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Madame la présidente, distingués membres du Comité, mesdames et messieurs, merci de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui et de contribuer à cette importante étude sur le niveau d'activité physique des jeunes au Canada.
Des activités communautaires, des relations positives et des programmes qui changent des vies: en tant que principal organisme axé sur les services aux enfants et aux jeunes au pays, Repaires jeunesse du Canada offre des services et des programmes essentiels à plus de 200 000 jeunes dans 700 collectivités canadiennes. Nos clubs les aident à devenir des adultes en santé, actifs et engagés pendant les heures critiques où ils ne sont pas en classe. Notre personnel formé donne aux enfants et aux jeunes les outils nécessaires pour réussir à s'exprimer, à obtenir de bons résultats scolaires, à vivre sainement, à faire de l'activité physique et à être en bonne santé mentale.
Dans les clubs, nous sommes là pour les enfants et les jeunes pendant les heures critiques où ils ne sont pas en classe, avant et après l'école et pendant les week-ends et les congés scolaires, périodes où un enfant a le plus de temps libres. Un enfant moyen entre 6 et 12 ans a environ 67 heures de temps libres chaque semaine, ce qui est supérieur au nombre d'heures qu'il passe en classe.
La recherche montre que le fait de passer beaucoup de temps à être, en grande partie, sans structure, sans supervision et improductif peut miner le développement positif.
Chez Repaires jeunesse du Canada, les jeunes bénéficient de programmes structurés et de supervision qui les aident à rester actifs et en santé. Tous nos clubs suivent les programmes de base de notre modèle de réussite, qui prévoient de l'activité physique quotidienne et l'accès à des aliments sains.
Comme le Comité le sait, il a été prouvé que l'activité physique a des effets étendus: par exemple, elle améliore le rendement scolaire et réduit la dépression, l'anxiété et le stress, en plus de prévenir la solitude et les comportements auto-destructeurs. Elle joue un rôle fondamental dans le développement d'un enfant en santé.
Nous savons que seulement 35 % des enfants canadiens entre 5 et 17 ans s'adonnent aux 60 minutes d'activité physique quotidiennes recommandées. Nous savons aussi que la participation à des activités parascolaires organisées et de qualité est une façon constructive, sécuritaire et active pour les jeunes d'occuper leurs temps libres.
Dans un récent sondage national, lorsqu'on leur a demandé comment ils aimeraient passer leurs temps libres, la grande majorité des enfants et des jeunes ont dit qu'ils voulaient consacrer plus de temps à faire de l'activité physique, à traîner avec leurs amis et à participer à des activités artistiques comme la musique et le théâtre. Cependant, il peut être difficile pour des familles disposant de peu de moyens socioéconomiques d'accéder à ces activités.
C'est là que Repaires jeunesse du Canada intervient. Nos clubs offrent chacun de ces programmes gratuitement ou à peu de frais à nos membres. Ils se trouvent souvent dans des quartiers où les centres récréatifs sont rares et où les jeunes en viennent à penser que ce sont des endroits où ils pourraient être à leur place.
Les clubs ont surtout été axés sur l'activité physique, notamment des équipes sportives, des loisirs, de la danse et des sports d'aventure. Nous ajoutons de plus en plus d'aliments nutritifs aux collations que nous servons habituellement après l'école et offrons des programmes qui couvrent la nutrition et d'autres aspects d'une vie saine. Ils aident les enfants et les jeunes à développer des attitudes et des comportements positifs pour favoriser leur sécurité, leur santé et leur bien-être.
Les enfants qui participent régulièrement à des programmes parascolaires font des gains considérables sur le plan de la santé et du bien-être. Ils font de l'exercice plus régulièrement, ils mangent bien et sont plus à l'abri des blessures et des menaces. Comme ils sont appris à l'enfance, ces comportements sont plus susceptibles d'influer sur le style de vie des participants à l'âge adulte.
Compte tenu des bienfaits à court et à long terme des programmes parascolaires structurés sur la santé physique et mentale des enfants et des jeunes, nous demandons au Comité d'envisager de vivement recommander dans son rapport au Parlement qu'on soutienne pareils programmes afin de les élargir, surtout pour les familles ayant peu de moyens socioéconomiques.
J'aimerais maintenant donner à mon collègue, Adam Joiner, directeur des programmes pour les clubs d'Ottawa, l'occasion de parler de certains de nos programmes d'activité physique plus spécialisés.
Merci.
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Merci, monsieur Berman.
Je voudrais prendre un instant pour traiter de certains des programmes tout à fait novateurs que nous mettons en œuvre partout au pays pour les enfants et les jeunes dans le besoin. Qu'il s'agisse du divorce de ses parents, de l'incarcération d'un membre de sa famille ou de l'émigration de sa famille au Canada pour fuir les violences dans son pays d'origine, vivre un traumatisme pendant l'enfance et l'adolescence est une expérience profondément troublante et stressante qui laisse des marques physiques et psychologiques. On constate un grand bouleversement du développement normal de l'enfant, que ce soit sur le plan cérébral, physique, comportemental ou des interactions sociales. Avec l'avènement de la neuroscience, nous avons une compréhension beaucoup plus poussée de l'incidence des traumatismes sur le cerveau et le corps.
Un enfant victime d'un traumatisme peut manifester une dysrégulation émotionnelle, de l'hypervigilence, de l'agressivité et l'incapacité d'adopter un comportement proscocial. Les traumatismes provoquent essentiellement une réingénierie cérébrale qui rend souvent extrêmement difficile la gestion du stress pour les enfants et les jeunes.
Par l'intermédiaire de son programme de sport axé sur les traumatismes appelé Bounce Back League, Repaires jeunesse du Canada contribue à l'amélioration de l'état de santé et du bien-être des enfants et des jeunes qui ont vécu un traumatisme. Actuellement offert dans 3 clubs, ce programme sera bientôt accessible dans 10 autres clubs, y compris ici même, à Ottawa. Les jeunes sont invités à participer à des sports de compétition de façon soutenue. Chaque session commence par un échauffement. Ensuite, les jeunes perfectionnent leurs compétences, puis participent à une compétition qui les expose au stress. Pendant la compétition, un membre du personnel dûment formé encadre les jeunes et discute avec eux de stratégies de gestion du stress; il les aide à établir des liens avec des périodes ou des circonstances stressantes dans leur vie, que ce soit à l'école, dans leur emploi à temps partiel ou à la maison. À la fin de la compétition, le groupe se rassemble pour échanger et apprendre les uns des autres.
J'insiste sur ce programme, parce que c'est une façon de soutenir l'enfant ou le jeune de façon globale. Accroître l'activité physique est extrêmement important, mais nous devons aussi intervenir auprès des jeunes en fonction du stade auquel ils sont rendus. Des programmes de sport comme notre Bounce Back League, qui sont bien conçus et s'appuient sur des données probantes et des recherches pluridisciplinaires, peuvent améliorer tant la santé physique que mentale des enfants et des jeunes, qu'il s'agisse de la confiance en soi, de la gestion des émotions ou de l'établissement de relations saines.
Notre programme est offert quasi gratuitement à l'échelle du pays avec le but avoué de fournir des programmes d'activité physique uniformes et de grande qualité où il est possible d'acquérir des compétences en culture de l'activité physique. L'acquisition de compétences sociales est sous-jacente à tous les programmes que nous offrons: les enfants et les jeunes peuvent ainsi apprendre la communication positive, la prise de décisions positive et le leadership.
Comme je l'ai dit, il est extrêmement important d'intervenir auprès des enfants et des jeunes en fonction du stade auquel ils sont rendus et de leurs capacités. Les programmes et services de Repaire jeunesse sont conçus dans cette optique. Qu'il s'agisse du programme Marche et Explore, qui permet à 120 enfants et jeunes de partout à Ottawa d'explorer leur ville grâce à diverses promenades, ou encore de nos programmes de sports de compétition, notre objectif est d'amener les enfants à participer et de nous assurer qu'ils ont une expérience positive par rapport à l'activité physique. Ainsi, ils profitent des fondements nécessaires à une vie active. Voir un jeune sédentaire atteindre son objectif n'est pas seulement un moment marquant pour lui, mais pour toutes les personnes qui l'entourent.
Repaires jeunesse du Canada offre des programmes complets comme Nutri-Avantage qui aide les enfants et les jeunes à comprendre l'importance d'une saine alimentation et de la nutrition, ainsi qu'à préparer des repas nutritifs et économiques pour assurer leur pleine croissance. Nous constatons que l'engagement des jeunes dans les sports et les activités est directement lié à leur développement mental, physique, affectif et cognitif.
J'ai grandi au sein de notre club; je peux donc témoigner de l'incidence qu'il a eue sur ma vie. L'activité physique et les frais des programmes sportifs n'étaient pas à la portée de ma famille. Repaire jeunesse Ottawa était donc mon seul exutoire. Avant de joindre cet organisme, je n'avais pas accès à des activités sportives régulières. Je mangeais mal et j'avais donc un mode de vie très malsain, ce qui fait que, à un moment donné, je pesais plus de 350 livres. Repaire jeunesse Ottawa m'a permis de perdre du poids, d'être en meilleure santé, d'apprendre ce qu'est une bonne nutrition et d'acquérir de la confiance en soi à une époque où j'étais particulièrement vulnérable. Cette expérience a changé ma vie. Et de pouvoir offrir cette même expérience à des jeunes de notre collectivité aujourd'hui est un très grand privilège pour moi. En tant que multi-marathonien et adepte des demi-marathons, mon style de vie est beaucoup plus sain aujourd'hui. Je crois que Repaire jeunesse Ottawa m'a sauvé la vie de bien des façons en me donnant l'occasion de devenir la personne que je suis aujourd'hui.
Repaires jeunesse du Canada travaille avec 200 000 jeunes chaque année pour leur donner à eux aussi l'occasion d'apprendre l'importance de l'activité physique et son incidence sur leur vie.
Merci une fois de plus de nous avoir permis de témoigner devant vous. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Honorables membres de la Chambre des communes, c'est avec un sens profond du devoir et de la responsabilité que l'Association canadienne des commissions et des conseils scolaires a accepté votre invitation à témoigner devant le Comité permanent de la santé afin de vous faire part de notre avis sur votre étude de la motion M-206, Condition physique et niveau d'activité physique des jeunes au Canada.
Notre association représente plus de 300 conseils scolaires au Canada. Nous sommes responsables de l'éducation publique de près de quatre millions d'élèves, allant de la maternelle jusqu'à la fin de leurs études secondaires.
Collectivement, parmi leurs nombreux mandats, les conseils scolaires donnent aux jeunes l'occasion de mûrir et de s'épanouir dans un milieu d'apprentissage sain et sécuritaire, afin que ces derniers puissent réussir leurs études.
Nous formons les jeunes et les adultes afin qu'ils deviennent des citoyens informés, consciencieux et autonomes, qui prendront une part active à l'essor de la société canadienne.
Enfin, nous promouvons l'importance du bien-être et d'un mode de vie sain fondé sur l'alimentation, l'activité physique et la prévention de l'abus d'alcool et de drogues.
Ces mandats favorisent directement le genre de résultats que nous espérons voir tous nos élèves adopter avant et après l'obtention de leur diplôme d'études secondaires. Ces mandats représentent la contribution durable et l'héritage de la tutelle des conseils scolaires du système d'éducation publique au Canada.
[Traduction]
Afin de concrétiser ces objectifs, les conseils scolaires de partout au pays s'efforcent d'offrir à tous les élèves un programme principal essentiel conçu pour améliorer le mieux-être global, soit les aspects physique, cognitif et affectif. Cela comprend leur participation aux programmes d'éducation physique et d'éducation sur la santé, y compris les volets sur le développement sexuel et la santé reproductive; à diverses activités sportives parascolaires; aux programmes sur la nutrition; et aux activités de promotion du mieux-être, qui sont offertes par l'intermédiaire de programmes et services connexes.
À titre d'association, nous demeurons un membre actif du Consortium conjoint pancanadien pour les écoles en santé, un partenariat regroupant 25 ministères de la Santé et de l’Éducation de tout le Canada qui travaillent à promouvoir une approche globale de la santé en milieu scolaire pour favoriser le mieux-être, le bien-être ainsi que le rendement et la réussite des enfants et des adolescents.
Dans la foulée de leur mandat et de ces échanges, les conseils scolaires sont aujourd'hui plus sensibilisés à de nombreux enjeux soulevés par la motion M-206. Ainsi, votre étude de la condition physique et du niveau d'activité physique des jeunes au Canada arrive à point nommé. Il y a quatre ans, l'organisme Active Healthy Kids Global Alliance a pondu un rapport international sur l'activité physique des enfants et des jeunes. Son but était d'établir où se situaient les jeunes Canadiens par rapport à ceux de 14 autres nations. Évidemment, le Canada a reçu la note D- pour le niveau d’activité physique générale et la note D pour le transport actif. Notre note pour la participation des jeunes à des sports organisés était plus encourageante, ce qui ne nous a pas empêchés d'obtenir un C comme note finale.
Cela dit, certains aspects du rapport sont plus prometteurs, et c'est là que les partenaires du milieu scolaire sont en mesure de réagir aux besoins locaux. En effet, le rapport indique que la grande majorité des élèves canadiens, soit 95 %, ont régulièrement accès à un gymnase, que 91 % ont accès à des terrains de sport et que 73 % ont accès à de l'équipement de terrain de jeu pendant les heures d'école.
Pourtant, nos objectifs pour les élèves sont de plus en plus menacés, et ce, malgré tous les efforts déployés par les conseils scolaires. Nombre de facteurs sont en cause, dont les risques associés à un mode de vie sédentaire, le rôle toujours croissant de la technologie dans apparemment tous les aspects de nos vies et la robotisation de tâches qui étaient autrefois physiques, la disponibilité des ressources pour les populations et collectivités qui n'ont peut-être pas profité de la même exposition à l'éducation physique que d'autres générations de Canadiens, l'incidence constante de la pauvreté sur la vie des jeunes, les risques inhérents de toxicomanie chez les jeunes et les pressions financières exercées par la désuétude des infrastructures, qui englobent tant le bâti que les ressources matérielles, soit les fournitures et l'équipement.
En outre, l'attention portée aux résultats associés à la littératie, à la numératie et aux sciences dans les matières principales a pris de l'ampleur au point de monopoliser le discours et les mesures publics, ce qui est aussi fort préoccupant.
Bien que nous soyons toujours en faveur de la promotion de ces matières fondamentales par des mesures strictes et vigoureuses qui permettent à l'ensemble des Canadiens d'en tirer profit, d'autres matières, comme l'éducation physique et à la santé, ne bénéficient malheureusement pas de toute l'attention qu'elles méritent, surtout durant les dernières années du secondaire.
L'Association canadienne des commissions/conseils scolaires comprend que l'activité physique demeure un déterminant important de la réussite scolaire, comme en témoignent bien des recherches fondées sur des données probantes. Si le Canada veut accroître le taux de réussite de ses élèves de même que leurs compétences fondamentales, il est primordial d'accorder une importance équivalente à la sphère physique. À plus long terme, c'est une question de compétitivité économique, mais aussi d'investissements dans les programmes de santé et les programmes sociaux nationaux. En ne tenant pas compte de l'ensemble des besoins des élèves, qui sont physiques, psychiques et spirituels, notre pays ne respecte pas ses engagements et va à l'encontre de ses intérêts vitaux.
Bien qu'une longue espérance de vie et de santé soit ce que nous souhaitions à tous nos élèves, les facteurs que j'ai cités continuent de limiter la capacité du système d'éducation publique à soutenir les élèves dans la concrétisation de cet objectif.
Cela dit, nous savons que nous pouvons compter sur l'aide de nos partenaires pour relever tous les défis qui se présentent. Nous sommes donc heureux de pouvoir échanger avec nos collègues fédéraux aujourd'hui sur la nécessité de promouvoir davantage une bonne condition physique et un meilleur niveau d'activité physique chez les jeunes.
Le reste de nos commentaires visent donc à mettre en lumière les avantages que le milieu de l'éducation publique peut tirer d'un partenariat renforcé avec le gouvernement du Canada dans la promotion de ces objectifs.
Notre première recommandation est d'étendre la portée du crédit d'impôt pour la condition physique des enfants aux activités sportives scolaires.
Deuxièmement, nous recommandons d'établir un fonds de remboursement des frais de transport et de déplacement géré par le ministre du Sport amateur, voire d'établir un organisme national sans but lucratif à l'intention des écoles qui ont besoin d'aide pour participer aux compétitions sportives provinciales et nationales, mais aussi pour organiser les activités de financement connexes.
Troisièmement, nous sommes très favorables au rétablissement et à l'expansion du financement fédéral destiné aux programmes parascolaires de promotion d'une vie saine et active, puisque cela contribuerait grandement à l'atteinte des objectifs d'augmentation de l'activité physique chez les jeunes.
Quatrièmement, nous proposons le maintien des investissements fédéraux dans les infrastructures récréatives des collectivités, mais l'application de critères précis afin de favoriser, si ce n'est pas déjà le cas, les infrastructures que se partagent souvent plusieurs écoles publiques, clubs et centres communautaires.
Cinquièmement, une nutrition adéquate est essentielle si l'on veut favoriser l'activité physique et promouvoir une bonne condition physique. Nos collègues de Repaires jeunesse du Canada l'ont d'ailleurs souligné. Le régime alimentaire est le premier pas vers des habitudes saines. Malheureusement, le taux élevé de pauvreté demeure un facteur pour certains de nos élèves et les prive de leur droit à la sécurité alimentaire. Nous privilégions ici trois interventions distinctes du gouvernement fédéral.
D'abord, il doit augmenter les fonds accordés aux programmes de repas et qui favorisent une saine alimentation dans les écoles. Pour certains élèves, les repas servis à l'école constituent leur seul repas de la journée. Financer l'expansion des programmes actuels serait un moyen direct de favoriser la condition physique et le niveau d'activité physique des élèves les moins nantis au pays. Ensuite, nous préconisons la promotion de mesures locales de sécurité alimentaire conçues pour répondre aux besoins des collectivités éloignées et nordiques. Enfin, des programmes de coupons alimentaires et pour le lait intégrés à l'aide sociale permettraient d'offrir aux familles canadiennes à faible revenu les avantages essentiels pour répondre à leurs besoins nutritionnels quotidiens.
Sixièmement, nous proposons l'expansion du rôle du gouvernement fédéral dans le financement des technologies d'assistance aux personnes handicapées. Pour ce faire, le gouvernement devrait redéfinir son rôle tant sur le plan de l'atténuation des handicaps que des recours. Loin de remplacer le soutien aux technologies d'assistance actuel, cette mesure mettrait davantage l'accent sur l'équipement sportif et serait, selon nous, un véritable avantage pour les jeunes Canadiens en permettant à des élèves qui ont des besoins particuliers et des atypies de prendre une part active à des activités sportives et physiques avec leurs pairs.
Nous demeurons un partenaire actif de l'Assemblée des Premières Nations...
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Merci beaucoup de nous donner la possibilité de témoigner aujourd'hui.
Je veux aussi souligner que l’endroit où nous sommes réunis aujourd’hui fait partie du territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine Anishinabeg.
La question de la condition physique et du niveau d’activité physique des jeunes au Canada est importante.
J'aimerais préciser qu'il s'agit d'une étude à la fois opportune et stratégique. Elle dénote une certaine volonté politique et le désir de renforcer les liens entre les compétences et les secteurs concernés. Il est donc permis d'être optimistes, puisqu'il s'agit d'un moment charnière pour nous tous.
Éducation physique et santé Canada existe depuis plus de 85 ans. Notre organisation s'est taillé une place unique dans le tissu canadien, puisqu'elle est idéalement placée pour connaître tant la condition physique et le niveau d'activité physique de la population que les systèmes qui les sous-tendent. Notre travail englobe l'activité physique, la culture de l'activité physique, le sport, l'éducation physique et la santé.
Au sein du système scolaire, Éducation physique et santé Canada soutient deux volets déjà abordés par l'Association canadienne des commissions/conseils scolaires, soit l'éducation à la santé et l'éducation physique. De façon plus générale, nous faisons la promotion de la santé dans l'ensemble du système scolaire grâce au cadre de l'approche de santé globale en milieu scolaire.
Éducation physique et santé Canada est géré par un conseil de direction composé de professionnels de l’éducation physique et de l’éducation à la santé qui représentent leurs associations canadiennes, de même que par un conseil de recherches qui réunit plus de 100 représentants des facultés d'éducation, de kinésiologie et de santé au pays.
Les enjeux auxquels sont confrontés les jeunes aujourd'hui ne sont pas la responsabilité d'un système en particulier, et le sport n'est pas l'unique solution. Nous avons tous un rôle à jouer. Ce principe est au cœur de la Canadian Alliance for Healthy School Communities, que nous avons fondée.
Je suis la directrice générale d'Éducation physique et santé Canada, tandis que Mme Zakaria en est la gestionnaire des Campagnes et programmes. À ce titre, nous avons le privilège de travailler avec plus de 100 000 enseignants, administrateurs scolaires, leaders communautaires, professionnels de la santé et jeunes à l'amélioration de la santé et du mieux-être de plus de cinq millions d'enfants canadiens. Je suis donc très heureuse de vous transmettre ce que nous savons sur cet enjeu important. Malheureusement, le message central de mon témoignage n'est pas positif. Permettez-moi d'abord de le mettre en contexte.
Je vous rappelle que s'adonner régulièrement à de l'activité physique maintient et favorise la vie. C'est un simple fait. C'est le deuxième jour de vos travaux sur la question. Vous connaissez donc tous les faits sur la santé cardiovasculaire, le diabète, etc. Malgré cela, les gens continuent de mener des vies de plus en plus sédentaires et inactives, et les systèmes dans lesquels nous évoluons favorisent cette inactivité.
L'inclusion aujourd'hui à la liste de témoins de représentants du système scolaire de la maternelle à la 12e année, et plus particulièrement d'Éducation physique et santé Canada, est un choix judicieux. Les domaines de la santé, de l'éducation et du sport sont interreliés quand il est question de la santé de nos jeunes et des solutions aux problèmes connexes.
La conversation que nous avons aujourd'hui est donc aussi opportune que stratégique, et ce, pour trois grandes raisons.
D'abord, nous savons pourquoi il faut agir. Plus que jamais auparavant, les jeunes Canadiens mènent une vie sédentaire. Les preuves à cet effet abondent. Et les conséquences de cette sédentarité sur leur santé physique et mentale sont durables. Il est certes facile de jeter le blâme sur le temps passé devant un écran et les jeux vidéos, mais les raisons sont bien sûr beaucoup plus complexes. Elles sont liées à la façon dont nous concevons nos collectivités, nos écoles, nos gouvernements, nos routes et nos infrastructures, à notre culture et à notre perception de ce qui est sûr, entre autres. La complexité de tout cela exige la concertation de tous les intervenants.
Ensuite, il est important de participer à la conversation, car elle arrive à point nommé. Adopter des comportements sains tôt dans la vie accroît les possibilités d'être actif tout le long de sa vie. De la maternelle à la 12e année, les écoles ont plus d'influence sur la vie des jeunes que toute autre institution sociale. Ce qui est acquis pendant cette période déterminante dure toute la vie.
Enfin, les écoles constituent la seule institution sociale apte à joindre pratiquement tous les enfants, peu importe leur sexe, leur âge, leurs capacités, leur culture, leur religion ou leur statut socioéconomique. Ainsi, les écoles sont un moyen idéal pour soutenir les enfants et les jeunes et optimiser leur développement de façon équitable.
La dernière Enquête canadienne sur les mesures de la santé établit que 95 % des enfants canadiens ne consacrent pas suffisamment de temps à l'activité physique au quotidien. De plus, on constate que 51 % des enfants canadiens n'ont pas l'occasion de participer à des activités physiques à l'extérieur du milieu scolaire.
Pour ces jeunes, ces 51 ou 49 %, leur activité physique se résume à l'éducation physique et aux sports en milieu scolaire. C'est limpide: nous savons pourquoi il est important de bouger; nous savons que les enfants sont en milieu scolaire et que c'est le meilleur véhicule pour tous les inclure dans nos efforts. Donc, il est crucial de saisir les occasions d'éducation physique et d'activité physique qui se présentent avant, pendant et après l'école si nous voulons avoir un impact sur leur vie. Pourtant, le pourcentage d'écoles au Canada qui disent assurer le niveau d'activité physique adéquat chaque jour à leurs élèves, c'est-à-dire 60 minutes, varie de 8 à 65 % selon l'année scolaire. Pourquoi?
C'est systémique: ce problème est en grande partie attribuable à la nature intersectorielle de l'activité physique. L'absence d'un partenariat conscient, planifié et durable de même que l'absence de collaboration ou de mécanismes connexes entre les secteurs du sport, de l'activité physique, de la santé, des loisirs et de l'éducation constituent certaines des lacunes qui contribuent à cette carence. À vrai dire, il y a très peu de soutien en place et, lorsqu'il y en a, c'est à petite échelle et axé sur des projets.
Mais c'est aussi un problème d'éducation. Les programmes d'éducation physique varient d'un bout à l'autre du pays, et chaque province a ses propres exigences quant au temps minimal réservé chaque jour à l'éducation physique. Ainsi, on estime que seulement 22 % des enfants canadiens sont actifs tous les jours à l'école.
Nos résultats aux derniers tests illustrent bien ce qui a été dit dans le témoignage précédent. Selon les résultats des tests du Programme international pour le suivi des acquis des élèves, le Canada se classe au 2e rang en sciences, au 3e rang en lecture et au 14e rang en mathématiques. Toutefois, sur les 29 pays évalués, le Canada se classe 17e pour l'activité physique.
Le bien-être global de nos jeunes est en péril. À l'échelle nationale, nous avons également reçu la note D+ pour le niveau d'activité physique. Des résultats qui augurent mal pour l'avenir. Mais, au-delà des conséquences physiques, comme le diabète, un manque d'activité physique comporte aussi des risques pour la santé mentale. Soixante-dix pour cent des maladies mentales se déclarent pendant l'enfance et l'adolescence. Un Canadien de moins de 18 ans sur 5 est atteint d'au moins une maladie ou un trouble mental. Nous savons également que les enfants sont victimes d'intimidation, d'exclusion et d'intolérance, à l'école et ailleurs, ce qui réduit leurs occasions d'établir et de maintenir des relations saines, y compris pendant les jeux actifs et leurs loisirs.
Chez bien des enfants d'âge scolaire, cela se traduit par la solitude, l'anxiété, un état dépressif et le stress. Les répercussions sur leur santé et leur bien-être futurs sont profondes. Bref, bouger et faire de l'activité physique ne peuvent pas être de simples activités. Cela doit devenir partie intégrante de qui nous sommes, de notre identité. Quand l'éducation physique et l'activité physique sont marginalisées dans les écoles et ailleurs, nous disons aux jeunes que leur corps est une entité distincte de leur esprit et, de bien des façons, nous leur montrons qu'il n'est pas important de bouger. Il est facile de deviner la suite. Selon des données empiriques, quand bouger fait partie de nos activités quotidiennes, les résultats scolaires s'améliorent et diverses possibilités d'innovation et d'apprentissage socioaffectif émergent. On constate même une réduction de l'anxiété et une amélioration de la santé mentale.
Nous pouvons obtenir des résultats en activité physique qui sont comparables à ceux en mathématiques et en sciences, mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.
Prenons un peu de recul afin de bien voir le portrait général: le système de santé canadien est coincé entre, d'une part, les exigences économiques et, d'autre part, le vieillissement de la population et la santé toujours plus mauvaise des jeunes. Les coûts annuels de la sédentarité pour le système de santé canadien sont d'environ 6,8 milliards de dollars, soit près de 4 % des frais de santé totaux des Canadiens.
Je suis persuadée que d'autres témoins vous feront part de statistiques semblables. Ce qu'il faut en comprendre, c'est que nos enfants sont sur la mauvaise voie. Ils bougent moins et passent plus de temps assis. En réalité, nous avons les moyens de faire mieux. Ce que nous ne pouvons pas nous permettre de faire, c'est d'attendre.
Renverser la vapeur n'est pas simple. Beaucoup de difficultés nous attendent dans nos efforts pour faire bouger nos enfants davantage, et nous n'avons pas le temps de toutes les explorer aujourd'hui. Plusieurs doivent être abordées de front, en commençant par l'équité. Les enfants n'ont pas tous le même accès aux avantages d'une activité physique régulière. Comme je l'ai dit, seulement 51 % d'entre eux participent à des activités sportives à l'extérieur de l'école.
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Des politiques et des plans sont déjà en place. Nous devons agir. C'est pourquoi davantage de collectivités doivent adopter une approche multisectorielle. Comme le dit le vieil adage, il faut tout un village pour élever un enfant.
Que doit faire ce village pour mettre en œuvre les stratégies internationales et nationales? Il doit employer des stratégies qui s'inscrivent dans cette approche communautaire multisectorielle.
Bien qu'il soit important de promouvoir une vie active, investir uniquement dans la promotion ne se traduira pas par les résultats souhaités.
Bien que les écoles aient un rôle très important à jouer, les stratégies déployées ne peuvent pas reposer uniquement sur elles. C'est ce que nous avons fait par le passé, et aujourd'hui, les spécialistes en éducation physique sont évacués du système scolaire, ce qui provoque l'érosion des possibilités viables de développement des compétences motrices et d'activité physique de qualité pendant les heures d'école.
Bien que les parents aient un rôle super important à jouer, ils ne peuvent pas porter seuls ce fardeau, alors qu'ils essaient de concilier leur travail et leur vie familiale dans une société qui valorise la surprotection; ils doivent maintenant établir de quelle façon leur enfant peut être assez actif dans le peu d'heures qu'ils passent ensemble.
Bien que les organismes communautaires et les centres de loisirs municipaux aient leur importance, la qualité et l'accessibilité des programmes qui sont actuellement offerts sont très variables.
Et même si beaucoup de gens s'adonnent à un sport, la présence de clubs locaux et la qualité de leurs programmes, de la formation et des compétitions varient beaucoup.
La reconnaissance des avantages de l'activité physique continue de croître au sein du milieu de la santé. Cela dit, il n'a pas les rapports nécessaires avec le milieu de l'activité physique communautaire pour le mettre en valeur.
Tous ces groupes doivent travailler ensemble. Ils font un travail remarquable, mais habituellement en vase clos. Il y a d'excellentes organisations représentées ici aujourd'hui, mais nous devons aborder la question de manière concertée, c'est-à-dire réunir les promoteurs d'activités, les parents, les écoles, le secteur de la santé et celui du sport et des loisirs, pour changer le système comme nous le souhaitons.
Toute stratégie canadienne doit être d'origine communautaire et multisectorielle afin que la culture de l'activité physique soit développée de façon concertée pour favoriser une bonne forme physique et améliorer le niveau d'activité physique.