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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle George Gilvesy et je suis directeur général d'Ontario Greenhouse Vegetable Growers. Je suis accompagné de Leanne Wilson, notre coordonnatrice scientifique.
Vous avez parlé de gel, et c'est assez symbolique de la culture en serre, qui se pratique dans un environnement contrôlé; ça tombe bien que nous nous parlions par écran vidéo interposé.
Je vais commencer par vous donner un aperçu de l'industrie ontarienne des légumes de serre. Le secteur des légumes de serre de l'Ontario compte pour 63 % des recettes monétaires agricoles, soit 1,24 milliard de dollars, attribuées au secteur canadien des légumes de serre. L'Ontario est l'une des plus grandes régions productrices de légumes de serre en Amérique du Nord: on y trouve 2 398 acres consacrés à la production de tomates, de poivrons et de concombres de serre. Les légumes de serre sont aussi cultivés à grande échelle en Colombie-Britannique, en Alberta, au Québec et dans les Maritimes. Les 10 000 emplois annuels liés à la production des légumes de serre de l'Ontario témoignent également de l'importance de ce secteur dans l'économie rurale.
L'organisme Ontario Greenhouse Vegetable Growers, ou l’OGVG comme on l'appelle couramment, a son siège social à Leamington, en Ontario, et il représente les producteurs de tomates, de poivrons et de concombres de serre en Ontario. Son mandat consiste à faciliter l'accès au marché aux serriculteurs et à créer des circonstances favorables à la prospérité économique.
Monsieur le président, notre secteur est l'un des secteurs agricoles qui croissent le plus rapidement au Canada. L'envergure et la croissance de ce secteur en Ontario sont relativement peu connues à l'extérieur de la région productrice. Peu de gens sont au courant de la place prépondérante qu'occupe l'Ontario sur le marché partout en Amérique du Nord. Cette dominance du marché s'étend de l'est du Canada jusqu'au sud des États-Unis, principalement à l'est du Mississippi, et ce, d'avril à novembre. Environ 70 % de notre production est exportée aux États-Unis.
Entre 2011 et 2012, la ville de Leamington a enregistré une augmentation de 10,6 % de son produit intérieur brut. Le gestionnaire du développement économique de Leamington a attribué cette croissance des emplois et du PIB principalement aux 205 acres de culture locale des légumes de serre. À près de 1 million de dollars par acre, cet investissement privé dans des installations de production serricole de haute technologie a donné un véritable essor à l'économie, et la croissance du secteur devrait se poursuivre.
L'objectif du secteur des légumes de serre de l'Ontario est de dépasser 1 milliard de dollars de vente d'ici 10 ans. Seuls les investissements privés, combinés à ceux du gouvernement et d'autres parties prenantes, dans des politiques et des programmes de recherche et développement innovateurs permettront d'atteindre cet objectif; ils stimuleront la production en serre, pendant toute l'année, de fruits et légumes qui sont sains, frais et d'une qualité qui répond aux besoins de notre clientèle grandissante.
La culture des légumes de serre est la forme d'agriculture la plus durable et la plus productive au Canada. Nous sommes capables de produire beaucoup plus d'aliments par mètre carré que les cultivateurs de plein champ parce que notre exploitation s'étend sur presque toute l'année, dans un environnement contrôlé, qui nous permet de maximiser la production de légumes de haute qualité. La nature contrôlée de notre système de production nous permet également d'utiliser plus efficacement les intrants agricoles habituels, par exemple l'eau et les éléments nutritifs, ainsi que d'autres intrants qui ne sont pas faciles à employer dans la production de plein champ, par exemple les abeilles pour la pollinisation, le dioxyde de carbone pour hausser la photosynthèse, et les bons insectes pour jouer le rôle de pesticides. Dans l'ensemble, la culture en serre des légumes donne l'occasion au Canada d'augmenter au maximum la production d'aliments sains, tout en drainant le moins possible les ressources agricoles limitées du pays.
L'innovation est essentielle à la compétitivité mondiale de notre secteur. Les agriculteurs canadiens font face à une vive concurrence de la part des autres serriculteurs utilisant la haute technologie ainsi que des producteurs à faible coût. Par conséquent, OGVG et ses membres se sont engagés à investir dans des initiatives de recherche et de développement novatrices, pour devenir plus concurrentiels sur le marché mondial.
Le gouvernement joue un rôle essentiel au chapitre de l'innovation en fournissant un soutien aux projets de R-D dans le secteur agricole. OGVG est très reconnaissante du soutien à la R-D que le gouvernement a offert par le passé au secteur des légumes de serre. Notamment, nous savons gré du soutien de 2,7 millions de dollars offerts par le truchement du programme Agri-innovation, pour notre projet intitulé Advancing the Ontario Greenhouse Vegetable Sector: Global Competitiveness Through Innovation. Au cours des cinq dernières années, un total de 8,3 millions de dollars ont été investis dans des projets, au profit des producteurs de légumes de serre de l'Ontario.
Étant donné la nature de nos systèmes de production, notre secteur dépend beaucoup de l'utilisation des installations de serres expérimentales pour la réalisation de recherches novatrices, en particulier le Centre de recherches sur les cultures abritées et industrielles, à Harrow. Nous apprécions énormément l'accès à ces installations et aux chercheurs de calibre mondial qui y travaillent, et nous insistons auprès du gouvernement fédéral pour que les installations de recherche et les chercheurs continuent de bénéficier d'un soutien et d'investissements.
L'accès au financement de la recherche relève toujours du défi. Il est de plus en plus difficile de maintenir un programme de recherche dans notre secteur du fait que les programmes gouvernementaux n'autorisent que des projets de quatre à cinq ans; en outre, la transition entre les programmes, par exemple entre Cultivons l'avenir 1 et Cultivons l'avenir 2, entraîne souvent des lacunes importantes sur le plan du financement et une diminution de la capacité de recherche. La flexibilité, dans le cadre de ces programmes, est aussi très restreinte et, souvent, cette situation a pour conséquence d'étouffer l'innovation. Nous encourageons fortement le gouvernement à collaborer avec les intervenants dès le début de la planification du programme Cultivons l'avenir 3, de sorte qu'une rétroaction positive puisse être obtenue afin d'assurer une transition en douceur et la mise en oeuvre d'un programme efficace et transparent.
Parlons maintenant de la sécurité alimentaire. L'un des éléments les plus importants de la sécurité alimentaire est d'assurer aux Canadiens une nourriture salubre et sûre. Les producteurs de légumes de serre de l'Ontario ont à coeur la sécurité alimentaire, et chaque ferme fait l'objet annuellement d'une vérification externe de la salubrité des aliments. Bon nombre de nos producteurs agricoles ont aussi mis en oeuvre des systèmes avancés de traçabilité assurant le suivi d'un produit depuis le consommateur jusqu'à la section exacte de la serre où le produit a été cueilli. Grâce aux programmes de traçabilité et de sécurité alimentaire de notre secteur, nous sommes bien préparés à faire face aux incidents potentiels relatifs à la salubrité alimentaire.
En septembre 2012, le comité de la serriculture du Conseil canadien de l'horticulture a écrit des lettres au et à la pour faire connaître ses inquiétudes à l'égard du degré de préparation du gouvernement en cas de maladie d'origine alimentaire. Ces lettres ont été rédigées à la suite de l'incident dévastateur, très publicisé, de la contamination par la bactérie E. coli en Allemagne, causée par des graines germées provenant d'Europe, en 2011. Cet incident nous a appris beaucoup de choses, notamment sur l'ouverture du système alimentaire mondial, sur une Europe sans frontières, sur l'importance de la préparation de l'industrie et du gouvernement, par la désignation de porte-parole et l'établissement d'un plan de gestion de crise, et surtout, sur la valeur d'un système de traçabilité global.
L'excellence du système de salubrité alimentaire du Canada est reconnue dans le monde entier, et cette réputation doit être conservée par l'élaboration et la mise en oeuvre d'un plan original de gestion de crise qui prend en compte les besoins du gouvernement, des consommateurs et des secteurs agricoles. Nous encourageons le gouvernement à revoir la planification au Canada, de façon à réduire au minimum les impacts négatifs d'une situation semblable à celle que l'Europe a connue.
En ce qui concerne les nouveaux marchés et l'accès aux marchés, la concurrence à laquelle font face les producteurs de légumes de serre...
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J'aurais bien aimé avoir autant de temps que l'autre témoin.
Des voix: Oh, oh!
M. Wilson Scott Thurlow: Je suis très heureux de comparaître au nom de l'Association canadienne des carburants renouvelables.
L'industrie canadienne des biocarburants locaux, c'est-à-dire celle qui utilise des produits agricoles cultivés au Canada pour les convertir en carburants renouvelables qui brûlent sans résidus, est la définition même de l'innovation. Fondée en 1984, l'Association canadienne des carburants renouvelables est le principal promoteur, au Canada, des avantages économiques et environnementaux des biocarburants, et elle représente toutes les filières de l'industrie canadienne des biocarburants locaux.
Dans toutes les régions du pays, les usines de fabrication de carburants renouvelables génèrent des avantages économiques bruts de plus de 3,5 milliards de dollars par an pour l'économie canadienne, et plus de 14 000 emplois directs et indirects.
Je suis très fier de comparaître aujourd'hui au côté d'Ontario Greenhouse Vegetable Growers, surtout que l'un de nos membres fournit du dioxyde de carbone à l'exploitation serricole qui se trouve à côté de son usine d'éthanol, à Chatham. Très bientôt, il va aussi fournir de la chaleur résiduaire aux installations serricoles de Truly Green. Les biocarburants qui servent à la culture des tomates, de belles tomates locales à faible empreinte carbone, sont un bel exemple d’innovation agricole à la fois visionnaire et pratique.
Je pourrais me contenter, aujourd'hui, de vous énumérer tous les coproduits durables et à valeur ajoutée que les membres de l'association fabriquent à l'heure actuelle. Je vais plutôt vous donner à tous des biscuits confectionnés avec l'un de ces produits, la glycérine à base de biodiesel, dans nos usines de Hamilton où nous transformons en biodiesel l’huile de maïs provenant d'une usine d'éthanol. Ensuite, on prélève la glycérine du biodiesel pour en faire les biscuits que je vous ai offerts tout à l'heure. Je pourrais aussi vous énumérer toutes les autres choses sur lesquelles nous travaillons en ce moment.
Mais soyons sérieux. Notre industrie est à l'avant-garde de l'innovation, qui est le sujet de notre étude. Il y a tout juste deux semaines, , député d’Elgin—Middlesex—London, a pris la parole à la Chambre des communes pour dire que l'un de nos membres, IGPC, venait d'atteindre le seuil d'un milliard de litres d'éthanol produits dans son usine d'Aylmer, en Ontario, dans cette région qui est le grenier à maïs de l'Ontario. IGPC prévoit maintenant d'agrandir sa raffinerie d'éthanol afin d'en fabriquer à partir d'autres sources, et de convertir en huiles végétales le dioxyde de carbone produit par la raffinerie.
Cette coopérative d'agriculteurs est un exemple d'innovation. Grâce à la chimie, nos membres réussissent à convertir leurs procédés pour fabriquer d'autres produits, en plus de l'éthanol et des drêches de distillerie. Les membres de notre association fabriquent une vaste gamme de produits qui servent de matière première à beaucoup d'autres industries: l'industrie alimentaire, l'industrie pharmaceutique, les distilleries, la chimie, les produits d'hygiène personnelle, les savons, les additifs de carburants, les sucres et l'industrie automobile, pour n'en nommer que quelques-unes. Il est évident que l'industrie canadienne des carburants renouvelables fait désormais partie de la bioéconomie.
Dans ce contexte, l’ACCR a présenté le mois dernier, à Ottawa, la nouvelle vision et le nouveau plan d'action de l'industrie, qui s'intitule « Evolution and Growth ». J'espère que tous les membres du comité en ont reçu un exemplaire avant mon témoignage. Il y a plusieurs années qu'on n'a pas eu, au Canada, un plan aussi détaillé sur les carburants renouvelables, qui montre clairement la stratégie à suivre pour assurer la croissance de l'utilisation et de la production de biocarburants. Ce plan met en vedette les initiatives novatrices de nos membres.
Plus que toute autre chose, notre industrie devait être, pour les agriculteurs, un outil de gestion du risque, de sorte que si les prix des denrées baissaient, ils conservaient un marché local pour leurs produits. Cette année, avec l'hiver que nous avons eu, l'objectif initial de la réglementation sur les carburants renouvelables et des exigences relatives au contenu minimal de carburant renouvelable a montré toute sa pertinence. Nous avons eu une récolte record au Canada, mais nous ne pouvions pas l’acheminer sur les marchés.
La production de biocarburants s'est avérée une excellente valeur ajoutée pour ces céréales; elle a encouragé des investissements dans les zones rurales et a permis de fabriquer des carburants plus propres.
Par contre, dans le secteur des carburants de pointe, nous n'avons pas progressé comme nous l'aurions voulu. Cette année, nous verrons enfin s'implanter sur le marché nord-américain des usines de fabrication de carburants cellulosiques. L'un de nos membres, la société Enerkem, va fabriquer à Edmonton, à une échelle commerciale, du carburant cellulosique à partir des ordures ménagères. D'autres usines vont ouvrir leurs portes aux États-Unis, qui utiliseront des résidus agricoles comme matière première.
Mesdames et messieurs, ces procédés ne sont plus de la science-fiction. Ils existent déjà. Mais il faut faire plus. Le Canada a besoin de plus de carburants renouvelables, d'autant qu'ils contribuent à la réduction des déchets et des GES.
Il faut se poser la question suivante: que doit-on faire pour encourager d'autres innovations, et pour que ces nouveaux produits soient fabriqués et consommés au Canada? Notre rapport intitulé « Evolution and Growth » y apporte six réponses sous forme de recommandations au gouvernement, qui cadrent parfaitement avec les innovations dans le secteur agricole.
Les recommandations de l'ACCR consistent à valoriser les réductions des gaz à effet de serre, à encourager l'innovation et l'investissement au Canada, à faire passer de 2 à 5 % le contenu en carburants renouvelables, à offrir de nouveaux mélanges de carburants aux consommateurs, directement à la pompe, à augmenter notre production et notre utilisation de carburants de pointe, et enfin, à élaborer une stratégie complète pour l'instauration d'une bioéconomie au Canada.
Ces recommandations sont interreliées, mais elles peuvent chacune faire l'objet d'une politique distincte, dans le but d'encourager l'innovation et la production de biocarburants au Canada.
Je vais m'attarder sur certaines d'entre elles, mais vous pourrez me poser des questions sur les autres, tout à l'heure.
Les programmes de soutien aux entreprises sont un incroyable outil de gestion du risque pour le développement de notre industrie des carburants renouvelables, au Canada. Ces programmes sont de véritables aimants pour les investissements, qui sont à leur tour générateurs d'innovations.
Avant 2008, il y avait au Canada très peu d'usines à proprement parler. Grâce à des programmes comme écoÉNERGIE pour les biocarburants, qui encourage les investissements privés, nous avons pu partager les risques avec les investisseurs, les innovateurs de biocarburants et le gouvernement. À la fin de ce programme, notre première génération de producteurs de biocarburants sera en bonne position pour faire face à la concurrence sur les marchés internationaux des biocarburants.
Des programmes comme Cultivons l’avenir 2 et son volet Agri-innovation, le PAI, sont extrêmement importants. Nos membres les ont appuyés dès le début. Mais un ami me faisait remarquer qu'il faudrait qu'ils soient plus flexibles pour pérenniser l'innovation dans le secteur agricole.
Le PAI doit offrir cette flexibilité aux entreprises, afin d'encourager l'innovation.
En tant qu'association nationale et en tant que membre du réseau canadien pour une bioéconomie, l'Association canadienne des carburants renouvelables est favorable à l'élaboration d'une stratégie ou d'un dispositif visant à instaurer une bioéconomie nationale.
Nos principaux partenaires commerciaux d'Europe et des États-Unis ont déjà mis en oeuvre des stratégies détaillées et ont investi des milliards dans leurs secteurs bioéconomiques, par la voie de subventions et de politiques d'approvisionnement. Le Canada n'a toujours pas de dispositif permettant de coordonner les différentes politiques, ce qui est un facteur dissuasif pour les investisseurs et qui provoque des retards pour l'homologation des nouveaux produits et des mises à niveau technologiques des installations existantes.
Le Canada fait face à la concurrence farouche des producteurs américains de biocarburants qui, eux, peuvent obtenir l'homologation de leurs nouvelles technologies beaucoup plus rapidement que nous. Les producteurs américains exportent beaucoup chez nous, et ils vont continuer de le faire. Pendant que les entreprises canadiennes attendent l'homologation de leurs technologies, nos concurrents américains profitent de ces technologies pour vendre leurs produits au Canada.
Au final, mis à part les avantages de la proximité du marché, il en coûte plus cher aux producteurs canadiens qu'à leurs concurrents américains d'approvisionner le marché canadien.
Il est clair qu'on ne peut pas continuer comme ça.
Je vous remercie. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Volontiers. Je vais répondre à votre première question, et George répondra à la deuxième.
S'agissant des programmes, ce que nous dénonçons, c'est seulement le temps que ça prend pour démarrer. Dans le cas de Cultivons l'avenir 1, il fallait compter à peu près six mois à un an pour la préparation des demandes et leur approbation, avant de pouvoir vraiment démarrer. De plus, le financement cesse généralement à la fin du programme, il n'y a donc plus rien. Ensuite, dès la mise en place de Cultivons l'avenir 2, il faut préparer d'autres demandes et attendre encore six mois à un an avant qu'elles soient approuvées.
Ces décalages de six mois à un an entre les programmes de recherche nous posent des problèmes, car nous ne savons pas si nous obtiendrons un autre financement. En plus, ça pose des problèmes de continuité, car les chercheurs s'en vont travailler dans d'autres secteurs ou d'autres industries, et les autres employés, y compris les techniciens, doivent être embauchés sur une base contractuelle. Comme ils s’en vont travailler ailleurs, on n'a plus les ressources nécessaires et on prend encore du retard simplement parce qu’il faut les remplacer.
Au final, des programmes qui sont censés durer cinq ans sont réduits à trois ans et demi ou quatre, si bien que, même si le financement est reconduit, nous avons du mal à mettre en place des projets à plus long terme. Nous sommes donc obligés de nous limiter à des projets à court terme, parce que nous ne sommes pas sûrs de toujours avoir les ressources nécessaires pour des projets à long terme.
Voilà le genre de problèmes que nous avons avec ces programmes.
Bonjour. Je me réjouis d'être ici aujourd'hui pour vous parler de l'approche de l'industrie du canola en matière d'innovation et de compétitivité. Je suis vraiment très heureuse d'avoir l'occasion de discuter avec vous d'un secteur de notre activité qui est absolument crucial à la pérennité de notre industrie.
Premièrement, je vais vous rappeler qui nous sommes. Le Conseil canadien du canola est une organisation qui englobe tous les maillons de la chaîne de valeur, dans toutes les branches de l'industrie canadienne du canola: les entreprises bioscientifiques qui mettent au point de nouvelles variétés de semence; les 43 000 producteurs de canola qui cultivent ce produit; les industriels qui transforment la graine en huile et en aliments; et les exportateurs qui achètent le produit aux producteurs pour le vendre sur les marchés internationaux. Les investissements publics et privés et le partenariat dans l'innovation sont les moteurs de la croissance de notre industrie, dont les retombées économiques sont importantes.
Le canola a été mis au point par des scientifiques canadiens au milieu des années 1970, à partir de techniques d'hybridation traditionnelles, et aujourd'hui, c'est le produit agricole qui rapporte le plus aux fermiers canadiens. La culture du canola génère 19,3 milliards de dollars chaque année, et fournit près d'un quart de million d'emplois. L'an dernier, les agriculteurs canadiens ont engrangé une production record de 18 millions de tonnes, ce qui n'a pas manqué d'attirer des investissements importants au Canada. Par exemple, plus de 1,6 milliard de dollars ont été investis au cours des dernières années dans notre capacité de transformation, ce qui témoigne de la confiance qu'inspire notre secteur.
Les différentes branches de l'industrie du canola travaillent ensemble au sein du conseil pour élaborer des plans stratégiques assortis d'objectifs précis et mesurables. L'innovation a toujours été une priorité de ces objectifs et de ces plans, car c'est grâce à l'innovation que nous sommes devenus compétitifs et que nous resterons compétitifs. Notre dernier plan stratégique s'intitule « Keep it Coming 2025 ». Il décrit les objectifs de notre industrie pour les 10 prochaines années, et la façon de les atteindre.
Je vais prendre quelques minutes pour vous décrire le rôle de l'innovation dans cette stratégie. Notre première priorité est d’assurer une offre durable et fiable, et plus précisément d'accroître de manière durable et rentable la production de canola au Canada pour répondre à une demande mondiale de 26 millions de tonnes de canola, en faisant passer le rendement moyen à 52 boisseaux à l'acre; et d'améliorer les caractéristiques de qualité des graines, de l’huile et de la farine pour satisfaire aux exigences nouvelles et établies des consommateurs. À l'heure actuelle, le rendement annuel moyen dans les Prairies est d'environ 34 boisseaux à l'acre. Nous pensons pouvoir atteindre l'objectif de 52 boisseaux d’ici 10 ans. Il nous faudra pour cela disposer de meilleures technologies génétiques et de meilleures pratiques agronomiques. Les entreprises bioscientifiques investissent beaucoup dans la recherche au Canada, afin d'améliorer les rendements et de mettre au point des variétés plus résilientes à des stress comme la sécheresse, les insectes nuisibles, et les maladies.
Une offre durable et fiable dépendra aussi beaucoup de l'amélioration des techniques agronomiques. Les recherches effectuées par le premier pôle de recherche sur le canola, avec le financement du programme fédéral Cultivons l'avenir 2 et du secteur privé, nous montrent qu'il est possible, avec de meilleures techniques agronomiques, d'augmenter le rendement d'au moins 10 boisseaux l'acre. Notre pôle de recherche actuel, qui est également financé par le gouvernement fédéral et le secteur privé, va nous aider à augmenter le rendement et à nous préparer pour l'avenir.
Au cours des prochaines années, nous allons assister à la convergence de la génomique, de la métabolomique, de la biologie, de la technologie des détecteurs haute résolution, de la robotique, de la nanotechnologie, des mégadonnées, et de la bio-informatique, ce qui générera encore plus d'innovations pour les producteurs de canola et les agriculteurs en général. Il est crucial que le gouvernement, les universités et le secteur privé continuent de collaborer dans le domaine de la recherche. Il va aussi falloir trouver de nouvelles façons de faire le transfert des technologies. Notre conseil a pour mandat de s'assurer avant tout que les producteurs ont les bons outils au moment voulu. Notre industrie est à la pointe de la technologie, et les producteurs doivent être en mesure de prendre des décisions adaptées à leur exploitation, c'est un impératif économique.
Les investissements privés et publics sont indispensables, mais le gouvernement fédéral a aussi la responsabilité de mettre en place un dispositif réglementaire approprié. Le système d'enregistrement des nouvelles variétés, qui a été mis en place par le , est un progrès important, l'objectif étant d'avoir un dispositif réglementaire qui répond aux besoins des différents maillons de la chaîne de valeur. L'augmentation de la production de canola n'est bien sûr qu'une des trois priorités du plan stratégique, mais c'est celle qui dépend le plus de l'innovation.
Créer un produit différent à valeur ajoutée est notre deuxième priorité. Le canola ne représente que 5 % des échanges mondiaux d’huile végétale, mais parce que nous avons investi pour comprendre les effets de l’huile de canola sur la santé humaine — les maladies cardiovasculaires, la gestion du diabète et l’obésité —, le monde entier court après le réputé canola canadien.
Pour conserver notre part du marché et pour maximiser la valeur de ce produit pour notre industrie, nous devons continuer d'innover afin que nos produits évoluent en fonction de la demande. Nous allons continuer de faire la promotion du canola et de le présenter comme un produit de première qualité, en faisant connaître les résultats des recherches qui confirment ses bienfaits sur la santé et ses différentes caractéristiques. Les travaux effectués par notre pôle de recherche sur le canola sont un outil essentiel pour démontrer les bienfaits du canola sur la santé. Ils permettent également de démontrer aux éleveurs la valeur de la farine de canola. Nous entendons consolider ce partenariat, afin que les clients comprennent bien la valeur de ce produit.
Notre troisième priorité est un commerce stable et ouvert. Quatre-vingt-dix pour cent de notre production de canola est exportée sous forme de graines, d’huile et de farine. C'est dire que les échanges commerciaux sont cruciaux pour notre industrie. La recherche et l'innovation jouent un rôle important pour la préservation d’un commerce stable et ouvert. Car pour stabiliser les échanges commerciaux et ouvrir de nouveaux marchés, il faut faire connaître les réglementations fondées sur des données scientifiques, partout dans le monde entier. Ça signifie qu'il faut investir dans la recherche pour s'assurer que nos clients sont satisfaits de la qualité de nos produits et que les critères d'inspection des aliments garantissent la sécurité intrinsèque de notre produit. Les efforts déployés par le gouvernement pour signer des ententes avec l'Europe et la Corée sont indispensables à l'expansion internationale de l'industrie canadienne du canola. Il en va de même des ententes qui pourront être signées avec le Japon et le PTP.
En conclusion, nous représentons tous les maillons de la chaîne de valeur de l'industrie du canola, et nous les mobilisons vers les mêmes objectifs. L'innovation est la pierre angulaire de notre succès, et le partenariat de recherche que nous avons avec le gouvernement fédéral est absolument essentiel à l'atteinte de nos objectifs futurs. Nous avons intitulé notre nouveau plan stratégique « Keep it Coming 2025 » parce que c'est ce que le marché nous dit de faire, et nous savons aussi que c'est ce que notre industrie doit faire si nous voulons être le fournisseur privilégié de ceux qui, dans le monde entier, sont à la recherche d’huiles plus saines et d'aliments de qualité pour les animaux.
Merci.
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C'est moi Doug Wray, de Calgary, qui vais faire la déclaration liminaire.
Nous sommes très heureux d'avoir la possibilité de vous parler d'innovation dans l'industrie des plantes fourragères.
Je m'appelle Doug Wray. Je me présente. Mon épouse, Linda, et moi exploitons un ranch familial à Irricana, en Alberta, où nous gérons plus de 300 vaches, nous préparons et faisons paître les veaux, et élevons leurs remplaçants. Je prends la parole aujourd'hui à titre de président du conseil d'administration de l'Association canadienne pour les plantes fourragères. Je suis accompagné de Ron Pidskalny, notre directeur général.
Nous sommes une association nationale sans but lucratif représentant les Canadiens qui cultivent le foin et les produits fourragers, ainsi que les parties prenantes qui dépendent des cultures fourragères pour assurer la survie de leur entreprise.
Les fourrages sont la plus importante culture du Canada, près de 13 millions d'hectares, soit 39 % des terres, étant consacrés à leur production. Ils sont aussi cultivés sur une superficie additionnelle de 15 millions d'hectares de pâturage et de terrains de parcours indigènes ou naturels. Le secteur du bétail est le principal utilisateur de fourrages au Canada: 80 % de la production de boeuf et 60 % de l'alimentation des vaches laitières en dépendent.
Ces 28 millions d'hectares de fourrage génèrent près de 5,1 milliards de dollars d'activités économiques par année. Sur ce total, l'industrie des exportations de fourrage, de foin et de semences représente 288 millions de dollars, le fourrage et le foin connaissant actuellement un taux de croissance de 50 % à cause de problèmes de qualité de l'eau et d'approvisionnement en eau, de la croissance démographique, ainsi que des pénuries de protéines et de fibres dans plusieurs régions du monde. La demande est donc très forte.
Nos membres ont contribué à ouvrir la Chine aux exportations canadiennes de luzerne. En outre, ce printemps, le a conclu un accord commercial avec la Chine en ce qui concerne les exportations de fléoles des prés.
Ces 5,1 milliards de dollars d'activité économique ne tiennent pas compte des 13 milliards de dollars de valeur indirecte provenant des services écosystémiques procurés aux Canadiens en ce qui concerne l'atténuation des changements climatiques, la lutte contre l'érosion, les services de pollinisation, les loisirs, la préservation de l'habitat faunique, ainsi que la réglementation, la protection et l'amélioration des ressources en eau. Nous estimons que c'est un volet très important de l'activité de notre industrie.
La société en général n'est pas au courant des attributs uniques que présentent les fourrages par rapport à la plupart des autres cultures. Les fourrages sont des espèces vivaces qui repoussent chaque printemps, règlent l'azote atmosphérique biologiquement et améliorent la fertilité du sol. Toutefois, s'il existe des programmes de retenues financés par les producteurs pour la recherche et d'autres activités liées aux cultures, comme le canola, et au bétail, comme les bovins de boucherie, il n'y a pas de tels programmes pour les fourrages.
L'association interprète la compétitivité comme la capacité de maintenir un avantage sur les pays concurrents. Cet avantage se développera grâce à l'innovation dérivée d'un plan stratégique cohérent à long terme, qui intégrera les activités à l'ensemble de la chaîne de valeur. Un solide programme de recherche constitue une base essentielle qui favorisera les innovations nécessaires pour conduire à la compétitivité.
Le Canada a connu une diminution importante des investissements et des compétences dans le domaine de la recherche sur le fourrage. De 1985 à 1998, les dépenses de recherche et la capacité scientifique ont diminué de 55 %. Depuis lors, les capacités de recherche continuent de diminuer, le financement est inadéquat et sporadique, les objectifs sont à court terme, et il n'y a aucun engagement à long terme à construire et à entretenir les infrastructures existantes.
Il faut investir dans la recherche pour régler des problèmes prioritaires comme la stagnation du rendement des fourrages afin d'inverser la tendance à la suppression des fourrages de la rotation des cultures au profit de cultures annuelles comme le canola, le maïs et le soja. Une réduction considérable des fonds de recherche sur le fourrage a créé une situation où la production de fourrage n'augmente pas au même rythme que celle des cultures annuelles, ce qui compromet le secteur de l'élevage. Les producteurs sont en train de perdre leur incitatif à la culture de fourrages et de semences fourragères sur des terres arables dans le cadre d'un système de culture pérenne.
Voici des preuves que la compétitivité du fourrage diminue. Le cheptel national de bovins de boucherie continue de baisser malgré les prix record atteints récemment sur les marchés des bovins. La bonification des terres, les efforts de restauration et les initiatives en matière de biodiversité commencent à représenter un défi à mesure que la disponibilité des semences fourragères cultivées et indigènes et des inoculants est moins grande. Enfin, le Canada est en train de perdre ses moyens de tester de nouvelles variétés de plantes fourragères à l'échelle nationale.
Une solution consiste à intégrer les objectifs et les ressources des secteurs aussi bien public que privé. La vision de notre association comprend le renouvellement de la volonté du secteur public de favoriser la recherche sur les cultures fourragères, et la division des activités de recherche entre les secteurs public et privé.
La recherche dans le secteur public se concentrerait sur des objectifs à long terme. Premièrement, résoudre les problèmes technologiques complexes, élaborer des plates-formes technologiques ou surmonter les obstacles technologiques, surtout lorsque des droits privés de propriété intellectuelle ne seraient pas dans l'intérêt public. Deuxièmement, augmenter la capacité intellectuelle et l'expertise par la formation scientifique, l'encadrement et l'enseignement. Troisièmement, étudier les domaines dans lesquels le secteur privé a quitté le marché faute de viabilité commerciale. Nous en avons des exemples. Et quatrièmement, fournir des services écosystémiques dans l'intérêt public. Voilà donc les sujets sur lesquels devrait se concentrer la recherche dans le secteur public.
L'Association canadienne pour les plantes fourragères a élaboré un cadre dans lequel on pourra verser une rémunération équitable pour les services écosystémiques offerts, et ce, grâce à la Commission de coopération environnementale, une organisation trinationale créée relativement à l'Accord de libre-échange nord-américain. Notre projet pilote agit comme catalyseur pour la conservation et l'utilisation durable des prairies d'Amérique du Nord, au moyen de pratiques de gestion bénéfiques qui démontrent des liens positifs entre la production bovine et la conservation des plantes indigènes.
En terminant, voici en trois points nos principales recommandations.
Premièrement, améliorer la capacité de recherche sur les cultures fourragères, en renforçant l'appui par le gouvernement fédéral des programmes à long terme de recherche novatrice, fondamentale et appliquée. Au moyen de recherches novatrices, on pourra régler le problème de la stagnation du rendement et de l'affaiblissement de la compétitivité, ce qui entraînera des progrès durables pour les parties prenantes du domaine des cultures fourragères.
Deuxièmement, chercher des solutions à l'absence de semences fourragères cultivées et indigènes et d'inoculants, au moyen de recherches et de pratiques innovatrices, et trouver des moyens novateurs de vérifier la qualité des variétés fourragères à l'échelle nationale.
Troisièmement, trouver le moyen de rémunérer les producteurs pour la valeur des services écosystémiques que les cultures fourragères ajoutent à l'économie et à la société canadienne en raison de leurs caractéristiques uniques.
Cela met fin à ma déclaration, et je vous remercie.
C'est envisageable. Ce qui se passe avec les plantes fourragères, c'est que la rentabilité commerciale des semences est très limitée, étant donné que ces plantes sont vivaces. Pour ce qui est de la chaîne de valeur, les plantes fourragères se développent sous l'effet du soleil, et elles sont ensuite transformées en protéines alimentaires. Nous sommes donc plutôt dans le secteur de l'énergie solaire.
Étant donné le contexte, ce dont nous avons besoin, c'est de la recherche effectuée dans le secteur public, et à l'heure actuelle, ça relève essentiellement d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Nous devons faire converger ces ressources avec celles du secteur privé. Il existe des modèles que des organisations publiques à but non lucratif pourraient envisager. Il faudrait faire converger les efforts du secteur privé et du secteur public, pour voir comment on peut encourager la mise au point des nouvelles obtentions végétales dont nous avons besoin.
On pourrait s'inspirer d'exemples comme celui du centre de recherches de Sainte-Foy, au Québec, qui relève d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et qui est vraiment un modèle d'expertise dans le domaine des plantes fourragères. Nous avons un autre centre de ce genre pour les veaux de naissage, à Lacombe, en Alberta, et d'autres à Swift Current, en Saskatchewan, à Lethbridge, en Alberta, et ailleurs.
À l'heure actuelle, nous avons peut-être un ou deux chercheurs dans ces établissements. Mais ça ne suffit pas pour constituer un pôle de recherche, il en faut au moins cinq ou six, qui travaillent, en collaboration avec le secteur privé, à la mise au point d'obtentions végétales bénéfiques à l'industrie.
Dans notre stratégie de développement, nous proposons justement la convergence des efforts des secteurs public et privé. Nous invitons nos interlocuteurs du secteur public à nous aider à élaborer un modèle, afin que, sous les auspices d'une organisation à but non lucratif, nous puissions faire profiter tous les Canadiens des bienfaits de nos produits.