:
C'est seulement... c'est un problème récurrent, madame la présidente. Quand vous parlez, je n'entends rien pendant les cinq premières secondes.
Je suis sur le canal anglais, et je peux entendre l'interprétation de toutes les interventions en français, mais dès que vous reprenez la parole... ce n'est pas seulement une seconde que je perds, mais presque tout ce que vous dites. Chaque fois qu'un intervenant termine son intervention en français, si nous ne passons pas rapidement au canal sans interprétation, nous perdons une bonne partie de l'intervention suivante.
Je sais que ce problème a déjà été signalé, et je l'ai moi-même fait dans le passé. Il faudrait trouver une solution. Je le constate seulement à ce comité. Pour les autres comités, ou durant la période des questions à la Chambre, ou dans d'autres réunions sur Zoom auxquelles je participe, nous n'avons jamais eu ce problème. Je le constate seulement pour ce comité.
:
Excusez-moi, j'oublie toujours où l'on doit cliquer pour lever la main.
Madame la présidente, je déplore un peu la façon dont nous procédons. C'est un projet de loi que je considère comme très important. Je pense que tous les membres du Comité ont travaillé très fort sur ce projet de loi au cours des derniers jours. En tout cas, nous étions plusieurs à travailler là-dessus à mon bureau, et je suis convaincu que c'est la même chose pour les autres députés. De la même façon, je suis convaincu que les gens qui ont déposé des mémoires ou qui sont venus témoigner ont, eux aussi, consacré de nombreuses heures à les préparer et à nous les envoyer. Comme nous le savons tous, la plupart de ces mémoires nous ont été acheminés hier et aujourd'hui. Nous en recevions encore ce matin. Mon adjoint a recensé 246 mémoires. Nous n'avons pas été en mesure de tous les lire. Nous en avons lu une cinquantaine et nous continuons de travailler là-dessus. Cela veut-il dire que, bien que nous ayons invité des centaines de gens à nous soumettre ce qu'ils pensaient de ce projet de loi, nous ne les écouterons même pas tous?
Je sais que ce n'est pas de la mauvaise foi de la part de quiconque à ce comité, mais cela démontre quand même un manque de respect envers ces gens. Personne ne manque de respect envers les témoins directement, mais, si nous procédons à une étude article par article du projet de loi et que nous nous prononçons là-dessus ce matin avant même d'avoir lu tous les mémoires, ce sera une forme de manque de respect. À moins que quelqu'un n'ait un don exceptionnel, que je voudrais bien qu'on me transmette, je suis convaincu que personne parmi nous n'a lu la totalité des quelque 246 mémoires qui ont été déposés.
J'ai fait un long préambule, madame la présidente. En somme, je propose que nous nous donnions le temps de regarder l'ensemble de ces mémoires. Il y aura possiblement d'autres propositions d'amendement, car tel est justement le but de ce processus. Quand les gens nous écrivent pour nous dire ce qu'ils pensent, parfois nous leur disons respectueusement que nous ne sommes pas d'accord et que nous ne tiendrons pas compte de leurs propositions, mais parfois...
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Je ne sais pas quand le problème technique est survenu, mais ce que j'expliquais, c'est que nous avons reçu une quantité tellement grande de mémoires que nous n'avons pas pu tous les lire. D'ailleurs, le fait que nous en ayons reçu autant et qu'un aussi grand nombre de personnes aient voulu venir témoigner est un signe de succès, et nous ne devons pas nous en plaindre. Cela veut dire que le projet de loi suscite de l'intérêt dans la population.
Par conséquent, nous nous devons de tenir compte, lors de nos réflexions, de ce que ces gens nous ont dit. Nous serons d'accord avec certaines personnes et en désaccord avec d'autres. Dans certains cas, les propositions soumises pourraient nous inciter à présenter des amendements au projet de loi. Chose certaine, par respect pour les citoyens qui nous ont écrit et qui sont venus témoigner, nous devrions reporter l'étude article par article du projet de loi à une séance qui aura lieu après la reprise des travaux en janvier. Cela nous donnera tous le temps, durant la période des Fêtes, de lire ces mémoires, d'entamer un travail de réflexion et de proposer des amendements si nous pensons que c'est judicieux.
À titre d'exemple, personnellement, je n'ai pas vu grand-chose qui permette de clarifier la définition proposée à l'article 5 du projet de loi. Je suis vraiment inquiet de cette définition. Tous les témoins que nous avons entendus, quels que soient leurs horizons, s'entendent pour dire que la définition n'est pas claire. Manifestement, il faudrait que nous y réfléchissions tous.
Lorsque je pratiquais, on considérait le législateur comme le bon Dieu. Or là, je trouve que nous agissons un peu de façon brouillonne en procédant à l'étude article par article du projet de loi alors que nous n'avons pas encore eu le temps de lire les mémoires, les réflexions et les commentaires que les citoyens nous ont envoyés.
Pour toutes ces raisons, je propose que nous reportions l'étude article par article à une séance qui aura lieu après la reprise des travaux en janvier.
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Mme Findlay a posé la question que j'allais poser.
Je sais que tous les membres du Comité et moi-même avons reçu un certain nombre de mémoires hier soir, et encore aujourd'hui. Je pense que lorsqu'un sujet suscite autant d'intérêt... Il y a du vrai dans ce que M. Fortin a dit, parce que cette question semble soulever beaucoup d'intérêt. Nous avons certainement entendu des points de vue divergents sur le projet de loi au cours de nos trois rencontres précédentes, je comprends donc ce qu'il veut dire. M. Virani a dit qu'il était important d'entreprendre l'étude de ce projet de loi, mais une partie de cette étude consiste à entendre les Canadiens et les différents groupes et témoins.
Mme Findlay a posé la question, mais puisque j'ai la parole, je vais prendre un moment pour féliciter nos services de traduction pour les efforts considérables qu'ils ont fournis pour traduire cet incroyable volume de documents. À en juger par la quantité de documents que nous avons reçus, les traducteurs ont dû y passer la nuit. Je leur tire mon chapeau!
Comme personne ne demande la parole, nous allons mettre la motion de M. Fortin aux voix.
(La motion est rejetée par 6 voix contre 5.)
La présidente: Nous allons maintenant poursuivre notre examen article par article.
Merci à tous.
Je vous présente nos témoins d'aujourd'hui qui nous aideront dans notre étude article par article. De ministère de la Justice, nous accueillons Carole Morency, directrice générale et avocate générale principale, Section de la politique en matière de droit pénal; Nathalie Levman, avocate-conseil, Section de la politique en matière de droit pénal, et Caroline Quesnel, avocate, Section de la politique en matière de droit pénal. Du ministère du Patrimoine canadien, nous accueillons Fernand Comeau, directeur exécutif, Secrétariat LGBTQ2.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
Je rappelle aux membres du Comité que s'ils ont des questions au sujet des amendements proposés, ils peuvent toujours s'adresser au ministère pour obtenir des précisions ainsi qu'à l'un ou l'autre de nos témoins.
Dans le cadre de notre étude article par article, je vous rappelle que l'examen du préambule est reporté à la fin, conformément au paragraphe 75(1).
Je vais maintenant mettre l'article 1 aux voix.
Comme aucun amendement n'a été proposé pour l'article 1, je le mets donc aux voix, à moins que quelqu'un souhaite prendre la parole. Je ne vois aucune main levée.
(L'article 1 est adopté par 7 voix contre 4.)
La présidente: Nous enchaînons avec l'article 2. Comme aucun amendement n'est proposé et que personne n'a levé la main pour intervenir, je vais le mettre aux voix.
(L'article 2 est adopté par 7 voix contre 4.)
(Article 3)
La présidente: Nous passons maintenant à l'article 3 et au premier amendement proposé, le PV-1.
Pour m'assurer que tout le monde a bien compris, je vous signale que le vote sur l'amendement PV-1 s'appliquera à l'amendement PV-2. Si le PV-1 est adopté, cela veut dire que le PV-2 le sera également. Le cas échéant, les amendements NDP-1, NDP-5, NDP-6, NDP-7, NDP-9 et NDP-10 ne pourront être proposés, parce qu'ils sont corrélatifs.
Je vais maintenant demander à Mme Atwin de présenter l'amendement PV-1.
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Merci beaucoup, et merci à tous d'être ici aujourd'hui.
Nous proposons ce qui suit:
Que le projet de loi C-6, à l'article 3, soit modifié par substitution, aux lignes 15 et 16, de ce qui suit:
« (liii.1) l'article 320.102 (thérapie de conversion), »
Afin de protéger les droits fondamentaux de toutes les personnes visées par la cruelle pratique de conversion, nous pensons que cette pratique doit être complètement interdite et qu'elle ne devrait même pas être une option. Nous croyons donc qu'il est essentiel que la volonté d'une personne de se soumettre à ces thérapies et la raison pour laquelle elle le fait n'excluent pas le préjudice que cette thérapie cause à la société dans son ensemble ni la prolifération de valeurs et de mythes à caractère haineux et discriminatoire parmi certains groupes au Canada. Pour refléter cette opinion, il y aurait lieu de supprimer le mot « forcée ».
J'ai suivi avec attention les témoignages sur ce sujet et je suis très satisfaite des amendements proposés et des efforts déployés, notamment par M. Garrison et le NPD. Cet amendement fait écho à ce sentiment.
Je reviens sur certains témoignages livrés par des travailleurs sociaux devant ce comité. Ils ont dit qu'il était important de se rappeler que toute thérapie de conversion est intrinsèquement frauduleuse, coercitive et dangereuse et que le projet de loi du gouvernement devrait s'appliquer aux personnes de tous les âges, sans exception.
C'est la raison pour laquelle je propose cet amendement. Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier le Parti vert d'avoir présenté cet amendement. Il a initialement été proposé avant même que le Comité commence à entendre les témoignages, mais je sais que Mme Atwin en a tenu compte.
Bien entendu, j'appuie l'objectif de cet amendement. J'ai moi-même proposé un amendement à cet article qui propose un moyen différent d'atteindre le même objectif.
Nous avons entendu beaucoup de témoignages et de préoccupations, en particulier de la part du . Tous les témoins ont dit que nous devions proposer un projet de loi sur la thérapie de conversion pouvant résister à toute contestation judiciaire. Dans l'amendement que nous allons étudier tout de suite après celui-ci, s'il n'est pas adopté, je propose une stratégie différente, soit l'ajout du mot « adulte » contigu au mot « enfant », au lieu de simplement imposer une interdiction générale au moyen de ce projet de loi. Je sais qu'il s'agit là d'un point technique et juridique, mais cela donnerait aux tribunaux une certaine latitude si jamais ils décidaient d'annuler l'interdiction de la thérapie de conversion pour des adultes consentants, tout en laissant le reste du projet de loi intact.
Mon objectif est évidemment le même, mais je vais voter contre cet amendement parce que je pense qu'il existe une meilleure stratégie pour atteindre cet objectif.
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Je vous remercie, monsieur Zuberi.
Je vois que personne d'autre ne souhaite prendre la parole sur l'amendement PV-1. Je vais donc le mettre aux voix, tout en rappelant à mes collègues que le vote le concernant s'applique également à l'amendement PV-2.
(L'amendement est rejeté par 11 voix contre 0.)
La présidente: Les amendements PV-1 et PV-2 sont donc rejetés.
Nous passons à l'amendement NDP-1.
Pour que cela soit bien clair, le vote sur l'amendement NDP-1 s'applique également aux amendements NDP-5, NDP-9 et NDP-10, puisqu'ils sont corrélatifs. De plus, si l'amendement NDP-1 est adopté, les amendements NDP-6 et NDP-7 ne pourront être proposés en raison de l'incompatibilité dans la numérotation des lignes.
J'invite M. Garrison à prendre la parole au sujet de l'amendement NDP-1.
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Je veux d'abord souhaiter la bienvenue aux fonctionnaires du ministère de la Justice et du ministère du Patrimoine canadien. Je vous remercie de vous joindre à nous.
Je remercie également Mme Atwin d'avoir participé à notre étude et d'avoir proposé des amendements ainsi que M. Garrison pour cette proposition.
C'est un sujet difficile. Ce qui ressort de ma réflexion — et je pense que beaucoup sont du même avis, notamment mes collègues libéraux —, c'est que nous essayons de bannir la thérapie de conversion dans sa forme la plus pernicieuse et de protéger les personnes les plus vulnérables. C'est mon premier point.
Deuxièmement, nous cherchons à établir un juste équilibre dans le projet de loi, même si on ne peut jamais en être certain; nous essayons de réduire les risques dans une perspective constitutionnelle. Je dirais à ceux qui veulent s'assurer que l'interdiction qui existe actuellement dans la loi à l'égard des enfants, et qui est reprise dans le projet de loi, que la loi interdit aussi cette pratique à l'égard des adultes qui participent à une thérapie de conversion contre leur gré... Mettons cela de côté un moment, parce que je pense qu'il est possible d'améliorer le libellé, et que des amendements ont été proposés à cet égard. Mais si nous empêchons des adultes de participer de leur plein gré à cette pratique, ce projet de loi risque d'être vulnérable à la contestation. Je pense que cela serait au détriment de l'ensemble des Canadiens, en particulier des membres de la communauté LGBTQ2, parce que si ce projet de loi est déclaré inconstitutionnel, cela ne servirait les intérêts de personne.
Le projet de loi tend à établir un juste équilibre, d'un côté en protégeant les personnes vulnérables contre les préjudices de la thérapie de conversion et, de l'autre, en protégeant les droits et les libertés des personnes susceptibles de choisir de leur plein gré différents types d'interventions. Une interdiction complète serait contraire à l'équilibre que nous cherchons à atteindre. Je pense que nous avons fait un grand pas en imposant une interdiction absolue de cette pratique sur des enfants et en l'interdisant sur les adultes qui sont contraints ou influencés à la subir contre leur gré. Nous pouvons certes améliorer les protections offertes aux adultes et je pense que nous pourrons en discuter plus loin au cours de notre étude article par article.
Par conséquent, pour éviter de mettre en péril cette importante protection, qui risquerait effectivement être annulée si jamais une contestation constitutionnelle était couronnée de succès, nous devrions voter contre cet amendement pour maintenir cette protection lorsqu'elle est liée à d'autres protections à l'endroit d'adultes non consentants, et dont nous parlerons plus tard.
Je vais donc voter contre cet amendement.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Je pense que nous sommes tous un peu déroutés parce que les définitions énoncées dans ce projet de loi sont très vagues. Je n'ai jamais entendu personne dire qu'il était en faveur d'une thérapie de conversion coercitive, mais nous sommes dans le flou total quant à ce que signifie cette pratique, qui elle touche et comment les choses se dérouleront.
C'est pourquoi la suggestion de M. Fortin est tout à fait sensée. Nous devrions lire les 300 mémoires que nous avons reçus et que nous n'avons pas eu le temps de lire et porter une attention plus soutenue à ce qui est proposé et à ce qui nous est présenté. Nous voilà en train d'étudier le projet de loi article par article, d'essayer de le remanier et d'ajouter des éléments dans un texte qui comporte des lacunes fondamentales depuis le début. En tant que législateurs, il est très difficile pour nous de nous prononcer sur un projet de loi dont l'intention générale est louable, j'en conviens, mais qui comporte manifestement trop de lacunes et qui a été rédigé de manière trop vague et trop générale. Il sera contesté devant les tribunaux, probablement avec succès, et nous reviendrons à la case départ, ce qui est dommage.
Je vous remercie.
Comme je ne vois pas d'autres mains levées, je vais mettre l'amendement NDP-1 aux voix.
Je vous rappelle que le vote sur l'amendement NDP-1 s'applique également aux amendements NDP-5, NDP-9 et NDP-10, parce qu'ils sont corrélatifs. Si l'amendement NDP-1 est adopté, les amendements NDP-6 et NDP-7 ne pourront être proposés.
L'amendement NDP-1 est-il adopté?
(L'amendement est rejeté par 9 voix contre 1.) [Voir le Procès-verbal])
La présidente: L'amendement NDP-1 ayant été rejeté, les amendements NDP-5, NDP-9 et NDP-10 le sont également.
Comme il n'y a plus amendements, je mets maintenant l'article 3 aux voix.
L'article 3 est-il adopté?
(L'article 3 est adopté par 7 voix contre 0.)
La présidente: Quelqu'un souhaite s'exprimer sur l'article 4?
Personne. Je vais donc mettre l'article 4 aux voix.
(L'article 4 est adopté par 8 voix contre 0.)
(Article 5)
Nous passons maintenant à l'article 5 et à l'amendement NDP-2.
Je rappelle aux membres que si l'amendement NDP-2 est adopté, les amendements NDP-3 et CPC-1 ne pourront être proposés en raison d'une incompatibilité dans la numérotation des lignes.
M. Garrison va maintenant proposer l'amendement NDP-2.
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Oui, madame la présidente. Je remercie M. Garrison.
Il s'agit des lignes 31 à 34, à l'article 5 du projet de loi . Je pense qu'il y a convergence d'opinion entre nous et le NDP concernant l'importance de mettre l'accent sur la nécessité de protéger non seulement l'orientation sexuelle et l'identité de genre, mais aussi l'expression de genre.
Le libellé que nous souhaitons proposer sous la forme d'un nouvel amendement ou d'un amendement à la proposition de M. Garrison consisterait simplement à insérer les termes « expression de genre » aux lignes 31 à 34.
Je peux en faire la lecture. Dans la version française, les lignes 31 à 34 se lisent ainsi: « à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels. » La phrase suivante commence par les mots « Il est entendu ». L'idée serait d'insérer les mots « expression de genre » dans ces lignes pour que la disposition se lise maintenant ainsi: « à modifier l'identité de genre ou l'expression de genre d'une personne pour la rendre cisgenre ou à réprimer ou réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels ou toute expression de genre non cisgenre. Il est entendu ».
Il s'agit d'insérer une quinzaine de mots dans la version française, notamment les mots « ou l'expression de genre » et « toute expression de genre non cisgenre ».
Le but est de donner suite aux témoignages que nous avons entendus de la part de parties prenantes et à ce que nous avons lu dans les mémoires, et de rendre le projet de loi le plus exhaustif possible. Cela assure également l'harmonisation avec d'autres instruments, notamment la législation sur les droits de la personne. Quant au libellé et à la terminologie, nous ne faisons pas seulement mention de l'orientation sexuelle, qui est déjà mentionnée dans le projet de loi, mais également de l'expression de genre.
Nous sommes d'accord avec le NPD en ce qui concerne la nécessité d'apporter ce changement. Je proposerais donc que ce libellé soit utilisé aux lignes 31 à 34 de l'article 5, à la page 4.
Je vous remercie, madame la présidente.
:
Merci, madame la présidente.
Permettez-moi de dire que cette proposition est tout à fait étonnante de la part du gouvernement et du NPD. La semaine dernière, quand nous avons accueilli le ministre ici, je me souviens qu'il a dit avoir fait appel aux esprits les plus brillants pour rédiger la définition. Nous avons discuté de la définition et de l'importance d'avoir une bonne définition. Le ministre nous a assuré qu'elle touchait la cible, qu'elle ne nécessitait aucun changement et que toute modification serait redondante.
Ce que M. Virani propose, ce n'est pas ce que j'appellerais un amendement favorable à celui de M. Garrison. Ils font deux choses différentes. Celui de M. Garrison supprime une partie du libellé, d'après ce que j'en comprends, concernant les personnes « cisgenre », par exemple, et ajoute les mots « expression de genre ». Celui de M. Virani réinsère ce libellé, tout en maintenant l'ajout des mots « expression de genre ».
Madame la présidente, vous pouvez m'interrompre si je fais erreur, mais je pense vous avoir entendu dire que si nous adoptons l'amendement NDP-2, dans sa version modifiée peut-être, l'amendement CPC-1 serait alors abandonné. Pour cette raison, j'aimerais dire un mot sur l'amendement CPC-1, parce que nous n'aurons pas d'autre occasion d'en discuter.
En raison du manque de clarté entourant la définition de « thérapie de conversion », l'amendement CPC-1 viserait, contrairement au NDP-2 tel que modifié par le gouvernement, à énoncer explicitement que cette thérapie s'inscrit dans un effort visant à « changer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne ». Nous devons établir clairement que c'est le but visé par une thérapie de conversion. C'est un effort pour changer l'identité de genre ou l'orientation sexuelle d'une personne.
L'amendement proposé par le gouvernement ne fait que brouiller les choses. Je préfère de beaucoup celui que nous proposons, et pour cette raison, je ne vais pas appuyer l'amendement du gouvernement.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie M. Moore pour ses commentaires. Ces lignes sont essentielles dans le projet de loi et c'est pourquoi, après en avoir discuté avec M. Virani, j'ai accepté... En fait, j'aimerais que cet article soit modifié plus en profondeur, mais le gouvernement n'est pas disposé à le faire. Pour moi, la priorité est d'inclure l'expression de genre dans le projet de loi et de protéger les Canadiens contre toute tentative de changer leur identité de genre ou leur expression de genre.
Étant de nature pragmatique, je suis disposé à accepter que les changements qu'il propose ici aillent dans le même sens que ce que je voulais inclure dans la définition. Je préfère évidemment le libellé que je propose dans les deux amendements suivants, mais je suis disposé à accepter le sien et je pense qu'il s'agit là d'un important élargissement des protections offertes dans le projet de loi.
Je vous remercie.
:
Je trouve cela très étonnant. Le est venu témoigner ici, et je pense qu'il faut une bonne dose d'arrogance pour... J'ai un grand respect pour le ministre, mais si vous venez présenter un projet de loi devant un comité en disant qu'il est parfait et qu'il n'est probablement pas nécessaire d'entendre des témoins parce que vous avez fait un travail extraordinaire... et qu'à la toute dernière minute...
Il s'agit d'un projet de loi du gouvernement. Nous sommes dans l'opposition. Nous n'avons pas les ressources du gouvernement. Nous devons entendre des témoins avant de rédiger des amendements. En tant que parlementaires, nous travaillons tous très fort. Nous n'avons pas les ressources du gouvernement.
Pourquoi, à la dernière minute...? Nous aurions dû avoir cela entre les mains. Pourquoi le gouvernement propose-t-il un amendement qui, à mon avis, change le projet de loi? Au mieux, nous aurions entendu des arguments contradictoires sur l'élargissement de la définition pour y inclure les mots « expression de genre », mais cela ne devrait pas être nouveau pour le gouvernement. Il devrait le savoir et, si c'est cela qu'il veut, il aurait dû y penser au moment de la rédaction du projet de loi, au lieu de le faire par voie d'amendement.
Je pourrais comprendre si cet amendement était proposé par le Parti vert, le Bloc ou le NPD ou par nous-mêmes. En effet, étant donné le peu de temps dont nous avons disposé, à peine quatre jours, nous aurions pu vouloir réagir à un point soulevé par un témoin, mais que ce soit le gouvernement lui-même qui propose un changement...
J'aimerais bien entendre les avocats du ministère de la Justice pour savoir ce que ce changement signifierait concrètement, parce que nous n'avons pas... Nous avons tous entendu les témoignages et nous ne savons pas clairement ce que le gouvernement en a retenu dans sa définition de la thérapie de conversion. Ce que nous savons, par contre, c'est que le a employé des mots dans le préambule du projet de loi et nous lui avons expressément demandé de les inclure dans la loi. Le gouvernement a choisi de ne pas le faire.
Et voilà qu'à la toute dernière minute, le gouvernement vient brouiller les cartes en apportant des changements. Je pense que les représentants du gouvernement ont le libellé proposé par M. Virani sous les yeux. Sur le plan juridique, quel est le changement qu'on nous demande d'examiner à la sauvette?
:
Madame la présidente, merci pour cette question.
Je vais vous expliquer l'incidence de l'amendement dont vous êtes saisis. Je l'ai également sous les yeux. En fait, il modifierait la définition pour y inclure « d'une pratique, d'un traitement ou d'un service qui vise à modifier l'expression de genre d'une personne pour la rendre cisgenre et d'une pratique, d'un traitement ou d'un service visant à réduire ou à réprimer toute expression de genre non cisgenre. »
Il élargirait donc la portée de la définition pour y inclure un moyen supplémentaire de démontrer qu'une intervention, une pratique, un traitement ou un service constitue une thérapie de conversion, comme je viens de l'expliquer. Cette approche empêcherait les thérapeutes de conversion d'échapper à leur responsabilité criminelle en soutenant que leurs interventions ne visent pas à rendre une personne cisgenre, mais seulement à réduire ou à réprimer certaines formes d'expression, même si leur véritable objectif est de changer l'identité de la personne.
Je signale également qu'il s'agit d'un projet de loi pénal qui doit faire l'objet d'une interprétation étroite en fonction de l'objectif global de la loi, et que cet objectif est de cibler les interventions dont on sait qu'elles causent un préjudice parce qu'elles visent à changer l'identité, comme cela est expliqué dans le préambule du projet de loi.
Merci.
:
Ce changement de dernière minute de la part du gouvernement me pose énormément de problèmes.
Je n'accepte pas que cela limite la portée de la définition parce que c'est criminel. Nous disons depuis le début qu'une sanction en vertu du Code criminel est la sanction la plus grave qu'un gouvernement puisse infliger, alors il est important de bien faire les choses. Il est important que nous sachions ce qui est défini.
À l'origine, ce projet de loi, même dans le préambule, visait à définir la thérapie de conversion comme une tentative de modifier l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne afin qu'elle devienne cisgenre. Nous ajoutons maintenant l'expression de genre. Je pense qu'il est important d'entendre des experts, parce que nous n'avons pas entendu cela au Comité. Nous n'avons pas entendu de définition claire de « l'identité de genre », de « l'expression de genre », ni de la différence entre les deux, alors nous ajoutons un nouveau libellé à ce projet de loi.
Encore une fois, c'est à la dernière minute. Je ne dis pas que c'est bien, mal ou neutre. Ce que je dis, c'est qu'il est choquant de voir cela le jour où nous faisons l'étude article par article. Le ministre aurait pu soulever cette question à n'importe quel moment, mais il ne l'a pas fait, et elle a été ajoutée.
Dans le Code criminel, nous aurons peut-être une nouvelle définition de la thérapie de conversion. Un certain nombre de témoins nous ont dit que la définition de cette forme de thérapie ne correspond pas à d'autres définitions qui ont été utilisées dans d'autres lois. Aux fins du Code criminel, comment définissons-nous « identité de genre » et « expression de genre » pour montrer que...? Le ministre s'est dit très préoccupé par la redondance. Il s'inquiétait de tout effort visant à clarifier davantage la définition, lorsque je lui en ai parlé.
Quelle distinction le ministre propose-t-il entre « identité de genre » et « expression de genre »?
:
Merci, madame la présidente.
Je trouve aussi que la différence entre l'expression de genre et l'identité de genre n'est pas limpide. Je sais qu'il y a une différence, mais ce n'est pas simple.
Sur le site du ministère de la Justice, on dit que « l'expression de genre est la manière dont une personne exprime ouvertement son genre. Cela peut inclure ses comportements et son apparence, comme ses choix vestimentaires, sa coiffure [...] » J'en comprends que, si je reprends le texte de la définition d'une thérapie de conversion, le projet de loi aurait pour effet d'interdire une pratique, un traitement ou un service visant à réprimer cela.
Voici l'exemple qui me vient en tête. Disons qu'un petit garçon de 8 ans, le matin avant d'aller à l'école, décide de porter une robe. Peut-être que sa mère dira oui, peut-être qu'elle dira non. Quoi qu'il en soit, si nous retenons cette définition, la mère qui dirait à son fils qu'elle ne veut pas qu'il porte une robe et qui l'obligerait à porter un pantalon commettrait un acte criminel. C'est la définition que nous nous apprêtons à adopter, et j'y vois un problème.
L'analyste peut-il nous aider à démêler cela?
:
Je vais répondre en anglais, si cela vous va. Je m'excuse, mais ce sera plus facile pour moi.
[Traduction]
C'est une excellente question. Je pense, cependant, qu'il ne faut pas oublier qu'il y a deux parties à la définition et que l'intervention doit vraiment équivaloir à « une pratique, un traitement ou un service ».
Nous avons entendu le expliquer le sens de ces termes et ce qu'ils impliquent dans ses remarques liminaires devant le Comité. Il faut une intervention officielle, de sorte que le simple fait de dire à votre enfant de sexe masculin, comme vous l'avez laissé entendre, « Tu ne peux pas aller à l'école en jupe » ne signifie pas « une pratique, un traitement ou un service » et, par conséquent, à mon avis, ce type de phrase ne serait pas visée par la définition, même dans sa version élargie.
:
J'ai plusieurs commentaires à faire.
La réponse de Mme Levman est tout à fait exacte. Il est difficile de croire qu'une conversation entre un parent et un enfant au sujet de son habillement un jour donné — des conversations que j'ai parfois avec mes enfants, habituellement en raison de la température — équivaudrait en fait à un traitement, à un service ou à une pratique en vertu du Code criminel. Il y a un axiome dont la plupart des avocats du Comité se souviendront, à savoir que la loi ne se préoccupe pas de choses insignifiantes. J'irais même jusqu'à dire que c'est une préoccupation plutôt insignifiante.
En ce qui concerne bon nombre des points soulevés ici par Mme Findlay et M. Moore, tout d'abord, M. Moore s'est peut-être mal exprimé lorsqu'il a dit que cela semble restreindre la portée de la définition. Cet amendement n'est pas restrictif, au contraire. Soyons parfaitement clairs à ce sujet.
Deuxièmement, on a cherché à savoir si les fonctionnaires du ministère prêtaient des intentions au gouvernement ou spéculaient sur les raisons pour lesquelles un tel amendement serait apporté. L'objectif de cet amendement est de saisir exactement ce qui a été formulé, c'est-à-dire les différents types de thérapie qu'on essaie de faire passer pour autre chose dans le but d'échapper à la responsabilité criminelle. C'est ce que nous ont appris de nombreux témoins, et c'est essentiel. M. Moore a mentionné le fait que nous devons entendre davantage d'experts. Je lui répondrais que nous l'avons déjà fait.
Je trouve un peu exagéré d'affirmer que l'ajout de l'expression de genre à l'étude article par article arrive comme une surprise. Des amendements répétés, y compris le mien au préambule, font référence au terme « expression de genre ». Les membres du Comité savent que le terme figure déjà dans la liasse des articles. C'est connu en droit en vertu du Code criminel et de la Loi canadienne sur les droits de la personne, et c'est certainement connu de tous ceux d'entre nous qui ont participé à l'étude du Comité, parce que nous l'avons entendu à maintes reprises de la part de témoins. Pour cette raison, je pense que nous sommes plus que prêts à décider si cet amendement mérite d'être adopté et s'il devrait être intégré à la loi.
Merci, madame la présidente.
:
Merci, madame la présidente.
Je comprends ce dont nous sommes saisis, et je comprends que je peux maintenant décider d'appuyer ou non cet amendement, mais lorsque M. Virani parle de choses qui sont confirmées par des témoignages... Nous avons entendu des témoignages contradictoires sur l'expression de genre, mais comme nous n'en avons pas été saisis dans le cadre de cet article, nous ne savions pas que nous l'examinerions précisément dans le cadre de cet article.
J'ai de la difficulté à comprendre qu'on nous présente un amendement pour lequel on a dû suspendre le Comité pendant plusieurs minutes. Il a été déposé sans traduction. M. Garrison et M. Virani l'ont clairement su à l'avance, parce que M. Garrison, avec tout le respect que je lui dois, s'est rétracté et a dit qu'il donnerait la parole à son ami et collègue, M. Virani, pour qu'il puisse présenter l'amendement.
Pourquoi le Comité se penche sur la question, essaie d'obtenir des traductions, se fait dire de suspendre la séance — ce qui était la chose à faire, madame la présidente, dans les circonstances — alors qu'il est clair qu'ils ont eu des discussions au cours des derniers jours ou hier soir, ce matin, je ne sais quand? Pourtant, ce n'est qu'à la dernière minute qu'on nous le présente, qu'on modifie une définition, qu'on l'élargit.
Oui, je suis d'accord avec M. Virani. C'est un élargissement important de la définition. Ils peuvent minimiser l'exemple de M. Fortin en le qualifiant de banal. Il a simplement lancé quelque chose, à mon avis, à titre d'exemple — oui, un exemple banal — qui ne s'applique pas nécessairement à cette question précise. Il essaie simplement de comprendre, parce que nous ne comprenons pas lorsque cela nous est imposé de cette façon.
Il est très difficile pour nous de prendre en compte les définitions qui ont été élargies. Ce n'est pas la façon normale de procéder, et ce n'est pas non plus la façon dont le gouvernement devrait s'y prendre lorsqu'il propose un projet de loi aussi important. C'est un projet de loi très important. De nombreux Canadiens veulent voir comment les choses vont se passer.
Nous, du côté conservateur de la Chambre, lorsque nous nous efforçons d'obtenir des éclaircissements et un certain réconfort pour ceux qui s'inquiètent de ces définitions élargies, ou de toute autre définition, nous sommes muselés, alors qu'en même temps, on nous impose des versions plus étoffées à la dernière minute, ce qui nous place dans une situation très difficile.
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Merci, madame la présidente.
Le commentaire de notre collègue M. Virani quant à la trivialité ou à l'insignifiance de mon exemple m'apparaît un peu particulier. Je ne pense pas que l'exemple que j'ai donné soit insignifiant. Si M. Virani s'attarde un peu à lire les recueils de jurisprudence, il va peut-être se rendre compte qu'il y a beaucoup de choses qui, selon lui, sont insignifiantes, mais qui ont quand même retenu l'attention des tribunaux, parfois jusqu'en Cour suprême. Mon intervention n'était pas insignifiante, et la sienne non plus. Sa proposition d'amendement est loin d'être insignifiante. Elle est importante et je pense qu'elle mérite aussi que nous en discutions.
Je voudrais revenir sur la réponse que m'a donnée l'avocate-conseil du ministère de la Justice, Mme Levman, car cela me pose problème. Je sais que l'intervention du parent n'est pas un traitement, un service de psychothérapie ou autre chose de cet ordre; on s'entend là-dessus. Par contre, je crois que cela pourrait être considéré comme une pratique. Si Mme Levman pense que ce n'est manifestement pas une pratique, j'aimerais qu'elle m'explique la distinction qu'elle fait entre « pratique », « traitement » et « service ». Il y a un principe d'interprétation qui veut que le législateur ne parle jamais pour ne rien dire. À mon sens, il faut trouver des définitions différentes à « pratique », « traitement » et « service ».
Selon mon humble interprétation, qui peut être différente de celle de M. Virani, mais que je ne trouve pas insignifiante pour autant, on pourrait facilement prétendre qu'il s'agit d'une pratique lorsqu'un parent, un tuteur ou même un voisin dit à un petit garçon de porter un pantalon ou, à l'inverse, dit à une petite fille de porter une robe.
Je rappelle que la définition du ministère de la Justice ne se rapporte pas seulement aux vêtements. J'avais arrêté la citation à cet élément, mais, pour les besoins de la cause, je devrais peut-être répéter cette définition. On dit que l'expression de genre d'une personne inclut « ses comportements et son apparence, comme ses choix vestimentaires, sa coiffure, le port de maquillage, son langage corporel et sa voix ». Donc, plusieurs choses sont incluses dans l'expression de genre. Ce qu'on entend par l'expression de genre regroupe bon nombre de comportements.
Je m'en confesse, comme parent, il m'est déjà arrivé de dire à ma fille qu'elle ne devrait pas se maquiller autant. Selon ce que je comprends, en faisant cette pratique — je pense effectivement qu'on peut considérer cela comme une pratique —, j'aurais commis un acte criminel. Je suis certain que personne ne veut cela.
Je ne suis pas naïf ou imbécile. Je m'inquiète du fait qu'on écrive des dispositions de loi qui, quand on cherche à les interpréter, peuvent conduire à des interprétations aussi extrêmes, qu'on ne souhaite pas. Je suis convaincu que le ministre de la Justice ne veut pas cela, pas plus que mes collègues libéraux, conservateurs ou autres.
Depuis le début de nos travaux, je me dis que l'article 5 du projet de loi , qui instaure l'article 320.101 du Code criminel, doit manifestement être réécrit, parce qu'il comprend la définition la plus ambiguë qu'on puisse souhaiter pour un sujet aussi important et qui mériterait qu'on y porte davantage attention.
En somme, j'aimerais qu'on explique quelle distinction on fait entre une pratique, un traitement et un service. Est-ce que l'intervention de quelqu'un qui n'est pas un professionnel pourrait être considérée comme une pratique? Nulle part on ne parle de professionnels de la santé; on parle en général. Je sais que, pour un traitement ou un service, il s'agit d'un professionnel, comme un psychologue ou un médecin. Cependant, n'importe qui peut avoir pour pratique de dire à un jeune homme qu'il ne devrait pas se maquiller ni porter de robes, ou de dire à une jeune fille de 8 ans qu'il n'est pas approprié de mettre autant de maquillage et qu'elle devrait porter des espadrilles pour aller à l'école au lieu de porter des talons de trois pouces, par exemple. Ce sont des choses qu'un enseignant, un parent, un tuteur ou un ami pourrait dire à un jeune et qui pourraient être interprétées par certains intervenants comme étant une pratique interdite par le Code criminel. Ce serait donc une infraction criminelle, ce qui est, je me permets de le rappeler, quelque chose de très grave.
Merci.
D'entrée de jeu, je tiens à dire que M. Fortin et moi sommes d'accord sur l'étendue du terme « expression de genre ». Je ne suis pas en désaccord avec ce qu'il a dit au sujet de sa signification.
Pour ce qui est du terme « pratique », je reconnais qu'il est plus large que les autres termes comme « traitement » ou « service ». Comme le l'a expliqué dans ses commentaires, cela signifie un acte qui se produit habituellement ou régulièrement.
Je tiens simplement à souligner que chaque mot doit être interprété dans son contexte, en fonction de son sens, et conformément à l'objectif général du projet de loi, qui est de cibler les pratiques préjudiciables, les pratiques dont l'effet nocif a été démontré, et qui consistent à modifier l'identité de genre d'une personne pour qu'elle devienne cisgenre, ainsi que son orientation sexuelle pour qu'elle devienne hétérosexuelle. Les termes doivent être interprétés de cette façon.
Les tribunaux peuvent également se pencher sur les cas où ces termes ont été utilisés dans d'autres contextes, et dans tous ces contextes, qu'il s'agisse du Code criminel ou des lois provinciales sur les soins de santé qui traitent de la thérapie de conversion, il s'agit d'une sorte d'intervention officielle. Je remarque que l'expression « pratique, traitement ou service » est utilisée dans certaines lois provinciales ou territoriales portant sur la thérapie de conversion.
Les objectifs généraux du projet de loi influeront sur l'interprétation de ces termes. Ensuite, il revient aux tribunaux, bien sûr, d'appliquer la définition à des circonstances particulières, aux faits concernant chaque cas.
Ce sont mes commentaires sur la portée de la définition et, en particulier, sur la signification du terme « pratique ».
Merci.
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Vous savez, plus j'en entends parler, plus c'est problématique. Je suis d'accord avec M. Virani pour dire qu'il s'agit d'un élargissement de la définition de la thérapie de conversion. Cela introduit un nouveau libellé que le gouvernement n'avait pas proposé au départ. Je vais demander au ministère... Je pense que ce libellé ouvre certainement davantage la porte à une contestation fondée sur la Charte que le libellé original.
Ce qui me dérange, madame la présidente, avec tout le respect que je dois à tout le monde autour de la table, c'est qu'il me semble maintenant évident que l'intention a toujours été... Encore une fois, toutes les ressources du gouvernement, que nous n'avons pas dans l'opposition... Ce n'est pas un nouveau projet de loi. Il a été présenté avant la prorogation par le . Il a été reproposé. Le gouvernement a eu tout le temps voulu pour y travailler.
Hier soir, en fin de journée — je crois qu'il était 17 h 30 ici, heure de l'Atlantique, donc 16 h 30, heure de l'Est —, nous avons reçu un amendement du gouvernement à son propre projet de loi. A-t-il modifié cet article? Non. Il a modifié le préambule pour y inclure le terme « expression de genre ». Je me suis alors demandé: « Pourquoi modifie-t-il le préambule pour y inclure l'expression de genre, mais pas le projet de loi pour y inclure la même expression? » Cela aurait été bien d'avoir cet amendement hier soir. Cela n'a pas été le cas.
Revenons maintenant à aujourd'hui, alors que nous essayons de faire l'étude article par article d'un projet de loi important, et que le gouvernement dépose cet amendement sans explication, sans entendre de témoignages sur sa portée, sur la manière dont il élargirait le projet de loi ou sur son effet éventuel. Un tel comportement est tout à fait inacceptable. Cela se comprendrait bien mieux de la part d'un parti de l'opposition qui n'a pas les ressources dont le gouvernement dispose.
On nous a tous dit de présenter nos amendements à temps, ce que nous avons tous fait. Le Parti vert — qui n'a certainement pas les ressources des grands partis, et encore moins celles du gouvernement — a présenté ses amendements, comme l'a fait le NPD, et nous avons proposé dans les temps des amendements à ce projet de loi. Puis, hier soir, à la fin de la journée, le gouvernement a proposé un amendement au préambule qui n'a aucun sens, parce qu'il ne cadre pas avec la loi.
Puis, au milieu de l'étude article par article, il dépose un amendement. C'est tout à fait inacceptable. Je ne sais pas trop comment il pense que les partis d'opposition pourront gérer cela. Il se présente à la table sans expliquer clairement le projet de loi ni l'incidence du changement, pour dire simplement qu'il est plus vaste et qu'il va englober plus de choses. C'est évidemment le cas. À l'origine, il était question d'orientation sexuelle et d'identité de genre. On parle maintenant d'« expression de genre », mais à titre de parlementaires, nous n'avons pas d'idée claire de ce que cela va englober dans notre Code criminel.
Je suis vraiment déçu. C'est tout à fait inacceptable. Je ne sais pas pourquoi nous n'avons pas reçu l'amendement du gouvernement hier soir lorsque nous avons reçu l'amendement au préambule.
Quoi qu'il en soit, c'est décevant, et j'aimerais avoir une réponse à ce sujet. À mon avis, l'élargissement de la définition risque fort d'entraîner l'annulation de la loi en vertu de la Charte.
Nous pourrions peut-être obtenir une réponse à ce sujet. Merci.
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Je suis désolé, oui. Par votre entremise, madame la présidente, je m'adresse à l'avocate du ministère. Merci.
Je ne veux pas vous mettre sur la sellette. Ce n'est peut-être pas juste pour vous non plus, parce que... Par votre entremise, madame la présidente, j'aimerais dire aux avocats de Patrimoine canadien et du ministère de la Justice que je suppose qu'ils ne se comporteraient pas ainsi, parce qu'ils auraient inclus cela dans la loi originale ou que cela nous aurait été présenté en temps opportun.
Malheureusement, à la onzième heure hier, le gouvernement a décidé de modifier le préambule, et aujourd'hui, nous découvrons pourquoi, alors que nous sommes au milieu de notre réunion. Le gouvernement dépose un amendement à son propre projet de loi.
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Il y a une petite fausseté dans ce qui est dit ici.
Les amendements NDP-2 et NDP-3, qui étaient dans la liasse d'amendements, proposent tous deux d'ajouter « expression de genre », de sorte que le sujet dont nous parlons ici était inclus dans la liasse, et les membres auraient dû être prêts à en traiter.
Nous avons entendu des témoignages à ce sujet à de nombreuses reprises au cours du débat sur ce projet de loi, alors, non, il n'y a pas eu de collusion à la table. Je n'ai pas vu le texte de cet amendement, mais ce que j'ai fait, c'est continuer de défendre les intérêts des Canadiens transgenres et non binaires les plus défavorisés, les membres les plus discriminés de notre population. Le gouvernement a dit qu'il écouterait, et il l'a fait, mais ce sujet figure dans les amendements depuis le tout début.
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Merci, madame la présidente.
Je signale simplement que les questions ou les considérations relatives à la Charte qui sont soulevées par le projet de loi sont abordées dans l’énoncé concernant la Charte qui se trouve sur le site Web du ministère.
Nous savons, d’après ce que le ministre a expliqué et même d’après ce que certains témoins ont dit au Comité, que le projet de loi tente d’instaurer un équilibre entre l’égalité et la dignité des personnes LGBTQ d’une part et, d'autre part, les droits et libertés des personnes qui peuvent choisir de recevoir ou d’offrir une thérapie de conversion.
Il ne faut pas oublier que l’analyse d’un tribunal sera largement influencée par son interprétation de ces dispositions. Je ne saurais trop insister sur l’importance d’une interprétation étroite des dispositions pénales — c’est un principe fondamental de l’interprétation des lois — et de leurs objectifs généraux. L’objectif global du projet de loi est de mettre fin à certains types d’interventions que nous savons nocives — nous en avons la preuve. Ces interventions sont conçues pour changer la nature d’une personne, son identité, en fonction des normes de la société. Je m’attends à ce que les dispositions législatives soient interprétées en fonction de ces règles.
Je tiens également à souligner que l’équilibre délicat que vise le projet de loi ne se limite pas à la définition elle-même, mais concerne aussi la nature des infractions. Je sais que vous allez y venir sous peu, et je suis sûre que vous aurez une bonne discussion sur la portée de ces infractions.
Merci.
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Merci, madame la présidente. Je serai bref.
Je tiens à exprimer mon mécontentement, car on nous présente cette proposition à la toute dernière minute, au beau milieu de l’étude article par article. Cet amendement modifie fondamentalement la définition qui figure dans le projet de loi, une définition qui, si je me fie à un grand nombre de témoignages entendus par le Comité, est déjà vague et a une trop grande portée. Il est certain que les dispositions du Code criminel qui sont vagues et trop générales ne peuvent se maintenir. Elles sont contraires à la justice fondamentale.
M. Fortin a soulevé à juste titre des questions, demandant qui sera visé. Dans quelles circonstances cet article du Code s’appliquera-t-il à ceux qui seront soudainement accusés d’une infraction?
Dans l’arrêt Mabior, la Cour suprême du Canada a clairement rappelé que le justiciable a le droit de savoir si ce qu'il fait constitue ou non un crime. Et, à dire vrai, je ne sais même pas, à ce stade-ci, sur quoi nous votons, car le changement proposé au libellé de la définition, qui fait déjà problème, est considérable, et nous ne pouvons pas compter sur des témoins qui pourraient exprimer une opinion sérieuse sur ce changement de fond.
Pour cette raison, je ne pourrai pas appuyer l’amendement.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à répéter que j’ai posé des questions tout au long des audiences sur l’ajout de la notion d'expression de genre dans le projet de loi, et cela faisait partie de la série d’amendements.
Pour ce qui est des objections — j’essaie de bien peser mes mots — qui tiennent au fait qu'on ignore ce que signifie « expression de genre », je dirai que ces termes figurent dans les dispositions du Code criminel du Canada sur les crimes haineux. Ils ont été ajoutés dans la Loi canadienne sur les droits de la personne il y a plus de cinq ans. La signification de ces termes est bien établie en droit. Nous en connaissons le sens.
J'essaie de m'abstenir de parler d'impudence, mais c'est le terme qui me vient à l’esprit. Quand on voit ce qui se passe dans la communauté en ce qui concerne les personnes transgenres et non binaires, ce débat a quelque chose de honteux, et si vous en doutez, je vais vous faire part de certains des...
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Je n’ai aucune objection à ce qu’il y ait un débat de fond sur cette question, et j’accepte qu’il y ait des divergences d’opinions, mais dire que nous ne savons pas de quoi nous parlons, que nous ne savons pas ce que ces termes signifient... C’est de cela que je parle.
Ce sont des termes bien établis en droit. Ce sont des principes bien établis que nous avons consacrés dans la Loi canadienne sur les droits de la personne et dans la partie du Code criminel qui porte sur les crimes haineux. Par conséquent, si certains membres disent que, pour cette raison, il est plus probable que le projet de loi ne résistera pas à une contestation fondée sur la Charte, je dois dire que c’est manifestement faux, car ces notions font déjà partie des droits au Canada, et ce, depuis déjà un certain temps.
Merci, madame la présidente.
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Madame la présidente, j’ai un ou deux points à soulever.
Les termes « expression de genre » ont été insérés dans les lois canadiennes par le projet de loi lors de la dernière législature. M. Cooper, entre autres, siégeait alors. Encore une fois, il est tout à fait inexact de prétendre que les gens ne connaissent pas les termes « expression de genre » ou ne savent pas ce qu'ils désignent ou signifient.
Je répète que les termes « expression de genre » sont utilisés dans la motion à l'étude, c’est-à-dire l’amendement NDP-2 et les changements que je propose d’y apporter. Ils sont également utilisés dans l’amendement NDP-3 et dans l’amendement final au préambule. Encore une fois, il est tout à fait faux de prétendre qu’il y a quelque chose d'étonnant dans les documents dont le Comité est saisi.
Troisièmement, on a laissé entendre que les discussions avec d’autres députés et d’autres partis avaient quelque chose de fâcheux. Je dirais simplement qu’en situation de gouvernement minoritaire, il y a toujours des discussions, comme il se doit, avec d’autres députés et d’autres partis sur les points qui peuvent faire l’objet d’un consensus.
Ce qui s’est passé ici, c’est que nous, les députés ministériels — mes collègues libéraux et moi-même — avons vu un amendement, le NDP-2, qui utilisait les termes « expression de genre », mais qui allait aussi plus loin. Nous avons essayé de trouver un terrain d’entente sur la façon de veiller à ce que ces termes et les protections qui en découlent soient consacrés dans cette importante mesure législative, tout en maintenant l’équilibre délicat qui est visé.
Si des membres du Comité ont du mal avec ce genre d’approche, je leur dirai que leur attitude va à l’encontre de l’esprit de coopération qui doit régner dans un Parlement où le gouvernement est minoritaire. Deuxièmement, en fin de compte — et j’espère que nous le croyons tous —, les droits des Canadiens transgenres et non binaires sont aussi importants que ceux de tous les autres groupes que nous cherchons à protéger au moyen du projet de loi. Voilà pourquoi nous proposons l'amendement.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
Je n’ai absolument aucune objection, surtout dans un Parlement où le gouvernement est minoritaire, à ce que les membres du Comité ou de quelque autre comité discutent avec des députés d’autres partis. C’est ce que veut l’esprit de coopération et c’est une bonne chose. Mon problème, c’est de choisir ceux à qui on parle et d’exclure les autres, pour qu’ils soient pris de court par ce qui leur est présenté. C’est un problème. Par respect pour nous tous qui essayons d'étudier un projet de loi difficile, nous devrions tous participer à ce genre de discussions, ou du moins en être prévenus, au lieu que seulement une personne choisie ou quelques-unes soient informées, les autres étant laissés à elles-mêmes.
Cela dit, je sais pertinemment que les termes « expression de genre » figurent dans le projet de loi . Ce que j’essaie de comprendre — et c’est probablement une question qui s'adresse aux fonctionnaires du ministère de la Justice —, c’est que les termes « expression de genre » ne sont définis nulle part dans le Code criminel du Canada, que je sache. On les utilise dans le projet de loi C-16, mais je n’y vois aucune définition. En fait, je crois qu’on a dit à l’époque qu’il revenait aux tribunaux de les définir.
Ma question est la suivante: les termes « expression de genre » sont-ils définis dans le Code criminel du Canada. Le terme « pratique » y est-il défini? Si c'est le cas, cela nous donne de quoi travailler. Si la législation ne propose aucune définition, j'aurais du mal à les employer dans le projet de loi alors que, dans les témoignages, de nombreux témoins... Nous avons tous entendu les mêmes témoignages. Certains témoins voulaient que ces termes soient expressément utilisés. D’autres souhaitaient le contraire, faute de savoir ce qu'ils signifiaient au juste.
Il ne s'agit pas ici de n’importe quelle loi. Il est question d'apporter au Code criminel du Canada des modifications qui entraînent des sanctions pénales. C’est là tout le problème de ce projet de loi. Je ne pense même pas que ce soit l’idée générale du projet de loi. Il s’agit du fait qu'il prévoit réprimer par des sanctions pénales certains actes qui y sont décrits sans que les définitions soient assez précises.
Ma question s’adresse aux représentantes du ministère de la Justice. Où, dans le Code criminel du Canada, définit-on les termes « expression de genre »? Où le terme « pratique » est-il défini? Je voudrais qu'on me le dise.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Aucun de ces termes n’est défini, mais, comme je l’ai déjà dit, ils sont utilisés dans d’autres contextes. En fait, M. Fortin a donné aujourd’hui une excellente définition de l’expression de genre. Les termes sont utilisés dans de nombreux contextes différents. Nous comprenons ce qu’ils veulent dire en fonction de leur interprétation contextuelle ou téléologique.
Je signale que ces termes en particulier — « pratique, traitement ou service » — sont utilisés dans d’autres textes de loi au sujet de la thérapie de conversion, sans définition, parce qu’ils ont un sens clair et ordinaire dans ce contexte. Les règles d’interprétation des lois vont dans ce sens, tout comme les observations que le a faites lorsqu’il a comparu devant le Comité.
Merci.
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Merci, madame la présidente. Je serai bref.
Je n’ai qu'un ou deux points à soulever. Premièrement, je comprends ce que Mme Findlay a dit au sujet de la consultation des autres membres du Comité. Je suis tout à fait d’accord avec vous, mais il arrive qu’un représentant d’un parti parle au nom de ses collègues lorsqu’il traite avec d’autres membres du Comité. M. Virani l’a fait à cette occasion. Je suis sûr que cela se produit aussi dans votre parti, que ce soit M. Moore, vous, M. Lewis ou M. Cooper.
Il n’y avait là rien de pernicieux, et c’est vraiment là où je veux en venir. M. Moore a laissé entendre que, de façon inattendue et à l’insu de tout le monde, M. Virani s’est présenté aujourd’hui et a proposé de but en blanc quelque chose qui n'avait rien à voir avec tout ce dont nous avions parlé. Rien n'est plus éloigné de la vérité. Il est non seulement faux d’attribuer un objectif pernicieux à M. Virani, mais c’est aussi un peu offensant, franchement. La question a été soulevée dans plus d’un amendement proposé par M. Garrison. Nous avons entendu de nombreux témoignages à ce sujet. Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit de déplacé dans cette façon de faire. Nous discutons d’une question qui est clairement à l'ordre du jour. Cela faisait partie des amendements proposés.
Pour ce qui est de la comparution du , j’étais ici lorsqu'il a comparu et je ne l’ai jamais entendu dire que le projet de loi était intouchable. Bien entendu, le ministre est toujours ouvert aux amendements. Il respecte le Comité et le processus. Il respecte tous les députés, quel que soit leur parti. Il est ouvert aux propositions d’amendement.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais revenir sur la réponse à ma question que l'avocate-conseil a donnée plus tôt. Je retiens de sa réponse que le terme « pratique » a effectivement une portée plus large que le terme « traitement ». Le traitement comme la pratique sont différents du service, mais ce n'est pas clair. Il y a une zone d'ombre entre ces trois définitions. Je retiens que le sens est assez large quand on parle de pratique. Je retiens également que, à son avis, si un parent disait à sa fille qu'elle devrait moins se maquiller ou à son fils qu'il ne devrait pas porter de talons hauts pour aller à l'école, ce parent pourrait avoir gain de cause s'il était accusé de pratiquer une thérapie de conversion à l'égard de son enfant.
Je vais vous donner un autre exemple, qui est assez fréquent. Plusieurs d'entre nous ont eu des enfants ou ont encore des enfants à la maison. Comme on le sait, il peut arriver qu'un parent décide que son enfant doit consulter un psychologue, pour toutes sortes de raisons. J'ai connu beaucoup de parents dont c'était le cas, que ce soit parce que leur enfant souffrait d'énurésie, c'est-à-dire qu'il mouillait son lit la nuit, parce qu'il faisait l'objet de taxage à l'école, parce qu'il avait des troubles de comportement ou pour n'importe quelle autre raison.
Dans ce contexte, prenons l'exemple d'un enfant de 8 ans qui consulte un psychologue. Disons que le parent demande au psychologue d'examiner un autre problème qu'il a observé, c'est-à-dire que son fils, en plus de souffrir d'énurésie, veut se maquiller et porter des talons hauts pour aller à l'école. Évidemment, il se fait agacer ou se fait battre par les autres garçons quand il arrive à l'école en talons hauts. Le parent trouve la situation effrayante et aimerait que le psychologue parle à son fils pour lui faire comprendre que ce n'est pas une bonne idée de s'habiller de cette façon pour aller à l'école.
En agissant ainsi, le parent ne commettrait-il pas un autre acte criminel, en l'occurrence inciter un professionnel à en commettre un, puisqu'on considérerait désormais comme un acte criminel le fait qu'un psychologue dise à un enfant de 8 ans que se maquiller et porter des talons hauts pour aller à l'école n'est pas une bonne idée? Ce serait effectivement un acte criminel, puisqu'il s'agirait d'un traitement donné par un professionnel de la santé visant à restreindre l'expression de genre de l'enfant.
Dans un premier temps, donc, j'aimerais savoir si le fait de demander à un professionnel de la santé d'intervenir auprès d'un enfant dans un tel cas serait considéré comme un acte criminel. J'aimerais que l'avocate-conseil, Mme Levman, me dise ce qu'elle en pense.
Ensuite, je voudrais simplement faire valoir un point. J'ai écouté M. Garrison tantôt. Je suis tout à fait d'accord avec lui sur le fait qu'il faut protéger les personnes transgenres, notamment. Cela ne me pose aucunement problème, et je tiens à préciser qu'au Bloc québécois, nous souhaitons que les thérapies de conversion soient interdites. À mon avis, c'est la définition qui pose problème. En voulant trop bien faire, on ratisse trop large.
Outre la situation que j'ai soumise à Mme Levman, je voudrais simplement rappeler que l'enjeu ici n'est pas la protection des droits des individus. Nos chartes interdisent la discrimination fondée sur des questions d'orientation sexuelle, et on pourrait aussi interdire la discrimination fondée sur l'expression de genre, par exemple. Cela, c'est une chose. Cependant, on semble oublier par moments qu'il s'agit ici du Code criminel, comme Mme Findlay et plusieurs d'entre vous l'ont mentionné. La personne, quelle qu'elle soit, qui sera accusée d'avoir commis un acte criminel va traîner cette accusation toute sa vie, qu'elle soit acquittée ou non. Évidemment, ce sera pire si elle est reconnue coupable, étant donné que cela va donner lieu à un casier judiciaire, à des sanctions, et ainsi de suite.
Il faut donc être prudent. Comme Mme Levman l'a souligné plus tôt, et avec raison, quand on interprète le Code criminel, on adopte des règles d'interprétation plus restrictives. On ne veut pas que l'interprétation soit trop large. Or, il me semble ici qu'on ratisse trop large. La proposition d'amendement de M. Virani ainsi que celles de M. Garrison me confirment qu'on veut vraiment ratisser très large.
Encore une fois, au lieu d'assurer une protection très large, on laisse place à une interprétation très large qui aura pour effet d'incriminer des personnes, et cela m'inquiète beaucoup.
Je tenais donc à faire ce rappel, et j'aimerais que Mme Levman me dise ce qu'elle pense de la situation que j'ai décrite. Autrement dit, si un parent demande à un professionnel, par exemple un psychologue, un travailleur social ou un enseignant, d'intervenir auprès de son enfant de 8 ans qui veut se maquiller et porter des talons hauts pour aller à l'école, est-ce que ce parent risque de se faire accuser d'avoir incité quelqu'un à procéder à une thérapie de conversion sur son enfant?
:
Merci, madame la présidente.
Vous avez dit que j’ai insisté sur le principe d’interprétation des lois selon lequel les dispositions pénales doivent faire l'objet d'une interprétation étroite. Mais il y a plus. Il faut que l'interprétation tienne compte du but et du contexte, ce qui signifie que les tribunaux devront examiner l’objectif global de la loi, c’est-à-dire mettre fin aux pratiques visant à modifier l’identité pour la rendre conforme aux normes de la société.
Dans des cas comme celui que M. Fortin a décrit, ces principes joueraient tous.
Je rappelle au Comité que nous ne pouvons pas examiner la définition isolément, sans considérer également les infractions correspondantes. Sauf erreur, M. Fortin faisait allusion à l’infraction proposée, soit obliger un enfant à suivre une thérapie de conversion. Il faudrait également prouver les faits dans un cas comme celui qu’il a évoqué.
Merci.
Pour que les membres du Comité comprennent bien, je précise que le débat porte sur l’amendement LIB-1, qui est le nouveau libellé proposé à tout le monde par courriel aujourd’hui, et non sur l’amendement NDP-2.
S’il n’y a pas d’objection, l’amendement NDP-2 peut être retiré, par souci de clarté sur le plan de la procédure. Est-ce que tout le monde est d’accord?
D’accord, je vois qu’il y a consentement.
(L’amendement est retiré)
Le président: Madame Findlay, vous avez la parole.
Je suis de plus en plus perplexe. En réponse à la question de M. Fortin sur l’expression de genre, je crois que Mme Levman a répondu en se rapportant à l’identité de genre. Ce sont deux notions différentes. Voilà ce qui fait problème en ce moment avec l’amendement LIB-1, dont vous avez parlé, madame la présidente.
Mme Levman a utilisé l’expression « la définition » tout en me confirmant qu’il n’y a pas de définition dans le Code criminel du Canada. Voilà qui me laisse perplexe, car nous confondons deux ou trois questions différentes. Nous sommes maintenant saisis de l’amendement LIB-1, si j’ai bien compris, et il porte sur l’expression de genre, dont il est déjà question dans le Code criminel et les lois sur les droits de la personne, mais qui n’est pas définie, comme cela a été confirmé.
De plus, dans la réponse précédente que Mme Levman a donnée à ma question — je crois que c’est de cela que je parlais, car le temps passe et j'ai du mal à suivre —, elle a utilisé une expression comme « usage ordinaire » ou quelque chose de cette nature. C’est là que le bât blesse. L’expression de genre est une notion dont le sens est très large. Plusieurs témoins en ont parlé. Moi qui dois me prononcer là-dessus, je ne vois pas au juste ce qui tomberait sous le coup des sanctions pénales. Mme Levman a parlé d’« usage ordinaire », mais je ne crois pas qu’il y ait un usage ordinaire de cette expression. Je suis prête à entendre ce que d’autres, y compris mon collègue M. Garrison, pensent de l’utilisation ordinaire de l'expression. D’après ce que dit M. Fortin, d’après ce que je ressens moi-même et d’après les témoignages, il y a une certaine confusion au sujet du sens de l'expression.
On a beaucoup fait allusion ici au témoignage du au début de nos délibérations. Je le répète, l’une des premières choses que le ministre a dites lorsqu’il a parlé du projet de loi, c’est qu’il semble y avoir une certaine confusion au sujet de sa portée. Il appartient au gouvernement, avec sa propre loi, d’éliminer cette confusion. C’est exactement pour cette raison que nous avons du mal à nous dépêtrer avec des définitions très larges, qu'on nous propose maintenant d’élargir encore. À mon avis, cela les rend encore plus confuses et plus difficiles à cerner.
J'ignore si Mme Levman a quelque chose à ajouter pour m’expliquer ce qu’elle entend par « usage ordinaire », mais je suis prête à l’entendre.
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Merci, madame la présidente.
J'ai une chose à dire. M. Maloney a prétendu que j’avais laissé entendre qu'il y avait quelque chose de « pernicieux ». Ce sont ses mots, pas les miens. Je n’ai pas dit et je ne pense pas que ce que M. Virani a fait était pernicieux.
Ce que je dis, je le dis par respect pour tout le monde. Le gouvernement savait hier soir que cet amendement allait être déposé à la dernière minute, parce qu’il comprenait un changement au préambule. Comme il était 16 h 30, il ne fait aucun doute... Je ne pense pas que quiconque puisse contester — du moins je l’espère — qu’il s’agit d’une proposition qui a été faite à la dernière minute. Il est tout à fait injuste pour vos collègues de s’attendre à ce que nous soyons prêts sur-le-champ à étudier cette proposition. Ce n’est pas pour rien qu'il y a des heures de tombée pour la présentation des amendements.
C’est le député qui a employé ce qualificatif et pas moi. Il ne fait cependant aucun doute que ce que le gouvernement a fait aujourd’hui nous complique beaucoup la tâche si nous voulons mener à bien l’étude article par article. C'est indubitable, car les membres n’ont pas eu l’avantage de prendre connaissance de cet amendement ne fût-ce qu’une journée à l’avance — et quelques jours à l'avance, cela aurait été encore mieux —, comme nous en avions convenu.
Il est très clair que le gouvernement a déposé de but en blanc un amendement au projet de loi qui, selon les propres mots du ministère, élargit considérablement la définition, puisque les termes « expression de genre » ont un sens large. D’après le témoignage d’experts du ministère, il s’agit également de termes non définis dans le Code criminel. Voilà donc une expression qui n'a pas de définition dans le Code criminel et qui élargit la définition courante.
Je ne veux pas m’éterniser là-dessus, mais il a été question de l’énoncé concernant la Charte. Celui que j’ai vu était fondé sur le projet de loi C-6 présenté par le ministre au Comité. Le nouvel amendement que le gouvernement a déposé brusquement étend la portée du projet de loi, et s’il y a eu une mise à jour de l’énoncé concernant la Charte, je n’ai pas eu l’avantage de le voir. Il se peut que ce soit sur le site Web du ministère; je l'ignore.
Voici la question que je pose aux représentantes du ministère. Nous avons vu l’énoncé concernant la Charte — et le ministre en a parlé dans son témoignage — qui se rapporte à la version originale du projet de loi C-6. Y a-t-il un énoncé à jour de la Charte après l'ajout de cet amendement?
Je vais mettre aux voix l’amendement LIB-1.
Pour la gouverne des députés, le vote sur l’amendement LIB-1 s’appliquera au vote sur l’amendement G-1, car ils sont corrélatifs. De plus, si l’amendement LIB-1 est adopté, les amendements NDP-3 et CPC-1 ne pourront pas être proposés.
(L’amendement est adopté par 6 voix contre 5. [Voir le Procès-verbal])
La présidente: Les amendements LIB-1 et G-1 sont adoptés et, par conséquent, l'amendement NDP-3...
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Merci beaucoup, madame la présidente.
L’article 5 du projet de loi initial contient une disposition qui apporte un surcroît de précision au sujet de ce qui n’est pas visé par l’interdiction de la thérapie de conversion. Il comporte deux alinéas, a) et b). Nous avons entendu des témoignages et des préoccupations de la part de membres au sujet du caractère vague de ces deux dispositions.
J’ai donc rédigé un amendement qui correspond davantage à la pratique clinique que ce qui était déjà prévu dans le projet de loi. L’amendement dirait que l’interdiction ne vise pas ce qui se rapporte « à l’exploration et au développement d’une identité personnelle intégrée sans privilégier une quelconque orientation sexuelle, identité de genre ou expression de genre. » Autrement dit, aucune tentative de bonne foi visant à aider une personne qui s'interroge sur son identité ou sur la construction de son identité ne serait visée par le projet de loi. Il y a neutralité. Il est présumé dans l'amendement que ce que nous défendons ici, ce sont les efforts de bonne foi qui ne visent pas, en fait, à changer ou à dénigrer une orientation, une identité ou une forme d’expression particulière.
C’est un amendement important. Il donne suite à de nombreux témoignages, et j’espère qu’il recevra un large appui du Comité.
Merci.
:
Merci, monsieur Kelloway.
Comme personne d’autre ne lève la main, je vais mettre aux voix l’amendement NDP-4.
(L’amendement est adopté par 6 voix contre 5. [Voir le Procès-verbal])
La présidente: L’amendement NDP-4 est adopté.
Nous passons maintenant à l’amendement CPC-2.
Monsieur Moore, je vous cède la parole.
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Merci, madame la présidente.
Comme vous vous en souviendrez, lorsqu’il a présenté le projet de loi, le en a décrit l’objectif et il a précisé ce que cette mesure visait. Ensuite, lorsque nous avons examiné le libellé — le simple texte du projet de loi — nous avons constaté que la définition faisait certainement problème. Des témoins nous ont dit que la définition pourrait englober des discussions de bonne foi qui ne devraient pas être visées par les sanctions pénales prévues par le projet de loi.
L'amendement reprend directement la terminologie du site Web du ministère de la Justice.
Dans la définition de la thérapie de conversion, le ministre a prévu une ou deux dispositions qui apportent un surcroît de précision. Les voici:
Il est entendu que la présente définition ne vise pas les pratiques, les traitements ou les services qui se rapportent:
a) à la transition de genre d’une personne;
b) à l’exploration ou à la construction de son identité.
L'amendement ajoute le libellé du site Web qui traite de ces discussions: « à l’expression d’opinions sur l’orientation sexuelle, les sentiments sexuels ou l’identité de genre, comme lorsque des enseignants, des conseillers scolaires, des conseillers pastoraux, des chefs religieux, des médecins, des professionnels de la santé mentale, des amis ou des membres de la famille fournissent du soutien aux personnes qui se posent des questions sur leur orientation sexuelle, leurs sentiments sexuels ou leur identité de genre. »
Le libellé n’est peut-être pas parfait, mais il provient du site du gouvernement. Il permet de dissiper certaines des préoccupations des témoins qui s’inquiètent de la portée de la définition. Or, la définition est encore plus large à cause de l’amendement qui vient d’être adopté. Il est d’autant plus important, compte tenu de la définition plus large qui a été proposée à l'improviste et qui vient d’être adoptée, que nous disions explicitement ce qui n’est pas visé.
Le ministre a jugé bon d’inclure deux dispositions qui apportent un surcroît de précision. L'amendement en ajouterait une troisième.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur Moore, de cet amendement et de vos observations.
Je crains que l'amendement n’aille à l’encontre de l’objet du projet de loi. Même s’il s’agit d’une loi pénale, je ne vais pas prêter des motifs ou des intentions à quiconque, monsieur Moore. Nous en avons déjà discuté. De simples expressions de points de vue personnels ne constituent pas une pratique, un service ou un traitement et ne sont pas visées par la définition.
J’ai fait connaître mon point de vue tout au long des délibérations du Comité. Comme je l’ai dit au cardinal Collins l’autre jour, les conversations au confessionnal ne seront aucunement entravées par le projet de loi, pas plus que les conversations avec les parents ou les conseillers. Je vais donc m’opposer à cet amendement.
Deuxièmement, la disposition qui apporte un surcroît de précision donne des exemples de définitions qui existent déjà. L’énumération d’une série de situations qui pourraient être visées ici... Nous avons eu une discussion... Je vous remercie, madame Levman, de nous avoir parlé de l’interprétation des lois. Je me souviens d’avoir plaidé des causes d’interprétation des lois lorsque j’étais jeune avocat, et je les ai évitées délibérément par la suite.
Les juges font de leur mieux pour interpréter la loi en fonction de l'intention du législateur. Paradoxalement, plus on est précis, plus on exclut de choses. En énumérant toutes ces situations supplémentaires, on en exclut d’autres. Pour cette raison, l'amendement accroît la confusion et mine l’objectif du projet de loi.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
J’appuie l'amendement. Il me semble nécessaire, compte tenu de l'incroyable extension de la définition. Je crains que ne soient visées les interventions des parents, des conseillers et des chefs religieux, entre autres. Nous avons entendu d’importantes préoccupations à cet égard.
Le ministre parle des deux exemptions. La première concerne « la transition de genre d’une personne ». Je dirais que la portée de cette exemption est très limitée. La deuxième concerne « l’exploration ou la construction de l’identité ». Ce sont des termes extrêmement vagues.
Ce qu’il faut, c’est de la clarté. Le ministre a beau avoir la certitude que la disposition ne va pas couvrir ce genre de discussions de bonne foi, et on a beau publier un texte rassurant sur le site Web du ministère de la Justice, ce qui compte, ce n’est pas l’assurance donnée par le ministre ou le site Web du ministère. Ce qui compte, c’est ce qui se trouve dans le texte de loi.
Il faut une clarté qui fait actuellement défaut, et je vais donc appuyer cet amendement important.
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Merci, madame la présidente.
Je veux parler en faveur de l'amendement. Nous avons entendu beaucoup de témoignages et nous avons reçu des mémoires — dont j'ai pu lire au moins quelques-uns — au sujet de la nécessité de comprendre ce qui est visé par ces modifications au Code criminel du Canada qui peuvent donner lieu à des sanctions pénales.
Aujourd'hui, bien des gens — autant les témoins du ministère de la Justice que des membres du Comité — ont parlé de ce que fait ou ne fait pas le juge lorsqu'il interprète une loi. Je n’ai jamais été nommée juge, mais j’ai été juge en droit administratif pendant cinq ans au Tribunal canadien des droits de la personne. À ce titre, sachant que mes décisions pouvaient faire l’objet d’un appel auprès des tribunaux — et ont effectivement fait l'objet d'un appel, parfois —, j’ai toujours été très consciente, en acceptant les éléments de preuve, de ce dont j'avais ou non le droit de me saisir.
En droit administratif, on peut en fait prendre en compte et soupeser des éléments de preuve dans un contexte un peu plus large que ne peut le faire un tribunal de droit ou, certainement, un tribunal pénal. Les listes sont très utiles pour guider l’interprétation d’un juge. Elles n’ont pas à être exhaustives. C’est pourquoi on voit parfois, comme dans l'amendement à l'étude, des libellés où on emploie des locutions comme « tels que ». Il ne s’agit pas de listes exhaustives.
Le ministre et, sauf erreur, M. Virani et d’autres, ont dit que les listes ne sont pas très bonnes. En fait, elles sont utiles. Elles guident l’interprétation. On a beaucoup parlé aujourd'hui du fait que les juges tiennent compte de l’intention du législateur dans leurs décisions.
On nous a dit et répété que l'information se trouve sur le site Web, qu'on peut le consulter. À ma connaissance, les sites Web ne font pas autorité devant les tribunaux. Je n’ai jamais entendu parler d’un juge qui se réfère à un site Web pour interpréter une loi. Ce n’est pas ce qu’il faut consulter.
À l’occasion, j’ai vu des juges tenir compte, pour rendre leurs décisions, des déclarations faites par un ministre au moment de l’adoption d’une loi. Là non plus, ces déclarations ne font pas autorité. Pourquoi? Les ministres ne sont que de passage, sauf le respect que je dois à ceux qui occupent ces postes. Lorsqu’il s’agit de présenter une mesure législative, particulièrement si elle prévoit des sanctions pénales, il est essentiel que le libellé soit suffisamment précis et bien compris pour que tout futur ministre et tout futur juge, étant donné l'obligation d’interpréter la loi ou de s’y fier, sachent à quoi s'en tenir.
Franchement, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n’est pas disposé à préciser le projet de loi, dont l’intention générale est claire, mais dont les définitions et le libellé manquent de précision. Cela rassurerait ceux qui, loin de vouloir faire quoi que ce soit de coercitif, veulent seulement apporter de l’aide et un soutien.
Nous avons entendu au cours des délibérations sur le projet de loi des témoins expliquer que ce genre de conseils — qu'ils soient dispensés par des dirigeants religieux ou d'autres intervenants en général qui offrent des consultations — leur avait été très utile pour faire le point sur leur identité de genre ou l’expression de genre. Je ne voudrais pas que nous adoptions une loi assortie de sanctions pénales qui aurait pour effet de freiner les efforts de ceux qui apportent un soutien ou recueillent des confidences pour aider ceux qui ont du mal à se situer en cette matière.
Mon collègue M. Maloney a parlé du cardinal. Il a une interprétation différente de celle du cardinal, qui a dit parler au nom de millions de catholiques du Grand Toronto à propos du sens à donner à cette disposition. Lorsqu’on accueille un témoin — et je précise que je ne suis pas catholique — dont le jugement et les conseils sont recherchés par littéralement des millions de Canadiens, nous devrions être prudents et tenir compte du fait que, selon lui, nous devrions adopter une définition plus précise qui puisse éclairer l'interprétation retenue par les juges dans leurs observations et leurs décisions. Nous ne devrions pas empêcher ceux qui demandent notre aide de comprendre le projet de loi.
Prenons le cas des dirigeants religieux. Nous avons entendu des chefs religieux et reçu des mémoires de chefs religieux de presque toutes les confessions imaginables dire qu'ils s'opposent à la thérapie de conversion coercitive et à l’idée d’essayer de forcer qui que ce soit dans un sens ou dans l’autre, mais qu’ils ont besoin de clarté. Ils ont besoin de comprendre que les consultations qu’ils peuvent avoir et qui appuient le cheminement d’une personne — pour accompagner une personne qui, pour toutes sortes de raisons, peut avoir besoin d'aide pour mieux voir comment orienter sa vie — ne seraient pas interdites.
Je demande aux députés de réfléchir sérieusement à la question. Il ne s’agit aucunement de faire dévier l’intention générale du législateur, ni de la restreindre. Ce qu’on essaie de faire, c’est de rassurer ceux qui participent à ces consultations très délicates — habituellement des échanges confidentiels dans leur contexte de prédilection, professionnel ou religieux, familial ou amical — ne seront pas freinés par des restrictions dont nous ne voulons pas.
Soyons clairs. Le libellé de l'amendement, provient directement du site Web du gouvernement. Je présume que le gouvernement en place croit à ce libellé, faute de quoi il ne l’aurait pas mis sur son site Web. Comme je l’ai dit, un juge qui interprétera ces dispositions à l’avenir, ou les simples citoyens qui tenteront de comprendre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, n’iront pas sur un site Web. Ils vont examiner le texte de la loi.
C’est notre tâche aujourd’hui, et j’espère que nous nous en acquitterons en adoptant l'amendement, qui ne va en rien à l’encontre de l’intention générale qui inspire projet de loi.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je ne doute pas des bonnes intentions qui ont poussé M. Moore à proposer l'amendement, mais je dois dire que je ne vois rien dans cette énumération qui puisse être visé par le projet de loi.
Une deuxième chose, à propos de l'amendement: un principe de l’interprétation des lois veut que l’inclusion suppose l’exclusion. Voilà le danger que présente une liste. Ce qui n'y figure pas semble exclu, semble ne pas aussi bien protégé que ce qui s'y trouve.
Voilà pourquoi je m’oppose à cet amendement.
Par ailleurs, madame la présidente, je voudrais obtenir une décision sur la recevabilité de l'amendement, étant donné que nous avons adopté l’amendement précédent, le NDP-4, qui a modifié cet article. Il n’y a plus d’alinéas a) et b) auxquels vous pourriez ajouter un alinéa c). Je me demande donc si cet amendement-ci est recevable, puisque nous avons déjà adopté un amendement qui a modifié l'article.
Merci.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
L’objectif de l’amendement NDP-7 est très simple. Il s’agit de remplacer les mots « contre son gré », qui se trouvent dans le projet de loi actuel, par « sans son consentement ».
Dans le Code criminel, la notion de « consentement » est mieux établie. Nous connaissons le sens de ce terme et nous savons comment il est appliqué. Pour ma part, je ne connais aucune autre partie du Code criminel qui utilise l'expression « contre son gré ». Cela rend le libellé beaucoup plus uniforme par rapport à ce qui existe déjà dans le Code criminel. Cela permettrait de préciser plus tard — car je propose l’amendement NDP-8 — ce qu’est le consentement, mais même sans aucun autre amendement, ce que je propose ici situerait clairement cette disposition dans le domaine du droit établi.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Cet amendement dresserait la liste des circonstances dans lesquelles le consentement n’est pas obtenu en droit aux fins de la nouvelle infraction qui interdirait de faire subir une thérapie de conversion à une personne sans son consentement, comme le propose l’amendement NDP-7. Les circonstances énumérées dans lesquelles le consentement ne serait pas obtenu en droit sont éclairées par les dispositions du Code criminel sur l’agression sexuelle. Ces dispositions précisent ce qui peut vicier le consentement dans des circonstances semblables. Toutefois, les circonstances supplémentaires qui ont une portée plus large sont également énumérées.
Dans l'état actuel des choses, le projet de loi n’empêche pas les adultes de demander une thérapie de conversion lorsque de tels services sont fournis gratuitement, car les faits montrent que certains adultes ont demandé une thérapie de conversion et ont obtenu des résultats positifs. Comme l'amendement bouleverserait l’équilibre recherché dans le projet de loi, je ne vais pas l’appuyer, madame la présidente.
Merci.
:
Merci, monsieur Maloney.
Je vais mettre aux voix l’amendement NDP-8.
(L’amendement est rejeté par 10 voix contre 1. [Voir le Procès-verbal])
La présidente: Comme je l’ai dit plus tôt, les amendements NDP-9 et NDP-10 étaient corrélatifs à l’amendement NDP-1, alors nous les avons déjà étudiés.
Le prochain amendement dont nous sommes saisis est le NDP-11.
Allez-y, monsieur Garrison.
:
Merci, monsieur Sangha.
Je ne vois pas de mains levées. Nous allons mettre aux voix l’amendement NDP-11.
(L’amendement est adopté par 7 voix contre 4. [Voir le Procès-verbal])
(L’article 5 modifié est adopté par 6 voix contre 0.)
(L’article 6 est adopté par 7 voix contre 0.)
La présidente: Nous allons maintenant passer au préambule et à l’amendement PV-3.
J’ai une décision à rendre au sujet de l’amendement. Il est irrecevable, car aucun amendement au projet de loi ne justifie la modification du préambule. Je me reporte à la page 774 de la troisième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes, qui dit ceci:
Dans le cas d’un projet de loi renvoyé à un comité après la deuxième lecture, un amendement de fond au préambule n’est recevable que s’il est rendu nécessaire par l’adoption d’amendements au projet de loi. De plus, un amendement au préambule est recevable lorsqu’il s’agit de rendre le texte plus précis ou d’en uniformiser les versions française et anglaise.
À mon avis, l’amendement proposé est donc irrecevable.
Sur ce, et ayant déjà traité de l’amendement G-1, je mets aux voix le préambule.
Le préambule est-il adopté?
(Le préambule est adopté par 7 voix contre 0.)
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Le titre est-il adopté?
(Le titre est adopté avec dissidence.)
La présidente: Le projet de loi modifié est-il adopté?
Je vois que les députés veulent tenir un vote par appel nominal.
(Le projet de loi C-6 modifié est adopté par 7 voix contre 0.)
La présidente: Dois-je faire rapport à la Chambre du projet de loi modifié?
Des députés: D’accord.
Des députés: Avec dissidence.
La présidente: Le Comité ordonne-t-il la réimpression du projet de loi modifié pour l’usage de la Chambre à l’étape du rapport?
Des députés: D’accord.
Des députés: Avec dissidence.
La présidente: Sur ce, maintenant que nous avons étudié le projet de loi article par article, je vous remercie, mesdames et messieurs, pour cette merveilleuse session. Merci pour votre travail acharné, votre passion et votre dévouement.
Un grand merci à toutes les équipes de soutien, aux interprètes, aux analystes et aux équipes informatiques. Vous nous avez vraiment maintenus à flot. Merci au greffier et aux greffiers législatifs.
Je vous souhaite à tous un joyeux Noël, une joyeuse Hanouka, de joyeuses Fêtes et une bonne année.
La séance est levée.