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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle David Marit et je suis le président de la Saskatchewan Association of Rural Municipalities, ou SARM.
J'aimerais commencer en remerciant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de m'avoir invité aujourd'hui pour présenter les points de vue de l'Association. Je tiens également à féliciter le comité de l'intérêt qu'il porte à cette question très importante.
Permettez-moi de vous donner quelques renseignements me concernant. Je suis un producteur de céréales de la région centrale du Sud de la Saskatchewan. Nous cultivons des céréales mélangées.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de représenter la SARM. La SARM représente les 296 municipalités rurales de la Saskatchewan et agit à titre de porte-parole des régions rurales de la province. De plus, notre loi constitutive nous incite à agir au nom des producteurs agricoles de la Saskatchewan.
Les programmes actuels de gestion des risques de l'entreprise (GRE) dans le secteur agricole, en particulier le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole (PCSRA), sont inefficaces, complexes et coûteux. Les producteurs demandent depuis longtemps que l'on mette en place un cadre de gestion des catastrophes pour indemniser les producteurs qui sont affectés par des circonstances hors de leur contrôle, comme les sécheresses ou les inondations. Nous sommes heureux de voir que les gouvernements fédéral et provincial examinent maintenant cette question. Nous sommes heureux de constater l'engagement des gouvernements fédéral et provincial à aborder ces questions et à mettre au point un nouvel ensemble de programmes, ou un ensemble renouvelé, en vue de faire suite au cadre stratégique pour l'agriculture.
En mars, on a annoncé la bonne nouvelle d'un financement visant à aborder le problème de la hausse des coûts de production; cependant, nous devons aborder cette question à long terme. Les programmes de GRE devraient être simples à administrer, à la fois pour le producteur et pour le gouvernement, afin que les versements se fassent rapidement. Les complexités actuelles des deux côtés s'accompagnent de frustration, de confusion, de coûts excessifs et de retards continuels dans les versements. Les programmes de stabilisation du revenu agricole doivent être efficaces et rapides et ils doivent bénéficier d'un concours bancaire. De plus, tous les programmes de GRE doivent prendre en compte les coûts de production du producteur primaire. Nous sommes d'accord avec le rapport du comité permanent, selon lequel les politiques de GRE devraient être centrées sur les producteurs primaires.
Le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole (PCSRA) actuel ne bénéficie pas d'un concours bancaire, ce qui fait que les producteurs ont du mal à faire des plans annuels et à obtenir du financement, puisque les prêteurs et les établissements de crédit ne peuvent pas définir la couverture financière à laquelle les producteurs ont droit.
Les versements sont très en retard, parce que le processus est inutilement long et compliqué. À l'heure actuelle, les producteurs reçoivent encore des versements de 2005, et certains revendiquent encore des versements qui remontent à 2003 et 2004. Cela est inacceptable, puisque les producteurs ont des obligations financières, et les retards dans les versements du PCSRA font grimper l'intérêt sur les coûts liés aux exploitations agricoles.
De plus, le programme est coûteux pour les producteurs qui ont souvent besoin de comptables ou d'avocats pour faire des demandes. Il est également coûteux pour le gouvernement puisque l'administration du programme nécessite un important personnel qui passe beaucoup de temps à traiter les demandes. Je reconnais que le gouvernement a pris des mesures pour aborder cette question et je l'encourage à simplifier encore davantage le processus.
Le programme actuel contient plusieurs détails et problèmes complexes, dont la définition des demandes qui sont admissibles. Par exemple, les céréales fourragères utilisées dans les fermes laitières et les exploitations bovines ne sont pas admissibles. En plus de créer des inégalités au sein de l'industrie, cela peut mener à des retards et à des versements insuffisants ou excédentaires, ce qui a d'importantes répercussions sur les capacités financières des producteurs.
Le secteur de l'élevage est actuellement en crise, comme la plupart d'entre vous le savent sans doute. Le PCSRA actuel n'aide pas les producteurs d'animaux d'élevage. Le prix des aliments pour animaux a augmenté tout comme la valeur du dollar canadien, tandis que le prix des bovins et des porcs a baissé. Les producteurs ont donc énormément de difficultés à faire un profit. Cela entraîne le problème suivant: les revenus négatifs consécutifs réduisent et éliminent les marges de référence des producteurs, mais le coût de l'élevage d'un animal a considérablement augmenté. Étant donné le fait que le programme Agri-stabilité est encore axé sur la marge et basé sur une moyenne olympique, les marges de référence des exploitations agricoles diminuent toujours pendant les périodes de très faible prix des produits agricoles. Il devient de plus en plus difficile pour les agriculteurs qui font face à de telles circonstances d'obtenir des versements en raison de leurs faibles marges.
Les producteurs sont souvent victimes de la hausse des coûts liés à leur exploitation, et le programme leur nuit au lieu de les aider. Il est essentiel que les programmes de GRE abordent cette situation à long terme, mais j'ajouterais que cette question nécessite une attention urgente à court terme dans le secteur de l'élevage.
Le nouveau programme Agri-investissement de comptes d'épargne pour les producteurs apportera une mesure de prévisibilité au cadre de GRE. Il est difficile de commenter ce programme parce que nous possédons peu de détails. Nous avons entendu dire que les producteurs seront en mesure de placer dans leurs comptes 1,5 p. 100 de leur chiffre d'affaires net admissible, jusqu'à concurrence de 22 500 $ par année, soit 1,5 million de dollars au maximum.
Tant que nous ne connaîtrons pas les détails du programme, il sera difficile de se prononcer sur ces chiffres. Cependant, nous croyons qu'il ne devrait pas y avoir de facteurs conditionnels pour qu'un producteur ait accès au fonds. Les producteurs devraient être suffisamment responsables pour avoir accès à l'argent au moment où ils en ont le plus besoin. Nous craignons surtout que ce programme vise avant tout à faire faire des économies au gouvernement et que les producteurs doivent assumer le reste du coût des premiers 15 p. 100 que le PCSRA leur versait auparavant.
Nous reconnaissons que le PCSRA, aujourd'hui nommé Agri-stabilité, sera toujours en vigueur, mais le programme Agri-investissement sera beaucoup plus utilisé puisqu'il couvre les premiers 15 p. 100 des pertes. Par conséquent, il est très important que ce programme soit mis en place correctement au bénéfice des producteurs.
La Saskatchewan Crop Insurance Corporation assure les producteurs de la Saskatchewan en vertu d'une formule fédérale de partage des coûts. Bien que les primes globales aient baissé et que la couverture ait augmenté en 2007, le programme demeure inférieur à celui du Manitoba et de l'Alberta.
Nous sommes conscients du fait que cela relève des autorités provinciales, et bien que les provinces connaissent des circonstances et des difficultés différentes, tous les producteurs canadiens devraient avoir des chances égales. Un changement dans les mesures de partage des coûts ou la hausse du financement fédéral pour les programmes provinciaux pourrait contribuer à combler ces lacunes et à rendre les conditions plus équitables pour l'ensemble des producteurs canadiens.
Une assurance-production efficace couvrant les coûts de production (c'est-à-dire une couverture de plus de 80 p. 100, le maximum actuel) réduirait les demandes faites dans le cadre d'autres programmes. L'extension de l'assurance-production aux animaux d'élevage et l'offre de meilleurs programmes pour les cultures fourragères seraient avantageuses pour certains producteurs; cependant, le programme doit être viable, économique et efficace. Un tel programme, ainsi que tout autre nouveau programme, devrait être mis à l'essai, éprouvé et recevoir le soutien de l'industrie avant d'être mis en oeuvre à grande échelle.
La SARM craint que les programmes d'assurance remplacent peu à peu les programmes d'indemnités aux agriculteurs, ce qui permettrait essentiellement au gouvernement de se débarrasser du fardeau financier. Cela mènerait à une hausse considérable des coûts pour les producteurs, qui seraient maintenant tenus de contracter des assurances pour se protéger contre les éclosions de maladie, qui sont rares et imprévisibles.
Finalement, si on mettait en place un programme d'assurance agricole permettant de couvrir les pertes et les coûts de production pendant les mauvaises années, ces autres programmes ne seraient pas nécessaires.
Pour ce qui est du programme Agri-relance, nous avons plusieurs réserves. Tout d'abord, nous sommes heureux que le gouvernement ait reconnu qu'un programme d'aide à long terme en cas de catastrophe est essentiel dans ce nouveau cadre. Cependant, nous avons des réserves concernant la définition d'une catastrophe. Dans le cadre actuel, les catastrophes sont définies comme des circonstances qui ne sont pas couvertes par les programmes existants.
En Saskatchewan, les problèmes les plus importants cette année ont été les sécheresses au Sud-Ouest, les inondations au Nord-Est, et, plus récemment, le prix des bovins, comme je l'ai mentionné tout à l'heure. On peut maintenir que les programmes existants, comme l'assurance-récolte et le PCSRA, couvrent ces trois problèmes. Le problème est que ces programmes existants offrent une couverture insuffisante contre les catastrophes. Les versements du PCSRA arrivent en retard et, dans le cas d'années de pertes consécutives, la marge de référence des producteurs diminue et ces derniers ne reçoivent donc aucune assistance. Ces catastrophes sont imprévisibles et en dehors du contrôle des producteurs individuels, peu importe les mesures de gestion qu'ils prennent. Il leur faut donc un programme qui les protège contre ces pertes.
De plus, nous nous inquiétons de la façon dont ce programme déterminera si une catastrophe est régionale ou nationale. Comment déterminera-t-on où une catastrophe commence et où elle se termine? Il est essentiel de savoir dans quels cas les coûts seront assumés par le fédéral et dans quels cas ils seront partagés.
Nous sommes conscients du fait qu'il reste beaucoup de travail à faire, en particulier pour ce qui est du programme Agri-relance, mais tout programme qui n'aborde pas les situations catastrophiques que nous vivons actuellement, est voué à l'échec. Les gouvernements doivent reconnaître la large gamme de catastrophes et financer le programme en conséquence.
La SARM s'est engagée à collaborer avec les gouvernements provincial et fédéral sur la mise au point de ces programmes, et nous croyons qu'il est essentiel de faire participer les producteurs au processus et d'obtenir leur approbation.
La SARM est heureuse que le comité permanent ait recommandé que le gouvernement établisse un comité consultatif national, et elle demande d'être invitée à y participer.
J'aimerais terminer en disant que nous recevons de plus en plus d'appels de nos membres qui veulent en savoir davantage sur ce nouvel ensemble de programmes, et nous continuons d'avoir très peu de réponses à leur offrir. nous devons nous assurer que les programmes fonctionneront et qu'ils profiteront aux producteurs, et il est essentiel d'aborder les détails. J'aimerais proposer que la prochaine consultation aborde certains points particuliers, par exemple: (1) La moyenne olympique, qui sert à calculer la marge de référence dans le cadre du PCSRA, sera-t-elle modifiée? (2) Quels niveaux de contribution et facteurs déclencheurs de versements le programme Agri-investissement adoptera-t-il?
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je ferai une partie de ma déclaration en français, Harold prendra le relais pour la deuxième partie.
[Français]
Au nom des producteurs de lait, de volailles et d'oeufs, je vous remercie de l'invitation à comparaître devant vous pour parler de Cultivons l'avenir. Des progrès considérables ont été réalisés dans l'élaboration de la politique agricole depuis notre rencontre avec le comité pendant son étude sur le Cadre stratégique de l'agriculture, au printemps dernier.
Depuis, le comité a publié son rapport, et le gouvernement y a répondu. Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux ont signé une entente de principe, Cultivons l'avenir, et se sont rencontrés de nouveau en novembre pour faire avancer cette entente encore davantage.
Les producteurs de lait, de volailles et d'oeufs étaient ravis de la 20e recommandation du rapport du comité en juillet dernier, à l'effet que la gestion de l'offre et ses trois piliers soient reconnus comme étant un programme de gestion des risques de l'entreprise. Nous avons très fortement travaillé pour cela, et l'oreille gouvernementale nous a entendus. Nous l'apprécions beaucoup.
Il est important et satisfaisant pour les producteurs qui assistent aux réunions d'un comité à l'extérieur d'Ottawa de constater qu'ils peuvent influencer directement la politique publique. Nous vous remercions et croyons que votre recommandation a contribué à garantir cette reconnaissance importante énoncée dans Cultivons l'avenir:
La gestion de l'offre est un programme de [gestion des risques de l'entreprise] pour les productions contingentées en agriculture qui sont administrées en vertu de leurs propres accords [fédéral-provinciaux- territoriaux], soit les plans nationaux de commercialisation.
Nous apprécions beaucoup cela.
Nous félicitons le gouvernement fédéral d'avoir adopté la recommandation du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire à l'effet que la gestion de l'offre et ses trois piliers soient reconnus comme un programme de gestion des risques de l'entreprise. Il faut intégrer cette reconnaissance à chaque accord d'application qui sera signé par le ministre fédéral et ses homologues provinciaux. Nous sommes certains que nos membres peuvent compter sur le fait que tous les députés s'en assureront.
La recommandation connexe, no 21, sur la gestion de l'offre invite le gouvernement à fournir aux offices de commercialisation bien dirigés par des producteurs le soutien législatif nécessaire pour qu'ils continuent à travailler de façon efficace au nom des producteurs, dans le domaine de la gestion des risques de l'entreprise. Cette recommandation invite également le gouvernement à négocier à l'OMC pour s'assurer que la gestion de l'offre sera maintenue. Notre programme de gestion des risques de l'entreprise repose sur trois piliers interdépendants: le contrôle des importations, l'établissement des prix par les producteurs et la discipline de production.
C'est pourquoi on ne peut rédiger de politique intérieure en ignorant la négociation commerciale. Le Canada doit défendre la gestion de l'offre à l'OMC et s'assurer qu'aucun accord ne compromet ces trois piliers.
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Merci, je ne suis pas tout à fait sûr à quel moment je me suis arrêté, je commence donc au deuxième paragraphe de cette page.
En plus de l'ensemble des programmes de GRE, nous prendrons, pour illustrer notre point, l'exemple du secteur de la volaille. Les aviculteurs ne reçoivent pas une indemnisation suffisante en vertu du règlement de la Loi sur la santé des animaux lorsque l'abattage de leurs volailles est ordonné en cas de maladie. Les nouveaux maximums sont insuffisants pour certains de nos produits. Le gouvernement fédéral le reconnaît dans le Résumé de l'étude d'impact de la réglementation qui accompagnait les modifications. Auparavant, on disait à l'industrie qu'une deuxième étape du programme d'indemnisation réglerait les lacunes de l'indemnisation; nous attendons toujours cette deuxième étape. On nous a dit récemment que la seule indemnisation qui sera offerte aux producteurs est celle déjà versée par les programmes sur la gestion des risques de l'entreprise et la Loi sur la santé des animaux, en dépit du fait que le gouvernement admet lui-même que l'indemnisation comporte des lacunes.
En cas d'épidémie, le nettoyage et la désinfection des granges où s'est développée cette maladie sont cruciaux pour prévenir toute dissémination. C'est également une condition préalable au renouvellement de la désignation « exempte des maladies » du Canada à des fins de commerce. Ces deux réalités servent l'intérêt du public et de l'industrie. Mais le règlement actuel rend le producteur touché complètement responsable du nettoyage et de la désinfection. N'oublions pas que cela arrive après que le producteur a perdu, à cause de la maladie, ses troupeaux et tout le revenu qu'il aurait pu en tirer. On ne peut pas fonder une politique solide sur l'éradication des maladies à partir d'un tel principe.
Il est impératif que le gouvernement fédéral comble aussi les lacunes de nettoyage et de désinfection. Un enjeu aussi important aux yeux du public canadien ne peut pas être imposé à un ou plusieurs producteurs. Et ce n'est qu'un exemple. On demande aussi aux producteurs de financer d'autres programmes agricoles comme la salubrité des aliments à la ferme, la biosécurité et la traçabilité qui profitent tous au public à l'industrie. Ces préoccupations ne sont pas particulières aux producteurs de lait et de volaille et d'oeufs, mais touchent l'ensemble de l'agriculture.
Il est d'autant plus important de trouver des solutions quand on considère l'étendue des problèmes auxquels se heurtent les agriculteurs canadiens. Il faut aussi un pilier sur la santé des animaux d'élevage. Plusieurs de ces problèmes sont traités dans l'énoncé de principe de la nouvelle Stratégie nationale sur la santé des animaux d'élevage signée par toutes nos organisations. Nous sommes reconnaissants que le comité ait appuyé la demande des organisations d'animaux d'élevage visant l'inclusion d'une telle stratégie dans la nouvelle politique. Monsieur le président, nous reconnaissons la priorité que vous lui accordez en la soulignant dans votre communiqué de juin.
Bien que la réponse du gouvernement au comité reconnaisse qu'une stratégie nationale sur la santé des animaux est importante pour atteindre les objectifs de la politique « Cultivons l'avenir », nous avons été déçus qu'elle ne la reconnaisse pas comme pilier nécessaire de la nouvelle politique agricole et agroalimentaire. Nous continuerons d'encourager le gouvernement à reconnaître l'ensemble des secteurs qui se sont réunis de leur propre initiative pour arriver à un consensus sur les principes d'une stratégie nationale sur la santé des animaux d'élevage.
Ces programmes sont mis en oeuvre à la ferme et c'est pourquoi nous n'hésitons pas, en tant que membres de la Fédération canadienne de l'agriculture, à appuyer sa proposition « Produit au Canada », qui est également mentionnée dans la recommandation 9 du comité concernant l'étiquetage et la désignation « Produit au Canada ». L'étiquette « Produit au Canada » permettra aux producteurs canadiens de tirer parti des investissements considérables qu'ils ont faits dans ces programmes à la ferme. À cet égard, nous croyons que le gouvernement doit renforcer son contrôle sur l'exactitude quant à l'étiquetage au moyen d'une loi et de règlements.
Les producteurs de lait, de volaille et d'oeufs sont heureux d'avoir participé au processus visant à élaborer la politique agricole canadienne actuelle. Bien que nous ayons encore bien du chemin à parcourir et des précisions à apporter au sujet des lacunes de la couverture des programmes d'indemnisation en cas de catastrophe, et l'établissement d'une politique gouvernementale complète sur une stratégie nationale sur la santé des animaux d'élevage, d'importants progrès ont été réalisés concernant la reconnaissance de la gestion des approvisionnements en tant que programme de gestion des risques de l'entreprise.
Nous envisageons avec plaisir la poursuite de notre travail avec le gouvernement pour l'élaboration d'une politique sur l'agriculture et nous aimerions remercier le comité d'avoir écouté nos préoccupations.
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Bonsoir. Je m'appelle Carol Hunter, je suis directrice exécutive à Canadian Co-operative Association. J'ai le plaisir d'être accompagnée de Lynne Markell, notre conseillère en Affaires gouvernementales et politiques publiques et qui est spécialiste en politique agricole.
Canadian Co-operative Association est une association nationale de coopératives. Nous représentons plus de sept millions de membres de coopératives et de caisses populaires de plus de 2 000 organisations. Nos membres travaillent dans de nombreux secteurs de l'économie. On y compte des coopératives telles que Federated Cooperatives Limited; United Farmers of Alberta; Co-op Atlantic; GROWMARK; et trois coopératives laitières: Gay Lea Foods, Scotsburn et la laiterie Northumberland. Nous collaborons étroitement avec notre organisation soeur francophone, le Conseil Canadien de la Coopération.
L’un des plus importants éléments de la politique gouvernementale en cours d’élaboration est le plan quinquennal qui définit le type de collaboration entre les gouvernements du Canada et d’autres intervenants pour assurer l'expansion et la durabilité du secteur agricole. Le nouveau CSA et ses programmes de soutien auront des répercussions sur les agriculteurs, les communautés rurales, les entreprises rurales, les industries utilisant les produits agricoles et les consommateurs de produits alimentaires. Le CSA touchera également les coopératives canadiennes et leurs membres, c'est-à-dire toutes sortes de coopératives agricoles, des caisses populaires implantées dans des collectivités rurales, des coopératives de vente au détail de produits alimentaires et d’approvisionnements agricoles, des coopératives rurales d’énergie et des coopératives de biocarburants émergentes.
Lors des consultations sur le cadre stratégique pour l'agriculture, nous avons proposé que le nouveau CSA repose sur trois piliers: les biens et services d’intérêt public, la croissance stratégique et le soutien à la production primaire. Le soutien à la production primaire permettrait de prêter une attention encore plus grande aux solutions du problème de la rentabilité de l’entreprise agricole moyenne. Les gouvernements doivent éliminer le déséquilibre existant entre les agriculteurs et les grandes sociétés agro-industrielles et aussi entre les producteurs primaires et les autres éléments de la chaîne de production. Si les gouvernements fédéral et provinciaux axent leurs efforts sur la production durant les cinq prochaines années, les chances d’un renforcement de l’ensemble du secteur agricole seront multipliées.
Le Canada ne peut pas se permettre de voir disparaître les petites et moyennes entreprises agricoles de production qui assurent la survie des localités rurales. S’il n’y avait que de grandes fermes constituées en sociétés, et qui n’investissent pas dans les collectivités, notre situation serait catastrophique. Si on continue à construire sur plus de terres agricoles et à les urbaniser, notre situation sera aussi catastrophique. Quand les approvisionnements en pétrole atteindront leurs sommets et que le coût de transport des produits alimentaires importés de toutes les parties du monde augmentera, notre situation sera catastrophique si nous n’avons pas au Canada suffisamment de producteurs qui assureront nos propres approvisionnements alimentaires.
Les gouvernements doivent aider les exploitants agricoles, encourager les nouveaux agriculteurs qui remplacent ceux qui prennent leur retraite et faire du secteur de la production primaire une industrie durable et viable. Notre exposé propose d’inclure sept mesures dans le nouveau CSA. La première est le développement du soutien et des investissements afin de permettre aux agriculteurs d’évoluer dans la chaîne de valeur et d’acquérir collectivement leurs propres exploitations à valeur ajoutée et leurs propres entreprises de transformation. La deuxième porte sur des ressources appropriées pour aider les agriculteurs à créer des coopératives. Troisièmement, le renforcement de mécanismes qui donneraient aux agriculteurs un pouvoir de négociation dans le marché. Quatrièmement, l’aide visant une pénétration dans les secteurs non-agroalimentaires tels que ceux des biocarburants, de l’énergie renouvelable, des produits de santé et des produits à base de fibres. Cinquièmement, la communication des résultats des recherches scientifiques aux groupes qui collaborent avec les agriculteurs et l'utilisation de ces résultats pour développer des entreprises. Sixièmement, le soutien aux collectivités rurales et urbaines dans le but d’organiser des systèmes alimentaires de distribution de produits alimentaires cultivés et transformés localement. Finalement, une politique fédérale sur la durabilité de la production alimentaire nationale afin que le Canada puisse mieux assurer ses propres approvisionnements alimentaires.
Nous nous réjouissons que le nouveau document « Cultivons l’avenir », qui a reçu l’assentiment des ministres de l’Agriculture en juin, mentionne les coopératives comme faisant partie des facteurs permettant au secteur d’être plus compétitif et plus innovateur. Si l’énoncé des principes du document « Cultivons l’avenir » fait mention d’une aide aux producteurs pour accroître la rentabilité, il n'en est pas de même pour le reste du document. Nous avons constaté que le nouveau CSA a été élargi pour inclure l’industrie des produits agricoles. Ce qui est à la fois une préoccupation et une mise en garde, c'est de savoir si un financement public, qui est bien rare, sera utilisé à cette fin aux dépens de l’aide à la production primaire. Nous estimons aussi que les agriculteurs qui produiront des matières premières pour répondre aux besoins de l’industrie des bioproduits doivent participer au développement de ce nouveau secteur et y créer des entreprises à leur compte.
À propos du rapport du comité, nous constatons qu’il défend les besoins des producteurs primaires et demande qu’on s'y intéresse plus. Nous soutenons particulièrement les recommandations du comité concernant une politique nationale d’approvisionnement alimentaire, les campagnes pour l’achat de produits locaux ou canadiens, l'amélioration de l'étiquetage, des indemnisations pour la gérance de l’environnement, la gestion des approvisionnements, des organismes de commercialisation et une communication accrue des résultats de la recherche financée par l’État. Nous avons remarqué que la propriété des installations par les agriculteurs est passée sous silence.
Afin que les agriculteurs augmentent leurs revenus et leurs profits, ils doivent être plus présents dans les autres niveaux de la chaîne de valeur. Ils doivent être propriétaires collectivement des intrants, de la commercialisation, de la transformation à valeur ajoutée et même de la vente au détail aux consommateurs. Sinon, il dépendront toujours des autres, qu'il s'agisse d'acheteurs ou de vendeurs.
Étant donné l'importance de la propriété, des milliers d'agriculteurs ont appliqué avec succès le modèle d'entreprise collective des coopératives. Il y en a plus de 1 200 au Canada — des coopératives agricoles — et de nouvelles sont créées tout le temps. En 2004, les coopératives agricoles ont enregistré un revenu annuel de 14,3 milliards de dollars et versé à leurs membres une ristourne de plus de 220 millions de dollars. J'aimerais terminer par ce qui est nécessaire pour apporter, par l'entremise des coopératives, un soutien au producteur propriétaire.
La Fédération canadienne de l'agriculture et le Syndicat national des cultivateurs appuient les coopératives et ont demandé que des ressources soient accordées aux producteurs pour les aider à se familiariser avec les coopératives agricoles, à les planifier et à les démarrer. Les groupes désireux de créer des coopératives agricoles ont besoin de trois éléments fondamentaux: de l'information, des services consultatifs spécialisés et du financement. Pour l'heure, le gouvernement fédéral, et quelques provinces, versent une aide modeste pour le développement de nouvelles coopératives. La FCA et le Conseil canadien de la coopération se réjouissent du financement récemment versé par Agriculture Canada pour l'Initiative de développement coopératif (IDC). L'IDC aide des groupes de producteurs à démarrer de nouvelles coopératives agricoles et de biocarburants à valeur ajoutée. J'ai apporté de la documentation concernant ce programme, vous pourrez vous la procurer auprès du greffier. Les renseignements fournis sur ces 25 coopératives que nous avons aidé montrent l'ampleur des idées et des initiatives présentées par les agriculteurs.
L'Initiative de développement coopératif générale et plus large qui a commencé il y a cinq ans sous forme de partenariat entre le Secrétariat aux coopératives du gouvernement du Canada et le secteur des coopératives, doit être prochainement renouvelée. La FCA et le CCC ont présenté une proposition pour élargir et améliorer ce programme, proposition qui fournit des services consultatifs aux coopératives dans tout le pays et qui les subventionne pour les aider au niveau de l'innovation et de la recherche.
La demande en services consultatifs a dépassé les ressources inappropriées des associations coopératives provinciales et régionales qui fournissent ce type de services sur le terrain. Un budget annuel de 1 million de dollars pour assumer les frais de services consultatifs dans les deux langues officielles signifie qu'un grand nombre de coopératives ne reçoivent pas l'aide dont elles ont besoin pour démarrer. C'est la raison pour laquelle, nous avons fait une proposition raisonnable de 4 millions de dollars par an pour les services consultatifs et de 2 millions de dollars par an pour un programme de subvention a l'intention des coopératives émergentes. Notre demande totale est de 30 millions de dollars sur une période de cinq ans.
Avec la propriété vient la nécessité de rentabiliser l'entreprise. Dans l'économie actuelle, il faut des capitaux pour démarrer une nouvelle coopérative, mais il faut des millions de dollars pour construire et démarrer une nouvelle usine de transformation ou une raffinerie de biocarburants. Le manque de financement met un frein au développement des coopératives. Des groupes collaborent et mettent au point un plan d'affaires viable, puis se rendent compte qu'ils ne peuvent pas obtenir du financement pour lancer la coopérative. Il est très difficile pour une nouvelle coopérative d'obtenir un financement car elle n'a pas d'antécédent en affaires. Les membres de telles coopératives n'ont pas les moyens financiers d'arriver à la valeur nette exigée par les prêteurs — souvent de 50 p. 100 — qui ne comprennent d'ailleurs pas la structure de la coopérative. Il faudrait chercher les solutions dans un éventail d'incitatifs fiscaux, tels que le régime d'investissement coopératif; des garanties de prêts; des subventions équivalentes aux capitaux propres; de meilleurs programmes de prêts gouvernementaux, comme la LPAACFC et des programmes de prêts spécialisés pour les coopératives et administrés par le secteur des coopératives.
La FCA et le CCC ont proposé que le gouvernement fédéral finance un fonds d'investissement coopératif de 70 millions de dollars au cours des cinq prochaines années. Ce fonds fournira un capital patient pendant les prêts à intérêt réduit et à long terme faits accordés à de nouvelles et plus grandes coopératives, y compris des coopératives agricoles. La FCA vous a déjà fait part de la nécessité d'un régime fédéral d'investissement coopératif qui accorderait des crédits d'impôt aux particuliers qui investissent dans leurs coopératives agricoles. C'est quelque chose que nous proposons depuis plusieurs années. Le temps est venu d'en tenir compte dans le prochain budget.
Le régime d'investissement coopératif existe déjà au Québec et a prouvé à quel point il était valable en injectant quelque 393 millions de nouveaux dollars entre 1997 et 2006. M. Harper a fait part de son appui à ce régime, le Comité des finances a fait de même l'an dernier. Les agriculteurs préfèrent, quand ils n'arrivent pas à faire suffisamment de bénéfices, ce type d'assistance aux versements faits par le gouvernement.
Pour conclure, j'aimerais rappeler qu'il faut que le CSA reconnaisse l'importance de la propriété d'actifs par les agriculteurs, qu'il fournisse des services consultatifs pour le développement d'entreprises coopératives et réponde aux besoins en capitaux des agriculteurs au moyen d'un régime d'investissement coopératif.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être venus. Je constate que quelques-uns ont dû quitter plus tôt. Ç'a été la journée pour voyager, alors merci d'être ici.
Je représente une circonscription du nord de l'Ontario, mais comme dans de nombreuses régions rurales du pays, dont vous venez, cela ne fait aucun doute, nous voyons une renaissance de l'agriculture locale. Je pense que Mme Hunter en a parlé dans son exposé. Cette question s'adresse à tous, mais peut-être à Carol en premier.
Nous voyons une renaissance de l'agriculture locale. Non seulement le consommateur devient-il plus conscient de la sécurité des aliments, mais il y a plus de certitude également concernant les aliments que vous pouvez aller chercher en conduisant, si vous pouvez... Même dans le nord de l'Ontario, nous voyons cela.
J'ai écrit au et au ministre de l'Agriculture de l'Ontario pour leur demander d'examiner les politiques qui empêchent la croissance de l'agriculture locale. Par exemple, les hôpitaux n'achètent pas leurs carottes localement, mais les achètent loin de la région. Il ne s'agit pas d'être contre les carottes qui viennent de loin, mais il y a le coût du transport, une contribution au changement climatique, et tout le reste.
Pouvez-vous me parler de ce que vous voyez au sujet de l'agriculture locale? Parce que le consommateur est intéressé et je pense qu'il y a un potentiel pour nos collectivités.