiller à une personne de commettre un de ces actes répréhensibles. Comme vous pouvez le constater, cette définition est très large et chacun des éléments exige une attention très particulière.
Il incombe au commissariat de recevoir les allégations d'actes répréhensibles commis dans le secteur public et d'enquêter sur ces allégations. Tout fonctionnaire ou membre du public peut divulguer des renseignements au sujet d'actes répréhensibles présumés dans le secteur public.
[Français]
La loi prévoit que j'ai le pouvoir de déterminer si une enquête est justifiée, selon le bien-fondé de chaque cas. Lorsqu'une enquête est ouverte, nous mettons à profit non seulement l'expertise et l'expérience combinées du personnel du secrétariat, mais aussi, à l'occasion, celle d'experts-conseils de l'extérieur. Nous effectuons des analyses juridiques et utilisons des techniques d'enquête pour trouver le meilleur règlement possible.
Nos enquêtes sont confidentielles, ce qui est de première importance. Dans chaque cas dont nous sommes saisis, notre travail est guidé par l'intérêt public. S'il y a un acte répréhensible, nous informons l'administrateur général, recommandons des mesures correctives et déposons un rapport au Parlement.
[Traduction]
Je dois dire que les fonctionnaires ont le choix. Ils peuvent communiquer avec leur supérieur immédiat, ils peuvent s'adresser à l'agent supérieur désigné au sein de leur organisation, ou ils peuvent s'adresser directement à mon bureau. Par ailleurs, les membres du public peuvent communiquer directement avec le commissariat.
Permettez-moi de vous parler maintenant du deuxième élément très important qui est prévu par la loi et qu'on appelle le processus de plaintes en matière de représailles. Le second volet du mandat est tout à fait essentiel, car nous avons le pouvoir exclusif et unique de protéger les fonctionnaires en cas de représailles. Naturellement, nous parlons ici de fonctionnaires qui divulguent un acte répréhensible.
Il s'agit d'une mesure novatrice et importante adoptée par le Parlement. Les représailles sont expressément interdites par la loi, et si des représailles sont exercées, nous devons y faire face sans tarder et avec fermeté.
[Français]
La loi définit les mesures de représailles comme suit: toute sanction disciplinaire; la rétrogradation du fonctionnaire; son licenciement; toute mesure portant atteinte à son emploi ou ses conditions de travail; toute menace de prendre l'une de ces mesures ou de les faire prendre par une autre personne.
Lorsque le commissariat est saisi d'une plainte de représailles, il y a des échéanciers très courts, et j'ai demandé d'être informée dès qu'une allégation de représailles est portée à l'attention de notre bureau. Selon la loi, j'ai le pouvoir de refuser de traiter une plainte, par exemple si elle a été faite de mauvaise foi ou si elle n'est pas de mon ressort. Chaque fois que quelqu'un communique avec notre bureau, on veut s'assurer qu'on l'écoute, qu'on traite sa demande et qu'on le réfère au meilleur endroit afin de trouver une solution.
La loi parle de traiter et de protéger contre les représailles dans la mesure du possible sans formalisme et avec célérité, ce qui est un élément très important. J'ai également le pouvoir discrétionnaire de déférer une plainte au Tribunal de la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, qui, lui, peut ordonner des mesures de réparation ou des sanctions disciplinaires.
[Traduction]
Permettez-moi maintenant de vous parler brièvement du premier rapport annuel que j'ai déposé devant le Parlement. Nous avons distribué un petit dépliant que vous avez devant vous. Ce que j'aimerais porter à votre attention, c'est le thème de notre premier rapport annuel: « Bâtir ensemble la confiance », suivi des trois mots « informer », « protéger » et «prévenir ». Il s'agit véritablement des piliers sur lesquels repose le commissariat et la loi. Permettez-moi de vous expliquer comment ils sous-tendent les observations que je vous présenterai aujourd'hui.
D'abord « informer ». Nous devons faire savoir aux fonctionnaires et au grand public qui nous sommes, mais aussi ce que nous ne sommes pas.
[Français]
Le rapport annuel a été un moyen de rejoindre la population et de communiquer avec nos partenaires ce que représente notre organisation et ce qu'est notre mandat. Il est encore temps de s'investir davantage afin de mieux faire connaître notre rôle, par exemple que notre commissariat a compétence sur 400 000 fonctionnaires et que les membres du public peuvent divulguer des renseignements au sujet d'actes répréhensibles. Gardant à l'esprit notre rôle qui consiste à informer, nous poursuivons à plein régime nos activités de liaison.
[Traduction]
C'est ensemble que nous devons bâtir la confiance dans le processus et dans nos procédures. Les administrateurs généraux ont un rôle direct et concret à jouer pour informer tous ceux qui travaillent au sein de leurs organisations, notamment par la nomination d'un agent supérieur chargé de recevoir les allégations d'actes répréhensibles et de prendre des mesures en conséquence.
Par ailleurs, il serait négligent de ma part de ne pas préciser que l'ancienne Agence de la fonction publique du Canada, maintenant le Bureau du dirigeant principal des ressources humaines attaché au Secrétariat du Conseil du Trésor, a un rôle particulier à jouer et qu'il doit appuyer le ministre du Conseil du Trésor.
Une chose est devenue très claire depuis que je suis commissaire: nous ne pouvons agir seul. Nous ne pouvons tenir pour acquis que les gens savent exactement qui nous sommes simplement parce que le Parlement a créé mon bureau, et parce que le bureau existe et qu'il fonctionne comme il se doit depuis le premier jour de la mise en oeuvre de la loi. Il y a toujours beaucoup de confusion et beaucoup de travail à faire.
Le défi d'informer nos partenaires est toujours présent. Je pense que tout le monde a un rôle à jouer, notamment la fonction publique, les médias, les membres de votre comité et vos confrères parlementaires, pour nous aider à faire en sorte que tous connaissent notre existence et notre mandat et que tous aient confiance en notre capacité de réaliser notre mandat et de protéger leurs intérêts.
Le mot « protéger » est très important dans le titre de la loi. Nous devons protéger la confidentialité des divulgations, mais aussi la confidentialité du processus lui-même et de tous ceux qui participent à ce processus. Encore une fois, j'ai mentionné précédemment la tenue d'enquêtes rapides et informelles, et le respect des principes de la justice naturelle et de l'équité procédurale. Nous ne menons pas d'enquêtes criminelles. Il s'agit plutôt d'administration publique et de droit administratif. Nous devons reconnaître les nombreux intérêts qui sont en jeu. Nous devons par ailleurs reconnaître qu'il y a des réputations et des carrières en jeu dans le cadre de ce processus.
[Français]
La capacité d'offrir une protection réelle et efficace est très importante. Dans le prochain rapport annuel, que j'espère pouvoir déposer prochainement, je pose la question: les personnes ont-elles peur de divulguer et, le cas échéant, pourquoi? Quel rôle collectif pouvons-nous jouer pour nous assurer encore une fois que les questions sont soulevées et qu'on y répond?
[Traduction]
Brièvement — je sais que le temps file —, je voudrais parler du troisième pilier de mon mandat, qui est la prévention.
Dès mon arrivée en poste, j'ai fait le choix délibéré, avec l'appui d'éminents juristes et du Parlement, d'interpréter notre mandat de façon à inclure la prévention. Le commissariat n'hésitera certainement pas à utiliser tous les pouvoirs d'enquête prévus par la loi, mais je pense que le modèle d'exécution de la loi n'est pas suffisant. Pour atteindre notre objectif, nous devons promouvoir un comportement éthique et améliorer la confiance grâce à la prévention d'actes répréhensibles.
[Français]
J'aimerais aussi préciser que je ne suis ni la vérificatrice générale, ni la présidente des droits de la personne, ni la responsable du processus de dotation. Mon rôle est complémentaire et ne doit pas chevaucher celui des tribunaux administratifs spécialisés. Encore une fois, le but est de protéger les intérêts de toute personne qui vient frapper à notre porte.
Avant le début de la séance, j'ai parlé avec certains membres du comité du fait qu'il n'était pas facile de créer une nouvelle organisation. Cela comporte d'énormes défis mais aussi des occasions. On invente des processus, on interprète la loi en étant guidés par le Parlement, mais aussi par toutes les personnes consultées au cours des deux dernières années. Ça fait en sorte, je pense, que notre mandat est ancré dans la réalité et orienté vers des solutions. En effet, on ne veut pas identifier seulement des problèmes, on veut aussi identifier des solutions.
[Traduction]
La création d'un nouvel organisme pose des défis à tout gouvernement et à toute entreprise, et le commissariat n'a pas fait exception. Nous avons eu à interpréter la loi et à élaborer des directives tout en embauchant des employés, en aménageant nos bureaux et en mettant en place des systèmes et des processus de base. Nous devions nous assurer que notre organisme avait les structures de gestion et de responsabilité qui garantiraient le bon déroulement de nos activités quotidiennes. Certainement, cette expérience m'a permis de prendre pleinement conscience des défis uniques que relèvent les petits organismes.
[Français]
Le comité est peut-être intéressé à la question du budget. Il me fera plaisir de répondre à des questions à ce sujet. Le budget qui nous est alloué est de 6,5 millions de dollars. Parce qu'il s'agit d'une jeune organisation, nous avions prédit dépenser 3,7 millions de dollars, mais nous avons dépensé 3,6 millions de dollars. Au cours des années à venir, nous allons bâtir sur notre expérience. Nous utilisons des ressources diversifiées afin de nous assurer que nous disposons de toute l'expertise nécessaire. Je suis consciente qu'il y a un examen de cinq ans et que nous allons orienter nos recherches et notre travail de façon à alimenter les questions et répondre à toute préoccupation relativement à notre mandat.
[Traduction]
Monsieur le président, cela a été un honneur de comparaître devant votre comité. Il me fera plaisir de répondre à toute question que vous ou vos membres pourriez me poser.
Merci.
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Oui, et je serai très bref.
Cette technologie est nouvelle et je crois qu'elle est passionnante. Elle est aussi controversée. Afin de nous assurer que Google et Canpages, les deux plus importants fournisseurs de surveillance de rue, respectent la LPRPDE, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, et que la vie privée des Canadiens soit protégée, je crois que nous devons discuter maintenant de ce sujet.
En annonçant qu'elle avait déjà commencé à photographier les villes canadiennes pour son système de cartes 3D en ligne, Street View, Google a provoqué une nouvelle discussion au sujet des lois sur la protection de la vie privée. Les véhicules de l'entreprise passent dans les grandes villes canadiennes avec des caméras de 360 degrés, et enregistrent des images qui pourront être vues par les navigateurs Internet curieux partout dans le monde. Des entreprises comme Canpages essaient d'offrir un service semblable.
La commissaire à la protection de la vie privée a soulevé des questions sur cette technologie. Dans une lettre ouverte à Google en août 2007, et reprise dans un feuillet d'information que certains membres de notre comité ont reçu, la commissaire à la protection de la vie privée pose des questions sur ce service de carte 3D en ligne et se demande s'il respecte la LPRPDE.
La commissaire a refusé de rendre une décision finale. Jusqu'à cette semaine, il n'y a pas eu de décision finale à savoir si ce service est permis, et il n'y aura pas de telles décisions jusqu'à ce qu'une plainte soit déposée auprès d'elle. Et cela ne se fera pas tant que le service ne sera pas en ligne avec des images canadiennes. Malheureusement, il sera alors peut-être trop tard. Nous croyons qu'il serait à l'avantage de notre pays que notre comité en discute avant que des conflits surgissent.
Des inquiétudes ont été soulevées partout dans le monde. Il y a eu des inquiétudes frivoles, comme celles d'hommes en Speedo qui ont dit que les images d'eux sur Internet ont horrifié des gens partout dans le monde. Mais il y a eu des inquiétudes plus sérieuses, des gens qui dirigent des abris pour itinérants ont peur que des photos de leurs clients soient mises sur Internet et que leur vie privée soit attaquée, des refuges pour femmes pourraient se retrouver sur Internet et celles qui demeurent dans ces refuges pourraient être identifiées. Il y a eu un législateur californien qui a fait le lien entre une technologie semblable de Google qui, d'après lui, a été utilisée par les terroristes qui ont attaqué Mumbai.
La BBC a ensuite rapporté que Privacy International avait demandé au ICO de fermer temporairement Street View de Google, alléguant que l'application a clairement causé des embarras et créé des dommages à de nombreux Britanniques. Les citoyens d'une ville en Angleterre ont empêché l'auto de Street View d'entrer dans leur ville en formant une chaîne humaine dans la rue.
Il y a donc eu beaucoup de discussions. Je crois qu'on a parfois utilisé un peu d'hyperbole, et je crois qu'on a parfois exagéré les dangers de cette technologie. Tout de même, des préoccupations légitimes demeurent concernant l'endroit où seront entreposées les images, et si nous voulons que des millions d'images de Canadiens soient entreposées dans un endroit, quelles images seront rendues floues, et si cela sera fait non seulement pour Internet mais aussi pour les archives de Google, et si toutes les lois seront respectées lors de la mise en oeuvre de ces services.
Je crois qu'une discussion intéressante nous attend et notre comité a une expertise dont il peut profiter. Sans plus attendre, je propose ma motion.
Merci.