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Je demanderais aux membres du comité de bien vouloir prendre place.
Je m'appelle Joy Smith, et je suis la présidente du comité. Je voudrais vous souhaiter la bienvenue à notre réunion. Je suis heureuse que vous ayez pu vous joindre à nous de nouveau, car la dernière fois que vous étiez ici, la sonnerie s'est fait entendre, ce qui arrive de temps en temps.
Comme vous le savez, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude sur les maladies chroniques liées au vieillissement. Nous avons parmi nous Mme Lynn Cooper de la Coalition canadienne contre la douleur. Nous nous souvenons de votre excellent exposé, madame Cooper, et nous vous en remercions.
Nous avons aussi Mme Kimberly Wilson, de la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées, qui était, bien sûr, également présente à notre dernière réunion.
Nous avions entendu M. Jeffrey Turnbull, membre du Conseil d'administration de l'Associated Medical Services Inc. Nous avons vraiment beaucoup apprécié votre exposé.
Nous allons reprendre là où nous nous sommes arrêtés à notre dernier exposé de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.
Pardon, docteur Carrie?
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Merci, madame la présidente.
Honorables députés, bonjour.
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec regroupe 60 000 membres, soit des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes qui oeuvrent sur tout le territoire québécois. Nous sommes, de par nos professions, préoccupés par la santé et les maladies, en l'occurrence les maladies chroniques.
Pour nous, le vieillissement de la population est bien réel, mais contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, il n'est pas la fatalité qu'on nous présente. Le vieillissement de la population est associé à une augmentation de 1 p. 100 seulement des coûts en services de santé. Pour nous, il est important de ne pas mêler l'effet de l'âge et du décès au coût des services de santé. Par ailleurs, il faut toujours tenir compte, quand on parle de vieillissement de la population, du fait que la situation financière des aînés n'est pas nécessairement enviable. C'est d'autant plus vrai quand il s'agit des aînées femmes.
Pour ce qui est des maladies chroniques, on s'est arrêté principalement à la définition du commissaire à la santé et au bien-être, qui nous dit que les maladies chroniques, par définition, sont constituées d'une grande quantité d'affections: cancer, diabète, maladies musculo-squelettiques et ainsi de suite. Il ne faut donc pas s'étonner que ça draine des ressources du système de santé. En effet, 5 p. 100 de la population consommerait près de 50 p. 100 des soins de courte durée.
Par ailleurs, nous savons très bien que vous voulez nous entendre parler des maladies chroniques chez les personnes âgées, mais dans une optique plus globale de la santé, nous tenons compte aussi des données qui concernent les personnes de 12 ans et plus victimes de maladies chroniques. On parle ici de 52,6 p. 100 de la population québécoise. Pour nous, les maladies chroniques ne sont donc pas l'apanage exclusif des personnes âgées. Ces maladies peuvent malheureusement affecter des personnes de tout âge.
En ce qui concerne les services de santé requis par les personnes atteintes de maladies chroniques, ils se classent en diverses catégories. Certains sont importants pour nous: le dépistage, le diagnostic, le traitement, le soutien, la réadaptation, mais aussi les soins palliatifs. Notre organisation est intervenue en commission parlementaire au Québec il y a quelques semaines. Selon nous, les soins palliatifs sont extrêmement déficients.
Les établissements de santé ne représentent pas toujours le meilleur choix lorsque vient le moment de traiter une personne aux prises avec une maladie chronique. En ce sens, la littérature regorge de modèles intégrés destinés à la prise en charge de personnes atteintes de maladies chroniques. Il y a, entre autres, ce qu'on appelle le Chronic Care Model, un modèle clinique retenu également par le commissaire à la santé et au bien-être, ainsi que le modèle élargi de prise en charge des maladies chroniques, qui englobe les aspects préventif, communautaire et populationnel, ce qui permet d'avoir un impact plus grand sur les déterminants de la santé.
À propos de développement communautaire et de modèles cliniques, il y a le modèle SIPA. Ce modèle clinique, qu'on utilise chez nous également, repose sur la gestion de cas impliquant la responsabilité clinique de l'ensemble des services.
Quand on parle de maladies chroniques, il faut également tenir compte des soins à domicile. En ce sens, les soins à domicile devraient être considérés comme médicalement requis au sens de la Loi canadienne sur la santé et, en conséquence, devraient être couverts par les systèmes publics de santé. Il faut à tout prix éviter que le niveau de revenu des personnes atteintes d'une maladie chronique, quelque soit leur âge, détermine les soins auxquelles elles auront accès. Ce principe, qui est à la base du système canadien d'assurance-maladie, fait toujours consensus au Canada. Malheureusement, les soins à domicile ne représentent actuellement qu'une faible proportion des dépenses en santé au Québec et au Canada. Nous souhaiterions vivement les voir augmenter.
L'accès aux médicaments est un autre aspect qui nous préoccupe. Dans bien des cas, les traitements pharmacologiques assortis d'un suivi approprié peuvent remplacer l'hospitalisation. C'est pourquoi il s'avère de toute première importance que les médicaments soient accessibles à un coût raisonnable. Nous sommes préoccupés par les négociations en cours dans le cadre de l'Accord économique et commercial global Canada-Union européenne, plus précisément les dispositions sur la protection de la propriété intellectuelle. Ça risque fort de faire augmenter les coûts des médicaments, qui sont déjà très élevés. À ce sujet, je vous renvoie au début de ma présentation. Je parlais alors du taux de pauvreté chez les personnes âgées. Celles-ci sont donc pénalisées encore davantage.
Pour nous, les soins palliatifs, donc les soins de fin de vie, doivent également être inclus dans le panier des services assurés et non pas faire l'objet d'un désengagement étatique comme c'est le cas actuellement, alors que les lits qui étaient réservés sont maintenant fermés et que la communauté doit faire des levées de fonds pour financer les maisons de soins palliatifs.
Le dernier point que j'aimerais soulever concerne les aidants naturels. Il est indéniable que les aidants naturels, en très grande majorité des femmes, contribuent grandement aux mieux-être des personnes atteintes d'une maladie chronique. D'ailleurs, le commissaire à la santé et au bien-être évalue que 25 p. 100 des aidants naturels ont eu un diagnostic de dépression. Or, il existe pour nous des façons de soutenir les aidantes naturelles pour qu'elles puissent — celles qui le désirent — continuer à prendre soin de leurs proches. Elles devraient pouvoir bénéficier de conditions facilitant leur présence auprès de ces personnes en perte d'autonomie. C'est la raison pour laquelle nous avançons la notion de prestations de compassion.
Nous savons très bien que pour nous, au Québec, la santé est de compétence provinciale. Nous avons tenu à être parmi vous aujourd'hui, parce que nous sommes préoccupés par ce qui va arriver après 2014, puisque l'accord sur la santé est sûrement en train d'être rediscuté avec les provinces. Ce volet est important pour nous. Comme je vous l'ai expliqué, l'ensemble des membres de la fédération travaillent auprès des personnes en prévention — elles aimeraient en faire plus —, mais aussi auprès des personnes âgées atteintes de maladies chroniques.
Je vous remercie.
Ai-je dépassé ma limite de temps, madame la présidente?
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Je vais répondre à votre question concernant les médicaments, et ma collègue, qui a vraiment fouillé le dossier de l'accord, pourra ensuite vous répondre.
Notre préoccupation concernant les médicaments est la suivante. Dès que les gens ne sont plus en milieu hospitalier, donc dès qu'ils sont au sein de la communauté, chez eux, ils doivent assumer le coût des médicaments. Malheureusement, compte tenu du taux de pauvreté que l'on connaît et qui touche particulièrement les femmes, nous voyons dans notre profession, de façon régulière, des personnes âgées qui font le choix entre bien se nourrir et acheter des médicaments.
Pour nous, professionnels de la santé, tout cela est lié. Il est important pour nous que les gens se nourrissent bien et qu'ils n'aient pas à faire le choix entre nourriture saine et médicaments. En ce sens, nous sommes très préoccupés parce que, pour nous, quelqu'un qui se nourrit mal, mais qui achète des médicaments, va connaître d'autres problèmes de santé à un moment donné. C'est vraiment global.
Je parlais de modèles cliniques. Je pense qu'ils peuvent nous aider, puisqu'on fait de la prévention. L'ensemble des services sont concernés, pas seulement l'alimentation. Il faut aussi s'assurer que la personne fasse de l'exercice, s'assurer que sa santé mentale soit adéquate et s'assurer aussi qu'elle puisse avoir les moyens de se procurer des médicaments.
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En effet, quand on pose la question aux personnes âgées atteints d'une maladie chronique, elles souhaitent toutes, comme nous tous, être à la maison. Alors, on pense qu'il y a un moyen de mettre en place dans la communauté un modèle, peu importe lequel on choisira. L'idée est de s'assurer qu'on pourra répondre aux besoins de la personne en matière de soins à domicile et de tous les autres services qui peuvent être dispensés dans la communauté.
En ce qui a trait aux modèles, j'ai commencé à semer tranquillement ce nouveau modèle au Québec. Je vous donne un exemple. Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir des cliniques nursing dans les quartiers? Je prends comme exemple le quartier où j'habite et que je connais bien, Hochelaga-Maisonneuve, où il y a une forte population de personnes âgées. Quand on est atteint d'une maladie chronique, souvent c'est le suivi des médicaments qui est important et non pas un suivi forcément médical. Donc, avec des cliniques nursing, qui seraient dans la communauté, on pourrait faire un suivi de la médication. La personne âgée développe un lien de confiance avec les gens qui sont proches, dans la communauté. Cela pourrait permettre de maintenir chez elles, dans la communauté, plus de personnes âgées, et ce, à un coût très acceptable. À ma connaissance, cela n'existe pas ailleurs encore.
Il y a un modèle semblable en Ontario. C'est pour cette raison que nous sommes beaucoup en lien avec nos collègues de l'Ontario, car nous aimerions voir comment on pourrait adapter ce modèle au Québec. Par contre, je n'ai pas beaucoup d'écoute encore au Québec.
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Merci pour votre question.
Nous pensons parfois que les données que nous avons ne sont pas toujours aussi exactes que nous le voudrions. Les outils dont nous disposons ne permettent pas toujours de repérer les différentes façons dont la maladie mentale se manifeste chez les personnes âgées. Si vous considérez la dépression, par exemple, certaines de nos données montrent que, pour les échantillons de personnes vivant dans la collectivité, les taux de dépression sont similaires pour tous les âges, se situant entre 12 à 15 p. 100. Nous pensons qu'il existe probablement beaucoup d'aînés qui ne sont pas comptabilisés dans ces statistiques.
Cependant, si vous prenez en considération les résidents des établissements de soins de longue durée, le nombre de personnes souffrant de dépression augmente de façon importante: on observe des symptômes de dépression chez presque la moitié de tous les résidents de ces établissements. Certaines études parlent de 80 à 90 p. 100 des résidents.
Je pense que l'on doit essentiellement retenir que les chiffres ne changent pas lorsque les personnes vieillissent. En fait, nous remarquons une augmentation. Si nous disons qu'un Canadien sur cinq souffre d'une maladie mentale, cela est probablement vrai également pour les personnes âgées, certains groupes courant un risque plus important.
Tout d'abord, nous ne sommes pas impliqués dans les négociations. Je vais donc vous donner mon point de vue selon les informations que nous possédons. Cela s'est fait avec les fonctionnaires du gouvernement.
Nous partageons la préoccupation de nos consoeurs de Sainte-Anne-de-Bellevue: il faut des soins particuliers pour des clientèles particulières. Par exemple, je parlais tout à l'heure des personnes âgées qui ont des besoins particuliers. Ainsi, nous pensons que pour prendre soin des anciens combattants, il faut aussi tenir compte de certaines particularités.
J'ai noté que nos consoeurs revendiquaient qu'on tienne compte de leur organisation actuelle des soins, ce sur quoi je suis d'accord. Selon elles — et je les crois —, cette organisation convient aux patients qui ont des besoins particuliers. Elles craignent de voir leur organisation des soins changée une fois qu'elle sera intégrée à celle du Centre de santé et de services sociaux de l'Ouest-de-l'Île, ce que je crains aussi. Voilà pourquoi elles ont demandé de garder un conseil d'administration distinct pour l'Hôpital Sainte-Anne.
À ma connaissance, le gouvernement du Québec n'a pas donné son accord pour qu'elles obtiennent un conseil d'administration distinct. Cependant, dans la mesure où nous le pourrons, nous les appuierons pour que l'organisation actuelle des soins, qui répond aux besoins des anciens combattants, demeure. Nous ne croyons pas que, parce que nous faisons partie d'un centre de santé et de services sociaux, il faille toujours tout uniformiser, et ce, que ce soit pour les anciens combattants ou les autres clientèles.
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Je comprends très bien vos préoccupations et je les partage. Selon ce que j'ai compris, à moins que les pressions ne soient suffisamment fortes, elles demandent à avoir un conseil d'administration distinct pour l'Hôpital Sainte-Anne. Je pense que ce serait la meilleure garantie que l'organisation des soins demeurera la même.
Or, il semble que, fidèle à sa vision, le gouvernement du Québec ne veuille pas leur accorder l'autorisation d'avoir un conseil d'administration distinct. Cependant, je pense qu'elles peuvent s'appuyer sur nous. En ce sens, nous sommes prêts à les aider et à les soutenir.
Vous avez raison, il y a d'autres établissements au Québec qui ne fonctionnent pas comme les autres. Prenons un exemple qui se situe à l'autre extrême, l'Hôpital Shriners. Il fonctionne de façon différente. Je pense qu'il faut répondre aux différentes clientèles visées de façon différente.
En ce sens, nous allons les soutenir dans la lutte qu'elles veulent mener pour conserver l'organisation actuelle des soins. Toutefois, pour ce qui est du conseil d'administration distinct, je ne pense pas que le gouvernement du Québec le leur accordera.
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Sur le plan international, il existe plusieurs initiatives importantes que nous pourrions examiner, en particulier en Scandinavie. Nous devons comprendre que nous sommes confrontés à l’enjeu de la mise sur pied d’un système de gestion des maladies chroniques qui repose sur nos établissements de soins de courte durée. Nous disposons d’un très bon système de soins de courte durée, mais nous n’avons pas mis sur pied de système ni pris de mesures pour répondre aux besoins d'une population vieillissante atteinte de maladies chroniques. Par conséquent, nous devons faire évoluer le système en tenant compte de cette réalité.
D’autres pays, en Scandinavie et ailleurs, ont été en mesure de relever ce défi. Ils fournissent des services, comme nous l'avons entendu, au moyen de différentes approches, telles que les soins extrahospitaliers axés sur le travail d’équipe, dont les soins à domicile. Les soins, plus centrés sur les patients, sont transférés dans la communauté de manière à éviter le recours à l’hôpital. À titre d’exemple, des unités de soins sont aménagées dans des centres communautaires, des maisons de soins infirmiers ou des établissements de soins de longue durée qui permettent d'éviter le recours systématique aux hôpitaux et qui constituent, de ce fait, une solution de rechange lorsque le système de gestion des maladies chroniques ne peut suffire à la tâche. Ainsi, il existe de nombreuses possibilités pour travailler autrement.
Mais je dois dire qu’il s’agit d’un changement majeur dans notre façon de pratiquer la médecine. Notre réussite future dépendra de la capacité d’adaptation dont nous ferons preuve. Le modèle actuel, en dépit de tous les efforts que nous déployons pour l’adapter, ne pourra jamais nous permettre de gérer les maladies chroniques chez les personnes âgées. Ce sont donc des changements de fond qu’il nous faut envisager et non pas des changements mineurs.
En ce qui concerne votre dernier point sur la place du gouvernement fédéral, je crois que celui-ci pourrait, en effet, jouer un rôle considérable et très utile dans l’établissement d’une stratégie de soins à domicile de longue durée dans l’ensemble du pays. Des éléments du système des paiements de transfert pourraient être mis à profit pour faciliter l'apport des changements, que nous savons indispensables, au moyen d’une sorte de fonds d'innovation. Ce changement permettrait d’ouvrir la voie à une nouvelle ère dans la prestation des services de santé et de fournir les soins nécessaires aux personnes âgées.
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Merci de votre question.
Effectivement, au cours de toute leur vie, les femmes sont moins bien payées que les hommes, du moins jusqu'à maintenant. Elles gagnent 70 p. 100, au mieux 75 p. 100, du salaire des hommes. Ainsi, une fois à la retraite, leur revenu est plus bas. En même temps, elles vivent plus longtemps et ce sont elles les aidantes naturelles.
Or, on sait très bien que la pauvreté est un facteur de risque. Du moins, nous le voyons ainsi. Le risque augmente, pour les femmes, d'être atteinte d'une maladie chronique. En même temps, celles qui sont aux prises avec une situation financière et familiale difficile n'ont pas les outils pour s'en sortir. Personnellement, je suis persuadée que le fait d'être une femme vieillissante atteinte d'une maladie chronique n'est vraiment pas un sort enviable.
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Merci beaucoup. Je serai aussi bref que possible.
Les professionnels de la santé ont un rôle essentiel et fondamental à jouer dans la promotion d’un mode de vie sain, en particulier, auprès des personnes âgées en amenant ces personnes à prévenir les chutes, à mieux s'alimenter, à renforcer leurs os, etc., et ce, pour leur plus grand avantage. Ainsi, les professionnels de la santé peuvent jouer un rôle important.
Toutefois, je dois également dire qu’il nous faut créer des structures qui permettent aux professionnels de la santé de favoriser des habitudes de vie saines chez notre population âgée. Nous savons qu'il y a des pauvres, nous devons donc veiller à ce que ces personnes aient un accès satisfaisant à une alimentation correcte. Nous savons que les moyens appropriés pour faire de la sensibilisation font défaut, nous devons donc mettre en place des systèmes pour communiquer avec les personnes âgées et les aider à rester en santé.
Nous avons beaucoup à faire sur le plan structurel. Mais, assurément, les professionnels de la santé de tous horizons ont un rôle primordial à jouer dans la promotion de la santé auprès de la population âgée du pays.
Mon histoire est comme tant d'autres: il y a 25 ans, je me suis blessée et j'ai eu affaire au système de soins de santé de l'Ontario, qui n'était pas prêt à m'aider — ou à aider les professionnels de la santé qui se sont occupés de moi — avec la gestion appropriée des soins actifs, ce qui aurait pu empêcher la situation de dégénérer en douleur chronique — mais certainement pas dans le traitement de la douleur chronique.
Vingt-cinq ans se sont écoulés et nous avons un peu progressé, mais pas beaucoup. Nous savons que le modèle d'excellence, si l'on peut dire, de la gestion de la douleur chronique repose sur une approche multidisciplinaire, ce qui signifie prendre des médicaments en collaboration avec le médecin ou être suivi par un physiothérapeute, un ergothérapeute ou une personne qui peut vous aider à vivre avec la douleur — par exemple, un psychologue utilisant la thérapie cognitivo-comportementale.
En plus du traitement fourni par le système médical, nous devons faire participer activement à la gestion de leur douleur les personnes qui souffrent. Nous ne pouvons plus nous contenter d'être passifs.
Une partie du problème, c'est que la plupart des Canadiens ne comprennent pas la différence entre la douleur aiguë et la douleur chronique. La douleur aiguë est temporaire et signale un problème qui pourrait nous obliger à obtenir une aide médicale. La douleur chronique, par contre, ne sert absolument à rien; c'est ce qui engendre la souffrance.
Tout le monde doit participer à ce modèle. Il s'agit des modifications que je suis parvenue à apporter à mes habitudes de vie, y compris faire de l'exercice, suivre un régime et trouver une façon de vivre avec ma douleur tout en demeurant productive. J'ai découvert la Coalition canadienne contre la douleur, un organisme formidable qui, dès le début, s'est battu pour faire participer les gens à la solution, pour donner la parole à ceux qui souffrent. Par exemple, vous ne pouvez pas savoir si je souffre seulement en me regardant. Toutefois, si je devais donner une note à ma douleur sur une échelle de zéro à dix — dix représentant la pire douleur que j'ai ressentie —, je lui donnerais maintenant une note de sept, à cause du voyage que je viens d'effectuer.
Grâce à la Société canadienne pour le traitement de la douleur, la coalition a créé une stratégie nationale pour le traitement de la douleur au Canada. Nous y mettrons la dernière main au début du mois de janvier et nous la lancerons le 24 avril 2012 au Sommet canadien de la douleur, qui se tiendra à quelques pas d'ici, au Château Laurier.
La stratégie a été créée pour produire un document de politique visant à informer toutes les provinces au sujet des modifications qui doivent être apportées au système de soins de santé, afin d'appuyer nos fournisseurs de soins de santé et tous les gens qui ressentent de la douleur. Nous espérons que tous les Canadiens appuieront cette initiative au début janvier.
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Merci, et j'aimerais remercier mes collègues de me donner la chance de poser quelques questions.
Je vais les poser à Mme Cooper. J'aimerais parler de vos observations sur ce que vous avez vécu ces 25 dernières années. Le gouvernement fédéral a, je crois, joué un rôle de premier plan en travaillant avec les provinces et les territoires à la promotion du système de soins de santé et aux innovations qui s'ensuivent. En fait, à la suite de consultations avec les parties intéressées, les Instituts de recherche en santé du Canada ont fait de la douleur, de la déficience et des maladies chroniques une priorité de la recherche stratégique. Depuis l'an 2000, ils ont investi plus de 96,7 millions de dollars dans le financement de la recherche sur la douleur, y compris la douleur chronique.
Vous avez mentionné le lancement, en avril 2012, d'une stratégie nationale qui sollicitera la participation de toutes les provinces. Pendant que vous élaboriez cette stratégie, avez-vous relevé, dans les provinces, des pratiques exemplaires qui entreront dans la composition de votre stratégie sur la douleur chronique?
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Merci, madame la présidente.
Nous sommes plusieurs organisations au Québec à militer pour la construction de logements sociaux. Nous désirons des logements sociaux qui répondent mieux aux besoins des personnes âgées, c'est-à-dire qui offrent un minimum de soins. Il faut que ces logements aient une capacité de soutenir les personnes âgées au quotidien. C'est pour ce type de logements que nous militons.
Je crois qu'il s'agit d'un investissement qui va rapporter rapidement parce que c'est beaucoup moins cher que de garder des personnes âgées dans des institutions. Au moins, dans ce type de logement, elles sont chez elles.
Je fais le lien avec madame, qui a si bien parlé de santé mentale. Quand les personnes vivent dans une communauté et qu'elles ne sont pas isolées, c'est extraordinaire pour la santé mentale. Ces personnes sont encore socialisées et n'ont pas le sentiment d'être parquées quelque part.
Je pense que de militer en faveur des logements sociaux est extraordinaire. Il y a eu des expériences ailleurs où les gens qui habitent ce type de logement font la préparation des repas en commun. Il y a différentes façons dont les personnes âgées peuvent socialiser dans de tels milieux. Ça maintient une qualité de vie extraordinaire pour elles et ce n'est pas coûteux pour le système de soins de santé.