C'est la 7e séance du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Commissariat à l'information comparaît devant nous aujourd'hui. Nous recevons le commissaire à l'information, M. Robert Marleau; Andrea Neill, commissaire adjointe, Règlement des plaintes et respect de la loi et Suzanne Legault, commissaire adjointe, Politiques, communications et opérations.
Bienvenue parmi nous.
Chers collègues, simplement pour préciser comment nous allons procéder, comme vous le savez, nous avons invité le commissaire à l'information et les autres commissaires à comparaître devant nous au sujet de leur rapport annuel, pour nous informer à propos de questions urgentes qui requièrent notre attention. Vous savez également que, la semaine dernière, le commissaire a déposé des fiches de rendement pour 10 ministères. Tout cela vous a été distribué et nous espérons pouvoir parler de ces deux documents, mais nous pourrions peut-être nous concentrer sur la commission proprement dite, la loi et certaines priorités. Nous pourrons ensuite nous intéresser plus précisément au rapport.
Je peux également vous dire, suite à une discussion avec d'autres membres du comité, que le commissaire a accepté de comparaître de nouveau devant nous lundi prochain pour répondre de façon plus complète à nos questions et à nos préoccupations concernant les améliorations que nous pourrions recommander à la loi suite à son rapport et étudier d'autres questions dans le but d'améliorer tout le régime d'accès à l'information.
Nous avons donc du travail à faire. J'ai demandé au greffier de s'informer sur la disponibilité du , qui est le ministre responsable de la Loi sur l'accès à l'information. J'ai aussi demandé à M. Marleau de nous recommander deux ou trois témoins qui pourraient nous aider, des personnes qui sont très au courant de la situation de la Loi sur l'accès à l'information dans d'autres pays ainsi que de notre loi actuelle et de notre situation.
Cela dit, monsieur le commissaire, nous apprécions certainement de pouvoir vous entendre, car notre comité n'a pas eu l'occasion, depuis 2006, de se pencher sur les préoccupations ou les recommandations du Commissariat à cause d'autres travaux. Nous nous engageons maintenant à le faire et c'est avec plaisir que nous vous accueillons ici.
Je crois que vous désirez faire une déclaration préliminaire alors pourquoi ne pas commencer à plus tarder?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je dois dire que je suis heureux d'être de nouveau parmi vous aujourd'hui pour vous parler des activités du commissariat et de nos priorités en prévision de ce qui sera, à mon avis, une année très chargée et mouvementée pour nous tous.
Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagné aujourd'hui de Suzanne Legault et d'Andrea Neill.
[Français]
Je crois que nous vivons des moments très intéressants en matière d'accès à l'information. Deux projets de loi ont été déposés à la Chambre des communes et une recommandation de ce comité veut que le gouvernement présente, d'ici le 31 mai prochain, un projet de loi visant à moderniser et à renforcer la Loi sur l'accès à l'information.
Ces développements me portent à croire que nous sommes peut-être enfin arrivés à un tournant décisif pour le régime de l'accès à l'information.
[Traduction]
Je crois que le comité voulait aborder la question des ressources ainsi que des mesures que j'ai prises pour réduire considérablement notre arriéré de plaintes en attente de traitement. J'aborderai aussi d'autres dossiers qui, à mon avis, nécessiteront l'attention du comité au cours des prochains mois.
J'ai distribué deux documents: le premier fournit des renseignements de base sur le commissariat, et le second présente des recommandations sur la modernisation de la loi.
L'an dernier, l'une de nos priorités visait à entreprendre un processus de renouvellement pour améliorer l'efficacité de notre prestation de services. Ces efforts se sont poursuivis cette année et demeurent une priorité pour le commissariat.
En 2007-2008, le nombre de plaintes que nous avons reçues a augmenté de 81 p. 100. Par conséquent, l'arriéré de plaintes non traitées a continué d'augmenter. Afin de réduire cet arriéré sans précédent et mener plus rapidement nos enquêtes, nous avons pris des mesures pour renforcer et simplifier le traitement des plaintes et mieux gérer notre charge de travail. Nous avons ainsi mis sur pied l'Unité de réception et de règlement rapide, à titre de projet pilote, ainsi qu'une nouvelle équipe chargée de traiter toutes les plaintes reçues antérieurement. Nous avons toujours pour objectif d'éliminer ou de réduire considérablement l'arriéré d'ici la fin de l'an prochain. Nous voulons également prévenir la création d'un nouvel arriéré.
Je suis heureux de rapporter que nous voyons déjà des améliorations prometteuses dans notre processus de traitement des plaintes et nos délais de réponse. Je serai cependant mieux en mesure de rendre compte de ces améliorations à la fin de l'exercice étant donné que certaines mesures n'ont été mises en oeuvre que récemment. Nous continuerons d'appliquer notre nouveau modèle de gestion de la charge et nous apporterons les modifications nécessaires pour rester dans la bonne voie.
[Français]
Monsieur le président, la dernière fois que j'ai comparu devant ce comité, j'avais indiqué que nous avions comme priorité la révision de notre approche à l'égard de l'établissement des fiches de rendement, de sorte que les éléments contextuels susceptibles d'avoir une incidence sur le rendement des institutions choisies soient pris en compte.
Cette année, nous avons instauré un nouveau processus qui nous a permis d'examiner le rendement des institutions et de donner une meilleure idée du respect, par les institutions, des dispositions de la loi.
Comme vous l'avez souligné, j'ai déposé au Parlement, il y a quelques jours, mon rapport spécial sur le rendement des institutions fédérales. Le rapport trace un portrait désolant du régime de l'accès à l'information.
[Traduction]
La constatation la plus importante confirme que les demandeurs ont raison d'être mécontents du régime. Le délai de 30 jours est devenu l'exception plutôt que la règle, et cela est inacceptable. Le nombre élevé de prorogations et de consultations ralentit considérablement le traitement des demandes d'accès, au point où certaines institutions prennent en moyenne 120 jours pour répondre. Comme je l'ai déclaré, il s'agit là de problèmes systémiques, et non pas d'une simple question de rendement institutionnel.
Je suis convaincu que les organismes centraux, comme le Secrétariat du Conseil du Trésor, doivent faire preuve de leadership et fournir aux ministères fédéraux les ressources nécessaires pour que ceux-ci puissent remplir leurs obligations en vertu de la loi. Je crois profondément que le Canada a besoin d'un meilleur modèle de conformité en matière d'accès à l'information, comprenant des incitatifs au rendement adéquats.
Comme le comité l'a indiqué à de nombreuses occasions, le cadre législatif doit être modernisé de toute urgence. Les tables rondes tenues sous l'égide du commissariat en juin dernier ont montré que la modernisation de la Loi sur l'accès à l'information constitue une priorité pour tous les intervenants.
Monsieur le président, le document que je fournis au comité contient une série de recommandations sur la réforme. Il est le fruit de mes réflexions au cours de l'année écoulée. Par exemple, je recommande un examen parlementaire de la loi tous les cinq ans, un accès universel à l'information, un champ d'application plus large, des mesures pour accélérer le traitement, pour renforcer le modèle de conformité et pour mieux éduquer le public. Bien que je souscrive à la Loi sur la transparence gouvernementale élaborée par mon prédécesseur, j'estime que les recommandations présentées dans le document doivent être mises en oeuvre sans plus tarder.
Monsieur le président, si le comité décidait d'entreprendre une réforme législative, je peux vous assurer de mon entière collaboration.
[Français]
J'aimerais aborder brièvement une autre préoccupation, soit les faiblesses inhérentes qui limitent considérablement ma capacité à m'acquitter de mon mandat et de mes nouvelles responsabilités en vertu de la Loi fédérale sur la responsabilité.
Je comparaîtrai devant le Groupe consultatif sur le financement des hauts fonctionnaires du Parlement le 12 mars prochain pour faire état de nos besoins financiers.
À ce sujet, le commissariat a mené une révision de ses services votés, afin d'établir en quoi consistent nos besoins et la façon d'améliorer l'efficience de nos opérations. La révision a révélé que le commissariat n'avait pas tous les moyens voulus pour soutenir les fonctions d'ombudsman et de haut fonctionnaire du Parlement.
[Traduction]
Essentiellement, le commissariat a besoin de fonds supplémentaires pour pouvoir se doter de ressources et de normes de service réalistes en fonction de la portée et de la complexité de son programme. Il nous faut ces ressources si nous voulons privilégier la responsabilité, une gouvernance efficace et la surveillance, tout en améliorant la prestation de nos services. Sinon, ma capacité à remplir mon mandat en vertu de la loi, ainsi que l'intégrité du programme du commissariat pourraient être compromises.
Monsieur le président, je terminerais en disant que pour renforcer le régime d'accès à l'information, il faudra davantage que la modernisation du cadre législatif et des processus administratifs. Il faut le leadership nécessaire pour guider un changement de culture organisationnelle propre à éliminer les entraves à l'accès et à créer un véritable climat d'ouverture. Votre propre leadership nous est nécessaire pour entamer le processus de réforme législative.
C'est Alvin Toffler qui a écrit Le choc du futur en 1970. Comme vous vous en souviendrez peut-être, il a parlé de « surcharge d'information » et a écrit que la connaissance est la source de pouvoir la plus démocratique. Vous avez là une chance unique de mettre en place les mesures qui permettront de moderniser le régime d'accès à l'information et de l'adapter aux réalités du XXIe siècle.
Comme je l'ai dit plus tôt, je suis convaincu qu'il s'agira d'une année marquante pour l'accès à l'information. Comme vous pouvez le voir, il reste beaucoup de travail à faire. Avec le leadership et les ressources appropriés, je suis confiant que nous relèverons le défi.
[Français]
Je vous remercie de votre attention et j'attends avec plaisir vos questions.
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Je pense donc qu'il faut situer ces chiffres dans leur contexte. D'une part, il y a 69 institutions de plus contre lesquelles il est possible de porter plainte, par exemple la SRC qui représente à elle seule la moitié des nouvelles plaintes et il y en a 68 autres. Deuxièmement, il y a eu une augmentation de 38 p. 100 du nombre de demandes traitées au cours des cinq à six dernières années. Par conséquent, l'augmentation des volumes explique en partie le changement dans les chiffres.
Je voudrais également examiner le délai de réponse. De nombreuses critiques ont été formulées au sujet de l'augmentation d'environ 0,5 p. 100 du nombre de demandes qui ne sont pas traitées dans un délai de 30 jours. Au départ, en 2006-2007, 57,2 p. 100 des demandes n'étaient pas traitées en l'espace de 30 jours, et un an plus tard, c'est 57,8 p. 100, ce qui donne une augmentation de 0,6 p. 100.
Par contre, je remarque que le nombre de demandes traitées dans un délai de 60 jours s'est accru de 2,1 p. 100. Par conséquent, même s'il y a eu une réduction très marginale du nombre de demandes traitées dans le délai de 30 jours, il y a eu, en fait, une amélioration pour ce qui est du délai de 30 jours. C'est exact?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Marleau, mesdames.
On a eu la chance de se connaître au cours de votre vie antérieure, monsieur Marleau, durant laquelle vous avez fait un excellent travail, puisqu'on se réfère encore à vos ouvrages.
Monsieur Marleau, lorsque, à la Chambre des communes, des députés de l'opposition posent des questions sur l'accès à l'information au président du Conseil du Trésor, celui-ci répond que tout va bien dans le meilleur des mondes, que rien n'est trop beau, madame la marquise. Or, cet après-midi, le tableau n'est pas aussi clair, aussi transparent, aussi limpide que le ministre le laisse entendre. Vous produisez un excellent rapport, vous formulez même des recommandations, ce qui témoigne de la qualité de votre travail. Mais tout ça peut se faire — et je suis convaincu que vous le savez aussi — s'il y a une volonté politique de modifier la loi, d'appliquer vos recommandations et d'y mettre l'argent et les ressources humaines nécessaires pour arriver à enlever la poussière. Or, on est en train de s'enterrer.
Vous savez comme moi que, très régulièrement, on doit avoir recours à l'accès à l'information lorsqu'on n'obtient pas l'information de la part du ministère. Le seul recours, le recours ultime, c'est l'accès à l'information. Cela nous amène à nous poser des questions. Le gouvernement a-t-il la volonté de changer les choses? Avez-vous crié au secours? Avez-vous dit au ministre que vous étiez en train de vous enterrer, que vous n'aviez pas les ressources humaines ni le budget nécessaires? J'aimerais aussi savoir s'il y a eu une augmentation depuis 2006. Je suis convaincu qu'il y a eu une augmentation accélérée.
Je poserai une autre question plus tard.
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C'est un chiffre approximatif que le public devrait connaître, selon moi.
Vous savez peut-être qu'avant d'être élu au Parlement, l'automne dernier, j'ai exercé la profession d'avocat pendant plus de 20 ans et j'ai, en fait, étudié le droit avec le professeur Alasdair Roberts, que vous connaissez probablement et qui est un expert reconnu dans le domaine de l'accès à l'information. Il a fait un certain nombre de déclarations à la presse. Il a été cité dans un certain nombre de journaux, dans le Toronto Star et dans Lawyers Weekly, un journal que je lis assez souvent en tant qu'avocat. Il a fait un certain nombre d'observations intéressantes.
Dans un article paru le 1er novembre 2003 dans le Toronto Star, qui cite Alasdair Roberts, qui était professeur à l'Université Queen's et qui est maintenant à l'Université Syracuse dans l'État de New York, on peut lire ce qui suit:
Le principal expert canadien sur l'accès à l'information, Alasdair Roberts, déclare que le système traite de façon inéquitable les requérants suspects. On laisse de côté les demandes des médias tandis que les autres ne rencontrent pas d'obstacles. Il ressort des études d'Alasdair Roberts que la réponse aux demandes des journalistes prend plus de temps que les autres, en moyenne. « Tout le monde a droit à la même protection et au même traitement en vertu de la loi » déclare-t-il. « La loi ne contient aucune disposition disant que les journalistes et les membres de la classe politique doivent être traités comme des citoyens de deuxième classe ».
Il parle ensuite du système CDAI qui existait avant:
Le système CDAI est le produit d'un régime politique obsédé par la centralisation du contrôle. Ce système, qui existait sous une forme plus primitive depuis une décennie, a été amélioré par le gouvernement libéral en 2001 pour permettre aux fonctionnaires de l'ensemble du gouvernement d'examiner les demandes adressées à tous les grands ministères fédéraux, déclare Roberts, qui enseigne maintenant à l'Université Syracuse…
Vous souvenez-vous de cet article? Pourriez-vous nous dire ce qui se passait à l'époque dans le système d'accès à l'information et quelle est la situation actuelle.
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Je ne suis pas certain d'avoir lu cet article. J'ai lu l'ouvrage d'Alasdair Roberts et un grand nombre de ses observations concernant l'accès à l'information. Depuis la publication de cet article, mon bureau a fait une enquête systémique entre 2003 et 2005 sur les demandes des médias qui déclenchent un « feu orange ».
L'Association canadienne des journaux a porté plainte. Mon prédécesseur a entrepris une enquête systémique à ce sujet. Nous avons constaté l'existence d'un feu orange. Il ressort de nos conclusions que les médias déclenchent effectivement ce feu orange, mais que leur situation n'est pas la pire. Les parlementaires et les avocats sont encore plus visés par le feu orange et le traitement de leurs demandes en est parfois ralenti.
Je ne me suis pas opposé au profilage des demandes qui est fait au sein d'un ministère, mais à ce que le délai prévu par la loi soit enfreint et j'ai adressé au Conseil du Trésor trois recommandations dont nous nous apprêtons à faire le suivi.
Voilà pour le feu orange et le profilage dont les médias peuvent faire l'objet. Je n'y vois pas d'objection, car si un ministère veut préparer ses communications lorsqu'une nouvelle est sur le point de sortir, du moment qu'il respecte le délai de 30 jours prévu par la loi ou les 60 jours de prolongation, cette décision lui revient. Nous pouvons contester le prétexte invoqué, et c'est une autre histoire, mais si le requérant obtient les renseignements dans le délai prescrit, c'est ce qui compte avant tout.
Quant au deuxième élément, nous n'avons pas constaté de problème majeur depuis lors. Désolé, j'empiète sur votre temps, mais c'était une question en deux partie.
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Merci, monsieur le président.
Si vous le permettez, je vais partager mon temps avec Mme Martha Hall Findlay. J'ai seulement une question.
Monsieur Marleau, madame Legault, c'est un plaisir de vous voir ici tous les deux. Je vous remercie d'être venus.
Monsieur Marleau, je tiens à mentionner que vous avez perdu un bon ami, M. Gilbert Parent, avec qui vous avez travaillé par le passé. Je vous adresse également mes condoléances. Nous vous félicitons d'avoir si bien travaillé avec lui au cours des années, pour nous tous.
Monsieur Marleau, je voudrais passer très rapidement aux rapports et aux recommandations de M. Reid, dont certaines ont pris la forme d'un projet de loi d'initiative parlementaire.
Sur les 10 recommandations que vous formulez, y en a-t-il qui sont identiques ou différentes…? Vous apportent-elles ce dont vous avez besoin pour renforcer votre autorité? Je veux parler, par exemple, de la recommandation numéro 9 dans laquelle vous parlez de supprimer les frais de communication en cas de prorogation au-delà de 60 jours. Vous suggérez d'annuler les droits exigés. Il ne semble pas que ce soit très efficace pour atteindre votre objectif.
Je reconnais également qu'il y a l'accès aux tribunaux. Selon vous, cela n'augmenterait-il pas le recours aux tribunaux compte tenu de la majorité des cas?