Je voudrais tout d'abord souhaiter la bienvenue à notre nouvelle greffière, Danielle Widmer. Je souhaite également la bienvenue à M. Melillo et à tous les témoins.
Il s'agit de la 12e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes. La réunion se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté hier, le 25 janvier. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. La webdiffusion montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
Afin d'assurer le bon déroulement de la réunion, je tiens à vous faire part de quelques règles à suivre. Les membres du Comité et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts pour la réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le son du parquet, l'anglais ou le français.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Lorsque vous avez fini de parler, veuillez mettre votre micro en sourdine pour minimiser les interférences. Si vous rencontrez des difficultés techniques, veuillez m'en informer si vous le pouvez. Nous serons très attentifs. Si cela se produit, bien sûr, il peut être nécessaire de suspendre la séance pendant quelques minutes pour veiller à ce que tous les membres puissent participer pleinement.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le vendredi 9 octobre 2020, le Comité reprend son étude sur le logement pour les Autochtones en régions urbaines, rurales et nordiques.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins. Nous allons commencer notre discussion par des déclarations liminaires de cinq minutes chacune, puis nous passerons aux questions. Nous accueillons Margaret Pfoh, directrice générale de l'Aboriginal Housing Management Association, et Henry Wall, agent administratif principal du Kenora District Services Board.
Nous allons commencer par Mme Pfoh qui dispose de cinq minutes. Bienvenue au Comité. Vous avez la parole.
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Dans la langue de mes ancêtres,
'niit. Bonjour à tous, et merci de nous recevoir.
Toyaxsiim. Merci à tous.
J'aimerais commencer par vous parler un peu de notre organisation. L'Aboriginal Housing Management Association (AHMA), premier organisme de logement communautaire autochtone du Canada, a été créée pour les Autochtones, par des Autochtones. En plus de fournir aux familles des logements abordables et adaptés à leur culture, les membres de l'AHMA offrent de nombreux services de soutien grâce à 35 programmes différents qui visent, entre autres, la prévention de l'itinérance, les maisons de transition, les compétences parentales, la santé mentale et le soutien en matière de toxicomanie. En tant qu'organisation autochtone, l'AHMA intègre toujours des composantes culturelles dans ses relations avec ses membres. Nous reconnaissons la dépossession des peuples autochtones causée par le gouvernement canadien à travers l'histoire, avec les pensionnats autochtones, la rafle des années 1960 et les conséquences générales de la colonisation.
Je voudrais consacrer un bref moment à préciser ce que nous entendons par « autochtone ». Comme en témoigne le titre de votre étude, vous avez entendu les termes « urbain, rural et nordique ». Nous sommes les personnes dépossédées, celles qui sont privées de leur sentiment d'appartenance aux trois groupes fondés sur la distinction, ayant fondé notre propre sentiment de communauté et d'appartenance dans les environnements urbains, ruraux et nordiques. Nous sommes les personnes sans statut, les personnes dont le statut est inconnu, les migrants et les immigrants des groupes que vous appelez les groupes fondés sur des distinctions. Nous savons que dans toutes nos communautés en Colombie-Britannique, la clientèle de nos fournisseurs est constituée d'environ 30 % de nations locales, ce qui signifie que leurs communautés sont largement en dehors du champ d'application de ces trois groupes fondés sur des distinctions.
L'AHMA continue de travailler avec ses communautés afin de recouvrer l'autodétermination grâce à des logements culturellement appropriés qui honorent les traditions autochtones d'une manière marquante.
Après les élections fédérales de 2019, le secteur du logement des Autochtones en Colombie-Britannique et dans l'ensemble du Canada a poussé un soupir de soulagement en constatant que le avait reçu le mandat de créer une stratégie nationale de logement pour les Autochtones en milieu urbain. Cependant, un an plus tard, nous sommes découragés de ne voir aucun progrès tangible dans ce dossier. Compte tenu du temps et des efforts considérables qui doivent être investis dans cette initiative et du vaste processus de consultation qui doit avoir lieu, nous considérons que le retard que ce projet accuse constitue une menace importante pour sa conception, notamment dans le contexte d'un gouvernement minoritaire.
C'est pourquoi le conseil d'administration de l'AHMA a décidé d'investir ses propres fonds pour créer une stratégie de logement pour les Autochtones en milieu urbain et rural en Colombie-Britannique, dans l'espoir qu'une fois achevée, cette stratégie sera envisagée pour un financement par notre gouvernement fédéral, peut-être dans le cadre d'une stratégie tripartite qui pourrait être reproduite dans d'autres provinces, comme en Ontario, où les Ontario Aboriginal Housing Services ont à leur tête un dirigeant solide, M. Justin Marchand, tout comme beaucoup d'autres dans le pays.
Un comité consultatif composé de nombreuses parties prenantes internes et externes supervisera la progression et le développement de la stratégie et veillera à ce qu'une consultation vaste et significative en soit une composante essentielle.
La stratégie de la Colombie-Britannique en matière de logement pour les Autochtones en régions urbaines, rurales et nordiques permettra d'atteindre de multiples objectifs, notamment de définir et de comprendre qui sont les fournisseurs de logements et de services pour les Autochtones en régions urbaines, rurales et nordiques, et de mesurer leurs incidences sociales et économiques sur le soutien des peuples autochtones. Elle servira à définir les défis actuels dans l'offre de logements pour les Autochtones des régions urbaines, rurales et nordiques et à proposer des solutions pour combler les lacunes. Elle permettra d'évaluer les besoins en matière de logement des Autochtones de la Colombie-Britannique en régions urbaines, rurales et nordiques et d'élaborer un plan décennal pour répondre à ces besoins, non seulement en réparant le parc existant et en construisant de nouveaux logements, mais aussi en créant de nouveaux programmes de logement culturellement adaptés. Elle visera également l'élaboration d'un plan de mise en œuvre et de prestation qui définira le rôle de l'AHMA, des organisations membres, des bailleurs de fonds et des partenaires; elle prévoira l'évaluation et le renforcement des capacités des membres de l'AHMA dans les domaines liés au logement; et enfin, elle permettra d'identifier les principaux partenaires pour soutenir la mise en œuvre de la stratégie, soit des municipalités particulières, des députés provinciaux, des députés fédéraux, d'autres organisations autochtones, etc.
Ce n'est que par un engagement éloquent avec l'AHMA et les partenaires autochtones en matière de logement et de services dans tout le Canada qu'il sera possible de revendiquer et de préserver les droits sociaux, économiques et autochtones des populations autochtones en régions urbaines, rurales et nordiques du Canada.
Toyaxsiim. Merci à tous de m'avoir accueillie. Je vais m'arrêter là.
Je vous remercie, monsieur le président et chers membres du comité permanent, de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Je vous parle depuis la collectivité de Dryden, dans le Nord-Ouest de l'Ontario, qui se trouve sur le territoire de la Nation Anishinabe, signataire du traité no 3. Nous nous trouvons également sur le territoire traditionnel de la Première Nation de Wabigoon et de la Première Nation de Eagle Lake.
J'aimerais souligner que nos aînés prient pour que nos paroles, à la réunion d'aujourd'hui, soient claires et bien comprises, afin qu'il en découle des mesures concrètes.
Je m'appelle Henry Wall et je suis l'agent administratif principal du Kenora District Services Board, que j'appellerai le KDSB. Le KDSB est chargé d'assurer des services d'ambulance terrestre dans l'ensemble du district. Nous fournissons également des services d'assistance sociale, notamment des programmes de réduction de la pauvreté, des programmes de préparation à l'emploi et de stabilisation de la vie ainsi que des programmes d'aide financière. Nous offrons aussi des programmes de garde d'enfants et de développement de la petite enfance à l'échelle du district et, enfin, nous fournissons des services de logement et de prévention de l'itinérance dans tout le district de Kenora, lequel, je dois dire, s'étend sur 407 000 kilomètres carrés. Nos services de logement et de prévention de l'itinérance sont donc offerts sur un territoire équivalant à la majeure partie du territoire européen.
Je tiens à dire meegwetch aux membres du Comité, car ils nous ont appuyés et ils nous ont aidés, peu importe leur allégeance politique, à faire en sorte que le KDSB et notre district fassent partie des communautés désignées dans le cadre du programme Vers un chez-soi. Nous avons obtenu cette désignation au mois de mars dernier. Je vous remercie beaucoup. Meegwetch. Cela tombait à point nommé, compte tenu de la pandémie.
Notre vaste mandat nous donne certes un point de vue très intéressant des réalités que vivent les familles de notre région. Il y a 338 circonscriptions fédérales au Canada, et je peux vous dire que ce n'est pas un hasard ni une coïncidence si le district de Kenora enregistre le septième taux le plus élevé de familles avec enfants vivant dans la pauvreté. Notre liste d'attente pour des logements abordables a augmenté de 257 % depuis 2011. Au mois d'août 2020, 1 363 ménages et familles approuvés étaient en attente d'un logement abordable. Ce sont des familles qui gardent toujours espoir d'obtenir un tel logement.
Je tiens également à dire que les trois refuges d'urgence dans le district appuyés et financés par le KDSB accueillent plus de 2 100 personnes tous les ans. Chaque année, plus de 2 000 de ces personnes proviennent des Premières Nations. Un grand nombre de collectivités rurales au Canada ont une population de 2 000 personnes.
Avant la pandémie, nous estimons qu'environ 393 personnes vivant hors réserve étaient sans abri, bon an mal an. Cela représente à peu près 1,08 % de l'ensemble de notre population. Nous vivons maintenant une pandémie, et je peux vous dire que la situation a largement empiré, si on se fie au nombre de personnes qui ont été forcées de quitter leur collectivité, le système correctionnel, le système de soins de santé et le système d'aide à l'enfance.
Je vous dis cela, mais en 2018, lorsque nous avons effectué notre étude sur l'itinérance, nous avons constaté que 18 % de nos itinérants étaient incarcérés à ce moment-là. Autrement dit, un itinérant sur cinq est incarcéré à tout moment. En fait, cette année-là, nous avons aussi constaté que le Canada et l'Ontario consacrent ensemble davantage d'argent pour loger les itinérants autochtones au pénitencier de Kenora que pour financer les services de logement et de prévention à l'itinérance du KDSB. En ce qui a trait à la viabilité financière, je peux vous dire que la voie dans laquelle sont engagés les systèmes actuels dans notre région n'est pas viable. Cela ne nous rend pas service, et c'est pourquoi nous avons besoin d'une stratégie.
Je tiens aussi à dire que l'absence de logements sécuritaires, accessibles et abordables dans notre district... Le mot « accessible » est fort important, car, très souvent, l'accès à un logement dépend du fait que vous êtes Autochtone ou non. En raison de cette situation, nous constatons que l'éventail des possibilités en matière de logement s'est élargi pour inclure les pénitenciers, le système d'aide à l'enfance, le système de soins de santé et la rue. Cette situation est inacceptable, et notre pays ne devrait pas tolérer cela.
Je tiens à féliciter le Comité pour le travail qu'il accomplit. Nous avons besoin d'une stratégie en matière de logement qui assurera un financement stable et à long terme, afin que nos collectivités puissent accroître, à leur manière, leur capacité de construire des logements pour leurs familles.
Nous avons besoin d'une stratégie sur le logement qui offre une certaine souplesse pour que les collectivités puissent construire des logements qui répondent aux besoins culturels des familles qui vivent dans nos collectivités, que ce soit dans les réserves ou à l'extérieur de celles-ci. Nous avons besoin d'une stratégie qui soutient et favorise des partenariats entre les municipalités et les collectivités des Premières Nations, afin que nous puissions ensemble construire des logements là où c'est nécessaire, et non pas là où c'est pratique pour le gouvernement d'en construire ou bien là où les programmes actuels exigent qu'ils soient construits en raison de questions de compétences.
En terminant, je tiens à vous remercier de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer aujourd'hui. Je tiens aussi à dire que, si le Canada souhaite sérieusement réaliser des progrès sur le plan de la réconciliation, alors, il ne faut pas oublier que nous avons besoin d'une stratégie sur le logement inclusive, précise, progressiste et ambitieuse pour s'assurer que toutes les familles aient un chez-soi.
Il est impératif de reconnaître, à mon avis, que, ce qui importe le plus pour les familles, c'est d'avoir leur propre logement sécuritaire, accessible et abordable. Il y a une différence entre avoir un toit et avoir un chez-soi, surtout du point de vue d'un Autochtone.
Je vous remercie beaucoup. Chi-meegwetch.
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Premièrement, j'aimerais remercier Mme Pfoh et M. Wall pour leur présence aujourd'hui.
J'ai bien aimé la force de vos propos et la quantité de renseignements que vous avez fournis lors de vos déclarations liminaires. Vos exposés ont été fort utiles et très bien présentés.
Je dois dire d'abord que j'en ai beaucoup à apprendre sur le sujet. Je l'avoue, car je veux faire de mon mieux pour améliorer les choses pour les peuples autochtones. J'ai beaucoup de travail à faire, et il en va de même pour le Parti conservateur, pour faire les choses correctement.
Madame Pfoh, je présume que vous estimez, et nous sommes tous d'accord avec vous, que le gouvernement du Canada ne respecte pas ses obligations envers les Autochtones en milieu urbain en ce qui a trait au logement. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consisteraient des logements adéquats pour les Canadiens autochtones vivant en région urbaine?
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T’oyaxsut nüün, monsieur Vis. Merci.
Vous savez, à nos yeux, tout revient au vieux cliché qui veut que nous participions à tout ce qui nous concerne. Pour être claire, je dois dire que de mon point de vue et de celui de nombreux organismes avec lesquels je travaille, non seulement l'AHMA, mais aussi l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine et son caucus autochtone... J'ai aussi discuté avec Leilani Farha, l'ancienne rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement et les membres de sa coalition spéciale ainsi qu'avec des représentants de l'OFIFC. Nous avons tous eu des discussions à propos de ce que cela signifie. Cela signifie que nous devons avoir la possibilité, en tant qu'Autochtones en milieu urbain, d'être présents à la table et de discuter avec le gouvernement en tant que partenaires à parts égales de ce à quoi cela doit ressembler.
Le logement, comme M. Wall l'a mentionné, c'est bien plus que de la brique et du mortier. Il contribue à offrir un chez-soi. Il donne un sentiment d'appartenance. Pour les dépossédés et les démunis qui vivent dans des régions urbaines depuis très longtemps, le logement va bien au-delà de la brique et du mortier.
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C'est intéressant. Le et moi-même avons eu une bonne conversation avant qu'il ne soit remplacé par le . Notre organisme a été créé dans les années 1990. Notre création découle du transfert des programmes de logement par le gouvernement fédéral aux provinces. Nous avons eu la chance que la Colombie-Britannique soit d'avis, même à cette époque-là, qu'il fallait des programmes pour les Autochtones par les Autochtones. Le gouvernement de la province était résolu à ce que nous participions aux négociations concernant la façon dont le transfert allait s'effectuer.
À ce moment-là, la SCHL a déclaré que nous pouvions faire ce que nous voulions avec ces programmes, pourvu que les Autochtones démunis obtiennent un logement. Nous avons eu la chance que le gouvernement de la Colombie-Britannique soit d'avis que nous devions prendre nos propres décisions à cet égard. C'est ce que fait actuellement l'AHMA.
Evan Siddall est une bouffée d'air frais. Je dois dire que la SCHL s'est montrée véritablement intéressée, dans le cadre de ses processus et de sa stratégie de communication, à interagir et à discuter avec nous. Lorsque l'Initiative pour la création rapide de logements a été annoncée, j'ai communiqué avec M. Siddall pour lui demander de considérer l'AHMA comme une municipalité en raison de notre vaste représentation. Je lui ai dit que si la SCHL attribue des fonds aux municipalités, nous voudrions obtenir un montant forfaitaire pour nos programmes. Il a refusé, mais il a dit qu'il n'était pas contre cette idée. Nous continuons actuellement de travailler avec lui sur cet aspect.
Je dirais donc que notre relation avec la SCHL est meilleure qu'auparavant.
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Nous avons produit un certain nombre de documents de recherche préalablement à la mise en oeuvre de notre stratégie actuelle. Nous avons effectué une étude en partenariat avec l'Université de la Colombie-Britannique et un certain nombre d'organismes qui se penchent sur le logement, ici, en Colombie-Britannique. Cette étude porte sur ce que doivent faire les municipalités pour obtenir le soutien nécessaire à l'amélioration de la situation au chapitre du logement.
C'est fantastique que le gouvernement fédéral octroie des fonds par l'entremise de divers volets de financement et programmes, mais si les municipalités et les gouvernements provinciaux ne sont pas des partenaires égaux à la table de discussion, nous observons souvent de grandes lacunes, surtout dans le secteur des logements autochtones en ce qui a trait aux mesures visant à répondre efficacement aux appels à l'action.
Je serai ravie de transmettre au Comité le rapport Cleo Breton, qui démontre qu'il y a d'importants écarts entre ce que les municipalités affirment qu'elles essaient de faire et ce qu'elles font en réalité sur le plan du logement.
Nous avons également mené une étude en collaboration avec Urban Matters, qui constitue une analyse économique des répercussions des programmes de logements autochtones en milieu urbain sur les collectivités et les différents ordres de gouvernement. Nous avons découvert un certain nombre de choses. Je le répète, je serai ravie de transmettre ces rapports au Comité après la réunion. Je suis désolée; j'aurais dû penser à vous les envoyer avec nos documents.
Nous avons constaté qu'ici, en Colombie-Britannique, depuis la création de notre organisme dans les années 1990, que pour chaque dollar investi dans les logements autochtones en région urbaine, il y a des retombées de 230 % pour les collectivités. Encore une fois, je serai ravie de vous transmettre ces rapports pour que vous puissiez prendre connaissance des données et des analyses. Je ne peux pas donner un montant précis, mais je peux dire que nous avons huit principales constatations visant un certain nombre de groupes cibles, notamment les jeunes qui cessent d'être pris en charge, les aînés qui vieillissent dans des foyers et les femmes et les filles qui fuient la violence familiale ou la violence au sein de leur collectivité, car certains de ces groupes prennent de l'ampleur en raison de la pandémie de COVID.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, chers collègues.
Je remercie beaucoup les témoins pour leurs témoignages cet après-midi.
Je vous parle depuis le territoire non cédé des peuples Wolastoqey. J'entame ma sixième année au Comité. C'est l'étude la plus importante que nous ayons menée à mon avis.
Madame Pfoh, mes premières questions s'adressent à vous. Encore une fois, je tiens à vous remercier de nous avoir fait part de votre point de vue et pour le travail incroyable que vous et l'AHMA effectuez en Colombie-Britannique.
J'aimerais vous interroger au sujet de l'organisme communautaire de Vancouver qui se trouve dans l'une des communautés désignées du programme Vers un chez-soi, à savoir l'organisme Vancity, qui est devenu au cours de la dernière année l'organisme Lu'ma. Dans quelle mesure le passage à un organisme dirigé par des Autochtones a-t-il eu une incidence sur la prestation des services de soutien aux itinérants dans votre région, particulièrement les Autochtones en situation d'itinérance?
Le premier auquel on peut songer est peut-être économique. Quand nous avons commencé l'analyse avec Lu'ma, nous avons constaté... et elle est plus habile que moi dans les chiffres. Voyant les montants affectés au sans-abrisme en Colombie-Britannique, puis, dans les statistiques, la part que représentaient les Autochtones dans cette province, elle a décidé de refaire les calculs avec le gouvernement canadien et a exposé le problème dans ces termes: « Si nous représentons 30 % de l'ensemble et si 100 millions de dollars sont versés... ». Encore une fois, elle connaît les chiffres mieux que moi. J'essaie de me souvenir fidèlement comment ça s'est passé. Ensuite, après la redistribution de ces sommes et l'affectation des 30 % au sans-abrisme des Autochtones vivant en milieu urbain, ça signifie que des joueurs comme les fournisseurs de logements peut-être toujours laissés à l'écart jusque-là pouvaient désormais y avoir droit pour répondre aux besoins de leurs sans-abri autochtones.
Plus concrètement, le seul fait de parcourir les rues du centre-ville de Vancouver et de converser avec les gens, nous entendons bien qu'ils se sentent à l'aise de s'approcher pour obtenir les services de soutien, parce que les solutions sont inspirées par des Autochtones.
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Absolument. Ce qui a aussi vraiment de l'importance, pour les programmes, c'est celui ou celle qui pose la question.
Si je pouvais donner un exemple, il y a à peine plus de deux ans, la province de l'Ontario a remplacé le responsable de la supervision des centres On y va, chargés de donner aux familles et aux enfants l'accès aux programmes communautaires et ainsi de suite. Ils possédaient un volet très particulier pour les Autochtones. Nous avons collaboré avec nos fournisseurs autochtones urbains, y compris les communautés des Premières Nations.
Pendant les préparatifs, nous avons effectué des sondages, etc., dont les résultats ont été décevants. Nos communautés hors réserve sont à plus de la moitié constituées de membres des Premières Nations. Nous nous attendions donc à ce qu'elles aient constitué la moitié des répondants, au moins. Les élèves de certaines de nos écoles élémentaires sont à 80 à 90 % originaires de Premières Nations, mais, dans les réponses reçues, les familles de Premières Nations étaient très peu représentées. Nous avons dû tout recommencer et nous interroger sur les causes de l'échec.
Celui qui pose la question est simplement aussi important que la question elle-même. Nous avons donc collaboré avec les communautés de nos Premières Nations et les communautés autochtones urbaines, comme les centres d'amitié et, tout à coup, nous avons obtenu les réactions des familles que nous voulions entendre. Ç'a radicalement transformé les modalités de la mise en oeuvre du programme.
De plus, je suis vraiment heureux de dire que, même s'il est encore tôt, nous appliquons maintenant dans nos communautés au moins six programmes de garde d'enfants dirigés par des Autochtones. Avec un retard de plusieurs générations, les familles autochtones s'occupent de familles autochtones et l'exécution des programmes se déroule comme elle le devrait.
Nous avons pu jouer un rôle dans l'égalisation des chances offertes à tous, parce qu'il faut également reconnaître que même si c'est une stratégie pour le logement autochtone, nous sommes au départ défavorisés par le déséquilibre des pouvoirs. Il faut le reconnaître. Sur le plan de la propriété foncière, ce déséquilibre joue contre les Autochtones, mais également contre les communautés autochtones. À mesure qu'on crée des programmes, si la propriété de la terre n'est pas prise en considération, les organismes et les communautés autochtones continuent d'être distancés, même si, en surface, nous semblons avoir une stratégie autochtone.
Sur cet exemple, je tiens seulement à préciser que celui qui pose la question a tellement d'importance. D'un point de vue technique, cherchons la simplicité. Il s'agit de logement. Assurons-nous que ça aboutira à la construction de logements et que nous ne mettrons pas toutes nos énergies dans la bureaucratie du logement.
Je peux vous donner quelques exemples de...
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Merci, monsieur le président.
Je salue les témoins et je les remercie de leur participation.
Madame Pfoh, je vous remercie de votre témoignage. Si je vous ai bien comprise, vous étiez enthousiaste à l'idée de voir le gouvernement fédéral mettre en place une stratégie nationale pour les Autochtones. À défaut de voir poindre cette stratégie ou sa mise en œuvre, vous avez décidé, dans votre province, de faire votre propre stratégie nationale, conçue par et pour les Autochtones. Selon votre témoignage, cela semble avoir été une réussite.
À votre avis, la solution serait-elle que chaque province se dote d'une telle stratégie? Si oui, quel accompagnement le gouvernement fédéral pourrait-il apporter?
Nous allons de l'avant avec notre propre stratégie provinciale de logement pour les Autochtones vivant en milieu urbain, en grande partie parce que nous avons prévu que la stratégie nationale homologue finirait par englober une stratégie du logement pour les Autochtones vivant en milieu urbain, et que nous voulions être immédiatement opérationnels.
Comme je ne siège pas seulement dans une organisation provinciale, mais également dans des organisations nationales, j'ai eu le privilège de rencontrer à quelques reprises l'ancien , le et MM. et Evan Siddall. Nous savions que nous finirions par arriver à un point où on investirait dans le logement pour les Autochtones vivant en milieu urbain. Alors, ici en Colombie-Britannique, nous avons pris l'initiative de lancer et d'alimenter la discussion pour, à la première occasion, être prêts à être partenaires avec le gouvernement fédéral.
Je ne saurais être trop claire, quand, parlant de la dépossession des Autochtones vivant en milieu urbain, je précise que la colonisation ne nous a jamais fait céder nos droits de peuples autochtones et que, en conséquence, nous n'avons jamais cédé le droit et la responsabilité de siéger en égaux avec le gouvernement fédéral. Voilà pourquoi nous nous préparons.
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Merci pour la question.
Il y a peu d'endroits, au Canada, où un écolier doit fréquenter une école située dans une autre communauté. C'est une réalité pour beaucoup des quelque 40 communautés des Premières Nations du district de Kenora. Pour des soins de première ligne ou la consultation d'un médecin, peu d'entre nous doivent sauter dans un avion, pour, après quelques heures de vol, se retrouver dans un endroit étrange pour recevoir des soins à l'hôpital. Peu d'entre nous partagent avec une quinzaine ou une vingtaine de membres de leur famille un logement à deux chambres où prolifèrent les moisissures et dans lequel on n'a jamais mis de l'argent. Beaucoup de nos familles sont dans cette situation. Nous entendons souvent dire qu'il vaut mieux être sans abri à Kenora ou à Sioux Lookout que de vivre chez soi, à la maison, à cause de la pénurie de logements.
Nous sommes très impliqués dans la transformation de la santé et dans l'instauration, dans notre région, d'un système de santé pour toutes les nations autochtones. Je suis heureux d'annoncer que ça avance bien, en collaboration et en partenariat avec les All-Nations Health Partners, les partenaires de toutes les Nations dans la santé.
Un fait, dont nous entendons parler très souvent, me dérange beaucoup: nos personnes âgées n'accèdent pas très souvent aux soins médicaux. Elles craignent de perdre leur place chez elles, dans leur communauté, à cause d'une pénurie locale de logements. Il arrive que les familles ne vivent pas en milieu urbain par choix, mais par obligation, ce qui influe directement sur notre population de sans-abri et, comme je l'ai dit, sur le nombre de personnes qui finissent coincées dans le système judiciaire. Si on réfléchit en investisseur, il est plus logique, économiquement, de commencer à investir dans les logements et peut-être un peu moins dans nos systèmes judiciaires.
Je m'explique. En partenariat avec les services de logement pour les Autochtones de l'Ontario, nous avons réalisé un projet à Sioux Lookout. En Ontario, c'était vraiment un projet unique en son genre. L'objectif était de prendre des sans-abri « chroniques », de leur trouver un logement, entièrement subventionné, sans autres conditions. C'était du logement d'abord, vu à travers le prisme autochtone. Nous avons observé l'incroyable transformation des 20 sans-abri ainsi logés, qui, après avoir vécu dans la rue pendant des décennies, oubliés de leurs communautés, cherchaient désormais à s'inscrire dans des programmes d'emploi pour en décrocher un.
Sur le plan financier, celui du retour sur investissement, le projet se sera rentabilisé en quatre ans et demi. Autrement dit, le capital investi dans l'immeuble aura été remboursé grâce à d'autres économies réalisées dans le même temps. Dès la première année, la prestation de logements culturellement adaptés à ces 20 personnes a permis d'économiser près de 300 000 $ en frais de maintien de l'ordre.
Il ne s'agissait que d'un projet. Voilà l'exemple que je tenais à vous donner, mais ce dont je tiens à vous parler, c'est...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je me sens très privilégiée d'être en présence de Margaret Pfoh et de Henry Wall. Je connais bien vos compétences dans ce domaine.
Ma première question ira à Mme Pfoh.
Aujourd'hui, j'ai gagné ma matinée: je représente la circonscription qui occupe le troisième rang, dans notre pays, dans l'échelle de pauvreté. Il fait moins 39 Celsius. Nous sommes aux prises avec la fièvre des tranchées, une maladie que nous n'avons pas vue depuis la Première Guerre, une maladie de la pauvreté extrême. J'ai passé mon temps au téléphone, parce que nous éprouvons une crise du logement dans notre communauté, qui est à 70 % constituée d'Autochtones. Nous craignons des pertes de vies.
Le gouvernement continue de promettre de publier une stratégie du logement pour les Autochtones qui distinguerait ceux qui vivent en milieu urbain, en milieu rural et dans le Nord, mais nous n'en savons pas plus. D'après vous, à quel point est-il indispensable d'en assurer la publication pour nous attaquer à la crise actuelle du logement?
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C'est absolument essentiel.
T’oyaxsut nüün d'avoir soulevé ce point.
Vous n'êtes pas la seule région aux prises avec ce problème. Nous observons cette situation d'un bout à l'autre du pays. Nous l'observons aussi ici, en Colombie-Britannique. Nous constatons que la COVID-19 n'a fait qu'exacerber ce risque très réel pour la vie. Les statistiques indiquent que de 30 à 65 % des sans-abri de n'importe quelle collectivité de la Colombie-Britannique sont des Autochtones et je sais, d'après mes conversations avec mes partenaires de partout au pays, que ce pourcentage peut atteindre 99 %, compte tenu de l'éloignement de certaines collectivités. Si une stratégie de logement en région urbaine, rurale et nordique n'est pas mise en œuvre, ces chiffres ne feront qu'augmenter.
Notre croissance démographique est quatre fois plus rapide. On peut donc en déduire que cette situation ne se réglera pas sans la mise en œuvre d'une stratégie adéquate. En fait, nous avons dit qu'il ne pouvait pas exister de stratégie nationale de logement sans une stratégie de logement pour les populations autochtones en région urbaine, rurale et nordique, et c'est en plus des trois groupes fondés sur les distinctions.
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Je vous remercie beaucoup. Je suis très heureuse de vous écouter aujourd'hui.
Ma prochaine question s'adresse à Henry Wall.
L'une des choses que je préconise, c'est un revenu de subsistance garanti, et l'une des choses dont j'ai discuté, c'est le coût élevé de la pauvreté, notamment la corrélation directe entre les taux de pauvreté et les taux d'incarcération. Pouvez-vous imaginer ce qui se passerait si nous investissions 115 000 $ de financement fédéral par année dans les droits de la personne? Malheureusement, M. n'écoute pas lorsque je parle de cela, car il affirme que ce n'est pas dans son programme. D'une façon ou d'une autre, c'est une frustration de plus.
Des témoins précédents nous ont dit que, contrairement à l'ensemble disparate de moyens de financement actuellement offerts par le gouvernement fédéral, des investissements importants et durables sont nécessaires pour garantir le droit au logement des peuples autochtones.
Êtes-vous d'accord avec cette affirmation? Quels types de financement seraient nécessaires pour que votre organisme puisse répondre aux besoins des collectivités que vous desservez? Je parle spécifiquement des soutiens intégrés pour les personnes qui ont besoin d'un logement supervisé.
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Je vous remercie de votre question.
Tout d'abord, j'aimerais m'excuser auprès du président. En effet, j'avais appuyé sur le bouton de l'interprétation et je ne pouvais pas l'entendre. Je m'excuse donc pour ce qui s'est produit plus tôt.
Il est extrêmement important d'avoir un financement stable — et cela signifie plus d'un an ou deux —, surtout dans le cas des régions rurales, éloignées et nordiques, car le gouvernement n'a pas effectué d'investissements importants dans le logement là-bas. À cause de cette lacune, nous avons perdu notre capacité de planifier, de construire et de créer des logements. Ainsi, lorsque des programmes sont mis en œuvre, nous devons utiliser beaucoup de ressources pour faire venir des consultants de partout au pays pour nous montrer comment procéder et comment construire ces logements.
Dans cette optique, une structure plus permanente quant à la manière dont les ressources sont utilisées dans une stratégie telle une stratégie nationale de logement, surtout une stratégie de logement pour les Autochtones, permettrait à notre communauté de commencer à planifier ces choses. En effet, nous pourrions commencer à préparer notre main-d'œuvre et si nous pouvions profiter de cette stratégie pendant quelques années, la création de logements pourrait également devenir un programme d'emploi et un programme de revenus.
Ainsi, nous ne nous contenterions pas de construire des logements et d'envoyer les ressources à d'autres entreprises qui viendraient les construire dans notre collectivité. Nous gérerions plutôt une initiative dont nous pourrions profiter nous-mêmes. C'est pour ces raisons que le financement à long terme changerait la donne en matière de création de logements.
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Je vous remercie beaucoup.
J'aimerais remercier nos deux témoins d'être ici aujourd'hui et de participer à la discussion.
Monsieur Wall, je tiens à vous remercier du travail que vous faites pour les gens de notre district. Votre travail ne passe pas inaperçu, et je tiens à vous en remercier. Je vous poserai également mes questions.
L'une des choses que vous avez déjà mentionnées — vous aviez abordé le sujet, mais vous avez manqué de temps —, c'est la bureaucratie et l'importance de s'assurer que les programmes de logement concernent bel et bien le logement. J'aimerais que vous nous en disiez plus, en vous fondant sur votre expérience, au sujet de la bureaucratie et du fardeau administratif qui nuisent aux progrès de certains de ces projets importants.
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Je pense que c'est un point très important. En général, les stratégies sont idéalistes. Elles se veulent rassurantes et prometteuses, mais ensuite, nous arrivons aux détails pratiques et au financement. L'une des choses qui représentent un défi, surtout pour les petites collectivités rurales et nordiques, c'est la mesure de l'abordabilité calculée par la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Je pense qu'il est très important, lorsque nous déterminons les loyers moyens du marché sur lesquels l'abordabilité est calculée, que ces loyers reflètent les conditions réelles qu'on retrouve dans la collectivité.
Nous avons même dû entreprendre nos propres études juste pour nous assurer que nos logements soient abordables dans le cadre de ces programmes. Cela nous a pris environ un an, ce qui nous a vraiment fait prendre du retard. Je dirais donc qu'il faut aussi s'assurer, lorsque nous déterminons l'abordabilité, que le gouvernement dispose des bonnes données à cet égard et que le travail de collecte de ces données soit bien fait.
De plus, lorsqu'il s'agit de logement, il faut se montrer un peu moins strict au sujet du financement et du rendement financier. Je me rends compte que ce sont des facteurs très importants, mais nous avons aussi des banques qui s'en occupent. S'il s'agit vraiment d'un programme de financement du logement, il faut absolument tenir compte des coûts uniques liés à la construction dans les collectivités éloignées, rurales et nordiques, car ils sont très différents des coûts dans les grands centres urbains.
L'autre élément qui manque, c'est que lorsque nous parlons de logements abordables, nous nous concentrons seulement sur les unités qui peuvent être louées, sans tenir compte de l'espace culturel et du fait que les familles autochtones ne comptent pas qu'un seul enfant par famille. En effet, dans notre région, la population des ménages qui croît le plus rapidement est celle des parents célibataires qui élèvent seuls trois enfants ou plus. Notre stratégie de logement doit donc répondre à ce besoin. C'est très difficile, du point de vue de l'abordabilité, si les ressources ne correspondent pas vraiment aux réalités de la construction dans nos collectivités.
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Je tiens également à souligner qu'en collaboration avec le personnel de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, ainsi qu'avec le ministère, nous réglons certainement de nombreux détails dans le cadre du programme Vers un chez-soi. Je dirais que nous faisons beaucoup de progrès. Le personnel accepte volontiers d'écouter et d'apporter les changements.
Nous constatons que les programmes, qu'ils soient provinciaux ou fédéraux, sont en grande partie mis en œuvre soit dans les réserves, soit hors réserve. Dans notre région, vous pouvez marcher 100 mètres et vous êtes dans une collectivité des Premières Nations, entre une municipalité et une collectivité des Premières Nations. Si je pouvais faire une recommandation, je vous dirais que ce serait vraiment bien si nous avions des programmes, par exemple le programme Vers un chez-soi, dans lesquels les individus, dans le cadre d'un plan de prévention de l'itinérance, seraient mieux soutenus dans leur collectivité et dans leur communauté des Premières Nations, et nous pourrions aider ces collectivités des Premières Nations à créer des soutiens et des logements dans la collectivité plutôt que... Puisque nous ne pouvons pas utiliser les fonds du programme Vers un chez-soi dans une Première Nation, nous devons trouver un moyen de soutenir les personnes qui en ont besoin dans une collectivité qui n'est pas la leur, et elles se sentent donc isolées.
En résumé, le programme devrait réellement favoriser et encourager l'inclusion et un sentiment d'appartenance. Je recommanderais donc que tout programme fédéral offre la souplesse nécessaire à l'échelon local pour répondre aux besoins que nous avons cernés.
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Nous trouvons qu'il est très important, lorsque nous nous penchons sur des programmes et sur la création de nouveaux programmes... Nous sommes un organisme unique, car nous sommes l'un des 10 conseils de services aux districts dans le Nord de l'Ontario. Nous ne sommes pas un organisme municipal ou un organisme à but non lucratif, et la Société canadienne d'hypothèques et de logement a donc eu beaucoup de difficulté à classer ces 10 organismes qui se trouvent dans le Nord de l'Ontario. Lorsqu'il s'agit du logement, l'organisme estime que nous sommes une municipalité.
Nous avons constaté que lorsque nous tentons réellement de déterminer les besoins dans le cadre d'un programme de logement, nous devons en fait écouter et comprendre les familles que nous essayons de servir. Si je peux utiliser l'exemple de Sioux Lookout et du projet de logement supervisé de 20 unités que nous avons réalisé en partenariat avec le centre d'amitié et Ontario Aboriginal Housing Services, nous avions déjà, au départ, une bonne idée de l'objectif de ce projet. En effet, l'objectif était de mettre fin à l'itinérance chronique. Pendant que nous rencontrions des personnes susceptibles d'être admissibles au programme, dans le cadre du processus de sélection des locataires, et que la construction du projet se poursuivait, nous avons rapidement compris qu'il ne s'agissait pas seulement de mettre fin à l'itinérance. En effet, il s'agissait également de réunir des familles.
Nous avons donc dû nous adapter très rapidement. Je suis heureux que nous l'ayons fait. Dans cet exemple précis, les 20 premiers résidents qui ont emménagé — du moins à notre connaissance — avaient au moins 30 enfants ou plus qui étaient des pupilles de l'État ou qui se trouvaient dans le système de familles d'accueil. Même s'il s'agissait surtout, au départ, de mettre fin à l'itinérance, il s'agissait aussi de réunir des familles.
Je pourrais vous donner plusieurs autres exemples, mais cela nous a vraiment ouvert les yeux en ce qui concerne la conception des programmes.
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En gros, il s'agit simplement d'ajouter de nouveaux logements. C'est ce dont nous avons besoin d'un bout à l'autre du Canada. Nous avons simplement besoin de plus de logements, c'est tout.
Ce que nous observons assez souvent, surtout en ce qui concerne les jeunes hommes autochtones, c'est que s'ils n'ont pas accès à des occasions économiques ou s'ils ont perdu espoir, il y a une forte probabilité qu'ils se retrouvent dans le système judiciaire. Par exemple, ils seront recrutés dans le crime organisé, car il est assez facile de recruter des gens qui ont perdu espoir. Une fois dans le système, un jeune homme peut être amené à Kenora sous le coup d'une ou deux accusations. Il passe par le système judiciaire et les tribunaux, puis il est libéré sur promesse de comparaître, mais il ne rentre pas chez lui. En réalité, il reste à Kenora, à l'extérieur de la réserve.
Nous avons examiné 3 060 cas d'infraction à Kenora sur une période de cinq ans pour déterminer les points communs. Je peux vous dire que lorsque des individus sont amenés dans un centre urbain, qu'ils sont libérés et qu'on leur dit de ne pas quitter la ville, et qu'on leur annonce que selon les conditions de leur libération, ils ne doivent pas consommer d'alcool ou de drogues — si c'est un problème de toxicomanie qui les a amenés là —, mais qu'on les renvoie sans soutien, il suffira de quelques heures ou de quelques jours pour qu'ils se retrouvent à nouveau dans le système judiciaire.
Il se peut qu'un jeune homme arrive à Kenora sous le coup d'une ou deux accusations. Lorsqu'il repartira, il fera probablement l'objet de 20 à 30 accusations. La probabilité que ce jeune homme ne trouve pas d'emploi à cause de son casier judiciaire... C'est incroyablement difficile. C'est ce que nous observons.
Comme l'a dit l'un des commandants de détachement de la police, dans notre région, il y a une usine à accusations pour les jeunes hommes autochtones.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Wall, nous savons que le gouvernement fédéral a systématiquement et sciemment sous-financé les services et les programmes destinés aux Autochtones et, à vrai dire, les droits de la personne, et qu'il continue à le faire. Vous avez parlé du fait que de nombreuses personnes, de jeunes enfants, doivent quitter les réserves pour aller à l'école. Nous savons que, par la décision rendue par le Tribunal canadien des droits de la personne, qui a été clair à ce sujet, le gouvernement fédéral fait délibérément de la discrimination contre les enfants des Premières Nations qui vivent dans les réserves. De plus, nous savons que, par conséquent, beaucoup d'enfants deviennent vulnérables, quittent leurs communautés et doivent aller à l'école dans des centres urbains.
Je me demandais si vous pouviez en dire plus à cet égard et nous dire en quoi le financement de ces droits fondamentaux de la personne changerait la vie des jeunes qui vivent dans les réserves.
Nous poursuivons notre étude sur le logement pour les Autochtones en région urbaine, rurale et nordique.
J'aimerais faire deux ou trois observations à l'intention des témoins. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêts à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Dans une réunion par vidéoconférence, les services d'interprétation fonctionnent de la même façon que dans une réunion régulière. Vous pouvez choisir, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Lorsque vous avez la parole, dans l'intérêt des interprètes, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre micro devrait être en mode silencieux.
Cela dit, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins avec qui nous poursuivrons notre discussion.
Nous accueillons des représentants de l'organisation Atlohsa Family Healing Services: le directeur exécutif, M. Raymond Deleary; et la directrice de la planification communautaire, Mme Andrea Jibb. Nous accueillons également la présidente de la Fédération de l'habitation coopérative du Canada, Mme Tina Stevens.
Madame Stevens, nous allons tout d'abord écouter votre déclaration préliminaire de cinq minutes.
Je vous souhaite la bienvenue. La parole est à vous.
J'aimerais vous souhaiter la bienvenue dans ma propre langue, soit l'ojibwé. Ainiin.Boozhoo.
Je remercie le président et les membres du comité permanent. J'aimerais saluer les autres excellents organismes d'habitation qui ont comparu devant vous cet après-midi.
Je m'appelle Tina Stevens. Je suis présidente de la Fédération de l'habitation coopérative du Canada, la FHCC. Je suis Algonquine et Ojibwé de Kitigan Zibi, au Québec, et de Kettle et Stony Point, en Ontario. J'ai habité à London, en Ontario, pendant de nombreuses années.
J'aimerais commencer par souligner que je vous parle depuis les terres traditionnelles des Anishinabe, des Haudenosaunee, des Attawandaron, des Hurons-Wendats et des Lenape. Il s'agit ici d'un territoire qui est couvert par les Traités du Haut-Canada.
La Fédération de l'habitation coopérative du Canada est le porte-parole national de l'habitation coopérative. Elle représente plus de 2 000 coopératives d'habitation, où habitent un quart de million de personnes de chaque province et de chaque territoire. Depuis plus de 50 ans, les coopératives offrent des logements abordables de bonne qualité que les membres de la communauté qui y vivent possèdent et gèrent.
Trois coopératives d'habitation autochtones ont été créées dans le cadre du programme d'aide aux Autochtones en milieu urbain, et de nombreuses autres familles autochtones vivant dans des coopératives partout au pays sont des membres estimés de la FHCC. Je crois que les coopératives d'habitation offrent un milieu familial sûr à leurs membres, en particulier aux femmes, pour vivre leur culture et s'intégrer à la communauté; développer et garder leur estime de soi; assumer leurs responsabilités en matière d'intendance des terres pour la Terre mère; trouver un emploi; poursuivre leurs études; et semer les graines pour les prochaines générations.
La FHCC et ses membres sont constamment sensibilisés aux vérités exprimées et à la réconciliation avec les peuples autochtones. Je suis tellement fière de la FHCC. Nous aidons à rendre la réconciliation possible dans les coopératives partout au Canada.
C'est avec humilité que je vous parle aujourd'hui des besoins en logement des peuples autochtones. Plus de 20 % des Autochtones qui vivent en milieu urbain ont des besoins impérieux de logement. Pour 43 % de ceux qui ont un logement, ce logement ne convient pas ou nécessite des réparations majeures. La FHCC s'est engagée à répondre à ces besoins.
Nous avons deux recommandations à présenter au Comité. Premièrement, nous recommandons que le gouvernement consacre des fonds suffisants à l'habitation coopérative pour les Autochtones. Les ententes d'exploitation des coopératives autochtones arrivent à échéance, et aucun programme n'a remplacé l'aide au loyer offerte aux membres à faible revenu. Les coopératives autochtones ont été forcées de vendre des unités au marché. Je sais que cela va à l'encontre des objectifs de tous les fournisseurs de logements présents ici aujourd'hui. Nous ne pouvons pas nous attaquer au manque de logements abordables et atteindre les objectifs à long terme si nous continuons à perdre des unités. Ensemble, nous pouvons mettre fin à toute perte grâce à un financement adéquat pour les coopératives et les organisations à but non lucratif autochtones.
Deuxièmement, nous recommandons qu'il appuie une stratégie de logement « pour les Autochtones, par les Autochtones ». La stratégie nationale sur le logement n'inclut toujours pas de stratégie sur le logement autochtone. Encore une fois, la Fédération de l'habitation coopérative du Canada soutient la stratégie sur le logement « pour les Autochtones, par les Autochtones » qui a été publiée par l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine. Veillons à ce que les plans en matière de logement des Autochtones fassent enfin partie de la stratégie nationale. Les communautés autochtones de la FHCC participent déjà directement à l'autodétermination dans le processus décisionnel de leurs coopératives d'habitation.
Dès l'âge de 12 ans — lorsque ma mère a déménagé sa famille dans une coopérative d'habitation — jusqu'à aujourd'hui, en tant que leader émergente, j'ai favorisé ma décolonisation simplement en vivant dans une coopérative, et c'est pourquoi je redonne au suivant. Nous pouvons faire de ce pays un endroit où les mères autochtones peuvent vivre avec leur famille dans un logement sûr et abordable. La guérison des Autochtones est essentielle. Les coopératives d'habitation doivent être préservées pour que les familles puissent maintenir leurs liens et pour que le génocide de nos peuples prenne fin.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous et de vous parler de l'espoir et de la force des coopératives d'habitation de partout au Canada qui s'emploient à rendre la réconciliation possible.
Meegwetch, meegwetch, meegwetch et meegwetch, dans les quatre directions.
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Je pense que M. Deleary a peut-être des problèmes avec ses appareils.
Je vais tout d'abord me présenter en ojibwé.
[La témoin s'exprime en ojibwé ainsi qu’il suit:]
Zhaawnong nimkiikwe n’dizhnikaaz. Nimkii binesii ndodem michif anishnaabekwe ndi yaaw. Miskwo ziibii ndo njibaa.
[Les propos en ojibwé sont traduits ainsi:]
Je m'appelle Femme Tonnerre du Sud. Mon clan est celui de l'oiseau-tonnerre. Je suis une femme autochtone Michif. Je viens du peuple Métis de la rivière Rouge.
[Français]
Bonjour, je m'appelle Andrea Jibb et je suis membre de la nation métisse. J'habite à London, en Ontario, où je suis directrice de la planification communautaire chez Atlohsa Family Healing Services. Je suis très heureuse de m'adresser à vous aujourd'hui.
[Traduction]
Comme on l'a mentionné précédemment, nous représentons Atlohsa Family Healing Services. Il s'agit d'une organisation à but non lucratif dirigée par des Autochtones qui compte plus de 30 ans d'expérience de travail auprès des membres des Premières Nations, des Métis et des Inuits qui vivent en milieu urbain dans le Sud-Ouest de l'Ontario. Nous leur offrons des refuges d'urgence et divers services.
Depuis 1989, nous gérons le refuge Zhaawanong, un refuge pour les femmes autochtones et leurs enfants axé sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Depuis 2019, nous gérons l'espace de repos Alaaxiimwiing Atlohsa, qui est un refuge destiné aux Autochtones en situation d'itinérance, à London, en Ontario. Depuis 2017, notre organisation dirige l'initiative Giwetashkad indigenous homelessness, un processus de planification stratégique pour remédier à la surreprésentation des Autochtones dans la population itinérante de London.
Selon le dernier dénombrement ponctuel réalisé par la Ville de London, 29 % des personnes en situation d'itinérance dans notre communauté sont des Autochtones alors qu'ils constituent 2 % de la population générale.
Atlohsa Family Healing Services se trouve à London, en Ontario, au cœur du Sud-Ouest de la province. Elle est située près de 10 Premières Nations et très près de trois Premières Nations. Elle est à 20 minutes de trois communautés de Premières Nations distinctes. London a toujours été un carrefour pour les peuples autochtones, de sorte qu'il y a des mouvements importants entre leurs communautés et London.
En octobre 2020, notre organisation a lancé le Giwetashkad Indigenous Homelessness Plan, un plan stratégique de lutte contre l'itinérance chez les Autochtones dans notre communauté, de 2020 à 2023. Il est basé sur la définition de l'itinérance des Autochtones fournie par M. Jesse Thistle et sur l'expérience des Autochtones en situation d'itinérance. Nous avons mené une action communautaire basée sur la culture et dirigée par des Autochtones avec plus de 70 Autochtones qui ont vécu dans l'itinérance.
Le plan est une stratégie globale qui présente des suggestions pour les services de première ligne, du renforcement des capacités communautaires pour des services respectueux de la culture à la défense de systèmes. Au cœur du plan, il y a l'engagement à l'égard d'initiatives, de programmes et de services dirigés par les Autochtones, car nous croyons que les Autochtones ont les connaissances, la force et la résilience nécessaires pour réduire l'itinérance chez les Autochtones.
Toutefois, en mobilisant les gens de la communauté dans la création du plan Giwetashkad, nous avons fait le travail de base dans notre communauté. En essayant de mettre en œuvre les stratégies, nous nous sommes heurtés à maintes reprises à des obstacles à l'accès aux ressources.
À London, bien que les chiffres soient comparables à ceux de nombreuses communautés autochtones désignées dans le cadre du programme Vers un chez-soi, nous n'avons pas obtenu la désignation de communauté autochtone. Cela signifie que nous devons rivaliser avec les fournisseurs de services de la culture dominante pour servir la population autochtone dans notre communauté. La principale recommandation que nous voulons faire aujourd'hui, ce serait que la désignation de communauté autochtone soit élargie afin qu'elle inclue la communauté de London, en Ontario, et d'autres communautés. Cela faciliterait les choses, car notre organisme est le seul fournisseur de services pour les itinérants autochtones à London, mais il reçoit une fraction du financement pour servir 30 % de la population. Tant que nous n'aurons pas atteint des niveaux de financement plus équitables et que nous n'aurons pas un pouvoir discrétionnaire sur les niveaux de financement, nous continuerons à être sous-financés et les Autochtones continueront à être surreprésentés dans les rues.
Les organismes autochtones ont besoin d'un pouvoir discrétionnaire sur le financement et d'un financement stable.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Madame Stevens, madame Jibb, je vous remercie de vos témoignages.
Madame Jibb, l'une des questions qui m'est venue à l'esprit et que je voulais vous poser porte sur certains des obstacles au financement. Vous en avez déjà énuméré un.
Je me demande si vous pourriez expliquer un peu plus en détail comment cela touche directement votre organisation, que ce soit le fait que les gens ne puissent pas accéder aux services ou que vous ne puissiez pas accéder au service, ou que ce soit les gens qui vous contactent, et ce genre de choses. De plus, parce que vous vous trouvez dans un centre urbain et que des gens viennent dans votre secteur — et je ne sais pas si vous connaissez la réponse à cette question —, est-ce que vous rencontrez les mêmes obstacles qu'une organisation rurale, nordique ou éloignée? Y a-t-il une différence?
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Je vous remercie de la question. Elle est excellente.
Cela soulève un point très intéressant, à savoir la question du territoire. Nous vivons à proximité immédiate de trois communautés et nous constatons qu'il y a des mouvements entre ces communautés et la nôtre. La communauté de la réserve que notre organisation finit par servir dans le centre urbain serait désignée comme une communauté rurale, mais nous voyons ensuite un mélange de personnes qui finissent par venir et nous devons les servir en milieu urbain.
L'un des obstacles au financement auquel notre organisation est confrontée, c'est qu'elle doit constamment faire une nouvelle demande de financement à durée limitée. Cela requiert beaucoup de travail. Notre organisation a besoin de ressources en personnel pour présenter une demande dans le cadre de processus en vue de réaliser ces projets limités dans le temps.
Ces projets étant limités dans le temps, nous ne pouvons pas travailler à long terme avec les gens. Par exemple, en ce qui concerne la stabilité du logement pour les itinérants, de nombreux programmes durent jusqu'à trois ans, et lorsque nous avons du personnel... En ce moment, certains de mes collaborateurs passent d'un contrat de trois mois à un autre. Il est donc très difficile pour les participants de trouver une certaine stabilité à long terme pour ce qui est du soutien et des relations qu'ils établissent avec les gens. Cela met également la pression sur notre personnel, car avoir un contrat de trois mois place les membres du personnel dans une situation très stressante.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme je suis la députée de London-Ouest, je suis ravie d’entendre aujourd’hui des témoins de London qui nous parlent précisément de certains problèmes auxquels notre ville est confrontée.
J’aimerais commencer par Tina Stevens. Madame Stevens, nous nous sommes parlé à de nombreuses reprises déjà. Vous êtes non seulement présidente de la Fédération de l’habitation coopérative du Canada, mais également membre du conseil d’administration de la Native Inter-Tribal Housing Co-operative.
Nous avons discuté de certaines difficultés auxquelles vous faites face. L’une d’entre elles, que vous avez soulignée dans votre déclaration, concerne les personnes âgées et les aînés et les soins dont ils ont besoin en vieillissant, et ce qui arrive lorsque les coopératives ne suffisent plus. Pouvez-vous nous expliquer certains des défis dans le cas des aînés?
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Je vous remercie de la question. Je peux vous confirmer que dans la circonscription de London-Ouest précisément, nous avons de nombreux membres de coopératives à London, notamment de la Native Inter-Tribal Housing Co-operative et de la Four Feathers Housing Co-operative. Il faut savoir que la Native Inter-Tribal Housing Co-operative avait au cœur de son mandat les familles. Nous avons commencé à subir des pressions du fait que nos enfants et petits-enfants partaient faire leurs études, ce qui faisait des logements essentiellement des nids vides.
Par conséquent, la Native Inter-Tribal Housing Co-operative a su s'organiser et aller de l'avant en créant la coopérative Four Feathers. Nous avons obtenu un financement du gouvernement fédéral, de la province et de la municipalité afin d'établir cette coopérative de logements qui accueille essentiellement des aînés et des personnes de plus de 40 ans. On a pu ainsi aider les personnes âgées et les aînés de la communauté.
Comme pour toutes les coopératives de logement, nous observons un besoin croissant de logements et d'aide au logement chez nos aînés, notamment dans la communauté autochtone. D'après les statistiques, nous savons que 85 % des aînés des communautés différentes vivent hors réserve en milieu urbain. Vu que nous sommes aux prises avec une population vieillissante et que nous essayons de répondre à leurs besoins, nous devrons créer plus de logements pour les aînés et être en mesure d'appuyer la Four Feathers Housing Co-operative afin de répondre aux besoins, notamment en matière d'accessibilité et d'abordabilité. Nous devons également conserver les traditions et les cérémonies, et prévoir les espaces nécessaires.
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La FHCC offre ses services à toutes les coopératives de logement du Canada. Cinq d'entre elles sont situées au Manitoba, et quatre en Ontario. Plus précisément, nous sommes une organisation axée sur ses membres qui respectent les voix, les besoins et la prise de décisions [
Difficultés techniques] des membres qui vivent ou ont vécu dans les coopératives de logement.
Outre le fait que nous avons nos propres conseils qui surveillent le fonctionnement au quotidien d'une coopérative de logement, nous tentons également de répondre aux besoins des membres autochtones, en nous assurant qu'ils sont bien à l'aise de vivre de façon autonome, afin de jouir du respect et de la dignité qui découlent de cette autonomie. Voilà le résultat de nos principes: une adhésion volontaire et ouverte; le contrôle démocratique par les membres; la participation économique des membres; l'autonomie et l'indépendance; l'éducation, la formation et l'information; la coopération entre les coopératives; le bien-être de la communauté. Forts de ces principes, nous faisons notre travail. Nous dépendons des loyers perçus pour le logement. Les loyers sont assumés par la communauté, c'est-à-dire collectivement, afin de répondre à tous les besoins des membres dans le contexte de chaque coopérative de logement individuelle.
Dans le cas des coopératives autochtones, nous avons bien sûr tenu compte des enseignements des sept grands-pères, et plus précisément de notre mode de vie. Ces enseignements représentent en grande partie les valeurs des peuples autochtones à l'égard de l'autodétermination et de la capacité de décider des processus et des politiques en vigueur au sein de leur coopérative de logement.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos deux témoins, Mme Stevens et Mme Jibb, d’être des nôtres aujourd’hui.
J’aimerais m’adresser tout d’abord à Mme Jibb et lui poser une question sur ses observations à l’égard du système de protection de la jeunesse.
Dans ma circonscription, de nombreux sans-abri proviennent du système de protection de la jeunesse. Ces personnes cessent d’être prises en charge par le système et sont vouées à la pauvreté et à l’itinérance. En ce moment, presque 11 000 jeunes sont pris en charge, la plupart étant Autochtones. Il se peut que ce chiffre soit inexact et soit encore plus élevé.
Nous avons connu une crise pendant la pandémie. Nous savons que de nombreux jeunes pris en charge ont touché la PCU et se mobilisent maintenant pour demander une amnistie quant au remboursement. Je les appuie dans leurs efforts.
Pensez-vous qu’un revenu de base garanti, suffisant pour vivre, empêcherait l’itinérance des jeunes qui cessent d’être pris en charge, notamment si on leur fournissait un logement avec au choix une plus grande autonomie ou plus de soutiens?
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Oui, un revenu suffisant pour vivre est essentiel pour que l’itinérance des jeunes Autochtones qui cessent d’être pris en charge ne devienne pas une épidémie.
Au sein de notre équipe, nous parlons souvent du principe de Jordan, et tout le monde, j’en suis sûre, le connaît bien. Il vise à niveler les inégalités subies par les enfants autochtones qui vivent dans les réserves. Nous avons besoin de quelque chose qui y ressemble afin de lutter véritablement contre l’itinérance autochtone. Il nous faut des fonds, afin que les gens puissent avoir le loyer du premier et du dernier mois.
Dans une collectivité comme London, le taux d’insécurité du logement et le coût de logement sont semblables à ceux de Toronto et de Vancouver. Il n’est pas possible pour les jeunes, encore moins les jeunes qui cessent d’être pris en charge, de trouver un appartement qui soit sécuritaire. Nous savons que les jeunes Autochtones ne se sentent pas forcément en sécurité dans une maison de chambres, ou encore dans des appartements de certains quartiers de la ville qui seraient abordables.
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Merci beaucoup, madame Stevens.
Merci, madame Gazan.
Il nous reste environ cinq minutes d'ici l'heure prévue pour la fin de notre séance et nous avons quelques questions à régler concernant les travaux du Comité. Je regrette de devoir ainsi couper court aux questions, mais je pense que c'est nécessaire si nous voulons nous en tenir au temps imparti. Je suis désolé pour M. Kent, M. Turnbull et tous les autres qui attendaient pour poser leurs questions. Nous avons connu quelques difficultés techniques et votre président a un peu perdu la main pour ce qui est des interventions visant le respect de notre horaire. J'assume donc ma part de responsabilité.
Un grand merci à nos témoins. Comme vous avez pu le constater, ce sont des enjeux qui suscitent beaucoup d'intérêt et dont nous souhaiterions sans doute pouvoir discuter davantage en posant d'autres questions. Nous vous sommes reconnaissants de votre participation à la séance d'aujourd'hui.
Madame Jibb, vous vous êtes très bien tirée d'affaire à titre de représentante unique de votre organisation.
Encore une fois, nous vous remercions pour le travail que vous accomplissez. Merci également d'avoir été des nôtres aujourd'hui. Vos témoignages nous seront d'une grande utilité dans la conclusion de notre étude. Je vous souhaite une bonne soirée.
Chers collègues, je vous prie de demeurer en ligne. Nous avons quelques points à régler concernant nos séances à venir. Je ne pense pas que ce sera très long.
Nous allons accueillir jeudi un autre groupe complet de témoins dans le cadre de l'étude que nous avons poursuivie aujourd'hui. Vous vous souviendrez que nous avons notamment convenu au début de cette étude d'inviter le directeur parlementaire du budget (DPB). Nous avons accepté certains éléments de l'étude que le directeur parlementaire du budget a offert de réaliser pour notre compte et nous en avons proposé d'autres. Le DPB a depuis demandé le report de l'échéance établie pour la présentation de son rapport au Comité. Il voudrait que le nouveau délai soit fixé au 11 février. Il pourrait alors comparaître devant le Comité le 16 février, soit lors de notre première séance après la relâche. Il va soumettre à notre comité une version sous embargo de son rapport le 10 février et souhaite qu'on l'autorise à tenir, le 11 février, une séance d'information avec les ministères qui ont fourni les données nécessaires à la production de ce rapport.
Je crois qu'il nous faut au départ une motion proposant que le délai pour la présentation du rapport du directeur parlementaire du budget soit reporté au 10 février et que le DPB comparaisse devant le Comité le 16 février. Quelqu'un aurait-il l'obligeance de présenter une motion en ce sens? Nous pourrons ensuite en débattre.
Merci, monsieur Vaughan.
Quelqu'un veut en débattre?
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D’accord. Essayons de voir un peu où nous en sommes du point de vue du calendrier.
Lors de notre prochaine séance, nous recevrons un autre groupe de témoins dans le cadre de l’étude que nous avons poursuivie aujourd’hui. Il nous restera alors une semaine avant la relâche. L’une des réunions de cette semaine-là sera consacrée à une mise à jour sur l’Initiative pour la création rapide de logements, pour autant qu’il nous soit possible de convoquer des témoins. Je crois qu’il serait bon que le sous-comité se réunisse pour déterminer quelles études nous pourrons entreprendre le 18 février, soit après la comparution du directeur parlementaire du budget, étant donné que nous avons une longue liste d’études proposées. Le sous-comité se réunirait avant l’une de ces séances et son rapport serait ratifié par le comité plénier. Cela pourrait sans doute se faire lors de la seconde des deux réunions de la semaine prochaine.
Le sous-comité se réunirait donc le 2 février. Le 4 février, nous siégerions à huis clos pour adopter le rapport du sous-comité et discuter des autres questions touchant nos travaux. Il y aura ensuite la semaine de relâche. La séance du 16 février serait consacrée au directeur parlementaire du budget et à nos directives de rédaction, et nous entreprendrions notre étude suivante le 18 février. Il faut pour cela que des témoins puissent se libérer de telle sorte que nous consacrions la moitié de l’une de nos séances du 2 ou du 4 février à une mise à jour sur l’Initiative pour la création rapide de logements.
Voilà en gros notre plan d’action qui devra être examiné et adopté par le sous-comité et le comité plénier.
Je donne la parole à M. Turnbull.
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Merci, monsieur le président.
Je veux exhorter le Comité à bien vouloir envisager la convocation d’un témoin supplémentaire dont j’ai proposé le nom il y a un bon moment déjà. Il semblerait que cette proposition ait été perdue, peut-être en raison du changement de greffier.
Il s’appelle Jesse Thistle. Mme Jibb nous en a d’ailleurs parlé dans son témoignage. C’est un Métis qui a passé presque une décennie entière en situation d’itinérance dans différentes villes canadiennes. Il a rédigé un livre intitulé From the Ashes qui a connu un succès de librairie. Il est maintenant un académicien reconnu en histoire à l’Université York où il écrit des articles au sujet du traumatisme intergénérationnel. Il s’est inspiré de sa propre expérience pour redéfinir le concept d’itinérance chez les Autochtones. Il a écrit un ouvrage à fort tirage et a cheminé vers sa propre guérison au fil d’un parcours de plusieurs années qui lui a permis de s’affranchir de l’itinérance chronique et d’une grande partie de son traumatisme intergénérationnel.
Je crois que ce serait un témoin formidable. J’ai déjà proposé son nom et j’espère que nous pourrons trouver une façon de l’intégrer à notre présente étude.
Monsieur Vaughan et moi-même en avons discuté brièvement. Nous avons une solution qui pourrait peut-être convenir au Comité. Je crois que la moitié de l’une de nos réunions à venir sera consacrée à l’Initiative pour la création rapide de logements. Pourrions-nous utiliser l’autre portion de cette séance pour convoquer un nouveau groupe de témoins dont Jesse Thistle pourrait faire partie? Je pense que ce serait vraiment bénéfique pour notre étude.
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Voyons comment nous pourrions régler la question. Si j'ai bien compris, nous avons des séances prévues les 26 et 28 janvier, de même que les 2, 4, 16 et 18 février. Nous allons accueillir un autre groupe de témoins le 28 janvier, et cela ne va pas changer.
Il s'agit alors de savoir à quelle date nous tiendrons la mise à jour sur l'Initiative pour la création rapide de logements. Je devrais avoir une réponse d'ici jeudi après-midi. Nous sommes assez sûrs de pouvoir accueillir le ministre et des représentants de la SCHL pour faire le point avec nous et nous transmettre de l'information.
Cela nous laisse un créneau à remplir le 2 ou le 4, selon la disponibilité du ministre. Je proposerais de vous transmettre une réponse jeudi quant à savoir si ce sera le 2 ou le 4. Nous pourrons alors décider comment il sera possible d'intégrer Jesse Thistle en tant que dernier témoin pour cette étude et d'obtenir la mise à jour sur l'Initiative pour la création rapide de logements. Avec un peu de chance, cela nous laissera une journée libre que nous pourrons sans doute consacrer aux travaux du Comité.
Je crois qu'une étude proposée par les conservateurs et une autre du Bloc québécois sont les prochaines qui nous attendent. Nous pourrons ainsi amorcer directement l'une de ces études le 18 février en accueillant des témoins, plutôt que de simplement commencer à la planifier à ce moment-là. Nous pourrions de la sorte tirer avantage du retard dans la présentation du rapport du DPB pour accélérer la tenue d'une des études proposées par l'opposition qui sont déjà en attente. Je pense notamment à une étude sur l'assurance-emploi mise de l'avant par les conservateurs pour laquelle le moment serait bien choisi à l'approche du budget.
La motion propose donc que nous entendions le témoignage du directeur parlementaire du budget le 16 février et que nous communiquions ce jour-là également nos directives de rédaction en utilisant notre séance du 2 ou du 4 février — selon la disponibilité du ministre — pour la mise à jour sur l'Initiative pour la création rapide de logements et la convocation de Jesse Thistle. L'autre réunion de cette semaine-là — soit le 2 ou le 4 février — servirait à mettre en branle l'étude suivante de telle sorte que nous puissions l'amorcer effectivement le 18 février en accueillant des témoins.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je ne suis pas sûre d'avoir bien suivi la motion verbale qui vient d'être décrite avec un genre d'horaire. J'aimerais qu'on nous l'envoie par écrit pour que ce soit clair, et nous pourrons prendre une décision jeudi, si vous le voulez.
Voici ce que j'ai retenu de nos travaux en sous-comité. Nous y avons adopté trois motions pour établir nos priorités. La première a trait à notre étude actuelle sur le logement autochtone; nous finirons cette semaine d'entendre les témoins. La deuxième motion concerne le logement rapide et la troisième, la réforme de l'assurance-emploi.
J'essaie de voir ce qu'on veut concocter, je ne suis pas certaine de bien comprendre.
Nous avons déjà les témoins pour jeudi. J'aimerais que la motion et l'horaire que vous proposez soient clairement formulés. Je suis d'accord qu'il ne faut pas retarder les études dont il est question dans ces trois motions.