Comme vous le savez, nous sommes ici pour étudier l'accord commercial entre le Canada et l'Union européenne. Il s'agit de notre quatrième réunion. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous avons à l'ordre du jour l'étude de l'accord économique et commercial global, ou AECG, entre le Canada et l'Union européenne et de ses effets sur le secteur agricole canadien.
Nous allons entendre, durant la première heure, les témoignages des Producteurs laitiers du Canada et de Glengarry Cheesemaking Inc. Ensuite, à la deuxième heure, il y aura les Producteurs de grains du Canada et un témoin à titre personnel qui comparaîtra, par vidéoconférence, à partir de Vancouver, en Colombie-Britannique.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins qui sont parmi nous. Nous accueillons Wally Smith, président, et Richard Doyle, directeur général des Producteurs laitiers du Canada. Nous recevons également Margaret Peters Morris, présidente de Glengarry Cheesemaking Inc.
Bienvenue à tous. Vous avez 10 minutes pour faire vos observations préliminaires.
On vous écoute.
:
Merci, monsieur le président.
Les Producteurs laitiers du Canada sont heureux d'avoir l'occasion de participer à l'étude du comité sur l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et sur ses effets sur le secteur agricole canadien.
Évidemment, je n'ai pas besoin de présenter notre organisme, car nous avons eu l'honneur de comparaître devant le comité à plusieurs occasions. Toutefois, je tiens à souligner que les Producteurs laitiers du Canada, ou PLC, sont le moteur du développement du marché des produits laitiers génériques au Canada, grâce à un budget de marketing annuel de 80 millions de dollars, montant versé par les fermes laitières du Canada.
Le marché intérieur du fromage est un segment de marché prioritaire pour les producteurs laitiers. À preuve, on accorde un investissement stratégique annuel de 30 millions de dollars pour en assurer le développement au Canada. Cet investissement aide à la préservation et à la croissance du marché laitier. Les études révèlent que, sans cet investissement de 30 millions de dollars, on assisterait à une érosion rapide des parts de marché.
Avec votre permission, monsieur le président, j'aimerais répéter ce que je viens de dire. Le marché intérieur du fromage est prioritaire, bénéficiant d'un investissement stratégique annuel de 30 millions de dollars pour son développement au Canada. Cet investissement aide à la préservation et à la croissance du marché laitier. Les études révèlent que, sans cet investissement de 30 millions de dollars, on assisterait à une érosion rapide des parts de marché.
Nous sommes fiers de la contribution du secteur laitier à l'économie canadienne. Notre secteur permet de conserver des emplois, d'assurer la stabilité économique et d'appuyer les économies rurales. En fait, de 2009 à 2011, le nombre d'emplois dans le secteur laitier canadien est passé à plus de 218 000. Il faut ajouter que l'industrie laitière canadienne verse également, chaque année, plus de 3 milliards de dollars en impôts municipaux, provinciaux et fédéraux.
À l'instar des producteurs laitiers canadiens, j'ai réagi vivement à la nouvelle de l'accès considérable qui a été accordé à l'Union européenne, en particulier dans le segment des fromages fins du Canada. Cela aura d'importantes répercussions sur l'industrie laitière canadienne, et les conséquences seront beaucoup plus lourdes que ce qu'on rapporte. Je m'explique.
L'Union européenne reçoit un accès supplémentaire en franchise de droits pour 18 500 tonnes —16 000 tonnes de fromages « de haute qualité », une expression en usage dans l'Union européenne; 1 700 tonnes de fromages « industriels »; et 800 tonnes aux termes du contingent tarifaire en vigueur. Tout cela est en plus des 13 471 tonnes dont jouit déjà l'Union européenne en application du contingent tarifaire sur le marché canadien du fromage.
Cela donne à l'Union européenne un accès supplémentaire exclusif, qui représente 32 % du marché actuel des fromages fins au Canada, en plus du généreux accès actuel. L'accès accordé à l'Union européenne représentera en tout 31 971 tonnes, soit 7,5 % du marché canadien du fromage. La proportion des produits importés de tous les pays passera alors de 5 à 9 % de l'ensemble du marché canadien du fromage.
La perte pour les producteurs laitiers est réelle. L'accès supplémentaire équivaut à une réduction de 2,25 % des contingents agricoles, ce qui risque d'engendrer une perte de revenu agricole de près de 150 millions de dollars par an. Pour mettre les choses en perspective, la perte prévue découlant de cet accès supplémentaire équivaut à la production laitière totale de la Nouvelle-Écosse.
En tout, l'incidence sur les producteurs laitiers et les fromagers représente une perte de marché intérieur d'une valeur estimative de 300 millions de dollars par an.
Comme vous le savez bien, la gestion de l'offre repose sur trois piliers: la gestion de la production, la prévisibilité des importations et l'établissement des prix agricoles. La capacité de prédire les importations est cruciale, étant donné que les producteurs laitiers adaptent leur production pour répondre à la demande intérieure, et ce, sans créer de surplus inutiles.
Le nouvel accès accru de l'Union européenne au marché canadien du fromage et à l'importation d'isolats de protéines laitières, ou IPL, nécessitera une capacité de prévision pour s'assurer que les nouvelles importations ne perturbent pas la planification du marché intérieur et pour garantir le respect des engagements de livraison de lait aux usines de transformation canadiennes qui emploient des Canadiens dans les quatre coins du pays.
Nous vous avons remis un document détaillé à ce sujet, mais j'aimerais passer en revue certaines des incidences nuisibles éventuelles que l'AECG pourrait avoir sur le secteur laitier canadien. Toutes ces incidences pourraient entraîner l'imprévisibilité des importations dans le secteur laitier canadien si elles ne sont pas gérées.
Premièrement, l'accord crée de nouvelles catégories de contingents d'importation pour le fromage industriel par opposition au fromage « de qualité », qui reste à définir.
Deuxièmement, il sera impossible de prévoir quels produits seront importés. À voir l'ampleur actuelle des importations en provenance de l'Union européenne et la part considérable qu'y représentent les fromages fins, les répercussions devraient se situer entre 15 et 30 %, suivant la nature des fromages qui apparaîtront sur le marché canadien.
Troisièmement, l'abolition du tarif hors contingent s'appliquant à l'Union européenne en ce qui concerne les isolats de protéines laitières neutralise les mesures que le gouvernement fédéral a prises en 2007 pour contrôler l'importation de tels produits dans le cadre de l'article XVIII.
La protection que possède l'Union européenne pour les indicateurs géographiques et ses produits laitiers devrait être accessible au Canada. Cela représente une application et une protection efficaces de nos propres normes d'identification concernant les produits laitiers, chose qui n'existe pas pour l'instant.
J'aimerais également replacer dans son contexte la notion selon laquelle le Canada a désormais un libre accès au marché européen du fromage. Au début des années 2000, un groupe spécial de l'OMC a statué que tout produit exporté du Canada et vendu moins cher que le prix intérieur était considéré comme « subventionné ». Le Canada a également accordé à l'Union européenne une protection des indicateurs géographiques pour cinq variétés de fromage populaires, ce qui désavantage encore plus les exportations canadiennes vers l'Union européenne. Cela place le lait et les produits laitiers canadiens en situation désavantageuse sur le plan des prix.
Monsieur le président, les PLC essaient de collaborer avec le gouvernement pour s'assurer qu'il n'y a aucune incidence sur les producteurs laitiers et les fromagers canadiens. Malgré les émotions négatives qu'a suscitées l'AECG parmi les agriculteurs canadiens, je suis résolu, en tant que président, à l'instar des dirigeants des PLC, à amorcer un dialogue constructif avec le gouvernement afin d'atténuer les répercussions néfastes sur l'industrie.
En conclusion, je vous demande de tenir compte de ces incidences nuisibles éventuelles sur le secteur laitier canadien. Grâce au renforcement des trois piliers, il est possible de maintenir la vigueur et la stabilité de ce secteur pour le bien du Canada.
Merci.
:
Bonjour. Merci de m'avoir invitée à comparaître devant le comité.
Je m'appelle Margaret Peters Morris, et je suis présidente de Glengarry Cheesemaking et de Glengarry Fine Cheese, à Lancaster, en Ontario. Nous fabriquons des fromages fins et des fromages artisanaux, surtout à base de lait de vache. Nous utilisons également le lait d'autres espèces.
Dans notre nouvelle usine inaugurée en octobre 2008, nous élaborons plusieurs variétés de fromages à pâte ferme, demi-ferme et molle à partir de lait de vache, de buffle d'Inde et de chèvre.
Nous passons dans l'industrie pour des chefs de file, couronnés de succès depuis nos débuts. Récemment, le 13 septembre, nous avons décroché un prix dans le cadre du concours « Global Cheese Award ». Nous avons remporté le titre de champion suprême. Cela est arrivé presque en même temps que l'AECG: je crois que c'est ce qui a permis d'attirer l'attention sur le succès de notre entreprise.
Notre entreprise est étroitement associée à des fournisseurs européens, car nous sommes aussi fournisseurs de matériel et de techniques de production auprès d'artisans fromagers. Nous avons une bonne connaissance des rouages de l'industrie laitière en Europe et en Amérique du Nord, parce que nous avons noué des liens à l'intérieur de ces frontières.
D'après nos constatations, la production de fromages artisanaux et de yogourts de spécialité est le seul secteur de la gestion de l'offre laitière qui ait crû au cours des 10 dernières années. La production de fromages artisanaux est un secteur qui peut continuer de croître dans un système de gestion de l'offre. L'attribution de lait n'est pas restreinte et peut atteindre — dans le cas de notre usine, en Ontario — jusqu'à trois millions de litres pour des nouveautés fromagères dans le cadre du Programme d'innovation en matière de produits laitiers, ou le PIMPL. C'est exactement là où nous en sommes maintenant. Ce chiffre peut s'élever à cinq millions de litres par usine dans le cadre d'autres programmes. Par conséquent, la restriction en matière de lait ne pose pas de problème.
Pour que de nouvelles entreprises puissent réussir dans le système de gestion de l'offre, il faudra, dans les années qui viennent, trouver à l'industrie nationale du fromage artisanal de nouveaux débouchés internationaux, car le marché national risque de se saturer. Nous ne savons pas quand cela se produira, mais le risque est là.
À l'automne de 2011, au plus fort de la récession économique — c'est à ce moment que nous avons subi le coup —, les ventes de fromages artisanaux ont chuté à l'échelle nationale de 20 à 25 %, selon le producteur. Ce recul des ventes a duré entre six et huit mois, puis il a fallu un an pour rétablir la situation.
Si les marchés internationaux étaient ouverts aux artisans fromagers, les niveaux de production du secteur auraient pu être multipliés par 10. C'est mon point de vue.
La majorité des artisans fromagers transforment entre 300 000 et 500 000 litres de lait de vache par an. S'ils avaient des débouchés à l'étranger, ils pourraient en transformer jusqu'à cinq millions de litres, pourvu que la qualité soit maintenue. Comme je l'ai dit, ils pourraient obtenir cette quantité de lait dans le cadre de l'actuel système de gestion de l'offre. La croissance de 50 % de la consommation nationale s'en trouverait nettement renforcée. Un artisan fromager peut mettre jusqu'à 10 ans à se constituer ce marché dans le système de gestion de l'offre. Ce n'est pas facile.
Grâce à l'ouverture des marchés internationaux, les fromages de spécialité et les cheddars canadiens vieillis verraient leur croissance augmenter. Avant 1970, les cheddars canadiens de qualité s'exportaient en grandes quantités. S'il y avait des programmes d'aide à l'exportation, il pourrait de nouveau en être ainsi.
Permettez-moi de vous parler un peu de mon parcours et de mon expérience sur le marché du travail. Je viens d'une ferme laitière. J'ai travaillé dans l'industrie et le commerce de produits agricoles pendant sept ans. Maintenant, je travaille à mon compte dans le domaine du marketing d'entreprises et de créneaux. Je pense que mon point de vue est fondé sur l'expérience que j'ai acquise dans l'industrie au fil des ans.
En tout cas, je peux dire qu'à notre modeste échelle, nous avons récemment attiré l'attention internationale sur la qualité du fromage canadien, notre objectif étant d'égaler ou de dépasser la qualité des fromages européens. Nous avons atteint cet objectif, en raflant un prix prestigieux lors du concours « Global Cheese Award ». En effet, un de nos fromages — le Lankaaster vieilli — a remporté le titre de champion suprême. Deux de nos fromages étaient en lice, et le deuxième a obtenu une médaille de bronze dans la catégorie des fromages bleus. Je voulais voir si nous pouvions rivaliser avec les Britanniques, et je pense que nous avons réussi.
Nos fromages et d'autres fromages canadiens ont remporté de nombreux prix prestigieux. Ils jouissent d'une renommée internationale et pourraient certainement être commercialisés dans le monde entier. Comme ils ne sont pas sensibles au prix, il est plus facile aux exportateurs de leur trouver des marchés à créneaux, axés sur l'achat de produits haut de gamme.
Les fromages de Glengarry Fine Cheese sont des créations canadiennes. Je crois qu'il est important que nous protégions cet aspect. Ces fromages sont élaborés grâce au PIMPL de la Commission canadienne du lait. En gestion de l'offre, seules les nouveautés fromagères et laitières peuvent entrer en production, mais le Canada dispose maintenant de sa propre appellation d'origine contrôlée pour faciliter la reconnaissance de nos fromages. Le PIMPL pourrait jeter les bases d'un programme d'identité pour nos exportations futures de fromages dans le cadre de l'AECG.
Une autre façon intéressante de préparer les artisans fromagers consisterait à améliorer le commerce interprovincial et les critères de délivrance de permis aux petits transformateurs. Il y a toujours eu là un empêchement au commerce à l'intérieur de notre propre pays. Le système de gestion de l'offre nous a permis, à nous et à d'autres fromageries spécialisées, de fabriquer du fromage de très grande qualité. La qualité du lait canadien est excellente. Il n'y a pas de doute que, s'ils pouvaient accéder aux marchés d'exportation, les fromagers canadiens auraient du succès.
Le fromage artisanal est peut-être un petit secteur, mais il permet aux artisans fromagers d'augmenter l'offre de fromage dans le cadre de notre système de gestion de l'offre. Il coûte plus cher que Ie cheddar ordinaire ou le fromage de table grand public. Les fromages artisanaux sont cependant perçus comme des produits fins, et les consommateurs apprécient le choix que leur offrent les transformateurs canadiens en en achetant davantage chaque année.
Je crois que, grâce à notre innovation, les fromages fins canadiens d'origine contrôlée pourraient facilement trouver preneurs sur les marchés internationaux, car nos fromagers ont fait leurs preuves et nos agriculteurs peuvent les fournir en lait. Ensemble, les fromageries peuvent aider le Canada à atteindre d'importants objectifs d'exportation.
Prenons l'exemple des fabricants de fromage Stilton artisanal d'origine contrôlée au Royaume-Uni. Ils transforment 100 millions de litres de lait par an en un fromage vendu partout dans le monde. On parle là de 1,5 million de kilos de fromage. C'est tout un exploit pour une trentaine d'exploitations familiales qui fournissent le lait à plusieurs petits producteurs artisanaux de fromage Stilton d'origine contrôlée. Ce serait l'équivalent de la région d'où je viens, c'est-à-dire les trois comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry. Je ne sais pas si les artisans fromagers canadiens pourraient en faire autant.
Le Canada pourrait viser un tel objectif et, au bout du compte, on pourrait créer un programme pour les artisans fromagers canadiens afin de créer un produit de marque canadienne. Il faudra pour cela beaucoup de collaboration entre les provinces et les organismes de gestion de l'offre à l'échelle fédérale et provinciale.
Nous sommes prêts à franchir le pas. L'infrastructure est en place, notre fromage jouit d'une bonne renommée, et la mise au point d'une marque d'origine contrôlée a déjà commencé sous l'égide des Producteurs laitiers du Canada. Les efforts de promotion de nos fromages sur le marché national faciliteront la transition au marché international. Nous disposons déjà du logo de la vache bleue. Je pense que c'est un excellent programme.
Le Canada n'est pas un grand pays laitier sur la scène mondiale. L'AECG élargira les perspectives des transformateurs laitiers de chez nous. Certes, il y aura des concessions à faire, mais il nous faut les moyens pour y arriver. L'AECG ouvrira la porte à d'autres entreprises. La petite augmentation des importations de fromage européen que nous avons consentie aux Européens ne nuira pas à notre marché de fromages artisanaux et de spécialité. C'est mon opinion. Grâce au commerce extérieur, l'industrie laitière occupera, sur la scène mondiale, la place qui lui revient.
Nos producteurs laitiers se plaignent toujours de la croissance anémique de leurs marchés. C'est le message que j'entends, année après année, aux réunions des producteurs. Il n'y a plus de croissance possible. C'est pourquoi il faut saisir l'occasion sans tarder.
Merci.
:
Merci, monsieur le président. Bonjour. Je vous remercie d’avoir invité les Producteurs de grains à la discussion sur l’accord commercial entre le Canada et l’Europe.
[Français]
Je vous remercie d'avoir invité Producteurs de grains du Canada à témoigner au sujet de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne.
[Traduction]
Je m’appelle Franck Groeneweg. Je suis le directeur des Producteurs de grains du Canada et le président de notre comité sur le commerce et le marketing.
J’exploite une ferme de 7 500 acres à Edgeley, en Saskatchewan, qui se situe à environ 30 minutes au nord-est de Regina, et je cultive le canola, le blé, le lin, les pois, la féverole et le chanvre. Nous pratiquons une agriculture durable. Nous cultivons nos terres de manière responsable et nous voulons en améliorer la qualité pour la prochaine génération, c’est-à-dire mes quatre enfants.
L’accord commercial entre le Canada et l’Europe constitue le plus grand et le plus important accord commercial de l’histoire du Canada.
Les Producteurs de grains représentent plus de 50 000 producteurs prospères, de la Colombie-Britannique au Canada atlantique. Nous appuyons les négociations exhaustives relatives à l’Accord économique et commercial global depuis le début.
Nous croyons qu'il est essentiel que les producteurs de céréales canadiens aient accès à de nouveaux marchés pour leurs récoltes puisque nous exportons 85 % de notre canola, 70 % de notre blé et 65 % de notre orge de brasserie. En 2011, les cinq produits agroalimentaires canadiens les plus exportés en Europe étaient le soja, l’huile de canola, le canola, le blé dur et le blé commun. L’accord commercial entre le Canada et l’Europe ouvre de nouvelles portes aux producteurs de céréales canadiens, puisque nous aurons un meilleur accès à un marché de 500 millions de consommateurs dont le PIB dépasse les 17 billions de dollars.
Nous venons tout juste d’enregistrer la plus grande récolte de canola de l’histoire, d’où l’importance des marchés d’exportations pour les producteurs de canola est les collectivités rurales. L’huile de canola canadienne est la matière première de choix de l’industrie du biodiesel européenne, et cet accord permettra d’en accroître l’expédition. Nous prévoyons que la valeur des exportations d’huile de canola en Europe augmentera de 90 millions de dollars par année.
L’Europe est également le plus grand importateur de soja canadien; nous y expédions plus d’un million de tonnes chaque année.
Pour le blé, dès le premier jour de l’accord, les quotas du blé commun de moyenne et de faible qualité passeront de 38 000 tonnes à 100 000 tonnes. Ce changement à lui seul vaut environ 20 millions de dollars. Nous comprenons que l’accord donnera également lieu à l’élimination complète des tarifs européens sur les exportations du blé et des produits du blé canadiens au cours des sept prochaines années. À l’heure actuelle, un tarif est exigé sur les exportations de blé à faible teneur en protéine vers l’Europe. L’élimination de ce tarif et du risque d’imposition d’un tarif sur le blé à haute teneur en protéine permettra à nos exportateurs d’établir en toute confiance des relations d’approvisionnement à long terme avec nos clients européens.
J’aimerais vous présenter quelques statistiques. Pour le blé, selon la catégorie et la qualité, les tarifs actuels peuvent aller jusqu’à 190 $ la tonne. C’est plus de la moitié de sa valeur totale. Pour l’avoine, les tarifs actuels sont de 114 $ la tonne. Pour l’orge et le seigle, les tarifs vont jusqu’à 120 $ la tonne. Ces tarifs peuvent être énormes, et ils vont bientôt être éliminés. L’AECG permettra éventuellement un accès permanent en franchise de droits.
Cet accord commercial coïncide avec les nouveaux changements associés à la commercialisation du blé et de l’orge dans l'Ouest canadien. On voit facilement d’énormes profits à l’horizon.
Nous produisons des céréales, mais tous les profits réalisés par l’industrie de l’élevage du bétail ont une incidence positive sur nous. Le marché au bétail est très important pour les producteurs de céréales canadiens. À elle seule, l’industrie de l’alimentation animale consomme environ 80 % de l’orge que nous récoltons et 15 % de l’ensemble de notre production de blé. On prévoit que l’AECG permettra une augmentation des exportations de boeuf vers l’Union européenne représentant 600 millions de dollars, et on s’attend à une augmentation de 400 millions de dollars pour l’exportation du porc. Nous prévoyons une croissance importante des ventes nationales de céréales fourragères étant donné l’augmentation du nombre d’exportations de boeuf et de porc en vertu du nouvel accord commercial.
Nous croyons que cet accord commercial entre le Canada et l’Europe, associé aux changements apportés à l’industrie céréalière pour en accroître l’efficacité, déclenchera une avalanche de possibilités pour les producteurs céréaliers canadiens.
L'accès accru des agriculteurs au marché est extrêmement important; nous sommes donc heureux de voir que l'AECG comprend un engagement à améliorer la consultation et la coopération relatives à la biotechnologie. Les Producteurs de grains se réjouissent du dialogue qui émanera de l'accord commercial entre le Canada et l'Union européenne grâce à un groupe de travail actif qui se concentrera sur les questions de biotechnologie dans le but de traiter des obstacles non tarifaires au commerce des céréales, notamment par la prise des mesures visant à assurer la présence de faibles quantités de céréales génétiquement modifiées de sorte qu'elles ne constituent pas un obstacle au commerce.
Les Producteurs de grains croient également que l'AECG préparera le terrain pour des investissements beaucoup plus importants dans le développement de nouvelles variétés de semences pour les agriculteurs canadiens. Nous comprenons que dans le cadre de ces négociations commerciales, l'Union européenne s'est montrée préoccupée par la désuétude des lois canadiennes quant aux droits des phytogénéticiens. À l'heure actuelle, nous utilisons une ancienne loi de la convention de 1978 sur le commerce international des semences. Le Canada est l'un des deux seuls pays développés au monde à ne pas avoir harmonisé ses lois à la convention de 1991 sur les semences, communément appelée l'UPOV 91. Aux termes de l'AECG, nous encourageons le gouvernement canadien à s'engager à moderniser notre législation de sorte que les agriculteurs canadiens puissent tirer profit des investissements accrus en matière d'innovation, de recherche et de développement associés aux nouvelles variétés de semences au Canada.
Je suis un immigrant français; mes frères font toujours l'agriculture en France et je peux donc confirmer que le goût des Européens pour la bonne nourriture est similaire à celui des Canadiens. Ils apprécient les produits agricoles canadiens de grande qualité. Ce marché laisse place à la croissance, et il a les moyens de payer pour cette grande qualité.
Le commerce n'est pas seulement important pour les produits crus. Nos produits à valeur ajoutée créent des emplois ici au Canada et ont besoin de nouveaux marchés également.
L'industrie agroalimentaire canadienne représente plus de 8 % de notre PIB. L'Europe est un bon partenaire pour notre industrie étant donné qu'elle produit plus de 36 % des nouveaux produits alimentaires transformés du monde, plus que toute autre région. L'Europe s'intéresse aux produits alimentaires novateurs et d'avant-garde, ce que peuvent fournir les agriculteurs et l'industrie du Canada. En tant qu'agriculteur de l'Ouest canadien, je me réjouis des nouvelles possibilités à valeur ajoutée à venir.
À l'heure actuelle, les exportations canadiennes vers l'Europe ne représentent qu'un dixième des ventes du Canada aux États-Unis, mais les agriculteurs apprennent de leurs expériences. Bien que les États-Unis fassent partie de nos meilleurs partenaires commerciaux, nous devons diversifier les marchés lorsque cela est possible. Les Producteurs de grains du Canada appuient pleinement le principe de l'accord avec l'Union européenne.
[Français]
L'organisme Producteurs de grains du Canada est donc très satisfait de cet accord. Il permettra aux producteurs de devenir plus concurrentiels au cours des années à venir.
[Traduction]
Nous voulons que cet accord soit conclu le plus rapidement possible de sorte que les producteurs de céréales canadiens puissent tirer profit d'un accès accru aux marchés des céréales et des produits céréaliers, de la croissance du secteur de l'élevage national et de l'accès à de nouvelles variétés de semences ou à des semences améliorées.
Je vous remercie de votre attention.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je suis très heureuse de vous parler, et heureuse que vous ayez invité une économiste à témoigner devant votre comité, puisque je vais présenter un aperçu général de l'incidence de l'accord sur l'ensemble de l'économie canadienne.
Je ne connais pas aussi bien l'industrie que certains de vos présentateurs, mais j'aimerais parler en faveur de l'accord, et de son incidence positive sur au moins cinq composantes de l'économie canadienne.
D'abord les consommateurs canadiens. Je crois que le gouvernement souhaite améliorer le niveau de vie des consommateurs et améliorer la situation des Canadiens ordinaires, que ce soit en réduisant le fardeau fiscal ou par d'autres moyens.
Cet accord et le commerce plus libre entre le Canada et l'Europe amélioreront la situation des consommateurs puisqu'ils auront accès à une plus grande variété de biens et services, qui leur seront offerts à meilleur prix, étant donné que la concurrence accrue améliorera la productivité. Les Canadiens auront donc plus de biens et de services, à de meilleurs prix, ce qui améliorera leur niveau de vie de base à titre de consommateurs. C'est probablement la chose la plus importante, à mon avis. Notre gouvernement dirige l'économie pour améliorer notre niveau de vie, c'est son objectif.
Le deuxième groupe qui tirera profit de l'accord — et d'autres personnes en ont parlé — est composé des exportateurs. Le commerce est un élément très important de l'économie canadienne — du secteur de l'agriculture, du secteur des ressources et de presque tous les autres secteurs. La réduction des obstacles qui nuisent au commerce et la réduction des tarifs aideront nos exportateurs à poursuivre leur travail de même qu'à continuer à améliorer la balance des paiements et à prospérer en tant qu'entreprises.
Je siège au conseil d'une entreprise forestière, parmi d'autres. Nous avons déjà constaté — bien que le comité ne se concentre pas principalement sur la foresterie — que les réductions de 10 % et 15 % relatives à certains produits du bois que nous exportons nous aident déjà à développer les marchés spécialisés à valeur ajoutée élevée que nous souhaitons établir en Europe. Cela rendra notre tâche beaucoup plus facile.
Les responsables de la planification des entreprises l'oublient parfois, mais les clients sont essentiels à toute entreprise et à toute économie. L'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne nous donne accès à des clients. Il nous donne accès à un marché dont la taille, la richesse et la population sont similaires à celles des États-Unis.
Notre commerce était très axé sur le marché américain, et le Canada a grandement tiré profit du libre-échange avec les États-Unis et le Mexique. Nous tirerons à tout le moins les mêmes avantages de l'accès au marché européen.
Le fait d'avoir des clients intéressés par nos produits alimentaires manufacturés, nos céréales de base et d'autres biens que nous produisons au Canada favorisera les possibilités d'affaires et la croissance des entreprises canadiennes.
Il y a bien sûr l'autre côté de la médaille. Un accord de libre-échange signifie que l'Europe aura un accès accru au Canada. En quoi cela nous aidera?
En abordant un défi continuel auquel est confrontée l'économie canadienne depuis des dizaines d'années: la productivité. Nous n'en n'avons pas assez pour notre argent, les extrants sont moins importants que les intrants — la main-d'oeuvre, le capital, et ainsi de suite — dans notre économie. Nous ne sommes pas assez productifs, ce qui signifie que nos travailleurs ne peuvent pas être aussi bien payés, et notre niveau de vie en est affecté.
L'accord de libre-échange et l'accès de l'Europe aux marchés canadiens feront augmenter notre productivité. Lorsque que les producteurs de fromage ou d'autres produits réaliseront que l'Europe aura un meilleur accès au marché canadien, ils aiguiseront leurs crayons. Je crois que les Canadiens sont astucieux, compétents et intelligents. Lorsqu'ils réaliseront que d'autres personnes nous envoient des produits moins chers, de qualité, que les clients canadiens souhaitent voir au Canada, ils devront leur faire concurrence. Je crois que les entreprises canadiennes trouveront des façons d'être plus productives. Elles aiguiseront leurs crayons. Elles créeront des fromages canadiens — pas seulement le fromage Oka — et elles lutteront efficacement pour garder leur part du marché canadien et pour atteindre les marchés européens.
Ce n'est pas un rêve illusoire. C'est ce qui est arrivé en Nouvelle-Zélande il y a 20 ans, lorsque le pays a été confronté à une crise financière et a dû abolir les tarifs et les protections dont jouissaient ses secteurs très protégés, dont l'agriculture. Tout le monde croyait que sans cette protection du marché intérieur, toutes les entreprises et l'économie tomberaient, et le pays s'écroulerait. Le pays ne s'est pas écroulé. Il est devenu beaucoup plus productif; une plus grande variété de biens et services de meilleure qualité ont été offerts; le prix de nombreux biens et services a baissé; l'amélioration de la qualité et des prix a permis l'expansion des marchés d'exportation et la Nouvelle-Zélande est maintenant prospère. Je crois que le Canada sera plus prospère puisque nous accroîtrons notre productivité pour répondre à l'ouverture de notre marché à l'Europe et aux États-Unis.
Ainsi, la productivité, qui est un facteur important pour notre économie et notre niveau de vie, sera propulsée dans la bonne direction puisqu'un plus grand nombre de biens et services européens arriveront au Canada, ce qui encouragera les producteurs canadiens à travailler plus fort pour améliorer leurs produits, offrir une meilleure valeur aux Canadiens et répondre à la demande d'exportation.
Une autre chose: à titre d'économie mondiale, le Canada doit être concurrentiel. Je m'excuse de répéter ce cliché que vous avez entendu des milliers de fois, mais nos producteurs du secteur agricole et de tous les secteurs doivent être concurrentiels à l'échelle mondiale; nous tirerons un avantage concurrentiel énorme de cet accord, que nous n'aurons même pas à partager avec l'Europe. Lorsque l'accord sera conclu, le Canada sera la seule grande économie du monde à avoir un libre accès commercial aux États-Unis et à l'Europe. Cette situation aidera les entreprises canadiennes. Elles auront accès à plus de clients et à plus de marchés. Le Canada attirera également les investissements et d'autres entreprises mondiales qui cherchent une place d'affaires.
Le Canada est une très bonne place pour faire des affaires. Nous avons la règle de droit, la stabilité et de nombreux autres avantages. Nous aurons l'avantage supplémentaire du libre accès aux deux plus grandes et plus riches économies industrialisées du monde, et je crois que nous serons la seule grande économie à avoir cet avantage.
Nous serons donc bien placés pour faire des affaires: notre économie sera plus productive et comptera plus d'entreprises concurrentielles qui offriront des biens et services à meilleur prix; nos producteurs auront plus de clients et nos exportateurs auront accès à plus de marchés; et, comme je l'ai dit, ce qui est le plus important, c'est que nous aurons plus de biens et de services qui donneront lieu à une meilleure valeur et à un meilleur niveau de vie pour tous les Canadiens.
Je crois qu'il s'agit de l'une des plus belles choses qui puissent arriver à l'économie canadienne et je crois que de nombreuses personnes attendent avec impatience la mise en oeuvre de l'accord.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Nous avons eu droit à d'excellents exposés aujourd'hui et nous avons pu entendre chacune des deux positions sur l'accord commercial. Vous savez, je suis un peu déçu; comme vient de le faire valoir notre témoin, je crois que l'ouverture des marchés européens représente une bonne occasion pour le Canada, si les membres de l'industrie l'acceptent. Ce sera peut-être un peu difficile, mais l'Europe offre de nombreuses possibilités dans le secteur des produits laitiers.
En ce qui a trait au secteur céréalier, Franck, vous avez dit que vous étiez immigrant français; vous pouvez donc comparer la productivité des agriculteurs canadiens — des producteurs de céréales en particulier — à celle des producteurs de céréales européens. J'ai passé beaucoup de temps en Europe lorsque je travaillais pour Flexi-Coil et pour Case New Holland. J'ai pu voir les différences sur le plan de la productivité et constater que l'Europe tentait d'adopter les technologies canadiennes pour réduire ses coûts de production. Malgré l'important subventionnement en Europe, les Européens n'avaient pas beaucoup plus d'argent net dans leurs poches que les Canadiens.
Vous avez parlé d'un tarif de 190 $ la tonne pour le blé, et de 114 $ la tonne pour l'avoine, je crois. Je pensais que c'était 119 $ la tonne, mais on coupe les cheveux en quatre. Je crois que vous avez parlé d'un tarif de 120 $ la tonne pour l'orge.
Vous exploitez environ 7 500 acres de cultures céréalières. J'aimerais faire le calcul pour qu'on en réalise l'ampleur. Sur vos 7 500 acres de cultures céréalières, quelle est la proportion de cultures de blé?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur présence, qu'elle soit virtuelle ou physique.
Permettez-moi un retour en arrière. Je suis un fervent défenseur de la gestion de l'offre. Je sais toutefois que dès que votre industrie se sent menacée, elle doit agir pour défendre ses acquis. Mais comme il était question uniquement de la viande, je vais vous raconter ce qui se passe dans ma région.
L'agriculture compte pour quelque 150 millions de dollars dans le produit intérieur brut du comté de Northumberland, qui représente la moitié de ma circonscription. J'ai l'impression qu'il s'agit d'estimations prudentes et que les chiffres sont beaucoup plus élevés en réalité.
J'ai assisté à l'assemblée générale annuelle des producteurs de bétail de Northumberland, et j'ai noté la présence de quelques exploitants de fermes laitières. J'ai abordé l'un d'eux pour lui demander ce qu'il faisait là à une réunion de producteurs de bétail. Il m'a répondu qu'il produisait également de la viande. Ainsi, lorsque les vaches cessent de donner du lait, on doit les vendre pour leur viande, mais il ne faudrait surtout pas oublier le veau, un produit haut de gamme. Je ne sais pas si l'un de nos témoins pourrait nous confirmer que la quasi-totalité des veaux de boucherie proviennent des fermes laitières. Est-ce le cas, ou est-ce bien ce que vous croyez?