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La séance est ouverte. Bienvenue à la séance n
o 20 du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier 2021, et les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. La diffusion Web montre toujours la personne qui parle, et non l'ensemble du Comité.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 28 octobre 2020, le Comité reprend son étude sur l'examen du régime d'assurance-emploi.
Avant que nous commencions, je veux souhaiter la bienvenue à nos témoins, qui auront cinq minutes pour nous présenter leurs déclarations préliminaires. Ensuite, nous passerons à la période de questions. Nous accueillons M. Kenneth MacKenzie, président d'Associated Designers of Canada; ainsi que M. Hassan Yussuff, président et M. Chris Roberts, directeur, Politiques sociales et économiques du Congrès du travail du Canada.
J'ai quelques commentaires supplémentaires à l'intention des témoins. Les services d'interprétation pour la vidéoconférence sont à peu près les mêmes que ceux offerts pendant les réunions régulières du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre « Parquet », « Anglais » et « Français ».
Veuillez parler lentement et clairement, et, lorsque vous n'avez pas la parole, assurez-vous de couper le son de votre micro.
Nous allons commencer par M. MacKenzie.
Je vous souhaite la bienvenue au Comité. Vous avez la parole pour cinq minutes.
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Bonjour, et merci beaucoup de m'accueillir aujourd'hui. Je remercie tous les partis de leur engagement continu à fournir du soutien à un si grand nombre de personnes au cours de l'année difficile que nous venons de passer.
Je m'appelle Ken MacKenzie, et je suis le président de l'Associated Designers of Canada ainsi que le président de la section locale ADC659 de l'Alliance internationale des employés de la scène et des projectionnistes des États-Unis et du Canada, la IATSE.
Nous représentons les concepteurs des spectacles en direct, c'est-à-dire les personnes qui conçoivent les décors, les costumes, l'éclairage, le son et la vidéo pour l'ensemble du Canada, à l'exception du Québec. Nous faisons aussi partie de la Creative Industries Coalition avec nos collègues de la Canadian Actors' Equity Association, de la Fédération canadienne des musiciens et de l'Alliance internationale des employés de la scène et des projectionnistes des États-Unis et du Canada. Cette coalition représente plus de 50 000 travailleurs du domaine des arts d'un océan à l'autre. Nous avons travaillé main dans la main avec les députés fédéraux afin d'atténuer certains des impacts financiers à court terme de la pandémie de COVID-19 qui ont été dévastateurs pour les travailleurs du secteur des arts.
En tant que travailleurs à la pige et artistes autonomes, nous devons, pour l'avenir, trouver des façons de reconstruire le secteur et de le rendre plus résilient, afin d'être moins vulnérables aux perturbations économiques et sociales. À cette fin, l'une de nos recommandations est de réexaminer le régime d'assurance-emploi du Canada. Actuellement, la très grande majorité des créateurs du domaine des spectacles en direct sont des entrepreneurs autonomes, et le régime d'assurance-emploi ne permet aux travailleurs autonomes que d'adhérer à un régime partiel. Les participants peuvent cotiser aux prestations spéciales de l'assurance-emploi, c'est-à-dire les prestations de maternité, parentales, de maladie et de compassion, mais ils ne peuvent pas cotiser, et ne sont donc pas admissibles, aux prestations régulières de l'assurance-emploi.
Les travailleurs à la pige et les travailleurs autonomes, qui ne peuvent pas participer pleinement au régime d'assurance-emploi, sont désavantagés. Les travailleurs autonomes et les travailleurs à la pige deviennent de plus en plus nombreux dans la population active, et le régime d'assurance-emploi doit évoluer de façon cohérente pour qu'ils puissent cotiser et recevoir toutes les prestations régulières de l'assurance-emploi auxquelles les travailleurs traditionnels ont droit.
Les créateurs du domaine des spectacles en direct, comme beaucoup d'autres travailleurs à la pige, offrent des services de façon unique, qui ne sont pas toujours compatibles avec la structure actuelle du régime d'assurance-emploi, mais dont il va falloir tenir compte. À l'heure actuelle, les prestations offertes aux pêcheurs constituent un modèle utile qui pourrait être adapté et élargi pour tenir compte des besoins du secteur. Bon nombre de travailleurs à la pige n'ont pas un salaire horaire ou hebdomadaire; ils reçoivent plutôt une commission fixe par contrat, peu importe sa durée. Ces contrats comprennent aussi des périodes de résidence fixes, où le travailleur est obligé envers l'employeur, ce qui veut dire que le calcul de l'admissibilité à l'assurance-emploi devrait être fondé sur la durée de la résidence prévue dans le contrat. Les taux de prestations de l'assurance-emploi devraient être établis en fonction des gains admissibles au cours d'une période fixe ou au cours des périodes combinées des contrats.
Les créateurs, comme beaucoup de travailleurs à forfait, ont souvent des contrats des mois, sinon des années à l'avance, mais cela ne veut pas dire qu'ils commencent à travailler immédiatement, et il peut leur arriver d'avoir de longs temps morts entre deux contrats. Dans le cadre d'un régime révisé d'assurance-emploi, il faudrait que les travailleurs soient admissibles aux prestations pendant ces périodes entre deux emplois, et ce, même s'ils ont déjà un contrat pour plus tard. Dans le même ordre d'idées, les travailleurs ne devraient pas être pénalisés pour les petits creux entre des périodes de résidence qui ne sont pas suffisamment longues pour constituer du chômage. Comme les pêcheurs, les travailleurs du domaine artistique devraient être admissibles à un maximum de 26 semaines de prestations d'assurance-emploi par période de chômage.
Présentement, tous les travailleurs autonomes doivent payer les quotes-parts de l'employeur et de l'employé des cotisations au RPC et, si le régime révisé d'assurance-emploi oblige les travailleurs à cotiser pleinement à l'assurance-emploi, c'est-à-dire à verser les quotes-parts de l'employé et de l'employeur, cela aurait un impact financier dévastateur sur les travailleurs du domaine artistique en particulier, qui se serrent déjà pas mal la ceinture et qui vivent le plus souvent dans des grandes régions urbaines du pays, où le coût de la vie est plus élevé. Les cotisations à l'assurance-emploi doivent être équitables et abordables. Dans le cadre de la réforme de l'assurance-emploi, il faudrait envisager de créer des cotisations pour l'entrepreneur et le sous-traitant qui seraient parallèles aux cotisations ordinaires de l'employé et de l'employeur.
Plus que jamais auparavant, la pandémie a révélé à quel point les arts étaient importants dans la vie des gens. Pour se réconforter, rire et s'échapper, les gens se sont toujours tournés vers les films, les émissions de télévision et la musique. Les Canadiens ont besoin des arts, et nous avons été là pour les Canadiens.
Je tiens à remercier chacun d'entre vous d'avoir réagi si rapidement pour sauver notre secteur, et d'autres secteurs, grâce aux subventions salariales, la PCU et à présent la PCRE. J'implore le gouvernement canadien de continuer à soutenir les travailleurs du domaine artistique et de nous aider à transformer notre secteur trop vulnérable en un secteur artistique résilient, pour les besoins futurs de nos travailleurs autonomes.
Merci. Je vous remercie de votre temps.
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Merci à vous, monsieur le président et membres du Comité, de l'invitation à témoigner au nom du Congrès du travail du Canada.
Avant tout, je tiens à remercier le gouvernement du soutien au revenu d'urgence qu'il a offert aux travailleurs dans le besoin pendant la pandémie. En mars et en avril 2020, près de trois millions d'emplois ont été perdus.
Le chômage sans précédent a simplement submergé le régime d'assurance-emploi, et pas seulement ses capacités administratives. Le régime d'assurance-emploi a été tellement affaibli qu'un grand nombre de femmes, de travailleuses et de travailleurs à faible revenu, racialisés et atypiques auraient été oubliés. Ce sont ces travailleurs qui ont été le plus durement touchés par les impacts économiques de la pandémie.
Ces travailleurs bénéficieront du projet de loi et de la prolongation des prestations d'assurance-emploi et de la relance, proposée par le gouvernement. Le CTC appuie de tout cœur l'adoption rapide de ce projet de loi par la Chambre.
Après quoi nous devrons nous attaquer aux lacunes persistantes du régime d'assurance-emploi.
La priorité est d'élargir l'accès au régime et de hausser les niveaux de prestations. Vers la fin des années 1980, 85 % des chômeurs étaient admissibles aux prestations d'assurance-chômage, mais, à la suite de modifications stratégiques régressives dans les années 1990, environ 40 % des chômeurs étaient admissibles à l'assurance-emploi. Les restrictions en matière d'admissibilité défavorisent surtout les travailleurs à temps partiel et les travailleurs atypiques, c'est-à-dire les femmes, les jeunes et les travailleurs racialisés.
À certains endroits, par exemple à Vancouver ou dans la région du Grand Toronto, seulement un chômeur sur cinq touche des prestations, à tout moment. Pour l'avenir, nous devons bâtir un régime d'assurance-emploi qui inclut plutôt que d'exclure les chômeurs. Pour cette raison, le CTC réclame l'adoption d'un critère d'admissibilité national unique, égal à 360 heures ou 12 semaines, la plus petite option étant retenue.
Les faibles taux de prestations d'assurance-emploi et le plafond peu élevé des gains assurables excluent aussi des travailleurs. Pour les travailleurs qui gagnent plus que la moyenne, le taux de remplacement effectif est de loin inférieur à 55 %. On peut donc se demander s'il vaut vraiment la peine de s'inscrire à l'assurance-emploi, dans leur cas. Pour les travailleurs à faible revenu, le taux de remplacement de l'assurance-emploi est tout simplement trop bas. Il est tout simplement impossible de vivre avec 55 % d'un revenu déjà très faible.
Le CTC réclame des prestations individuelles maximales décentes et l'augmentation du taux de prestations et du plafond des gains assurables.
Il y a aussi d'autres modifications que le gouvernement pourrait apporter dès maintenant pour améliorer le régime d'assurance-emploi.
Premièrement, le gouvernement devrait prolonger la durée maximale des prestations de maladie de l'assurance-emploi, ce qu'il s'est déjà engagé à faire.
Deuxièmement, le gouvernement devrait aussi annuler les indemnités de départ. La suspension de cette pratique pendant la pandémie a permis d'accroître l'efficience administrative et de réduire les appels. C'était tout simplement la bonne chose à faire. Le gouvernement devrait rendre ce changement permanent.
Troisièmement, le gouvernement devrait aussi régler une situation inéquitable, celle des travailleurs migrants qui cotisent à l'assurance-emploi, sans avoir de possibilité réaliste de toucher des prestations. Par exemple, on pourrait faire en sorte que les travailleurs migrants aient à nouveau la possibilité de toucher des prestations parentales, et cette modification ne serait pas trop coûteuse.
Quatrièmement, le gouvernement devrait rétablir les postes d'agent régional de liaison de l'assurance-emploi, comme votre comité l'a recommandé en 2016. Pendant la pandémie, des usines automobiles et des usines de conditionnement de la viande ont temporairement fermé leurs portes, en réaction aux éclosions. S'il y avait eu des agents de liaison de l'assurance-emploi, de la présentation des nouvelles demandes aurait été beaucoup plus efficiente.
Cinquièmement, l'initiative Action Compétences, qui permet aux travailleurs au chômage de toucher des prestations d'assurance-emploi pendant une formation, devrait être élargie et plus facile d'accès. Dans une crise comme celle que nous traversons, où le chômage est très élevé, plus de travailleurs au chômage devraient pouvoir s'inscrire à temps plein dans des programmes de formation sans perdre leurs prestations.
Sixièmement, le gouvernement devrait s'engager sans restriction à rétablir le système d'appels tripartite, qui relèverait à nouveau du commissaire à l'assurance-emploi.
J'ai quelques derniers commentaires avant de conclure.
Le gouvernement actuel s'est engagé à lutter contre la précarité et à améliorer la qualité des emplois, et l'élargissement de l'accès à des prestations d'assurance-emploi plus adéquates constituerait un pas de géant vers la réduction des iniquités et de la précarité du marché du travail.
La prolongation de la durée maximale des prestations permettra d'améliorer la qualité de l'appariement des emplois. L'élargissement de l'accès au régime d'assurance-emploi et l'augmentation des niveaux de prestation encouragera aussi les employeurs à améliorer la qualité de leurs emplois.
Depuis 1993, les chômeurs qui ont quitté volontairement leur emploi sans motif valable ou qui ont été renvoyés pour inconduite n'ont absolument aucun droit aux prestations d'assurance-emploi, ce qui est injuste, contre-productif et inutilement sévère. Cela devrait être corrigé.
Je tiens à remercier le Comité de son invitation à témoigner. Nous sommes prêts à répondre à toutes les questions des membres du Comité.
Merci beaucoup.
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Malheureusement, les membres de l'opposition n'ont aucune prise sur le calendrier législatif. Cette responsabilité revient au leader du gouvernement à la Chambre, même si, à notre avis, il gère très mal le calendrier législatif depuis longtemps. Le gouvernement a accordé la priorité à des projets de loi étranges; il vient de proposer celui-ci, et nous sommes terriblement pressés d'agir pour que les gens ne perdent pas leurs prestations le 28 mars.
Comme vous le savez, les députés de l'opposition ont le devoir d'examiner très rigoureusement les projets de loi pour éviter des erreurs législatives comme celle qui s'est produite en septembre, lorsque des vacanciers ont pu demander des prestations. Si nous avions eu le temps qu'on nous donne, normalement, pour étudier ce projet de loi et les autres pièces législatives... En tout cas, il y a eu plusieurs erreurs. Nous savons que les femmes enceintes étaient d'abord inadmissibles aux soutiens au début de la pandémie. C'est le genre d'erreurs qui surviennent quand les projets de loi sont adoptés rapidement, sans que l'opposition officielle puisse procéder à un examen approfondi, contrairement à ce qui se fait habituellement.
Je suis très préoccupée par le fait que vous avez dit au gouvernement libéral, au début de janvier, qu'une période de 26 semaines ne serait pas suffisante, et que le gouvernement n'a pas présenté de projet de loi pour régler ce problème avant la fin du mois de février. Il a attendu un mois et demi après que vous avez sonné l'alarme.
Je voudrais aussi souligner que vous avez dit, dans votre communiqué de presse, que vous étiez très préoccupé par cette question, et que seulement deux jours plus tard, le gouvernement a dit aux Canadiens qu'il allait régler le problème, mais le fait est qu'il était au courant de ce problème depuis le début de janvier. Je trouve que tout cela est très étrange. Je vais tenter d'aller au fond des choses pour comprendre pourquoi le gouvernement libéral a attendu si longtemps avant de présenter ce projet de loi.
Merci, monsieur le président. C'est tout ce que j'avais à dire sur le sujet pour aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président, et désolé de la confusion.
Bon après-midi aux témoins. Merci de nous avoir présenté vos exposés.
Monsieur Yussuff, je suis très content de vous revoir. Je crois d'ailleurs que nous nous sommes rencontrés pour la première fois ici, à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Vous étiez ici pour le Jour de deuil, et vous avez déposé une couronne au nom du CLC près du monument en l'honneur de M. Frank et de Mme Ella Hatheway, ici à Saint John.
Je siège au Comité depuis presque six ans. Je me rappelle que la première question que je vous ai posée concernait des projets de loi antisyndicaux, les projets de loi et , proposés par les conservateurs. J'ai l'impression que cela fait une éternité.
Quoi qu'il en soit, je vais me concentrer sur les prestations d'assurance-emploi et sur l'élargissement des prestations. Je suis tout à fait d'accord que le rôle de l'opposition est de contester et de remettre en question, mais, lorsque cela veut dire bloquer l'étude d'un projet de loi qui avantagerait des milliers et des milliers de Canadiens, je crois que cela devrait tous beaucoup nous préoccuper.
Nous savons tous bien sûr que, vers la fin février, la a proposé de prolonger la PCRE et les prestations pour proches aidants en plus des 24 semaines supplémentaires de prestations d'assurance-emploi. Nous savons tous à quel point ces programmes sont cruciaux. J'irais même jusqu'à dire que nous avons pu constater de nos propres yeux à quel point un régime et des programmes d'assurance-emploi robustes sont cruciaux pour soutenir les travailleurs, surtout pendant ce que j'appellerais, sans surprise, une crise historique ou une pandémie historique.
Monsieur Yussuff, comme vous le savez, le gouvernement a déposé le 25 février le projet de loi , qui prolonge les prestations régulières d'assurance-emploi pour les Canadiens qui ne peuvent pas travailler à cause de la pandémie. Le projet de loi a été lu hier une deuxième fois, mais les conservateurs refusent qu'il soit envoyé au Comité.
Au cas où le Comité ne le saurait pas, si ces prestations d'assurance-emploi ne sont pas prolongées, dans la première semaine seulement, 23 000 Canadiens et Canadiennes perdront leur seule source de soutien au revenu, et chaque semaine de plus que nous perdons à cause d'eux, des dizaines de milliers de Canadiens et Canadiennes épuiseront leurs prestations d'assurance-emploi.
Monsieur Yussuff, selon vous, comme les conservateurs retardent l'adoption de ce projet de loi, quel impact cela aura-t-il sur les Canadiens et Canadiennes, selon vous?
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Premièrement, j'espérerais que le Parti conservateur et ses chefs vont estimer qu'il est nécessaire de soutenir ce projet de loi avant que les travailleurs n'épuisent leurs prestations. Si le projet de loi n'est pas adopté rapidement, cela va avoir des effets dévastateurs. Les travailleurs qui n'ont plus de prestations n'auront d'autre choix que de se tourner vers l'aide sociale.
Il y a un écart énorme entre ce que les travailleurs auront pour subvenir aux besoins de leur famille et ce qu'ils touchent présentement grâce aux prestations. C'est le jour et la nuit.
J'implorerais simplement les membres du Comité, aujourd'hui, de transmettre ce message à leurs chefs respectifs: reconnaissez que c'est prioritaire et que c'est important. Il n'y a aucune raison de refuser aux travailleurs et travailleuses et à leur famille le soutien promis dans le projet de loi; autrement, cela aurait un impact dévastateur sur les familles de travailleurs.
Il ne faut pas perdre de vue que les gens ont besoin de certitudes. Même si la pandémie a été terrible pour les travailleurs, une chose a été très positive: les gens n'ont pas eu à se débrouiller seuls. Dans une très grande mesure, le gouvernement a permis à tous ceux qui, indépendamment de leur volonté, ont perdu leur emploi d'avoir accès à des prestations.
Plus important encore, ces travailleurs et travailleuses ont toujours besoin de ce soutien. Il y a des milliers et des milliers de travailleurs et travailleuses qui ne peuvent toujours pas retourner au travail. Ces prestations seront cruciales pour leur fournir le soutien dont ils ont besoin pour payer leur loyer, se nourrir et soutenir leur famille.
Il est donc crucial, je crois que les membres du Comité, dans leur bienveillance, soutiennent le projet de loi et l'adoptent rapidement, avant la fin de mars.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais saluer les témoins et leur dire que c'est avec grand plaisir que nous les recevons.
Ma question s'adresse au président du Congrès du travail du Canada.
Monsieur Yussuff, je vous remercie d'avoir accepté notre invitation à témoigner.
Votre organisation représente 3,3 millions de travailleuses et de travailleurs. C'est quand même impressionnant. Vous êtes venu nous rencontrer dans le cadre de l'examen du régime d'assurance-emploi. Je vais faire tout mon possible pour éviter de parler du projet de loi . Le Bloc québécois va appuyer ce projet de loi parce qu'il s'agit d'une mesure temporaire qui va se terminer le 21 septembre 2021. Nous sommes ici pour déterminer quel genre de mesures permanentes il faut mettre en œuvre.
Ai-je tort de penser que votre revendication quant à l'augmentation du nombre de semaines de prestations auquel les gens sont admissibles, soit de le faire passer à 50, existait bien avant tout ce débat sur les mesures d'urgence et que cela fait partie de la vision que vous avez d'une réforme?
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Je ne crois pas qu'il soit trop tard.
Bien sûr, le projet de loi prévoit d'augmenter à 50 le nombre de semaines de prestations. Je crois qu'on reconnaît ainsi que les travailleurs traversent une période difficile, indépendamment de leur volonté, à cause de la longue pandémie. Plus important encore, je crois que nous devrions examiner en profondeur la question de la durée permanente des prestations, afin que les membres du Comité puissent formuler des recommandations aux fins de la réforme.
Nous le recommandons, c'est certain. Nous reconnaissons que, la plupart du temps et indépendamment de leur volonté, les travailleurs perdent leur emploi pour toutes sortes de raisons liées à l'économie, mais il est tout aussi important de nous assurer que ces travailleurs continuent d'avoir un revenu. Plus important encore, puisque nous allons recycler bon nombre de travailleurs qui ne pourront peut-être pas retourner au travail, nous devons veiller à ce qu'ils aient accès à du soutien en même temps qu'ils suivent une formation.
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Merci beaucoup de la question.
La pandémie a certainement révélé que ce sont en grande majorité les femmes qui assument ce fardeau. Premièrement, bien sûr, ce devrait être la responsabilité du ménage, mais, malgré tous leurs efforts, ce sont toujours les femmes qui assument la plus grande partie de cette responsabilité.
Encore plus important, nous constatons, à mesure que la situation de la pandémie évolue, que les femmes restent au chômage. Dans le cadre de l'étude sur la réforme, nous devons reconnaître qu'il serait vraiment nécessaire d'appliquer une optique sexospécifique quant à la façon dont nous allons nous attaquer aux problèmes qui concernent surtout les femmes.
Une de nos recommandations, et je crois que le gouvernement s'est engagé à cet égard, est de prolonger beaucoup plus souvent les prestations de maladie de l'assurance-emploi. Les femmes ont besoin de cette prestation, et nous savons qu'elle se termine beaucoup trop rapidement. Une partie essentielle de la réforme suppose de prolonger ces prestations, surtout pour les femmes qui doivent subir une opération ou un traitement contre le cancer. Nous devons nous assurer qu'elles seront toujours soutenues et qu'elles ne perdent pas leurs prestations quand elles sont en convalescence ou qu'elles sont malades. C'est un des points.
Traditionnellement, les femmes travaillent dans ce qu'on peut appeler le secteur des services. Très souvent, elles travaillent moins longtemps et moins d'heures. L'augmentation du nombre maximal sera essentielle si l'on veut qu'elles puissent toucher des prestations à la fin de l'exercice. C'est aussi une façon de veiller à ce que les employeurs puissent réintégrer les femmes dans le marché du travail et améliorer leurs conditions de travail.
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De deux façons. Premièrement, la durée actuelle des prestations de maladie pour la COVID n'est que de deux semaines. Certains travailleurs ou travailleuses les ont peut-être déjà épuisées. Je crois que le projet de loi du gouvernement prolonge à nouveau la durée des prestations pour les travailleurs qui en ont besoin.
Je crois qu'il y a deux problèmes globaux au pays, et je veux en parler afin que vous en ayez au moins conscience. Pour ce qui est des provinces, je crois qu'il n'y en a que deux — trois, en fait — au pays dont les lois sur les normes d'emploi prévoient des jours de congé de maladie. Le système fédéral offre un petit nombre de jours de congé de maladie, trois jours, et on peut faire valoir qu'il faudrait augmenter le nombre, par rapport à ce qui est prévu dans le code fédéral.
La Loi sur les normes du travail de la province du Québec prévoit des jours de congé de maladie. L'Île-du-Prince-Édouard, et c'est tout à son honneur, prévoit aussi une journée de congé de maladie pour les travailleurs qui en auraient besoin.
Plus de provinces du pays doivent faire des jours de congé de maladie une exigence permanente pour leurs travailleurs. Ainsi, quand un travailleur tombe malade, il peut prendre des jours de congé de maladie et ne pas perdre de revenus. Je crois que cela devrait être fait à l'échelon provincial.
Cependant, pour protéger les travailleurs, il y a actuellement, à l'échelon fédéral, des prestations COVID qui augmentent la durée de ces prestations; les travailleurs qui en ont besoin peuvent s'en prévaloir. Nous croyons aussi que la disposition du régime de l'assurance-emploi sur les congés de maladie devrait être modifiée afin de prolonger la durée actuelle de 16 semaines. Ainsi, les travailleurs qui ont des symptômes et qui ne pourront pas retourner au travail avant longtemps, même s'ils ont déjà accès à l'assurance-emploi, toucheront des prestations plus longtemps.
Je crois que, de façon générale, nous savons qu'il y a des discussions au sein du gouvernement à ce sujet, mais, encore une fois, j'espère que ce sera fait au plus vite dans le cadre de la réforme.
Il s'agit vraiment d'une question d'actualité étant donné ce qu'on entend sur ce que vivent les personnes qui ont contracté la COVID. Beaucoup d'entre eux vont souffrir longtemps des séquelles. Ils ont des symptômes à long terme ainsi que des symptômes occasionnels qui reviennent et réapparaissent périodiquement au fil du temps.
Les prestations de maladie de l'assurance-emploi et même le régime d'assurance-emploi lui-même ne sont pas très bien adaptés aux personnes vivant avec une invalidité occasionnelle qui doivent prendre quelques jours de congé de maladie, sont ensuite assez bien pour reprendre le travail quelques jours, puis sont à nouveau malades.
Je crois qu'il faut évaluer plus en profondeur la façon dont le régime d'assurance-emploi prend en charge les personnes vivant avec des invalidités occasionnelles. Il n'y a pas de réponse simple, mais je crois qu'on comprend mieux maintenant que le régime d'assurance-emploi axé sur des prestations hebdomadaires ne convient pas très bien à ces personnes.
Je crois que beaucoup d'autres changements utiles pourraient être apportés aux prestations de maladie de l'assurance-emploi. Pour ce qui est des prestations de l'assurance-emploi en général, si nous laissions tomber l'exigence des heures, alors il y aurait certainement plus de travailleurs vivant avec une invalidité qui auraient accès à des prestations régulières de l'assurance-emploi ainsi qu'à d'autres types de prestations.
Aussi, je crois que l'on pourrait examiner le Programme de réduction du taux de cotisation pour inciter davantage les employeurs à offrir un régime d'assurance-invalidité de courte durée — et les assurances privées — de façon à ce que cela soit cohérent avec un régime élargi de prestations de maladie de l'assurance-emploi.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à nos deux témoins d'aujourd'hui.
Monsieur MacKenzie, je voulais vous donner la possibilité de commenter une question que mon collègue, M. Long, a posée tout à l'heure à M. Yussuff concernant le projet de loi ; je me suis rendu compte que l'assurance-emploi ne couvre pas tous vos travailleurs. La discussion que nous avons aujourd'hui est très importante.
Le 25 février dernier, le gouvernement a déposé le projet de loi , qui prolongerait les prestations d'assurance-emploi des Canadiens qui ne peuvent pas travailler en raison de la pandémie. Hier, le projet de loi était à l'étape de la deuxième lecture, et les conservateurs ont refusé de l'envoyer au Comité, même si ma collègue de l'autre côté de la Chambre a dit qu'il s'agissait d'un projet de loi simple et qu'elle le recommanderait à son parti. Cependant, pour une raison quelconque, ils ont décidé de retirer leur soutien. Maintenant, des dizaines de milliers de Canadiens risquent de perdre leur soutien du revenu en plein milieu d'une pandémie.
Monsieur MacKenzie, que signifie pour vos membres ce retard dans la prolongation des prestations?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Le fait que nous débattions du projet de loi C-24 me désole vraiment. Ce projet de loi doit être adopté. Le Comité va de nouveau en être saisi, et des témoins vont comparaître devant nous. Plus tôt ce sera fait, le mieux ce sera pour les travailleurs.
Je vais maintenant revenir à l'objet de notre étude, c'est-à-dire la réforme du régime d'assurance-emploi, et poser une question à M. Yussuff, le président du Congrès du travail du Canada.
À l'époque où notre régime d'assurance-emploi a été mis sur pied, le gouvernement y contribuait. Vous avez dit que le régime avait plutôt régressé que progressé sur le plan financier.
Pour ce qui est du financement du régime, croyez-vous que, dans le cadre d'une réforme, le gouvernement devrait rétablir une part de financement?
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Je pense qu'ils ont été bien trop bas. Je pense que la pandémie a révélé l'insuffisance du taux de prestations. Nous avons payé le minimum. Beaucoup trop de personnes se sont démenées pour pouvoir payer leurs factures et respecter leurs obligations.
Je pense que si le gouvernement a fixé le taux de prestations à 500 $ par semaine pour la PCU, c'est qu'il a reconnu que, si l'on ne veut pas que les travailleurs perdent encore du terrain, ils doivent recevoir des prestations convenables.
Je pense que nous devons commencer quelque part. Nous pensons que le maximum et le minimum doivent augmenter, car ils sont gelés depuis trop longtemps. Il faut réellement examiner les taux qui devraient être fixés. De la même manière, je pense qu'ils doivent augmenter.
Cela désavantage également les femmes, qui sont très dépendantes de leurs prestations. La dernière chose que nous voulons faire, c'est de leur verser des prestations tellement maigres que les gens se disent qu'elles ne valent pas la peine, au bout du compte. Il est essentiel de reconnaître, dans cette réforme, que le taux de prestations doit augmenter, et nous devons nous assurer de fixer un taux approprié pour veiller à ce que les gens dans notre pays puissent combler leurs besoins de base.
J’allais demander à M. Yussuff s’il aimait les questions pour lesquelles la réponse est oui ou non, mais c’est en soi une question dont la réponse est oui ou non, donc je vais passer à autre chose.
Nous avons reçu un témoin qui a effectivement dit que nous sommes en train de bâtir un système pour la prochaine décennie en nous fondant sur les modèles économiques du siècle dernier. Selon le témoignage sur la force du système informatique d’assurance-emploi, il serait peut-être même encore plus vieux.
Je suppose que ma question est la suivante. Quels conseils avez-vous à nous donner pour que nous nous tournions vers les 10 années à venir, plutôt que vers les 10 dernières minutes, les 10 dernières années ou le siècle dernier, pour faire en sorte que le régime d’assurance-emploi fonctionne dans le cadre d’un environnement de travail moderne, dans lequel, manifestement, le neuf à cinq du lundi au vendredi et les deux semaines de congé en été n’est plus le schéma classique pour pratiquement tous les travailleurs canadiens?
:
Nous reprenons la séance.
[Français]
Aujourd'hui, le Comité se réunit dans le cadre de son étude sur l'examen du régime d'assurance-emploi.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des nouveaux témoins.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du micro pour activer votre micro.
[Traduction]
Des services d'interprétation sont fournis dans la présente conférence vidéo. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais et le français.
[Français]
Lorsque vous parlez, exprimez-vous lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins pour la suite de notre discussion. Ils disposeront de cinq minutes pour faire leur déclaration préliminaire, qui sera suivie d'une période de questions.
Nous accueillons M. Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.
[Traduction]
Nous accueillons Carl Pursey, président de la Prince Edward Island Federation of Labour.
[Français]
Nous allons commencer par M. Bolduc.
Monsieur Bolduc, je vous souhaite la bienvenue au Comité. Vous avez la parole pour cinq minutes.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les parlementaires, je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui pour parler du dossier de l'assurance-emploi.
D'entrée de jeu, je dois vous dire que la FTQ compte beaucoup sur l'actuel gouvernement pour mener à bien le projet d'une réforme complète et globale de l'assurance-emploi. Depuis plusieurs années, nous réclamons une révision en profondeur du programme. Je peux aussi vous affirmer que le mouvement syndical du Québec est sur la même note. Les quatre centrales syndicales du Québec, soit la FTQ, la Confédération des syndicats nationaux, ou CSN, la Centrale des syndicats du Québec, ou CSQ, et la Centrale des syndicats démocratiques, ou CSD, chantent toutes la même chanson. Il n'y a pas de fausses notes. Je ne veux pas parler en leur nom, mais je vous affirme que nous nous entendons parfaitement sur les changements qui devraient être apportés au programme actuel.
Essentiellement, nous visons à garantir la dignité humaine. En ce sens, le programme doit être vu et considéré comme un bien social.
Hier, c'était la Journée internationale des femmes. Je m'en voudrais de passer à côté de cela. Les femmes ont participé à des manifestations et à des activités partout au pays. On en parlait dans tous les médias.
D'ailleurs, l'Institut de la statistique du Québec nous a rappelé l'écart important qui existe toujours entre le salaire moyen d'une femme et celui d'un homme. Pour les postes qui exigent une formation universitaire, on parle d'un écart de 3 $ l'heure. Je sais que vous êtes sensibles à la situation des femmes, mesdames et messieurs les parlementaires. Nous le sommes aussi. Il s'agit de l'un des éléments qui ont guidé nos réflexions quant aux modifications que nous souhaitons voir apporter en matière d'assurance-emploi.
En plus d'être moins bien rémunérées, les femmes sont sous-représentées dans les emplois atypiques. Je pense notamment aux emplois saisonniers dans les domaines du tourisme, de l'hôtellerie, de la restauration et j'en passe. Les femmes et toutes les personnes qui occupent des emplois atypiques ne devraient pas être pénalisées du fait qu'elles occupent ce genre d'emploi. Ces personnes devraient pouvoir se qualifier pour une durée adéquate et un niveau de remplacement de revenu adéquat. Cela prend un accès sans discrimination aux prestations du régime d'assurance-emploi.
La crise sanitaire a démontré clairement l'importance des programmes en matière de soutien du revenu. Ces derniers sont essentiels en cas de mauvais coups du sort ou de perte d'emploi. La pandémie a également confirmé l'incohérence du programme d'assurance-emploi dans sa forme actuelle. Elle a mis en lumière l'urgence d'accélérer le processus qui va mener à une véritable réforme.
Dans la dernière année, le gouvernement a dû mettre en place des programmes d'urgence en matière de soutien du revenu. L'accès aux mesures d'urgence a été simplifié parce que, du jour au lendemain, beaucoup de gens se sont retrouvés dans une situation précaire. Tout n'était pas parfait, c'est vrai. Cependant, l'aide a été rendue accessible de façon urgente, et c'était tout à fait nécessaire. Tout cela nous a aussi démontré que les voies d'accès au programme doivent être simplifiées. Quelqu'un qui ne connaît pas le programme de l'assurance-emploi ou quelqu'un qui n'y a jamais eu recours doit pouvoir faire une demande facilement. Les délais de traitement doivent être plus rapides et plus courts.
Depuis 1990, donc depuis 30 ans, le gouvernement ne cotise plus à la caisse de l'assurance-emploi. Ce sont les travailleurs et les employeurs qui contribuent au financement du programme. On a tendance à l'oublier, mais c'est la réalité. C'est la raison principale pour laquelle vous devez prêter une attention particulière aux demandes et aux désirs des travailleurs et des travailleuses que nous représentons. Il faut une réforme globale du programme pour les travailleurs et les travailleuses. Ces gens ont besoin de savoir que le programme en place répond à leurs besoins et qu'il couvre correctement toutes les personnes qui y cotisent.
Je veux profiter de l'occasion de mon passage devant vous aujourd'hui pour vous mentionner qu'aux yeux de la FTQ, il est essentiel de prolonger les programmes de soutien d'urgence actuels, notamment pour les chômeurs et les chômeuses. C'est notre propos aujourd'hui.
Les modifications proposées feraient passer de 26 à 50 le nombre de semaines maximum de prestations auxquelles les travailleurs et les travailleuses admissibles auraient droit.
Je sais que, pour entrer en vigueur, le programme doit recevoir l'appui unanime des partis au Parlement. La pandémie a fait mal. Je connais des hommes et des femmes qui n'ont pas encore retrouvé leur emploi. Ils se demandent si et quand l'employeur les appellera pour un retour au travail. Ils ont besoin de ce soutien.
Ils doivent recevoir un message clair d'Ottawa, c'est-à-dire que les parlementaires comprennent leur situation et qu'ils agissent pour assurer leur bien-être, leur intégrité et leur dignité.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
Je suis Carl Pursey, président de la P.E.I. Federation of Labour. Je tiens à vous remercier, monsieur le président et mesdames et messieurs, de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui au sujet de cette question importante.
Je pense que la réforme de l'AE diffère du revenu de subsistance garanti, et que ces deux questions doivent être étudiées séparément, car la réforme de l'AE s'impose depuis longtemps, alors qu'on doit dûment se préparer au revenu de subsistance garanti pour le mettre en œuvre de façon efficace et durable. Pour ce faire, nous devons examiner le retour rapide au plein emploi pour les personnes qui veulent travailler, sans que quiconque soit obligé de travailler. Les emplois devraient être des postes à temps plein assortis d'avantages sociaux, créés par le gouvernement et les employeurs.
On devra également tenir compte au préalable des obstacles à l'emploi, comme l'absence de programmes de garderie abordables, d'un régime national d'assurance-médicaments et de réseaux de transport répondant aux besoins des travailleurs. Il convient de répondre à ces besoins avant de mettre en œuvre le programme. À moins que nous ne répondions d'abord à ces besoins, le programme sera condamné à l'échec.
Passons maintenant à l'AE: un examen complet de tous les aspects du programme est attendu depuis longtemps et doit être réalisé immédiatement. Il faut examiner tous les travailleurs qui ne sont pas actuellement admissibles à l'AE, par exemple les entrepreneurs indépendants, les travailleurs migrants, etc., afin d'élaborer un plan à court et à long terme en vue d'effectuer une réforme complète et permanente.
La question des zones doit être corrigée à l'Île-du-Prince-Édouard de même que dans d'autres régions du pays dans lesquelles le travail est saisonnier. Les petites collectivités de 50 personnes sont divisées de part et d'autre de la route, un côté se trouvant dans une zone, et l'autre dans une autre. L'Île-du-Prince-Édouard ne devrait comporter qu'une seule zone en raison de sa taille; comme les travailleurs de zones différentes se rendent souvent aux mêmes endroits, un travailleur peut obtenir plus d'argent pendant plus longtemps, tandis que l'autre doit travailler plus d'heures et a droit à moins d'argent, et ce, pendant une période beaucoup plus courte.
Nous avons d'autres choses à faire pour régler le problème de l'AE. Nous devons nous assurer que tous les travailleurs y ont accès, en utilisant une règle d'admissibilité de 360 heures ou de 12 semaines pour toutes les prestations d'AE, avec un minimum de 500 $ par semaine ou de 70 % de leur salaire, selon le montant le plus élevé.
Les travailleurs devraient également pouvoir compter sur des prestations combinées pendant une période pouvant atteindre 50 semaines, et jusqu'à concurrence de 104 semaines. Cela leur permettrait d'être admissibles à des prestations de chômage d'après le même nombre d'heures de travail que celui servant à déterminer l'admissibilité aux prestations spéciales. La période de prestations de maladie ou de quarantaine doit également être augmentée à 50 semaines.
Il faut aussi garantir la justice en constituant un processus d'appel équitable pour toutes les prestations. Les directives concernant le travail effectué pendant une période de prestations doivent être modifiées. Il ne faut plus que le salaire des travailleurs soit déduit de leurs prestations à raison d'un dollar pour un dollar, car cela décourage ceux qui veulent travailler pendant de courtes périodes, cause des problèmes aux employeurs et fait en sorte qu'il est difficile pour eux de recruter du personnel pour un jour ou deux à la fois.
Les travailleurs qui ne sont pas contents de leur situation d'emploi et qui souhaitent l'améliorer en poursuivant leurs études devraient pouvoir le faire tout en demeurant admissibles aux prestations. Cela permettrait également à quelqu'un d'autre de remplir le poste qu'ils quittent.
On doit mettre fin à la récupération des indemnités de départ, puisque les travailleurs y cotisent tout au long des emplois qu'ils occupent; ces indemnités ne devraient donc pas être déduites de leurs prestations. Il faut donner l'accès à l'AE pendant un conflit de travail. Les travailleurs devraient pouvoir soumettre une demande de prestations, car cela les mettrait sur un pied d'égalité avec l'employeur, puisqu'ils ne seraient pas privés de salaire pendant un lock-out, comme c'est le cas actuellement, ce qui joue en faveur de l'employeur.
Il faut aussi examiner le financement de la formation. En effet, certains employeurs l'utilisent comme porte tournante pour renvoyer les employés ayant obtenu la certification Sceau rouge et en embaucher de nouveaux, afin de recevoir plus de financement pour la formation. Ces employeurs n'obtiennent les fonds que pour former des apprentis. Ils n'ont aucune intention de maintenir les employés en poste une fois que ceux-ci sont pleinement formés ou certifiés.
Nous devons également veiller à ce que la main-d'œuvre participe à un dialogue social constructif, à l'échelle provinciale, sur les dépenses liées aux ententes sur le développement du marché provincial. Il faut accorder un financement de base pluriannuel pour les centres d'emploi dans les provinces.
On doit revenir à un modèle de conseil arbitral entièrement tripartite pour les appels de premier palier. Nous devrions également protéger le droit des francophones à l'extérieur du Québec de recevoir des services en français de la part du gouvernement. Il faut confier à la Commission de l'assurance-emploi le mandat de procéder à une révision exhaustive du programme d'AE, assortie d'un échéancier pour la présentation de changements au gouvernement.
Le gouvernement fédéral doit prolonger le soutien du revenu lié à la COVID-19 jusqu'à la fin de l'année ou jusqu'à ce que la pandémie soit officiellement terminée.
Merci de votre invitation.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Pursey, du travail que vous faites pour les travailleurs de l'Île-du-Prince-Édouard.
[Français]
Je vous remercie, monsieur Bolduc, du travail que vous accomplissez, vous et les membres de la FTQ, pour les travailleurs de ma circonscription et ceux de partout au Québec.
J'aimerais reprendre là où vous avez terminé. La FTQ a publié hier un communiqué de presse dont le titre était le suivant: « La FTQ lance un appel à la solidarité des partis d'opposition fédéraux pour entériner le prolongement des programmes d'aide aux chômeurs et chômeuses ». Je suis entièrement d'accord sur cela naturellement. Ce projet de loi devrait d'ailleurs être examiné par le Comité.
Pouvez-vous nous parler de ce qui arriverait aux chômeurs et aux chômeuses s'ils étaient privés de prestations dans l'éventualité où nous ne serions pas capables d'adopter le projet de loi avant l'échéance des mesures d'aide?
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C'est une question qui nous préoccupe beaucoup. J'en ai d'ailleurs parlé dans mon discours d'ouverture.
Nous nous inquiétons grandement du sort des travailleurs — et ils sont nombreux — qui ont perdu leur emploi et qui ne voient pas encore le moment où ils vont pouvoir le réintégrer. Dans le secteur aéronautique, par exemple, la totalité des agents de bord du Québec qui sont membres de la FTQ ont perdu leur emploi, que ce soit chez Air Canada, Air Transat ou une autre compagnie aérienne.
Il en va de même dans le secteur du tourisme, qui a été grandement touché par la pandémie. Actuellement, le taux d'occupation des hôtels est d'environ 5 % au Québec. Il faut se préoccuper de ces travailleurs.
Tous les jours, il y a des travailleurs qui me font part de leurs craintes. Ils voient venir l'échéance de leurs prestations d'assurance-emploi, qui est fixée au mois de mars, et ils se demandent ce qu'ils vont devenir. Il faut tenir compte des préoccupations de ces travailleurs dans le cadre de ce programme.
Nous sommes d'accord sur le fait de prolonger jusqu'à 50 semaines les prestations d'assurance-emploi. Nous espérons, d'ailleurs, que cela deviendra une disposition permanente. Cela fait partie de nos demandes. Nous avons proposé jusqu'à un maximum de 52 semaines, mais nous nous contenterions tout de même de 50 semaines.
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D'abord, il est très important de modifier les critères d'admissibilité au programme. Il y a 30 ans, le régime d'assurance-emploi couvrait huit personnes sur dix. Aujourd'hui, c'est quatre personnes sur dix. Il y a donc deux fois moins de gens qui sont couverts. Quand on est passé aux critères d'admissibilité en fonction du nombre d'heures travaillées, on a exclu des catégories complètes de personnes. Ici, je pense aux femmes, aux immigrants et aux jeunes. Je dirais même que le programme entretient un préjugé défavorable envers ces personnes.
Selon le système actuel, avant la pandémie, par exemple, une femme qui travaillait 20 heures par semaine — elles occupent souvent des emplois à temps partiel — devait accumuler 35 semaines de travail avant être admissible au programme, alors qu'un homme qui travaillait 40 heures par semaine avait besoin de seulement 17 semaines et demie de travail. Pourtant, les deux avaient versé à peu près la même somme au programme.
À notre avis, il faut adopter une norme hybride d'admissibilité qui tiendra compte à la fois du nombre d'heures travaillées et du nombre de semaines à l'emploi. Nous suggérons que l'exigence soit établie à 420 heures travaillées ou à 12 semaines de travail assurable. Quant au taux de remplacement du revenu, nous suggérons qu'il soit fixé à 60 %, mais il faut également que le maximum de la rémunération assurable soit augmenté. Nous demandons qu'il soit aligné, au bout du compte, sur le Régime québécois d'assurance parentale. Sauf erreur, cela tourne autour de 83 500 $, actuellement.
Dans le cadre du programme actuel, il y a des gens qui se retrouvent à devoir composer avec un taux de remplacement de leur salaire de 20 %, 25 % ou 30 %, parce que le maximum n'est pas assez haut et que le taux de remplacement est trop bas. Je parlais de l'aéronautique, mais c'est aussi le cas dans le secteur du pétrole. Quand une personne mène un certain train de vie, qu'elle est habituée à faire certaines dépenses et que, du jour au lendemain, à cause d'une malchance ou d'un coup dur, elle se retrouve avec 20 % de son salaire, elle a un problème.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie aussi les témoins. C'est très intéressant d'entendre les pistes de solution qu'ils proposent concernant une future réforme. J'espère que celle-ci aura lieu plus tôt que tard.
Vous avez raison de dire que cela fait au moins 15 ans que le régime n'a pas été revu de façon globale. Les critères d'admissibilité étaient déjà problématiques bien avant la pandémie.
Je vous rassure tout de suite, je vais clore le débat sur le projet de loi . Bien sûr, le Bloc québécois ne fera rien pour ralentir l'adoption de ce projet. Sinon, il y aura une rupture quant aux prestations pour les travailleuses et les travailleurs. On aurait pu faire cela autrement, mais, la vie étant ce qu'elle est, nous sommes d'accord pour aller de l'avant avec diligence.
Monsieur Bolduc, j'ai pris connaissance à la fois de ce que vous avez dit et des critères que vous mentionnez. Je veux m'assurer de bien comprendre votre propos au sujet des critères d'admissibilité. Je vais donner un exemple. À Montréal, on doit avoir accumulé entre 420 et 700 heures de travail, selon le taux de chômage de sa région. C'est comme cela dans chacune des 62 régions économiques de l'assurance-emploi. D'ailleurs, il y a même des taux de chômage différents sur une même île, soit à l'Île-du-Prince-Édouard.
À votre avis, votre proposition d'établir un critère de base de 420 heures de travail ainsi qu'une norme hybride d'admissibilité permet-elle de régler cette question, soit le fait que certaines personnes sont jugées inadmissibles aux prestations d'assurance-emploi en raison des taux de chômage?
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Oui, je pense que c'est à peu près cela.
En établissant une norme hybride d'admissibilité de 420 heures travaillées ou de 12 semaines de travail assurable, ainsi qu'en nous basant sur le critère qui est le plus profitable au prestataire entre les deux, je pense qu'effectivement, nous pouvons résoudre une grande partie de ces problèmes.
Nous avons consacré énormément d'énergie, au cours des dernières années, à rechercher une solution au fameux trou noir de l'assurance-emploi dans les régions, notamment en mettant en place des projets pilotes.
Cette proposition ne résoudrait peut-être pas tout, mais je pense que cela serait applicable à l'échelle du pays et permettrait de résoudre bien des problèmes. Probablement qu'elle ferait disparaître le besoin d'avoir des programmes d'appoint pour les travailleurs et les travailleuses. Il y en aurait beaucoup moins, et cela rendrait les choses beaucoup plus simples et beaucoup plus faciles.
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Merci beaucoup. Étant donné, tout particulièrement, que j'ai commencé ma carrière en tant qu'éducatrice à la petite enfance, je suis aussi favorable à un programme national de garderies.
Ma prochaine question s'adresse à M. Pursey.
Comme vous, j'ai été une fervente partisane d'un revenu de subsistance garanti. Je suis notamment en faveur, parce que je viens du Manitoba, où nous avons eu l'étude de Mincome sous la direction de l'économiste reconnue Evelyn Forget, et nous savons que le ciel ne nous est pas tombé sur la tête.
Nous avons parlé de restructurer le régime fiscal et, par exemple, de nous en prendre aux paradis fiscaux à l'étranger et aux ultra-riches afin qu'ils paient pour celui-ci. Je veux vous féliciter pour cela. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je crois qu'il est temps de cesser de venir en aide aux sociétés qui n'ont pas du tout besoin d'aide.
Avec le déploiement de la PCU, nous avons presque vu un revenu de subsistance garanti improvisé. Nous savons que, même durant la pandémie, de nombreux groupes ont été laissés pour compte, et que lorsque la PCU a été remplacée par l'assurance-emploi, seulement 40 % des gens y étaient admissibles.
Comment l'institution d'un programme de revenu de subsistance garanti au Canada aiderait-il à éradiquer la pauvreté?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Nous avons bien sûr répondu à la crise au moyen de certaines mesures. Il était important de les prendre, mais nous devons maintenant nous pencher sur la suite des choses. C’est le but de la présente étude.
Neuf millions de travailleuses et de travailleurs se sont retrouvés sans emploi en raison de la crise sanitaire. Les partis de l'opposition ont uni leurs efforts à ceux du gouvernement pour leur offrir de l'aide. Toutefois, toutes ces mesures sont temporaires, bien qu'elles aient été prolongées. Si nous voulons avoir une vision à long terme, il faut agir maintenant afin de proposer quelque chose de structurant, si je peux dire, aux travailleuses et aux travailleurs.
J'aimerais aborder la question du travail saisonnier et du fameux trou noir. Dans les secteurs de l'industrie saisonnière, comme celui du tourisme, de la pêche et de la forêt, par exemple, le trou noir représente les semaines où les travailleuses et les travailleurs se retrouvent sans revenus. De plus, le nombre de semaines d'admissibilité à l'assurance-emploi varie selon les régions.
Pour en arriver à une réforme, devons-nous mettre fin à ce problème une fois pour toutes?
Ma question s'adresse aux deux témoins, qui peuvent ajouter des commentaires s'ils le souhaitent.
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Merci, monsieur le président, et je ferai le suivi auprès de vous, monsieur Pursey.
Vous avez aussi dit que nous devons nous assurer d'éliminer d'autres obstacles. Vous avez parlé précisément de l'assurance-médicaments et des garderies, par exemple.
Je le dis, parce qu'une députée libérale vient de présenter le projet de loi , qui doit faire l'objet d'une étude. Ma principale préoccupation avec ce projet de loi est, contrairement à la motion 46 que j'ai présentée concernant le revenu de subsistance garanti... J'ai été très claire dans cette motion qu'un revenu de subsistance garanti doit s'ajouter aux mesures de soutien et programmes gouvernementaux actuels et futurs. Le sous-alinéa 3(3)d)(i) du projet de loi est très préoccupant pour moi, parce qu'il ouvre la porte au remplacement, par exemple, de programmes sociaux existants. Nous savons grâce à des études que cela pourrait en réalité entraîner les gens davantage dans la pauvreté.
Vous avez mentionné cela, tout particulièrement en ce qui concerne les femmes qui tentent de retourner au travail. Pourriez-vous en dire davantage à ce sujet?
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Nous discutons des travaux du Comité. Je vous rappelle que nous sommes en séance publique, et non pas à huis clos.
Le premier élément des travaux du Comité dont nous devons nous occuper, ou un des éléments dont nous devons nous occuper, c'est le rapport du Sous-comité du programme et de la procédure. On vous a remis un rapport des délibérations du Comité aux fins de votre examen. J'aimerais vous signaler certaines choses.
Depuis la réunion du Comité, certains événements l'ont rendu caduc, notamment la disponibilité des ministres. Comme vous pouvez le voir, le rapport du Sous-comité invitait les ministres à comparaître au sujet du Budget principal des dépenses aujourd'hui. Cela n'est pas arrivé, mais deux d'entre eux ont dit qu'ils étaient disponibles jeudi.
Je pense que le reste du rapport s'harmonise avec nos attentes. Le seul autre élément d'information que je peux vous fournir, c'est que la ministre des Aînés a accepté de comparaître le 23.
Vous avez devant vous le rapport. Je vous demanderais d'utiliser la fonction de la main levée si quelqu'un souhaite proposer l'acceptation du rapport avec les changements que je viens de présenter qui seraient probablement recevables.
La question est ouverte aux discussions.
Madame Dancho, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Comme vous le mentionnez, le rapport du Sous-comité n'est pas exact en ce moment. Je dirais que j'avais la nette impression que M. Vaughan allait tendre la main aux membres du Comité la semaine dernière, et cela ne s'est pas produit. Je voulais simplement exprimer ma déception à cet égard. Partant, il est en quelque sorte difficile de collaborer et d'être convaincu que ce qui est dit sera fait.
J'aimerais que le Comité soit favorable à la collaboration. J'ai siégé à deux autres comités maintenant, et nous avons réussi à travailler ensemble assez bien. J'aimerais voir cela ici au Comité, mais je tenais à exprimer ma frustration, parce que j'avais l'impression qu'on allait communiquer avec nous, et il nous a finalement incombé de faire les premiers pas.
J'aimerais juste demander que, lorsqu'on s'engage à quelque chose, on fasse le suivi afin de maintenir la bonne volonté, et peut-être que nous n'aurons pas à nous occuper d'un rapport d'un sous-comité qui n'est de toute évidence pas exact à 17 heures le jour précédent. Je demanderais seulement aux membres du Comité d'en tenir compte.
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Les dates ne concordent pas, effectivement, dans le rapport du sous-comité. Toutefois, il faut se rappeler que ces dates concernant la comparution des ministres avaient été déterminées en fonction de leur disponibilité. Le sous-comité a fait des recommandations, mais les ministres doivent revenir au Comité. J'accepterais ce deuxième rapport, dans sa version amendée.
Madame Dancho, vous avez dit que vous siégiez à d'autres comités et que le travail se faisait de façon harmonieuse. Pour ma part, je siège au Comité depuis que j'ai été élue. Le Comité doit travailler avec quatre ministres. En effet, ses travaux portent sur les questions liées au travail, à la main-d’œuvre, aux personnes handicapées et au développement social, dont tout ce qui touche le logement. Le Comité doit travailler à un large éventail d'études sur des questions bien importantes.
Ce que j'aimerais souligner, c'est que, depuis le début de ma participation au Comité, nos études se sont toujours déroulées de façon harmonieuse. Je disais justement à des collègues que, même si nous devons faire beaucoup d'études, les règles d'éthique sont toujours respectées au cours de nos travaux. Je vous confirme que l'harmonie fait partie de notre gouvernance, et j'espère que cela continuera.
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J'aimerais présenter une motion dès maintenant.
Pour ce qui est de cette semaine, il est évident qu'elle a été très dynamique avec la présentation du projet de loi à la Chambre. Nous avons entendu un certain nombre de témoins aujourd'hui, et surtout au cours des dernières réunions, nous dire à quel point il est urgent d'adopter le projet de loi C-24 à l'heure actuelle. Il nous reste très peu de temps pour l'adopter afin d'éviter l'interruption des prestations qui nous guette en ce moment.
J'ai une motion qui nous permettrait, à ce stade, de procéder à une étude préalable. À l'heure actuelle, le projet de loi est toujours devant la Chambre. Il n'a pas été renvoyé au Comité. Cela nous donne l'occasion de commencer, peut-être dès ce jeudi, l'étude préalable du projet de loi C-24 dans l'attente de son adoption en deuxième lecture à la Chambre à un certain moment cette semaine. Voilà la motion. Elle permettrait au Comité de commencer son étude du projet de loi C-24 en anticipant le fait que la Chambre adopterait le projet de loi C-24 en deuxième lecture.
Voici le calcul. Environ 23 000 personnes perdront leurs prestations d'assurance-emploi au cours de la première semaine, vers la fin mars, lorsque l'assurance-emploi prendra fin. C'est une date limite. Nous avons actuellement trois jours de séance pour faire en sorte que cela fonctionne avant la semaine dans nos circonscriptions la semaine prochaine. En même temps, nous savons que le Sénat siège la semaine prochaine, alors ce que je propose, c'est que nous commencions l'étude préalable jeudi, en espérant que le projet de loi soit étudié. J'espère qu'il sera adopté à la Chambre pour que nous puissions l'envoyer au Sénat à un moment précis la semaine prochaine, afin que le projet de loi C-24 soit adopté, qu'il reçoive la sanction royale et qu'il empêche toute interruption des prestations d'assurance-emploi pour les Canadiens qui risquent de les perdre.
Monsieur le président, j'ai ici une motion que j'aimerais lire, si cela vous convient.
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Merci, monsieur le président.
Il y a une ou deux choses. Je pense que nous comprenons maintenant où était cette mystérieuse troisième heure jeudi. Il est décevant que nous venions d'approuver le rapport du sous-comité. Cela fait plusieurs semaines que nous nous sommes réunis en sous-comité et que nous avons eu tout le temps de discuter avec les membres du Comité de cette très longue motion et que tous les membres pourraient peut-être appuyer.
Je constate que nous avons eu une bonne discussion sur l'une des motions de Mme Chabot concernant la nécessité de donner un préavis suffisant pour la traduction et que tout cela a été oublié alors que nous aurions eu amplement le temps de présenter cette longue motion. Je demande que la motion soit immédiatement envoyée par courriel à tout le monde.
Ce que j'ai également trouvé intéressant, c'est que non seulement vous n'avez pas fait circuler la motion, monsieur Kusmierczyk, mais que mon bureau a communiqué avec le cabinet de la ministre aujourd'hui et qu'elle n'a rien reçu du tout. Il s'agit bien d'une surprise pour le Comité, sans aucune collaboration, et c'est très décevant.
Enfin, monsieur Kusmierczyk, je mentionnerais qu'après la séance d'information sur le projet de loi avec la ministre, je vous ai immédiatement envoyé un courriel avec une question précise sur ce projet de loi, et vous ne m'avez jamais répondu. Vous aviez dit que vous le feriez, mais vous ne l'avez jamais fait. Je trouve intéressant qu'il y ait cette urgence de la part de votre gouvernement, monsieur Kusmierczyk et des membres du Comité, et pourtant vous ne m'avez même pas répondu à une question très simple que je vous ai envoyée par courriel.
Alors, de quoi s'agit-il? Est-ce de la politique ou est-ce que vous vous souciez vraiment du bien-être des Canadiens? Tout ce cinéma qui se déroule actuellement au sein du Comité ne me semble pas très clair. C'est très décevant, étant donné que les conservateurs ont dit très clairement qu'ils étaient en faveur de l'octroi d'aides aux Canadiens, et pourtant le discours des libéraux jusqu'à présent a été que nous avons retardé les choses, alors que ce projet de loi aurait dû être présenté il y a très longtemps.
Comme cela nous l'a été dit aujourd'hui, votre gouvernement a appris que les 26 semaines limitées d'assurance-emploi susciteraient des préoccupations au début du mois de janvier, mais ce n'est qu'à la fin du mois de février que vous avez présenté ce projet de loi aux partis d'opposition. Notre première occasion d'en débattre était lundi; nous voici mardi, et votre gouvernement dit que nous le retardons.
Je pense aussi que c'est un peu précipiter les choses, mais nous ne savons pas ce que nos leaders à la Chambre vont négocier, et ce projet de loi pourrait franchir toutes les étapes cette semaine. Qui sait?
Je suis très déçue de la nature non coopérative des députés libéraux du Comité aujourd'hui.
Merci, monsieur le président.
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Je suis sûr que, du côté de l'opposition, le calendrier semble comprimé. Je vous dirais qu'en tant que secrétaire parlementaire qui a dû faire passer des projets de loi dans un ministère, au ministère des Finances et au Conseil du Trésor, tout en respectant les privilèges parlementaires, je ne peux pas parler d'un projet de loi avant qu'il ne soit présenté au Parlement. Nous sommes confrontés à deux calendriers, contrairement à l'opposition, qui subit les conséquences de ce processus.
J'espère que l'opposition ne considère pas cela comme du cinéma. Je pense que c'est le mot utilisé pour le décrire. Nous avons un défi de taille à relever pour soutenir les Canadiens, et nous avons une énorme responsabilité, soit veiller à ce que ces prestations ne soient pas interrompues afin que la vie des gens ne soit pas mise en danger. Il n'est pas facile de toujours produire une loi à un jour, une heure et selon un calendrier précis établi par le Comité pour s'occuper de ces questions.
La COVID ne nous a pas facilité la tâche avec les appels et les réunions Zoom. Nous connaissons tous les problèmes de bande passante que posent l'organisation des comités et leurs déplacements. Si nous étions tous à Ottawa, il y aurait eu une façon bien différente de gérer bon nombre de ces choses, mais nous nous serions quand même heurtés à l'impossibilité de parler d'un projet de loi avant qu'il ne soit déposé à la Chambre; sinon, une accusation d'outrage au tribunal serait déposée contre nous très rapidement. Vous savez comment ces choses fonctionnent, et nous devons respecter ces paramètres du mieux que nous pouvons.
Je vous assure que nous agissons de bonne foi pour avancer ensemble, mais l'objectif ici est d'aider les Canadiens et de faire démarrer cette législation. Si les leaders à la Chambre peuvent s'entendre sur la façon d'accélérer l'adoption de ce projet de loi, tant mieux poux eux. Mais en tant que gouvernement, nous devons nous préparer à toutes les éventualités. En toute bonne foi, c'est exactement ce que nous faisons, et c'est pourquoi la motion a été présentée comme nous l'avons présentée.
Nous avons la responsabilité fondamentale de relever les défis qui sont abordés dans le projet de loi, mais aussi de le livrer aux Canadiens. J'espère que nous pouvons reconnaître que, dans cette situation, le temps n'est pas notre ami, mais les membres de l'opposition sont toujours nos amis. Espérons que nous travaillons ensemble pour obtenir un résultat positif.
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Merci beaucoup de votre accueil. Je suis heureux d’être ici.
Je voudrais commencer par dire que nous appuyons certainement le principe consistant à essayer de procéder à une étude rapide du projet de loi, compte tenu des contraintes de temps auxquelles nous sommes confrontés. Il y a là un peu de frustration, car je pense que ces dates ne sont pas des dates surprises ou qu’elles sont apparues soudainement. Il s’agit de dates limites qui sont établies depuis longtemps. Je pense qu’il est toujours préférable de se mettre au travail tôt sur ces choses. Bon nombre des propositions relatives au soutien du revenu, en tout cas du côté législatif, avaient cet aspect de dernière minute lorsqu’elles ont été présentées au Parlement à l’automne... avec la prorogation que nous connaissons tous. Je regarde M. Long. Il a participé à certaines des réunions du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre où nous avons discuté de cela en détail.
Je pense qu’à un certain moment, il incombe au gouvernement de respecter ces échéances afin de ne pas toujours entraver le processus parlementaire, mais nous devrons continuer à le faire d’une manière ou d’une autre afin d’offrir un soutien aux Canadiens. Ce n’est pas un choix que nous devrions avoir à faire, à mon avis. J’implore le gouvernement de se ressaisir et de faire avancer les choses plus rapidement.
Cela dit, je veux parler de certains détails de la proposition, car je pense qu’il est utile de procéder à une étude précoce qui pourrait contribuer à accélérer le processus. Je tiens à souligner que le projet de loi a été présenté et qu’on nous demande maintenant d’établir un calendrier assez rigide quant à la façon dont il se cheminera jusqu’au Comité avant même que les partis n’aient eu l’occasion de se réunir dans le cadre de leur réunion de caucus habituelle du mercredi. Je crois que le projet de loi a été déposé à la dernière séance du jeudi, et nous n’avons pas encore eu de séance le mercredi. La date limite de présentation des amendements proposés dans la motion est demain à 17 heures. Cela me semble assez court.
Je remarque également qu’il y a des députés à la Chambre dont le parti n’a pas de siège à cette table et qui découvriront, si le Comité décide d’adopter cette motion, soit très tard aujourd’hui, soit tôt demain, et qu’ils ont moins d’une journée pour communiquer avec le conseiller législatif et essayer de préparer des amendements. Il me semble que le délai de présentation des amendements est un peu court, puisque nous ne savons pas quand le projet de loi sera soumis au Comité. J’aimerais essayer d’accorder un peu plus de temps pour l’examen des amendements potentiels. Nous pourrions le faire soit en supprimant le point e), qui fixe la date limite, soit en ajoutant une mise en garde selon laquelle les gens doivent soumettre leurs amendements essentiellement dans un délai de un jour de séance après l’adoption du projet de loi par la Chambre.
Je pense qu’il y a là une certaine souplesse. Je ne veux pas que cela nous empêche de faire des progrès aujourd’hui pour ce qui est de lancer l’étude. Je pense qu’il faut tenir compte du fait que certains députés ne savent peut-être encore rien de ce projet de loi, mais qu’ils s’y intéressent néanmoins et qu’ils ont besoin de temps pour préparer les suggestions qu’ils souhaitent faire de manière constructive au Comité.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Tout d'abord, je suis d'accord avec vous tous, bien que nous n'ayons pris connaissance de l'essentiel de la motion que de façon verbale en ce qui a trait à l'étude préliminaire du projet de loi . Cependant, pour votre gouverne, je rappellerai, puisque j'ai été citée, que j'avais présenté au Comité une motion de régie interne qui avait le même objectif, soit que les motions doivent être présentées par écrit et être traduites dans les deux langues officielles. Cette motion a été rejetée. Il ne faut donc pas se plaindre maintenant de ne pas avoir reçu une motion par écrit dans les deux langues. Ma proposition n'a pas été retenue, parce que vous disiez que cela allait retarder les travaux.
Cela étant dit, il est assez inhabituel de fonctionner au cas par cas lorsqu'il s'agit de faire une étude préliminaire d'un projet de loi qui n’a toujours pas été reçu. Malgré cela, dans le cas qui nous occupe, nous savons que la situation est urgente. Je comprends que nous ayons manqué de temps parce que les conditions n'étaient pas idéales, mais il aurait fallu être plus vigilants et plus prévoyants.
Nous nous sommes retrouvés dans une situation semblable à la suite du discours du Trône qui a été prononcé au retour de la prorogation. Nous avons dû adopter et prolonger des mesures temporaires de toute urgence parce que certaines d'entre elles allaient prendre fin. Cela se passait à la Chambre, et non au Comité.
Nous pourrions cependant être prévoyants, cette fois-ci. Il est vrai que le projet de loi a été déposé hier, le lundi 8 mars, mais chaque parti a quand même eu le temps d'en prendre connaissance. Il y a eu des séances d'information technique par la suite. Nous n'étions donc pas complètement dans l'inconnu, lundi matin.
Je suis d'accord pour dire que nous devons être prévoyants, mais en même temps, il faut prendre en compte la situation existante. Si rien n'est fait et que nous n'accélérons pas les choses, ce sont des milliers de travailleuses et de travailleurs qui seront pénalisés. Est-ce cela que nous voulons? Ma réponse est non, et c'est pourquoi j'appuierai cette motion.
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Je reconnais tout à fait certaines des préoccupations qui ont été soulevées par les députés, et je sais qu’il s’agit d’une motion inhabituelle, d’une demande inhabituelle, mais encore une fois, la situation est telle que nous sommes confrontés à une situation urgente, et j’aimerais que nous tous, si possible, en ce moment, nous nous concentrions vraiment sur ce qui est la question importante de l’heure ici, soit de procéder à l’étude au Comité ici.
Cela n’influence en aucun cas les délibérations du caucus. Cela n’influence d’aucune façon le résultat des délibérations à la Chambre. C’est distinct. Mais encore une fois, en prévision des mesures positives qui seront prises à la Chambre, cette motion nous permet de commencer notre travail et, éventuellement, de le conclure ici, au Comité, afin de ne pas retarder l’adoption éventuelle de cette importante loi.
Je voulais simplement souligner que nous nous retrouvons dans cette situation. Il y a des Canadiens qui comptent sur nous pour que nous nous concentrions sur cette question et fassions ce que nous pouvons pour faire adopter cette loi, qui est absolument essentielle. Cela ne préjuge en rien de ce qui se passe à la Chambre, de ce qui se passe au caucus. Ces conversations auront lieu, mais cela nous permet de prendre les devants et de commencer le travail ici, au Comité, afin de nous assurer que ce projet de loi sera adopté en temps opportun, espérons-le.