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La séance est ouverte. Bienvenue à la quatrième séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui obéit à la formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre des communes du 23 septembre 2020. Les délibérations seront mises en ligne sur le site Web de la Chambre des communes. Pour votre information, en mode de webdiffusion, c'est la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité que l'on voit à l'écran.
Pour assurer le bon déroulement de la réunion, je vais commencer par les quelques règles à suivre.
Premièrement, les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Les services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Vous avez la possibilité, au bas de votre écran, de choisir entre l'anglais et le français. Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Je vous rappelle que les députés doivent adresser tous leurs commentaires à la présidence, et que, si vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. De la Société canadienne d'hypothèques et de logement, nous accueillons Romy Bowers, première vice-présidente, Solutions clients, et Lindsay Neeley, directrice, Solutions de logement pour les Autochtones et le Nord. Du ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, nous accueillons Chantal Marin-Comeau, directrice générale, Secrétariat de la réconciliation. Du ministère de l'Emploi et du Développement social, nous accueillons Janet Goulding, sous-ministre adjointe déléguée, Direction générale de la sécurité du revenu et du développement social, et Kris Johnson, directeur général, Direction des politiques en matière d'itinérance. De plus, du ministère des Services aux Autochtones, nous accueillons Chad Westmacott, directeur général, Direction générale des infrastructures communautaires.
Je crois comprendre que nous allons commencer par la SCHL.
C'est vous qui allez parler, madame Bowers?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je me joins à vous depuis Toronto, le territoire traditionnel non cédé des peuples Wendat, Anishnaabeg, Haudenosaunee, métis, et la Première Nation des Mississaugas de Credit.
Je me réjouis de comparaître devant votre comité au nom de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Nous sommes l'organisme national responsable de l'habitation au Canada et sommes guidés par une aspiration ambitieuse: faire en sorte que, d'ici 2030, tout le monde au Canada puisse se payer un logement qui réponde à ses besoins.
Afin d'atteindre cet objectif, nous savons maintenant que nous devons faire plus pour répondre aux besoins divers et urgents en matière de logement chez les peuples autochtones. En ce qui concerne les ménages autochtones vivant dans des communautés urbaines, rurales et nordiques, le taux de ceux en situation de besoin impérieux de logement est de 18 % comparé à la moyenne nationale de 12,7 %. Les besoins en logement sont plus accentués dans les territoires où environ un tiers des populations autochtones vivent dans des logements inacceptables. Il y a encore beaucoup à faire, mais il y a raison d'être optimiste.
Même en plein milieu de cette pandémie mondiale, la SCHL travaille avec acharnement avec ses partenaires nouveaux et existants afin de relever les défis incroyables créés par la crise de la COVID-19. À la SCHL, nous avons rapidement lancé de nombreuses nouvelles initiatives qui répondront aux besoins en matière de logement autochtones et nordiques. Par exemple, nous avons mis sur pieds une nouvelle initiative pour les refuges qui financera la construction de 12 nouvelles maisons d'hébergement pour les femmes et les enfants autochtones à travers le pays dans les cinq prochaines années. Nous aidons aussi près de 400 jeunes autochtones à se trouver de l'emploi dans le secteur du logement alors qu'il est difficile de dénicher du travail. De plus, le mois dernier, nous avons lancé une nouvelle initiative pour la création rapide de logements, sous la forme d'un programme de 1 milliard de dollars qui répondra aux besoins urgents en accélérant la création de logements abordables permanents.
En plus de ces initiatives récentes, nous continuons d'offrir des possibilités de financement dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement pour répondre aux besoins en matière de logement pour les Autochtones et le Nord. Lancée en 2017, la Stratégie nationale de logement a été développée avec les Canadiens et de nombreux partenaires, y compris les provinces et les territoires, les organisations autochtones et les fournisseurs de logement social. Plus de 55 milliards de dollars sont en voie d'être octroyés sous divers programmes et initiatives et nous avons accordé d'abord et avant tout la priorité aux besoins en matière de logement autochtone et nordique.
Par exemple, ces deux dernières années, nous avons investi plus de 121 millions de dollars au titre du Fonds national de co-investissement pour le logement afin de financer 577 unités répondant aux besoins de logement des autochtones et des résidants du Nord. Une somme de 125 millions de dollars, mise de côté dans ce fonds, vise des besoins spécifiques, y compris la réparation des ensembles de logements autochtones urbains ainsi que pour des projets dans le Nord.
Nous appuyons aussi des projets autochtones d'innovation, de recherche et de démonstration afin d'aider les communautés à explorer des modèles de logement ou des technologies culturellement adaptés et à la pointe de l'industrie.
Je tiens à souligner que les provinces et les territoires jouent un rôle crucial dans l'appui au logement autochtone et nordique. Par le truchement de nouvelles ententes bilatérales avec la SCHL, les provinces et les territoires mettent de l'avant de nombreux programmes dont la nouvelle Allocation canadienne pour le logement qui aidera les ménages à faible revenu à accéder un logement abordable.
De plus, 200 millions de dollars ciblés sont octroyés par le biais de l'initiative canadienne de logement communautaire afin de protéger et de préserver l'abordabilité des unités existantes des ménages autochtones. Bien que le financement visant les territoires ne soit pas spécifique aux Autochtones, celui-ci profitera aux peuples autochtones vivant dans le Nord: 447 millions de dollars octroyés par les ententes bilatérales avec les trois territoires, y compris 300 millions de dollars pour couvrir les coûts plus élevés du logement et des besoins dans le Nord.
Réduire l'itinérance chronique est aussi une priorité de la Stratégie nationale de logement et mes collègues à Emploi et développement social Canada vous parleront tout à l'heure du financement et des programmes existant pour répondre aux défis de l'itinérance.
Il existe plusieurs autres programmes sous l'égide de la Stratégie nationale de logement et nous travaillons d'arrache-pied pour que les fournisseurs de logement et les organisations autochtones puissent accéder à ces programmes et en profiter au maximum. Nous avons récemment créé une équipe chargée d'apporter des solutions de logement pour les Autochtones et le Nord afin d'apporter une aide dédiée à nos clients.
Cela étant posé, nous savons que, pour faire progresser la réconciliation, nous avons besoin de stratégies destinées aux peuples autochtones et dirigées par les peuples autochtones.
Nous sommes fiers d'être un partenaire actif des organisations de Premières Nations, d'Inuits et de Métis, ainsi que de Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, avec qui nous travaillons sur des stratégies de logement fondées sur les distinctions. Mes collègues de ces ministères pourront vous donner plus d'informations sur ces initiatives.
Nous collaborerons aussi avec nos partenaires autochtones, les fournisseurs de logements et d'autres afin d'identifier les lacunes et les besoins importants dans les régions urbaines, rurales et du Nord. Ce travail s'ajoute au plan plus large qui vise à répondre aux besoins importants en infrastructures dans les communautés autochtones.
Pendant plusieurs années, nous avons offert du financement par le biais de programmes de logement antérieurs destinés à favoriser la construction, la réparation ou la rénovation de logements dans les communautés autochtones. Nous fournissons également des outils et de la formation aux Premières Nations pour les appuyer avec la gestion, la construction et l'entretien. En 2019-2020 seulement, ces programmes ont contribué à la construction et à la rénovation de quelque 1 200 unités et au maintien des subventions au loyer pour 22 600 ménages.
À ces programmes s'ajoutent d'autres initiatives administrées par Services aux Autochtones Canada. La SCHL et ce ministère investissent quelque 326 millions de dollars par année pour les logements des membres des Premières Nations vivant dans les réserves.
Enfin, je dois dire que le vrai changement vient de l'intérieur et la SCHL veut faire sa part. Voici quelques mesures que nous avons prises à l'appui de nos initiatives de réconciliation.
Nous avons nommé une gestionnaire de haut niveau conseillère spéciale pour le logement autochtone et la réconciliation et nous sommes en train de mettre sur pieds un comité consultatif autochtone. Ce travail touchera à tous les secteurs de la société, y compris à nos pratiques commerciales et à nos relations avec les organisations et les peuples autochtones.
Nos efforts de réconciliation sont aussi appuyés par un groupe-ressource d'employés autochtones. Nous dispensons une formation à tous nos employés au sujet de la réconciliation. Nous allons aussi appuyer la transition de nos programmes en matière de logement autochtones vers l'autodétermination, la sollicitude et le contrôle autochtone.
Nous sommes heureux que ce comité compte étudier les lacunes et barrières dans le logement urbain, rural et nordique lors de son étude. Nous faisons tout notre possible pour contribuer à bâtir un avenir meilleur pour les peuples autochtones partout au pays.
Merci, monsieur le président. C'est avec plaisir que je répondrai aux questions du Comité au sujet de mes remarques liminaires.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup.
[Traduction]
Kwe kakina. Bonjour à tous, et merci de m'avoir invitée ici aujourd'hui.
Je tiens d'abord à reconnaître le territoire traditionnel de la nation algonquine où je me trouve actuellement. Je tiens également à reconnaître les territoires traditionnels où se trouvent les participants.
Je suis heureuse de représenter Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord, qui est chargé de superviser certaines des initiatives du gouvernement du Canada en matière de logement pour les Inuits et la nation métisse.
Un logement sûr, sain et abordable est le fondement qui permet aux personnes et aux familles d'obtenir de meilleurs résultats en matière de santé et au plan socioéconomique. Toutefois, pour les peuples autochtones, c'est aussi une façon de vivre leur culture, de rester en contact avec leurs communautés et de participer à la société et à l'économie.
Ce sont les raisons pour lesquelles, en 2017, par le biais du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne et dans le cadre de l'Accord Canada-Nation métisse, que les dirigeants fédéraux et autochtones se sont engagés à travailler ensemble pour prendre des mesures appréciables afin de répondre aux besoins importants en matière de logement.
Je suis donc heureuse d'avoir aujourd'hui la chance de vous parler de notre travail auprès des Inuits et de la nation métisse.
Commençons par quelques statistiques. Selon le rapport produit en 2017 par le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones, plus de 50 % des Inuits de l'Inuit Nunangat, le territoire traditionnel des Inuits, vivent dans un logement surpeuplé. On nous a dit, par exemple, que 15 personnes partagent une maison de trois chambres dont l'entrée et la chaufferie ont été transformées en chambres à coucher et où les enfants dorment à tour de rôle parce qu'il n'y a tout simplement pas assez de place.
Plus de 30 % des Inuits vivent dans des maisons qui nécessitent des réparations importantes. Le surpeuplement contribue au taux élevé de tuberculose dans les communautés inuites, qui est environ 300 fois plus élevé que celui observé chez les Canadiens non autochtones. Les Métis éprouvent un besoin impérieux de logement à un taux 25 % plus élevé que les Canadiens non autochtones.
C'est pour cela que, dans les budgets de 2016 et de 2018, le Canada a prévu un financement de 980 millions de dollars fondé sur les distinctions afin de répondre aux besoins de logement des Inuits et de la nation métisse. Cela comprend 80 millions de dollars en 2016 sur deux ans et 400 millions de dollars en 2018 sur 10 ans pour soutenir la stratégie de logement menée par les Inuits avec des investissements directs au Nunavik, au Nunatsiavut et dans la région des Inuvialuits. Ces investissements comprennent également un total de 500 millions de dollars en 2018 sur 10 ans pour soutenir la stratégie de logement de la nation métisse.
C'était la première fois que les investissements dans le logement autochtone, par leur conception et mise en œuvre, adoptaient une approche basée sur les distinctions.
La Stratégie de logement pour l'Inuit Nunangat, publiée en avril 2019, et le sous-accord sur le logement de la nation métisse signé en 2018, ont été conçus par les partenaires autochtones et seront mis en œuvre par les partenaires autochtones.
Les stratégies reconnaissent l'importance de la planification à long terme et des investissements directs aux partenaires autochtones, ainsi que la nécessité de miser sur l'innovation et l'expérimentation et de tenir compte des défis que pose le développement immobilier.
Voyons quelques-uns des résultats atteints jusqu'ici.
Depuis 2016, les régies du logement inuites ont supervisé la construction d'environ 480 unités de logement, et on estime que 550 autres devraient être achevées d'ici la fin des investissements du budget 2018. Depuis 2018, les régies du logement de la nation métisse ont supervisé la construction ou l'achat de près de 200 unités, en ont rénové un millier d'autres et ont subventionné les loyers de près de 1 200 citoyens métis.
Ces démarches conduisent directement à des opportunités d'emploi et d'affaires grâce à l'engagement ferme des dirigeants autochtones qui veillent à ce que le maximum d'avantages reste dans leurs communautés. Ces stratégies sont mises en œuvre de manière souple et innovante, en tenant compte des modes de vie, des traditions et de la culture autochtones.
En réponse à la pandémie de COVID-19, les partenaires autochtones ont orienté une partie des investissements en matière de logement vers l'octroi de subventions locatives d'urgence à court terme et la création de refuges temporaires pour les personnes vivant dans des logements inadaptés.
Comme vous pouvez le constater, des progrès ont été réalisés pour répondre aux besoins des Métis et des Inuits en matière de logement, mais il demeure d'importants défis à relever. Certains des défis actuels concernent uniquement la géographie. La construction de logements dans les régions éloignées se caractérise par une saison de construction courte et par le coût élevé des matériaux de construction et de la main-d'œuvre, ce qui affecte particulièrement les Inuits.
Une meilleure coordination au niveau des programmes et des services dispensés par les gouvernements fédéral, provinciaux et par les administrations municipales s'impose. Il existe actuellement une mosaïque complexe de programmes, de services et de possibilités de financement offerts par les différents paliers de gouvernement.
Les partenaires inuits et métis ont également constaté la nécessité de renforcer les capacités dans leurs régions afin d'assumer des rôles et des responsabilités plus importants dans le développement et la gestion du logement et de promouvoir l'innovation et l'expérimentation en matière de logement.
Nous savons également que le financement n'est pas cohérent ou suffisant pour répondre à l'ampleur du déficit de logements et qu'une planification à long terme est nécessaire.
Quelles seront les prochaines étapes?
Dans le discours du Trône de 2020, le gouvernement reconnaît la nécessité d'accorder une attention continue au logement dans les communautés autochtones et s'engage à faire des progrès constants pour accroître le nombre de logements sûrs et abordables pour les peuples autochtones.
Nous avons pris des mesures importantes avec les partenaires inuit et métis, guidés par l'engagement du Canada en faveur de la réconciliation avec les peuples autochtones et de l'autodétermination. Les résultats des stratégies actuelles indiquent que nous sommes sur la bonne voie, que les approches fondées sur les distinctions et l'autodétermination conduisent aux résultats les plus efficaces, mais qu'il reste encore beaucoup à faire.
Ensemble, nous pouvons faire en sorte que les besoins les plus immédiats en matière de logement soient satisfaits tout en établissant une base solide et égale pour le logement des Inuits et de la nation métisse.
Meegwetch.
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Merci, monsieur le président.
Je veux également souligner que je me trouve sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin et c'est de là que je me joins à vous ce soir. J'ai le privilège de travailler et de vivre ici.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, merci pour l'invitation à parler avec vous aujourd'hui à propos de l'approche adoptée par le gouvernement fédéral pour prévenir et contrer l'itinérance des Autochtones vivant dans les communautés urbaines, rurales et nordiques.
Ce soir, je décrirai le programme Vers un chez-soi, je ferai un bref historique des programmes fédéraux de lutte contre l'itinérance chez les Autochtones, et je donnerai un aperçu des efforts déployés actuellement par le gouvernement fédéral pour lutter contre l'itinérance chez les Autochtones, y compris dans les collectivités urbaines, rurales et nordiques.
Vers un chez-soi, la stratégie canadienne de lutte contre l'itinérance, est un programme communautaire visant à prévenir et à réduire l'itinérance au Canada. Le programme Vers un chez-soi a remplacé la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance en avril 2019 et représente un investissement de 2,2 milliards de dollars sur 10 ans pour contrer l'itinérance.
Dans le cadre de Vers un chez-soi, une aide financière directe est accordée aux entités communautaires. Ces entités sont des organisations responsables de l'administration du financement au sein de leur communauté ou région, en fonction des priorités et besoins locaux liés à l'itinérance.
Vers un chez-soi appuie les objectifs de la Stratégie nationale sur le logement, plus particulièrement ses objectifs visant à aider les Canadiens les plus vulnérables à conserver un logement sécuritaire, stable et abordable et à réduire l'itinérance chronique de moitié d'ici 2027-2028 — un objectif qui évoluera en lien avec les engagements exprimés dans le dernier discours du Trône.
Pour bien comprendre Vers un chez-soi, il est utile de se tourner vers les anciens programmes fédéraux en matière d'itinérance. La surreprésentation des Autochtones au sein de la population itinérante est connue depuis longtemps. Et des investissements considérables ont été accordés dans le cadre de la programmation fédérale axée sur l'itinérance pour résoudre ce problème.
En 1999, le gouvernement fédéral a lancé l'Initiative nationale pour les sans-abri. Ce programme a introduit un volet sur l'itinérance autochtone. Pour la première fois, un financement spécifique a été établi pour les organisations autochtones, afin de leur permettre d'offrir des programmes et des services qui répondaient aux besoins particuliers des Autochtones en situation d'itinérance ou à risque de se trouver dans cette situation.
Le volet initial de l'itinérance autochtone n'accordait que 8,1 millions de dollars annuellement à huit villes à l'étendue du Canada, mais le financement a par la suite été augmenté et élargi à d'autres communautés. L'investissement annuel total a éventuellement atteint 14,3 millions de dollars. Le budget de 2016 a par la suite doublé le financement accessible dans le cadre de ce volet, pour le porter à 28,7 millions de dollars par année.
Depuis le lancement de Vers un chez-soi, le financement visant la réduction de l'itinérance autochtone s'est étendu à 30 communautés urbaines et sept régions, y compris une récente expansion à la Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Le programme Vers un chez-soi reconnaît la surreprésentation des Autochtones au sein des personnes en situation d'itinérance, et c'est pourquoi le programme consacre $413 millions sur une période de neuf ans pour contrer l'itinérance autochtone. De ce montant, le programme prévoit 261 millions de dollars sur neuf ans, ce qui représente environ 29 millions de dollars par année, via le volet existant de l'itinérance autochtone du programme pour aider les organisations à fournir un soutien et des services adéquats sur le plan culturel à tous les Autochtones dans ces communautés.
De plus, dans le cadre du programme Vers un chez-soi, une nouvelle enveloppe budgétaire de 152 millions de dollars sur neuf ans a été créée pour élaborer et mettre en œuvre des approches à l'égard de l'itinérance fondées sur les distinctions.
EDSC travaille avec des organisations autochtones nationales, conformément aux mécanismes bilatéraux permanents, pour faire en sorte que les fonds répondent significativement aux besoins des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Nos dialogues visent à déterminer les priorités liées à l'itinérance et à conclure des ententes de financement afin d'adopter des approches fondées sur les distinctions.
Pour la première fois, nous explorons également un financement pour les signataires de traités modernes qui ont des dispositions dans leurs traités sur la santé et les services sociaux. EDSC a ainsi identifié vingt signataires de traités modernes qui répondent à ces critères en vue d'établir des ententes de financement. Les dialogues à ce chapitre sont à différentes étapes de progrès.
Je tiens par ailleurs à souligner que Vers un chez-soi a aussi établi un nouveau volet sur l'itinérance dans les territoires, assorti d'un financement de 23 millions de dollars sur cinq ans. Bien que le volet sur l'itinérance dans les territoires ne soit pas réservé aux Autochtones, il accorde néanmoins une grande importance à l'itinérance autochtone, compte tenu de la proportion élevée d'Autochtones dans chacun des territoires.
De plus, les deux autres volets de financement du programme Vers un chez-soi — le volet sur les communautés désignées et le volet sur l'itinérance dans les communautés rurales et éloignées — peuvent aussi contribuer à fournir du soutien et des services aux Autochtones.
Bien qu'il soit important de se rendre compte du fait que les investissements ont augmenté avec le temps et que des améliorations ont été apportées au programme, notre travail est loin d'être terminé. En 2018, 30 % de la population itinérante au Canada était autochtone, tandis que les Autochtones représentaient environ 5 % de la population totale.
La prévalence de l'itinérance autochtone et la surreprésentation des Autochtones dans la population itinérante demeurent des enjeux d'actualité. Les deux sont liés à l'expérience du colonialisme, aux traumatismes intergénérationnels, de même qu'à un certain nombre de facteurs structuraux, systémiques, individuels ou relationnels.
C'est pourquoi je suis reconnaissante de l'intérêt que porte ce comité à la question de l'itinérance autochtone, particulièrement dans le contexte du récent engagement pris lors du discours du Trône pour mettre fin à l'itinérance chronique, parce qu'il sera impératif de prévenir et de contrer l'itinérance autochtone si nous voulons atteindre cet objectif ambitieux.
Il me tarde donc de prendre connaissance de vos recommandations sur les meilleures façons de lutter contre l'itinérance des Autochtones vivant dans les communautés urbaines, rurales et nordiques et d'améliorer leur logement, et je ferai de mon mieux pour répondre à toutes vos questions.
Merci.
Merci de l'occasion de présenter le travail qu'entreprend Services aux Autochtones Canada en collaboration avec Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, Emploi et Développement social Canada, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, et les partenaires des Premières Nations afin d'aborder l'écart en matière de logement des peuples autochtones dans les réserves et hors réserve.
Avant de continuer, j'aimerais souligner que je me trouve sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine.
En guise d'introduction, je suis Chad Westmacott, directeur général de la Direction générale des infrastructures communautaires au sein de Services aux Autochtones Canada. Ma direction générale mène l'élaboration, l'interprétation et la mise en œuvre de politiques d'infrastructure qui favorisent l'accès qu'ont les collectivités de Premières Nations aux établissements d'éducation, à l'eau potable et au logement supérieur.
Le logement est un besoin fondamental pour tous les Canadiens, y compris les peuples autochtones, et tous devraient avoir accès à un logement sûr, adéquat et abordable.
Nous savons que les Premières Nations, les Inuits et les Métis font face à de mauvaises conditions relatives au logement, au surpeuplement et à l'itinérance plus souvent que la population générale. Nous savons aussi que le surpeuplement serait un indicateur clé de l'itinérance cachée, c'est-à-dire lorsque les personnes se logent temporairement sans prévoir un domicile fixe ou stable.
Le logement inadéquat peut nuire au mieux-être de la collectivité et de la famille. Par exemple, ne pas avoir accès à un endroit où dormir ou étudier peut avoir des effets sur l'éducation, la santé et la capacité de trouver un emploi et de le garder. Le logement est un déterminant social de la santé qui est essentiel et il influence grandement les personnes individuelles et les familles.
La COVID-19 a davantage illustré l'écart de logement et les répercussions du logement sur la santé des humains. Elle a également souligné l'importance de travailler avec les collectivités autochtones pour aborder leurs besoins relatifs au logement.
En ce qui concerne le logement dans les réserves, SAC appuie les Premières Nations en matière d'élaboration de solutions liées au logement durable et axé sur la communauté. Entre autres, SAC a fourni environ 140 millions de dollars en financement chaque année et, au cours des cinq années précédentes, 200 millions de dollars supplémentaires en financement à durée limitée dans le cadre du budget de 2016 et du budget de 2018, totalisant 1 milliard de dollars. On utilise ce financement pour satisfaire aux besoins en matière de logement ainsi qu'appuyer la construction et la réparation d'unités de logement des Premières Nations dans les réserves.
En date de juin 2020, SAC et la Société canadienne d'hypothèques et de logement ont appuyé conjointement la construction, la rénovation, la modernisation ou le raccordement aux services publics de 20 096 maisons et la viabilisation de 1 127 lots, au profit de 595 collectivités des Premières Nations. SAC appuie également 992 projets relatifs au développement de la capacité et à l'innovation dans des collectivités de Premières Nations. Ces projets comprennent la création et la mise en œuvre d'autorités de logement et de la formation en gestion du logement.
En avril 2019, le ministère a aussi lancé l'Initiative d'innovation pour la construction de logements dans les communautés autochtones, qui s'élève à 36 millions de dollars. L'initiative appuie directement l'innovation dirigée par les Autochtones et les idées axées sur la communauté qui mèneraient à de meilleures conditions sociales dans les collectivités rurales, urbaines et éloignées des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
L'appui que nous offrons aux Premières Nations par l'entremise de ces investissements améliore les conditions de vie de leurs membres et je suis ravi de vous en donner quelques exemples. La nation Anishnabe du Lac Simon a construit huit petites maisons jumelées qui conviennent aux personnes aînées et aux familles monoparentales afin de mieux satisfaire aux besoins des personnes vulnérables qui vivent seules.
La Première Nation Pelican Lake a présenté de nouvelles politiques de logement sur l'accession à la propriété, un programme d'entretien des logements pour les locataires et la formation pour un logiciel mis à jour que le personnel chargé du logement communautaire utilise dans le cadre de la gestion de logements dans les réserves. Ces mesures ont augmenté la capacité de la Première Nation à offrir à ses membres un logement convenable et de qualité pour les générations à venir.
Ces investissements ne constituent que la première étape vers la satisfaction aux besoins essentiels. À cet effet, SAC collabore avec l'Assemblée des Premières Nations et la Société canadienne d'hypothèques et de logement pour élaborer conjointement une stratégie de 10 ans des Premières Nations sur le logement et des infrastructures connexes. L'objectif global de la stratégie est d'améliorer les conditions de logement des Premières Nations et de s'assurer que toutes les Premières Nations ont accès à un logement sûr, adéquat et abordable pour favoriser des communautés durables et en santé.
Ce travail aidera les Premières Nations à fixer leurs priorités, à se préparer pour le transfert des programmes et des services de logement et à déterminer comment elles aborderont les questions liées au logement dans les collectivités rurales, urbaines et éloignées.
Les prochaines étapes de la stratégie comptent d'abord l'élaboration conjointe d'un plan de mise en œuvre qui décrit les résultats à court, moyen et long terme. Parallèlement, on rassemble des données et de l'information qui appartiennent aux Premières Nations afin d'éclairer davantage l'élaboration et la mise en œuvre de la stratégie.
Ensuite, SAC collabore avec des partenaires autochtones, dans l'optique de combler l'écart des infrastructures essentielles d'ici 2030 (y compris le logement), pour élaborer conjointement des plans qui appuieront des investissements dirigés par les collectivités dans l'infrastructure qui leur permettra de supprimer le déficit. En même temps, la vision à long terme est de stabiliser le financement en infrastructure pour s'assurer que les ressources sont disponibles afin de transférer avec succès les services de logement aux Premières Nations.
Enfin, j'aimerais vous remercier pour l'occasion d'illustrer le travail en cours au sein de mon ministère afin de combler l'écart de logement en collaboration avec des partenaires fédéraux ainsi que des peuples et des organisations autochtones.
Merci.
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Vers un chez-soi nous a permis de constater un certain nombre de choses.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, le gouvernement fédéral a considérablement accru son soutien au secteur des services destinés aux sans-abri partout au pays, mais la recherche d'une solution au problème des sans-abri est partagée avec les provinces, les territoires et les municipalités.
Dans de nombreuses collectivités, le gouvernement fédéral n'est pas le principal bailleur de fonds de ces services. Une grande partie du financement relève carrément de la compétence des provinces et des territoires, mais nous croyons que les fonds que nous versons assurent un soutien important, qui permet aux collectivités de gérer des éléments importants, comme un accès coordonné et des plans communautaires.
Dans le cadre du programme, nous encourageons fortement la coordination entre nos entités communautaires. Même si le volet de financement Communautés désignées est le plus important, lorsque des entités communautaires autochtones sont présentes, nous favorisons une collaboration étroite avec elles, afin que toutes les personnes sans abri reçoivent des services, peu importe leur origine ethnique ou culturelle.
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Merci, monsieur le président.
Je salue tous nos invités et les remercie de leurs témoignages.
J'aimerais faire un bref commentaire avant de commencer. Au cours des prochaines semaines, les parlementaires qui siègent au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées vont entendre des témoins qui leur feront part de leur vécu. Notre mandat consiste à étudier les obstacles et les défis relatifs au logement pour les Autochtones des trois régions. Pour les parlementaires, c'est tout un défi de départager les choses, de comprendre comment se coordonnent les programmes et de connaître chacun de ceux-ci. Je tiens donc à remercier nos analystes de nous avoir fourni des documents pour nous éclairer. Comment pouvons-nous nous coordonner et nous assurer que les divers programmes d'aide au logement et de lutte contre l'itinérance que vous nous avez présentés répondent aux besoins? Comment pouvons-nous surveiller les avancées, les reculs et les défis au fil du temps? Une réponse serait précieuse pour nous, mais vous n'êtes pas obligés d'y répondre. C'est quand même une réflexion importante.
Ma question s'adresse à Mme Bowers. La Stratégie nationale sur le logement prévoit, pour l'Inuit Nunangat, un investissement de 400 millions de dollars sur 10 ans afin de construire et de réparer des logements, notamment au Nunavik. Statistique Canada nous a fourni des données indiquant que 23 % des logements nécessitaient des réparations et que cela prenait de nouvelles unités.
Pouvez-vous nous indiquer précisément où en est cette initiative au Nunavik? Avez-vous des estimations concernant la situation?
Puisqu'il s'agit d'un projet échelonné sur 10 ans, comment fait-on pour s'assurer que, comme au Nunavik, on répond aux besoins et qu'on avance?
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Bonjour, madame Chabot. Je vous remercie de votre question.
Tout d'abord, cet investissement, qui s'échelonne sur 10 ans, en est à sa troisième année. Depuis le début, nous travaillons avec nos partenaires autochtones afin d'établir les plans, les priorités et le financement pour les régions, particulièrement au Nunavik.
Nous avons aussi une table trilatérale, à laquelle participent la province, le Nunavik et le gouvernement fédéral, afin d'établir les plans annuels, les projections, les réflexions et les interventions. J'ajoute que tout ce qui fait dans les régions inuites est mené par les Inuits, en collaboration avec les autorités locales et municipales.
Nous avons déjà vu du progrès, mais comme je l'ai mentionné dans mon discours, il y en a beaucoup plus à faire. Cela dit, nos partenaires inuits sont encouragés par un financement direct de la région. C'est évidemment un partenariat bâti sur l'autodétermination. Nous avons reçu beaucoup de commentaires positifs. Les lacunes sont décelées et les plans et les investissements sont déterminés par les Inuits. Il reste encore beaucoup plus à faire. Cela dit, j'espère avoir répondu à votre question.
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Merci, monsieur le président.
En raison du peu de temps dont je dispose, j'aimerais que Mme Marin-Comeau et Mme Goulding répondent brièvement.
Je tiens à remercier tout le monde d'être ici. Je sais que c'est une période très difficile, et je vous remercie de nous consacrer du temps aujourd'hui.
Étant donné que le gouvernement a récemment annoncé du financement pour la création rapide de logements et que Vers un chez-soi cible principalement, comme vous l'avez dit, les projets de logement pour les Autochtones et les femmes... Nous savons — surtout dans ma circonscription — que 70 % des membres de la communauté des sans-abri de Winnipeg sont des Autochtones. Même si j'ai apprécié travailler avec mon collègue Adam Vaughan pour que notre collectivité obtienne des ressources, l'affectation de 12,5 millions de dollars est nettement insuffisante pour répondre à nos besoins actuels, et cela fait maintenant en sorte que des gens meurent à cause d'éclosions de COVID dans notre réseau de refuges.
Nous commençons à manquer d'espace dans nos unités d'isolement pour les personnes sans abri dans les centres qui ont été ouverts pendant la COVID. Cela ne se serait pas produit s'il n'y avait pas eu au départ un sous-financement et un sous-investissement chroniques, particulièrement dans le domaine du logement social abordable et accessible pour les Autochtones. Cette situation est particulièrement grave dans les réserves en raison du plafond de financement de 2 % imposé par l'ancien ministre des Finances et ancien premier ministre Paul Martin, qui a eu un effet dévastateur sur la situation du logement dans les réserves.
Avec l'augmentation du nombre de cas de COVID partout au pays — et certainement dans les collectivités des Premières Nations et inuites, en milieu urbain et rural et dans les réserves —, nous savons que les investissements sont insuffisants. Très simplement, prévoit-on augmenter les investissements pour répondre aux besoins réels et urgents en matière de logement dans les réserves et dans les centres urbains? J'aimerais que vous donniez une réponse rapide, afin que je puisse passer à ma prochaine question. Merci.
L'une ou l'autre peut commencer. Nous pourrions peut-être commencer par vous, madame Marin-Comeau.
Je ne pense pas avoir besoin de toucher à quoi que ce soit. J'espère que tout le monde comprendra ma réponse.
Je vais répondre à la question concernant le domaine précis dont je suis responsable, à savoir le logement des Inuits et des Métis.
La question que vous posez est complexe, mais je vais peut-être commencer par quelques-uns de nos plans pour les années à venir.
Dans le cadre des stratégies actuelles, environ 550 unités sont prévues pour les régions inuites, et il y aura toute une série d'unités qui, de toute évidence, verront le jour. On réparera des logements, comme je l'ai mentionné, mais il y aura aussi de nouvelles constructions, notamment.
En ce qui concerne la stratégie de logement pour les Métis, nous avons établi que, d'ici la dixième année, 3 000 nouveaux logements seront construits, 2 500 logements seront rénovés et réparés et 27 000 subventions au loyer seront accordées. Beaucoup de choses seront faites dans le cadre des investissements prévus, mais vous venez de souligner à juste titre que nous travaillons avec la nation métisse et avec les Inuits. Nous en sommes à la troisième année de cet investissement sur 10 ans, ce qui fait que des données continuent d'être recueillies, et cette année sera en fait une année charnière pour établir exactement ce que ces investissements couvriront.
Encore une fois, je remercie les deux témoins.
Vous avez parlé du logement fondé sur les distinctions. J'ai fait quelques calculs. Vous avez offert 600 millions de dollars sur trois ans aux Premières Nations vivant dans les réserves dans le cadre d'une stratégie sur 10 ans pour le logement des Premières Nations, 400 millions de dollars sur 10 ans pour appuyer un plan de logement dirigé par les Inuits, et 500 millions de dollars sur 10 ans pour appuyer la stratégie de logement de la nation métisse, qui n'a pas encore été rendue publique.
Les Autochtones de la circonscription que je représente et d'ailleurs au Canada ont non seulement été dépossédés de leurs terres, mais ils continuent d'être privés du droit fondamental à un logement. La situation est urgente. Nous l'avons vu pendant cette pandémie. La stratégie qui sera publiée est, comme je l'ai dit, inadéquate.
Par exemple, si vous divisez le montant alloué aux 634 réserves, les 600 millions de dollars sur trois ans représentent environ 315 000 $ par collectivité, ce qui est... Une maison coûte parfois encore plus cher en raison de l'éloignement.
Pour les Inuits, vous avez offert 400 millions de dollars à 53 collectivités. C'est un peu plus de 750 000 $. Enfin, pour les Métis, cette stratégie représente 100 $ par personne.
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Merci, monsieur le président, et merci, monsieur Turnbull, de partager votre temps de parole avec moi. Je souhaite vraiment prendre un peu de temps pour faire quelques commentaires et poser quelques questions.
Cette question me tient beaucoup à cœur. Je suis l'un des rares députés, sinon le seul, à vivre dans une communauté autochtone. Je vis dans une collectivité appelée Fort Providence, dans les Territoires du Nord-Ouest, et je suis très heureux que le Comité mène cette étude, qui est attendue depuis longtemps. Il faut vraiment qu'un comité prenne le temps de comprendre ce qui se passe dans les collectivités autochtones du pays, et plus particulièrement dans le Nord.
Dans le Nord, nous avons le taux de suicide le plus élevé. Nous avons le taux le plus élevé de meurtres. Nous avons les taux les plus élevés d'agressions sexuelles, de tuberculose — nous avons tout cela ici.
Ce soir, on nous a dit que les besoins de base à l'échelle nationale se situent, en moyenne, autour de 18 %. Dans les Territoires du Nord-Ouest, la proportion est de 42 %. Elle est en hausse de 20 % depuis le Recensement fédéral de 2016. Pour nous, les choses ne vont pas dans la bonne direction.
Beaucoup d'argent a été investi dans le Nord, mais pas beaucoup dans le logement. Nous avons de nombreux défis à relever. Le gouvernement a fait beaucoup d'investissements, des investissements sans précédent pour les Autochtones partout au pays, mais ceux-ci ont été axés sur les organisations autochtones nationales. Je pense qu'il faut vraiment se pencher sur cela. Le Comité doit examiner attentivement cette question.
Nous, dans le Nord, n'appartenons pas aux organisations autochtones nationales, alors les 1,5 milliard de dollars destinés aux organisations nationales pour le logement ne nous parviennent pas, et c'est très préoccupant. Le programme Vers un chez-soi ne s'adresse qu'à Yellowknife, ce qui entraîne d'autres problèmes parce que les collectivités... Me demandez-vous de m'arrêter?
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Merci, monsieur le président.
Madame Goulding, mes deux questions sont en lien avec la stratégie Vers un chez-soi et avec l'itinérance.
Dans votre exposé, vous avez spécifié que des sommes étaient réservées pour l'itinérance chez les Autochtones, un phénomène en croissance même en ne tenant pas compte de la situation particulière de la COVID-19. Je prendrai le temps de relire votre allocution, mais il semblait que les montants avaient même été augmentés. Est-ce que vous pouvez nous indiquer combien de projets ou d'organismes de lutte contre l'itinérance des Autochtones reçoivent des montants par l'entremise de ce volet?
Dans votre programme, vous parlez aussi d'une approche axée sur les résultats. Est-ce que vous avez établi des cibles? Comment les critères sont-ils déterminés? Est-ce qu'on présente les projets? Est-ce vous qui décidez — pas vous personnellement, bien sûr — à qui ou à quels projets vont ces sommes d'argent? Est-ce que vous partez de la base pour les financer ou ne leur accordez-vous de l'argent qu'après qu'ils ont soumis des projets?
Les résultats sont assez difficiles à voir. Étant donné que ces programmes se déroulent sur une longue période, il arrive souvent que les demandes, ainsi que les problèmes, augmentent au fil du temps. Comment peut-on s'assurer de répondre aux bonnes cibles avec les critères que vous établissez?
Ma question s'adresse à Mme Marin-Comeau et porte sur l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Selon un rapport de l'Association des femmes autochtones du Canada, les femmes des Premières Nations vivant hors réserve sont victimes de « discrimination fondée sur le sexe et la race de la part de propriétaires potentiels », ce qui entrave les possibilités pour elles de trouver non seulement un logement adéquat, mais aussi un logement sûr.
L'appel à la justice 4.7 du rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées dit ceci: « Nous demandons à tous les gouvernements d'appuyer l'établissement et le financement durable à long terme de refuges, d'espaces sûrs, de maisons de transition, de maisons d'hébergement de deuxième étape et de services dirigés par les Autochtones, et libres d'accès pour les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA. »
Ma question est la suivante: combien d'espaces sécuritaires peu restrictifs, ouverts 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, ont été créés depuis la publication du rapport de l'enquête nationale il y a un an?
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Merci, monsieur le président. J'avais encore quelques observations et questions à formuler.
Tout d'abord, dans le Nord, nous n'avons pas de réserves, mais nous avons des collectivités autochtones. La collectivité dans laquelle je vis est à 95 % autochtone, mais ce n'est pas une réserve. Nous avons beaucoup de conseils de bande. Je pense que presque toutes les collectivités ont un conseil de bande, et nous avons 33 collectivités. S'il y a des Premières Nations dans les collectivités, il y a un conseil de bande.
Un certain nombre de programmes ont été mis sur pied et nous avons du mal à y accéder, alors que les gouvernements autochtones essaient de présenter des demandes.
Tout d'abord, dans tous les programmes qui comportent un partage des coûts, il y a des limites à ce qu'ils peuvent faire s'ils n'ont pas les ressources. Dans le cadre du fonds de co-investissement, nous n'avons vu aucune demande approuvée en vertu de l'exception pour les Territoires du Nord-Ouest. L'initiative sur les refuges a également besoin de fonds de fonctionnement permanents qui, dans d'autres régions du pays, proviendraient de Services aux Autochtones Canada.
Il y a un programme qui s'appelle, je crois, la garantie de prêt ministérielle. J'aimerais poser une question au représentant des Services aux Autochtones à ce sujet. Ce programme a été créé en 1966 pour aider les collectivités autochtones hors réserve à avoir accès aux programmes, à prendre des initiatives dans le domaine du logement, mais nous n'avons pas réussi. Nous n'avons pas réussi à faire approuver un seul projet. Pourriez-vous me dire pourquoi? Y a-t-il quelque chose qui empêche les gouvernements autochtones des Territoires du Nord-Ouest d'avoir accès à ce fonds?
J'ai une question pour EDSC.
De nombreux défenseurs des droits des Autochtones et fournisseurs de logement continuent de demander, sans obtenir de réponse, pourquoi le gouvernement fédéral insiste pour mettre en œuvre des politiques qui balkanisent les Autochtones dans les réserves et hors réserve.
Le programme Vers un chez-soi illustre cela de façon frappante. Le volet des sans-abri autochtones offre un soutien aux Autochtones vivant hors réserve, tandis que le nouveau volet de financement fondé sur les distinctions et les signataires de traités modernes refuse ce soutien.
L'Aboriginal Housing Management Association, dont je crois que nous pourrons entendre les représentants lors d'une prochaine réunion, a formulé les commentaires suivants au sujet de la Stratégie nationale sur le logement en 2016, je cite:
Bien que cela touche tous les citoyens, les Premières Nations, et les Autochtones vivent entre deux solitudes dans les réserves et hors réserve, se déplaçant souvent de l'une à l'autre. Pourtant, les services de logement du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux sont fournis de façon tout à fait distincte et habituellement, de nouveaux programmes prédéfinis sont mis en œuvre. Cette approche fragmentaire ne permet pas d'offrir un soutien à la personne dans son ensemble... Remplacer les obstacles juridictionnels et bureaucratiques pour les peuples autochtones par un modèle fondé sur l'AHMA qui place la responsabilité entre les mains des fournisseurs régionaux et appuie les personnes par la prestation de solutions concrètes qui s'attaquent aux problèmes de logement.
Cela vient d'une personne de la Colombie-Britannique.
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas écouté et mis en œuvre les solutions proposées par les experts autochtones travaillant dans le secteur de l'habitation au moment de l'élaboration de ce programme, et pourquoi ne l'a-t-il pas amélioré?
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Merci, madame Gazan. Nous n'avons plus de temps.
[Français]
Est-ce que Mme Chabot est encore là?
Non, d'accord.
[Traduction]
Chers collègues, nous devons nous occuper des travaux du Comité, et il nous reste environ 14 minutes.
Je vais en profiter pour remercier sincèrement les témoins. Il s'agit évidemment d'une vaste étude qui touche de nombreux ministères. Nous vous sommes reconnaissants de la patience et du professionnalisme avec lesquels vous avez répondu aux questions aujourd'hui.
Dans cette période marquée par la COVID — vous le saviez même avant —, je pense que les Canadiens en général et les parlementaires apprécient davantage encore votre travail. Je vous remercie pour votre témoignage et pour les services que vous rendez à votre pays.
Il est possible que nous nous tournions à nouveau vers vous une fois que nous aurons obtenu les réponses que vous vous êtes engagés à nous fournir par écrit.
Merci à tous les témoins. Vous êtes libres de partir, mais vous pouvez rester. Nous allons maintenant passer aux travaux du Comité.
Chers collègues, nous passons maintenant aux travaux du Comité, même si nous ne sommes pas à huis clos; nous sommes toujours en séance publique, je vous le rappelle. Il y a deux ou trois questions que nous voulons aborder.
Tout d'abord, pour ce qui est du calendrier, vous aurez reçu un avis de convocation pour notre prochaine réunion, avec une courte liste de témoins. C'est parce qu'il y a encore des témoins à confirmer, mais les noms proviennent des listes qui ont été soumises par les partis dans le cadre de l'étude que nous avons commencée aujourd'hui.
La semaine prochaine, nous entendrons la et la au sujet du Budget supplémentaire des dépenses.
Voilà le programme des trois prochaines réunions.
Une chose en particulier requiert l'avis du Comité aujourd'hui. Nous avons reçu une lettre du directeur parlementaire du budget le 2 novembre décrivant la portée proposée de l'aide qu'il peut nous apporter dans le cadre de l'étude. J'ai besoin de la rétroaction du Comité et, idéalement, d'une motion officielle sur notre réponse au directeur parlementaire du budget.
Sommes-nous satisfaits de la portée proposée, ou souhaitez-vous répondre ou me déléguer la tâche de le faire? C'est la question et la principale raison pour laquelle nous réservons du temps aux travaux du Comité.
Auriez-vous l'obligeance d'utiliser la fonction « Lever la main » pour formuler des commentaires sur la portée de la participation du directeur parlementaire du budget et, idéalement, pour présenter une motion d'orientation?
Monsieur Kent, vous avez la parole.
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Monsieur Kent, je peux résumer. J'ai la lettre devant moi.
Il indique que son bureau serait heureux de fournir au Comité une analyse des besoins des Autochtones en matière de logement et une analyse de l'itinérance dans les régions urbaines, rurales et nordiques. Cela comprendrait le nombre de ménages qui ont besoin d'un logement ou qui sont sans abri et les caractéristiques démographiques, économiques et géographiques de ces ménages.
Son deuxième point concerne les dépenses fédérales actuelles pour répondre aux besoins en matière de logement des Autochtones et de lutte contre l'itinérance. Cela comprendrait des dépenses consacrées aux programmes de logement pour les Autochtones et des dépenses d'appui au logement des Autochtones dans le cadre de programmes qui ne ciblent pas précisément cette population.
Le troisième élément de l'analyse qu'il offre est le coût unitaire de la réponse aux besoins des Autochtones en matière de logement et de la lutte contre l'itinérance, grâce à diverses options stratégiques, y compris le coût des subventions au loyer ou du logement social et une discussion des principaux facteurs.
Ce sont les domaines qu'il a mentionnés. Il a laissé la porte ouverte à l'analyse ou à d'autres possibilités.
Pour faire suite à la question que j'ai posée à certains fonctionnaires, il y a des transferts globaux aux provinces qui comprennent notamment les subventions au logement et certains des programmes hérités qui ont été transférés au début des années 1990.
Le DPB pourrait-il également nous rendre compte des transferts effectués par le gouvernement fédéral aux provinces, des provinces qui en ont fait rapport, de ce que disent ces rapports et, s'il y a des mesures de soutien provinciales qui dépassent celles du gouvernement fédéral, en quoi consistent-elles? Nous pourrons alors comprendre exactement l'ampleur des dépenses fédérales et provinciales dans ce dossier, afin de ne pas faire double emploi. Je pense que ce serait très utile.
La dernière fois que le directeur parlementaire du budget a examiné la Stratégie nationale sur le logement, il a exclu tout programme à frais partagés, même si le financement fédéral était très majoritaire. J'aimerais qu'il examine la Stratégie nationale sur le logement — parce que les programmes ont été ouverts à tous les programmes de logement urbain, rural et du Nord — pour bien comprendre la Stratégie dans son ensemble, et pas seulement les fonds à 100 % fédéraux. Quelle part des programmes est allée aux régions urbaines, rurales et nordiques? Cela nous permettra de comprendre comment elles accèdent actuellement au programme, même s'il n'est pas nécessairement identifié d'emblée comme étant autochtone.
Il y a deux points, soyons clairs. Premièrement, il faudrait demander une évaluation complète, ou une évaluation aussi complète que possible, des transferts provinciaux et des dépenses provinciales pour le logement autochtone en milieu urbain, rural et nordique. Deuxièmement, il faut une évaluation complète de la Stratégie nationale sur le logement, qu'il s'agisse de programmes à 100 % fédéraux ou de programmes à frais partagés, afin de comprendre ce qu'en retirent les programmes de logement autochtones en milieu urbain, rural et nordique.