Bienvenue à la 38 e réunion du Comité spécial de la Chambre des communes sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine.
Conformément à l'ordre de renvoi du 16 mai 2022, le Comité se réunit pour étudier les relations entre le Canada et la République populaire de Chine.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride. Les membres sont présents en personne dans la salle et à distance à l'aide de l'application Zoom.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez par vidéoconférence, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez désactiver votre micro lorsque vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation pour ceux qui sont sur Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran — en utilisant l'icône du globe —, entre l'audio du parquet, l'anglais ou le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent, bien sûr, utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Les députés présents dans la salle qui souhaitent prendre la parole doivent lever la main. Bien sûr, nous avons un ordre d'intervention, alors je pense que cela ne posera pas de problème. Mesdames et messieurs les membres sur Zoom, et surtout nos témoins, si vous souhaitez ajouter quelque chose à la discussion, veuillez utiliser la fonction « Lever la main » pour que nous puissions vous donner la parole. Il arrive assez souvent que nous posions des questions à une personne et que quelqu'un d'autre ait quelque chose de très utile à ajouter, alors utilisez la fonction « Lever la main » pour attirer l'attention du président et de la greffière. Nous allons faire de notre mieux pour respecter le plus possible l'ordre des interventions.
Conformément à la motion adoptée le 26 mars 2024, nous entendons des témoignages sur des questions révélées dans les documents du laboratoire de Winnipeg.
Je regarde notre liste et autour de la table, et je tiens à souhaiter la bienvenue à Mme Idlout en remplacement de , à M. Cooper en remplacement de , à M. Ellis en remplacement de , à M. Iacono en remplacement de et à M. Villemure en remplacement de .
Bienvenue à tous.
Du ministère de la Santé, nous accueillons Stephen Lucas, sous-ministre, par vidéoconférence, et Nadine Huggins, sous-ministre adjointe et chef de la sécurité, Direction générale des services de gestion. De l'Agence de la santé publique du Canada, nous recevons Heather Jeffrey, présidente, Guillaume Poliquin, vice-président, Laboratoire national de microbiologie, par vidéoconférence, et Donald Sheppard, vice-président, Direction générale des programmes sur les maladies infectieuses et de la vaccination, par vidéoconférence.
Je crois comprendre que c'est Mme Jeffrey qui fera une déclaration préliminaire.
Madame Jeffrey, vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président, de l'occasion qui m'est donnée de comparaître devant le Comité aujourd'hui pour discuter des documents déposés au Parlement le 28 février au sujet du licenciement de deux scientifiques du Laboratoire national de microbiologie en 2021.
C'est une discussion très importante. Le mandat de l'Agence de la santé publique du Canada, l'ASPC, consiste à promouvoir et à protéger la santé des Canadiens, et le Laboratoire national de microbiologie, le LNM, constitue un outil essentiel à ce travail. Pendant la pandémie de COVID, les efforts déployés par le Laboratoire pour élaborer rapidement des tests diagnostiques, ainsi que ses activités de séquençage génomique, de surveillance des eaux usées, de modélisation et de recherche sur les contre-mesures médicales ont joué un rôle important dans l'intervention du Canada et ils sont essentiels à notre capacité de faire face aux menaces sanitaires à venir.
L'Agence de la santé publique du Canada prend sa responsabilité envers le Parlement et la population canadienne très au sérieux. Elle appuie entièrement le travail du groupe d'experts-arbitres chargé d'examiner les passages expurgés des documents déposés par le .
Chaque jour, nos employés font preuve d'intégrité dans leur travail pour protéger et promouvoir la santé des Canadiens. Nous attendons et exigeons des employés qu'ils respectent le Code de conduite et le Code de valeurs et d'éthique du secteur public.
[Français]
Comme l'ont indiqué les témoins précédents, l'environnement mondial des menaces est en constante évolution. L'excellence du Canada en matière de recherche scientifique repose sur la collaboration. Cependant, nous savons que la science intéresse également les acteurs à la recherche d'un avantage économique ou technologique.
[Traduction]
Depuis que ces événements ont eu lieu, nous avons renforcé et adapté notre approche et nos politiques en matière de sécurité. Il ne peut pas s'agir d'un effort statique. Nous avons mis en place des processus pour réévaluer continuellement notre approche en fonction de l'évolution des risques, afin d'être totalement prêts à y faire face, maintenant et à l'avenir.
[Français]
Les documents déposés au Parlement reflètent les résultats d'une enquête administrative, lancée en 2019, sur les activités et les licenciements de deux scientifiques du Laboratoire national de microbiologie de l'Agence de la santé publique du Canada. À l'époque, des préoccupations en matière de sécurité de la recherche ont également été transmises aux autorités compétentes chargées de l'application de la loi, pour l'enquête.
[Traduction]
L'enquête a révélé que les deux personnes avaient manifestement omis de communiquer à leur employeur et, en fait, avaient pris des mesures pour dissimuler des renseignements importants sur leurs activités et leurs affiliations, notamment sur leur travail avec la Chine. Le fait qu'ils n'ont pas respecté les protocoles de sécurité ni divulgué leur collaboration avec la Chine a entraîné leur suspension, la révocation de leur habilitation de sécurité et, en fin de compte, leur licenciement. Les deux scientifiques ne travaillent plus à l'Agence de la santé publique du Canada depuis le 20 janvier 2021.
Le LNM a toujours fonctionné comme une installation sécurisée. Cependant, l'enquête administrative lancée en 2019 a montré que les politiques et les procédures en place à cette époque devaient être renforcées, tout comme les mesures visant à assurer la conformité et à atténuer les risques que présente l'environnement actuel des menaces.
[Français]
En conséquence, l'Agence de la santé publique du Canada a consacré beaucoup de temps et d'attention à s'assurer que les politiques scientifiques et les politiques de recherche mettent à nouveau l'accent sur la sécurité.
[Traduction]
L'Agence a mis à jour des mesures particulières visant à assurer la sécurité physique et opérationnelle, la sécurité du personnel et la cybersécurité, tout en favorisant une culture organisationnelle qui reconnaît la responsabilité d'assurer la connaissance et la mise en œuvre complètes de ces mesures, compte tenu du travail important du LNM et de l'évolution constante du paysage des menaces. Cela cadre avec les efforts déployés à l'échelle du gouvernement du Canada pour soutenir l'innovation et la recherche, tout en garantissant la sécurité nationale. Citons, à titre d'exemples récents de ce travail, l'élaboration des Lignes directrices en matière de sécurité nationale pour les partenariats de recherche par Innovation, Sciences et Développement économique Canada ainsi que la détermination des domaines de recherche sensibles.
L'ASPC respecte entièrement les règlements en matière de biosécurité, la Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines ainsi que les exigences du Programme de transport des marchandises dangereuses, et elle travaille en étroite collaboration avec les organismes de réglementation pour s'assurer de sa conformité continue. Toutes les collaborations internationales doivent faire l'objet d'un examen du point de vue de la sécurité, et un mécanisme de gouvernance est en place pour la vérification et l'approbation des nouvelles collaborations. Il comprend l'utilisation obligatoire d'accords de transfert de matériel, des ententes officielles permettant de structurer les collaborations — comme les accords de recherche concertée — ainsi qu'une politique renforcée en matière d'affiliations avec les établissements d'enseignement, de recherche et de soins de santé, qui fait partie d'un ensemble de politiques supplémentaires en matière d'intégrité scientifique.
[Français]
L'ASPC a mis en place une formation et une communication explicites et systématiques sur la sécurité et les responsabilités des employés.
Le Laboratoire national de microbiologie a mis en place un processus de sécurité renouvelé et proactif, ce qui a permis de renforcer la sécurité physique du bâtiment. Les mesures de dépistage s'appliquent strictement à l'ensemble du personnel et aux visiteurs extérieurs, y compris l'obligation pour les visiteurs d'être accompagnés en tout temps, et ce, sans exception.
[Traduction]
Les processus et les politiques en place continueront d'être évalués et améliorés afin de veiller à ce que la confiance des Canadiens à l'égard de notre travail soit toujours préservée.
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Merci, monsieur le président.
Il y a cinq principaux domaines dans lesquels des améliorations en matière de sécurité ont été apportées au laboratoire.
Premièrement, en ce qui concerne la sécurité physique, nous avons resserré les mesures de contrôle. Nous avons installé un système modernisé de contrôle d'accès; nous avons renforcé la surveillance radio et nous avons des protocoles stricts pour la livraison et l'expédition.
Nous avons amélioré notre technologie dans le domaine de la GI‑TI pour nous prémunir contre les cyberrisques. Nous procédons à des évaluations exhaustives des menaces et des risques, nous avons élaboré de nouvelles procédures relatives à l'information et aux déplacements et nous avons entièrement mis à jour les principales fonctions.
Nous avons une nouvelle politique sur les affiliations, une nouvelle approche pour l'embauche d'étudiants, des exigences strictes et de nouvelles structures de gouvernance et d'approbation, notamment un comité de sécurité scientifique, des protocoles améliorés d'intervention et de surveillance en cas d'incident, une surveillance de la conformité et des exigences en matière de déclaration de conflits d'intérêts et d'affiliations.
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À l'époque des événements, à ma connaissance, des séances d'information trimestrielles étaient données dans différents établissements de recherche, dont le laboratoire de microbiologie national. Nos relations se sont resserrées au fil des ans.
Les activités élargies conduites par l'agence en réponse à la pandémie mondiale, l'importance de la propriété intellectuelle et des données scientifiques liées aux vaccins, de même que de nombreux champs de recherche en santé requièrent une collaboration très étroite. C'est ce qui est énoncé dans la politique sur la sécurité pour les partenariats de recherche publiée récemment par Innovation, Sciences et développement économique, qui porte essentiellement sur les activités scientifiques menées en coopération dans le milieu de la recherche partout au pays, et non pas seulement au gouvernement du Canada ou à l'Agence de la santé publique du Canada.
La recherche scientifique de grande valeur et les risques qui y sont associés doivent être protégés partout au pays, et non pas seulement dans les laboratoires de l'Agence de la santé publique du Canada.
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Merci, monsieur le président.
Les activités les plus importantes qui ont été conduites avaient trait à la sensibilisation, aux communications et à la mobilisation des employés. C'était justement une séance de sensibilisation qui a permis de déceler les risques dans les cas dont nous parlons.
Une formation obligatoire est donnée à tous les membres du personnel, peu importe leur lieu de travail ou leur niveau hiérarchique. Des messages répétés sur les responsabilités liées à la sécurité sont également communiqués. Ces efforts s'ajoutent au aux mécanismes de sécurité physique et de cybersécurité, qui ont par ailleurs été resserrés. Le matériel informatique et les logiciels qui assurent la sécurité à l'agence ont été profondément améliorés et renforcés.
Les comités comme le vôtre contribuent grandement à la continuité des efforts de sensibilisation. Nous continuons aussi à ajuster nos procédures en fonction de l'évolution des menaces en consultation avec nos homologues des organismes d'application de la loi et de sécurité.
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La collaboration est au cœur des avancées scientifiques, particulièrement dans la recherche en santé publique et dans la recherche sur les conséquences des pathogènes. Nous l'avons constaté lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, lors de l'épidémie de SRAS au Canada, et plus récemment, lors de la pandémie de COVID‑19. Ces exemples démontrent que la collaboration internationale est essentielle pour réaliser rapidement les avancées scientifiques qui permettent de suivre les mutations et l'évolution des virus.
Il faut assurer la sécurité des pathogènes, des toxines, et de nos données scientifiques, mais il faut également être en mesure de collaborer dans cet environnement sécurisé. Il est donc très important que les membres du personnel comprennent les politiques sur ce travail collaboratif qui est nécessaire parfois et qu'ils se conforment à ces politiques tout en protégeant leurs travaux contre les utilisations non autorisées.
Dans ce contexte, comme l'indiquent la campagne de sensibilisation à la sécurité et la politique sur la sécurité dans la recherche lancée récemment partout au pays, les membres du personnel doivent être en mesure de collaborer, certes, mais en étant conscients des exigences relatives aux vérifications, aux approbations, aux autorisations et aux limitations rattachées à cette collaboration.
Madame Jeffrey, comme je ne dispose que de deux minutes et demie, je vais procéder assez rapidement.
Après avoir pris connaissance du rapport déposé au Parlement, il me semble que tout ce qu'on peut y lire découle de l'incompétence ou de la naïveté. À mon avis, dans cette affaire, l'ASPC a échoué à protéger la population.
Lors de votre récente comparution, vous avez déclaré ceci au sujet de la sécurité du laboratoire:
Le processus de contrôle de sécurité commence par une vérification de la cote de fiabilité par le service de sécurité de l'agence. Le dossier est ensuite transmis à la GRC et au Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, pour l'obtention d'une cote de sécurité.
Vous avez ensuite reconnu que c'est l'ASPC qui donne l'aval final. On parle notamment de l'accréditation de scientifiques de l'Armée populaire de libération.
Avez-vous basé votre raisonnement sur les conseils du SCRS ou de la GRC? L'avez-vous basé sur autre chose, et si oui, sur quoi? Je vous prie d'éviter les lieux communs et d'aller droit au but.
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Je pense que la collaboration internationale aux fins des solutions thérapeutiques pour les agents pathogènes et les toxines demeure très importante pour le développement de la science.
Avec le recul, il va de soi, compte tenu des activités de ces scientifiques et des preuves de ces activités qui ont été mises au jour beaucoup plus tard, nous aurions pu nous pencher plut tôt dans le processus sur les décisions qui ont été prises au sujet de leurs travaux.
Cependant, le travail de collaboration sur le virus Ebola a continué d'être une priorité internationale. En effet, de nombreux pays — dont le Canada, les États-Unis et la Chine — ont été actifs en Afrique de l'Ouest et sont intervenus sur le terrain pour lutter contre l'épidémie d'Ebola. C'est dans cette optique que la collaboration a été approuvée et que le travail a été autorisé.
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Merci, monsieur le président.
D'une part, le directeur du SCRS a comparu devant le Comité et nous a dit qu'il estimait que l'Agence n'a pas tardé à agir. C'est un point positif.
J'aimerais toutefois revenir sur les questions que mon collègue vient de poser.
Je saisis très bien ce qui justifiait l'envoi du virus Ebola à l'Institut de virologie de Wuhan à la fin de mars 2019.
J'ai cru comprendre, en parcourant les chaînes de courriels, que c'est la Dre Qiu qui a été l'instigatrice de ce transfert. Est-ce exact?
Une semaine plus tôt, parallèlement à cela, le cabinet Presidia, qui n'a pas mis au jour autant d'éléments que le SCRS a pu le faire, s'est vu confier en décembre 2018 le mandat d'enquêter sur la question et a produit un rapport préliminaire présentant ses conclusions.
En ce qui concerne le brevet non divulgué de la Dr Qiu, on indique dans ces conclusions qu'il est fort peu probable qu'elle n'ait pas été au courant. On ajoute qu'il y a eu collaboration avec un certain nombre de personnes, y compris à l'Académie chinoise des sciences médicales militaires, sans qu'il y ait nécessairement eu de lettre de soutien, et qu'une enquête plus approfondie était requise.
À ce moment-là, il y a une enquête en cours qui porte précisément sur la Dre Qiu. J'ai vu les chaînes de courriels. Il y a évidemment d'autres représentants de l'Agence qui s'occupent des approbations.
Comment se fait-il qu'il n'y ait pas eu de signaux d'alarme?
Je vais poursuivre avec le Dr Poliquin. Vous semblez en savoir davantage. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de signaux d'alarme? Comment cela est-il possible?
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Sauf que le rapport indique qu'il est fort peu probable qu'elle n'ait pas été au courant de l'existence du brevet. Il est vrai qu'une enquête plus approfondie était justifiée, mais on remettait déjà en question la sincérité de ses réponses à ce moment-là.
Si on considère la chaîne des événements, il faut honnêtement avouer qu'il y a eu des commentaires exagérés de la part des conservateurs. Le directeur du SCRS vient ici pour nous dire que l'on n'a pas tardé à agir, mais je regarde les chaînes de courriels concernant l'approbation...
L'Agence était également au courant. J'ai ici un courriel d'Allan Lau daté du 3 avril qui indique: « Nous n'avons rien fait de répréhensible... c'est simplement qu'en raison de la nature des agents pathogènes et de leur destination, ils (les hauts dirigeants de l'ASPC) voulaient savoir si nous avions pris toutes les précautions nécessaires. »
J'ai pourtant l'impression que si l'on avait effectivement pris toutes les précautions voulues, en particulier en ce qui concerne la Dr Qiu, le transfert n'aurait pas eu lieu à la fin du mois de mars. Est-ce que je me trompe?
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Merci, monsieur le président.
Madame Jeffrey, vous avez mentionné à plusieurs reprises que la collaboration internationale en matière de recherche entre les laboratoires de niveau 4 dans le domaine des pathogènes et des virus humains est importante. Ma question s'inscrit dans ce cadre.
La liste des organismes de recherche désignés que la Sécurité publique a dressée et publiée n'inclut pas l'Institut de virologie de Wuhan. Cette liste précise toutefois que les établissements qui n'y figurent pas peuvent néanmoins présenter un risque et que différentes entités au gouvernement du Canada doivent assumer et évaluer ce risque, même si des établissements comme l'Institut de virologie de Wuhan ne figurent pas sur la liste.
Je pense que le a déclaré précédemment qu'il y avait une collaboration entre les entités dans la République populaire de Chine et le Laboratoire national de microbiologie et a dit par la suite qu'il n'y avait pas de collaboration. Ma question est simple: pouvez-vous confirmer qu'il n'y a pas de collaboration en cours, que ce soit pour les transferts de renseignements ou de matériel entre le laboratoire de Winnipeg et des entités de la République populaire de Chine, y compris l'Institut de virologie de Wuhan?
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La Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines, ou LAPHT, prévoit des exigences très strictes pour les travaux effectués avec des agents pathogènes appartenant à différents groupes de risque. Il y a une liste d'agents pathogènes en fonction des mesures de protection et des exigences connexes.
Le budget récemment annoncé indique également qu'une nouvelle loi sera présentée pour améliorer davantage les règlements, compte tenu des exigences postpandémiques pour que le Canada dispose de capacités nationales en matière de laboratoires, de sciences de la santé et de la vie et de biofabrication afin d'assurer notre sécurité sanitaire contre les menaces pour la santé et les pandémies potentielles futures.
Les procédures prévues par la LAPHT exigent l'obtention d'une licence. Elles exigent des habilitations de sécurité pour l'ensemble du personnel. Elles exigent la mise en place d'une approche graduelle qui limite la manière dont ces nouvelles installations peuvent fonctionner et avec quoi. Des inspections et une surveillance sur place sont requises. Les processus d'habilitation de sécurité ont également été améliorés.
Toute demande de création d'un nouveau laboratoire devant être assujettie à la LAPHT, y compris les laboratoires de niveau 3 et 4, devra faire l'objet d'une réglementation stricte. Les licences et les approbations ne seraient pas accordées en vue de leur exploitation sans une planification détaillée.
M. Villemure s'est joint à nous.
Nous sommes désolés d'avoir perdu la connexion avec vous quelques instants. Je veux juste vous dire où nous en sommes. Vous disposerez des deux prochaines minutes et demie, puis ce sera au tour de Mme Idlout pour deux minutes et demie. Nous entendrons ensuite M. Cooper pour cinq minutes et M. Erskine-Smith pour cinq minutes.
D'après mes calculs, nous avons le temps pour un autre tour de cinq minutes, cinq minutes, deux minutes et demie et deux minutes et demie, alors réfléchissez à qui prendra la parole dans votre équipe. C'est assez évident pour le Bloc et le NPD, mais pour les libéraux et les conservateurs, préparez votre équipe pour cette dernière série de questions, d'accord?
Monsieur Villemure, vous disposez de deux minutes et demie.
Vous êtes peut-être en mode sourdine, monsieur Villemure. Si vous pouvez nous entendre, débranchez votre casque d'écoute et rebranchez-le.
Nous allons peut-être modifier l'ordre des interventions.
Madame Idlout, êtes-vous prête à poser vos questions pour deux minutes et demie?
Mme Lori Idlout: Oui.
Le président: D'accord. Nous céderons la parole à Mme Idlout en premier, puis nous reviendrons à vous, monsieur Villemure, dans deux minutes et demie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
En effet, en ce moment, nous vivons une période où nous observons une activité croissante des maladies. Le Laboratoire national de microbiologie a notamment pour rôle de se tenir au courant.
La variole du singe en est un bon exemple, compte tenu d'une récente éclosion au pays et de l'activité constatée en République démocratique du Congo, par exemple.
C'est grâce à des liens à l'échelle mondiale et avec nos partenaires internationaux que nous sommes en mesure de nous tenir au courant de ce qui se passe dans d'autres pays. Cela aide à éclairer notre travail et notre préparation, à la fois avec des diagnostics, pour être prêts à déceler les nouvelles menaces, et avec des contre-mesures médicales, afin de les combattre.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je ne veux pas m'attarder là‑dessus, mais je veux poser une question de suivi concernant le transfert à la fin de mars 2019.
Il y a une grande différence entre le fait que la GRC escorte une personne à la sortie et limite son pouvoir pendant qu'une enquête est en cours. Lorsqu'une personne fait l'objet d'une enquête pour des allégations graves qui pourraient avoir des conséquences sur la sécurité nationale, l'application régulière de la loi est justifiée, bien sûr, mais dans l'intérêt de notre sécurité nationale, nous devrions certainement envisager de restreindre ses pouvoirs individuels.
Lorsque nous examinons les leçons que nous avons apprises ici, nous voulons nous assurer qu'une telle chose ne se reproduira plus. Examinez-vous les processus par lesquels on pourrait restreindre le pouvoir d'une personne pendant qu'une enquête est en cours?
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Si la réponse est que cela n'aurait pas nécessairement empêché le transfert, vous voudrez peut-être revoir ces politiques quand même, car la réponse devrait être: « Bien sûr, cela aurait dû empêcher ce transfert. ».
J'ai d'autres questions dans un deuxième ordre d'idées.
Les services de Presidia ont été retenus en décembre 2018. Presidia a remis son premier rapport en mars 2019, et un deuxième rapport en février 2020. Elle n'a effectivement rien trouvé de plus probant que ce que le SCRS avait découvert.
Le SCRS a fait une évaluation préliminaire en avril 2020. Quelques mois plus tard, en juin 2020, il a fait élater l'affaire au grand jour, et c'est pourquoi la Dre Qiu a finalement été expulsée du laboratoire.
Pourquoi le SCRS n'est‑il pas intervenu plus tôt?
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Le SCRS a joué un rôle dès le début. En effet, c'est une séance de sensibilisation avec le SCRS qui a amené la direction de la sécurité à entreprendre son enquête, en travaillant avec le laboratoire pour déterminer si nous avions des vulnérabilités comme celles décrites par le SCRS.
Évidemment, aux termes de sa loi habilitante, le Service canadien du renseignement de sécurité dispose d'outils et de méthodes qui lui permettent d'avoir une meilleure compréhension des activités secrètes et clandestines. Le SCRS a déjà comparu devant ce comité.
L'Agence de la santé publique n'a pu agir qu'en fonction des informations qui lui ont été communiquées. L'enquête menée par le service nous a été transmise le 30 juin 2020, et nous avons pris des mesures à ce moment‑là.
Ce que je dirais, c'est que les individus...
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Oui, bien sûr. Aux termes de la loi d'outils, les membres du Service canadien du renseignement de sécurité disposent qui leur sont propres. Ils ont participé au processus de recherche des faits et à l'enquête en tout temps. C'est seulement à un stade avancé de l'enquête qu'ils ont obtenu les renseignements ayant servi de base à la lettre du 30 juin.
Par exemple, dans une lettre du 9 avril, ils n'avaient pas encore les renseignements qu'ils ont trouvés plus tard. Selon cette lettre, il n'y avait toujours pas de raison de penser que les scientifiques avaient coopéré volontairement ou qu'ils étaient vulnérables. De toute évidence, entre le 9 avril et le 30 juin, leurs enquêtes et les outils à leur disposition leur ont permis de découvrir des renseignements qui ont radicalement changé cette évaluation, et nous avons agi immédiatement après avoir reçu ces renseignements.
Il s'agit d'une affaire dans laquelle des individus ont pris des mesures pour dissimuler leurs activités. Les organismes de sécurité nationale et d'application de la loi ont utilisé tous les outils disponibles dans le cadre de leurs enquêtes pour tenter de découvrir des preuves supplémentaires. Ils y sont finalement parvenus le 30 juin.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie mes collègues de leur compréhension.
Madame Jeffrey, en écoutant vos réponses, on a l'impression que tout va bien. Vous dites que des politiques ont été mises en place et que ce n'était pas un problème.
Les politiques, cela protège les personnes de bonne foi. Il faut donc savoir ce qu'on doit faire des autres personnes.
Des personnes ont-elles été tenues responsables? Je vous demande de donner une réponse précise. Y a-t-il eu des conséquences auprès de certaines personnes qui étaient directement responsables de l'ensemble des fautes ou incompétences relevées?
Si je comprends bien, des scientifiques de haut niveau ont dissimulé leurs activités. Vous avez mis en place des politiques pour vous protéger, ainsi que la population canadienne. Lorsque vous avez vu quelque chose, vous avez agi.
Il me semble qu'il s'est passé pas mal de temps avant que vous ne voyiez quelque chose, et les gens ont pu poser des gestes qui n'étaient pas appropriés.
Je comprends que vous avez agi lorsque vous avez finalement vu la lumière rouge. Toutefois, avant cela, y avait-il des personnes qui étaient incompétentes devant cette situation? Avez-vous trop tenu pour acquis que tout le monde était bon, que tout le monde était gentil? Je comprends que la culture scientifique est faite de collaboration. C'est bien, mais, dans ce cas-ci, c'est comme si on entrait dans un manège: il y avait des étudiants chinois et il y avait un tas de gens. Cela semble avoir été de la négligence ou de l'incompétence.
Faites votre choix: était-ce de la négligence ou de l'incompétence?
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Pouvons-nous revenir à la question des habilitations de sécurité? Je suis conscient que vous nous avez déjà donné des renseignements à ce sujet, mais j'examine la question dans le contexte international plus général en particulier, ce qui me semble fondamental pour tirer des leçons de cette expérience.
Le processus de vérification de sécurité est‑il harmonisé — à défaut d'un meilleur terme — de quelconque manière avec les processus d'autres pays pour les contrôles de sécurité liés aux laboratoires, ou est‑il un processus propre au Canada? Y a‑t‑il un chevauchement, mais pas un chevauchement total? Avez-vous des commentaires à ce sujet?
Comme nous l'avons déjà entendu au Comité, le Canada n'est pas le seul à composer avec cette situation. D'autres pays, d'autres alliés, se préparent à des expériences ou défis très semblables sinon identiques, si ce n'est déjà arrivé. Je m'interroge à ce sujet dans un contexte international plus général.
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Merci, monsieur le président.
Nous avons mis en œuvre une série d'améliorations de la sécurité en fonction des leçons tirées de ce processus. Les différents éléments des politiques et procédures de sécurité que j'ai décrits plus tôt vont de la cybersécurité à la sécurité physique, en passant par les habilitations de sécurité et, par-dessus tout, la sensibilisation, l'éducation et la conformité des employés. Tous ces éléments reflètent les leçons que nous avons tirées de ces situations.
J'ajouterais que la collaboration beaucoup plus étroite avec nos collègues du ministère de la Sécurité publique et du SCRS, qui a commencé pendant et même juste avant ces incidents, ainsi que la sensibilisation et les informations de la collectivité des chercheurs qui ont incité l'Agence à examiner ces cas — et éventuellement au congédiement de ces scientifiques —, étaient l'objectif initial de ce travail. L'environnement mondial et le contexte de menaces en pleine évolution nous obligent à maintenir en tout temps une étroite collaboration durant le processus de recherche et dans notre travail.
Le travail supplémentaire que nous avons entrepris avec Sécurité publique Canada et le SCRS dans le contexte de la pandémie et de nos protocoles d'intervention d'urgence se fait dans une collaboration beaucoup plus étroite qu'auparavant.
Les politiques et procédures que nous avons mises en place pour les employés et le personnel de recherche sont conçues pour fournir des signaux d'alerte beaucoup plus tôt comparativement à ce qui se faisait avant ces incidents.
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Je vous remercie, mais ce n'est évidemment pas de ces personnes que je parle.
J'écoute vos réponses depuis près de deux heures. Vous dites qu'il y a eu des incidents, que ce n'était la faute de personne, que vous avez mis des politiques en vigueur, que tout va bien aller et que ce n'était pas si grave.
Pourtant, toute cette histoire a mis la Chambre des communes sens dessus dessous, a amené le gouvernement à poursuivre l'ancien Président de la Chambre pour que certains éléments ne soient pas révélés et a mené à la mise sur pied d'un comité ad hoc constitué de juges arbitres. Cependant, quand on écoute vos réponses, on croirait que rien d'important ne s'est passé.
Je suis étonné que ces incidents soient banalisés de la sorte, et je ne suis pas rassuré quant aux mesures qui sont prises ou qui pourraient l'être. S'il y a eu une conséquence, c'est-à-dire le renvoi de deux scientifiques, c'est qu'il y avait une cause. Or vous ne semblez pas être en mesure de nous dire quelle est cette cause.
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Dans ma déclaration liminaire, j'ai clairement indiqué qu'il s'agissait d'incidents de sécurité très graves. Ils constituaient une violation du devoir de loyauté que tous nos scientifiques s'efforcent de respecter chaque jour. Nous les prenons très au sérieux.
Les mesures de protection en place pour protéger les renseignements relatifs à la sécurité nationale et les renseignements personnels signifiaient qu'ils ne pouvaient pas être entièrement divulgués dans le domaine public sans les protections nécessaires, qui ont été fournies par le comité spécial et le groupe d'experts-arbitres. Nous sommes très heureux d'être ici aujourd'hui pour en discuter.
L'ingérence étrangère, comme l'ont dit mes collègues du Service canadien du renseignement de sécurité devant ce comité, constitue une très grave menace. Elle représente une menace pour notre recherche scientifique, nos ressources en matière de santé publique et notre capacité à répondre aux menaces futures. C'est pour cette raison que nous avons mis en place tant de mesures différentes dans les multiples domaines de la sécurité: la sécurité du personnel, la cybersécurité et la sécurité physique.
Nous prenons cela très au sérieux. Nous maintenons et améliorons ce devoir de diligence de façon continue. Il ne s'agit pas d'une intervention figée et ponctuelle. Nous avons mis en place des processus pour revoir périodiquement l'ensemble de nos politiques et procédures, pour signaler des incidents et pour prendre des mesures afin d'y remédier. Je peux vous assurer que nous prenons ces obligations très au sérieux.
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Je voudrais souligner deux choses. Tout d'abord, comme je l'ai indiqué plus tôt, l'objectif premier des laboratoires de Santé Canada est de soutenir notre système de réglementation. Ainsi, l'accent n'est pas mis sur la recherche en soi, mais sur les méthodes de laboratoire qui sont employées pour tester des produits, comme des produits pharmaceutiques, et pour élaborer des méthodologies de contrôle de la qualité ou d'analyse des contaminants dans l'eau.
Les politiques et les systèmes mis en place pour renforcer la sécurité de la recherche au cours des dernières années comprennent le renforcement de la sécurité physique sur le plan de l'accès aux installations de recherche et de la surveillance de celles‑ci, le renforcement des mécanismes de surveillance et des systèmes pour se protéger contre les menaces à la cybersécurité — qui sont bien actives —, et l'accent mis sur l'examen des habilitations de sécurité des employés, la déclaration de conflits d'intérêts et d'affiliations, la formation et la supervision, ce qui inclut les politiques relatives aux visiteurs des laboratoires et aux étudiants, comme Mme Jeffrey l'a dit plus tôt.
Ces politiques ont été renforcées davantage pour qu'il y ait une harmonisation avec les mesures prises pour tous les établissements de recherche au Canada, qui ont été annoncées par les ministres , et , et, plus récemment, par le . Il s'agit, notamment, des politiques relatives aux domaines de recherche en technologies sensibles et de la liste des organisations de recherche nommées. Nos travaux dans le domaine des politiques visent à soutenir les objectifs et la teneur de ces lignes directrices et de ces politiques pour protéger la sécurité de la recherche dans les laboratoires de Santé Canada.
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En effet, dans le cadre du processus d'habilitation de sécurité, les personnes sont tenues de déclarer de nombreux détails sur leurs affiliations, leurs expériences et leurs emplois passés. Nous vérifions ces déclarations par l'entremise de notre bureau de sécurité et de notre chef de la sécurité. Tous les fonctionnaires qui ont une habilitation de sécurité font l'objet de vérifications effectuées par la GRC — au criminel — et par le Service canadien du renseignement de sécurité, et d'autres vérifications menées à l'aide de sources ouvertes et d'autres sources d'information publique.
Il importe de disposer de politiques et de procédures qui nous permettront de savoir si des personnes tentent de cacher leurs véritables intentions, et cerner les domaines qui nécessitent une enquête et des recherches plus poussées. Ces processus garantiront également une surveillance et des niveaux d'approbation supplémentaires pour certains événements qui recèleraient des intentions cachées que les vérifications et les habilitations précédentes n'auraient pas révélées.
Nous avons ajouté des processus qui nous permettent de prendre d'autres mesures et d'avoir plus de paires d'yeux qui examinent les approbations. Ce faisant, nous garantissons qu'il y aura de nombreuses étapes aux différents processus et aux approbations, et qu'il y aura davantage de collaboration. Selon nous, c'est une question de confiance, mais c'est aussi une question de vérification. Nos services de sécurité nous aident à effectuer ces vérifications, et nos politiques et procédures dans le domaine de la sécurité nous permettent de toujours faire preuve de vigilance.
C'est vraiment ce dont nous avons besoin ici. Ces vérifications requièrent une vigilance et une attention constantes. Il faut que les gens interviennent et signalent les éléments qui ne sont peut-être pas tout à fait conformes aux politiques. C'est une culture, et c'est la culture que nous développons à l'Agence de la santé publique grâce aux processus que nous avons mis en place depuis ces incidents, il y a maintenant plus de quatre ou cinq ans.
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Il est certain que la nature de l'ingérence alléguée à l'égard de la Chine et de la République populaire de Chine est une chose, mais il y a d'autres acteurs. Qui sait?
Je tiens à remercier tout le monde.
Madame Jeffrey, chers collègues, vous nous avez généreusement accordé votre temps. On ne peut pas dire que c'est la façon la plus agréable de passer un vendredi après-midi, mais nous vous sommes reconnaissants du temps que vous nous avez consacré et de vos réponses.
Chers collègues, je vous félicite pour votre bon travail aujourd'hui.
Merci beaucoup à tout le personnel de soutien.
La séance est levée.