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Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 20e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes.
Aujourd'hui, comme le greffier l'a indiqué, Mme Dabrusin remplacera notre collègue, M. Maloney, et Mme Wagantall remplacera M. Cooper. Je vous souhaite la bienvenue. La réunion promet d'être intéressante.
Afin d'assurer la bonne marche de la séance d'aujourd'hui, il me paraît utile de rappeler quelques règles.
J'informe tous les témoins que des services d'interprétation sont disponibles. Veuillez choisir, dans le bas de votre écran, la langue dans laquelle vous voulez suivre la discussion; vous n'avez pas à choisir la langue dans laquelle vous vous exprimerez. Quand vous voudrez prendre la parole, levez la main ou signalez-le au greffier ou à moi-même.
Je vous prie d'attendre que je vous donne la parole avant d'intervenir. Quand viendra le temps de parler, assurez-vous d'activer votre microphone et, quand vous aurez terminé, de le mettre en sourdine. Votre microphone doit toujours être en sourdine lorsque vous ne parlez pas. Je rappelle aux membres et aux témoins qu'ils doivent adresser tous leurs commentaires à la présidence. Quant à la liste des intervenants, le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour que tous les députés aient l'occasion de prendre la parole en bon ordre.
Je signale à nos témoins que j'utiliserai deux cartons pour leur indiquer combien de temps, une minute ou 30 secondes, il leur reste pour leur déclaration liminaire, qui sera de cinq minutes. Par la suite, lorsque les membres poseront leurs questions, je me servirai des deux mêmes cartons dans le même but.
Cela étant dit, il est temps de vous présenter nos témoins.
Nous accueillons deux représentantes de Nisa Homes, Reena Vanza, conseillère et promotrice en santé mentale, et Yasmine Youssef, gestionnaire nationale. Bienvenue.
Nous accueillons aussi le chef de la Police régionale de Peel, Nishan Duraiappah. Bienvenue, chef Duraiappah. Nous sommes heureux de vous voir. Nous entendrons également Carla Neto, gestionnaire des programmes communautaires, Women's Habitat of Etobicoke.
Merci beaucoup aux témoins d'être présents aujourd'hui.
Nous entendrons d'abord les porte-parole de Nisa Homes. Vous avez cinq minutes pour faire votre exposé conjoint. Je vous avertirai quand votre temps de parole s'achève.
Allez-y, je vous prie.
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Bonjour à tous. Merci de nous accueillir.
Nisa Homes est un réseau de maisons de transition au service de femmes et d'enfants immigrants ou réfugiés.
Nous avons sept maisons au pays, de la Colombie-Britannique à l'Ontario. Nous avons aidé plus de 700 femmes et enfants à reprendre leur vie en main. Nisa Homes reconnaît que l'hébergement est un service nécessaire, mais qu'il ne suffit pas à assurer le bien-être général des gens. Pour cette raison, nous offrons également un service de gestion de cas, du counselling, des activités, des services de garde d'enfants et de l'aide financière.
Prenons le cas d'Aisha. Aisha s'est présentée à Nisa Homes avec ses trois jeunes enfants en avril 2018. Bien qu'arrivée au Canada 10 ans plus tôt, Aisha était à peine capable de communiquer en anglais, n'avait aucun de ses documents personnels avec elle, n'avait pas de compte bancaire, pas de téléphone et pas d'amis ni membres de sa famille au Canada.
Depuis des années, Aisha subissait une oppression économique, émotionnelle et psychologique, mais ne pensait pas la situation assez grave pour demander de l'aide. Aisha nous a dit que la seule raison pour laquelle elle a quitté le foyer, c'est qu'une voisine a appelé la police et que son mari a finalement été arrêté. Elle craignait qu'il exerce des représailles encore plus violentes et savait qu'elle ne pouvait plus vivre avec lui. Aisha nous a dit qu'elle avait été hospitalisée dans le passé. Cependant, à ce moment-là, son conjoint avait menacé de tuer sa famille à l'étranger, la retenant de chercher ou d'accepter de l'aide.
C'est le genre d'histoire que nous entendons souvent à Nisa Homes. Il s'agit de femmes que leur partenaire a contraintes à demeurer dans un ménage malsain en utilisant des tactiques comme l'isolement, la menace de faire du mal à leurs enfants ou à leur famille, la menace de les faire expulser du pays, le refus de leur donner de l'argent et l'interdiction de travailler. Ces tactiques font que les femmes vivent non seulement dans la peur au quotidien, mais aussi dans la peur d'être incapables de survivre si elles décidaient de partir.
Notre clientèle chez Nisa Homes n'est pas composée uniquement de victimes de maltraitance. Comme nous le savons, du fait de leur appartenance culturelle ou religieuse, et aussi de leur statut d'immigrantes, elles sont confrontées à d'autres obstacles qui les empêchent de se sentir en sécurité, notamment leurs ressources restreintes, le choc culturel, les barrières linguistiques, le peu d'information sur leurs droits au Canada, l'absence de système de soutien, la peur et la méfiance que leur inspirent les autorités, ainsi que leurs conditions de vie ou de travail précaires.
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Nous croyons que, du point de vue de notre clientèle, le projet de loi pourrait être d'une extrême utilité, car bon nombre de nos clientes ne se rendent pas compte que les comportements coercitifs et contrôlants peuvent être une forme de violence. À l'exemple d'Aisha, les femmes qui fuient la maltraitance attendent souvent qu'il y ait violence physique avant de demander de l'aide. Même à ce moment-là, il leur faut toujours faire la preuve qu'il y a bel et bien eu violence.
Pour que ce projet de loi donne des résultats dans la pratique, nous croyons qu'il faudra investir dans des campagnes de sensibilisation. Celles-ci permettraient d'aider la collectivité à mieux comprendre en quoi consiste un comportement coercitif et contrôlant, ce qu'est la violence entre partenaires intimes en général et comment le projet de loi peut être utile.
Il faudra aussi former les premiers intervenants: policiers, médecins, personnel infirmier et travailleurs sociaux. Cette formation pourra les aider à reconnaître les cas de comportements coercitifs et contrôlants et à y réagir efficacement, car nous savons que la première intervention est souvent déterminante pour la survie des victimes.
Cela devra aussi se faire dans une optique intersectionnelle qui tient compte des différentes expériences vécues par les femmes marginalisées, puisque les statistiques montrent que ce sont ces femmes qui sont le plus à risque d'être victimes de violence.
Nous croyons qu'il est possible d'adopter une approche inclusive en investissant dans le renforcement des capacités des organismes communautaires, ainsi que dans la sensibilisation culturelle des fournisseurs de services. Comme Aisha, la majorité des femmes qui se présentent à Nisa Homes viennent nous voir parce qu'elles savent que nous parlons leur langue et que nous leur offrons des soins culturellement adaptés, qui sont tellement importants dans leur situation de grande vulnérabilité.
En dernier lieu, il faut affecter des fonds pour faire en sorte que ce projet de loi se traduise concrètement par un soutien aux victimes de comportements coercitifs et contrôlants ou qui s'en sont sorties. À titre d'exemple, mentionnons des programmes améliorés et abordables d'aide juridique et de sensibilisation et un accroissement du nombre de lits dans les refuges, des services de lutte contre la violence fondée sur le sexe et des logements abordables.
Encore une fois, je vous remercie d'avoir mis notre voix au premier plan dans cette discussion. Nous espérons avoir, en décrivant leurs expériences, fait justice aux groupes auprès desquels nous travaillons.
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Madame la présidente et membres du Comité, je vous adresse mes salutations. Je vous suis très reconnaissant de m'avoir invité à participer à cette discussion sur les comportements coercitifs et contrôlants dans les relations entre partenaires intimes.
Je m'appelle donc Nishan Duraiappah. Depuis 14 mois, j'ai l'honneur d'être le chef de la Police régionale de Peel, ici en Ontario, et avant cela, j'ai exercé des fonctions policières dans une autre administration. Pour mettre les choses en contexte, la région de Peel compte 1,4 million d'habitants, et enregistre le pourcentage le plus élevé de personnes des minorités visibles du Grand Toronto. Elle comprend les villes de Brampton et de Mississauga, et nous sommes également responsables des services policiers à l'Aéroport international Pearson de Toronto, le plus important du Canada.
Dans la région de Peel, nos agents répondent à plus d'un millier d'appels par mois pour cause de violence en milieu familial et de violence entre partenaires intimes. Globalement, ces interventions représentent le principal recours à nos services. En 2020, nous avons reçus plus de 19 000 appels à l'aide.
Malheureusement, malgré tous nos efforts, certains de ces appels ont trait à des homicides et à des voies de fait graves. Environ 40 % de tous les homicides commis dans la région de Peel au cours des deux dernières années résultaient de violence familiale et de violence entre partenaires intimes. Il s'agit d'une situation prioritaire qui concerne les collectivités de Peel et de tout le pays.
Le pouvoir et le contrôle sont des ingrédients clés du cycle de la violence en milieu familial et entre partenaires intimes. La police de Peel reconnaît le besoin de mettre en place des mécanismes supplémentaires pour briser ce cycle. La nouvelle infraction proposée dans le projet de loi est une occasion de le faire. Nous savons qu'il y a de nombreux incidents où la capacité de réprimer les comportements contrôlants sera un outil supplémentaire pour prévenir de futures pertes de vie et de futurs préjudices causés aux victimes.
Je crois comprendre que l'Association canadienne des chefs de police, qui est en faveur de la création de cette infraction, fera des observations plus tard.
Notre objectif ici, à la police de Peel, est d'appliquer tous les moyens possibles pour atténuer les risques, et l'application de mesures de contrôle coercitives peut être un outil précieux à cet égard. Je vais parler brièvement des outils d'atténuation des risques, mais je voudrais insister sur le fait que, malgré les meilleures définitions d'infractions à notre disposition, nous craignons toujours que la violence répétitive entre partenaires intimes demeure notre plus grand défi. À mes yeux, il est important de procéder à une réforme visant les récidivistes à risque élevé.
À titre d'exemple, le mardi 28 juillet dernier, mes agents se sont rendus sur les lieux d'une fusillade à Brampton, où ils ont trouvé une femme de 25 ans, morte d'une blessure par balle, et un homme, blessé de sa propre main. Cette jeune femme s'appelait Darian Henderson-Bellman. Elle et l'accusé, Darnell Reid, ont entretenu une relation pendant environ trois ans. Au cours de ces trois années, Reid avait été accusé une première fois de voies de fait contre elle. Il a été mis en liberté sur cautionnement, qui comprenait une interdiction de communiquer avec elle, mais il a trois fois enfreint cette interdiction et, par trois fois, a été remis en liberté.
À sa quatrième arrestation, la police l'a trouvé en possession d'une arme de poing chargée. Par conséquent, en mai 2020, le procureur de la Couronne a cherché à obtenir sa détention en invoquant des motifs secondaires et tertiaires: il était une menace constante pour la sécurité du public et avait démontré qu'il ne respecterait aucun plan de libération conditionnelle ou cautionnement. Toutefois, la Couronne a échoué et Reid a de nouveau été remis en liberté, avec deux cautionnements et l'obligation de porter un dispositif de surveillance GPS.
Pour M. Reid, le pouvoir et le contrôle ont joué un rôle central dans la façon dont il a contraint à se remettre dans une situation de risque sa victime, qu'il a fini par tuer le 28 juillet, crime pour lequel il a été accusé. Ce drame s'est produit malgré tous les efforts de la police et des procureurs de la Couronne et en dépit des poursuites intentées contre lui pour ses infractions antérieures. La mise en liberté de récidivistes à risque élevé, qui disposent d'un élément de contrôle et qui manipulent les personnes vulnérables, est très préoccupante. Je souligne qu'il s'agit d'une priorité que partagent de nombreux chefs de police.
Pour en revenir à la nouvelle infraction proposée, il existe, comme vous le savez, des articles du Code criminel qui interdisent de recourir à des mots ou à des comportements non violents dans des contextes très restreints. Il ne fait aucun doute que les policiers sont optimistes devant la possibilité que la nouvelle infraction leur permettra d'agir dans des situations où il y a clairement une infraction démontrable et sujette à poursuite.
La violence en milieu familial et entre partenaires intimes et les conséquences que nous observons résultent de circonstances complexes, qui sont aussi complexes que la collectivité que nous avons à protéger. La police de Peel a mis au point une nouvelle stratégie globale d'un plan intégré de sécurité communautaire fondé sur le développement et les programmes communautaires. Elle regroupera 48 agents dans un espace de collaboration communautaire. Ils travailleront à partir d'un carrefour communautaire afin d'assurer notre intégration avec les services communautaires et une collaboration immédiate avec nos partenaires de service.
Grâce à des programmes comme celui-là, à des lois renforcées et à la recherche continue de solutions pour lutter contre la violence en milieu familial et entre partenaires intimes, nous serons mieux outillés pour améliorer la vie des gens et sauver des vies.
Merci de votre attention.
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Bonjour, madame la présidente.
Je m'appelle Carla Neto et je témoigne devant le Comité au nom de Women's Habitat of Etobicoke, un organisme féministe au service des victimes et survivantes de violence fondée sur le sexe et de leurs enfants ou personnes à charge depuis 1978.
Nos services sont offerts en deux volets distincts, un refuge de 25 lits pour les femmes et les enfants qui fuient la violence et un centre de services de proximité qui travaille avec les femmes et les enfants de la collectivité qui sont victimes de violence et de pauvreté, dont bon nombre vivent toujours avec des partenaires intimes violents. Ces deux volets aident les femmes à évaluer les risques, à élaborer des plans de sécurité, à obtenir des services de consultation pour atténuer les conséquences de la maltraitance et des traumatismes et à bénéficier d'un aiguillage vers des services essentiels comme le logement, les soins de santé, les services juridiques, les programmes de parentage, ainsi que des programmes de prévention et de leadership pour garçons et filles.
Je travaille dans ce secteur depuis près de 30 ans, auprès d'enfants et de femmes, victimes et survivants de situations de violence conjugale où la coercition et le contrôle font partie intégrante de la dynamique de la maltraitance et de la terreur auxquelles ils ont été soumis.
Merci de votre invitation et félicitations pour les efforts que vous avez déployés dans l'étude de ce sujet et de la proposition de créer la nouvelle infraction criminelle de contrôle ou de coercition qui est prévue dans le projet de loi d'initiative parlementaire .
Avant, dans les situations de violence entre partenaires intimes, l'accent portait surtout sur les actes d'agression physique. Ce faisant, nous passions souvent à côté du contexte général de la relation et minimisions le rôle et l'impact de la violence non physique. Même si nous ne pouvons pas dire que le contrôle coercitif mène immanquablement à des sévices corporels, il est juste de dire, nous fondant sur notre expérience et notre travail auprès des victimes et des survivants de violence, que les sévices corporels sont toujours précédés d'un contrôle coercitif et qu'ils continueront de l'être.
Le contrôle coercitif se produit dans le contexte d'une dynamique complexe des relations entre partenaires intimes où l'un des partenaires exerce une domination sur l'autre. Le contrôle coercitif est une tendance à avoir des comportements contrôlants qui engendrent une dynamique d'inégalité de pouvoir dans la relation, qui rend difficile aux victimes de tels comportements de sortir de la relation parce qu'ils sont moins apparents que la violence physique et donc souvent perçus comme ayant un effet moindre. Ils sont aussi plus difficiles à être repérés par la famille et les amis, mais sont certainement tout aussi dommageables pour les femmes et les enfants qui en sont victimes.
Les victimes et les survivants d'un contrôle coercitif décrivent leur expérience comme une vie sous une menace incessante. D'autres décrivent leur sentiment d'avoir été fait prisonnier au vu et au su de tous. Ceux d'entre nous qui ont survécu à la guerre reconnaissent certains des mêmes effets psychologiques chez les victimes et les survivants du contrôle coercitif.
Dans la situation de violence entre partenaires intimes, le contrôle coercitif a deux grandes composantes, la coercition et le contrôle. La coercition peut être le recours à la force ou la menace d'agression physique pour modifier le comportement de la victime. Le contrôle est utilisé pour réduire la victime à l'obéissance en monopolisant des ressources vitales, en imposant des choix, en limitant les options et en privant la victime des soutiens essentiels nécessaires pour exercer un certain degré d'indépendance.
Si le contrôle coercitif est tellement efficace, c'est que les victimes considèrent, à juste titre, que les menaces de châtiment proférées par leur agresseur sont crédibles. Bon nombre des femmes avec qui nous travaillons ont été harcelées par leur conjoint violent. Elles font aussi mention de menaces de mort. Les partenaires violents usent de menaces sous diverses formes: de se suicider, de défigurer leur victime, de lui retirer les enfants ou de faire du mal à leurs enfants, à leurs animaux de compagnie et aux membres de la famille, de la faire expulser du pays et de la diffamer, pour n'en nommer que quelques-unes.
Le contrôle que les victimes subissent aux mains de leur partenaire violent comprend la suppression du choix dans les décisions concernant leur propre santé et leurs droits génésiques. En effet, plus la femme a d'enfants avec le partenaire violent, plus le contrôle que celui-ci exerce dans toutes les sphères de sa vie augmente, puisqu'il peut alors tirer parti des structures sanctionnées par l'État, comme le système juridique et le régime de droit familial, pour maintenir sa contrainte et son contrôle en soulevant des problèmes de garde des enfants et de droits de visite. De plus, des partenaires violents tendent à manipuler les enfants, notamment, dans les querelles de garde d'enfants, en allant jusqu'à menacer de tuer l'autre parent, en l'occurrence la victime, si les enfants choisissent de résider avec elle. Il n'est pas rare que des enfants refusent même d'aller dans un refuge.
L'isolement est une autre tactique et, malheureusement, les chiffres montrent que, lorsque le contrôle coercitif s'accompagne de violence physique, dans bien des cas, il prend une tournure fatale.
En dernier lieu, nous suggérons que les stratégies et les efforts visant à lutter contre la violence dans les relations intimes et la violence fondée sur le sexe doivent être multidimensionnels afin de tenir compte de leur complexité et de la dynamique qui leur est propre. Il faut une prévention par l'éducation, la prestation de soutiens aux victimes et aux survivants, le soutien aux organismes qui viennent en aide aux victimes, un investissement et un financement importants, ainsi que des modifications législatives.
Merci de votre attention.
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Pour donner suite à ce qui a été dit, je dirai que c'est exactement la même chose de notre côté. Nous avons constaté une très forte augmentation du nombre d'appels que nous recevons depuis le début de la pandémie — plus du double du nombre habituel —, mais nous n'avons pas vu autant de femmes se présenter chez nous par crainte de vivre dans un espace communautaire où elles, ou leurs enfants, risqueraient de contracter le virus, ou encore simplement parce qu'elles ne peuvent pas entrer en contact avec nous.
Beaucoup de messages nous sont parvenus par des voies de communication aléatoires et inhabituelles. En temps normal, nous recevons seulement des appels téléphoniques. Maintenant, nous recevons des messages sur Facebook, sur Instagram, sur notre site de clavardage, par différents moyens parce qu'elles ne se sentent pas assez en sécurité pour communiquer avec nous de la façon habituelle.
De plus, lorsqu'elles viennent nous voir, nous constatons, il fallait s'y attendre, que les cas sont beaucoup plus violents qu'à l'habitude. Nous voyons des cas impliquant des armes à feu. Nous voyons des cas où des enfants sont blessés et des choses de ce genre, ce qui n'est pas ce que nous avions l'habitude de voir tous les jours, je dirais, avant la pandémie.
Pour faire écho à ce qui a été dit au sujet de ce qui peut être fait, je pense qu'il faut élargir le champ d'application de nos efforts. Nous ne pouvons pas nous contenter d'offrir du soutien à ces femmes. Nous devons examiner la structure globale dans laquelle le phénomène se produit. Nous avons ici des policiers qui examinent la façon dont ils abordent ces situations, les répercussions également du projet de loi sur ces femmes.
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Je vous remercie de la question. Je pourrais peut-être y répondre.
En tant que conseillère chez Nisa Homes, je travaille directement avec les femmes et les enfants qui viennent chez nous, et je dois dire que oui, absolument, je vois les effets sur les enfants. Nous savons que la violence psychologique ou physique, ou toute autre forme de violence à l’égard d’une mère ne s’arrête pas à la mère. De toute évidence, cela se répercute sur l’ensemble de la cellule familiale et les enfants.
Ce que nous constatons avec la COVID, à l’heure actuelle, c’est que les enfants qui arrivent vivent aussi dans la peur. Habituellement, les enfants vont à l’école, alors la mère endure certaines choses, les enfants rentrent à la maison, et les mères sont très douées pour cacher ces choses. Maintenant, avec la pandémie, tout le monde est à la maison, tout le monde est face à face, de sorte que les enfants qui arrivent sont plus enclins à avoir des réactions de peur. Je vois des cauchemars, par exemple. J’ai eu des enfants qui faisaient pipi au lit à cause de la peur. De nombreux enfants se méfient de l’autorité. Beaucoup d’enfants ne veulent pas aller à l’école, parce qu’ils ont peur d’être enlevés à leur mère.
Oui, l’effet cumulatif sur les enfants est énorme. Cela concerne Nisa Homes ainsi que les autres refuges et maisons de transition. Nous discutons et nous essayons de collaborer pour trouver des pratiques exemplaires. Je peux dire que c’est un problème universel à l’heure actuelle; les enfants sont touchés plus que jamais. Ou peut-être le constatons-nous plus que jamais parce que les circonstances sont différentes à l’heure actuelle.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins d'être ici aujourd'hui pour discuter de ce sujet important. Je suis bien heureux d'entendre leurs témoignages.
Mes questions vont porter sur l'aspect procédural de la chose, et j'aimerais les poser au chef Duraiappah.
Chef Duraiappah, ma question comporte deux volets. Premièrement, où situez-vous l'éventuelle infraction de comportement coercitif ou contrôlant dans l'ensemble du spectre des infractions liées aux actes de violence, comme les voies de fait, le harcèlement, les menaces de voies de fait, le complot?
Deuxièmement, comment un de vos policiers pourrait-il déterminer qu'il est bel et bien en présence d'un tel comportement, d'une telle infraction, au moment où il se présente sur les lieux de l'infraction alléguée?
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Merci de cette précision.
Je vais être franc et honnête. Cela nous préoccupe également.
La norme de preuve pour des infractions comme le harcèlement criminel ou la menace est très précise et a un contexte très restreint. Je sais que pour mes agents et pour nos procureurs de la Couronne qui devront intenter des poursuites, la norme de preuve devra être extrêmement claire et précise pour des termes comme « contrôlant » ou « effet important », surtout si le caractère raisonnable de la conduite peut-être invoqué comme défense.
Cela soulève des points d’interrogation. Je dois dire que c’est un élément qui, nous l’espérons, sera défini plus clairement sous la forme d’une norme de preuve avec laquelle la poursuite ou les procureurs de la Couronne pourront fonctionner, et qui nous permettra donc de guider nos agents.
Nous devons définir... Leur sera-t-il interdit de participer à un événement social avec facultés affaiblies, ou plutôt d'exercer un contrôle financier?
Ma réponse très brève est que, parfois, nous n’atteignons pas le seuil du harcèlement criminel ou des menaces. Nous ne répondons tout simplement pas à la définition, mais nous savons clairement que l'individu en question a exercé des pressions psychologiques, verbales ou non verbales pour restreindre la mobilité, les ressources financières et diverses choses de ce genre.
Cela permettra immédiatement à une personne d’expliquer comment elle a été touchée négativement, que ce soit sur le plan de la mobilité, de la liberté financière... de la garde des enfants, de la possession, de l’emploi ou des activités qui sont restreintes de cette façon, sans que cela ne constitue vraiment une menace. Ce sera l’espace qui...
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je veux commencer par remercier tous les témoins, mais en particulier les fournisseurs de services de première ligne, comme Women’s Habitat et Nisa Homes, qui font face à ces terribles tragédies tous les jours, et maintenant, en pleine pandémie. J’espère que leur personnel sera également en mesure de reconnaître les effets que la COVID et l'augmentation de la demande ont sur lui, et qu’il sera en mesure de fournir ces services en prenant soin de sa propre santé.
J’ai remarqué pendant les questions de M. Fortin que des représentantes de Nisa Homes et de Women’s Habitat voulaient prendre la parole. Au lieu de commencer par mes questions, j’aimerais les laisser répondre, car elles ont levé la main.
Nous pourrions peut-être commencer par Nisa Homes, puis Women’s Habitat.
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Oui. Merci. Certaines choses ont déjà été dites.
Je pense que lorsque la police se présente dans un logement et que l’agresseur, ou l’homme, empêche la femme de parler, peut-être en voulant être l’interprète ou en disant , par exemple: « Elle ne comprend pas vraiment très bien l’anglais » ou « Elle est malade et elle ne va pas bien », et qu'il essaie clairement d’empêcher la police de parler à la personne, c’est une indication. La preuve de coercition ou de contrôle sera évaluée plus tard. Une fois que la victime est en sécurité et que des accusations ont été portées dans le cadre de l’enquête, il est très facile de l'établir.
Certaines de mes collègues ont déjà parlé du contrôle, du contrôle extrême, de la surveillance de la personne, même au travail. La personne se rend au travail et son partenaire violent appelle, questionne ses collègues, vient la chercher à la porte et ne lui permet pas d’aller voir des membres de sa famille ou de parler à des amis. Il contrôle chaque mouvement. Il n’est pas difficile d’évaluer un comportement coercitif.
En ce qui concerne la question à laquelle le chef essayait de répondre, il peut être difficile, lorsqu’on répond à un appel, de déterminer s’il y a un comportement coercitif, mais ce n’est pas difficile lorsqu’on observe ce qui se passe. Cette personne parle-t-elle librement ou semble-t-elle avoir peur?
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Désolée, mon micro n'était pas ouvert. Toutes mes excuses. Je vais recommencer. Merci.
Je tiens à vous remercier tous d'être ici pour discuter de ce sujet important.
Ayant exercé le droit de la famille pendant de nombreuses années, je suis bien au courant de ces situations et, en fait, j'ai vu des cas où les ordonnances civiles d'interdiction de communiquer et les ordonnances au criminel n'étaient que des bouts de papier pour les agresseurs, qui ont ensuite tué leur partenaire ou lui ont causé de graves blessures.
Je sais que c'est la triste réalité et que cela touche tous les secteurs socioéconomiques de notre société, mais je pense que c'est souvent particulièrement difficile pour les néo-Canadiens, qui comprennent moins bien notre système judiciaire et le soutien qu'un bon nombre d'entre vous mettent à leur disposition.
Ma question s'adresse au chef Duraiappah.
Je tiens à vous remercier des services que vous rendez à la collectivité de Peel. Je crois savoir que votre région a été l'une des plus durement touchées par la pandémie, et je ne peux qu'imaginer les complexités que cela entraîne pour vos services de police. Je crois comprendre que la moitié des homicides commis à Peel, en 2019, étaient des cas de violence conjugale ou familiale, ce qui me semble un nombre incroyable — 13 sur 27, me dit-on.
La région de Peel a-t-elle connu une répartition semblable pendant la pandémie de 2020?
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Merci, madame la présidente. Bonjour, chers collègues.
Merci aux témoins. Chaque député les a remerciés pour le travail qu'ils font à la base. C'est extrêmement important.
J'ai aussi une petite histoire à raconter. Il y a 20 ans, je suis entré, par mariage, dans une famille de policiers. Mon beau-père était chef de police et mon beau-frère est maintenant chef de police dans la municipalité régionale du Cap-Breton. Vingt ans d'expérience m'ont permis d'apprécier et de mieux comprendre le travail des services de police; il est vaste et parfois très compliqué.
Chef Duraiappah, mes questions s'adresseront à vous, compte tenu de la famille dans laquelle je me suis marié. J'aimerais aborder une question concernant l'approche adoptée par notre gouvernement dans le passé. Comme vous le savez, nous avons interdit les armes à feu après le tragique incident survenu, au printemps, dans ma province. Je me demande si vous pourriez parler au Comité du rôle des armes à feu dans les foyers et de leur incidence sur la violence familiale. Cela a-t-il une incidence sur la coercition et le contrôle?
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Absolument. En fait, cela témoigne d'un changement fondamental. Au lieu d'être les intervenants d'urgence qui assument toutes les responsabilités liées à l'application de la loi, nous faisons appel à nos partenaires communautaires pour nous aider à investir dans d'autres domaines.
Nous avons mis l'accent sur le développement social et, bien sûr, la prévention. Nous essaierons toujours de faire de notre mieux dans le domaine de l'application de la loi. Par exemple, nous avons vraiment déconstruit les choses. Dans quelques semaines, j'ai 50 agents qui commenceront à travailler dans un centre communautaire — et non dans un établissement de police — et ils seront les seuls experts capables de résoudre les cas de violence conjugale ou familiale, du début à la fin, et à être responsables de la gestion de ces cas.
L'idée, c'est que nous voulons une intégration harmonieuse des fournisseurs de services communautaires sur le terrain, une intégration immédiate de l'aide juridique, des services d'établissement, de la santé mentale et du logement. Il y a beaucoup de préjugés. Certains de ces partenaires hésitent aussi à voir des uniformes ou des enquêteurs dans leur immeuble, mais c'est un changement de paradigme, où nous reconnaissons que nous sommes meilleurs ensemble et que nous avons la possibilité d'améliorer les choses. L'accent sera mis sur l'amont.
Nous savons que la violence familiale... Lorsqu'on nous appelle, c'est probablement la 10e fois — je pense que nos témoins auront de meilleures statistiques que moi — que la personne en a été victime.
Nous voulons lui venir en aide beaucoup plus tôt, monsieur.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie Mmes Youssef et Neto des précisions qu'elles ont apportées plus tôt à la définition de ce que serait un comportement contrôlant ou coercitif. Ces précisions sont utiles et intéressantes.
Je vais maintenant m'adresser à vous, chef Duraiappah.
Dans votre dernière réponse, vous avez parlé de la possibilité de travailler en collaboration avec des intervenants sociaux, des psychologues et des travailleurs sociaux. Cela m'intéresse.
Premièrement, de quel équipement les policiers disposent-ils au moment d'intervenir dans de telles situations? Je ne parle pas ici d'armes, mais plutôt d'outils d'intervention.
Deuxièmement, le travail en collaboration avec des intervenants sociaux pourrait aider les policiers, mais serait-il possible de prendre des mesures en amont afin d'éviter que des individus adoptent un comportement contrôlant ou coercitif?
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À l'heure actuelle, les outils d'intervention se limitent aux capacités liées à l'application de la loi, à l'amélioration des techniques d'entrevue. Nous avons environ six ou sept outils d'évaluation des risques que nos enquêteurs sur la violence par un partenaire intime utiliseraient. Ensuite, nous nous en remettons à nos partenaires de service.
Pour revenir à votre question suivante, par exemple, nous pourrions aller chez quelqu'un cinq fois sur une période de quatre mois et mettre fin au conflit. Néanmoins, il n'y a pas, au cours de la semaine, une gestion du cas avec les services d'établissement, les services de soutien aux victimes, pour faire un triage. Il faudrait peut-être aussi aller frapper à la porte au milieu de la semaine, afin non seulement d'offrir du soutien à la victime, mais même de convaincre l'agresseur de changer de comportement.
Ce concept n'existe pas, et ce serait à faire en amont, avant que nous ne recevions un appel au 911.
Nous avons les données. J'ai des tonnes et des tonnes de données sur le nombre de fois où je suis allé chez le chef Nishan, par exemple, mais elles ne sont jamais communiquées à d'autres fournisseurs de services pour voir comment nous pourrions désamorcer ces situations et offrir les bons services aux bonnes personnes, au bon moment.
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Merci beaucoup, monsieur Garrison et madame la présidente.
Ce groupe est excellent. S’il y a une chose que je tiens à souligner, et j’ai levé la main tout à l’heure, c’est que ce projet de loi est très important, parce que nous parlons de torts physiques, de violence physique, mais, comme psychothérapeute agréée en prise directe avec des traumatismes, je peux vous dire que les victimes ou les survivants ont assez de résilience pour surmonter la violence physique. Ce qui prend le dessus, pour le reste de leur vie et qui a une incidence sur les enfants, ce sont la coercition, le pouvoir et le contrôle.
C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui, pour le faire comprendre. Je vous remercie donc de m’avoir donné le temps de préciser cet aspect.
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Je vous remercie également de nous donner cette occasion.
Je réitère mes propos de tout à l’heure. Il s’agit vraiment de former les premiers intervenants et de leur fournir les outils qui leur permettront de bien reconnaître les signes, quand ils entrent dans une maison, et de voir s’il y a ou non... même s’ils ont un doute, ils pourront voir les signaux d’alarme, puis réagir en fonction de ces signaux.
Je trouve excellente l’idée qu’un policier soit accompagné par quelqu’un de ce milieu — un expert en matière de violence familiale, de violence entre partenaires intimes, qui puisse donner un perspective large et évaluer ce qui se passe, contrairement à un policier à la formation limitée à cet égard.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, il y a beaucoup d’exemples. J’aimerais en donner un rapidement. Le partenaire d’une de nos clientes l’empêchait d’allaiter son enfant à certains moments. Il contrôlait quand et comment elle allaitait. Cela n’a fait qu’aggraver le traumatisme qu’elle vivait. Je m’en tiendrai à cela.
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Nous reprenons nos travaux.
J’ai quelques instructions pour les témoins avant de commencer.
Veuillez attendre que je vous donne la parole. Quand vous êtes prêt à parler, veuillez cliquer sur l’icône de votre micro pour l’activer. Choisissez la langue que vous voulez entendre, et non celle dans laquelle vous vous exprimerez, pour obtenir une traduction exacte de ce qui est dit dans les deux langues officielles.
Quand c’est votre tour, veuillez parler lentement et clairement dans le micro. Quand vous ne parlez pas, veillez à ce que votre micro soit désactivé. J’ai une carte d’une minute et une carte de 30 secondes pour signaler le temps de parole restant.
Sans plus tarder, voici les témoins d’aujourd’hui.
Nous avons d’abord l’Association canadienne des chefs de police, représentée par Kimberley Greenwood, vice-présidente du conseil d’administration, et par Francis Lanouette, coprésident du Comité sur la prévention du crime, la sécurité et le mieux-être des collectivités. Soyez les bienvenus.
Nous accueillons également l’Association nationale des centres d’amitié, représentée par Christopher Sheppard, président, et par Jocelyn Formsma, directrice exécutive.
Enfin, nous accueillons The Redwood, représentée par Abimbola Ajibolade, directrice exécutive, et par Raheena Dahya, avocate et médiatrice familiale.
Sur ce, passons aux exposés préliminaires, en commençant par l’Association canadienne des chefs de police.
Vous avez cinq minutes. Allez-y, je vous en prie.
Je remercie les membres du Comité de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant eux.
Mon exposé se déroulera en deux parties. La première portera sur la position de l'Association canadienne des chefs de police, ou ACCP, sur la modification législative proposée. La seconde partie viendra appuyer la position de l'ACCP par la démonstration des limites qu'impose actuellement le Code criminel lorsqu'il est question d'intervention en matière de violence conjugale.
Cheffe Greenwood se prononcera sur la prévalence de la violence entre partenaires intimes au Canada et sur la manière dont l'ajout d'une disposition législative sur le contrôle coercitif pourrait mettre fin aux actes de violence, ce qui permettrait de protéger les victimes avant qu'elles ne subissent des blessures physiques ou visibles.
Tout d'abord, permettez-moi de préciser que l'ACCP est en faveur de la création d'une nouvelle infraction au Code criminel, soit celle du contrôle coercitif entre partenaires intimes. Par ce geste, le Canada réaffirme son engagement à tout mettre en œuvre afin que l'égalité entre les hommes et les femmes devienne réalité.
Puisque nous nous attardons sur la nouvelle infraction que le projet de loi propose de créer, nous désirons attirer votre attention sur les recommandations 1 à 4 présentées à la page 10 du mémoire de l'Université du Nouveau-Brunswick: appui à la création d'une nouvelle infraction criminelle de contrôle coercitif; inclusion des anciens partenaires intimes sans égard aux arrangements de vie; description globale des comportements coercitifs contrôlants; et mise en place d'un outil d'évaluation du risque pour les policiers et policières afin qu'ils puissent bien cerner les éléments constituant les comportements coercitifs contrôlants.
Au Québec, en novembre dernier, l'Université du Nouveau-Brunswick a tenu une séance dans le cadre d'une recherche sur les comportements coercitifs contrôlants à laquelle l'Association canadienne des chefs de police participe activement. J'aimerais partager un extrait du témoignage d'une policière, une sergente d'équipe, qui démontre clairement les limites actuelles d'interventions pour les policiers:
Le problème que j'observe à notre niveau, c'est lorsqu'il y a absence de délit criminel. Par exemple, il n'y a pas de voies de fait, pas de menace, pas de harcèlement, pour ne nommer que ceux-ci, mais que clairement on est en présence de comportements coercitifs contrôlants. On se retrouve alors dans une espèce de brouillard. On ne possède pas d'outils concrets et on n'a pas beaucoup de leviers d'intervention possibles. Ceci fait qu'on retourne donc souvent au poste avec un dossier de chicane de famille ou d'assistance au public, alors qu'on le sait qu'il se passait quelque chose de malsain. Mais, en vertu de nos pouvoirs qui sont directement liés au Code criminel canadien, on n'avait pas de levier législatif d'intervention. Il n'est pas rare de malheureusement se dire, c'est sûr qu'on va retourner à cette adresse-là, mais en espérant peut-être avoir cette fois-ci un motif judiciaire de faire concrètement quelque chose, tout en espérant qu'il ne soit pas trop tard.
Comme vous pouvez le constater, nos policiers et policières ont à cœur le bien des victimes. Toutefois, faute d'une infraction criminelle clairement établie en matière de comportement coercitif entre partenaires intimes, ils ne peuvent intervenir adéquatement. Ce témoignage nous expose clairement les limites actuelles du Code criminel ainsi que l'importance de légiférer en la matière.
[Traduction]
Je cède maintenant la parole à ma collègue, la cheffe Kimberley Greenwood.
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En tant que policiers, nous savons qu’au moment où une accusation de violence domestique est justifiée, il est probable que la victime ait subi une forme de violence ou des comportements de contrôle de la part de son partenaire pendant une longue période de temps. Les personnes accusées de violence domestique adoptent généralement divers comportements négatifs, conçus pour exercer un contrôle sur leurs victimes. Nous plaidons pour l'inclusion des comportements coercitifs dans les infractions pénales parce que nous avons vu de nos propres yeux ce qui arrive à ceux qui subissent ce type de comportement soutenu.
Les victimes peuvent ne pas comprendre que les actions de leur partenaire peuvent conduire à un comportement agressif et violent et peuvent sembler repliées sur elles-mêmes lorsque la police intervient chez elles. Il est impératif que nous fournissions aux policiers les outils et la formation nécessaires pour reconnaître la coercition et les tactiques de contrôle afin de soutenir et d'aider les victimes.
Bien que ce type de comportement soit perçu comme étant inacceptable, il n'y a malheureusement pas une bonne compréhension de ce qui constitue un contrôle coercitif, des signes avant-coureurs, et des options dont disposent les victimes. Le contrôle coercitif n’est pas un événement unique dont on peut être témoin, ou que l’on peut documenter par des photographies et des tests médicaux. Il s'agit d'une variété de tactiques menées sur une période de temps, et conçues pour priver, humilier, isoler et dominer. C'est le genre de comportement qui ébranle une victime et la rend de plus en plus vulnérable à mesure que le comportement se poursuit. Un outil d'évaluation des risques pour les policiers contribuerait à garantir que tous les aspects du contrôle coercitif soient reconnus et pris en compte.
Nous préconisons également de veiller à ce que les anciens partenaires intimes, quelles que soient les modalités de résidence, entrent dans le champ d'application de cette infraction. Pour de nombreuses victimes, la prolifération de la technologie et des médias sociaux signifie que même si elles ont pris des mesures pour mettre fin à une relation, elles ne sont peut-être pas à l'abri du comportement de contrôle de leur...
Atelihai, Christopher Sheppard, uvanga.
Mesdames et messieurs, bonjour. Je m’appelle Christopher Sheppard et je suis président de l’Association nationale des centres d’amitié. Je précise que je m’adresse à vous aujourd’hui à partir du territoire visé par le Traité no 6 et de la patrie des Métis. Je suis reconnaissant de l’accueil que j’ai reçu sur leur terre. Je suis accompagné de la directrice exécutive de l’ANCA, Jocelyn Formsma, et nous vous remercions de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd’hui.
L’ANCA représente plus d’une centaine de centres d’amitié et associations provinciales/territoriales de l’ensemble du Canada, exception faite de l’Île-du-Prince-Édouard. Les centres d’amitié sont des carrefours communautaires autochtones en zones urbaines, qui offrent toutes sortes de programmes et de services à tous les groupes autochtones — Premières Nations, Métis, Inuits, Autochtones en milieu urbain et personnes 2SLGBTQ+ —, dont des programmes pour les nourrissons, les familles, les enfants, les jeunes, les adultes et les aînés. Nous offrons des services dans les domaines de la justice, de la santé, de la prévention de la violence, du logement, de l’itinérance, du développement économique, de l’emploi et de la formation, de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants, de l’éducation, et des langues et de la culture autochtones.
Ensemble, nous sommes le réseau de prestation de services aux Autochtones en milieu urbain le plus vaste et le plus complet au Canada. En 2019, 93 centres d’amitié desservaient environ 1,4 million d’Autochtones, d’Inuits et de Métis dans le cadre de plus de 1 200 programmes offerts dans 238 immeubles, et ils employaient plus de 2 700 personnes.
Le projet de loi pourrait être utile dans certains cas aux personnes qui subissent des comportements de contrôle et de coercition. Mais, selon notre analyse, les Premières Nations, les Inuits, les Métis, les Autochtones en milieu urbain et les personnes 2SLGBTQ+ continueront de dépendre du système de justice pour trouver des solutions s’ils choisissent de se prévaloir de ce nouvel article du Code criminel, à supposer que ce projet de loi soit adopté. Et, s’ils ont encore plus recours au système de justice, ils se heurteront de plus en plus à des obstacles liés au racisme systémique. Les exemples d’Autochtones subissant des préjudices causés par des systèmes en dominos, parfois avec des effets mortels, sont nombreux. L’efficacité ou l’accessibilité de ce nouvel article éventuel du Code criminel sont du même ordre que celles d’autres articles et reposent sur la déclaration des incidents et sur une solide confiance dans ces systèmes, ce qui n’est pas le cas actuellement.
À défaut d’autres mesures visant à lutter contre le racisme systémique dans les systèmes de justice, de logement, d’éducation et de santé, il reste probable que les Autochtones vivant en milieu urbain ne pourront pas bénéficier des avantages que ce projet de loi est censé produire.
Dans le cadre d’une étude sur les Autochtones vivant en milieu urbain et sur l’accessibilité des services gouvernementaux au Québec, on a mesuré les interactions des Autochtones avec les services gouvernementaux. Les résultats montrent que la violence est répandue, mais que les services sont grandement sous-utilisés. Il est clair que la crainte et le manque de familiarité à l’égard des services gouvernementaux nuisent à l’accès des Autochtones aux services de prévention et d’intervention en matière de violence sexuelle et familiale. Une répondante aurait dit: « Mon ex me battait, mais la police ne m’a pas crue. »
Cette étude a été réalisée au Québec, mais ces problèmes existent partout au Canada; pourtant, nous ne disposons pas des données désagrégées dont nous aurions besoin pour obtenir une idée claire de la situation des Autochtones en milieu urbain. Comment sont-ils censés signaler les actes de violence invisibles quand le racisme systémique et la violence ouverte contre notre peuple persistent?
L’ANCA estime qu’il est indispensable d’offrir des programmes adaptés pour aider les Autochtones en milieu urbain à comprendre leurs droits et à les faire valoir. Les centres d’amitié restent un endroit sûr où tous les Autochtones peuvent avoir accès à des programmes culturels et, de ce fait, créer des liens communautaires. Les centres d’amitié du Canada offrent tous les jours des programmes complets qui permettent aux victimes de violence de se sentir suffisamment en sécurité pour dénoncer des mauvais traitements, et de se sentir suffisamment soutenues pour faire un signalement à la police.
Pour que les Autochtones aient accès à des services juridiques et s’y retrouvent dans le système de santé, il est essentiel que les organismes de soutien dédiés, comme les centres d’amitié, reçoivent un financement suffisant pour administrer ces programmes durablement.
Nous avons analysé leurs rapports et leurs recommandations au sujet de la justice autochtone. Les principaux thèmes qui en ressortent sont les suivants. Premièrement, il faut éduquer et sensibiliser les non-Autochtones à l’histoire, au patrimoine, à la culture, à l’identité, aux lois et aux réalités actuelles des Autochtones. Cela dit, quand nous avons pris connaissance des réponses fédérales accessibles au public, nous avons constaté qu’il y avait peu de formation obligatoire ou continue sur les questions autochtones pour les organismes nationaux ou fédéraux d’application de la loi.
Deuxièmement, il faut financer plus largement les programmes publics et les organisations dont bénéficient les communautés autochtones. Il y a peu de fonds disponibles pour les programmes liés à la justice.
Enfin, il faut élargir la participation des aînés au système de justice, familiariser plus largement les Autochtones avec le système de justice canadien, et accroître et promouvoir l’usage qui convient des rapports Gladue et des tribunaux. Nous avons constaté que ces activités sont très peu mises en œuvre dans l’ensemble du pays. Les Autochtones en milieu urbain sont continuellement aux prises avec des questions de compétence entre les gouvernements fédéral et provinciaux, et il en va de même en matière d’application de la loi et de justice.
L'ANCA offre son point de vue, son expertise et sa connaissance des communautés autochtones urbaines et de leurs membres pour informer le gouvernement fédéral et suggérer des mesures efficaces, maintenant et tout au long de ce parcours.
Nous nous ferons un plaisir de participer à cette conversation et de répondre à vos questions.
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Merci de nous avoir invitées aujourd'hui.
Nous tenons à exprimer notre gratitude aux peuples autochtones sur les terres traditionnelles desquels nous nous trouvons.
The Redwood offre des programmes et des services, dont des services de refuge pour aider les femmes et les enfants à vivre et à s'épanouir sans être victimes de violence, d'itinérance ou de pauvreté. Nous travaillons à la transformation sociale par l'apprentissage, la collaboration et la défense des intérêts.
Nous utilisons délibérément un vocabulaire anti-oppressif, féministe, axé sur les effets des traumatismes et sur l'attachement. Il est compatible avec un cadre de justice restauratrice. Plutôt que de les désigner par des termes comme « contrevenant » ou « agresseur », nous considérons ces personnes comme des causeurs de torts. Nous sommes conscientes du fait que les torts se manifestent sous diverses formes, dont la torture et le meurtre.
Notre principal souci est d'assurer la sécurité de nos clientes, de leurs enfants et de la collectivité en général. Nous fonctionnons selon le principe de la réduction des méfaits, dans le cadre duquel nous répondons aux préoccupations en écoutant les survivantes, en les sensibilisant et en respectant leurs désirs, puisqu'elles sont les expertes de leur propre vie et de leurs propres besoins.
Le contrôle coercitif est un problème grave qui contribue aux torts causés aux femmes et aux enfants et aux homicides dont ils sont victimes. Il contribue également à la mort par suicide des causeurs de torts. Nous sommes heureuses de voir que le gouvernement fédéral prend cette question au sérieux, comme en témoignent les modifications à la Loi sur le divorce et le projet de loi actuellement à l'étude.
Le contrôle coercitif est la forme la plus mortelle de violence entre partenaires intimes. D'autres témoins vous en ont parlé en détail aujourd'hui. J'aimerais cependant attirer votre attention sur le contrôle coercitif et sur sa contrepartie, la résistance violente. Par souci de concision, je dirai simplement que la résistance violente est une forme de violence qui se manifeste en réaction au contrôle coercitif. On peut donc l'observer là où il y a contrôle coercitif, mais c'est le contrôle coercitif qui en est la cause, et il faudrait en tenir compte dans les mesures pénales.
La criminalisation de toute forme de violence familiale a ses avantages et ses inconvénients. Parmi les avantages, il est clair que la criminalisation d'un problème social invite la société à comprendre que le gouvernement élu qui la représente prend la question au sérieux et juge le comportement moralement répréhensible.
Ce que nous disent nos clientes, c'est que...
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous les témoins que j'ai eu l'occasion d'entendre ce matin au sujet de ce projet de loi.
Du point de vue de la prévention, c'est un pas dans la bonne direction que d'intervenir à l'étape du contrôle coercitif, en amont de la violence physique. Mais il a aussi été question de prévention dans une conversation avec les témoins précédents. Cela m'a rappelé le fait que la représentante de The Redwood disait que les agresseurs, eux aussi, avaient besoin d'aide pour régler leurs problèmes... et cela nous ramène au point de départ. Il y a dans notre société des facteurs négatifs déclenchant les comportements qui encouragent la violence entre partenaires intimes.
Par exemple, à la Chambre des communes, nous nous sommes intéressés à une question qui me tient à cœur, à savoir la facilité d'accès à la pornographie dans notre société. Cela façonne et influence les attitudes à l'égard des femmes à un très jeune âge. J'ai rencontré des représentants du YWCA de ma province. Ils sont très découragés de voir à quel point il est facile d'y avoir accès. Est-ce que les témoins — peut-être quelqu'un de la police, mais les autres aussi — pourraient nous dire dans quelle mesure c'est important et s'ils jugent important que le gouvernement s'en occupe.
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Merci beaucoup de votre question, à laquelle nous allons répondre du point de vue de la police.
Quand nous abordons la question des traumatismes subis par les enfants et les jeunes, même dans le cadre de l'exploitation des enfants sur Internet et de ce genre d'infractions, nous faisons enquête sur la pornographie pour veiller à répondre aux besoins de nos collectivités. C'est une priorité non seulement pour la police, mais aussi pour l'ensemble du système judiciaire, et nous devons poursuivre nos efforts dans ce domaine.
Le recours à la pornographie pour avilir quelqu'un dans des relations intimes est évidemment une forme de contrôle coercitif. Le contrôle coercitif englobe tout, mais c'est un aspect que nous analyserions assurément si nous utilisions ce genre de critère.
Les services de police de tout le pays ont mis en œuvre le Cadre national sur la collaboration policière face à la violence entre partenaires intimes, ainsi qu'un cadre supplémentaire visant la violence sexuelle. Nous savons que nos homologues du Royaume-Uni ont des directives portant précisément sur les comportements de contrôle coercitif. Ces instruments de lutte contre la violence familiale, contre le contrôle coercitif, tiennent compte de toutes les formes de comportement. La pornographie en serait une parmi d'autres.
Je veux simplement souligner que, dans la région de l'Alberta, nous offrons, par l'entremise des centres d'amitié, un programme qui s'intitule « Je suis un homme bon ». Le programme s'adresse directement aux hommes violents pour les aider à régler leurs problèmes. Il s'agit de travailler avec eux pour les amener à ne plus être violents.
Beaucoup de nos programmes sont axés sur la prévention, notamment les programmes destinés aux enfants et aux jeunes, qui mettent l'accent sur les liens culturels, et ensuite sur la mise en place d'espaces sûrs permettant aux jeunes victimes d'agression sexuelle ou d'autres types de violence d'avoir un endroit sûr où ils puissent trouver des mentors.
Sans parler de la pornographie en particulier, je dirais simplement qu'il y a des effets intergénérationnels découlant de traumatismes, d'agressions sexuelles, de l'expérience des pensionnats et des services de protection de l'enfance, etc. Je ne dis pas que ce n'est pas un problème, mais je dirais que certains autres facteurs culturels systémiques sont probablement plus propices à provoquer la violence dans les relations intimes et d'autres relations.
Je vais en rester là pour l'instant. Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins du travail qu'elles font en première ligne pour s'attaquer à un problème aussi urgent.
Je tiens à souhaiter la plus cordiale des bienvenues aux représentantes de The Redwood, un refuge de ma circonscription qui dessert non seulement la collectivité de Parkdale-High Park, mais aussi les femmes et les enfants de Toronto, et qui leur offre un service incroyable et une sécurité incroyable. Merci beaucoup.
J'ai trois questions. Je demanderais donc à Mme Ajibolade et à Mme Dahya de limiter leurs réponses à environ 45 secondes.
La première question porte simplement sur les femmes racialisées que vous desservez à The Redwood.
Madame Ajibolade, si je peux commencer par vous, pouvez-vous nous parler un peu — et d'autres témoins nous en ont parlé aussi — de la façon dont le contrôle coercitif s'exerce à l'égard des nouveaux arrivants, des populations d'immigrants, et notamment des femmes racialisées? Quelles sont les caractéristiques de la coercition à l'égard d'une femme racialisée? Merci.
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Merci, monsieur Virani.
Cela prend des formes différentes. Comme mes collègues l'ont déjà dit, nous desservons beaucoup de femmes de différents milieux — des femmes racialisées, comme vous l'avez dit —, et c'est quelque chose que nous constatons constamment, ce sont des choses que les femmes nous révèlent à leur première visite au refuge. Parfois, elles nous disent: « Vous savez, il n'y a pas vraiment de violence physique, mais je tremble quand il arrive à la maison. »
Comme madame Dahya l'aurait dit, nous travaillons dernièrement avec beaucoup de femmes racialisées — des femmes noires et des femmes musulmanes — dans le cadre de notre projet Building Muscle, et notre but est de vraiment savoir ce qui se passe dans ces collectivités du point de vue des comportements de coercition et de contrôle.
L'une des choses importantes qu'elles nous disent régulièrement, c'est qu'elles ne veulent pas toujours faire intervenir l'État. Il y a tellement de choses en jeu. L'excès d'intervention policière, les questions relatives à la protection de l'enfance et tous ces enjeux — même l'immigration — entrent en ligne de compte dans cette décision.
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Bonjour, tout le monde.
Je remercie les témoins d'être parmi nous aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur des questions d'ordre procédural que j'ai déjà posées aux représentants de l'Association canadienne des chefs de police.
Chef Lanouette, cheffe Greenwood, selon vous, où se situerait l'infraction de comportement coercitif ou contrôlant dans l'ensemble du spectre des infractions, comme les voies de fait, le harcèlement, les menaces et les complots, relativement à la violence familiale, par exemple?
Selon ce que je comprends, ce serait un comportement continu, mais j'aimerais avoir de plus amples détails à ce sujet.
Ensuite, en vertu de quel principe un policier se présentant chez un individu pourra-t-il déterminer qu'il s'agit vraiment d'un comportement contrôlant ou coercitif?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Nous savons tous que la pandémie de COVID a intensifié la pression sur les organisations qui viennent en aide aux femmes fuyant des relations violentes, mais aussi sur l'ensemble des organismes communautaires qui offrent ces services de première ligne.
Je suis très heureux que l'Association nationale des centres d'amitié soit parmi nous. Je tiens à rendre hommage au centre d'amitié de Victoria, qui se trouve dans ma circonscription. Dès le début de la pandémie, ce centre s'est empressé d'offrir les services nécessaires, sans nécessairement avoir le budget pour cela. Je pense qu'à l'échelle locale, les gens ont tendance à penser que quelqu'un d'autre est supposé fournir les services aux Autochtones des régions urbaines.
Je vais poser une question générale dont je pense connaître la réponse. Comment les centres d'amitié arrivent-ils à assurer ces services durant la pandémie? Ont-ils obtenu des fonds supplémentaires pour répondre aux besoins, par exemple à la hausse des appels à l'aide pour violence familiale?
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Merci pour cette question. Je vais répondre très rapidement et demander à notre président s'il a quelque chose à ajouter.
Au sujet de la question précédente concernant la coercition économique et financière, j'aimerais mentionner que nous allons présenter au Comité le plan d'action de lutte contre la violence des centres d'amitié autochtones de la Saskatchewan, intitulé « Honouring Her Spark », qui porte sur le soutien économique des femmes autochtones. Vous ne tarderez pas à le recevoir.
Dès le début de la pandémie, nous avons été pris au coeur d'un problème de compétences entre les instances fédérales, provinciales et municipales, ne sachant pas quel palier de gouvernement allait intervenir pour soutenir les Autochtones vivant en milieu urbain. Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur le fonds de soutien des communautés autochtones, qui est récurrent.
À plus grande échelle, nous sommes dans une année de renouvellement du financement de notre programme de base pour les centres d'amitié. Nous cherchons à obtenir une aide financière non seulement pour le renouvellement de ce programme, mais pour y apporter des améliorations afin que nous puissions participer au déploiement du plan d'action découlant de l'enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous pouvons poursuivre nos activités, tout en améliorant le programme que nous avons mis en place.
De plus, en ce qui concerne le plan « Rebâtir en mieux » la société canadienne, nous ne pourrons probablement pas y participer, à moins d'obtenir un soutien inconditionnel pour les Autochtones vivant en milieu urbain.
Je vais m'arrêter là pour le moment. Je vous remercie pour cette question.
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Oui. Nous avons été très reconnaissants pour l'aide que nous avons reçue.
Au tout début de la pandémie, nous étions déjà en train de préparer le lancement de notre plateforme iDetermine, une plateforme de clavardage et de messages textes en direct ouverte jour et nuit, tous les jours de la semaine. Quand nous avons commencé à travailler sur ce projet, en 2019, nous pensions pouvoir lancer notre plateforme en juillet, mais nous avons réussi à la lancer plus tôt, en mai. Comme je l'ai déjà dit, nous pensions pouvoir venir en aide entre 400 et 500 femmes par année sur cette plateforme, mais six mois après son lancement, nous avions reçu 700 appels sur cette ligne. Cela ne dérougit pas, nous recevons trois ou quatre appels en même temps durant la journée, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Ce soutien nous a été très utile pour lancer rapidement cette plateforme et les femmes ont pu en bénéficier rapidement.
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Madame, je vous remercie beaucoup.
Merci à vous également, monsieur Garrison.
J'aimerais maintenant remercier tous nos témoins pour leurs précieux témoignages. Si vous avez des précisions ou des observations à ajouter, veuillez nous en faire part par l'entremise de notre greffier. Il nous fera plaisir de les prendre en compte.
Je veux maintenant discuter d'un point avec mes collègues. Les témoins sont libres de partir s'ils le souhaitent.
Chers collègues, comme vous le savez, le projet de loi vient de nous être renvoyé. J'aimerais avoir votre avis à ce sujet. Si nous donnons préséance aux projets de loi qui nous sont renvoyés, devrions-nous entreprendre notre étude du projet de loi d'abord, ou nous en tenir à notre calendrier actuel et poursuivre notre examen des impacts de COVID et des retards dans le système de justice?
Si nous décidons d'entreprendre l'étude du projet de loi , je propose que nous convoquions le parrain du projet de loi à la deuxième heure de notre réunion de mardi prochain, et que nous consacrions ensuite deux réunions aux témoins — deux groupes complets. Par la suite, nous pourrions consacrer une réunion à l'étude article par article du projet de loi. Je laisse les membres décider de la marche à suivre.
Monsieur Virani, vous avez la parole.
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Je vais examiner le calendrier pour voir s'il y a un créneau pour une réunion en sous-comité. Pour le moment, il semble que ce ne sera pas possible puisque nous allons donner nos instructions aux analystes et ensuite entreprendre notre étude du projet de loi . Nous devons toutefois nous assurer que vous aurez amplement l'occasion dans un comité spécial de vous exprimer sur votre motion.
Je sais que nous sommes à court de temps en ce moment. Je veux simplement vérifier rapidement, monsieur Fortin, si lundi le 22, à midi, cela vous conviendrait pour le dépôt de la liste des témoins de chaque parti. Avec 12 témoins, sans compter le parrain M. Waugh, il y aura quatre témoins pour les conservateurs, quatre pour les libéraux, deux pour le NPD et deux pour le Bloc.
Sommes-nous d'accord pour cette liste, lundi le 22 février à midi?
Monsieur Fortin, vous avez la parole.