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Merci beaucoup de me donner l'occasion de venir commenter un projet de loi très important.
L'Association du Barreau canadien s'intéresse à cette loi depuis avant son existence même. En 1979, l'Association a mis au point une loi modèle en matière d'accès à l'information et de protection de la vie privée; cette loi modèle était très semblable à ce qui est devenu la Loi sur l'accès à l'information et notre Loi sur la protection des renseignements personnels à l'échelle fédérale.
En 1981, par l'entremise d'un groupe d'étude spécial sur le droit de l'accès à l'information et de la vie privée, l'Association du Barreau canadien a fait valoir sa position auprès du Comité permanent de la justice et des affaires juridiques. Par la suite, en 1986, à l'époque où la loi en était à ses balbutiements, l'association a présenté d'autres observations encore. En 1986, le conseil national de l'ABC a adopté une résolution appuyant la Loi sur l'accès à l'information.
Nous sommes là parce que vous nous avez invités à commenter les correctifs rapides, comme M. Szabo vient de les appeler, et nous avons bel et bien des observations à présenter sur chacun des correctifs en question. De même, nous allons porter deux autres questions à l'attention du comité.
Vous constaterez que les informations en question concordent essentiellement avec tout ce que l'Association du Barreau canadien a pu dire jusqu'à maintenant à propos de la Loi sur l'accès à l'information. Ayant relu ce matin les documents produits au début des années 1980, je trouve cela intéressant de savoir que plusieurs des questions soulignées comme étant importantes à l'époque demeurent importantes aujourd'hui.
Ma collègue Priscilla vous parlera de nos recommandations ou, tout au moins, de notre réaction face aux correctifs rapides en question, mais je voudrais attirer d'abord votre attention sur un sujet que certains témoins ont déjà soulevé, mais qui n'a probablement pas été approfondi: le système appelé SCDAI. C'était un système informatique de coordination des demandes d'accès à l'information présentées sous le régime de la loi. Il a existé pendant un bon moment, mais le Conseil privé l'a mis au rancart en mai 2008. C'était un système centralisé où toutes les demandes d'accès à l'information étaient inscrites, apparemment pour que l'on puisse gérer l'ensemble des demandes présentées au gouvernement.
S'il a été mis au rancart en mai 2008, c'est surtout en raison de ce qui était perçu comme un dispositif d'alerte d'après lequel les demandes d'accès à l'information les plus délicates étaient portées à l'attention des personnes intéressées dans les cabinets des ministres ou les bureaux de leurs responsables des communications.
La section nationale du droit de la vie privée et de l'accès à l'information de l'ABC s'est penchée sur le fait que le système a été mis au rancart et, de même, a mûrement réfléchi au fait que, au moment où il était en place, il était assujetti lui-même aux demandes d'accès à l'information. Les journalistes et les autres personnes ayant un intérêt pour les questions relatives à la loi se servaient du système pour assurer le suivi de ces questions et, essentiellement, pour voir si la loi fonctionnait bien et quels étaient les genres de demandes présentées. C'était un mécanisme important pour qui voulait savoir ce qui se passait au gouvernement.
La section nationale du droit de la vie privée et de l'accès à l'information de l'ABC croit qu'il faut rétablir le système et, de fait, l'élargir — pour que toutes les informations soient accessibles au public, mises à part celles qui feraient voir des renseignements personnels délicats sur les auteurs des demandes d'accès à l'information et sur les personnes faisant l'objet d'une demande d'accès.
Cela concorde avec le point de vue de l'Association du Barreau canadien à propos de la Loi sur l'accès à l'information — que de nombreux tribunaux et quelques affaires judiciaires ont fait ressortir comme étant un mécanisme quasi constitutionnel —, soit qu'il s'agit d'un instrument d'une importance capitale qui nous permet de nous assurer que la forme de gouvernement responsable que nous avons au Canada demeure transparente et ouverte à tous. La loi oblige les élus à rendre davantage de comptes à la population. Le rétablissement et l'élargissement du SCDAI seraient d'ailleurs fort utiles en ce sens.
Le deuxième sujet que je souhaite aborder est une question que certains de vos témoins ont seulement effleurée. C'est la question du secret professionnel. Évidemment, et depuis un bon moment déjà, l'Association du Barreau canadien défend vigoureusement la confidentialité des communications entre l'avocat et le client.
Même si cela n'est pas évoqué dans l'un quelconque des correctifs rapides, si jamais les propositions formulées par votre comité dans son rapport final touchent à la question importante du secret professionnel, nous vous demanderions d'y apporter le plus grand soin et de prendre en considération toutes les questions que vous avez déjà abordées en rapport avec le sujet, en ayant à l'esprit la très grande valeur qui est accordée au secret professionnel dans notre système juridique et constitutionnel.
Encore une fois, merci beaucoup de l'occasion que vous m'avez offerte. Je vais céder la parole à ma collègue Priscilla.
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À propos de la recommandation 1, c'est-à-dire que la loi soit examinée tous les cinq ans, à l'heure actuelle, selon la loi elle-même, comme vous le savez, c'est un examen permanent qui doit s'appliquer, mais aucun calendrier n'est établi. Cela a été à l'origine de quelques difficultés. Je crois qu'il est merveilleux qu'il y ait maintenant ce comité spécial, qui se penche sur cette loi particulière. C'est extrêmement utile. C'est une affaire qui est très courante — si on procède à une sorte d'examen de l'environnement dans l'ensemble du pays, on voit qu'il y a un examen tous les cinq ans. Je crois que cela fera peut-être sortir davantage l'importance d'apporter des modifications particulières à la loi, de manière régulière.
À propos de la recommandation 2, à l'heure actuelle, comme vous le savez, il faut être présent au Canada pour présenter une demande. Or, il est facile de contourner cette règle-là en passant par un mandataire, ce qui, je crois savoir, est une des principales raisons pour lesquelles une section particulière à Citoyenneté et Immigration reçoit tant de demandes. Les gens demandent à obtenir leurs propres renseignements personnels, mais ils doivent passer par un mandataire pour le faire, et ils le font en invoquant la Loi sur l'accès à l'information. Si vous examinez les lois qu'il y a au pays, vous constaterez qu'il n'y a pas d'exigences relatives à la résidence permanente, voire à la résidence tout court. À notre avis, ce n'est pas une façon moderne d'aborder une telle loi; la loi devrait être ouverte à tous. Selon cette loi, nous n'avons pas le droit de demander à une personne où elle habite, d'où elle vient, ce qu'elle veut et ainsi de suite. Nous appuyons cette recommandation.
À propos de la recommandation 3, nous sommes d'accord aussi avec l'idée que le commissaire à l'information puisse exercer un pouvoir exécutoire pour les questions de nature administrative. Ce sont des questions qui se retrouvent dans les limbes, en quelque sorte, étant donné qu'il n'y a pas de recours possible devant la Cour fédérale, même si l'accès n'est pas refusé. Si le commissaire peut formuler une recommandation, il n'est pas vraiment nécessaire de s'y astreindre sous le régime actuel. Nous sommes d'accord avec l'idée que le commissaire ait un pouvoir exécutoire, mais nous notons qu'il aurait fallu réviser en conséquence le mode de recours à la Cour fédérale. À l'heure actuelle, c'est fondé sur l'hypothèse qu'il y a un rapport d'enquête de la part du commissaire. Si ce dernier a un pouvoir exécutoire, peut-être les gens s'adresseraient-ils moins souvent à la Cour fédérale pour en appeler sur une question de droit ou quelque chose de cette nature-là. Nous notons ici: à notre avis, il faudrait réfléchir quelque peu à la manière de contrôler ce pouvoir dans un contexte judiciaire.
La recommandation 4 concerne le pouvoir discrétionnaire d'enquêter sur les plaintes. Il s'agit en vérité d'accorder au commissaire à l'information le pouvoir de ne pas faire enquête sur une plainte à la manière du commissaire à la protection de la vie privée sous le régime de la LPRPDE, qui s'applique au secteur privé. À l'heure actuelle, dès que quelqu'un dépose une plainte, le commissaire doit faire enquête et produire un rapport. Les exemples donnés ici à la page 4 font voir que, sous le régime de la LPRPDE, trois motifs permettent d'écarter une plainte: un, une autre procédure prévue par notre droit permettrait de mieux instruire la plainte; deux, compte tenu du temps qui s'est écoulé, la démarche serait inutile; troisièmement, la plainte est futile ou vexatoire, ce contre quoi la plupart des commissaires ont la possibilité d'agir, comme le peuvent faire les tribunaux face aux auteurs d'une action en justice. Respectueusement, nous affirmons qu'il conviendrait que le commissaire à l'information soit doté lui aussi de ce pouvoir.
La recommandation 5, c'est d'accorder expressément au commissaire à l'information le pouvoir nécessaire pour s'occuper d'éducation du public et de recherche. Évidemment, le commissaire le ferait dans le respect du mandat qui lui est conféré. En ce moment, la loi ne dit rien de cela.
La recommandation 6, ce serait d'accorder au commissaire à l'information un mandat consultatif concernant les projets de mesures législatives. Nous sommes d'accord; nous proposons d'autres façons d'atteindre ce but. Bien entendu, il y a notamment l'adoption d'une loi; il existe d'autres exemples à ce sujet ailleurs au Canada. L'autre façon de procéder, c'est une politique de Conseil du Trésor, qui serait peut-être aussi efficace.
À propos de la recommandation 7, nous sommes d'avis qu'il faudrait étudier la question un peu plus à fond avant de recommander sans réserve une telle option. Cela concerne les dossiers de l'administration du Sénat, de la Chambre des communes, de la Bibliothèque du Parlement et de l'appareil judiciaire. Encore une fois, nous notons à la page 6 de notre mémoire...
Je suis sûre que vous connaissez la politique de divulgation proactive adoptée en 2006 par le Conseil du Trésor, qui s'est révélée un succès sur toute la ligne. À mon avis, nous n'en parlons pas suffisamment au Canada, mais le fait pour le gouvernement de publier l'ensemble de ses dépenses de voyages et de représentation a remporté un franc succès dès que cela s'est fait. Plus besoin de présenter une demande d'accès à l'information; il suffit de consulter le site Web.
Selon l'ABC, c'est là un exemple à imiter en ce qui concerne les dossiers de l'administration de certaines de ces entités. Il serait très difficile de dire qu'on pourrait exclure tel privilège, par exemple, car, vous savez, avec le droit de surveillance indépendante, le commissaire examine les exclusions, ce qui fait intervenir des documents qui, en principe, ne sont pas couverts. Vous allez vouloir dissocier les documents de l'administration de ceux des tribunaux, par exemple, et il sera très difficile de le faire une fois la démarche appliquée. Si le but de cette recommandation particulière consiste à favoriser l'ouverture et la transparence en ce qui concerne, disons, les dépenses administratives des entités en question, nous faisons valoir respectueusement que, pour y arriver, le principe de la divulgation proactive serait mieux choisi. Nous sommes d'accord avec l'idée du commissaire, soit de favoriser l'ouverture, mais nous sommes en désaccord avec la manière prescrite et proposons que d'autres options soient examinées.
À propos de la recommandation 8, encore une fois, nous sommes d'accord avec le commissaire pour dire que la façon actuelle de traiter les documents du Cabinet n'est pas satisfaisante. L'ennui, selon nous, c'est qu'il ne s'agit pas d'une exclusion, et il y a l'examen indépendant de la part du commissaire qui entre en jeu. D'abord, nous ne sommes pas d'accord avec l'idée qu'il puisse s'agir d'une exception discrétionnaire, comme le voudrait le commissaire. Nous faisons respectueusement valoir qu'il devrait s'agir d'une exception obligatoire. Si c'est discrétionnaire, le gouvernement en place peut en profiter, par rapport au gouvernement précédent. À nos yeux, il conviendrait que ce soit obligatoire. La confidentialité des documents du Cabinet est essentielle au régime de gouvernement à la britannique qui est le nôtre, et la Cour suprême du Canada s'est prononcée elle aussi là-dessus il y a très peu de temps, dans l'affaire Babcock. Il faut qu'il y ait solidarité ministérielle: si les ministres craignaient de parler franchement, à l'idée que leurs commentaires puissent être divulgués de quelque façon, cela n'améliorerait pas notre démocratie au Canada.
Nous proposons que la question soit étudiée plus à fond, mais aussi que, dans la mesure où il s'agit d'un amendement, il conviendrait de retirer ce passage de la zone des exclusions pour l'intégrer à la zone des exceptions — mais seulement s'il s'agit d'une exception obligatoire.
Deuxièmement, l'argument que nous défendons à la page 7 est important dans le sens où, par rapport aux autres instances qu'il y a au Canada, le gouvernement fédéral possède des documents relatifs à la sécurité nationale et des documents relatifs aux relations diplomatiques et à d'autres considérations, ce qui n'est pas forcément le cas des provinces et des territoires. À nos yeux, ce que la Cour suprême du Canada a affirmé dans le procès Carey en 1986 demeure vrai aujourd'hui: ces documents-là sont différents. En l'occurrence, la Cour suprême du Canada a affirmé que même les juges ne devraient pas voir les documents de ce genre, et peut-être pendant une très longue période.
À notre avis, ces types particuliers de documents pourraient demeurer peut-être un cas exclu, mais nous pensons tout de même qu'il faudrait certainement étudier plus à fond la question du traitement des documents en question.
À propos de la recommandation 9, soit que le commissaire donne son accord à toute prorogation au-delà de 60 jours, l'article 9 de la Loi sur l'accès à l'information sous sa forme actuelle ne fixe pas de limite en ce sens. Nous entendons par là que, si vous regardez ce qui se fait un peu partout au pays, vous verrez qu'il n'est pas rare qu'une telle prorogation soit soumise à une limite de temps, et nous convenons avec le commissaire qu'il faudrait fixer une limite de temps dans les cas où le ministère décide de reporter le délai de réponse à une demande.
Selon la recommandation 10, la loi devrait préciser les délais pour la réalisation des enquêtes à caractère administratif.
Voilà qui est très intéressant, étant donné que d'autres lois, notamment en Colombie-Britannique, exigent que le commissaire réalise ses enquêtes et rende ses décisions dans un délai de un an. Cette recommandation, que nous appuyons, fait valoir que le commissaire devrait réagir dans un délai particulier, mais seulement pour les questions administratives.
J'ai lu les observations de certains des autres témoins que vous avez accueillis, et je crois que ce sont les retards énormes qui sont d'abord et avant tout critiqués, comme ils ont pu le dire. Certains des problèmes qui inquiètent le plus touchent les délais, les frais, les prorogations et ainsi de suite. Cette recommandation obligerait le commissaire à répondre à une plainte dans un délai fixé d'avance. Cela donnerait peut-être une loi plus efficace. Je sais que le commissaire est d'accord avec cela.
Selon la recommandation 11, les plaignants pourraient s'adresser directement à la Cour fédérale en cas de refus d'accès. Ce serait le cas d'une demande présentée à un ministère et refusée par le même ministère. L'auteur de la demande pourrait alors choisir soit de déposer une plainte auprès du commissaire, soit de s'adresser directement à la Cour fédérale.
Encore une fois, nous sommes d'accord pour dire qu'il y a évidemment un problème quant au temps mis pour réagir aux plaintes en question, mais, à notre avis, il vaut mieux donner au commissaire les outils de travail nécessaires pour exercer son mandat de manière efficace et appropriée que de permettre au plaignant de s'adresser directement à la Cour fédérale.
Notre premier souci, c'est que la plupart des gens ne sont pas armés comme il faut pour affronter la myriade de difficultés que cela entraîne. Ensuite, la Cour fédérale elle aussi mettra un certain temps à réagir; elle n'entrera pas en scène immédiatement. Troisièmement, et je crois que c'est ce qui est le plus important, cela exigerait des ressources énormes. Seuls ceux que l'on dit bien nantis, les auteurs d'une demande d'accès qui se trouvent à avoir beaucoup d'argent, seraient en mesure de bien recourir à la Cour fédérale; nous sommes donc d'avis que ce n'est pas la solution.
De fait, si vous regardez ce qui se fait un peu partout au pays, vous verrez que l'approche moderne de problèmes de ce genre consiste à accorder au commissaire un pouvoir exécutoire en autorisant un accès très limité aux tribunaux, et seulement à des fins de contrôle judiciaire, et non pas pour quelque appel. Cette idée irait à l'encontre de la pratique qui tente de s'établir, et certains de vos témoins ont déjà parlé de la nécessité d'adopter une démarche plus simple, plus rapide pour régler ces questions-là.
Enfin, la recommandation 12 prévoit des prorogations pour les multiples demandes simultanées provenant d'un seul demandeur. L'article 9 prévoit seulement deux motifs pour la prorogation du délai dans un ministère: étant donné le volume élevé de demandes ou les consultations nécessaires pour donner suite à une demande, il n'est pas possible de respecter le délai. L'expérience vécue par d'autres pays, notamment sous la coupe d'autres administrations au Canada, font voir qu'il existe d'autres raisons, des raisons légitimes pour qu'un organisme ne donne pas suite à une demande dans les 30 jours, ce qui n'est pas indiqué ici; nous sommes donc d'accord avec la proposition du commissaire à ce sujet aussi.
Nous admettons que certaines de nos recommandations, certaines des idées que nous avançons pourront obliger l'État à mobiliser des ressources, mais comme mon collègue David l'a dit, nous estimons que cette loi est un élément très important qui garantit la solidité de notre démocratie. Tout au moins, nous sommes d'avis que ces recommandations sont appropriées.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le groupe de témoins du point de vue qu'ils viennent défendre et de l'expertise qu'ils mettent à contribution ici.
Comme le président l'a fait remarquer, pour parler de ces recommandations, on parle sans cesse de « correctifs rapides ». Je m'inquiète de ce que nous proposions — et il est clair que c'est le cas — d'en finir au plus vite avec un véritable problème, problème qui va au coeur même de notre régime démocratique: la transparence du gouvernement.
Pour utiliser d'autres termes que certains témoins ont employés devant le comité pour parler de notre système d'accès à l'information, sous sa forme actuelle, disons qu'il a été qualifié d'inefficace, de honteux. Selon l'ombudsman chargé des questions d'accès à l'information au Nouveau-Brunswick, les responsables gouvernementaux chargés d'accélérer le traitement des demandes d'accès à l'information ont fini par adopter une attitude très différente: désormais, ils sont les gardiens du système.
Constamment, nous entendons dire que les députés, les élus qui agissent au nom des électeurs sont alertés en cas de demande délicate. Le commissaire lui-même a affirmé que toute sa section pratique une « culture de non-divulgation », l'inverse tout à fait de ce que nous voulons réaliser. Dans une entrevue accordée le 9 février, il a même montré un groupe particulier du doigt en affirmant que le centre de communication — il parlait du BCP — a la mainmise sur toutes ces affaires-là.
Ce qui m'inquiète, c'est que nous présentions toutes ces propositions sans vraiment nous attaquer à la question fondamentale: que le système actuel est dysfonctionnel. L'effet obtenu est, de fait, l'inverse de ce qui avait été imaginé il y a un quart de siècle, au moment où la loi a été adoptée.
Je vous remercie de l'expertise que vous mettez à contribution pour commenter chacun des correctifs rapides dont il est question, mais, moi, je m'intéresse davantage à votre introduction. Dans votre introduction, vous dites que c'est un mécanisme quasi constitutionnel. Ça nous ramène à un principe fondamental. De fait, c'est un régime très différent qui en est venu à s'établir aux États-Unis, avec une approche très différente de celle du régime précédent. Selon le président Barack Obama, que vous avez cité en introduction: « Qui dit démocratie dit responsabilité, et qui dit responsabilité dit transparence. » Puis, en parlant des lois de son pays, il poursuit: « Dans notre démocratie à nous, il y a le Freedom of Information Act... qui encourage la responsabilité, grâce à la transparence, et qui représente la plus éclatante expression d'une promesse profonde — avoir un gouvernement ouvert — que nous nous sommes faite en tant que pays. »
Selon vous, les correctifs rapides dont il est question font-ils voir, en notre nom à nous, la volonté profonde de respecter ce principe fondamental, soit de s'assurer que notre gouvernement ici au Canada est un gouvernement ouvert lui aussi?
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Merci, monsieur le président.
Madame Platt, madame Schellenberg, monsieur Fraser, bonjour. Je trouve intéressant que l'on cite M. Barack Hussein Obama dans le document. C'est bien, c'est un vent de fraîcheur qui nous arrive du Sud. J'aimerais savoir si on pourrait citer également nos précédents premiers ministres, s'ils en ont dit autant sur des choses aussi fondamentales que l'accès à l'information. Ce sera un travail pour plus tard.
Quand je pense à Loi sur l'accès à l'information, l'image que j'ai est celle d'un individu qui, conformément aux règles qu'il doit respecter parce qu'il est d'un employé de l'État, fait des traits sur des feuilles de papier avec un gros marqueur noir pour s'assurer qu'on n'ait pas accès à grand-chose dans ce document, mais les points virgules ne disparaissent pas.
Récemment, le ministre a comparu devant le comité. Nous lui avons demandé quand son gouvernement déposerait un nouveau projet de loi sur l'accès à l'information dans le but de moderniser la loi actuelle. Depuis 20 ans, sinon plus, des demandes sont faites en ce sens. Certaines motions ont même été déposées par le comité à la Chambre des communes pour que le ministre dépose, pour le 31 mai 2009, un projet de loi visant à moderniser l'accès à l'information. Tout frais sorti des chutes Niagara, il n'a absolument rien voulu entendre. C'était une diarrhée de mots dans un désert d'idées, qui se résument au fait qu'il n'en était pas question.
Il n'en demeure pas moins que vous avez fait un certain travail. J'ai été un bon élève, j'ai lu votre mémoire. Je suis enseignant de formation et non pas avocat. J'ai trouvé vos propos intéressants. Madame Platt, tout à l'heure, vous avez fait un bon exposé. Si j'avais à faire un bref commentaire, je dirais merci beaucoup pour le travail que vous nous avez apporté eu égard aux propos de M. Marleau.
Aujourd'hui, nous savons que M. John Reid, le prédécesseur de M. Marleau, a déjà rédigé un projet de loi pour suggérer des modifications à la Loi sur l'accès à l'information. Historiquement, vous en savez probablement plus que moi sur le sujet. Vous semblez ne pas être d'accord sur trois recommandations de M. Marleau. Vous êtes d'accord sur certains points, par exemple les points 7, 8 et 11 que vous avez cités tout à l'heure, qui méritent d'être reconsidérées, selon vous.
Pour ma part, je m'interroge sur le point 8, qui porte sur le Cabinet. Si j'ai bien compris la documentation que j'ai lue en vue de la rencontre avec l'actuel ministre de la Justice, M. Nicholson, dans certaines provinces canadiennes, on aurait accès à des documents qui proviennent du Cabinet de ces provinces. Êtes-vous au courant de cette situation? Si c'est le cas, pourquoi pourrait-on avoir accès à ces documents au provincial, mais pas au fédéral? Je m'adresse à vous trois. Vous êtes des experts.
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Eh bien, l'enjeu, pour ce qui est des documents confidentiels du Cabinet sous le régime de la Loi sur l'accès à l'information, ici, au niveau fédéral, c'est que c'est une exclusion et qu'il existe une marche à suivre pour déterminer s'il s'agit bel et bien d'un document confidentiel du Cabinet. C'est le greffier du Conseil privé ou le procureur général qui l'atteste.
Autant que je sache, cette marche à suivre n'existe nulle part ailleurs au Canada. La plupart du temps, c'est une exception, plutôt qu'une exclusion; c'est donc comme tout autre document: la personne fait la demande et, s'il s'agit d'un document du Cabinet, elle reçoit une note qui dit que la loi ne s'applique pas à ce document, étant donné qu'il y a une exception prévue pour les documents du Cabinet. Dans la plupart des provinces, on a le droit d'en appeler devant un commissaire, et le commissaire, lui, examine le document et prend une décision.
Je ne crois pas qu'il y a un endroit au Canada où les documents du conseil des ministres soient ainsi accessibles. En Colombie-Britannique, je crois qu'on affiche certaines décisions du conseil des ministres sur Internet, et vous pouvez lire dans la Loi sur l'accès à l'information qu'il existe certaines exceptions à l'exclusion — ce qui veut dire que c'est autorisé par la loi —, dans le cas des décisions ayant déjà été prises par le conseil des ministres, dans la mesure où le document a 20 ans ou que la décision a été prise dans les quatre années...
J'oublie; il faudrait que j'y jette un coup d'oeil. Autrement dit, il y a certaines exceptions prévues dans la loi, par opposition aux cas d'exclusion. Je crois que c'est là la véritable distinction à faire si on regarde la loi fédérale.
Les exceptions se produisent dans les cas où les documents de travail se rapportant à une décision ont été rendus publics, si la décision a été rendue il y a au moins quatre ans et si les documents ont plus de 20 ans. En Ontario, par exemple, si le document a plus de 20 ans, il ne peut constituer une exception. Le plus souvent, les documents du conseil des ministres constituent des exceptions, la différence ici, au gouvernement fédéral, étant qu'il s'agit d'une exclusion, ce qui veut dire que ça ne relève même pas de la loi en tant que telle, à condition qu'il s'agisse vraiment d'un document du Cabinet.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord remercier Mme Block d'avoir souligné le fait que le Parti libéral est très ouvert lorsqu'il est question de s'inspirer des pratiques exemplaires d'autres gouvernements, qu'ils soient provinciaux ou autres, comme il a été mentionné dans des déclarations antérieures; par exemple la Nouvelle-Zélande qui a mis en place un système ouvert où l'information est affichée de façon proactive.
Nous souscrivons certainement aux principes que les représentants de l'Association du Barreau canadien ont mentionnés dans leur déclaration préliminaire lorsqu'ils ont fait allusion au président actuel, M. Obama, pour souligner l'importance de la transparence dans une démocratie. Malheureusement, le gouvernement actuel semble s'aligner de près sur le mode de fonctionnement de l'administration précédente, dont les principes directeurs étaient aux antipodes — la culture du secret.
Voyons si nous pouvons étayer ce type de prémisses. Si on examine les quelque 200 demandes qui ont été soumises depuis mai 2007, jusqu'à maintenant, 25 d'entre elles n'ont pas encore été traitées, de sorte que les personnes qui les ont présentées attendent toujours. Je vais vous donner des exemples. Ce sont des questions d'intérêt public fondamentales. Si elles ne sont pas réglées, elles mineront la confiance du public dans la démocratie, dans notre gouvernement.
L'une de ces demandes, qui a été adressée au ministère de la Défense nationale, visait l'obtention de renseignements sur l'acquisition des hélicoptères Chinook. La réponse tarde depuis 330 jours. Cela concerne la façon dont le gouvernement attribue les contrats d'équipement militaire. Il y a deux demandes qui ont été présentées au ministère des Affaires étrangères pour obtenir de l'information sur les transfèrements de détenus. Le traitement de ces demandes est en retard de 290 jours. Cela se rapporte à la question fondamentale de savoir si nous donnons suite à nos engagements en matière de droits de la personne.
Des principes fondamentaux sont en cause dans le cas présent.
Lorsque je regarde ces correctifs rapides, la recommandation 9 est celui qui, je crois, consisterait à obliger le commissaire à approuver les prorogations au-delà de 60 jours. Pourtant, il n'y a aucune sanction ni aucun moyen lui permettant de garantir qu'il y aura des résultats concrets. Lorsqu'on regarde la situation, on constate que le traitement des demandes est passé de 30 ou 60 jours lorsque les libéraux étaient au pouvoir à une période de 150 à 250 jours sous le gouvernement actuel.
Si l'intention d'un gouvernement est réellement d'entretenir la culture du secret et que son mode de fonctionnement est opaque, s'il s'agit-là du principe qui guide un premier ministre et ses agents du CPM et du BCP, il y a lieu de se demander si ces correctifs rapides vont avoir une réelle incidence. Prenons la recommandation 9. Si nous disons que nous allons expliquer au commissaire qu'il doit approuver les prorogations, mais que, à l'heure actuelle, presque rien ne se produit pendant les 60 premiers jours, alors pourquoi adopter une recommandation dont on ne tiendra compte que si l'on prévoit des sanctions fermes ou, du moins, une façon d'humilier un gouvernement, de l'exposer publiquement pour le pousser à agir?
Pourrais-je savoir ce que vous en pensez?
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En fait, il y aura un vote. Les cloches sonneront à 17 h 30, et nous devrons mettre fin à notre réunion de toute façon.
Nous allons nous arrêter ici, si vous le voulez bien.
Dans le cadre de vos exposés, de vos commentaires et de vos observations supplémentaires à propos d'autres aspects à prendre en considération, vous êtes allés au delà de ce qu'on est en droit d'attendre de la part de l'ABC, comme d'habitude. Je suis ravi que vous ayez pu passer un peu de temps avec nous. Je sais que tout le monde va devoir quitter incessamment, mais au nom des membres du comité, je vous remercie chaleureusement des exposés et des renseignements que vous avez présentés. Nous aurons l'occasion de nous revoir un jour ou l'autre pour discuter de l'une des lois qui nous intéressent. Vous êtes maintenant autorisés à vous retirer.
Il y a une chose dont j'aimerais discuter avec les membres du comité avant que les cloches ne sonnent.
Nous n'avons pas eu l'occasion d'aborder l'autre point inscrit à l'ordre du jour, qui concerne la Loi sur la protection des renseignements personnels. Cependant, les recherchistes ont mis à jour leur rapport préliminaire sur l'ensemble des travaux que nous avons effectués. Il sera distribué aux membres. Il contient déjà certains renseignements concernant les autres points touchant la question de la formation et des ressources. Il s'agit bien sûr de cette question à propos du Conseil du Trésor, et ainsi de suite.
D'autres témoins ont laissé entendre deux ou trois choses. En ce qui concerne les pouvoirs exécutoires, le devoir d'informer une personne du fait que ses droits en matière de protection des renseignements personnels ont été enfreints, et les autres choses du genre, nous sommes en butte à des difficultés qui ne sont pas sans intérêt. Il est bon de savoir que ces questions sont à l'étude, mais nous n'avons entendu que le point de vue d'un parti. Les autres témoins n'étaient pas au courant de ces questions, et nous n'avons entendu aucune observation à leur égard. À l'heure actuelle, les recherchistes recommandent que nous revenions sur ces questions au moment où nous nous pencherons de nouveau sur la Loi sur la protection des renseignements personnels.
La prochaine version du rapport contiendra vraisemblablement les mêmes renseignements sur ces questions, et elle vous sera distribuée. Si je tiens à vous fournir une nouvelle version, c'est que, comme vous le savez, lundi prochain, la commissaire à la protection de la vie privée se présentera devant nous pour exposer son point de vue sur l'ensemble du processus que nous venons tout juste d'examiner. En ayant sous les yeux la plus récente version du rapport, vous serez en mesure de prendre en note ses mises au point ou ses arguments supplémentaires concernant les choses qu'elle aimerait voir. J'ignore combien de temps nous passerons là-dessus lundi, mais s'il nous reste une demi-heure après cette réunion, nous pourrions très bien poursuivre à huis clos pour fournir aux recherchistes d'autres directives à propos des mises à jour et des modifications à apporter à la version du rapport dont vous disposerez à ce moment-là. Nous ferons cela si le temps nous le permet.
Si l'on regarde un peu plus loin, mercredi, M. Marleau viendra nous présenter son budget des dépenses. La semaine suivante, nous recevrons Mme Stoddart, qui nous présentera elle aussi son budget des dépenses. Le 27, nous recevrons M. Marleau pour discuter de la version préliminaire de notre rapport sur l'accès à l'information. Il s'agit du même processus que celui que nous avons entrepris en ce qui concerne la protection des renseignements personnels et les solutions rapides. Nous procéderons à huis clos, nous tenterons de faire avancer cela un petit peu, et ainsi de suite. Nous allons entreprendre le même processus et aller de l'avant pour élaborer un rapport préliminaire, y inscrire les commentaires formulés par chacun et, en fin de compte, je le souhaite, le présenter à la Chambre.
Les cloches sont sur le point de sonner.
Monsieur Wrzesnewskyj