:
Merci, monsieur le président. Merci également à tous les autres membres du Comité.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de faire le point sur les relations entre le Canada et la Chine.
[Traduction]
Aujourd'hui, je vous ferai part de mon point de vue sur les relations entre le Canada et la Chine, de mes réflexions sur ma récente visite à Pékin, et je soulignerai des éléments importants de notre approche globale à l'égard de la Chine. Je serai par la suite heureux de répondre à vos questions.
[Français]
La Chine a énormément changé au cours des 10 dernières années, tout comme le reste du monde, d'ailleurs. La Chine est à la fois plus affirmée sur le plan international et plus autoritaire sur le plan interne. Elle « cherche à façonner l'ordre international pour en faire un environnement plus permissif à l'égard d'intérêts et de valeurs qui s'écartent de plus en plus des nôtres », comme cela a été mentionné dans la Stratégie du Canada pour l'Indo‑Pacifique.
C'est pourquoi notre stratégie parle d'une Chine de plus en plus perturbatrice, et, en ce sens, son impact est global. C'est pour cette raison que nous devons rester pragmatiques. La Chine est un partenaire commercial et un acteur clé quant à de nombreux défis internationaux. Sa taille et son influence font en sorte qu'il est nécessaire de coopérer pour tenter de trouver des solutions, comme le reconnaît notre stratégie.
La Chine reste importante pour un large éventail de questions touchant le Canada, qu'il s'agisse de problèmes mondiaux comme le changement climatique ou de questions de commerce bilatéral.
[Traduction]
Pour dire les choses simplement, qu'il s'agisse de changement climatique, du financement en matière de développement, d'économie mondiale ou en sa qualité de deuxième partenaire commercial bilatéral du Canada, la Chine a une importance indéniable. Une gestion responsable de nos relations avec cette dernière est essentielle pour assurer la sécurité et la prospérité des Canadiens dans les années à venir.
La Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique indique clairement que la promotion des intérêts du Canada passe par un engagement concret et une diplomatie active et franche avec la Chine. Ma visite en Chine en avril constituait une avancée prudente à l'égard de ce processus.
À Pékin, j'ai eu des discussions approfondies de plusieurs heures avec mon homologue chinois. Nous avons échangé nos points de vue sur la façon de gérer les relations bilatérales, y compris les intérêts commerciaux du Canada. Nous avons abordé des questions délicates telles que l'ingérence étrangère, les droits de la personne et la stabilité de part et d'autre du détroit. Nous avons partagé nos points de vue sur des enjeux mondiaux, dont la situation au Moyen-Orient, l'invasion russe de l'Ukraine et la question de la Corée du Nord.
J'ai trouvé ces échanges fructueux. Les deux parties ont cherché à trouver une voie conforme à leurs intérêts nationaux respectifs. Il n'est pas surprenant que le Canada et la Chine aient des visions du monde qui diffèrent. L'un de mes objectifs était que la partie chinoise comprenne mieux les priorités et les perspectives canadiennes. Je pense que cet objectif a été atteint.
Il nous reste encore beaucoup à faire pour définir la voie qu'il conviendra de suivre. Je suis conscient de ce que la a dit au sujet de la diplomatie pragmatique. C'est dans les périodes difficiles que ces canaux de communication prennent toute leur importance. Le Canada ne peut pas ignorer la Chine, et ce ne serait d'ailleurs pas dans son intérêt de le faire. Pour résoudre les problèmes conjointement, nous devons nous parler. Je suis convaincu que nous sommes en mesure d'interagir avec la Chine en gardant les yeux grands ouverts et en étant bien au fait des débouchés, des risques et des possibles difficultés.
Les questions relatives à l'ingérence étrangère de la République populaire de Chine sont bien documentées par ce comité et dans le domaine public. J'inclus là‑dedans les récents rapports de l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, ou OSSNR, et du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR.
Nous avons insisté à de nombreuses reprises auprès de nos interlocuteurs chinois sur le fait que le Canada ne tolère aucune ingérence étrangère sur son territoire. Ce message a été transmis par le , la et les fonctionnaires canadiens de tous les échelons. J'ai réitéré ce message lors de ma récente visite.
Les efforts déployés par Affaires mondiales Canada pour lutter contre l'ingérence étrangère s'inscrivent dans le cadre d'une approche pangouvernementale menée par le .
[Français]
Par ailleurs, d'autres initiatives stratégiques récentes du gouvernement du Canada ont porté sur les minéraux critiques, les investissements étrangers et la sécurité de la recherche.
Nous avons également investi dans le renforcement des capacités axées sur la Chine à l'échelle du gouvernement du Canada, reconnaissant que la relation avec la Chine est un jeu de longue haleine et que les investissements réalisés aujourd'hui se traduiront, au fil du temps, par des avantages pour notre organisation, pour le Canada et pour les Canadiens.
La coopération avec les alliés est également essentielle pour renforcer la résilience quant à la montée en puissance et à l'affirmation de la Chine. Cette coopération continue, particulièrement au sein du G7, comme vous l'avez vu ces derniers jours au Sommet du G7, en Italie.
[Traduction]
Le Comité a entendu récemment — je crois que c'était le 27 mai — des intervenants parler de l'importance des exportations du Canada vers la région indo-pacifique, et plus particulièrement vers la Chine, surtout dans le secteur agricole. Le gouvernement du Canada déploie des efforts constants pour soutenir la diversification des échanges commerciaux du Canada avec l'ensemble de la région indo-pacifique. Les entreprises agricoles canadiennes continuent de se concentrer sur le marché chinois, notamment en raison du pouvoir d'achat de ce dernier et de l'aspect concurrentiel des prix. Elles le font en dépit de risques bien connus. C'est bien sûr ainsi que fonctionne notre système de marché libre, où chaque entreprise est libre de profiter des débouchés qui s'offrent à elle. Le fait que la sécurité énergétique et alimentaire de la Chine reste tributaire des importations continuera d'offrir d'importantes possibilités aux entreprises canadiennes. La croissance des exportations canadiennes vers la Chine au cours des deux dernières années en témoigne d'ailleurs, puisque la plupart de ces exportations concernent des produits de base tels que le minerai de fer et le canola.
La Chine reste le deuxième partenaire commercial bilatéral du Canada et le troisième marché d'exportation de marchandises après les États-Unis et l'Union européenne, mais il est important de mettre ces chiffres en perspective. En 2023, les exportations du Canada vers la Chine ne représenteront que 4 % de nos exportations mondiales. À titre de comparaison, nous exportons toujours davantage vers l'État de New York. Toutefois, la Chine reste la deuxième économie mondiale en matière de PIB nominal. Son pouvoir d'achat reste attirant pour les entreprises qui cherchent de nouveaux marchés, y compris dans les secteurs des technologies propres et des sciences de la vie, et ce pouvoir d'achat continue de croître rapidement. C'est pourquoi il est impératif que nous ayons un engagement direct avec la Chine si nous voulons continuer à soutenir les entreprises canadiennes qui restent engagées sur le marché, tout en tentant de régler les difficultés qui limitent l'accès aux nouvelles entreprises canadiennes qui convoitent ce marché. Pour ce faire, il convient d'adopter une approche prudente qui concilie un appui à des relations commerciales bilatérales solides et les efforts visant à protéger les intérêts économiques généraux du Canada.
Pour ce qui est de la suite des choses, nous misons sur la diplomatie. Nous adoptons une approche patiente et soutenue doublée d'une vision claire de ce qui est important pour le Canada et les Canadiens.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui de l'état des relations entre le Canada et la Chine.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aussi aux membres du Comité.
Bonsoir.
J'aimerais tout d'abord vous remercier de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité spécial de la Chambre des communes sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine. Je suis très heureuse de cette occasion qui m'est donnée de comparaître devant vous ce soir.
[Français]
J'ai été nommée ambassadrice du Canada auprès de la République populaire de Chine le 23 septembre 2022, après avoir été en poste à Hong Kong de 1998 à 2000, puis à Pékin de 2000 à 2004.
En poste depuis près de deux ans, j'ai vécu les dernières étapes de la politique « zéro COVID » de la Chine, l'ouverture progressive et la reprise des activités habituelles.
[Traduction]
Je suis arrivée en Chine avec un mandat clair du et de la , à savoir de renforcer notre dialogue avec la Chine pour soutenir les intérêts canadiens tout en défendant et en promouvant nos valeurs à chaque étape du processus.
Depuis mon premier jour en Chine, j'ai rencontré et je continue de rencontrer un large éventail de parties prenantes du gouvernement, des entreprises et de la société civile, tant en Chine qu'au Canada, dans le but de mieux promouvoir les intérêts du Canada en Chine.
[Français]
Notre stratégie à l'égard de la Chine, qui s'inscrit dans le cadre de la Stratégie du Canada pour l'Indo‑Pacifique, est mise en œuvre par le réseau de la Chine élargie. Ce réseau comprend des missions canadiennes à Pékin, Shanghai, Guangzhou, Chongqing et Hong Kong, ainsi que des représentants de huit organismes fédéraux et de cinq provinces, soit l'Alberta, le Québec, l'Ontario, la Saskatchewan et la Colombie‑Britannique.
[Traduction]
Que cela signifie‑t‑il concrètement? Dans le cadre de notre stratégie pour la région de l'Indo-Pacifique, j'ai fixé cinq priorités à mon équipe en Chine, priorités que nous sommes toujours à mettre en œuvre.
Tout d'abord, il convient d'assurer la sécurité des Canadiens et de nos missions. Notre équipe consulaire s'est engagée à aider les Canadiens et leurs familles en Chine, notamment en déployant des efforts de représentation pour que les Canadiens détenus en Chine bénéficient d'un traitement juste et équitable en vertu des lois locales.
[Français]
Cela signifie un engagement auprès des représentants chinois, et j'ai le plaisir d'annoncer que nous avons rétabli notre dialogue consulaire ce printemps. Un engagement soutenu sur les questions consulaires avec les représentants chinois est essentiel pour soutenir les Canadiens sur le terrain, en Chine.
[Traduction]
La deuxième priorité consiste à promouvoir les normes démocratiques et un multilatéralisme efficace, y compris à l'égard des droits de la personne, de la liberté des médias et du respect du droit international. Dans toutes mes interactions avec le ministère chinois des Affaires étrangères et d'autres interlocuteurs, les questions globales et délicates — comme les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, les relations entre les deux rives du détroit et l'ingérence étrangère — figurent toujours en tête de mon ordre du jour.
[Français]
De plus, j'aborde régulièrement les questions relatives aux droits de la personne avec des représentants chinois. Il s'agit d'une partie importante de mon travail, et notre équipe s'efforce activement et quotidiennement d'informer le public chinois sur les valeurs canadiennes.
Demain, je me rendrai au Xinjiang. Ce sera la première visite d'un ambassadeur du Canada dans cette région depuis plus de dix ans. Je profiterai de cette occasion pour faire part des préoccupations du Canada aux dirigeants de la région et pour observer l'état de la situation sur le terrain.
[Traduction]
La troisième priorité consiste à promouvoir les intérêts commerciaux et économiques du Canada, notamment en plaidant en faveur de l'élimination des obstacles à l'accès aux marchés. Par exemple, nous avons repris nos consultations avec le ministère chinois du Commerce, le ministère de l'Agriculture et des Affaires rurales et l'administration chinoise de l'aviation civile.
Toutefois, permettez-moi d'être claire: les choses ne se passent pas comme d'habitude sur le marché chinois. Notre équipe du Service des délégués commerciaux veille à ce que les exportations canadiennes dans ce marché soient traitées de la même manière que celles de nos concurrents des États-Unis ou de l'Union européenne, mais nous le faisons de manière à ce que les exportateurs soient conscients des risques et qu'ils gardent les yeux grands ouverts. En même temps, nous ne soutenons pas activement l'expansion du commerce et des investissements dans certains secteurs, et nous encourageons activement les entreprises canadiennes qui sont déjà présentes dans ces secteurs à diversifier leurs activités à l'intérieur et à l'extérieur du marché chinois.
[Français]
Grâce à notre programme commercial au sein du réseau de la Chine élargi, nous aidons les entreprises canadiennes qui cherchent à s'orienter sur le marché chinois à trouver des débouchés conformes aux intérêts économiques et à ceux liés à la sécurité nationale du Canada. Je suis revenue au Canada pour dialoguer avec des représentants de l'industrie, du monde universitaire et des gouvernements provinciaux afin de mieux comprendre la réalité de la Chine d'aujourd'hui et ce que nous entendons par « engagement éclairé ».
Malgré ces défis, la Chine demeure le deuxième partenaire commercial bilatéral du Canada, même si 4 % seulement des exportations canadiennes y sont destinées. L'influence de la Chine sur le commerce mondial, l'économie mondiale et les chaînes d'approvisionnement constitue une réalité qui exige une diplomatie active.
[Traduction]
Ma quatrième priorité consiste à soutenir l'établissement d'un avenir vert et durable, y compris les engagements en matière de changements climatiques. L'environnement reste un domaine de coopération pragmatique et de dialogue entre le Canada et la Chine.
Nous travaillons en étroite collaboration avec le Conseil chinois de coopération internationale en environnement et en développement depuis plus de 30 ans.
[Français]
La visite à Pékin, l'année dernière, de M. Steven Guilbeault, ministre de l'Environnement et du Changement climatique, et sa collaboration avec son homologue chinois lors de la conférence de l'Organisation des Nations unies, ou ONU, sur la biodiversité, connue sous le nom de COP15, tenue à Montréal, sont des exemples de la manière dont nous pouvons travailler ensemble sur des intérêts communs.
En outre, lorsque cela s'avère judicieux, nous soutenons les entreprises canadiennes de technologies propres ainsi que les solutions de croissance verte qu'elles proposent.
[Traduction]
Enfin, ma cinquième priorité consiste à soutenir une équipe de la Chine très performante et des compétences relatives à la Chine dans tous les secteurs de la fonction publique afin de contribuer au développement d'une capacité d'analyse axée sur la Chine. J'ai le plaisir d'annoncer que notre équipe du réseau de la Chine élargie s'efforce de faire progresser ces priorités en entamant un dialogue constructif et en mettant en place des canaux de communication réguliers à tous les échelons. En outre, cette approche diplomatique pragmatique tiendra clairement compte des divergences entre nos valeurs et nos intérêts. Des visites comme la visite officielle de la sous-ministre des Affaires étrangères en avril sont autant d'occasions d'avoir des discussions productives et constructives avec de hauts fonctionnaires.
[Français]
Nous devons être réalistes et lucides quant à nos attentes en matière d'engagement. Cependant, la communication est le seul moyen de se comprendre et d'aborder des questions très difficiles, comme l'ont montré les récents engagements de la , à Munich, et du , à Singapour, avec leurs homologues chinois.
[Traduction]
Je crois que le dialogue aide à dissiper les perceptions erronées et peut contribuer à la réalisation de progrès tangibles concernant les priorités du Canada par rapport à la Chine.
Cela dit, monsieur le président, c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Comme l'a dit le sous-ministre, les exportations agricoles et agroalimentaires sont très importantes dans les relations entre le Canada et la Chine. En 2023, la Chine était la destination de plus de 11 % des exportations totales des produits agricoles et agroalimentaires et du poisson et des fruits de mer du Canada. Cela équivaut à 11,5 milliards de dollars. C'est le deuxième marché d'exportation en importance pour ce secteur, après les États-Unis. Comme le sous-ministre l'a mentionné, nous y exportons beaucoup de produits, dont les céréales, les oléagineux et les légumineuses, comme les graines de canola, le soya, le blé, l'orge et les pois secs, ainsi que le poisson, les fruits de mer et les produits du porc.
La Chine représente un marché particulièrement important pour le blé, le canola, le soya, l'orge, les pois secs, le ginseng et certains produits de la mer, ainsi que certains produits du porc. Le marché chinois est très important pour nos producteurs. Avant qu'elle n'impose des restrictions sur les produits alimentaires pour animaux de compagnie contenant du porc en 2021, la Chine était le deuxième marché en importance pour les produits pour animaux de compagnie du Canada.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être des nôtres aujourd'hui.
Si vous me le permettez, madame l'ambassadrice, je vais commencer par vous et peut-être donner suite à certaines questions posées par d'autres membres.
Évidemment, en ce qui concerne la Stratégie pour l'Indopacifique, j'ai été déçue. Je ne pense pas qu'on ait mis suffisamment l'accent sur les droits de la personne, surtout compte tenu de ce que nous avons vu au Xinjiang et des nombreuses violations des droits de la personne observées en Chine. Comment et à quelle fréquence abordez-vous ces questions avec vos homologues chinois?
Je reviens en particulier au dossier soulevé par M. Kmiec. Le cas de Huseyin Celil traîne depuis presque 20 ans. Il est citoyen canadien, quoi qu'en dise la Chine. J'aimerais avoir plus d'information. Sa femme et lui sont venus au Canada. Ils ont quatre enfants. La Chine a convaincu la police ouzbèke de le renvoyer en Chine, où il est détenu depuis près de 20 ans. Que faites-vous pour le défendre?
J'espère certainement que ce n'est pas un cas où vous dites simplement, tant pis, le gouvernement chinois nous interdit de le voir. C'est un citoyen canadien, et nous nous attendons à ce qu'il ait le même accès au soutien consulaire que tout autre citoyen canadien. Quelles mesures sont prises et à quelle fréquence?
:
Je comprends donc que vous exprimez nos préoccupations sans prendre des mesures particulières pour faire tout ce qui est possible pour protéger M. Celil.
Vous avez parlé de cinq points dans votre déclaration, notamment la nécessité de défendre les droits de la personne et de condamner le travail forcé. Vous avez effleuré le sujet des panneaux solaires et la façon dont ils sont fabriqués, monsieur Morrison. Pour être franche, je dirais que nos préoccupations n'ont pas été exprimées. Certains députés ont dit que nos préoccupations n'avaient pas été réellement exprimées.
Nous savons que nous avons un défi à relever en Chine, dont les lois sont lacunaires pour ce qui est du travail forcé. Nous n'avons saisi aucune marchandise de la région, même si nous savons que ces marchandises entrent au pays. Nous savons que les États-Unis sont beaucoup plus organisés et parviennent à mieux réglementer ces activités. J'ai une question sur le travail forcé.
Il y a quelques semaines, CBC a publié un reportage important signé Alexander Panetta sur le travail forcé et sur l'incapacité du Canada à arrêter l'arrivée de marchandises issues grâce au travail forcé. Une loi américaine adoptée il y a deux ans a permis de dresser la liste des produits fabriqués dans les camps de rééducation forcée de la région chinoise du Xinjiang. Les États-Unis ont fait de grands progrès pour ce qui est d'appliquer la loi et saisir les marchandises, et le système américain a un impact réel. Cependant, au Canada, nous ne faisons rien. L'ASFC ne saisit pas les marchandises comme elle le devrait, et un sénateur américain craint que les cargaisons refoulées en Oregon, par exemple, soient réacheminées vers des ports canadiens.
Ici, à Ottawa, nous attendons toujours le projet de loi promis par le qui devrait, nous l'espérons, limiter les marchandises en provenance du Xinjiang et de la Chine qui sont fabriquées au moyen du travail forcé.
Lorsque vous discutez avec vos homologues chinois, comment, quand et à quelle fréquence soulevez-vous nos préoccupations au sujet du génocide des Ouïghours, du travail forcé au Xinjiang et des répercussions sur le commerce avec le Canada? Quand le Canada se dotera‑t‑il des mesures législatives nécessaires pour régler ce problème?
Je vais commencer par vous, monsieur Morrison, s'il vous plaît.
J'aimerais revenir à la question du travail forcé des Ouïghours, monsieur Morrison.
L'article 23.6 de l'ACEUM stipule que « chacune des Parties interdit l'importation sur son territoire de produits [...] issus, en entier ou en partie, du travail forcé ». Nous avons donc une obligation. Le texte dit bien « interdit ». C'est une obligation.
Il stipule ensuite que « les Parties établissent une coopération en ce qui concerne l'identification et la circulation des produits issus du travail forcé ». Les États-Unis disposent d'une liste d'entités. Elle est publiée, elle est accessible et je pourrais la sortir tout de suite. On y précise qu'il est interdit d'accepter aux États-Unis des marchandises provenant de ces entreprises. La dernière fois que j'ai vérifié, ils avaient saisi pour 5 milliards de dollars de marchandises.
Le Canada, sous le gouvernement actuel, n'a rien saisi — rien du tout.
Pourquoi ne pas utiliser la liste des entités ou en retirer quelque chose, échanger l'information et établir une coopération comme nous sommes tenus de le faire dans le cadre de l'ACEUM? Ce serait une solution simple.
:
Merci, monsieur le président.
Au bénéfice de M. Morrison, le mot « interpeller », d'après Google Translate, signifie « to call out ».
Il est très intéressant d'entendre nos collègues conservateurs reprocher à la République populaire de Chine de ne pas respecter ses engagements en matière de changement climatique, puisque le Canada risque de ne pas les respecter non plus.
Dans son rapport concernant la situation à Taïwan, le Comité avait formulé la recommandation suivante: « Que le gouvernement du Canada offre et déclare son engagement clair et inébranlable que l'avenir de Taïwan doit être décidé uniquement par le peuple de Taïwan ».
La réponse d'Affaires mondiales Canada n'était pas que le ministère était d'accord sur cette recommandation, mais bien qu'il en prenait note. Dans la stratégie des États‑Unis pour l'Indo‑Pacifique, il est indiqué que les États‑Unis vont travailler avec Taïwan pour s'assurer que son avenir est en concordance avec les souhaits des Taïwanais.
Pourquoi cette frilosité de la part du Canada à simplement reconnaître que l'avenir de Taïwan doit se faire en concordance avec la volonté des Taïwanais?
Nous allons vous laisser partir.
Je n'ai qu'une ou deux brèves observations à faire.
Honorables députés, vous avez reçu le plan provisoire proposé pour notre étude sur la Stratégie du Canada pour l'Indo-Pacifique, et nous comptons sur vous tous pour en prendre connaissance. Vous pouvez certainement transmettre vos réflexions supplémentaires à nos analystes. Vous savez, nous aurons l'occasion, au cours des prochains mois, de réfléchir un peu plus en profondeur à beaucoup de dossiers qui ont un lien avec le Comité et le travail que nous accomplissons.
Je pense qu'il est maintenant temps de vous souhaiter à tous un excellent été. Je vous remercie du travail que vous avez fait et de la collégialité dont vous avez invariablement fait preuve. Vous savez, nous avons eu des discussions très intéressantes et le Comité a réalisé un travail impeccable, à mon avis.
Bien sûr, notre greffière, nos analystes, nos interprètes et tout le personnel qui nous aident à poursuivre nos travaux nous sont tous très précieux.
Sur ce, je vous souhaite un bel été.
La séance est levée.