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Merci, monsieur le président. Nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui.
Étant donné que l'autre groupe est absent, nous allons essayer de vous divertir le plus longtemps possible.
Mon nom est Dennis Prouse et je suis le vice-président des affaires gouvernementales. Je suis accompagné de M. Steven Yarrow, qui est le vice-président de la biotechnologie.
CropLife Canada est l'association commerciale qui représente les fabricants, les concepteurs et les distributeurs d'innovations phytologiques, notamment dans le domaine des produits antiparasitaires et de la biotechnologie végétale, utilisées en agriculture, en milieu urbain et dans le secteur de la santé publique. Nous sommes déterminés à protéger la santé humaine et l'environnement et à offrir aux Canadiens un approvisionnement abondant en aliments sains. Nous sommes convaincus de l'importance de stimuler l'innovation par le biais de la recherche continue. CropLife Canada est membre de CropLife International, une fédération internationale qui représente l'industrie des sciences végétales dans 91 pays.
Notre mission consiste à permettre à l'industrie des sciences végétales de faire profiter les agriculteurs et le public des avantages de ses technologies. Ces avantages se manifestent sous diverses formes, y compris par l'augmentation des exportations de produits agricoles, la création d'emplois, le renforcement de l'économie rurale et l'accroissement des recettes fiscales pour les gouvernements.
Le rendement accru des agriculteurs qui utilisent les produits de protection des cultures et de biotechnologie végétale n'améliore pas que le revenu net des agriculteurs; il stimule aussi l'activité économique, dont les retombées rejaillissent sur toute l'économie canadienne.
Les produits de protection des cultures et la biotechnologie végétale améliorent la qualité et le rendement, ce qui a mené à la création de 97 000 emplois additionnels à temps plein au Canada, et ce, dans plus de 20 secteurs différents. L'augmentation des cultures agricoles grâce aux technologies en sciences végétales génère une somme de 7,9 milliards de dollars pour les agriculteurs producteurs de plantes de grande culture, de fruits et de légumes, de même que des recettes fiscales de l'ordre de 385 millions de dollars pour les gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que pour les administrations municipales. Les technologies en sciences végétales améliorent également la position du Canada comme exportateur net d'aliments. Environ 65 % du surplus alimentaire du Canada peut être attribué à une augmentation du rendement parce que nos agriculteurs ont eu accès à nos technologies.
Comme vous pouvez le constater, monsieur le président, nos membres sont de grands libres-échangistes. Nous savons que le commerce et l'innovation constituent les deux principaux piliers de la croissance et de la prospérité au Canada, et l'AECG favorise ces deux piliers. Les groupes de producteurs membres du partenariat GrowCanada sont également d'avis que la croissance des exportations est essentielle à la prospérité des producteurs canadiens. Vous constaterez d'ailleurs un solide appui à l'égard de l'AECG de la part des principaux groupes de producteurs au Canada.
À l'heure actuelle, les exportations de produits agroalimentaires vers l'Union européenne atteignent 2,4 milliards de dollars par année. Quand cet accord sera complètement en place, l'AECG supprimera les tarifs sur presque tous les produits agricoles et alimentaires canadiens. L'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire estime que l'AECG pourrait accroître les exportations agroalimentaires totales vers l'Union européenne de 1,5 milliard de dollars par année.
À l'échelle nationale, plus de 90 % de nos exploitations agricoles dépendent directement de l'exportation. Cela représente 210 000 exploitations agricoles et englobe la majorité des exploitations de toutes les provinces. L'industrie de la transformation des aliments emploie près de 290 000 Canadiens. Ensemble, ces industries appuient plus de 44 milliards de dollars en exportations annuelles et représentent 11 % du produit national brut du Canada. Le fait que le Canada puisse jouir d'un accès préférentiel à un marché aussi vaste et lucratif que l'Union européenne est tout un exploit. Ce qui est encore mieux, c'est que nous avons réussi à conclure un accord avant nos principaux concurrents.
Il y a deux questions importantes sur lesquelles nous aimerions attirer l'attention du comité concernant nos relations commerciales avec l'Europe.
La première concerne l'inclusion d'un mode de coopération à propos des enjeux liés à la biotechnologie et au commerce. Un groupe de travail sur la biotechnologie, établi en vertu de l'accord, s'est vu confier le mandat d'examiner les délais d'approbation des produits génétiquement modifiés ainsi que les politiques et règlements fondés sur des principes scientifiques. Cet accord met également en place de nouveaux mécanismes qui permettront de prévenir et de régler les différends commerciaux liés à la santé des végétaux et à la salubrité des aliments.
Il s'agit d'une percée importante pour notre industrie et les producteurs canadiens. Cependant, il va sans dire que la biotechnologie et la réglementation fondée sur la science sont des dossiers extrêmement délicats dans le cadre de nos négociations avec l'Union européenne. Soyons clairs. Nous estimons que l'opposition des Européens aux cultures issues de la biotechnologie a été utilisée comme barrière non tarifaire au commerce, au détriment des exportations canadiennes. Le fait que les termes « biotechnologie » et « réglementation fondée sur la science » figurent dans l'AECG est très important pour notre secteur et permettra à nos gouvernements respectifs de tenir des discussions sérieuses et importantes afin d'éliminer les obstacles réglementaires. Les producteurs canadiens ont planté près de 29 millions d'acres de cultures issues de la biotechnologie en 2012, et cette technologie continue de prendre de l'ampleur au Canada et partout dans le monde. Un engagement à l'égard d'une réglementation fondée sur des principes scientifiques est essentiel pour que le secteur agricole canadien puisse demeurer concurrentiel.
Toutefois, il y a des nuages sombres à l'horizon. L'industrie mondiale de la protection des cultures a de sérieuses réserves quant au cadre réglementaire de l'Union européenne en ce qui a trait aux produits phytosanitaires, en particulier son approche axée sur les dangers pour ce qui est de l'homologation des pesticides prévue par le règlement no 1107/2009. À notre avis, cela risque de devenir une barrière commerciale non tarifaire très importante pour l'industrie agricole et les produits agroalimentaires canadiens.
L'approche adoptée par l'Union européenne à l'égard du processus d'homologation des pesticides n'est pas fondée sur la science. Elle aura une incidence non seulement sur le commerce des pesticides — actuel et futur —, mais aussi sur le commerce des aliments, des aliments de bétail et des semences où on utilise ces pesticides. L'Union européenne a une politique de tolérance zéro en ce qui a trait à l'importation de ces produits. Par conséquent, même des traces infimes pourraient empêcher le produit de faire son entrée sur le marché européen.
L'utilisation de seuils fondés sur les dangers, contrairement à l'approche du Canada qui est axée sur les risques, s'appliquera désormais à des composés qu'on qualifie de perturbateurs endocriniens. Le recours à ce critère de seuils risque d'avoir des conséquences négatives et très importantes pour le commerce mondial. Nous estimons que cette approche va à l'encontre de l'Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires de l’Organisation mondiale du commerce, dont l'Union européenne est signataire.
Nous sommes inquiets des répercussions que cela pourrait avoir sur les agriculteurs canadiens. Les horticulteurs et les producteurs de céréales, d'oléagineux et de légumineuses et d'autres aliments destinés aux marchés européens ne pourront possiblement plus utiliser bon nombre des pesticides sécuritaires et efficaces évalués par Santé Canada. Les producteurs doivent pouvoir se servir de tous les outils à leur disposition ainsi que des dernières innovations permettant de lutter contre les parasites et de nourrir une population mondiale croissante. Les mesures de l'Europe à cet égard pourraient avoir des effets négatifs sur l'innovation et l'introduction de nouvelles technologies.
Nous savons que nos homologues américains veulent à tout prix que cette question soit réglée dans le cadre de leurs négociations avec l'Union européenne. Nous avons déjà exprimé nos préoccupations aux ministères de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et du Commerce international, et nous demanderions au gouvernement du Canada de continuer d'insister pour que la réglementation fondée sur des principes scientifiques soit respectée dans nos relations commerciales avec l'Union européenne.
Il ne faut pas oublier que, sans accès aux dernières innovations, comme les pesticides et les semences génétiquement améliorées, les agriculteurs canadiens pourraient perdre de 30 à 70 % de leurs récoltes. L'agriculture est un secteur clé de la croissance du commerce au Canada, et l'AECG est une occasion en or pour le Canada d'accroître ses exportations agricoles et d'éliminer les obstacles réglementaires liés à la biotechnologie et aux produits antiparasitaires. Il s'agit d'un grand pas en avant et d'une déclaration de confiance pour l'avenir du secteur agricole au Canada.
Nous remercions le comité pour le temps qu'il nous a consacré, monsieur le président, et nous serions heureux de répondre à vos questions.
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On a l'impression que l'UE s'oppose vigoureusement aux plantes génétiquement modifiées, et c'est vrai qu'elle en cultive très peu. Si je ne me trompe pas, on retrouve 200 000 hectares de maïs génétiquement modifié en Espagne et, en fait, cette culture prend de l'expansion chaque année, mais c'est très modeste comparativement à l'Amérique du Nord.
En réalité, les Européens appuient les cultures issues de la biotechnologie, dans la mesure où elles servent à nourrir le bétail. Autrement dit, une grande part du maïs et du soja cultivé en Amérique du Nord, y compris au Canada, est exportée vers l'UE, pour soutenir son industrie des aliments du bétail. On le demande. Le problème que nous avons, c'est que de temps à autre, il y a un nouveau produit de maïs ou de soja développé au Canada. Les agriculteurs souhaitent avoir accès à la technologie et cultiver ces variétés, mais le trait particulier ou la caractéristique, appelez cela comme vous voulez, n'a pas encore été approuvé dans l'UE.
Le système est légèrement différent dans l'UE. Par exemple, un produit peut être approuvé pour cinq ans, puis son délai d'approbation expire. Par conséquent, il arrive que ces produits se retrouvent expirés. Les agriculteurs canadiens sont donc coincés car, d'un côté, ils veulent cultiver ces variétés de maïs et de soja, mais d'un autre côté, ils ne savent pas comment elles seront reçues dans l'UE. C'est ce que vise à régler la politique relative à la présence en faibles quantités.
Comme vous le savez sans doute, le gouvernement canadien propose courageusement une politique nationale sur la gestion de la présence de faibles quantités de cultures génétiquement modifiées — actuellement en cours d'élaboration — mais, surtout, il a entrepris des pourparlers avec d'autres pays, des pays aux vues similaires, qui s'intéressent également à l'agriculture, à l'innovation et à la biotechnologie. À l'heure actuelle, il est difficile de faire participer les gouvernements européens à ces discussions. À mon avis, le fait que nous avons ce groupe de travail, établi en vertu de l'AECG, nous aidera à amorcer une discussion sur la présence d'OGM en petites quantités avec nos homologues de l'Union européenne.
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C'est un processus très concurrentiel.
De plus, comme vous le savez, au cours des 15 à 20 dernières années, les agriculteurs canadiens ont pu profiter, dans une large mesure, de lignées résistantes aux herbicides et aux insectes, notamment dans le cas du maïs, du soja et du canola. À certains égards, ces technologies ont complètement révolutionné l'agriculture au Canada. Elles ont été très avantageuses pour les agriculteurs canadiens, qui peuvent récolter leurs produits, leurs céréales ou autres et les expédier vers l'UE.
Que nous réserve l'avenir? Il y aura davantage d'innovations — différents caractères de résistance aux herbicides et aux insectes. Pour reprendre les propos de mon collègue, sans accès à ces innovations, nous perdrons entre 30 et 70 % de nos récoltes. Ce n'est pas seulement la biotechnologie ou les pesticides; c'est l'ensemble des innovations qui est important.
Les entreprises membres de notre association s'intéressent activement à toutes sortes d'autres innovations qui profiteront aux agriculteurs, par exemple, des variétés résistantes à la sécheresse. En fait, si je ne me trompe pas, une nouvelle variété de maïs résistant à la sécheresse devrait être disponible avant la prochaine saison agricole. Et ce n'est qu'un début. Nous entendons également parler des cultures résistantes au sel. D'ici cinq à dix ans, les consommateurs bénéficieront de davantage de caractéristiques issues de ces innovations modernes, que ce soit par la suppression ou la diminution des allergènes, la modification des profils oléagineux, etc.
Nous ne savons pas encore comment cela va se répercuter sur le marché européen. Évidemment, nous voulons une harmonisation de la réglementation avec l'Europe, une réglementation fondée sur des principes scientifiques et ainsi de suite.
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Un grand merci pour votre présence aujourd'hui.
Vous savez sans doute que nos produits du phoque sont maintenant bannis par les Européens, ce qui nous oblige à nous adresser à l'OMC pour avoir de nouveau accès à ces marchés. Nous espérons seulement que les choses se déroulent autrement pour tous les produits agricoles que nous souhaiterions écouler en Europe dans le cadre de cette entente commerciale. Pour pouvoir conclure cet accord, nous avons dû céder sur bien des plans, y compris le fromage, certains prix de nos produits pharmaceutiques, le contenu local et les infrastructures.
Ma question porte sur le travail accompli par les négociateurs. Vous avez indiqué qu'il nous faudrait travailler davantage de concert avec les Européens dans le cadre de leur processus d'évaluation de l'innocuité ou de la compatibilité de nos aliments, mais ne pourraient-ils pas renoncer dans ce contexte à leurs restrictions touchant les pesticides, les hormones, les agents pathogènes ou les OGM que nous avons mentionnés. Dans toute entente, il faut céder sur certains points pour obtenir autre chose. Croyez-vous que nos négociateurs auraient dû être un peu plus fermes dans leurs demandes?
Vous avez parlé du cycle d'approbation de cinq ans, et la pire chose qui pourrait nous arriver est de voir les produits que nous expédions là-bas être refusés par les consommateurs, les agriculteurs ou peu importe. Il se peut fort bien qu'un produit soit salubre et s'inscrive dans l'entente conclue, mais cela ne nous sera pas d'un grand secours s'il nous est renvoyé. Estimez-vous que nos négociateurs auraient dû obtenir la mise en place d'un système fondé sur des règles plus fermes de telle sorte que nous ne risquions pas de voir tous nos produits nous revenir au Canada?
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Je crois que je peux essayer de vous répondre. Nous ne nous sommes pas encore demandé, aujourd'hui, ce qu'on entend par biotechnologie.
Si l'on remonte un peu dans l'histoire, les produits en question, dont le maïs résistant aux insectes et les fèves de soya tolérantes à l'herbicide, ont tous été conçus dans les années 1980 ou au début des années 1990, puis ont été mis en marché vers la fin des années 1990 ou après. Les autres variétés ou les nouveaux caractères génétiques qui sont apparus ensuite restent assez semblables, ils ont simplement été reconditionnés ou combinés pour créer de nouvelles variétés. Ces technologies vieillissent. Elles ont déjà une vingtaine d'années. Ce sont presque des antiquités d'une certaine façon, tout étant relatif.
Comme j'ai déjà mentionné, nous n'avons pas tous les détails, nos membres ne nous disent pas tout, nous devons lire un peu entre les lignes, mais on peut deviner qu'une nouvelle série de techniques d'amélioration génétique va voir le jour d'ici 5 ou 10 ans, d'après moi, et qu'elles vont donner lieu à de nouveaux produits, à de nouvelles innovations au chapitre des variétés, etc.
La raison pour laquelle j'en parle dans le contexte du nouvel AECG, c'est que les autorités de réglementation de l'Union européenne s'attendent elles aussi à l'arrivée de ces nouveaux produits. Les organismes de réglementation se demandent s'il s'agit ou non d'OGM, comment les règlements de l'UE s'appliquent à eux, et le même genre de conversation se tient ici, à l'Agence canadienne d'inspection des aliments et à Santé Canada, d'après ce que je comprends.
Bref, l'élément important de cet accord en matière de biotechnologie, c'est qu'il permet aux organismes de réglementation d'avoir des conversations saines sur la façon dont nos régimes réglementaires respectifs vont régir ces produits à l'avenir. Cela ne veut pas dire que les pays européens peuvent dicter au Canada comment il devrait les réglementer ou vice versa, l'AECG offre plutôt aux scientifiques des divers régimes réglementaires l'occasion d'en discuter. Je serais donc...
Je suis certain que les questions que je vais poser sont les mêmes que celles que mon collègue de l'autre côté s'apprêtait à poser.
Des voix: Oh, oh!
M. Alex Atamanenko: Messieurs, je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Pour poursuivre la discussion sur les OGM, nous parlions de l'espoir de nos entreprises que nos produits seront considérés acceptables en Europe à l'issue de nos négociations et de notre réglementation. Il existe au Canada le concept de « l'équivalence substantielle », selon lequel, grosso modo, si un produit génétiquement modifié a la même apparence, texture et odeur qu'un produit non génétiquement modifié, il est considéré aussi sûr que le produit non génétiquement modifié.
La plupart des recherches menées au Canada sont réalisées par les entreprises elles-mêmes, qui reçoivent souvent l'assentiment de notre gouvernement. À votre avis, serait-il bénéfique, pour que nos OGM soient acceptés en Europe, que nous menions plus de recherches indépendantes? Autrement dit, serait-il utile que le gouvernement ou un autre organisme indépendant de l'industrie entreprenne d'évaluer les effets des caractères combinés qu'on trouve dans le maïs, par exemple, de l'épissage et de tous les caractères qu'on donne à nos produits afin de rendre une plante tolérante à un herbicide ou résistante aux insectes, par exemple.
Devrait-il y avoir plus d'études ou de recherches indépendantes pour nous donner plus de poids dans nos négociations avec les Européens?
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Je comprends ce que vous dites sur la génération d'information sur l'évaluation du risque. L'information est générée par les promoteurs, qu'il s'agisse d'une société privée, d'une institution publique ou d'un laboratoire universitaire. C'est le système en vigueur au Canada. C'est exactement la même chose partout dans le monde, en fait. L'Union européenne ne fait pas exception, sauf que là-bas, il incombe au promoteur de prouver que ses produits sont sûrs grâce à des recherches visant à documenter les risques, et ces recherches sont plus ou moins dictées, d'une certaine façon, par les lignes directrices réglementaires des autorités, qu'il s'agisse de l'ACIA ou de l'Autorité européenne de sécurité des aliments.
Ces recherches coûtent cher et prennent de nombreuses années. Certains se demandent s'il ne vaudrait pas mieux que le contribuable paie pour des recherches indépendantes financées par des subventions ou menées par les universités. Du point de vue de nos membres, ce serait très bien. Cela dit, beaucoup d'entre eux ont déjà des partenariats avec des universités et des scientifiques indépendants, qui les aident à générer l'information transmise à l'ACIA et à Santé Canada.
En ce moment il y a donc un peu des deux. Il y a des recherches indépendantes, mais elles sont financées indirectement par les entreprises, et nos sociétés membres génèrent également des renseignements. Il y a donc déjà un mixte des deux au Canada.
J'ajouterais aussi que compte tenu de l'intérêt que la biotechnologie suscite de toutes sortes de points de vue, il y a beaucoup de recherches indépendantes qui se réalisent en ce moment, il y en a même plus que jamais. La conclusion, d'après mon interprétation personnelle, est toujours à peu près la même: ni les recherches indépendantes ni les recherches d'une société comme Monsanto ne permettent d'affirmer que ces produits présentent des risques importants.
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Je remercie tout le monde de nous donner la chance d'être entendus aujourd'hui. C'est très important pour nous.
Bien que nous ayons la chance d'être en personne devant vous, je vais prendre une minute et demie pour nous présenter. Vous avez reçu la documentation.
Nous sommes une coopérative de producteurs de sirop d'érable. Nous représentons 2 000 familles. Notre coopérative regroupe également des producteurs de miel et de canneberges. Nous nous consacrons à la production de produits 100 % pur. C'est très important, et nous allons vous parler de la qualité des produits. Nous sommes déterminés à offrir des produits 100 % purs. Nous ne vendons pas de produits mélangés.
Nous avons un chiffre de ventes de 90 millions de dollars; 95 % de notre production est exportée vers plus de 40 pays et 5 continents. Notre coopérative existe depuis 1925, c'est-à-dire très longtemps. Nous regroupons 350 employés et 2 000 familles. Il y a 2 000 familles dans l'industrie du sirop d'érable. Comme je l'ai dit, il y a également des familles qui produisent du miel et d'autres qui produisent de la canneberge.
À la diapositive suivante, on voit un coeur, puis les trois types de productions suivent. C'est très important pour nous, c'est notre toute nouvelle marque de commerce, parce que le coeur représente la passion de nos producteurs. C'est la valeur de base dans nos activités commerciales. C'est la valeur de base dans nos comportements avec nos ressources humaines.
Dans une foire commerciale, tout le monde vend ou expose des produits. Nous montrons plutôt qui nous sommes. C'est notre façon de faire des affaires. Nous avons remporté le prix Tendances et Innovations au SIAL, à Toronto. Nous avons été nommés entreprise exportatrice canadienne de l'année. Nous avons remporté le prix de l'entreprise Image de marque Canada. Nous avons également gagné de nombreux prix de l'Institut international du sirop d'érable.
J'ai presque fini de vous décrire ce que nous faisons. Nous avons nos propres boutiques, Les Délices de l'Érable, où nous présentons beaucoup de produits différents. Nous préparons nos propres desserts. Nous créons de nouveaux emballages, nous innovons. C'est la raison pour laquelle nous affirmons être des producteurs d'innovations pures.
Comme je l'ai dit, nous sommes également présents dans le secteur de la canneberge et du miel, donc je vais aborder l'importance de cet accord entre l'Europe et le Canada pour plus d'un type de produit. Je vais aborder en alternance l'érable et de la canneberge, qui partagent les mêmes réalités.
En 2009, le secteur de l'érable représentait 13 000 emplois et presque 800 millions de dollars d'actifs. En 2012, la valeur de nos exportations a atteint presque 250 millions de dollars.
Je souligne surtout que la diapositive suivante montre que nos exportations de sirop d'érable en Europe représentent déjà 20 % de notre marché mondial. Si l'on exclut du total nos exportations vers les États-Unis, presque 60 % de nos ventes de sirop d'érable sont destinées au marché européen.
Cet accord est donc très important pour nous, parce qu'en ce moment, les droits de douanes applicables à l'érable et à la canneberge sont de 8 % et 17,6 % respectivement, à moins que vous ne m'annonciez aujourd'hui que ces droits ne s'appliquent plus à la vente en Europe: ce serait fantastique. C'est très important, parce qu'il y a les États-Unis et ce que nous appelons le cauchemar des États-Unis. Je vais vous l'expliquer. Dans le secteur de la canneberge, il y a des entreprises américaines qui ouvrent des usines ou vendent leurs produits par l'intermédiaire du Chili. Le Chili n'est assujetti à aucun droit de douane. Cela ne crée pas beaucoup d'emplois au Canada.
Si nous laissons les États-Unis signer un tel accord avant le Canada, nos producteurs de canneberge et de sirop d'érable vont en souffrir beaucoup. Je ne veux pas aller trop loin au sujet des autres diapositives, parce qu'elles présentent beaucoup de données, mais l'une d'entre elles montre que le nombre d'entailles augmente aux États-Unis.
Le Québec est toujours un chef de file dans le domaine. Nous travaillons de pair avec la fédération. Nous avons un excellent système. Nous mettons l'accent sur la qualité. Je viens de vous montrer où en sont actuellement nos exportations, mais si les Américains signent un accord avec l'Europe avant nous, ils vont empiéter sur notre volume ou nous empêcher de profiter de la croissance que pourrait générer chez nous ce genre d'accord. Je ne veux pas être négatif, je veux simplement vous donner un exemple de ce qui peut arriver quand on attend jusqu'à ce que l'autre pays signe un accord.
Cette image illustre la quantité de paperasse à remplir pour les producteurs ou emballeurs de produits biologiques: aux États-Unis, c'est à peu près cela; au Canada c'est à peu près cela et au Japon c'est à peu près cela. Malheureusement, les États-Unis ont signé un accord commercial avec le Japon sur le commerce des produits biologiques au cours du dernier mois (vous êtes tous au courant), ce qui signifie que peu importe la paperasse à remplir, les certifications biologiques seront les mêmes aux États-Unis et au Japon.
C'est très dommageable pour le Canada, parce que nous vendons du sirop d'érable au Japon. Nous savons que c'est très difficile. Il est toutefois très facile d'obtenir la certification biologique pour le sirop d'érable aux États-Unis, mais leurs normes seront maintenant équivalentes, ce qui posera tout un défi pour notre marché. Je ne voudrais pas dire que nous n'avons pas fait nos devoirs, mais cela montre que nous devons nous dépêcher de signer cet accord.
Cela fait tellement d'années que j'en parle avec mes homologues de la fédération: pourquoi ne saisirions-nous pas la chance de signer cet accord pour protéger l'appellation « sirop d'érable »? En Europe, on voit le mot « érable » écrit sur les présentoirs, mais les produits ne goûtent pas l'érable. Toutes sortes de produits vendus en Europe ne sont pas soumis à l'appellation protégée sur les emballages. S'ils nous demandaient de protéger certaines appellations de produits exportés vers l'Europe, ce serait le temps de le faire. L'érable est l'emblème et le produit type du Canada. Allons-nous le protéger?
Pour conclure, je tiens à vous préciser que je m'exprime à titre de directeur général de Citadelle, mais que nous sommes une association de producteurs et que je m'entretiens constamment avec tous les acteurs de l'industrie pour m'assurer que nous sommes tous d'accord avec ces positions. Je peux donc vous dire que toutes les entreprises du Québec appuient notre position et notre proposition.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner.
Je m'appelle Serge Beaulieu et je suis producteur acéricole dans la municipalité d'Ormstown en Montérégie, au Québec. Je suis aussi président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, une organisation qui a été fondée en 1966. Elle a pour mission de défendre et de développer les intérêts économiques, sociaux et moraux des 7 400 entreprises acéricoles du Québec. Elle représente des hommes et des femmes qui travaillent ensemble pour privilégier la mise en marché collective de leurs produits. Grâce à la qualité de leur travail, le Québec assure aujourd'hui 75 % de la production mondiale de sirop d'érable. La production de l'ensemble du Canada représente 80 % de la production mondiale.
La Fédération des producteurs acéricoles du Québec accueille positivement le projet d'entente de libre-échange entre le Canada et l'Europe. Cette entente permet d'éliminer les droits tarifaires sur les exportations de sirop d'érable et des autres produits agricoles vers le vieux continent. Cela viendra aider l'industrie canadienne de l'érable à conquérir de nouveaux marchés tout en se démarquant par rapport aux produits acéricoles américains, par exemple.
Depuis plusieurs années, les producteurs acéricoles et les transformateurs ont investi en recherche et développement pour développer d'autres produits et faire connaître les bienfaits du sirop d'érable sur la santé. Depuis les sept ou huit dernières années, nous investissons dans ce genre de recherche l'argent que nous recevons du fédéral et celui des producteurs et des transformateurs. Chaque fois qu'on a fait de la recherche sur les bienfaits du sirop d'érable, cela a eu un impact positif et a permis de développer ce produit dans le monde.
En 2012, les pays européens représentaient de 18 à 20 % des parts de marché du sirop d'érable et des produits de l'érable exportés à travers le monde. Cela représente plus de 48 millions de dollars en valeur monétaire, pour un volume de 14 à 20 millions de livres de sirop d'érable. Après les États-Unis, l'Union européenne est notre deuxième marché en importance pour les exportations de sirop d'érable canadien. L'Europe est donc un marché d'importance pour l'industrie acéricole d'ici.
La fédération demandait d'ailleurs depuis longtemps aux autorités fédérales d'oeuvrer pour que les tarifs douaniers européens soient éliminés puisque cela avait pour conséquence de limiter nos volumes d'exportations. De son côté, afin d'encourager le développement des marchés des produits acéricoles en Europe, la fédération a orchestré au cours des dernières années de nombreux projets de promotion sur ce territoire, notamment en France, en Allemagne et en Angleterre.
De concert avec la Financière agricole du Québec, nous avons financé des démarches de promotion en Europe en remboursant certaines dépenses aux exportateurs de sirop d'érable sur plusieurs marchés. Plus récemment, avec l'aide du gouvernement fédéral et provincial, de grands chefs cuisiniers ont été désignés comme des ambassadeurs de l'érable. En plus de faire connaître le plaisir de l'érable aux gens de là-bas, ils ont la mission de créer de nouvelles expériences gustatives grâce à leur imagination débordante. C'est l'une des façons de propulser l'érable vers de nouvelles frontières. Bref, nous devons poursuivre nos efforts pour rejoindre de nouveaux consommateurs dans ce bassin de 500 millions d'habitants.
Cependant, la fédération est préoccupée par quelques éléments de cet accord. Si les tarifs douaniers de 8 % actuellement en vigueur disparaissaient, nous souhaitons que cette économie se traduise par une plus grande quantité de sirop d'érable vendue en territoire européen et non par une augmentation du nombre d'intermédiaires impliqués dans sa distribution. Concrètement, afin de favoriser la vente de sirop d'érable en Europe et de profiter pleinement de la signature de l'accord, il est primordial que des efforts financiers soient faits dès maintenant afin d'augmenter les volumes d'exportations.
À cet effet, la fédération a déposé en mars dernier une demande de financement au Programme Agri-marketing d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Pour le moment, il semble qu'une partie du projet sera refusée, ce qui ne maximise pas les chances de marquer des points dans ce contexte de libre-échange. Nous souhaitons donc que le gouvernement fédéral appuie entièrement cette demande de financement au Programme Agri-marketing afin de profiter pleinement de la baisse des tarifs sur les marchés européens. Dans le passé, on a constaté que chaque fois qu'on investissait dans la promotion de ce produit, par exemple en le faisant goûter à des gens, cela contribuait à son développement.
C'est en quelque sorte un résumé de la position de la fédération.
Avez-vous des questions?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous cet après-midi. Comme vous le constatez, je m'exprime français. Je viens du Québec, de la région de Lanaudière, et je suis députée de la circonscription de Joliette, où il y a des producteurs de sirop d'érable.
Le sirop d'érable est un produit naturel à 100 % dont la saveur et la couleur varient au fur et à mesure que la saison avance. En 2012, le sirop d'érable biologique représentait 20 % de la production totale au Québec, soit la plus importante production de la filière biologique. Cependant, les consommateurs connaissent mal la distinction entre la production biologique et la production conventionnelle.
Selon vous, quelles mesures pourraient être prises pour permettre aux consommateurs de faire davantage la distinction entre ces deux modes de production? Comme tout le monde, j'ai toujours pensé que le sirop d'érable était un produit naturel.
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Je vais vous répondre par segments. Il va y avoir un impact positif, mais il y a un facteur temps, une question de momentum. Un marché supplémentaire va être créé. Le sirop d'érable est en concurrence avec toutes les autres matières sucrantes, notamment les autres sucres qui sont moins bons pour la santé. L'idée est de le rendre plus abordable pour le consommateur européen. Dans une économie qui tourne au ralenti, 8 % c'est beaucoup. Il faut que les Canadiens soient les premiers à offrir ces 8 % aux consommateurs européens de façon à profiter de cette promotion.
Comme nous parlions de produits biologiques, je précise que partout dans le monde, des salons d'exposition mettent fortement en évidence les produits biologiques et en font la promotion. Il est important que le consommateur saisisse de quoi il s'agit.
Pour ce qui est des Américains, ils ne participaient pas à nos salons d'exposition auparavant. On les voyait aux États-Unis où ils fournissaient le marché à l'échelle du pays. Or ils participent maintenant aux salons d'exposition en Europe, voire à Montréal. En effet, ils sont même venus nous narguer un peu sur notre propre territoire.
Finalement, je vous dirais que les producteurs québécois font un produit de qualité et le font avec fierté. Nous avons un bon système. Ce qui nous ralentit, c'est une question d'argent. Il faut pouvoir régler ces conditions avant que les Américains ne le fassent.
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Je comprends. Je ne sais pas quelle est la prochaine mesure à prendre à cet égard. Vous avez aussi parlé des bienfaits du sirop d'érable pour la santé.
Ce comité est fantastique, monsieur le président.
La semaine dernière, on nous a parlé des bienfaits de l'orge pour la santé, et j'en ai discuté avec mon épouse en arrivant à la maison. Je vous jure que je vais lui parler des bienfaits du sirop d'érable.
Qui voyons-nous la semaine prochaine? Je vais être en très bonne santé à la fin de cette étude.
Sans blague, pour reprendre le commentaire de Mme Raynault, je suis un peu étonné qu'on parle de sirop d'érable organique par rapport... J'ai toujours cru qu'il n'y avait pas plus naturel que le sirop d'érable, vu la façon dont on le produit. Je comprends. Vous obtenez un bien meilleur prix pour le sirop organique que pour le bon vieux sirop d'érable traditionnel. Quelle est la différence de prix entre les deux?
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venus aujourd'hui. Vous avez dit à maintes reprises qu'il fallait accélérer la conclusion de cet accord. Comme dans toute entente, on en gagne et on en perd. Le Québec est le plus grand producteur de sirop d'érable, de même que le plus important producteur de produits laitiers, alors il encaisse le coup. Je pense que pour que l'accord se concrétise, il faut voir aux intérêts des producteurs de sirop d'érable, de même que des producteurs de fromage. L'accord n'est pas complet tant que le produit n'est pas sur le marché et que le tarif n'est pas aboli. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'accord sera complet. Il faut que les provinces se tiennent.
Je crois que le message que vous lancez au gouvernement est d'accélérer le processus, de faire en sorte que les provinces se tiennent et de veiller à prendre soin de ceux qui seront désavantagés par l'accord.
J'ai quelques questions à vous poser.
Y a-t-il des érables dans le nord de l'Europe et en Russie, et est-ce qu'on produit du sirop d'érable là-bas?