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Merci beaucoup, monsieur le président, de l’excellente occasion que vous m’offrez d’être parmi vous. Je salue tous les membres du Comité. C’est pour moi un vrai plaisir de témoigner devant le Comité permanent de la santé, dans mes nouvelles fonctions de ministre fédéral de la Santé.
Je tiens tout d’abord à vous féliciter, monsieur le président, de votre nomination à la tête du Comité.
Le président: Merci.
L'hon. Jane Philpott: Comme vous le savez, le Comité permanent de la santé est fier de ses réalisations passées et actuelles. Il a une vaste expérience des sujets difficiles et importants pour les Canadiens. Il ne fait aucun doute que le travail que vous accomplissez au sein de ce groupe et dans d’autres groupes similaires sera utile au cours des prochaines années. En effet, nous nous intéressons désormais à des questions qui pourraient redéfinir les politiques publiques dans le domaine de la santé, pour des générations à venir.
À bien des égards, l’expérience que j’ai acquise pendant 30 ans comme médecin m’a préparé au rôle qui est le mien aujourd’hui et c’est pour moi un privilège de pouvoir occuper ces fonctions. J’ai pratiqué la médecine en Ontario pendant de nombreuses années, mais j’ai également eu le privilège de travailler dans divers pays d’Afrique subsaharienne, dont près de 10 ans en Afrique de l’Ouest. Ces années ont été parmi les plus gratifiantes de ma vie.
Les dures réalités des conditions sanitaires et de vie dans certains des pays les plus pauvres de la planète m’ont beaucoup appris sur les déterminants sociaux de la santé. Elles ont forgé la vision que j’ai des moyens que l’on peut prendre pour améliorer les résultats sur le plan de la santé, tant ici qu’à l’étranger.
[Français]
Aider des personnes à bénéficier et à jouir d'une vie saine et enrichissante nécessite plus que de bons médicaments. Cela exige également une bonne gouvernance et un système qui soutient ces objectifs.
[Traduction]
Avant de poursuivre, je tiens à remercier les collègues qui m’accompagnent et que l’on vous a présentés. Je remercie donc Simon Kennedy, sous-ministre de la Santé, et Siddika, qui vient de se joindre à nous. Nous sommes ravis d’avoir une nouvelle présidente de l’Agence de la santé publique du Canada. Je tiens également à remercier MM. Greg Taylor, Alain Beaudet et Bruce Archibald. Je crois également que nous avons avec nous Barbara Jordan, n’est-ce pas? Oui, elle est derrière nous et elle est vice-présidente associée aux Politiques et programmes de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Dans les quelques prochaines minutes, j’ai l’intention de vous faire un bilan des activités de ce portefeuille et vous parler des questions clés que le comité abordera au cours des prochains mois. Je me ferai ensuite un plaisir de répondre à toutes les questions que vous pourriez avoir.
Le système public de soins de santé canadien est une source de fierté et témoigne d’une valeur fondamentale des Canadiens qui y ont universellement accès pour obtenir, en temps opportun, des services de grande qualité. Ces services sont offerts en fonction des besoins et non pas de la capacité à payer. Si ce système a bien servi les Canadiens, nous convenons tous cependant qu’il doit être renforcé pour tenir compte des changements démographiques et des nouvelles tendances dans le domaine des maladies. De plus, de nouvelles technologies apparaissent qui influent sur la prestation des soins et nous essayons de plus en plus d’offrir les soins dans les foyers et les collectivités.
Les Canadiens seront heureux d’apprendre que le budget prévoit des investissements immédiats qui permettront de faire avancer, au niveau national, diverses priorités, grâce aux innovations apportées dans le système. Comme vous le savez peut-être, le budget de 2016 prévoit en outre des initiatives qui aideront les Canadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé, notamment grâce à l'élargissement de l'accès à des aliments nutritifs dans le Nord, à l'amélioration de la salubrité des aliments, à l'octroi de fonds pour la mise en oeuvre d'initiatives ciblées en matière de santé à l'intention des hommes et des femmes, à l'amélioration du taux de vaccination et de la couverture des vaccins, et à des investissements dans les protocoles pour les commotions cérébrales.
[Français]
Comme les députés le savent, notre gouvernement s'est engagé à aider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et à améliorer leur santé.
Notre système de soins de santé est une source de fierté nationale, mais des écarts se creusent de plus en plus, et l'une de mes principales priorités est de contribuer à transformer la façon dont les soins de santé sont offerts au Canada.
[Traduction]
Vous savez peut-être qu’en janvier, j’ai rencontré mes homologues provinciaux et territoriaux en vue de définir une nouvelle vision des soins de santé. Nous avons ainsi discuté et convenu d’un certain nombre de priorités qui reflètent les attentes des Canadiens. Ces priorités seront le fondement d’un nouvel accord sur la santé qui permettra aux provinces et aux territoires d’accélérer la transformation des soins. J’en parlerai plus en détail dans quelques instants.
J’aimerais faire quelques commentaires à propos du Budget principal des dépenses et du Budget supplémentaire des dépenses (C) et vous dire en quoi ils concernent le portefeuille. Comme vous le voyez, le budget principal prévoit 3,75 milliards de dollars au titre des autorisations de dépenses pour 2016-2017. Cela représente une augmentation nette de 97,8 millions de dollars par rapport au budget de 2015-2016.
Les augmentations de financement de 249 millions de dollars pour 2016-2017 concernent essentiellement les programmes liés à la santé des Premières Nations et des Inuits, ainsi que la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé. Vous remarquerez dans le programme une diminution de 151 millions de dollars due surtout à l’élimination graduelle de certains financements. Je serais heureuse de répondre à vos questions à ce sujet.
Le budget principal des Instituts de recherche en santé du Canada prévoit un peu plus d’un milliard de dollars au titre des autorisations de dépenses pour 2016-2017, soit une augmentation nette de 17 millions de dollars par rapport à 2015-2016. Cette augmentation nette concerne essentiellement des contributions à des projets financés au terme du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada et aux Centres d’excellence en commercialisation et en recherche.
Le budget principal de l’Agence de la santé publique du Canada prévoit 589,7 millions de dollars, soit une augmentation de 22,5 millions de dollars par rapport au budget de 2015-2016. L’augmentation servira principalement à financer les contre-mesures médicales pour la variole et l’anthrax, et l’initiative de préparation et d’intervention en cas de crise d’Ebola pour 2016-2017. L’accroissement du financement de l’agence de 13,7 millions de dollars dans le Budget supplémentaire des dépenses (C) pour 2015-2016 sert principalement à financer le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques. Il sert également à financer les mesures prises face à la crise des réfugiés syriens et la mise sur pied du Centre canadien d’innovation sur la santé du cerveau et le vieillissement.
Les dépenses autorisées aux termes du Budget principal des dépenses de 2016-2017 pour l’Agence canadienne d’inspection des aliments s’élèvent à 739,7 millions de dollars, soit une augmentation nette de 41,5 millions de dollars par rapport à 2015-2016.
[Français]
Les principaux éléments qui contribuent à ce financement incluent l'Initiative visant les infrastructures fédérales qui renouvellera et mettra à niveau les biens et les infrastructures de l'ACIA. Ils incluent également la poursuite du travail dans le cadre de la Plateforme de prestation électronique de services qui offrira des technologies et des outils pour l'industrie, pour des partenaires commerciaux et internationaux et pour les inspecteurs et le personnel de l'ACIA. Cela inclura un financement qui servira à renforcer le système de surveillance et de salubrité des aliments du Canada.
[Traduction]
Les dépenses proposées permettront au gouvernement de s’attacher aux priorités importantes en vue d’améliorer les résultats en matière de santé pour tous les Canadiens.
Comme il s’agit de ma première comparution devant le Comité, j’aimerais prendre quelques minutes pour vous parler d’autres priorités du portefeuille de la santé.
S’agissant de la réforme du système de santé, vous savez tous autant que moi qu’un système public universel de soins de haute qualité est un fondement essentiel d’un Canada fort et prospère. Or, cela fait plus d’une décennie que les ministères de la santé du pays ne se sont pas rencontrés pour élaborer un plan destiné à améliorer les soins offerts aux Canadiens. Il est vital de rétablir le rôle que joue le gouvernement fédéral en tant que partenaire essentiel pour appuyer un système de santé plus souple, innovant et à prix abordable.
[Français]
Je crois qu'en travaillant ensemble, nous pouvons apporter un réel changement au système de soins de santé, afin que les Canadiens et les Canadiennes puissent continuer à avoir accès à des soins durables et de grande qualité.
Dans cette optique, j'ai rencontré les ministres de la Santé provinciaux et territoriaux en janvier à Vancouver afin de lancer la discussion concernant un nouvel accord à long terme sur la santé.
[Traduction]
Nous avons discuté d’un plan visant à oeuvrer collectivement et à appuyer une réforme du système de santé qui le rendrait plus accessible et plus adapté aux soins dont ont besoin les Canadiens. Comme première étape importante, nous nous sommes entendus sur les principaux secteurs dans lesquels les mesures de réforme apporteront de vrais changements. Nous allons nous pencher sur des moyens de faciliter l’accès à des médicaments moins chers. Nous allons explorer des approches afin que davantage de services offerts par les institutions, comme les soins à domicile et les soins palliatifs, soient désormais offerts dans la collectivité. Nous allons chercher à améliorer l’accès à des soins de santé mentale de haute qualité dans tout le pays. Nous allons également voir s’il est possible d’adopter et de généraliser dans tout le pays des innovations prometteuses dans l’organisation et la prestation des services de soins de santé.
Le ministère redoublera d'efforts — et il le fait déjà d’ailleurs — pour appuyer le travail mené à cette fin. Parallèlement, nous collaborons avec les provinces et les territoires afin d’élaborer les meilleures approches face à ces problèmes. Même si, comme vous le savez, la prestation des soins de santé relève essentiellement des provinces et des territoires, le gouvernement fédéral peut accomplir certaines tâches pour appuyer les provinces et les territoires dans les efforts qu’ils déploient pour réformer le système de soins de santé. Nous allons d’ailleurs étudier soigneusement de quelle façon l’action et l’influence du gouvernement fédéral peuvent accélérer les progrès dans ces domaines de priorités partagées.
Je pense par exemple au rôle que nous pouvons jouer pour réglementer les médicaments et à l’appui que nous pouvons offrir pour que les organismes de santé pancanadiens puissent accélérer les progrès. Nous allons voir de quelle façon les investissements de 3 milliards de dollars qu’a promis le gouvernement au cours des prochaines années dans les services de soins à domicile peuvent être mis en oeuvre le plus efficacement possible. Je suis emballée par les possibilités que cette action présente et je me réjouis à la perspective de collaborer avec mes homologues provinciaux et territoriaux pour établir nos priorités en matière de santé.
[Français]
Au début de l'été, je les rencontrerai de nouveau pour dresser le bilan des progrès accomplis. Au final, j'espère trouver un terrain d'entente en vue d'élaborer un plan qui transformera et renforcera notre système de soins de santé financé par l'État.
[Traduction]
Nous savons déjà, en matière de recherche, ce qu’il faut faire pour améliorer le système de santé. La recherche est essentielle pour améliorer la qualité des soins et faire en sorte que les Canadiens en aient pour leur argent.
[Français]
Le gouvernement du Canada a fait d'importants investissements en recherche en santé pour permettre l'acquisition de nouvelles connaissances sur la santé. Ces connaissances influencent les pratiques exemplaires et donnent lieu à des améliorations du système de soins de santé.
[Traduction]
À cet égard, nous nous appuyons sur la collaboration qui existe déjà avec nos partenaires provinciaux et territoriaux dans des initiatives telles que la Stratégie de recherche axée sur le patient du Canada, que l’on connaît sous son acronyme la SRAP. Comme vous le savez peut-être, il s’agit d’une coalition nationale qui se consacre à l’innovation dans l’ensemble du Canada. Elle vise à favoriser des soins de santé fondés sur des données probantes en instaurant dans les points de service des méthodes de diagnostic et de thérapie innovatrices.
S’agissant de la santé autochtone, ceux d’entre nous qui sommes parents savons que nous voulons que nos enfants aient les meilleures possibilités dans la vie. Je veux parler notamment de l’accès à une bonne éducation, à des aliments nutritifs et à l’eau potable, à un toit et à des soins de santé de qualité. Ce sont des conditions de vie essentielles auxquelles est en droit de s’attendre chaque enfant canadien.
Il ne fait aucun doute que dans de nombreuses communautés des Premières Nations et d’Inuits, les conditions sanitaires sont déplorables et qu’il faut s’en occuper. Mais comme ces problèmes se sont développés sur plusieurs générations, on ne va pas pouvoir les régler du jour au lendemain. Mais en tant que médecin, mère et canadienne, je trouve profondément troublant que de telles situations existent dans une nation aussi riche que la nôtre.
[Français]
L'histoire nous a démontré qu'une approche descendante ne nous mène nulle part lorsqu'il s'agit de combler ces écarts. Cela exigera l'établissement de partenariats avec les dirigeants des Premières Nations et des Inuits. Cela nécessitera du respect et de l'écoute.
Dans le discours du Trône, notre gouvernement a réaffirmé son engagement quant à la mise en place d'une relation de nation à nation avec les Autochtones. J'ai été touchée par cet esprit de partenariat et je m'engage à travailler avec les Premières Nations, les provinces et les territoires, et avec les fournisseurs de services de soins de santé de première ligne.
[Traduction]
Comme vous le savez peut-être, le ministère investit déjà plus de 2,5 milliards de dollars par an dans la santé des Premières Nations et des Inuits. Toutefois, pour modifier les résultats en matière de santé, il faut considérer un bien-être vraiment global qui couvre tous les aspects physiques, mentaux, émotionnels et spirituels de la santé. Un volet important du processus de guérison sera la mise en œuvre des appels à l’action faits par la Commission de vérité et de réconciliation. Je crois qu’en travaillant ensemble, nous pouvons combler ces lacunes. En tant que ministre de la Santé, je me suis personnellement engagée à amorcer immédiatement ces changements et à faire en sorte que les actions menées soient pérennes.
Autre sujet, les habitudes de vie et d’alimentation saines.
[Français]
L'inactivité physique, les mauvaises habitudes alimentaires et les blessures demeurent importantes. Chaque année, elles amènent de plus en plus de Canadiens et Canadiennes à rendre visite à leur médecin ou à se rendre à l'hôpital.
Faire la promotion d'une vie active et saine ainsi que prévenir les blessures et les maladies reste au coeur des efforts du gouvernement fédéral pour aider les Canadiens et Canadiennes à...
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Merci beaucoup. Je vais le faire et je serais heureuse de vous donner d’autres détails.
Il y a deux autres thèmes que je voulais aborder, la politique raisonnable sur les médicaments — n’hésitez pas à me poser des questions à ce sujet — et l’aide médicale à mourir et les réformes juridiques correspondantes.
Je voulais terminer par quelques commentaires d’ordre personnel. Est-ce que vous nous permettez de les faire? À part ce que je dis dans mes notes, je voulais vous parler de mes intentions au plan des rapports que je souhaite avoir avec le Comité et ce que j’attends de lui en échange.
J’aimerais prendre trois engagements. Premièrement, être honnête dans mes rapports avec le Comité de la santé. Il y aura des moments, y compris aujourd’hui, où je n’aurai pas de réponses à vos questions. Je chercherai ces réponses. Je vous informerai de l’orientation que nous prenons, mais je m’engage à être ouverte et transparente.
Deuxièmement, faire preuve de responsabilité. Le m’a indiqué très clairement qu’en tant que ministre, je dois vous rendre des comptes. Il y a une hiérarchie des responsabilités à respecter et j’observerai la consigne que m’a donnée le premier ministre, de vous rendre des comptes.
Troisièmement, je m’engage à être juste en répondant aux besoins des Canadiens et aux besoins du Comité de la santé, et à être juste envers vous, qui êtes mes collègues à la Chambre des communes. J’ai l’intention de rester toujours juste.
Voici maintenant les trois demandes que je vous fais. Je vous demande d’abord d’être pragmatiques dans votre action, de rechercher ce qui peut être fait. Je compterai sur vous pour mener des travaux très importants au cours des années à venir.
Deuxièmement, je vous demanderai de faire preuve de collaboration. Je suis ravie que tous les partis soient représentés au Comité et je vous encourage à collaborer les uns avec les autres aux fins d’efficacité et en pensant à ce que vous laisserez derrière vous.
L’avenir est extrêmement prometteur. Les travaux que vous envisagez déjà sont d’une importance capitale. L’important n’est pas nécessairement que l’on se souvienne de vous comme membres de ce comité, mais de l’héritage que vous allez laisser. En quoi le travail que vous aurez accompli changera pour le mieux le Canada et les Canadiens dans le domaine de la santé? Je vous encourage à y réfléchir et je serais heureuse de répondre à vos questions.