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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
C'est un plaisir pour moi d'être de nouveau devant le Comité, notre comité. En tant qu'agent du Parlement, il est de notre devoir de vous rendre des comptes.
Je suis ici aujourd'hui avec Chantal Bernier, qui s'est jointe à nous dernièrement à titre de commissaire adjointe à la protection de la vie privée, responsable de la Loi sur la protection des renseignements personnels.Vous vous en rappellerez peut-être.
[Français]
Raymond D'Aoust, qui était commissaire adjoint. Son mandat a pris fin en septembre et il a été remplacé par Me Bernier.
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J'ai également avec moi aujourd'hui Lisa Campbell, avocate générale intérimaire, que vous avez déjà rencontrée, je crois. Elle est venue la semaine dernière. J'avais malheureusement un autre engagement, une séance d'information sur notre prochain rapport à présenter à un ministre, il me semble. Elle est venue avec M. Tom Pulcine, qui se trouve juste derrière moi et que vous reconnaîtrez sûrement. Je suis également accompagnée de deux autres membres de mon personnel: Éric Charlebois, agent de liaison parlementaire, et Ann Goldsmith, qui dirige la section des politiques.
J'aimerais également dire, monsieur le président, qu'Elizabeth Denham, Commissaire adjointe à la protection de la vie privée,
[Français]
la loi fédérale sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé,
[Traduction]
est à Calgary cette semaine et ne peut malheureusement être avec nous.
Honorables membres du Comité, monsieur le président, vous aurez remarqué qu'on vous a fourni un classeur plutôt volumineux contenant des renseignements sur le Commissariat à la protection de la vie privée, sur nos responsabilités prévues par la loi et sur certains des enjeux qui nous préoccupent à l'heure actuelle. Nous espérons que ce document de référence vous sera utile.
À titre de commissaire à la protection de la vie privée du Canada, j'indiquerais à ceux qui ne sont pas tellement familiers avec mes fonctions, je suis une haute fonctionnaire indépendante du Parlement; je rends des comptes à ce dernier généralement par l'entremise de rapports annuels et de rapports spéciaux.
Le Commissariat et ses 160 employés sont responsables de l'encadrement de deux lois: la Loi sur la protection des renseignements personnels, à laquelle sont assujettis les ministères et les organismes fédéraux, qui vient d'être renforcé par la Loi fédérale sur la responsabilité, et la LPRPDE, l'acronyme pour la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques. Cette dernière, qui a été adoptée presque 20 ans après la Loi sur la protection des renseignements personnels, régit les organisations du secteur privé, dont les détaillants, les institutions financières, les transporteurs aériens, les compagnies de télécommunication, etc.
Les deux lois visent à protéger la vie privée des Canadiennes et des Canadiens en présentant des règles de base sur les organisations qui recueillent, utilisent et traitent les renseignements personnels.
[Français]
Je vais continuer en parlant des menaces à la protection de la vie privée. Je serais heureuse de vous expliquer plus en détail les fondements philosophiques de ces deux lois, mais pour le moment je me contenterai de dire qu'elles n'ont jamais été aussi essentielles.
Les menaces à l'endroit de la protection de la vie privée des Canadiennes et des Canadiens sont bien réelles, et elles sont sérieuses. Pour le commissariat, l'un des défis majeurs tient au fait que la liste d'enjeux auxquels nous devons nous attaquer est longue et qu'elle s'allonge de jour en jour.
En dépit de ses avantages, la technologie a engendré des menaces sans précédent à l'endroit de la protection de la vie privée. Il suffit de penser aux technologies de surveillance, aux dispositifs électroniques de suivi et à l'imagerie biométrique, entre autres choses.
Jamais auparavant la mémoire informatique n'a-t-elle été si abondante et si bon marché. Cela fait en sorte qu'il est incroyablement facile non seulement de compiler des renseignements sur les gens, mais aussi de les recouper, de les trafiquer, de les analyser, de les réduire et de les vendre au plus offrant.
Plusieurs entreprises considèrent désormais que les renseignements personnels détaillés sont essentiels à leurs activités de marketing. Les gouvernements comptent de plus en plus sur les renseignements personnels dans le cadre de leurs efforts en matière de sécurité nationale.
Et au cours des dernières années, les voleurs ont réalisé qu'ils pouvaient faire beaucoup d'argent en volant des noms, des dates de naissance, des numéros de cartes de crédit et d'autres renseignements personnels. Selon la GRC, les groupes du crime organisé du Canada considèrent que les renseignements personnels constituent une affaire lucrative qui complète leurs sources plus traditionnelles de revenus.
[Traduction]
Plusieurs risques d'atteinte à la vie privée émergent en rapport avec des technologies incroyablement complexes. Le Commissariat doit étudier des sujets hautement techniques comme la nanotechnologie, la technologie génétique et l'inspection approfondie des paquets, pour n'en nommer que quelques-uns.
Dans le courant de la semaine, le Commissariat comparaîtra devant le Comité de la sécurité publique et nationale en relation à l'examen de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques.
De plus, plusieurs enjeux en matière de protection de la vie privée sont maintenant d'ordre mondial, ce qui complexifie davantage les choses. « L'informatique dans les nuages » fait maintenant partie de notre vocabulaire. Partout sur la planète, des flashes de données — à la vitesse de la lumière, à toute fin pratique — nous mettent au défi d'assurer que les renseignements personnels des Canadiennes et des Canadiens sont protégés au quatre coins du monde.
Quoi que nous fassions à l'intérieur de nos frontières, ce ne sera jamais suffisant pour protéger la vie privée de la population canadienne à l'étranger. Aussi travaillons-nous avec d'autres pays pour élaborer un niveau fondamental de protection de données à l'échelle mondiale. À cet effet, le Commissariat a participé avec enthousiasme à plusieurs initiatives internationales en matière de protection de la vie privée mises de l'avant par l'Organisation de coopération de développement économique, la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique et d'autres organisations.
[Français]
Je passe maintenant à la question de la réforme législative.
Sur le plan législatif, vous vous souviendrez que j'ai comparu devant ce comité l'année dernière au sujet de l'examen obligatoire de la LPRPDE. C'est avec plaisir que je vous annonce que les travaux se poursuivent rondement et que j'attends avec impatience que la loi modifiée nous parvienne prochainement d'Industrie Canada.
Je tiens aussi à parler d'un autre défi important auquel le commissariat fait face, soit la Loi sur la protection des renseignements personnels, connue en anglais sous l'appellation de Privacy Act.
À l'instar de plusieurs commissaires à la protection de la vie privée qui m'ont précédée, j'ai indiqué aux parlementaires, au cours des années, que cette loi était sérieusement périmée et qu'il était essentiel et urgent de la réformer. Afin de bien saisir la situation, réfléchissez à ceci: lorsque la loi a été adoptée, le Commodore 64 était une nouveauté.
Au printemps dernier, ce comité a entrepris un examen important de la Loi sur la protection des renseignements personnels. J'ai proposé à ce comité quelque 10 modifications rapides qui apporteraient quelques solutions immédiates. Toujours est-il que la loi doit faire l'objet d'un remaniement complet afin qu'elle tienne compte des défis en matière de protection de la vie privée du XXIe siècle.
Je sais que le comité a déjà entendu plusieurs témoins au printemps dernier. Il me tarde de donner suite à leurs observations et de poursuivre notre entretien sur ce sujet.
[Traduction]
En conclusion, c'est ici, avec vous, que devront commencer les réformes des lois canadiennes en matière de protection de la vie privée. Je fais valoir auprès des honorables membres du Comité que la protection de la vie privée est un enjeu dont tous les Canadiens devraient se préoccuper, peu importe leurs convictions politiques.
Le citoyen moyen pourrait ne pas percevoir les menaces à l'endroit de la protection de la vie privée auxquelles sont confrontés les Canadiennes et les Canadiens. En effet, les risques opèrent avec subtilité et nuance. Ils n'ont pas tendance à poindre tous à la fois, mais plutôt de manière furtive et graduelle — et ils proviennent de directions variées.
Les Canadiennes et les Canadiens ne peuvent certainement pas se défendre seuls contre ces menaces. Il leur faut un gouvernement pour qui la protection de la vie privée est un droit fondamental de la personne et des renseignements personnels, un atout commercial précieux à protéger adéquatement.
En qualité de haute fonctionnaire du Parlement, il m'incombe de vous soutenir dans cet important rôle. Le Commissariat est en train de mettre au point des documents pour les bulletins parlementaires, comme des renseignements sur le vol d'identité, pour faciliter vos entretiens avec vos électeurs sur la protection de la vie privée.
Nous envisageons d'un oeil favorable de travailler en étroite collaboration avec vous pour assurer la protection du droit de la vie privée des Canadiennes et des Canadiens. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Effectivement, on m'a demandé de coordonner les quatre projets prioritaires, dont chacun est dirigé par une personne. Simplement pour vous mettre en contexte, je dirai que ces projets touchent respectivement la technologie, le développement de la génétique, le développement de politiques de sécurité nationale et la gestion de l'identité.
Pour répondre à votre question, je vais donc vous parler de ce qu'on fait spécifiquement en matière de technologie. Vous comprendrez sûrement — d'ailleurs, la commissaire l'a dit dans ses remarques d'ouverture — que nous devons être à la fine pointe de la technologie et que nous devons suivre très attentivement les développements au regard de la protection de la vie privée.
Ce que nous faisons peut se diviser en quatre grands volets. Le premier consiste à obtenir la plus grande compréhension et la plus grande expertise possible en matière de technologie pour pouvoir véritablement comprendre l'envergure, la portée et les répercussions des diverses technologies. On travaille donc à des projets de recherche et de formation sur les systèmes d'identité, sur les technologies comme RFID et sur la biométrie, par exemple.
Nous participons également à des travaux internationaux pour véritablement profiter du partage de l'information. Nous nous penchons particulièrement, dans nos vérifications, sur certaines formes de communication comme les communications sans fil. D'ailleurs, nous commençons une vérification auprès de six ministères, qui ont été choisis à partir de notre travail d'analyse, pour voir comment est gérée la communication sans fil.
En résumé, nos activités visent, d'une part, le développement et l'approfondissement de notre expertise. D'autre part, elles ont pour but de vérifier de quelle façon les institutions fédérales gèrent l'information retenue par la technologie pour protéger la vie privée. À ce titre, je suis responsable de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
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Je vous remercie beaucoup.
C'est un plaisir que de vous voir ici, madame Stoddart.
Je dois avouer que je ne suis ici qu'à titre d'invité, puisque je remplace quelqu'un, mais je trouve ce débat des plus intéressant et fascinant.
Dans une vie antérieure, j'étais moi-même fonctionnaire, et l'une des choses avec laquelle nous avons dû composer, c'était la rapidité du service. C'était l'un des déterminants de la qualité de notre service. Vous avez dit viser un objectif de 12 mois, et si une enquête est achevée avant les 12 mois, vous avez atteint votre objectif. Le nombre des enquêtes que vous ne complétez pas dans ce délai est considérable. J'ai lu quelque part dans votre rapport qu'une enquête moyenne dure 14,5 mois. Dans ma vie antérieure, où je faisais le traitement de demandes d'assurance-emploi, 90 p. 100 de celles-ci étaient réglées dans les 21 jours.
Je ne peux simplement pas imaginer que vous puissiez fixer un objectif si éloigné. Je vais vous dire pourquoi. Quand j'occupais un poste semblable au vôtre, et j'expliquais à mes supérieurs ce qui m'empêchait à l'occasion d'atteindre ces objectifs, ils demandaient s'il faut plus de temps pour traiter une demande au début de la période où elle est déposée que 14 mois plus tard. Je vous pose la même question. Pourquoi ne pas traiter la demande?
En fait, l'un de mes amis a déposé une plainte, et je ne sais pas s'il obtiendra jamais réponse, mais en tout cas il m'a dit « cela fait déjà quatre mois... ne peux-tu faire quelque chose » Quand j'ai posé la question sur les quatre mois... Je ne pense pas que personne n'obtienne une réponse en quatre mois.
J'aimerais entendre ce que vous en dites.
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Les autres correctifs? J'essaierai de les trouver pour vous, parce que nous en avons pas mal. J'en parlerai brièvement, parce que c'est l'essence de ce qui est un long document que nous avons publié en 2006, et aussi l'essence de ce que vous disent bien des témoins-experts.
On y dit de clarifier les obligations du gouvernement relativement à la Loi sur la protection des renseignements personnels, en ce qui a trait à l'impartition et les partenariats publics privés, la prestation de services et de programmes, des sujets dont ne traite pas la Loi sur la protection des renseignements personnels, l'impartition en général. Et examinez aussi les arrangements relativement à la sécurité. La Loi sur la protection des renseignements personnels en tant que telle n'oblige pas les ministères et organismes à prendre les mesures de sécurité appropriées. Nous disons que cela fait partie intégrante de la confidentialité et de la protection des renseignements personnels. Dans la LPRDE, il est effectivement question de mesures précises en matière de sécurité. Ce serait autre chose.
Il y a les questions qu'ont soulevées certains honorables membres du Comité au sujet du cadre de surveillance de la sécurité nationale, sur la transparence, la surveillance et la responsabilité de certains organismes de sécurité nationale — la GRC, le SCRS, le CSTC, etc. Ce sont des recommandations que nous avons faites lors de l'enquête O'Connor sur la surveillance de l'emploi des renseignements personnels à la GRC, qui n'ont pas encore été concrétisés.
Je vous en donne rapidement une liste, pour vous en donner une idée.
Nous pensons qu'on pourrait assujettir d'autres organismes et des organes publics à la Loi sur la protection des renseignements personnels. J'ai été très heureuse que la Loi fédérale sur la responsabilité englobe plus d'organismes, mais nous pensons que nous pourrions en trouver quelques autres si leurs activités étaient examinées.
L'accès aux renseignements personnels a été l'une des questions soulevées lors de nos échanges avec l'Union européenne. De fait, il faut être citoyen canadien ou présent au Canada pour se prévaloir de ses droits en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels. C'est un peu gênant quand on pense au flux transfrontalier des données, le SIPV/DP, les ententes avec l'Union européenne. Maintenant, nous avons — et on m'a consultée à ce sujet — convenu que si des Européens, par exemple, qui viennent au Canada par avion ont une plainte à formuler sur l'utilisation de leur SIPV/DP, l'ASFC ferait enquête, et je traiterais la demande comme une plainte, bien que strictement parlant, elle ne s'inscrirait pas sous le régime de la Loi sur la protection des renseignements personnels.