[Français]
Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est toujours un très grand plaisir de comparaître devant le comité.
[Traduction]
Le comité nous connaît de plus en plus et nous vous en savons gré.
Je profite de l’occasion pour vous remercier, car c’est également important. Nous n’avons pas suffisamment d’occasions de le faire. C’est très important de remercier, lorsque les remerciements sont mérités.
Nous avons, par exemple, notre grappe agroscientifique, que le a annoncée en 2013 et qui a un budget de 7 millions de dollars. Pour le projet quinquennal, Industrie offre 2,4 millions de dollars en fonds de contrepartie. Vous connaissez très bien évidemment le projet de loi . Les dispositions de ce dernier touchant la protection des obtentions végétales amélioreront l’accès à la technologie et le matériel végétal, et prouvent que le Canada est prêt à faire des affaires.
S’agissant du projet d’abrogation de la réglementation concernant les contenants standards, nous reconnaissons qu’il faudra apporter des changements en temps et lieu, et on a prévu d’examiner la situation en consultant étroitement les intervenants de tout le pays. Le compromis auquel on en arrivera probablement est nettement préférable à l’élimination globale qui avait été initialement prévue, ce dont je vous remercie.
Si le commerce interprovincial est important pour notre secteur, notre capacité d’exportation l’est encore davantage. Un pourcentage important de nos nombreuses cultures, telles que la pomme de terre, les bleuets et les cerises, pour ne nommer que celles-ci, est exporté. L’efficacité de la production et les progrès réalisés dans la gestion de cette production permettent d’augmenter les superficies cultivées et les rendements, et représentent une précieuse contribution au bilan du Canada en matière d’exportations.
Nous avons la chance que les produits canadiens de haute qualité et à valeur ajoutée soit reconnus et en demande. Notre cadre réglementaire, qui favorise les échanges à l’étranger, sous-tend et renforce le commerce et la prospérité au pays.
Nous représentons les producteurs, emballeurs et expéditeurs de plus de 100 fruits et légumes dans tout le Canada. Nous avons aussi comme membres les producteurs, emballeurs et expéditeurs provinciaux, ainsi que les organisations de services connexes. Nous travaillons dans divers domaines clés, tels que la protection des récoltes, l’accès constant à une main-d’oeuvre agricole, l’accès équitable aux marchés, un cadre réglementaire favorable, la recherche et l’innovation, ainsi que la salubrité et la traçabilité des aliments.
Notre énoncé de mission actuel s’articule autour de cinq mots clés qui sous-tendent les mesures que nous prenons afin de rehausser l’innovation, la profitabilité et la viabilité de l’industrie horticoles pour les générations futures. Nous sommes résolus à assurer l’existence de fermes canadiennes prospères pour fournir des aliments salubres tant au Canada qu’à l’étranger.
Nous avons connu un certain nombre de réussites, dont le Programme de salubrité des aliments à la ferme CanadaGAP. Nous avons mené une initiative de collaboration dans le cadre de laquelle le Fonds mondial pour la nature a participé à l’élaboration d’un programme intégré de production fruitière. Nous sommes membre fondateur de GrowCanada et nous participons activement à de nombreuses tables rondes de la chaîne de valeur: celles des secteurs de l’horticulture, de la santé des abeilles et des semences.
Il y a quelques semaines, nos collègues de l’Association canadienne de la distribution de fruits et légumes sont venus témoigner et ont parlé de la contribution importante de l’industrie des fruits et légumes frais à la chaîne d’approvisionnement du champ à l’assiette. Du côté champêtre, avec une production primaire de plus de 5 milliards de dollars et de 10 milliards de dollars après l’emballage ou la transformation, nous représentons un secteur agricole important et, à mon avis, le plus diversifié qui soit.
Le rehaussement de la diversité et de la salubrité des aliments « par les Canadiens pour les Canadiens » est une priorité qui ne peut être atteinte que par le truchement du dialogue, de la compréhension et de la collaboration stratégique. Encore une fois, cela nécessite un cadre réglementaire qui nous sera utile au Canada et à l’étranger; du financement adéquat pour la recherche et l’innovation; des mesures appropriées pour élaborer et mettre en oeuvre des politiques et des programmes qui favoriseront la rentabilité des producteurs, y compris des programmes traditionnels et non traditionnels de gestion des risques et d’autres types de programmes; des mesures pour favoriser les initiatives de salubrité et de traçabilité des aliments; et des mesures pour veiller à ce que les importations respectent les normes canadiennes. La recherche et l’innovation sont d’une importance capitale pour faire en sorte que le secteur horticole canadien demeure concurrentiel.
Il est primordial d’améliorer l’accès au marché. Le Secrétariat à l’accès aux marchés coordonne les initiatives du gouvernement avec l’industrie afin de permettre aux provinces et aux territoires de prendre des mesures dynamiques et stratégiques pour créer de nouveaux débouchés et rester à la hauteur des concurrents internationaux. Nos efforts ont été couronnés de succès à cet égard; à titre d’exemple, nous avons récemment réussi à vendre nos cerises sur le marché chinois.
Dans le passé, la protection des récoltes a fait l'objet de nombreuses études. Les investissements liés à la mise en place d'activités continues en collaboration avec le Centre de la lutte antiparasitaire d'Agriculture et Agroalimentaire Canada font honneur à toutes les personnes qui ont participé.
La productivité et la compétitivité à l'échelle internationale du secteur horticole de plusieurs milliards de dollars dépendent beaucoup de l'accès rapide et ininterrompu aux intrants agricoles et alimentaires et aux technologies qui ont obtenu une approbation réglementaire et qui sont offerts sur le marché, non seulement à nos compétiteurs dans d'autres administrations, mais à nous aussi. En même temps, un des fondements du secteur agricole canadien est un important avantage concurrentiel pour les agriculteurs canadiens, qui dépend en partie de notre système de réglementation des technologies fondées sur des données scientifiques de renommée mondiale. Beaucoup de pays nous envient ce système, qui produit des données scientifiques rigoureuses permettant de protéger la santé des Canadiens et l'environnement. En outre, il s'agit d'un système prévisible et rapide qui permet d'offrir aux agriculteurs et à l'industrie les outils dont ils ont besoin.
J'aimerais parler rapidement des pollinisateurs. Dans le domaine de l'agriculture, nous dépendons fortement des produits de protection des cultures et des pollinisateurs, comme les abeilles. Le secteur horticole est un modèle exemplaire de la coexistence efficace entre les agriculteurs, les producteurs et une population pollinisatrice solide. Cette coexistence est nécessaire: pas d'abeilles, pas de nourriture. Et à l'inverse, pas de produits de protection des récoltes, et pas de nourriture non plus. Les pollinisateurs jouent un rôle important dans la réussite agricole du Canada, et des préoccupations ont été soulevées, au Canada et à l'échelle internationale, au sujet de leur santé à long terme. Les producteurs horticoles canadiens savent qu'il faut à la fois les produits et les pollinisateurs et que la perte d'un des deux aurait des conséquences désastreuses. Certains de nos membres sont les plus importants clients au pays des apiculteurs commerciaux. En fait, l'un des principaux enjeux à l'avenir sera la demande accrue pour des pollinisateurs. Nous sommes à peu près tous d'accord avec le fait que les principaux agents de stress des abeilles sont les organismes nuisibles et les parasites, un régime inapproprié et les conditions météorologiques. Nous sommes favorables à la Table ronde sur la santé des abeilles, laquelle qui réunit des intervenants qui travaillent en collaboration afin de trouver des solutions.
Je soulève cet enjeu aujourd'hui dans le contexte du fondement de notre système de réglementation, qui tombe à plat lorsque les gouvernements provinciaux, qui ne possèdent peut-être pas les mêmes capacités de recherche que les organismes fédéraux comme l'ARLA, commencent à imposer des règlements qui contredisent ou contournent les décisions fédérales en matière de réglementation. Je renvoie précisément ici aux modifications réglementaires proposées au Règlement de l'Ontario 63/09 au titre de la Loi sur les pesticides visant à réduire l'utilisation des insecticides néonicotinoïdes.
Quel sera le résultat de cette réduction? Elle créera de l'imprévisibilité au Canada quant à ce que les autres administrations devraient réglementer ou de quelle façon et à quel moment elles pourraient le faire, ce qui pourrait mener à une pluralité d'approches réglementaires à l'échelle des provinces, au dédoublement inutile et coûteux entre les structures fédérale et provinciales et à l'adoption d'approches réglementaires par certaines provinces qui semblent fondées sur les perceptions plutôt que sur la science. Les cultivateurs ne savent pas sur quel pied danser ni de quelle façon ils pourront compétitionner avec leurs collègues et homologues des autres régions du pays. Ils ne savent pas quelles décisions prendre en matière de planification ou de gestion. Personne ne sort gagnant lorsqu'il y a des messages contradictoires qui sont mal compris par le public en plus.
Ce qui est en train de se produire dans la province dont j'ai parlé aura des répercussions importantes et très négatives sur les agriculteurs, les obligeant à recommencer à utiliser d'anciens pesticides désuets ou à obtenir leurs autres intrants, comme les semences, à l'extérieur du Canada. Indépendamment de notre système de réglementation fondé sur les données scientifiques, je me demande si cela n'envoie pas un mauvais message aux investisseurs internationaux selon lequel tout investissement au Canada est assorti de risques importants en raison de l'intrusion des provinces dans un domaine qui relève de la compétence réglementaire fédérale. Il s'agit d'une situation complexe, mais il faut faire bien attention et avancer avec précaution. On a constaté une situation semblable avec les interdictions des pesticides en zone urbaine. De telles mesures soulèvent des préoccupations et peuvent nuire aux investissements ou miner le commerce. En outre, je tiens à souligner que nous envoyons des messages contradictoires.
Le gouvernement fédéral doit jouer un rôle de leadership en éliminant les autres situations pouvant entraîner une distorsion du commerce et entraîner l'adoption de réglementation redondante à l'échelon provincial. Les organismes de réglementation fédéraux ont l'obligation d'adopter et d'appliquer des mesures réglementaires nationales touchant l'alimentation humaine, l'alimentation des animaux et la sécurité environnementale au Canada. Selon nous, cela devrait inclure le fait de s'assurer que les gouvernements provinciaux font bien attention de ne pas faire le contraire.
Si nous tournons le regard vers l'avenir, quelles sont certaines des choses auxquelles il faut s'attendre dans l'immédiat? Nous venons de tenir notre réunion annuelle il y a quelques semaines. En fait, il s'agissait de notre 93e réunion, et l'un des principaux sujets de discussion était la durabilité. Cette notion veut dire bien des choses différentes pour beaucoup de personnes, et il y a plusieurs façons de la décrire. Pour nous, il s'agit des gens, de la planète et des profits.
Nous avons récemment convenu de créer un groupe de travail sur la durabilité. Nous croyons vraiment que nous en sommes à une croisée des chemins semblable à celle où nous nous trouvions en 1999, lorsque la décision a été prise de créer le programme de salubrité des aliments à la ferme, CanadaGAP. Selon nous, cela deviendra un critère d'accès au marché ou une condition de vente. Nous devons assumer un rôle de leadership quant à la tournure des événements et nous devons avoir notre mot à dire.
Il y a peut-être certains défis qu'on pourrait transformer en occasions à saisir, y compris la capacité de délivrer des certificats électroniques d'inspection et liés aux exigences phytosanitaires. Dans ce dossier, je renvoie à l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Au cours des deux ou trois dernières années, durant la forte saison d'expédition sur la rive sud de Montréal, où il y a des fruits et légumes frais extrêmement périssables, les réductions du personnel de l'ACIA ont beaucoup préoccupé les expéditeurs, qui devaient obtenir des certificats phytosanitaires pour leurs chargements à destination des États-Unis. En fait, il n'y avait plus de services accessibles directement sur la rive sud, alors les expéditeurs devaient se réunir et trouver une façon de s'organiser pour que, chaque jour, un service de messagerie ramasse à Montréal tous les certificats phytosanitaires nécessaires sur la rive sud pour en assurer la livraison. Cette situation a provoqué beaucoup de complications, des occasions de ventes ratées et l'envoi de signaux contradictoires sur le marché. Nous avons des cultures extrêmement périssables, et les commandes peuvent changer entre 8 heures le matin et l'après-midi, à 16 heures, lorsque les camions partent. Nous avons besoin de ces certificats et des services qui les délivrent afin de pouvoir faire des affaires. Il faut agir rapidement pour suivre le rythme des technologies.
En ce qui concerne les normes liées aux produits biologiques, il y a des différences entre les normes canadiennes et américaines, et cela crée des défis, particulièrement pour le secteur de la serriculture.
Pour ce qui est des services d'inspection de l'ACIA dans les provinces de l'Ouest comparativement à ceux offerts dans les provinces de l'Est concernant les pommes de terre, encore une fois, il y a d'importantes différences.
Il y a souvent des conséquences imprévues. Même si nous sommes favorables à ce qu'il y ait une souplesse dans le cadre des négociations fédérales-provinciales-territoriales et que nous reconnaissons qu'il faut pouvoir répondre aux besoins régionaux, il arrive parfois qu'une telle marge de manoeuvre ait des conséquences imprévues.
Il y a des occasions partout, et le défi que nous avons tous, c'est de nous assurer de bien les saisir.
Nous apprécions l'occasion qui nous est donnée d'être ici.
Bonjour. Je m'appelle Jim Laws. Je suis le directeur général du Conseil des viandes du Canada. Je suis aujourd'hui en compagnie de M. Joe Reda, premier vice-président et trésorier du Conseil des viandes du Canada. Il est aussi directeur général des Produits alimentaires Viau Inc. et il formulera certains commentaires après les miens.
Le Conseil des viandes du Canada représente l'industrie du conditionnement et de la transformation de viande inspectée par les autorités fédérales du Canada depuis 1919. Actuellement, le conseil est composé de 52 membres réguliers qui transforment la viande, et de 90 membres associés, qui fournissent des biens et services au secteur. En outre, nous avons trois membres qui proviennent du secteur de la vente au détail et de la restauration.
L'industrie de la viande est de loin la plus importante composante du secteur de transformation des aliments du Canada, avec quelque 23,6 milliards de dollars en ventes et 5,5 milliards de dollars en exportations. Le secteur compte environ 65 000 emplois et participe au développement économique des collectivités urbaines et rurales partout au Canada. Pour ce qui est de la main-d'oeuvre, l'industrie de la viande à elle seule compte pour 26 % des emplois au Canada dans le secteur de la transformation des aliments. Il pourrait même y en avoir plus, si l'industrie arrivait à trouver les travailleurs dont elle a besoin pour pourvoir plusieurs centaines de postes vacants qui mettent actuellement en péril la durabilité future du secteur de l'élevage et de la viande.
Au nom de nos entreprises membres, je tiens à vous remercier de l'occasion que vous nous offrez de présenter notre point de vue sur votre étude de la promotion du commerce intérieur des produits agricoles et agroalimentaires en réduisant les barrières interprovinciales.
L'élément primordial le plus important que je veux souligner aujourd'hui, c'est qu'il ne faut pas compromettre la salubrité et la qualité des aliments pour des raisons commerciales. Bien au contraire: l'objectif des considérations commerciales devrait être de continuer à accroître la salubrité et la qualité des aliments. Ce point de vue devrait être la considération prédominante sous-jacente à la promotion du commerce intérieur des produits agricoles et agroalimentaires.
Le deuxième fait que je veux souligner, c'est que le marché national et les marchés internationaux de la viande ne sont pas différents. Au contraire: il y a un lien vraiment direct et crucial entre les politiques et les règlements nationaux et la capacité des intervenants du secteur de l'élevage et de la viande d'avoir accès aux marchés internationaux.
Le troisième élément à souligner, c'est que, de loin, la façon la plus efficace de réduire les obstacles au commerce, peu importe si l'on parle du commerce interprovincial ou international, consiste à harmoniser les exigences à un niveau élevé. L'harmonisation des exigences à un niveau élevé non seulement facilite le commerce interprovincial et international, mais en plus, elle dissipe les préoccupations liées à l'adoption de normes inférieures pouvant résulter d'une compétition injuste entre les parties.
Il est absolument essentiel d'assurer la présence du secteur canadien de l'élevage et de la viande dans les marchés internationaux. La réalité brutale pour les éleveurs de bétail, ainsi que pour les conditionneurs et transformateurs de viande, c'est que sans accès aux marchés d'exportation, les industries canadiennes du boeuf et du porc seraient décimées. Ces ventes à l'exportation comptent pour plus de 50 % de la production de boeuf au Canada, et plus de 60 % de la production porcine au pays. De plus, le secteur du bétail et de la viande représente un marché essentiel pour les producteurs de céréales canadiens.
Il ne fait aucun doute que le facteur le plus important pour obtenir et maintenir un accès à ces marchés d’exportation consiste à obtenir et à maintenir constamment la confiance des clients étrangers relativement au système canadien de salubrité alimentaire. Actuellement, tous les Canadiens profitent de l’existence au pays d’un des systèmes de salubrité alimentaire les plus performants de la planète. Et malgré tout, en dépit de l’avantage que procure un système de salubrité alimentaire reconnu à l’échelle mondiale, les organismes de réglementation et les représentants de l’industrie canadiens doivent déployer constamment et de façon indéfectible des efforts pour conserver l’accès durement gagné du pays aux marchés de 120 pays où le Canada exporte actuellement de la viande. Sans les précieux avantages associés à la confiance à l’étranger, l’accès aux marchés d’exportation critiques serait rapidement compromis.
Par conséquent, il n'est pas surprenant que la salubrité alimentaire soit la première priorité des conditionneurs et des transformateurs de viande inspectée par les autorités fédérales du Canada. Nous travaillons en collaboration avec Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour veiller au maintien d'un système de salubrité alimentaire robuste sur le plan scientifique, novateur et reconnu à l'échelle internationale.
La quête de la salubrité alimentaire exige le respect strict et vérifiable d'une multitude de règlements gouvernementaux et de procédures normales d'exploitation de l'industrie, qui visent tout, de la santé des animaux qui arrivent à l'abattoir aux caractéristiques physiques des établissements, en passant par l'équipement utilisé, la santé des travailleurs, les processus à suivre et les échantillons de produits qui sont analysés.
Non seulement les établissements inspectés par les autorités fédérales se sont conformés à un programme de haut niveau d’analyse des risques et de points de contrôle critiques, le système HACCP, mais les abattoirs peuvent fonctionner seulement lorsque des vétérinaires de l’Agence canadienne d’inspection des aliments sont présents. En outre, non seulement le respect de l’ensemble des exigences doit être satisfaisant aux yeux des autorités de réglementation canadiennes, mais, en plus, le niveau de conformité doit être jugé acceptable par les organismes étrangers.
C’est la raison pour laquelle les conditionneurs et les transformateurs de viande inspectée par les autorités fédérales du pays croient que le Canada devrait éliminer progressivement le système de salubrité alimentaire fondé sur deux ordres de gouvernement actuellement en place au pays. Ce système est caractérisé premièrement par un cadre de réglementation et d’inspection fédéral fondé sur les exigences beaucoup plus strictes des marchés d’exportation, puis, deuxièmement, par une diversité de systèmes provinciaux en place pour des raisons historiques et en raison des investissements et des coûts supplémentaires nécessaires pour satisfaire aux exigences fédérales plus strictes.
Non seulement le système actuel fournit deux niveaux de salubrité alimentaire pour les Canadiens, mais il réduit aussi le niveau de confiance des marchés d'exportation essentiels à l'égard du système de salubrité alimentaire canadien. Les préoccupations des établissements agréés par le fédéral de conditionnement et de transformation de la viande et des entrepôts frigorifiques au sujet du système à deux niveaux étaient évidentes l'été dernier lorsque les représentants de l'industrie ont été questionnés par des homologues d'autres pays au sujet des caractéristiques et de l'origine encore inconnue de l'éclosion majeure d'E. coli O157 en Alberta qui s'est soldée par 119 cas confirmés de maladie.
Le 29 juillet 2014, Services de santé Alberta a ouvert une enquête dans la province sur l’éclosion d’E. coli O157:H7. Lorsque nous avons vu l’avis de rappel pour la première fois — Avis de rappel d'aliments - Rappel de produits de porc cru vendus par V&T Meat and Food, à Calgary (Alberta), et par Hiep Thanh Trading, à Edmonton (Alberta), en raison de la bactérie E. coli O157:H7 » —, notre coeur s'est presque arrêté de battre. La présence d’E. coli dans le porc était quasiment du jamais vu. L’équipe chargée de l’enquête sur l’éclosion en Alberta a examiné les constatations d’enquête et conclu que la cause était l’exposition à des produits de porc contaminé qui étaient produits et distribués en Alberta par une usine de viande inspectée par les autorités provinciales.
Par malheur, contrairement à ce que font habituellement l'Agence canadienne d'inspection des aliments et l'Agence de la santé publique du Canada, Services de santé Alberta n'a toujours pas produit de document sur les leçons apprises dans le cadre de cette éclosion. Nous ne savons pas non plus quelle est la cause profonde de cette importante éclosion l'été dernier en Alberta, et qui a rendu malade sept fois plus de personnes que l'éclosion d'E. coli chez XLFoods en 2012, dans le cadre de laquelle 18 personnes étaient tombées malades. Nous avons tous entendu parler de celle-là. À la suite de l'éclosion de l'été dernier, 119 personnes sont tombées malades, et bon nombre d'entre elles ont dû être hospitalisées.
Nous ne connaissons pas avec certitude l’origine du problème. Il s’agirait supposément d’un petit abattoir inspecté par l’Alberta où l’on transforme du porc et du bétail, raison pour laquelle le porc a été contaminé. Ce que nous savons, c’est que la viande ne venait pas d’une installation inspectée par les autorités fédérales.
Nous devons savoir exactement ce qui s’est produit là-bas. Un problème dans une installation, c’est un problème pour tout le monde, et nous ne voulons pas qu’un tel événement se reproduise. Même si l’objectif d’accroître le commerce interprovincial de la viande est compréhensible, l’objectif principal doit être la réduction de la présence de pathogènes au niveau le plus bas possible et l’harmonisation de toutes les règles.
Nous comprenons: ça ne semble pas logique qu’un produit carné venant d’une usine inspectée par une province, disons, à Kenora, en Ontario, puisse être vendu à près de 2 000 kilomètres de là, ici, à Ottawa, mais ne puisse pas être expédié au Manitoba et être vendu à Winnipeg, qui est tout près. Mais, selon nous, il est tout aussi illogique que nos établissements de traitement des viandes inspectés par les autorités fédérales aient à fonctionner et compétitionner dans un marché national où il y a une telle diversité de règles. Chaque province a des règles différentes en matière d’inspection de la viande, et, à certains endroits, les inspections sont très peu fréquentes.
En conclusion, la meilleure façon de réduire les obstacles interprovinciaux et de promouvoir le commerce des produits carnés au Canada et dans les marchés d'exportation serait d'éliminer le système de réglementation et d'inspection de la salubrité alimentaire à deux niveaux au pays. Nous sommes en 2015; nous devrions nous attendre à rien de moins.
:
Je vous donnerai peut-être l'occasion d'en parler.
Merci, monsieur le président.
En fait, je veux commencer par vous, madame Fowlie, et parler de certaines des choses que possède l'organisation. Vous nous avez fourni le dépliant Idées fraîches. Dans ce document, vous parlez de la santé des abeilles et des pesticides à base de néonicotinoïdes, de la mise à jour et ainsi de suite.
Vous avez parlé du problème lié au fait qu'une province peut décider d'adopter une certaine solution qui n'est peut-être pas fondée sur la réalité du domaine. Bien sûr, vous avez aussi parlé du fait que le document qui a été consulté ne donnait peut-être qu'un seul côté des faits. Vous parlez aussi des faits touchant les décès des abeilles, mais vous parlez de l'augmentation: au Nouveau-Brunswick, le nombre de colonies est passé de 2 700 à environ 4 300, au Québec, d'environ 36 000 à 50 000 — sur une période de quatre ans — et l'Alberta, de 251 000 à 280 000. C'est important que les gens le sachent, de façon à ce que lorsqu'on commence à parler de décès des abeilles et de ce genre de choses, ils se rendent bien compte de ce qui se passe à l'échelle du pays. Les chiffres montent partout et, bien sûr, tout le monde fait du mieux qu'il peut.
Je crois que c'est important, parce que dans les domaines comme celui que nous étudions ici, c'est l'enjeu auquel nous sommes confrontés concernant le commerce interprovincial. Une fois qu'on s'arrête, ou que l'on fait réfléchir les gens au fait que ceux qui, peut-être, ne comprennent pas exactement bien ce qui se passe dans les fermes sont ceux qui prennent les décisions, cela va avoir un impact d'une province à l'autre. Et puis, bien sûr, comme vous l'avez indiqué, il y aura des différences en ce qui concerne la façon dont les gens gèrent leur ferme, si c'est le cas.
En fait, c'est vraiment ça le point que je voulais faire valoir. J'aimerais bien vous entendre à ce sujet, mais je dois revenir sur les commentaires du Conseil des viandes.
Évidemment, je comprends bien l'importance... Encore une fois, le commerce international est tellement important pour ce qui est de notre industrie de la viande. Mais j'ai passé beaucoup de temps... et je me rends compte qu'il y a beaucoup de très bons abattoirs provinciaux et de très bonnes usines de viande en place qui font ce qu'il faut pour en arriver à leurs fins, soit de vendre leur production dans leur province.
Je suis sûr que vous vous êtes intéressé à une situation préoccupante, et vous l'avez fait avec insistance, mais je ne veux pas que les gens oublient que nous avons aussi de très bonnes normes au niveau provincial. Certaines des différences peuvent être très simples et ne tenir au fait que quelqu'un se dit: « Dois-me je laver les pieds lorsque je passe de tel à tel endroit? » et pour essayer de garder certaines choses différentes séparées les unes des autres. Il y a beaucoup d'aspects différents à cette question.
Monsieur Reda, je vais peut-être vous donner l'occasion de parler de tout cela, puis, madame Fowlie, s'il nous reste du temps, vous pourriez réagir à ce que j'ai dit juste avant.
:
D'après mon expérience, vous avez raison, il y a de bonnes usines et de bons abattoirs. Nous parlons des abattoirs et des transformateurs. Je suis un transformateur de second cycle, ce qui est un peu différent — je m'occupe de cuisson, de fermentation — et il y a beaucoup de réglementation à ce sujet. Au Québec, il y a de petites entreprises qui vendent des produits séchés localement. Elles n'ont pas les mêmes règles que les usines fédérales, je peux vous le garantir. J'ai acheté une usine provinciale et j'ai transféré toute ma production à mes usines fédérales. C'était beaucoup moins coûteux de procéder ainsi que de rénover les bâtiments où l'entreprise était située.
Pour le dire simplement, oui, dans le cas des abattoirs, on parle d'abattage. J'ai vu de bonnes usines sous réglementation provinciale, mais lorsqu'on parle de transformation ultérieure, par exemple, pour l'E. coli, la réglementation fédérale prévoit des programmes de traçabilité. Dans mon cas, nous devons livrer des produits à certains de mes clients en 48 heures. Prenons par exemple un lot de sel. Si la saumerie m'appelle pour me dire qu'il y a peut-être du verre dans le sel, je dois pouvoir retracer le sel jusqu'à l'utilisateur final. Nous retraçons les boîtes. Cela fait partie du système fédéral.
Nous ne sommes pas contre le commerce interprovincial, mais pour des raisons de salubrité alimentaire, il doit y avoir un organisme de réglementation. Et là, on parle de 10 organismes de réglementation qui sont tous différents. Même au sein du système fédéral, j'ai constaté des irrégularités lorsque j'ai voyagé d'un bout à l'autre du pays, et on ne parle là que d'un seul régime de réglementation. C'est parce que les règles font l'objet d'interprétation. C'est là ma crainte. J'expédie 20 % d'un produit précuit, du boeuf, aux États-Unis. Prenons l'incident de la vache folle que nous avons connu récemment: C'est un cas. S'il y en a quelques autres, je ne pourrai plus expédier aux États-Unis.
L'une des choses dont nous sommes très fiers, c'est que, traditionnellement, nous faisons des produits qui nous sont habituellement vendus par les Américains. Nous avons réussi à mettre sur pied une entreprise qui nous permet d'approvisionner le marché canadien de beaucoup de chaînes américaines. La salubrité alimentaire est un facteur essentiel. Je fais partie du Conseil des viandes depuis maintenant trois ou quatre ans.
Pour ce qui est de nos partenaires et des perceptions qu'ils ont de notre système, ça ne prend pas beaucoup...
Nous affichons un très haut niveau d'exportations. Certaines années, nous exportons jusqu'à 90 % de quelques-uns de nos produits aux États-Unis. Par conséquent, nous dépendons beaucoup de ce marché, et nous apprécions la relation que nous avons avec lui. Il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises dans le secteur horticole. Bien sûr, il y a aussi de grandes exploitations agricoles, mais, dans la plupart des cas on parle de petites et moyennes entreprises et de petits et moyens entrepreneurs. Par conséquent, vendre sa production aux États-Unis avec les privilèges dont nous bénéficions relativement à la Perishable Agricultural Commodities Act des États-Unis... lorsque je parle de gestion du risque non traditionnelle, on a là un très bon exemple d'un genre non traditionnel de filet de sécurité ou de programme de gestion des risques de l'entreprise.
Au cours de ma carrière antérieure, j'ai travaillé dans un bureau de vente du Canada atlantique. Je vendais des pommes de terre à l'époque des Steinberg et autres épiceries. J'ai arrêté de vendre au Canada. Je ne pouvais pas me le permettre. J'avais un filet de sécurité supplémentaire, pour ainsi dire, s'il y avait des problèmes aux États-Unis: j'avais un recours. Je n'en avais aucun au Canada. Alors cela a assurément un impact. Nous avons encore accès aux dispositions de la PACA. Cependant, comme vous l'avez bien dit, maintenant, si nous voulons déposer une plainte officielle, nous devons fournir une garantie deux fois plus élevée que la valeur de la plainte.
Par conséquent, pour un petit producteur de carottes installé peu importe où ou un producteur de bleuets, quelle que soit la situation, c'est beaucoup d'argent qui sort de la trésorerie, parce que, en fait, on parle d'argent en l'espèce. Si un producteur tente de récupérer 25 000 $ et qu'il doit se tourner vers son banquier et lui en demander 50 000 $ pour aller chercher les 25 000 $ en question, je crois que nous savons tous très bien ce que dira le banquier. C'est préjudiciable pour les petites et moyennes entreprises. Et nous savons grâce à la Corporation des règlements des différends que certaines personnes choisissent de ne pas présenter de réclamations.
Il y a donc là un impact. Il y a des répercussions. J'encourage vraiment un examen approfondi des faits et des situations connexes. Je sais que certains réfléchissent au fait qu'une assurance pourrait être une solution. Les seules personnes qui vont faire de l'argent avec de telles assurances, ce sont les courtiers d'assurance et les pourvoyeurs qui veulent mettre en place ces programmes. Il n'y a aucune marge permettant de payer pour ces programmes d'assurance. Ce n'est pas acceptable pour les États-Unis, car ce n'est pas comparable non plus. Ça ne l'est pas. C'est la seule façon dont nous pourrons récupérer le privilège de ne pas avoir à fournir une garantie deux fois plus élevée que la valeur de la réclamation. Il s'agit d'avoir quelque chose que notre compétiteur aux États-Unis jugera comme étant comparable, et ce ne sera pas une assurance.
Merci beaucoup de nous offrir cette occasion. Le commerce interprovincial est un sujet auquel nous nous intéressons beaucoup depuis un certain temps.
En guise de contexte, comme vous l'avez mentionné dans votre introduction, je suis directrice exécutive. Nous sommes une organisation provinciale. Nous représentons les transformateurs de viande et de volaille indépendants de l'Ontario. Nous travaillons en étroite collaboration avec les organisations de produits agricoles et les divers ordres de gouvernement. Nous existons depuis environ 35 ans. Je travaille pour l'organisation depuis 30 ans, alors j'ai de bonnes connaissances historiques. Nous assurons un leadership en favorisant l'innovation, en faisant la promotion de la salubrité alimentaire et de l'intégrité des aliments et en soulignant l'excellence.
En ce qui concerne la question à l'étude, la réduction des barrières interprovinciales, selon nous, il s'agit d'une parfaite occasion de croissance. Toutefois, nous tenons à ajouter la mise en garde suivante: « mais pas en réduisant les normes de salubrité alimentaire ».
Notre organisation appuie le renforcement du programme d'inspection des viandes de l'Ontario depuis 1991, quand l'Ontario a adopté une loi exigeant que tous les animaux vendus afin d'être abattus fassent l'objet d'inspections.
En 2005, le Règlement de l'Ontario 31/05 sur les viandes est entré en vigueur. Il représentait le fondement d'un solide programme préalable, pavant la voie à la mise au point de programmes améliorés de salubrité alimentaire. Cela a aussi permis d'exercer une compétence sur les activités de transformation de la viande dans ce que nous appelons des établissements de traitement des viandes indépendants.
L'Ontario est l'une des provinces où il y a le plus d'usines titulaires d'un permis provincial. Il y en a actuellement 500 dans la province, il y en a un certain nombre situées près des frontières avec les autres provinces. Nous comptons aussi un certain nombre de transformateurs et d'abattoirs faisant l'objet d'inspections provinciales qui approvisionnent des chaînes de magasins au détail nationales. Par conséquent, c'est un sujet qui nous intéresse, puisque des entreprises comme Sobeys, qui traversent les frontières, constituent un défi pour nous du point de vue du transbordement et de la préoccupation touchant les déplacements transfrontaliers.
Depuis 2000, les OIMP s'intéressent à la question du commerce interprovincial. Cette question existe depuis très longtemps, et j'imagine que je me demande ce qui est différent maintenant.
En 2000, on a tenté d'établir une norme nationale au sein de l'industrie de la viande. Le gouvernement de l'Ontario et notre organisation ont participé au groupe de travail dont l'objectif était de mettre au point le code.
En 2002, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et Santé Canada ont réalisé un examen parallèle du code en question et de la Loi sur l'inspection des viandes fédérale. Le code a été évalué, et on a jugé qu'il était équivalent à la norme fédérale en matière de salubrité alimentaire.
Puis, en 2005, l'ACIA a commencé l'examen de l'inspection des viandes, une deuxième tentative de mettre en place une norme nationale, et encore une fois, notre gouvernement provincial a participé aux démarches. Cela a mené à l'ébauche de la norme canadienne en matière d'hygiène des viandes. Notre organisation a participé à la rédaction du document et a été invitée à l'examiner. De plus, nous anticipions la tenue de consultations auprès des intervenants à l'été ou à l'automne de 2007, mais celles-ci ont pris fin en 2008.
En 2011, trois de nos usines membres, y compris l'usine de Cory — VG Meats, à Simcoe —, ont participé au projet pilote fédéral-provincial-territorial sur l'hygiène des viandes, un projet dont l'objectif était de déterminer ce qu'il fallait pour mettre à niveau une usine provinciale afin de faciliter le commerce interprovincial.
Nous espérions que l'introduction de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada en 2012 allait fournir la marge de manoeuvre nécessaire pour faciliter le commerce interprovincial, encore une fois, sans qu'il ne soit nécessaire d'obtenir un enregistrement à l'échelon fédéral. Nous avons toujours su que, pour pouvoir faire des échanges à l'échelle internationale, un enregistrement fédéral serait nécessaire, et bon nombre des exigences sont des exigences commerciales.
Nous ne sommes pas convaincus que le présent texte législatif permettra d'y arriver.
Même si nous sommes favorables à l'idée de nous pencher à nouveau sur le commerce interprovincial, nous voudrons nous assurer que les usines de transformation des viandes non assujetties à la réglementation fédérale au Canada qui veulent participer à ces activités commerciales satisfont à une norme commune. Comme vous le savez, il y a encore des provinces qui n'ont pas de programme d'inspection obligatoire des viandes.
C'est vraiment tout ce que j'avais à dire sur cette question. Je crois que nous aborderons les aspects importants dans les questions qui suivront.