Bienvenue à la séance no 26 du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes. La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier 2021. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 28 octobre 2020, nous poursuivons notre examen du régime d'assurance-emploi.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins. Nous allons commencer la discussion par une déclaration préliminaire de cinq minutes, puis nous passerons aux questions. Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui l'honorable Carla Qualtrough, ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'œuvre et de l'Inclusion des personnes handicapées. Nous accueillons également des représentants du ministère de l'Emploi et du Développement social: M. Graham Flack, sous-ministre; Mme Lori MacDonald, sous-ministre déléguée principale et chef de l'exploitation pour Service Canada; M. Cliff Groen, sous-ministre adjoint principal, Direction générale des prestations et des services intégrés de Service Canada; et M. Elisha Ram, sous-ministre adjoint délégué, Direction générale des compétences et de l'emploi.
Je vais sauter le reste de l'introduction. Après tout, nous sommes un groupe de parlementaires d'expérience, et les témoins le sont tout autant; nous sommes ici pour poser des questions, et eux, pour y répondre, alors commençons immédiatement.
Bienvenue encore une fois au Comité, madame la ministre. Vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux membres du Comité de m'avoir invitée aujourd'hui.
Je tiens à souligner que je vous parle aujourd'hui depuis le territoire ancestral des Premières Nations Tsawwassen et Musqueam.
[Français]
Je tiens tout d'abord à souligner le travail que vous faites dans le cadre de l'étude du régime d'assurance-emploi. Je suis convaincue que vos conclusions seront utiles, alors que notre gouvernement procède à la modernisation de ce régime.
[Traduction]
Vendredi dernier, nous avons appris que plus de 303 000 emplois avaient été créés au Canada en mars. Le taux de chômage a donc reculé et se situe maintenant à 7,5 %, le plus faible depuis le début de la pandémie. Même si nous trouvons encourageant de retrouver 91 % des emplois perdus pendant la pandémie, de nombreux Canadiens et Canadiennes restent au chômage ou voient leurs heures réduites, surtout en raison des restrictions qui se poursuivent et des nouvelles ordonnances de confinement. Je tiens à souligner en particulier les difficultés que vivent les jeunes et les femmes.
Au cours de la dernière année, la pandémie de la COVID-19 a révélé à quel point le régime d'assurance-emploi n'est pas adapté aux modes de travail des Canadiens et Canadiennes ni assez flexible pour répondre aux tendances émergentes du marché du travail. Nous avons également pu constater les lacunes du régime d'assurance-emploi pour ce qui a été de réagir à la pandémie.
Premièrement, le régime d'assurance-emploi ne nous a pas permis d'aider tous les travailleurs du Canada qui ont perdu leur emploi à cause de la pandémie. Deuxièmement, nous avons été incapables de traiter efficacement le grand volume de nouvelles demandes et de faire en sorte que les Canadiens et Canadiennes obtiennent rapidement de l'argent pour payer leurs factures et se nourrir.
[Français]
Nous avons donc pris la décision stratégique de sortir du cadre de l'assurance-emploi pour apporter un soutien immédiat à tous les travailleurs canadiens touchés. C'est ainsi qu'est née la Prestation canadienne d'urgence.
[Traduction]
En collaborant avec les divers ministères et les députés de tous les partis, nous avons pu très rapidement concevoir et élaborer une nouvelle prestation, puis nous l'avons inscrite dans la loi et mise en œuvre tout aussi rapidement. Plus de huit millions de Canadiens et Canadiennes ont reçu la PCU durant cette période d'extrême incertitude.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, le régime d'assurance-emploi a été édifié et réorienté durant de nombreuses décennies par les gouvernements successifs, dont les priorités changeaient au fil des années. La conséquence est que le régime d'assurance-emploi est maintenant le système le plus complexe du gouvernement du Canada.
Chers collègues, nous avons maintenant la possibilité de rendre le régime d'assurance-emploi plus inclusif ainsi que mieux adapté aux besoins des travailleuses et travailleurs canadiens d'aujourd'hui. Depuis 2015, nous avons fait d'importantes modifications au régime d'assurance-emploi, par exemple en améliorant les dispositions sur le travail pendant une période de prestations, en prolongeant les prestations parentales et en créant la prestation pour proches aidants. Nous avons aussi apporté d'importants changements au régime d'assurance-emploi en septembre dernier pour que les Canadiens puissent passer efficacement de la PCU au régime d'assurance-emploi. Ces changements comprennent un taux national d'emploi unique, un crédit d'heures pour les prestations régulières et les prestations spéciales, un taux minimal de prestations hebdomadaires de 500 $ et la simplification des mesures pour diminuer le temps de traitement.
Je veux souligner que plus de 3,9 millions de demandes d'assurance-emploi ont été reçues depuis septembre dernier, en plus des 2,7 millions de demandes reçues pour la PCRE, la PCMRE et la PCREPA.
Ces changements temporaires du régime d'assurance-emploi sont en place pour un an, et ils expireront le 21 septembre 2021, ce qui veut dire que, à cette date, les paramètres du régime reviendront à ce qu'ils étaient avant la pandémie. Nous devons donc, dans le cadre de nos efforts pour moderniser le régime d'assurance-emploi, prendre en considération l'échéance de septembre 2021.
[Français]
Nous devons également tenir compte de la fragilité et de la complexité du régime d'assurance-emploi lui-même. Nous devons établir les priorités non seulement en fonction des résultats politiques souhaités, mais aussi en fonction du temps qu'il faudra pour effectuer un changement particulier. Nous devons aussi tenir compte de l'effet d'un changement sur notre capacité d'effectuer d'autres changements. C'est pourquoi l'ordre des changements systémiques devient un élément important à prendre en considération.
[Traduction]
Nous sommes sans doute tous d'accord que nous parlons depuis longtemps de changer ou de moderniser le régime d'assurance-emploi. D'ailleurs, certaines modifications liées à la COVID que nous avons apportées au régime d'assurance-emploi étaient réclamées depuis des années par les intervenants.
[Français]
De plus, les intervenants et les experts m'ont dit très clairement qu'ils voulaient absolument apporter leur contribution, mais qu'ils voulaient aussi que des mesures concrètes soient prises.
[Traduction]
Compte tenu de tout cela, au cours des semaines et des mois à venir, notre gouvernement annoncera aux Canadiens et aux Canadiennes sa vision pour un régime d'assurance-emploi moderne et inclusif ainsi que son plan pour y arriver, y compris ce que nous allons faire par rapport au retour à l'ancien régime prévu en septembre 2021 et notre projet de mener des consultations continues sur des composantes précises du régime d'assurance-emploi.
Chers collègues, un régime d'assurance-emploi efficace devrait garantir des prestations accessibles et adéquates, équitables pour toutes les régions et tous les travailleurs au chômage, limiter les obstacles au retour au travail et, de façon plus générale, promouvoir la vigueur du marché du travail. Même si cela peut sembler ambitieux, je suis convaincue que nous pouvons y arriver et offrir cela aux Canadiennes et aux Canadiens.
Merci. Je suis prête à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame la ministre, d'être avec nous aujourd'hui.
Plus tôt, à la réunion du comité des comptes publics, j'ai parlé longuement avec le sous-ministre Flack et quelques autres personnes à propos du demi-milliard de dollars qui a été versé aux bénéficiaires de la PCU qui ont voulu — ou qui ont pu — doubler leurs prestations. Ils ont demandé à la fois la PCU et des prestations d'assurance-emploi. Je suis sûre que vous vous en souvenez.
Le sous-ministre Flack a dit qu'environ un demi-million de personnes — 500 000 — avaient cumulé les prestations. J'ai demandé pourquoi cela n'avait pas été expliqué, et on m'a répondu que, de fait, il était expliqué sur le site Web d'EDSC que les gens pouvaient demander l'une des deux prestations, mais pas les deux.
Mais ce qui me préoccupe, madame la ministre, c'est que tout cela a entraîné un énorme coût supplémentaire — un demi-milliard de dollars —, et même si je sais qu'une partie de l'argent a été récupéré et que l'ARC va s'efforcer de récupérer une grande partie de l'argent auprès des fraudeurs de la PCU, nous savons que cela va prendre des années.
À ma connaissance, est-ce que... Votre sous-ministre et vous saviez que cela allait arriver, que le problème tenait à la technologie, et vous saviez que des gens allaient demander les deux prestations.
Ma question est donc la suivante: pourquoi n'a-t-on pas expliqué plus efficacement au public qu'il ne pouvait pas demander cela? Du côté de la population, 500 000 personnes ont fait cette erreur et ont demandé les deux. Compte tenu des conférences quotidiennes, vous avez eu toutes les occasions au monde de l'expliquer. Pouvez-vous dire au Comité pourquoi cela n'a pas été pris davantage au sérieux?
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Je me souviens d'avoir rappelé très souvent aux Canadiens de seulement demander l'une ou l'autre. À dire vrai, nous savions très pertinemment que les Canadiens qui étaient impatients et bien sûr préoccupés, parce qu'ils avaient des factures à payer, allaient rapidement demander la deuxième prestation s'ils n'obtenaient pas de réponse relativement à la première.
J'ai l'impression que nous l'avons expliqué régulièrement aux Canadiens. Je l'ai certainement fait dans mes discours. Je peux vérifier à quelle fréquence nous l'avons fait. Je ne m'en rappelle pas, mais j'ai l'impression que c'était fait régulièrement.
Un autre point important à souligner ici est que, quand ce problème particulier a été réglé, nous nous sommes débrouillés pour expliquer très clairement aux Canadiens que, s'ils avaient fini par recevoir deux prestations, ils pourraient seulement recevoir des prestations pendant le nombre maximum de semaines auxquelles ils avaient droit pour toute la PCU, et qu'ils devraient donc préparer leur budget en conséquence.
Je me souviens d'avoir souvent dit aux gens que, s'ils avaient obtenu deux paiements dans une période de deux semaines, cela voulait dire qu'ils avaient obtenu deux de leurs — à l'époque — sept paiements et qu'ils devaient donc surveiller leurs dépenses, parce qu'ils avaient reçu de l'argent à l'avance et qu'ils ne pourront pas, à la fin, présenter une septième demande.
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Oui, et je vous en remercie. Je sais que ces lettres ont été envoyées vers Noël aux gens qui avaient reçu de l'argent par erreur, mais ensuite, votre gouvernement a dit: « Ne vous en faites pas », alors il y a un léger problème de communication.
Je suis consciente du fait que c'est une situation d'urgence, que la tension est forte et que la fonction publique travaille d'arrache-pied, mais je crois que le fait qu'un demi-million de personnes ont demandé les deux prestations montre bien qu'il y a eu un problème de communication et que cela n'a clairement pas été assez bien expliqué, selon moi. Je vais m'en tenir là.
J'aimerais vous demander des commentaires sur l'examen de la PCU. Nous savons que l'ARC s'est engagée à réaliser un examen exhaustif de la PCU d'ici décembre 2021. Je sais que votre ministère était responsable de la PCU. Le sous-ministre Flack m'a assurée que vous avez entrepris un examen exhaustif, mais il n'a pas pu me donner une date, contrairement à l'ARC. Il a dit que cela allait être rendu public, et j'en suis satisfaite, mais pouvez-vous vous engager quant à une date pour cet examen, comme l'a fait l'ARC?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
La question portait sur la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique, et j'étais en train d'expliquer que tous les travailleurs canadiens qui ont été touchés par la COVID ont accès à cette prestation.
Si vous devez vous isoler, si vous êtes en quarantaine ou que vous avez la COVID, vous êtes admissible à cette prestation en tant que travailleur canadien, pendant quatre semaines à raison d'un versement par semaine, si vous avez perdu, à cause de la COVID, 50 % de votre revenu hebdomadaire.
Je pourrais ajouter que près de 500 000 Canadiens ont demandé cette prestation depuis qu'elle est offerte.
Pour les employeurs et les travailleurs et les autres intervenants, le fonctionnement du programme d'assurance-emploi est un enjeu réel. J'ai passé beaucoup de temps avec toutes sortes d'intervenants et d'experts pour recueillir leurs commentaires, pour apprendre et pour savoir quelles sont leurs priorités et leurs préoccupations. Nous avons entendu des représentants des syndicats et des groupes de travailleurs, alors je pourrais peut-être vous donner deux ou trois exemples.
Nous avons rencontré la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la Confédération des syndicats nationaux, la Centrale des syndicats du Québec, la Centrale des syndicats démocratiques, le Congrès du travail du Canada, la Société canadienne du cancer, la Société canadienne de la sclérose en plaques et, bien sûr, le commissaire des travailleurs et travailleuses de l'assurance-emploi, M. Pierre Laliberté. Nous avons réuni un groupe avec le Congrès du travail du Canada et beaucoup d'autres, comme les Syndicats des métiers de la construction du Canada.
Nous avons été très présents, parce que les intervenants veulent que nous les consultions, mais, parallèlement, ils veulent que les choses se fassent. Ils nous ont dit qu'ils approuvaient une approche selon laquelle les améliorations sont échelonnées, afin d'avoir plus de temps pour explorer les idées plus complexes et novatrices, par exemple du soutien pour les travailleurs indépendants, sans pour autant retarder les modifications qui font consensus ou quand les discussions sont plus avancées.
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C'est une bonne question.
Pendant la crise, nous avons été très prudents afin de ne pas mettre trop de pression sur le compte de l'assurance-emploi, parce que nous savions que cela pourrait entraîner, au bout du compte, une augmentation des cotisations, ce qui voudrait dire que les employeurs et les travailleurs paieraient le coût de la pandémie. C'est pourquoi nous avons décidé avant tout de ne pas imposer les coûts liés à la PCU pour les Canadiens admissibles à l'assurance-emploi au compte d'assurance-emploi, et donc de créditer le compte d'assurance-emploi. D'ailleurs, l'actuaire principal de l'assurance-emploi a même révisé les prévisions du compte pour refléter cela. C'est aussi la raison pour laquelle nous avons gelé les cotisations d'assurance-emploi pour deux ans.
Cela montre pourquoi il est important de consulter les intervenants. Par exemple, la FCEI a pu nous dire directement qu'elle trouvait cette question préoccupante, et qu'elle comprenait très bien que les grandes idées ont parfois de gros coûts.
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous remercie d'être parmi nous.
En ce qui a trait à la motion sur la réforme de l'assurance-emploi qui a été adoptée par notre comité, nous allons de l'avant. Nous souhaitions vous inviter pour que vous répondiez à nos préoccupations, et je pense que votre présentation a rempli cet objectif. Je vous remercie encore une fois d'avoir pris le temps de venir nous voir, et j'espère que nous aurons une copie de votre discours, si c'est possible.
Dans votre discours, vous avez dit que, au cours des prochaines semaines, vous alliez déjà étudier des changements qui pourraient être mis en place d'ici le 26 septembre ou le 21 septembre, où le retour au statu quo est censé avoir lieu, ce qui ne fonctionnerait pas. Quels types de mesures regardez-vous plus particulièrement?
Par exemple, parmi les mesures que vous avez adoptées pour assouplir les critères d'admissibilité à l'assurance-emploi, il y a les 420 heures de travail requises, l'établissement du taux minimal de chômage à 13,1 % et, maintenant, les 50 semaines de prestations.
Cela fait-il partie du genre d'allégement qui pourrait constituer une base pour travailler à ces questions?
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Vous savez, je ne peux pas et je serais réticente à me prononcer sur les éléments précis qui seront annoncés dans le cadre de notre vision et de notre plan pour la suite des choses, parce que, comme je l'ai mentionné dans ma dernière réponse, nous devons effectivement considérer les éléments du système au regard de tout lorsque nous en discutons.
Cependant, je peux vous dire que, par exemple, les changements qui ont été faits en réaction à la COVID — la simplification des mesures — seront examinés en priorité quand nous allons décider si nous devons les prolonger temporairement ou de façon permanente, parce que ce sont ces modifications qui vont être annulées sans intervention, si nous ne faisons rien. Il sera donc très important pour nous de décider, à la lumière des consultations et du travail de tous les membres de votre comité, si nous poursuivons avec le taux de chômage normal, si nous uniformisons les heures pour l'admissibilité ou la durée ou le taux des prestations ou si nous conservons le modèle simplifié pour le motif de cessation d'emploi ou pour l'indemnité de départ. Ce sont toutes des questions pressantes, compte tenu de la date limite de septembre.
Donc, ces questions ou ces éléments sont une priorité pour nous, et il y a aussi nos engagements — comme vous l'avez dit —, comme celui que nous avons pris par rapport aux prestations de maladie.
Je vais profiter de l'occasion, non pas pour vous poser la question au sujet des quatre semaines de congé de maladie, mais plutôt pour vous poser celle concernant les prestations spéciales de maladie, qui font partie du régime d'assurance-emploi.
Il y est question de prestations spéciales qui, depuis 50 ans, sont de 15 semaines. Je n'ai pas besoin d'illustrer le problème plus longuement, parce que je suis certaine que chacun d'entre nous connaît quelqu'un, que ce soit un citoyen ou une citoyenne de sa circonscription, ou un proche, qui est venu à son bureau pour lui dire qu'après 15 semaines, les prestations cessaient alors que cette personne souffrait d'une maladie chronique ou de cancer. J'ai une foule d'exemples. C'était le chaos chaque fois, parce que c'était sans issue. Nous savons que, 15 semaines, ce n'est pas suffisant. Une motion a été adoptée à cet égard pour porter à 50 semaines la durée maximale des prestations spéciales de maladie.
Travaillez-vous à rendre possible cette période de 50 semaines?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis contente de vous revoir, madame la ministre.
Depuis juillet dernier, l'organisme Campagne 2000 a réclamé une amnistie pour le remboursement de la PCU par les personnes à faible revenu. La recommandation a été déposée devant notre comité, et tout récemment, une pétition parlementaire a été lancée pour réclamer qu'une approche sur les droits de la personne soit adoptée à l'égard de tous ceux qui ont touché des prestations d'urgence afin de couvrir leurs dépenses essentielles, alors qu'ils en avaient le plus besoin.
Nous savons, par exemple, que le coût pour les familles vivant du Programme d'aide à l'emploi et au revenu et qui ont des enfants a augmenté simplement parce que les enfants passaient toute la journée à la maison, ce qui veut dire davantage de coûts pour la nourriture, l'électricité et l'eau. Il est donc demandé précisément, dans ces recommandations, d'offrir une amnistie pour le remboursement en fonction du revenu total annuel et de la taille de la famille; il est aussi demandé de cesser de réclamer de pénaliser quiconque a touché la PCU et qui est maintenant reconnu inadmissible.
Il a été dit clairement, lors des séances précédentes du Comité, que les instructions n'étaient pas claires quand la PCU a été lancée. Je crois que votre gouvernement a déjà démontré qu'il discutait de la possibilité d'annuler une partie des pénalités. Votre gouvernement est-il disposé à offrir une amnistie pour le remboursement de la PCU aux personnes à faible revenu qui ont touché la PCU, y compris les jeunes qui cessent d'être des personnes prises en charge?
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je voulais vous poser une question sur la commissaire des employeurs à l'assurance-emploi. Comme vous le savez, son mandat est arrivé à sa fin en janvier, après 10 ans. Son nom est Judith Andrew. Vous n'avez pas nommé un nouveau commissaire des employeurs à l'assurance-emploi.
Vous avez dit plus d'une fois au Comité aujourd'hui que vous comptez apporter des changements au régime d'assurance-emploi. J'ai l'impression qu'il s'agit de changements en profondeur. Je me dis que c'est probablement justifié, compte tenu de la technologie archaïque dont nous continuons d'entendre parler. Ce qui me préoccupe, c'est que ces changements soient faits sans que les employeurs aient eu leur mot à dire.
Selon la FCEI, 158 000 petites entreprises ont fermé leurs portes en juillet, l'été dernier, et elle estime que 220 000 autres entreprises vont aussi fermer. Cela me préoccupe, tout simplement, parce que si les employeurs et les petites entreprises ne sont pas présents à la table avec le gouvernement et le commissaire des travailleurs et travailleuses à l'assurance-emploi, cela veut dire qu'on écarte une voix importante, qui touche des millions d'emplois.
Êtes-vous en train de préparer la nomination d'une nouvelle personne? Pouvez-vous me dire à peu près quand cela va se faire?
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Merci, monsieur le président. Bon après-midi à tous mes collègues.
Madame la ministre, c'est merveilleux de vous revoir. Encore une fois, je tiens à vous féliciter de votre ouverture, de votre disponibilité et de votre transparence. C'est formidable.
Ma première question porte sur le régime d'assurance-emploi et le soutien à la formation. Il y a quelques séances, madame la ministre, nous avons accueilli M. Hassan Yussuf, le président du Congrès du travail du Canada, et il nous a parlé du chevauchement entre le régime d'assurance-emploi et les programmes de soutien à la formation.
L'une de ses recommandations au Comité était d'élargir l'initiative Action Compétences, qui permet aux travailleurs au chômage d'utiliser leurs prestations d'assurance-emploi pendant qu'ils suivent une formation. D'ailleurs, un certain nombre d'organismes demandent d'accroître l'intégration de la formation et de l'assurance-emploi. C'est quelque chose qu'on demande tout le temps.
Notre gouvernement ne s'est pas seulement engagé à moderniser le régime d'assurance-emploi pour le faire passer au XXIe siècle, mais aussi à faire le plus gros investissement dans la formation de l'histoire du Canada.
Madame la ministre, pouvez-vous nous faire part de vos réflexions quant à la façon dont la formation et le développement des compétences pourraient s'intégrer dans le cadre d'un régime d'assurance-emploi moderne et remanié?
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À mon humble avis, l'assurance-emploi et la formation sont inséparables. À dire vrai, l'accès à la formation pour les travailleurs au chômage a été l'une des raisons pour lesquelles nous avons fait la transition de la PCU à l'assurance-emploi en septembre dernier, pour que les travailleurs au chômage aient accès à de la formation, grâce à l'assurance-emploi.
Le régime de l'assurance-emploi comprend des outils pour aider et soutenir les Canadiens et les Canadiennes et les mettre en relation avec les types d'emploi et de soutien à la formation qui sont offerts par nos homologues provinciaux et territoriaux, pour les aider à rétablir leur lien avec le marché du travail.
Bien sûr, quand nous considérons l'avenir de l'assurance-emploi, nous devons trouver des façons d'améliorer l'accès à la formation et de vraiment faire en sorte que ce soit possible. Ce sera un rôle crucial, à mesure que nous aidons les travailleurs à faire cette transition et à s'adapter à la nouvelle réalité des emplois. De plus, même si nous faisons en sorte que plus de travailleurs aient accès à l'assurance-emploi, il y aura toujours des travailleurs qui pourraient bénéficier d'une formation, mais qui ne sont pas admissibles au régime d'assurance-emploi. Il faut être capable de rejoindre ces travailleurs également.
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C'est une bonne question.
Très tôt durant la pandémie, nous avons entendu des préoccupations de Canadiens occupant un emploi saisonnier, à savoir que leur AE allait bientôt être épuisée. En raison de la COVID, ils n'avaient aucun emploi vers lequel se tourner, donc nous nous sommes assurés que les critères d'admissibilité pour la PCU tenaient compte des personnes qui avaient récemment épuisé les prestations ordinaires d'AE ou les prestations de pêcheur. Nous nous sommes aussi attachés à nous assurer que ces travailleurs n'étaient pas laissés pour compte, sans soutien une fois la transition de la PCU faite, afin qu'ils puissent accéder à l'AE parce qu'ils avaient reçu le crédit d'heures nécessaire ou qu'ils puissent accéder à la Prestation canadienne de la relance économique.
Je pense aussi à ce que nous avons fait pour les pêcheurs indépendants dont le revenu aurait pu être touché par la COVID-19. Nous avons étendu les critères d'admissibilité pour qu'ils puissent utiliser le revenu assurable de la même saison en 2018 ou en 2019, selon ce qui était le plus avantageux pour eux.
Nous avons élargi le projet pilote saisonnier, bien sûr, qui devait expirer en mai 2020. Nous cherchons à savoir comment nous pouvons l'améliorer, le rendre permanent et le rendre plus accessible à un plus grand nombre de travailleurs saisonniers.
Monsieur Long, je vais poursuivre sur votre lancée.
Madame la ministre, s'il y a, entre autres, un élément à réformer dans l'assurance-emploi, c'est bien son trou noir, qui touche les travailleurs de l'industrie saisonnière.
L'industrie saisonnière est une industrie importante dans nos régions et dans certaines provinces. Pensons notamment à la pêche, aux forêts et au tourisme. Nous savons qu'entre deux emplois, c'est le néant.
Vous avez rencontré de grandes organisations. Il y a un consensus voulant qu'il faille mettre fin au trou noir de l'assurance-emploi au moyen de la réforme.
Madame la ministre, pour les travailleurs de l'industrie saisonnière, quelles seraient vos pistes de solution?
:
C'est toute une transition par rapport à la dernière question.
Nous connaissons l'importance du projet pilote pour les travailleurs saisonniers et la différence qu'apportent les cinq semaines pour combler l'écart entre le moment où les prestations prennent fin et le moment où la saison reprend.
Pour moi, c'est juste un exemple de plus de la façon dont de nombreux scénarios différents doivent être envisagés à mesure que nous apportons des changements à l'AE, parce que nous voulons vraiment nous assurer d'être là pour les travailleurs saisonniers.
[Français]
J'entends bien votre inquiétude.
[Traduction]
C'est très important pour moi que tout régime d'AE futur réagisse à ce trou noir et fasse en sorte que les travailleurs saisonniers, lorsque c'est approprié — et je pense que c'est une conversation vraiment importante que nous devons tenir — obtiennent des prestations élargies, et que l'on détermine ce à quoi cela va ressembler.
J'aimerais que des experts et vous tous au Comité me disiez quels changements possibles vous recommanderiez.
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En fait, ce sera moi, M. Redekopp.
Madame la ministre, j'aimerais soulever la question de l'échec systémique de votre ministère au moment de fournir des prestations d'AE à des femmes, sous votre direction. La question concerne les femmes qui accouchent prématurément.
Votre ministère accorde à des mères la prestation de proches aidants d'enfants alors que le bébé se trouve toujours dans l'unité de soins intensifs pour nouveau-nés. Une fois que le bébé est à la maison, la mère est censée passer aux prestations de maternité.
Le problème, c'est que chaque versement d'une prestation de maternité doit se faire manuellement pendant toute la durée de la maternité. Si l'agent de Service Canada ne traite pas manuellement les formulaires à temps, les paiements sont en retard.
Mes employés ont communiqué avec vos responsables au sujet du cas particulier de Darlene, dans ma circonscription de Saskatoon-Ouest. Darlene avait fait de nombreux appels à Service Canada pour changer ses prestations d'AE en prestations de maternité après qu'elle a donné naissance trois mois avant terme.
Elle a présenté une demande en octobre 2020, quelques jours après que son bébé a fini par rentrer de l'hôpital à la maison. Service Canada a rapidement interrompu ses prestations et lui a dit qu'il faudrait trois mois pour qu'elle commence à toucher les prestations de maternité. Mon bureau a dû intervenir à de multiples reprises auprès de vos représentants. Elle reçoit maintenant de l'argent, mais même il y a un mois, elle a téléphoné pour nous faire part d'un autre problème.
Madame la ministre, est-ce un échec systémique, le fait de refuser à des femmes des prestations de maternité, est-ce une politique gouvernementale officielle des libéraux ou simplement un manque de leadership ministériel de votre part pour aider les femmes?
Madame la ministre, j'aimerais juste de nouveau faire le suivi sur cette question de la PCRE et de l'AE. Je vous en ai déjà parlé.
Un de mes collègues dans le caucus conservateur vous a posé cette question mardi. Juste à titre de rappel, il semble y avoir des personnes qui ont une demande ou un dossier ouvert à l'AE, qui n'arrivent pas à toucher la PCRE, mais elles ne sont pas non plus admissibles à l'AE. Elles sont en quelque sorte coincées et n'arrivent pas à obtenir de soutien. Je pense que je vous ai parlé la dernière fois de ce jeune couple à Winnipeg qui a son premier enfant et passe des heures au téléphone avec l'ARC. Il n'y avait aucune solution pour ce couple à l'époque. L'ARC m'a confirmé que des milliers de personnes au Canada se trouvent dans cette situation.
J'ai été heureuse d'entendre M. Groen dire ce matin au Comité qu'il semble y avoir un processus en place. Mardi, vous avez dit que c'était votre priorité absolue. Je ne suis pas sûre de savoir si c'est en cours ou s'il y a une solution.
Pourriez-vous clarifier cela?
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Merci, monsieur Vaughan et madame la ministre.
Cela met fin à deux séries de questions complètes. Merci de votre disponibilité et de votre patience. Cela s'applique également à votre équipe, qui vous soutient de manière constante et compétente. Merci beaucoup d'être avec nous.
Mesdames et messieurs, nous allons suspendre pour deux minutes le temps de nous préparer pour le prochain groupe de témoins.
Encore une fois, merci, madame la ministre.
L'hon. Carla Qualtrough: Merci, monsieur le président.
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Nous reprenons nos travaux.
Aujourd'hui, le Comité se réunit pour reprendre son étude du régime d'assurance-emploi.
Madame Pohlmann, j'aimerais juste formuler quelques commentaires à votre intention.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme, et lorsque vous serez prête à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
L'interprétation dans cette vidéoconférence fonctionne comme dans une réunion de comité ordinaire. Vous avez le choix, au bas de votre écran, de choisir l'anglais, le français ou le parquet.
Lorsque vous prenez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être en mode sourdine.
J'aimerais non seulement vous souhaiter la bienvenue au Comité, mais aussi vous remercier d'avoir fourni un mémoire à l'avance. Pour que vous le sachiez, il a été distribué aux membres du Comité.
Mesdames et messieurs, voici Corinne Pohlmann, vice-présidente principale, Affaires nationales et partenariats, à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Vous avez la parole pour cinq minutes. Bienvenue.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Merci de me donner l'occasion d'être ici pour présenter le point de vue des petites entreprises en ce qui concerne l'AE.
Comme vous le savez peut-être, la FCEI représente environ 95 000 petites et moyennes entreprises partout au Canada. Dans le cadre de notre discussion, il est important de garder à l'esprit le sort actuel des petites entreprises au Canada. La COVID-19 les a durement touchées. Juste hier, nous avons publié de nouvelles données qui montrent que, en date du 13 avril, 56 % des petites entreprises étaient complètement ouvertes, 40 % avaient un effectif complet et juste 29 % étaient revenues à des ventes normales. Nous savons aussi qu'une petite entreprise sur six — environ 180 000 — risque de fermer, ce qui met en péril jusqu'à 2,4 millions d'emplois, et que presque les trois quarts des entreprises ont contracté de nouvelles dettes — en moyenne, 170 000 $ de nouvelles dettes. Elles n'ont tout simplement pas les moyens d'assumer de nouveaux coûts maintenant ou dans un avenir rapproché.
Les primes d'AE s'ajoutent au coût de l'embauche, en plus du RPC, et sont considérées comme indépendantes des profits, donc elles doivent être versées peu importe si l'entreprise fait de l'argent ou non. Puisque les petites sociétés ont tendance à avoir une plus forte concentration de main-d'œuvre que les grandes, elles se montrent aussi généralement plus sensibles aux coûts associés à l'AE, étant donné que les employeurs versent 1,4 fois ce que les employés payent.
Au début février, la FCEI a sondé nos membres sur l'AE et conclu que plus de 90 % étaient favorables à l'AE en tant que régime d'assurance en cas de perte d'emploi qui couvre les personnes qui y cotisent. Environ les deux tiers appuient aussi l'idée que les prestations de maternité, les prestations parentales ainsi que les prestations de maladie soient versées par l'intermédiaire du régime d'AE, mais seulement le tiers est favorable au fait que la formation des employés soit payée par l'intermédiaire du régime d'AE. Cela tient au fait que la formation des employés payée par l'AE qui existe tient rarement compte des besoins des petites entreprises, et c'est pourquoi 90 % veulent des programmes de formation payés par l'AE qui soient plus alignés sur les besoins et les priorités des entreprises.
Dans le cadre de votre examen du régime d'AE, il y a plusieurs choses que nos membres aimeraient voir examinées.
D'abord, plus des deux tiers sont favorables à des programmes de type réduction des cotisations qui peuvent aider à atténuer une partie des coûts associés à l'AE. Par exemple, les réductions de primes d'AE peuvent servir à encourager les petites sociétés à embaucher des jeunes, comme ce qui a été proposé par les libéraux durant la dernière campagne électorale, ou elles peuvent servir à compenser les coûts de formation pour les nouveaux employés et les employés existants. Il y a aussi un fort appui des petites entreprises pour rendre le régime d'AE plus équitable en passant à une répartition à parts égales des primes d'AE et en remboursant les cotisations excédentaires d'AE aux employeurs. Les cotisations excédentaires d'AE sont remboursées aux employés lorsqu'ils paient leurs impôts, mais les montants de l'employeur demeurent dans le régime d'AE. À tout le moins, ces fonds pourraient être redirigés vers un programme de réduction des primes afin de permettre aux employeurs de compenser les coûts de l'AE.
Nous croyons savoir que le gouvernement actuel cherche à ajouter une couverture d'AE pour les travailleurs autonomes. Lorsque nous avons demandé si la couverture ordinaire d'AE devrait être offerte aux travailleurs indépendants, seulement 8 % se sont montrés favorables à la couverture obligatoire. Toutefois, 73 % étaient ouverts à ce qu'elle soit volontaire.
Dans une enquête effectuée la semaine dernière, nous avons demandé à nos membres s'ils utiliseraient un régime volontaire d'AE pour les travailleurs indépendants, et 41 % ont dit qu'ils pourraient l'utiliser, 34 % ne l'utiliseraient pas, et 24 % n'étaient pas sûrs, attendant probablement de voir comment un tel programme fonctionnerait et combien il coûterait. Nous serions heureux de travailler davantage avec le gouvernement pour nous assurer que l'AE pour les travailleurs indépendants est quelque chose qui tiendra compte des besoins des propriétaires de petites entreprises qui sont eux-mêmes des travailleurs indépendants.
Une autre question qui a été abordée, c'est la prolongation des prestations de maladie. Les propriétaires de petites entreprises se trouvent dans une position unique, car nombre d'entre eux n'ont pas de couverture d'assurance-santé pour leurs employés ou eux-mêmes, et certains s'appuient donc sur le régime d'AE à cette fin. Nous avons demandé à nos membres en février si les prestations de maladie devraient être prolongées à 26 semaines. Nous avons découvert que 45 % de nos membres étaient favorables; 45 % s'y opposaient, et les 10 % restants n'étaient pas sûrs. Récemment, nous avons demandé s'ils souhaitaient prolonger les prestations de maladie à 50 semaines, et nous avons appris que 46 % continuaient de s'opposer à la mesure. Toutefois, le niveau de soutien a baissé à 35 %, alors que ceux qui se disaient incertains a doublé pour s'établir à 20 %. De toute évidence, on doit fournir plus de renseignements aux petits employeurs afin qu'ils comprennent les coûts et les avantages de prolonger les prestations de maladie pour le régime d'AE.
Enfin, j'aimerais effleurer certaines mesures de soutien temporaires qui sont fournies par le régime d'AE et la façon dont elles pourraient être perçues par des petites entreprises si certaines de ces caractéristiques devenaient permanentes. Comme dans le cas de la prolongation des prestations de maladie, nos membres sont passablement divisés par rapport à l'augmentation de la période minimale durant laquelle les travailleurs peuvent accéder à des prestations ordinaires d'AE, à l'augmentation du taux de remplacement à plus de 55 % et à la création d'une politique pour journées de maladie liées à la COVID de 500 $ par semaine pour deux semaines — maintenant quatre semaines — payées par l'intermédiaire du régime d'AE. Toutefois, la seule mesure liée à la COVID à laquelle se sont fortement opposés les trois quarts des petites entreprises consistait à fournir de façon permanente un minimum de 500 $ par semaine peu importe le montant précédemment gagné par le travailleur.
Cela tient probablement au fait que nombre d'entre eux voient cette approche comme une mesure dissuasive pour certaines personnes de retourner au travail. De fait, 43 % des propriétaires de petites entreprises ont dit qu'ils avaient du mal à maintenir en poste ou à embaucher des gens, parce qu'ils soupçonnaient qu'ils aimeraient mieux percevoir des prestations d'AE ou bénéficier d'autres mesures de soutien au revenu liées à la COVID. Ce chiffre est passé à 64 % parmi les gens de l'industrie de l'accueil. Durant les périodes avant la pandémie, seulement environ 17 % estimaient qu'il était difficile d'attirer des travailleurs, parce qu'ils pensaient qu'ils aimeraient mieux bénéficier de l'AE.
Il est important que tout changement permanent des prestations d'AE ne soit pas plus rentable que si les gens travaillaient.
Tous les détails dont je vous ai fait part se trouvent dans notre nouveau rapport, qui a été publié aujourd'hui, mais ils font aussi partie du mémoire qui vous a déjà tous été distribué.
Pour terminer, j'aimerais vous faire part d'une dernière recommandation: maintenant n'est pas le temps d'apporter des changements permanents au régime d'AE. Nombre de petites entreprises ont du mal à survivre et cherchent singulièrement des façons de garder leurs entreprises solvables afin de conserver leur propre gagne-pain et celui de leurs employés. Si on envisageait des changements permanents, alors la grande majorité de nos membres demanderait une consultation complète auprès des travailleurs et des employeurs assortie d'une analyse détaillée des coûts. En tant que bailleurs de fonds du régime d'AE, les employeurs et les employés méritent d'être pleinement renseignés sur les coûts et les avantages de toute proposition et devraient se voir offrir beaucoup d'occasions de fournir des commentaires.
Merci. Je suis impatiente de répondre à vos questions.
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Cette année a assurément été incroyablement difficile. Vu que nous sommes une organisation qui effectue des recherches par sondage depuis déjà des dizaines d'années, nous étions bien positionnés lorsque la pandémie a commencé pour communiquer rapidement avec nos membres afin de déterminer vraiment quelles étaient les répercussions et ce qui se passait. Je dirais même que nous étions probablement la seule organisation en mesure de le faire aussi rapidement que nous l'avons fait.
Beaucoup de cette recherche a été utilisée assez largement au sein du gouvernement, parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres recherches menées à ce moment-là. Pour notre sondage moyen, tout particulièrement au début de la pandémie, nous recevions 8 000 ou 10 000 réponses, ce qui était plus que suffisant pour nous assurer qu'il représentait la situation réelle. Même aujourd'hui, nous continuons de recevoir environ 4 000 à 6 000 réponses à chaque sondage.
Souvent au fil des ans, parce que nous sommes une organisation de défense des intérêts et que les gens vont dire que notre recherche est peut-être biaisée, nous avons mené beaucoup de recherches afin de tenter de confirmer que ce n'est pas le cas. Nous avons même découvert que, lorsque notre recherche est réalisée différemment par d'autres personnes, elle est essentiellement comparable à l'information que nous possédons. Des ministères ont reproduit notre recherche, parce qu'ils ne la croyaient pas nécessairement au début, puis ils ont découvert la même chose que nous.
Je dirais que ce n'est pas discutable. Cela reflète assez bien ce qui se passe dans les petites entreprises au Canada.
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Merci, monsieur le président.
Madame Pohlmann, merci beaucoup de vous être jointe au Comité aujourd'hui. Votre point de vue est certainement très important pour l'étude qui nous attend.
Mon père a déjà été propriétaire d'une petite entreprise, et j'avais l'habitude de travailler là-bas durant mes études secondaires. Je comprends à quel point les petites entreprises sont résilientes et à quel point elles sont importantes pour le quartier, donc, pour m'adresser à vos membres par votre entremise, je tiens à les remercier de faire ce qu'ils font.
Les petites entreprises sont aussi absolument essentielles à la relance économique après la pandémie. C'est pourquoi le gouvernement a introduit une série de programmes d'aide financière, y compris le CUEC, la subvention pour le loyer et la subvention salariale jusqu'en juin de cette année. Quels types de commentaires avez-vous entendus de la part de vos membres concernant ces programmes de soutien financier?
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Comme vous, je suis impatient de voir ce qui se trouvera dans le budget le 19 avril pour soutenir davantage les petites entreprises.
En mars dernier, les Canadiens se sont aperçus que le régime d'AE n'était tout simplement pas conçu pour gérer la pandémie sans précédent à laquelle nous sommes confrontés. C'est pourquoi la PCU a été créée, afin de soutenir ce qui, je pense, a fini par représenter huit millions de Canadiens ayant perdu leur emploi.
En septembre dernier, nous avons fait la transition vers un programme simplifié d'AE et avons créé la Prestation canadienne de la relance économique pour les personnes qui n'étaient pas admissibles aux conditions précédentes de l'assurance-emploi.
Selon ce que vos membres vous ont dit, à votre avis, comment la flexibilité prévue dans la PCRE créera-t-elle un plus grand incitatif au travail? Avez-vous entendu quoi que ce soit de leur part à ce sujet?
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Bonjour. Je vous remercie beaucoup de votre présence parmi nous.
Je salue la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, ou FCEI. Avant d'être députée, j'ai eu l'occasion de travailler avec la FCEI, particulièrement au Québec avec Mme Martine Hébert, à la Commission des partenaires du marché du travail, un lieu de dialogue social où les questions de main-d'oeuvre et des conditions de la main-d'oeuvre étaient très importantes.
J'ai lu votre mémoire et vos recommandations. La raison pour laquelle on a demandé à un comité de réformer le régime d'assurance-emploi, c'est parce que nous avons justement constaté que le régime actuel ne répondait pas aux besoins. Parce que vos entreprises sont importantes, le gouvernement a dû mettre en place d'autres mesures à cause de la crise. Il est vrai que cette crise est exceptionnelle, mais, sans ces mesures, cela aurait été difficile, et vous le reconnaissez.
L'objectif de rendre le régime d'assurance-emploi plus inclusif pour les travailleurs, c'est de garantir un meilleur filet de protection sociale. En ce sens, quelles mesures pourraient être adoptées pour améliorer le régime, selon votre expérience?
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Il y a beaucoup de choses à prendre en considération lorsqu'il s'agit de moderniser le régime d'AE, ce que nos membres ne sont pas opposés à faire, je pense. Le problème à l'heure actuelle, c'est que pour plusieurs de ces changements qui pourraient être envisagés ou qui sont proposés, nous ne savons pas exactement quelles en seraient les conséquences. Il y a beaucoup d'ouverture, comme je l'ai mentionné, et les membres sont très divisés sur des questions comme la prolongation des prestations de maladie. Ils sont très partagés quant à l'augmentation des 55 %... Je ne me souviens plus comment cela s'appelle maintenant, mais il s'agit du montant que vous recevez en prestations d'AE.
Nos membres seraient ouverts à l'idée d'examiner un certain nombre de choses en vue de moderniser le régime, mais il faut fournir beaucoup plus d'information sur les coûts et les avantages de ces régimes, afin que les employeurs qui paient 60 % du programme d'AE aient l'occasion de vraiment comprendre ce que ces changements représentent comme avantages pour la société et pour leurs employés. Pour beaucoup d'entre eux, s'ils doivent se départir de leurs employés, c'est souvent une chose très difficile à faire, et ils veulent s'assurer que leurs employés seront bien servis. Parallèlement, quels seront les coûts? Au final, ils devront en payer 60 %, et ils veulent être certains qu'il y a un bon équilibre et qu'ils ont la possibilité de faire des commentaires. Ce sont là quelques-unes des choses que nous devons examiner en premier lieu.
Il y a, bien sûr, certaines choses que nous aimerions voir pour les employeurs eux-mêmes. Ils aimeraient voir un peu plus d'équité au sujet de qui paie les cotisations. Pour les propriétaires de petites entreprises, c'est un coup dur à encaisser, et ils aimeraient donc voir une répartition plus équitable ou même un moyen de permettre aux propriétaires de petites entreprises de ne payer que 1,2 fois plus et, jusqu'à un certain seuil, 1,4 fois plus. Nous avons beaucoup d'idées pour rendre le régime d'AE plus acceptable et plus facile à comprendre et à utiliser pour les propriétaires de petites entreprises, surtout si nous commençons à faire d'autres rajustements au régime d'AE qui pourraient en augmenter le coût.
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C'est une question intéressante, car nous l'examinons souvent du point de vue des employeurs saisonniers. Ces derniers nous disent souvent qu'ils veulent vraiment garder leurs employés et qu'ils ne veulent pas qu'ils trouvent d'autres emplois entretemps, parce qu'ils ont été formés et qu'ils sont bien connus de l'entreprise. Les employeurs saisonniers veulent s'en assurer, mais ils ne peuvent pas les garder toute l'année puisque l'entreprise ne fonctionne vraiment disons que six mois par année. C'est un véritable défi.
Nous avons parlé à des employeurs saisonniers dans le passé. Beaucoup d'entre eux nous ont dit que pour pouvoir garder ces employés toute l'année, ils seraient prêts à payer un peu plus pour l'AE, par exemple. Il s'agirait d'un régime fondé sur l'expérience, comme c'est le cas pour la plupart des autres régimes d'assurance, de sorte que plus on l'utilise, plus on est en mesure de payer. C'est le point de vue de l'employeur.
Il y a peut-être d'autres solutions que nous pouvons envisager dans ces domaines particuliers où les travailleurs saisonniers sont une partie importante de la collectivité et de l'employeur. Si nous pouvons le faire, il y a peut-être des moyens d'être plus créatifs pour veiller à ce que ces employés soient là quand on a besoin d'eux. Évidemment, vous savez, nous voulons nous assurer que c'est équitable pour tout le monde, y compris pour le régime d'AE.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Le cœur et l'âme de ma circonscription de Winnipeg-Centre sont les petites entreprises. Je suis une grande partisane des petites entreprises locales. C'est grâce à elles que Winnipeg-Centre est vraiment dynamique. Nous avons même certains des meilleurs restaurants et chefs primés au pays: regardez Deer + Almond sur la chaîne Food Network. Je suis très fière de nos entreprises.
L'une des frustrations que j'ai ressenties, c'est de voir le gouvernement actuel donner des milliards et des milliards de dollars aux entreprises, alors que les petites entreprises de ma circonscription se battent pour survivre. Ces entreprises disent que s'il y a un autre confinement, elles ne pensent littéralement pas pouvoir s'en sortir. Cela va détruire notre collectivité, et nous savons que les petites entreprises représentent le plus grand employeur au monde — pas seulement au Canada, mais dans le monde entier.
Pensez-vous que l'aide qui a été offerte aux petites entreprises pendant la pandémie jusqu'à présent est suffisante?
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Je dirais qu'il y a eu une importante amélioration pendant la pandémie. Au tout début, certaines des premières idées qui ont été proposées étaient loin d'être suffisantes. Heureusement, après de nombreux commentaires et un travail de sensibilisation — non seulement de notre part, mais aussi de la part de plusieurs autres personnes — le gouvernement a réagi et a commencé à mettre en place des programmes beaucoup plus généreux.
Je dirais que le programme de subventions salariales et le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes ont été tous les deux très importants pour de nombreux propriétaires de petites entreprises et qu'ils ont aidé beaucoup d'entre eux à traverser des périodes vraiment difficiles.
Des améliorations pourraient-elles être apportées? Bien sûr, surtout pour ce qui est du programme de subvention pour le loyer, par exemple. Il y a assurément des choses que, selon nous, le gouvernement pourrait modifier afin de les rendre encore plus facilement accessibles. Elles continuent d'être des éléments vitaux.
Un aspect qui, à mon avis, mérite d'être abordé est la façon d'aider les petites entreprises à gérer la dette qu'elles accumulent, puisque pour beaucoup d'entre elles, il leur faudra des années avant de s'en remettre. Voilà un aspect sur lequel nous estimons qu'il faut encore travailler.
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Merci, madame Gazan. Voilà ce qui conclut le temps que nous avons.
Madame Pohlmann, je tiens d'abord et avant tout à vous remercier de votre patience. Bien qu'il semble que vous n'ayez pas eu beaucoup de temps devant le Comité, nous vous avons eu tout à nous, et vous avez probablement dû répondre à deux fois plus de questions au cours de la dernière demi-heure que si vous aviez dû partager le temps de parole. Nous apprécions certainement les conseils que la FCEI donne aux gouvernements successifs, et ce, depuis 50 ans.
Avant de lever la séance, je m'en voudrais de ne pas vous souligner l'excellent travail accompli dans ma province, l'Île-du-Prince-Édouard, par Erin McGrath-Gaudet au fil des ans. Elle a défendu avec beaucoup d'éloquence les intérêts des petites entreprises, si bien que lors du dernier changement de gouvernement, elle a été engagée comme sous-ministre de la croissance économique. La crédibilité dont elle jouit auprès du monde des affaires lui est très utile, ainsi qu'au nouveau gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard. Si cela constitue un indice du calibre du talent dont vous disposez, vous avez encore 50 ans devant vous.