:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux de passer une partie de l'après-midi avec vous.
[Français]
Je suis ravi d'avoir cette occasion de comparaître devant vous afin de discuter des 12 recommandations du commissaire à l'information et de la réforme de la Loi sur l'accès à l'information.
[Traduction]
Je propose de prendre quelques minutes pour expliquer au comité le contexte de la réforme de la Loi sur l'accès à l'information, et je ferai ensuite quelques commentaires sur certaines recommandations du commissaire. Je crois que ces commentaires vous aideront dans votre réflexion et dans votre analyse. Enfin, je serai heureux de répondre à vos questions.
Les membres du comité se souviendront que la première mesure législative importante du gouvernement était la Loi fédérale sur la responsabilité, qui a été présentée au printemps 2006 et qui a reçu la sanction royale le 12 décembre de la même année. La Loi fédérale sur la responsabilité a permis au gouvernement d'apporter des modifications importantes à la Loi sur l'accès à l'information. Cette loi n'avait pas été modifiée en profondeur depuis son entrée en vigueur le 1er juillet 1983.
L'une des modifications apportées à la Loi fédérale sur la responsabilité était l'élargissement de l'application de la Loi sur l'accès à l'information de manière à inclure un certain nombre de hauts fonctionnaires et de mandataires du Parlement, plusieurs fondations, ainsi que la Commission canadienne du blé. Monsieur le président, j'aimerais prendre un moment pour décrire quelques-unes des autres importantes modifications qui ont été introduites par la Loi fédérale sur la responsabilité dans la Loi sur l'accès à l'information.
Pendant de nombreuses années, on a débattu de la pertinence d'étendre la couverture de la Loi sur l'accès à l'information aux sociétés d'État. D'un côté, on alléguait que les activités des sociétés d'État se déroulaient essentiellement dans le secteur privé et que, par conséquent, elles n'avaient pas à se préoccuper de la Loi sur l'accès à l'information. D'un autre côté, on alléguait que les sociétés d'État étaient liées au gouvernement et que, par conséquent, on devait être en mesure de leur soumettre des demandes d'accès à l'information.
Le gouvernement a considéré qu'il s'agissait bien de transparence et de responsabilité et a par conséquent étendu la couverture de la Loi sur l'accès à l'information aux sociétés d'État. Cependant, la réforme ne s'est pas arrêtée là. Je veux dire que le gouvernement aurait pu dresser une liste de sociétés d'État qui auraient été visées par la loi; nous avons plutôt modifié la loi afin qu'elle vise toutes les sociétés d'État mères et toutes leurs filiales à 100 p. 100. Depuis, la question est simple. Toutes les sociétés d'État et toutes leurs filiales à 100 p. 100 sont visées par la Loi sur l'accès à l'information.
J'aimerais mentionner une autre amélioration apportée à la Loi sur l'accès à l'information grâce à la Loi fédérale sur la responsabilité: le devoir d'assistance. Par cette disposition, on demande aux responsables d'institutions fédérales de faire tous les efforts raisonnables pour assister une personne qui présente une demande d'accès à l'information, de donner suite à sa demande de façon précise et complète, et de lui communiquer le document en temps utile et dans le format demandé. Ce devoir s'applique sans égard à l'identité du demandeur. La Loi fédérale sur la responsabilité a également introduit un certain nombre de réformes administratives que je ne mentionnerai pas ici.
Vous vous souvenez probablement qu'en avril 2006, lorsque le projet de loi fédérale sur la responsabilité a été présenté, le gouvernement a annoncé une approche en deux volets relativement à la réforme de l'accès à l'information. La première étape consistait à introduire des modifications qui ont été incluses dans la Loi fédérale sur la responsabilité. Ces modifications provenaient d'un certain nombre de propositions du commissaire à l'information précédent. La deuxième étape correspondait à un document de travail qui a suscité des préoccupations de la part de M. Reid, le commissaire à l'époque. Avant d'introduire les réformes, il fallait analyser ces préoccupations en profondeur et consulter les intervenants. C'est pourquoi mon collègue Vic Toews, qui était ministre de la Justice à l'époque, a présenté au comité au printemps 2006 un document de travail intitulé: Renforcer la Loi sur l'accès à l'information: Discussion d'idées inhérentes à la réforme de la Loi sur l'accès à l'information.
Dans l'introduction de ce document, on pouvait lire ce qui suit:
Le gouvernement... est résolu à consulter la population sur les processus continus d'élaboration des politiques et à faire en sorte que les députés fédéraux profitent de l'apport de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes.
Cet engagement tient toujours.
Dans ce document, on pouvait également lire que la Loi sur l'accès à l'information touche divers secteurs de notre société, et que l'application de cette loi fait l'objet d'opinions bien divergentes. Pour cette raison, il est approprié d'entendre différents points de vue relatifs aux propositions de réforme et d'élaborer des approches dans un forum public avant que le gouvernement présente, prépare, ou envisage un projet de loi.
C'est encore vrai aujourd'hui.
M. Toews a témoigné devant ce comité le 19 juin 2006, afin de présenter certaines préoccupations et certaines questions qui étaient expliquées dans le document de travail, et inviter les membres du comité à approfondir leur réflexion à ce sujet.
Plus particulièrement, mon collègue a entre autres déclaré:
En tant que ministre de la Justice, je suis convaincu qu'il serait utile pour le gouvernement de connaître le point de vue du comité sur la réforme de la loi. Votre travail, en tant que parlementaires, contribuera de façon importante à orienter cette réforme. Par conséquent, j'espère que votre comité étudiera le document de travail...
Le document de travail a été présenté au comité avec la ferme intention d'engager les parlementaires dans ce processus très important. En ce moment, je crois comprendre que vous ne consultez pas de nombreux intervenants dont l'opinion pourrait être d'une importance capitale dans ce domaine. Je profiterai donc une fois de plus de l'occasion pour rappeler à ce comité qu'à titre de ministre responsable, j'aimerais avoir toutes vos opinions à ce sujet.
J'ajouterai donc ma voix à celle de mon prédécesseur et j'encourage le comité à faire ce travail très précieux pour lequel il est des plus qualifiés, c'est-à-dire l'examen des défis et des enjeux soulevés dans le document de travail.
Quant aux recommandations de la commission, je dois vous dire que certaines des 12 propositions du commissaire sont traitées dans le document de travail. Je ne les analyserai pas en détail à moins qu'elles soient soulevées lors de la période de questions; je ne ferai que les mentionner brièvement. Il s'agit des documents confidentiels du Cabinet, de l'accès universel, de la couverture du Parlement, de délais supplémentaires accordés dans le cas de nombreuses demandes simultanées de la part d'un même demandeur, et de l'imposition d'une échéance pour le commissaire dans le cas d'enquêtes administratives.
Commençons avec la quatrième proposition de M. Marleau. Le commissaire à l'information recommande que la loi soit modifiée afin d'accorder au commissaire un pouvoir de décision sur la pertinence de réaliser ou non des enquêtes concernant des plaintes. À mon avis, cette proposition est liée étroitement à la recommandation 11, qui propose de donner aux plaignants le choix d'aller directement en Cour fédérale s'ils désirent se plaindre d'un refus relativement à leur demande d'accès. Il est intéressant de constater que ces deux recommandations ressemblent à deux recommandations du commissaire à la protection de la vie privée. Lorsque j'ai témoigné devant vous l'an dernier pour discuter de ces dix « solutions » rapides, j'ai exprimé mes préoccupations, que je répéterai aujourd'hui.
Mes préoccupations concernant les recommandations 4 et 11 du commissaire à l'information se rapportent en résumé à l'accessibilité à la justice. Selon le modèle actuel, le modèle de l'ombudsman, un demandeur d'accès peut se plaindre au commissaire s'il a essuyé un refus. Le commissaire doit enquêter, et après son enquête, il doit présenter ses constatations et faire des recommandations non contraignantes. Si le demandeur est insatisfait du résultat, il ou elle peut s'adresser à la Cour fédérale.
Ce qui me préoccupe le plus, c'est qu'aux termes de la loi actuelle, si le demandeur décide de soumettre l'affaire à la Cour fédérale, il peut profiter de tout le travail qui a été effectué lors de l'enquête du commissaire, tout comme des résultats de l'enquête.
Avec les modifications proposées par le commissaire, si le commissaire exerçait son pouvoir discrétionnaire et refusait de tenir une enquête concernant une plainte, le demandeur serait donc obligé de s'adresser directement à la Cour fédérale. Dans ce cas, le demandeur ne pourrait pas profiter de l'enquête du commissaire. Cela veut dire que le demandeur devrait partir de rien, tenter d'enquêter sur les raisons du refus qu'il a essuyé sans bénéficier d'aucun des pouvoirs d'enquête du commissaire. Bref, je vous encourage à tenir compte de ces questions d'accès à la justice lorsque vous examinerez ces deux recommandations.
Dans la recommandation 3, on recommande que le commissaire ait le pouvoir de rendre des ordonnances relativement à des questions administratives. D'après le commissaire, cela constituerait un troisième modèle, un hybride entre le modèle de l'ombudsman et celui des tribunaux. Par exemple, selon cette recommandation, une institution fédérale pourrait interjeter appel des ordonnances du commissaire relativement aux délais accordés. Par conséquent, les ressources de la Cour fédérale pourraient être de plus en plus sollicitées en raison de conflits concernant des aspects administratifs ou procéduraux de la Loi sur l'accès à l'information.
De plus, le comité doit tenir compte du fait que les besoins en ressources pourraient s'accroître si les institutions gouvernementales doivent se conformer aux ordonnances du commissaire.
Enfin, dans la recommandation 7, on propose entre autres d'étendre la couverture de la Loi sur l'accès à l'information aux dossiers liés à l'administration générale des tribunaux.
Je vous encourage fortement à tenir des consultations approfondies avec les tribunaux à ce sujet, étant donné la très grande importance que revêt l'indépendance judiciaire.
Pour finir, j'aimerais rappeler au comité que la Loi sur l'accès à l'information est un élément essentiel de l'obligation qu'a le gouvernement de rendre des comptes. C'est un élément fondamental de notre démocratie, et nous sommes chanceux que la loi nous accorde le droit de vérifier les gestes posés par le gouvernement. Nous ne devons pas permettre que ce droit démocratique soit modifié sans une réflexion exhaustive qui tient compte de tous les intérêts en jeu.
Par conséquent, j'encourage vivement ce comité à inviter des intervenants pour discuter de ce qui pourrait éventuellement être amélioré et parvenir à une démarche équilibrée qui reflète les besoins et les préoccupations de toutes les parties concernées.
Merci, monsieur le président; je serai heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur Nadeau.
Le gouvernement a évidemment pris connaissance des recommandations formulées par l'ancien commissaire. Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, je suis très heureux des changements que nous avons apportés à la Loi fédérale sur la responsabilité. Nous avons pris des mesures afin que les institutions gouvernementales, ainsi que les sociétés d'État, fassent preuve d'une responsabilité plus grande au regard de leurs activités. À mon avis, c'est un très grand pas en avant.
Je crois avoir signalé à quelques reprises les différents points pris en compte dans notre démarche et les obligations des personnes concernées de donner suite à ces demandes. Bien qu'elles soient très importantes, ce sont, à mon avis, de très bonnes réformes. En fait, je crois qu'il s'agit là des réformes les plus importantes visant cette législation depuis son entrée en vigueur le jour de la fête du Canada, en 1983.
Cela étant dit, vous avez devant vous les recommandations de l'actuel commissaire, M. Marleau. Je serais très heureux d'entendre vos commentaires à ce sujet ainsi que ceux de vos collègues du comité. J'aimerais savoir ce que vous avez à dire sur le sujet. Je vous le répète, lorsque vous aurez élaboré un rapport traitant de ces différentes recommandations, je serai toujours disposé à écouter ce que vous avez à dire sur le sujet.
Cependant, nous avons pris des mesures et, encore une fois, sachez que je ne ferme pas la porte.
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C'est une question très intéressante, et je vous remercie du préambule qu'il l'a précédée.
Je dirais, à propos de ce projet de loi, que j'ai entendu des gens me dire : vous devez la modifier. Je crois que cette loi a été adoptée en 1982 et qu'elle est entrée en vigueur en juillet 1983. Les gens disent que cette loi existe depuis 1982; que nous devons la mettre à jour, que nous devons la modifier. Et moi je réponds que je peux comprendre certaines des questions qui se posent. J'ai fait inclure des dispositions dans le Code criminel qui n'étaient même pas nouvelles en 1892, c'est-à-dire 90 ans auparavant. Très souvent, ce que l'on voit le gouvernement faire c'est tenter de réagir à des changements technologiques, et s'efforcer d'agir, en dépit d'un programme très chargé. Dans notre projet de loi sur le vol d'identité, par exemple, ou sur le vol d'autos, pour tout dire, nous tentons simplement de rattraper la technologie qui évolue.
Alors, oui, il s'agit d'un pas important. J'étais au gouvernement en 1984 lorsque cette loi est entrée en vigueur. Je ne pouvais m'empêcher de penser, à l'époque, combien cette loi était moderne et combien elle était importante pour les gouvernements, et à quel point elle était avant-gardiste.
Cela dit, le temps passe, des changements se produisent et, très franchement, j'étais heureux de voir ces changements se produire, que j'ai énumérés en partie, en vertu de la Loi fédérale sur la responsabilité. C'est pourquoi je disais à quelques-uns de vos collègues d'en face que je serais très heureux, que je pense qu'il conviendrait — et je crois que c'est la bonne chose à faire — d'obtenir votre avis sur ces questions.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Nicholson, il ne nous reste plus beaucoup de temps, et nous ne nous reverrons probablement pas de sitôt à ce comité. Comme vous le savez, nous sommes en 2009. Je vous l'indique, simplement pour vous situer dans l'espace et dans le temps. Ce que je vais vous lire a été adopté assez récemment, soit le 11 février 2009, par le Comité permanent de l'accès l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, donc par ce comité-ci, et a été présenté à la Chambre des communes le lendemain, donc le 12 février 2009. Vous pourrez lire la transcription verbatim, qui sera disponible. Le texte se lit comme suit:
Que le gouvernement dépose à la Chambre, d’ici le 31 mai 2009, une nouvelle Loi sur l’accès à l’information, renforcée et modernisée, qui pourrait s’inspirer des travaux du Commissaire à l’information M. John Reid.
Monsieur le ministre, vous n'avez pas perdu votre temps aujourd'hui. Vous connaissez notre position concernant la Loi sur l'accès à l'information. Vous savez donc exactement ce que vous avez à faire. Cette motion a été adoptée par ce comité, en présence de tous les partis. Il y en a quatre autour de la table, et nous sommes douze parlementaires. Le travail que nous réalisons présentement dure depuis plus de 20 ans. M. John Reid a fait le travail pour le gouvernement libéral, le gouvernement conservateur, toute la Chambre des communes et le Parlement canadien.
C'est indiqué noir sur blanc, et ça a été présenté à la Chambre des communes. Vous ne pouvez donc pas l'ignorer, monsieur Nicholson. Alors, n'essayez pas de nous faire perdre notre temps ou de noyer le poisson. Vous savez ce que le comité et la Chambre des communes attendent de vous. Vous pourrez faire le message à M. Stephen Harper, votre chef, qui a fait la promesse de moderniser la Loi sur l'accès à l'information. Ce que je vous ai lu avait été adopté à l'unanimité en novembre 2005, puis à la majorité en septembre 2006, et a été adopté de nouveau par ce comité en février 2009.
Merci.
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Je dois dire, monsieur Nadeau, que dans cette formulation, il n'y a aucune mention des recommandations faites par M. Marleau, le commissaire actuel. Si ce que vous me dites c'est que vous voulez qu'une loi voie le jour uniquement à partir des recommandations du commissaire précédent, je ne peux être d'accord avec vous, ne serait-ce que sur ce point.
Le commissaire actuel a présenté un certain nombre de recommandations que, j'espère, vous allez prendre au sérieux. J'ai le sentiment que si je faisais ce que vous me demandez de faire et que je disais: « Voici une loi fondée uniquement sur les propositions de M. Reid », vous seriez probablement un des premiers à vous plaindre à la Chambre des communes. Votre question, qui s'adresserait à moi ou au président du Conseil du Trésor, ressemblerait à ceci: « Pourquoi n'avez-vous pas tenu compte des commentaires de M. Marleau? Ses recommandations étaient très logiques et éclairées. Pourquoi n'en avez-vous pas tenu compte? »
Vous savez quoi, monsieur Nadeau? Vous auriez raison, parce que toute loi, tout changement, devrait tenir compte de toutes les recommandations présentées. Vous pouvez ne pas être d'accord et dire que nous avons examiné toutes ces recommandations et décidé que nous ne les aimions pas. Cela ne me dérangerait pas, mais le gouvernement est prêt à examiner ces choses.
Je vous ai parlé de la Loi fédérale sur la responsabilité, et vous m'avez demandé pourquoi nous n'en faisions pas davantage dans ce domaine. Vous savez bien que la priorité est l'économie, bon sang. C'est ce qui prévaut depuis six ou sept mois, et encore aujourd'hui; il n'a pas été facile d'en arriver au Plan d'action économique, avec tout ce que ça implique.
Il nous faut garder l'esprit ouvert à l'égard de toutes ces choses, mais pour l'amour, ne vous contentez pas des recommandations de M. Reid. Je crois que ce n'est que juste et raisonnable de tenir compte des recommandations du commissaire actuel.
Une voix:[ Note de la rédaction: inaudible]
J'aimerais aussi parler de l'article 24. Une des propositions présentées par le Commissaire à l'information, et qui me préoccupe, est cette forte recommandation d'abroger complètement l'article 24 et l'annexe II.
De ce que je comprends, l'article 24 a été mis en place pour fournir un meilleur niveau de protection que celui offert par les autres exemptions prévues par la loi. De plus, j'aurais cru, après avoir lu attentivement les dispositions prévues à l'article 24, que plusieurs d'entre elles relevaient de la sécurité nationale, de l'application de la loi et de la protection des renseignements personnels.
En même temps, je comprends que l'annexe II, qui contient la liste des clauses de confidentialité provenant des autres lois, est beaucoup plus exhaustive maintenant qu'elle ne l'était au milieu des années 1980. Il ne fait aucun doute que le comité devrait se pencher sur cette question. Cependant, compte tenu du type de renseignements de nature hautement délicate qui sont protégés par cette exemption, je ne comprends franchement pas comment quelqu'un peut en arriver à la conclusion que l'ensemble des exemptions doivent être annulées. Je ne peux certainement pas imaginer que l'on puisse adopter une telle approche sans avoir d'abord procédé à un examen approfondi et à des consultations avec les organismes visés, notamment Statistique Canada, l'Agence du revenu du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité, entre autres.
Monsieur le ministre, conviendrez-vous avec moi qu'il doit bien y avoir d'autres solutions que d'annuler complètement ces dispositions ou d'adopter le statu quo?
:
Merci, monsieur le président.
On s'entend pour dire qu'en 1987, le Comité de la justice formulait 100 recommandations pour réformer la loi. En août 2000, le président du Conseil du Trésor et le ministre de la Justice ont créé un groupe de travail composé de fonctionnaires pour étudier la loi, la réglementation et les politiques qui sous-tendent le régime actuel de l'accès à l'information.
En novembre 2001, le comité John Bryden a proposé une dizaine de recommandations prioritaires. Les parlementaires ont aussi eu l'occasion de débattre de cette loi, alors que plusieurs députés ont présenté des projets de loi d'initiative parlementaire.
En avril 2005, le ministre libéral Irwin Cotler a demandé à notre comité d'étudier un document intitulé « Un cadre compréhensif concernant la réforme de l'accès à l'information ». Le commissaire à l'information, M. John Reid, a même proposé un projet de loi complet au gouvernement en octobre 2005.
Le 3 novembre 2005, M. Pat Martin, député du Nouveau Parti démocratique, proposait ceci:
Il est aussi recommandé à la Chambre des communes de donner instruction au ministre de la Justice de déposer à la Chambre, d’ici le 15 décembre 2005, un projet de loi prenant appui sur les dispositions de la Loi et les modifications proposées.
On parle toujours de la Loi sur l'accès à l'information.
En décembre 2005, un dénommé Stephen Harper, à ce moment-là candidat à Calgary et chef du Parti conservateur, disait que si un gouvernement conservateur était élu, il appliquerait les recommandations du Comité de l'accès à l'information sur la réforme de la Loi sur l'accès à l'information.
Le 27 septembre 2006, la députée Carole Lavallée, du Bloc québécois, proposait une motion à ce comité: « [...] le comité recommande au gouvernement de déposer à la Chambre, d’ici le 15 décembre 2006, une nouvelle loi d’accès à l’information [...] ».
Le 27 septembre 2006, le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique recommandait ce qui suit:
Que suite aux témoignages du ministre de la Justice, Vic Toews, au Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique ainsi que du Commissaire à l'information, John Reid, le comité recommande au gouvernement de déposer à la Chambre, d’ici le 15 décembre 2006, une nouvelle loi d’accès à l’information, renforcée et modernisée, qui pourrait s’inspirer des travaux du Commissaire à l’information [...].
Celle-ci a été présentée à la Chambre des communes le 4 octobre 2006.
Le 11 février 2009, le Comité de l'accès à l'information a recommandé:
Que le Comité recommande au gouvernement de déposer à la Chambre, d’ici le 31 mai 2009, une nouvelle Loi sur l’accès à l’information, renforcée et modernisée, qui pourrait s’inspirer des travaux du Commissaire à l’information, M. John Reid, [...].
Elle a été présentée à la Chambre des communes le 12 février 2009.
On sait également que le 4 mars 2009, le commissaire Marleau, qui est responsable de l'accès à l'information, a proposé 12 recommandations.
Compte tenu de cette importante chronologie que je viens de vous communiquer, pouvez-vous me dire pourquoi le gouvernement tergiverse encore et n'écoute pas le Comité de l'accès à l'information? Ça me dépasse et me bouscule. Êtes-vous en mesure de le dire ou êtes-vous muselé? Faut-il encore passer par l'accès à l'information pour obtenir votre réponse? Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je crois comprendre que la réponse à deux demandes d'information concernant le transfèrement de détenus présentées par le ministère des Affaires étrangères tarde à arriver. Deux cent quatre-vingt-dix jours se sont écoulés depuis et ce n'est pas encore fini.
Il y a également une demande d'information présentée par le ministère de la Défense nationale au sujet de l'acquisition d'hélicoptères Chinook. On a compté 330 jours de retard.
D'après la politique maintenant en vigueur, même sur un sujet aussi simple que, par exemple, la stratégie emploi jeunesse et le programme expérience emploi été de Service Canada, des frais de recherche sont exigés. Au sujet d'une demande présentée en mai 2007 au sujet de lettres de refus, par exemple, Service Canada a affirmé qu'il faudrait compter 570 heures de recherche — et des frais de 5 650 $ — pour ces lettres qui ont toutes été envoyées en moins d'un mois.
Je donne ici des exemples précis qui montrent... J'ai employé le mot « orwellien » précédemment, et pas du tout à la légère, parce qu'il me semble bien que c'est le mot qui s'impose en l'occurrence. Le gouvernement prétend avoir élargi l'accès à l'information alors que les statistiques démontrent exactement le contraire; et nous touchons là un des principes fondamentaux de la démocratie, le principe de transparence.
Le niveau de frustration chez les députés est très élevé parce que la réponse à leurs demandes tarde à leur être donnée — il a fallu un an dans certain cas — et nous n'obtenons toujours aucune réponse. Nous avons entendu dire que nos demandes et celles des journalistes sont mises en attente. Ne croyez-vous pas que cette manie du secret, cette pratique orwellienne en matière d'accès à l'information pervertit totalement l'intention de la loi?
:
Je vous remercie de faire preuve de patience, et de bien représenter le ministère et le ministre en son absence.
Les témoins sont toujours intéressants à entendre. Nous venons de directions différentes. Parfois, la comparution est rapide, et parfois il s'agit de discours, mais l'objectif est toujours de tirer le plus possible des discussions et des dialogues.
Nous produirons certainement un rapport. Nous espérons produire notre rapport au ministre, le déposer devant le Parlement, et poursuivre le dialogue. Mais vous êtes sans doute d'accord sur le fait que, pour le comité, une révision complète de la Loi sur l'accès à l'information et la mise à jour de la totalité de celle-ci constitueraient une lourde tâche qui serait impossible à accomplir étant donné les ressources que nous avons.
Je pense que vos attentes — et j'espère que celles du ministre — sont que nous examinions les secteurs dans lesquels nous pouvons formuler des recommandations sur l'efficacité, connaître où sont les obstacles les plus importants ou déterminer où il y a des besoins en ressources, en gestion ou en leadership. Voilà des mots que nous avons entendus, ce qui semble avoir été démontré au ministère de la Justice, mais d'autres ministères ne sont peut-être pas tout à fait à jour.
Nous espérons qu'on souhaitera modifier la Loi au lieu de la récrire. Pour l'instant, je ne pense pas que le comité aimerait que l'on envisage autre chose que d'apporter et de proposer certaines modifications à la loi en vigueur, et qu'il invite fortement le ministre à étudier cette option. Selon moi, c'est de là d'où on vient.
Merci encore de votre présence aujourd'hui. Les témoins peuvent nous quitter.
Nous n'avons pas encore terminé. Il reste un point à aborder.
Chers collègues, à la toute dernière séance, mercredi passé, nous étions... Nous ne siégerons pas à huis clos. Cela prendra du temps, et ce n'est pas nécessaire.
Il s'agit du point 10, le tout dernier point.