:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 23e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 janvier 2021.
Conformément au paragraphe 81(5) du Règlement, le Comité commencera à examiner l'objet du Budget supplémentaire des dépenses (C) 2020-2021: crédits 1c, 5c, 10c et 15c sous la rubrique Ministère de l'Emploi et du Développement social et crédit 1c sous la rubrique Société canadienne d'hypothèques et de logement, renvoyés au Comité le mardi 16 février 2021.
Conformément au paragraphe 81(4) du Règlement, le Comité poursuivra l'examen du Budget principal des dépenses 2021-2022: crédit 1 sous la rubrique Société canadienne d'hypothèques et de logement, crédits 1 et 5 sous la rubrique Organisation canadienne d'élaboration de normes d'accessibilité, crédit 1 sous la rubrique Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail, et crédits 1 et 5 sous la rubrique Ministère de l'Emploi et du Développement social, renvoyés au Comité le jeudi 25 février 2021.
Je souhaite la bienvenue aux témoins. Nous allons commencer par leurs observations pour lesquelles ils disposeront chacun de cinq minutes.
:
C'était un excellent rappel au Règlement.
Je souhaite la bienvenue aux témoins. Nous allons commencer par leurs observations pour lesquelles ils disposeront chacun de cinq minutes, après quoi nous passerons aux questions.
Nous sommes très heureux d'avoir parmi nous aujourd'hui l'honorable Deb Schulte, ministre des Aînés; et du ministère de l'Emploi et du Développement social, Annette Gibbons, sous-ministre déléguée; Mark Perlman, dirigeant principal des finances et sous-ministre adjoint principal; Alexis Conrad, sous-ministre adjoint principal, Direction générale de la sécurité du revenu et du développement social; Cliff Groen, sous-ministre adjoint principal, Direction générale des prestations et des services intégrés, Service Canada; et Stephanie Hébert, sous-ministre adjointe, Direction générale des opérations de programmes, Service Canada.
Cela dit, madame Schulte, soyez la bienvenue au Comité. Vous avez la parole pour vos observations préliminaires. Vous disposez de cinq minutes.
:
Je vous remercie, monsieur le président. Je suis heureuse d'être des vôtres.
Quel comité civilisé de commencer par un échange aussi aimable entre vous! C'est très agréable.
J'ai également remarqué que vous avez présenté le groupe qui m'accompagne aujourd'hui. Je n'aurai donc pas à le faire dans mes observations préliminaires.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner.
[Traduction]
Je suis très heureuse, en ma qualité de ministre des Aînés, de parler du Budget supplémentaire des dépenses (C) 2020-2021 et du Budget principal des dépenses 2021-2022 au nom d'Emploi et Développement social Canada.
Comme vous l'avez déjà mentionné, j'ai le plaisir d'être accompagnée de l'équipe qui me soutient et de ma nouvelle sous-ministre adjointe, Annette Gibbons; et bien entendu, comme vous l'avez dit, du dirigeant principal des finances, Mark Perlman, ainsi que d'Alexis Conrad, de Cliff Groen et de Stéphanie Hébert.
Depuis maintenant plus d'un an, les Canadiens connaissent d'immenses difficultés en raison de la pandémie. Le Canada va recevoir d'autres millions de doses et la vaccination s'accélère dans tout le pays. Nous voyons le bout du tunnel, et je tiens à assurer au Comité que nous protégeons les aînés et que les Canadiens vulnérables resteront une priorité absolue pour le gouvernement.
Le Budget supplémentaire des dépenses (C) 2020-2021 demande 225 millions de dollars supplémentaires en crédits votés, qui seront compensés par une diminution de 708 millions des crédits législatifs.
Le Budget principal des dépenses de 2021-2022 s'élève au total à 82,4 milliards de dollars. Il s'agit là d'une augmentation nette de 13,8 milliards, soit environ 20 %, par rapport au Budget principal des dépenses de 2020-2021, qui s'élevait à 68,6 milliards.
Cette augmentation tient principalement aux trois prestations pour la relance économique que le gouvernement a versées à des millions de Canadiens afin d'assurer leur sécurité financière alors que leur emploi était menacé par la COVID-19.
Elle s'explique aussi par les augmentations prévisibles de postes législatifs, comme le paiement de la pension de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti, dues à la croissance prévisible du nombre de bénéficiaires attribuable au vieillissement de la population.
[Français]
La pandémie est une période difficile pour les aînés.
[Traduction]
Protéger la santé des aînés et maintenir leur qualité de vie en faisant en sorte qu'ils restent en relation avec leurs proches et leur collectivité sont de grandes priorités que partagent le gouvernement et les familles canadiennes d'un bout à l'autre du pays. Le virus étant très dangereux pour les aînés, ils sont restés chez eux pour être en sécurité. La pandémie les a obligés à renoncer pendant un long moment aux précieuses visites de leurs proches, avec pour résultat la solitude et l'isolement social qui minent leur santé. Les aînés isolés ont tendance à prendre plus de médicaments, à tomber plus souvent et à être placés plus tôt en maison de retraite.
Dans le cadre du Budget principal des dépenses, le ministère demande un financement total de 63 millions de dollars pour le programme Nouveaux Horizons pour les aînés, qui aide les personnes âgées à maintenir des liens sociaux essentiels avec la collectivité. Ce programme est plus important que jamais, car les aînés font face à un isolement accru en restant chez eux pour être en sécurité.
En 2020, le programme a financé plus de 2 000 projets communautaires, contribuant ainsi à améliorer la vie d'aînés dans tout le pays. Ainsi, ils ont pu profiter de cours de conditionnement physique diffusés en ligne, au lieu de se dérouler en personne; ils ont reçu des tablettes et on leur a expliqué comment les utiliser, ce qui leur a permis de suivre des services religieux, de participer virtuellement à des rencontres communautaires et à des activités familiales; et des services d'aide à l'autonomie pour les aînés ayant des besoins particuliers ou des incapacités ont bénéficié d'un financement. Nous avons également acheté de l'équipement de protection individuelle pour offrir des services aux aînés en toute sécurité dans le cadre du programme Nouveaux Horizons.
Les aînés ont le droit de vivre en sécurité, dans le respect et la dignité. Le gouvernement demeure résolu à augmenter la Sécurité de la vieillesse de 10 % pour les aînés de plus de 75 ans.
De plus, nous travaillerons de concert avec les provinces et les territoires pour établir de nouvelles normes nationales en matière de soins de longue durée et nous continuerons de prendre d'autres mesures pour aider les aînés à vivre chez eux plus longtemps.
Je travaillerai en collaboration avec le pour ajouter de nouvelles infractions et sanctions au Code criminel en ce qui concerne la maltraitance ou la négligence envers les aînés.
Le gouvernement va accélérer le processus de création d'un régime universel d'assurance-médicaments national.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir offert l'occasion de témoigner.
[Traduction]
Je n'ai aucun doute que les ressources financières demandées aujourd'hui nous permettront de poursuivre nos efforts afin d'offrir un avenir meilleur aux aînés.
Je serais heureuse de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre, de vous être rendue disponible pour le Comité.
Je voulais préciser quelque chose dès le départ. J'ai remarqué dans vos observations les mesures auxquelles le gouvernement reste attaché ou qu'il compte prendre. Je tiens à souligner que, par rapport à votre dernière comparution devant le Comité, je n'ai guère vu de progrès en ce qui concerne ces mesures. En fait, je n'en ai guère vu depuis l'Énoncé économique de l'automne, ce que je trouve un peu décourageant, probablement comme les aînés de tout le Canada.
Premièrement, nous avons certainement déjà eu cette conversation devant le Comité au sujet des préposés aux services de soutien à la personne, des préposés aux soins. Nous savons qu'ils apportent aux aînés des soins et un soutien essentiels, et nous savons que ce n'est pas un travail facile. C'est éprouvant mentalement, physiquement et psychologiquement pour chacun d'eux.
Nous savons que cette pandémie a mis en évidence la pénurie de préposés aux services de soutien à la personne qualifiés et, en cherchant des solutions pour remédier à cette pénurie, nous ne pouvons pas négliger les compétences nécessaires pour offrir aux aînés des soins de qualité. Nous savons bien qu'avec le vieillissement de la population et les besoins des aînés qui augmentent et deviennent de plus en plus complexes, il faudra de plus en plus de préposés aux services de soutien à la personne qui possèdent les compétences et ont suivi la formation voulue.
Par conséquent, la professionnalisation de ces travailleurs améliorerait la qualité des soins que reçoivent les aînés, entre autres avantages. Il s'agit d'ailleurs d'une priorité pour les travailleurs. Je sais que le sujet revient très régulièrement dans mes conversations avec la Support Workers Association. Lors de sa comparution devant le Comité, la semaine passée, la a mentionné que vous étiez en conversation avec le secteur afin de créer des titres de compétence normalisés.
Pouvez-vous préciser si les pourparlers pour normaliser les titres de compétence des préposés aux services de soutien à la personne se poursuivent et si l'intention est de créer des titres de compétence reconnus à l'échelle nationale?
:
Je vous remercie de votre question et de l'intérêt que vous portez à une question très importante, qui est celle des préposés aux services de soutien à la personne.
Comme nous le voyons dans les soins de longue durée, le manque de travailleurs est une question préoccupante qui se révèle problématique dans ce secteur, tout comme dans le secteur des soins à domicile. Nous voulons évidemment aider les aînés où qu'ils vivent — à la maison, en établissement de soins de longue durée ou dans d'autres centres. Les préposés aux services de soutien à la personne jouent un rôle très important à cet égard.
Comme vous le savez, au début de la pandémie, nous avons fourni 3 milliards de dollars aux provinces et aux territoires pour les aider à améliorer le financement et le salaire des travailleurs essentiels, y compris les préposés aux services de soutien à la personne. Je crois savoir, à entendre mes collègues et après certaines conversations, que cette mesure les a beaucoup aidés à garder des personnes en poste et en attirer d'autres. Toutefois, ce n'est pas suffisant.
Nous soutenons le secteur des soins de longue durée par l'intermédiaire de la Croix-Rouge qui aide à former des personnes et à les placer dans ces établissements lorsqu'ils sont en crise. Le fait est qu'il en faut plus.
C'est pourquoi la travaille en étroite collaboration avec le secteur pour mettre sur pied un programme de formation de stagiaires. Nous allons soutenir la création de 4 000 places de stagiaires que nous pouvons former rapidement en ligne, avant de les placer dans des établissements de soins de longue durée où ils pourront aider.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je salue mes collègues.
Je vous remercie, madame Schulte, de votre présence aujourd'hui.
Je dirai, comme je l'ai dit à la , au et à la , que le Comité vous est très reconnaissant de faire preuve d'ouverture d'esprit et de vous rendre disponible pour lui. C'est très important et évident. Je vous remercie du travail que vous faites dans ce dossier.
J'ai quelques questions pour vous, madame la ministre. Nous allons commencer par la Sécurité de la vieillesse.
Certains confondent les aides financières fournies pendant la pandémie, qui étaient importantes, et l'indexation trimestrielle régulière du programme. Pouvez-vous aider à remettre ces mesures en contexte pour que les citoyens sachent ce qui a été fait exactement et quelles mesures extraordinaires nous avons prises pour maintenir le bien-être économique des familles et des aînés, en particulier?
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Je vous remercie beaucoup de cette question. Elle me donne l'occasion de dire que 6,7 millions d'aînés ont reçu un paiement ponctuel dans le cadre de l'engagement du gouvernement à les soutenir pendant la pandémie.
Les aînés admissibles à la Sécurité de la vieillesse ont reçu 300 $ et ceux qui sont admissibles au Supplément de revenu garanti ont reçu 200 $ de plus. Autrement dit, si vous incluez le crédit pour la TPS, les couples à faible revenu ont reçu plus de 1 500 $ non imposables pour faire face aux coûts supplémentaires dus à la pandémie.
Je tiens à ce que vous sachiez que le ministère a veillé à ce que tous ceux et celles qui étaient admissibles en juin 2020 reçoivent ce paiement ponctuel. Il a continué de traiter les demandes arrivées entre ce moment et septembre, afin que toute personne admissible reçoive le paiement. C'était une aide considérable pour les aînés dans une période difficile.
Il ne s'agissait que d'une partie de l'aide que nous fournissons aux aînés. Il nous fallait, par ailleurs, nous assurer que des soutiens communautaires aux aînés étaient en place, parce que, dans certains cas, ce n'était pas une question d'argent, mais d'aide nécessaire. S'ils étaient coincés chez eux, ils avaient besoin de services et d'aide pour se débrouiller. C'est pourquoi nous avons fourni 20 millions de dollars supplémentaires au programme Nouveaux Horizons pour les aînés. Nous avons permis à des organismes d'adapter leurs programmes pour aider les aînés autrement qu'ils ne le proposaient dans leur demande de l'année précédente [Difficultés techniques].
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Je suis navrée des interruptions. Je vais poursuivre.
L'augmentation du coût de la vie que nous prenons en compte dans les pensions au Canada a prêté à confusion. Cette indexation vise à faire en sorte que les aînés rattrapent l'augmentation du coût de la vie.
L'indexation se produit quatre fois par an. Il arrive que certains se plaignent qu'il s'agit d'une petite somme. Nous avons pensé qu'il était plus important, au lieu d'attendre pour verser une fois par an un montant plus élevé, de faire ce versement trimestriel aux aînés, car ils en ont besoin pour faire face au coût de la vie. Autre élément important, une fois l'indexation appliquée, il n'est pas possible de revenir en arrière. Si le coût de la vie baisse, la somme correspondante n'est pas retirée des pensions.
Il s'agit d'un programme important et d'un aspect important du soutien que nous apportons aux aînés.
Madame la ministre, je vais sauter une question et passer directement à la dernière.
J'aime beaucoup les projets mis en place dans ma circonscription. Tous les ans, des projets pour les aînés sont lancés, comme le programme Nouveaux Horizons pour les aînés. Chaque fois, je me réjouis de travailler pour des organismes dynamiques de ma circonscription qui aident les aînés. J'en connais deux en particulier. La bibliothèque régionale de Saint John avait un projet dans lequel les aînés participaient sur place à l'écriture d'un recueil de leurs histoires. Un autre organisme a demandé une serre où les aînés pouvaient aller, avoir de la compagnie, planter et faire des choses de ce genre.
Pour tous les organisateurs de projet actuels ou qui le seront bientôt qui nous écoutent, si quelqu'un souhaite servir les aînés et s'impliquer dans votre collectivité ou la mienne, que lui recommandez-vous? Sur quels exemples de modèles viables de projets communautaires qui pourraient aider les aînés attireriez-vous l'attention?
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Je vous remercie beaucoup de cette question.
Comme nous l'avons entendu à la Chambre aujourd'hui pendant la période des questions, le gouvernement du Canada envoie des milliards de dollars aux provinces et aux territoires pendant la pandémie pour renforcer le système de santé. Nous soutenons les provinces en achetant et en fournissant l'équipement de protection individuelle, en versant des subventions salariales pour les travailleurs essentiels et à faible revenu et en fournissant gratuitement les vaccins. Nous envoyons en ce moment des milliards de dollars aux provinces et aux territoires pour les aider à renforcer leur système de santé.
Nous sommes aux prises avec une pandémie — nous le sommes toujours — et nous appuyons les mesures prises pour y faire face. C'est sur cela que nous nous concentrons. Vous avez entendu le premier ministre dire que ces conversations sur les transferts en matière de santé viendront, mais que pour l'heure, nous nous concentrons sur la lutte contre la pandémie.
Nous envoyons des milliards de dollars aux provinces et aux territoires. Ce n'est pas seulement de l'argent. Nous les soutenons aussi avec du personnel. Le Québec et l'Ontario ne sont pas les seules provinces qui ont dû demander l'aide des forces armées quand les établissements de soins de longue durée étaient en détresse et en situation de crise. Nous sommes également là pour aider ces établissements avec la Croix-Rouge. Nous finançons actuellement une organisation qui les aide dans la prévention et la protection face aux infections dans le cadre d'un programme appelé soins de longue durée plus.
Nous travaillons avec le Québec et nous le soutenons. C'est pourquoi nous n'avons pas appuyé la motion présentée par le NPD aujourd'hui. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de faire un examen des soins de longue durée et d'adopter des normes nationales sans la coopération des provinces et des territoires. C'est pourquoi nous travaillons en collaboration avec elles en vue d'adopter des normes nationales.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre, de votre présence aujourd'hui.
Le Canada a perdu plus de 22 000 personnes à cause de la pandémie. Près de 16 000 des Canadiens qui ont perdu la vie étaient des aînés. Nous savons que beaucoup d'autres aînés ont été hospitalisés et ont souffert de symptômes graves. À l'évidence, la pandémie a montré que, dans notre société, les aînés sont traités comme sacrifiables, notamment en ce qui concerne les soins de longue durée, où nous avons vu les pires des conditions pour les aînés.
Je sais que le gouvernement s'est prononcé aujourd'hui contre la motion qui visait à adopter des normes nationales pour les soins de longue durée, et vous venez de répondre à ma collègue... Prenons le régime universel de soins de santé, c'est un parfait exemple de domaine où le gouvernement fédéral a toujours travaillé avec les provinces dans leur domaine de compétence pour garantir un accès universel à des soins de santé de tout premier ordre. Étant donné la situation, sachant que la sécurité des aînés et leur capacité de vivre dans la dignité sont menacées du fait qu'ils sont obligés de continuer de résider dans des établissements de soins de longue durée à but lucratif, il est clair que le système doit changer.
Le gouvernement s'est prononcé contre, mais ne croyez-vous pas que les principes qui régissent les soins de longue durée devraient être les mêmes que ceux qui régissent le régime universel de soins de santé, autrement dit qu'il faut veiller à ce que les aînés soient en sécurité et vivent dans la dignité?
:
Je vous remercie de votre question.
La tragédie que nous avons vue dans les établissements de soins de longue durée pendant la pandémie, lors de la première vague et, de nouveau, durant la deuxième vague, montre vraiment qu'il faut améliorer les soins aux aînés, particulièrement dans les établissements de soins de longue durée. C'est pourquoi nous avons reconfirmé que nous allons faire adopter des normes nationales en matière de soins de longue durée. Cependant, nous travaillerons de concert avec les provinces et les territoires à ce sujet, car le domaine relève de leur compétence.
Comme je l'ai déjà dit, nous ne restons pas les bras croisés, nous investissons dans les soins de longue durée. Les provinces et les territoires ont reçu 740 millions de dollars pour prévenir et maîtriser les infections, notamment dans les établissements de soins de longue durée. Comme vous le savez, nous avons annoncé dans l'Énoncé économique de l'automne 1 milliard de dollars pour la création d'un fonds pour la sécurité des soins de longue durée. Nous avons également financé le programme de soins de longue durée plus.
:
En effet. Malheureusement, c'est un peu trop tard parce que près de 16 000 aînés ont perdu la vie et que de nombreux autres risquaient aussi de mourir.
Je ne crois pas beaucoup aux promesses d'action rapide. Je vous donnerai deux exemples. Le premier est celui du régime universel d'assurance-médicaments. Le gouvernement libéral le promet depuis 1997. Nous parlons maintenant de travailler de concert avec les provinces et les territoires pour mettre en place des normes nationales en matière de soins de longue durée. En attendant, nous savons que non seulement les aînés, mais aussi les adultes handicapés continuent d'être exposés à des risques pendant que les gouvernements tergiversent à leurs dépens.
Nous savons que, notamment en ce qui concerne les établissements de soins de longue durée à but lucratif et leurs services abominables, les études et les rapports se suivent et confirment tous qu'ils portent la responsabilité des innombrables morts et infections liées à la COVID-19. Il est inacceptable, selon moi, que nous continuions de tergiverser.
Le gouvernement fédéral ne devrait-il pas aller plus loin que des normes nationales et créer un programme national de soins de longue durée pour protéger les aînés et les personnes handicapées et faire en sorte qu'ils reçoivent les soins dont ils ont besoin? N'êtes-vous pas d'accord?
:
Je vous remercie de nouveau, monsieur le président, et je vous remercie de nouveau, madame la ministre.
Je voudrais revenir sur la Sécurité de la vieillesse. Je sais que Mme Chabot a posé des questions, mais j'ai remarqué que les plans ministériels pour cette année répètent la promesse du gouvernement d'augmenter de 10 % la Sécurité de la vieillesse pour les aînés de plus de 75 ans, engagement que le gouvernement, comme je l'ai dit plus tôt, n'a toujours pas tenu.
Nous savons que le Parlement a récemment adopté, sans l'appui du gouvernement, une motion visant à augmenter la Sécurité de la vieillesse pour les aînés, non pas à partir de 75 ans, mais à partir de 65 ans. Le gouvernement honorera-t-il la motion adoptée à la Chambre ou fera-t-il ce qu'il veut sans respecter la mesure que la Chambre des communes a adoptée?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Madame la ministre, je suis fermement convaincue que vous avez à cœur le sort des personnes aînées et que, comme nous tous, les parlementaires, peu importe la province d'où nous venons, vous êtes attristée à la suite de ce qui s'est passé.
Cela étant dit, j'ai l'impression d'entendre des réponses qui n'ont rien à voir avec notre système de santé. Vous parliez du maintien à domicile et de la mesure prévoyant un aîné par chambre. Cela exige une vaste organisation des services et des soins offerts dans chacune de nos provinces, qui ont mis en place des comités à cette fin. Cela concerne la formation du personnel, les ratios ainsi que les sphères d'activité publique et privée, ce qui est de la compétence des provinces. Vous insistez pourtant sur la question des normes.
Je ne sais pas si vous avez parlé à un représentant du Québec, mais le premier ministre — au nom de l'Assemblée nationale — a mentionné clairement et publiquement que ce ne sont pas de normes que nous avons besoin, mais de gens pour donner des soins. Plutôt que du financement à la pièce, c'est un financement récurrent en santé qui est nécessaire. La pandémie a le dos large. Tout est resté figé dans le temps. Il nous faut une vision, et celle-ci ne devrait certainement pas imposer aux provinces des conditions relativement à l'organisation des soins de santé qu'elles offrent.
:
J'ai une autre question concernant vos remarques. J'ai bien aimé votre déclaration préliminaire. Vous avez dit — et je suis d'accord — que les Canadiens âgés sont les plus à risque. Nous l'avons vu dans toute cette affaire. J'ai moi-même eu affaire à des établissements de soins de longue durée. Les personnes âgées sont restées chez elles pour être en sécurité. Je suis d'accord avec vous dans ce que vous dites. Les Canadiens âgés sont restés chez eux pour rester en sécurité.
Dans le paragraphe suivant, vous dites que les aînés sont isolés socialement et visitent plus fréquemment les salles d'urgence, consomment plus de médicaments, font plus de chutes et intègrent plus tôt les résidences pour personnes âgées. N'est-ce pas un peu contradictoire? S'ils restent à la maison, on peut espérer qu'ils y sont plus en sécurité que s'ils sortent, glissent, tombent sur la glace ou s'exposent à d'autres accidents de ce genre.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème de ce côté-là, mais je me demande si vous pouvez nous en dire davantage sur les effets psychologiques. La santé mentale a été, je crois, une question plus importante pour les personnes âgées que pour les autres groupes dont les gens peuvent encore sortir un peu et aller travailler, ou les étudiants qui peuvent encore aller à l'école.
:
Je vais être très rapide. Je suis désolée si le temps est dépassé.
Je veux simplement dire que la situation a été vraiment, vraiment difficile pour les personnes âgées, et c'est pourquoi nous avons accordé plus de financement aux organisations pour qu'elles puissent aller soutenir les personnes âgées, parce que leur santé mentale s'en trouve améliorée si elles peuvent se fréquenter et participer à des programmes ensemble.
Je tiens à préciser que les statistiques, les données dont je vous ai fait part en ce qui concerne les chutes et les médicaments, datent d'avant la pandémie, ce qui nous a amenés à présenter cette promesse électorale et cet engagement dans le discours du Trône.
:
Je vous remercie beaucoup, madame la ministre, d'être parmi nous.
[Traduction]
C'est toujours un plaisir d'être avec vous une fois de plus.
[Français]
[Difficultés techniques.] Vous avez rencontré beaucoup d'aînés pendant vos tournées.
Beaucoup de questions ont été soulevées aujourd'hui. Pour ma part, mes questions porteront davantage sur la santé mentale et l'isolement social des aînés.
Nous avons beaucoup parlé de sujets intéressants, comme la pension de la Sécurité de la vieillesse, le coût de la vie et le Programme Nouveaux Horizons pour les aînés. Cependant, vous avez fait peu de commentaires sur la différence qu'ont pu faire les programmes que nous avons mis en place, comme Nouveaux Horizons, et sur la façon dont nous avons pu briser l'isolement social des aînés et aider à améliorer leur santé mentale.
Pourriez-vous nous parler de difficultés dont vous avez pris connaissance lors de vos consultations ou dans votre circonscription? Quelles ont été les solutions que nous avons proposées?
:
J'ai eu le privilège de pouvoir — même si nous sommes en pleine pandémie et nous restons chez nous — faire une tournée virtuelle du pays et rencontrer des aînés, des intervenants et des organismes de soutien aux aînés pour entendre directement de vive voix les grands enjeux actuels, comment ils s'en sortent et qu'est-ce qui fonctionne.
Je dois vous dire que j'ai entendu à maintes reprises à quel point le programme Nouveaux Horizons pour les aînés a été efficace. Je vais vous donner un exemple d'une des histoires très inspirantes que j'ai entendues. Une organisation fournit des tablettes et Internet aux aînés, et elle fait appel à des étudiants d'une université locale pour aider à former et à orienter ces aînés dans l'emploi de ces tablettes. Ils se relaient tous, de sorte qu'il existe tout un réseau de jeunes, par l'intermédiaire des étudiants de l'école et de l'université, qui aident les personnes âgées à se connecter. Certains de ces aînés étaient en larmes lorsqu'ils m'ont dit à quel point cela avait changé leur vie: pouvoir voir leurs petits-enfants parce qu'ils ne peuvent pas aller en Italie, voir un nouveau-né, pouvoir voir et interagir avec les membres de leur famille; tout ceci est tellement puissant.
Je suis très fière de tout ce que les Canadiens ont fait pour se mobiliser, tirer parti de ces programmes et mettre en place des programmes très novateurs pour aider les personnes âgées. Pour certains aînés, cela change leur vie, et je suis très fière du travail qui se fait partout dans le pays.
:
Je vous remercie beaucoup, madame la ministre.
Vous avez ouvert une porte en parlant des cas où nous avons fourni des tablettes électroniques et facilité la communication par Internet. Cependant, il faut que le réseau lnternet soit accessible dans les milieux où nous investissons.
Le gouvernement a donc fait de nombreux investissements pour faciliter l'accès à Internet. Il a notamment injecté 1,75 milliard de dollars dans des programmes. De plus, il vient d'annoncer qu'il versera une somme supplémentaire de 800 millions de dollars dans le Fonds pour la large bande universelle. Il a aussi élaboré des programmes en collaboration avec le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC, et les provinces.
Les mesures prises par le gouvernement en ce qui a trait à l'accès à Internet pourraient-elles améliorer la vie de nos aînés?
:
Je vous remercie, monsieur Lauzon.
[Traduction]
Voilà qui termine la série de questions.
Merci beaucoup d'avoir été des nôtres, madame la ministre.
Je pense que nous devrions également féliciter les ambassadeurs de l'informatique qui vous ont gardée avec nous et à l'écran. Il n'y a eu que quelques brèves interruptions, mais dans l'ensemble, la qualité était très bonne. Nous vous sommes reconnaissants de votre présence et de la manière exhaustive dont vous avez répondu aux questions.
Ce serait de la négligence de ma part si je ne mentionnais pas avant de vous laisser partir le fait que c'est probablement la dernière fois que nous avons M. Perlman avec nous. Il a mentionné pendant les vérifications du son qu'il prendrait sa retraite très prochainement. Monsieur Perlman, je vous remercie pour les services que vous avez rendus au ministère, aux parlementaires et au pays, surtout au cours de la dernière année. Je vous souhaite une bonne retraite et un excellent prochain chapitre.
Sur ce, chers collègues, nous allons suspendre la séance pendant trois minutes, le temps de vérifier le son auprès du prochain groupe de témoins. Nous vous reviendrons sous peu.
Merci encore, madame la ministre, et merci à votre équipe.
:
La séance est ouverte de nouveau.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 28 octobre 2020, le Comité reprend son étude de l'examen du régime d'assurance-emploi.
J'aimerais simplement faire quelques observations à l'intention des nouveaux témoins: avant de prendre la parole, cliquez sur l'icône du micro pour activer votre micro. Les services d'interprétation offerts pour cette vidéoconférence sont à peu près les mêmes que ceux offerts pendant les réunions régulières du Comité. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais ou le français. Lorsque vous parlez, exprimez-vous lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en mode sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins pour la suite de notre discussion avec cinq minutes de déclarations préliminaires suivies de questions. Nous accueillons aujourd'hui Mme Evelyn Forget, professeure, à l'Université du Manitoba et, de la Commission de l'assurance-emploi du Canada, Pierre Laliberté, commissaire des travailleurs et travailleuses.
Nous commençons avec Mme Forget pendant cinq minutes.
Bienvenue au Comité, madame. Vous avez la parole.
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Merci de m'avoir invitée à témoigner aujourd'hui.
Les changements survenus dans l'économie mondiale au cours des 40 dernières années, et plus récemment les chocs financiers de 2008 et la pandémie de COVID-19, ont sapé un grand nombre des institutions sur lesquelles les Canadiens comptent pour que leur univers reste raisonnablement juste. Le renouvellement du contrat social est essentiel si nous voulons rebâtir la confiance mutuelle qui crée des sociétés résilientes.
L'assurance-emploi est l'une de ces institutions. La transformer pour l'adapter aux réalités du marché du travail d'aujourd'hui est une tâche importante. Je vous dis aujourd'hui que le revenu de base est le partenaire essentiel d'un programme d'assurance-emploi renouvelé.
Par revenu de base, j'entends, comme la plupart des défenseurs du revenu de base au Canada, un revenu minimum garanti qui est destiné aux personnes en âge de travailler, selon leur autre revenu — leur revenu actuel. Il est conçu pour rationaliser les transferts en espèce des divers ordres de gouvernement, mais il ne remplace pas les services publics essentiels comme les soins de santé et les mesures de soutien aux personnes handicapées.
Le revenu de base constitue un soutien au revenu pour les personnes sans emploi et comble l'écart négatif du salaire des travailleurs à faible revenu. Surtout, il ne dépend pas des heures travaillées au cours de l'année précédente, de sorte que les personnes ayant un emploi atypique peuvent y avoir accès.
La PCU — une réponse aux fermetures causées par la pandémie — nous a donné une assez bonne idée des personnes qui n'ont pas été bien servies par l'assurance-emploi. Nous devons adopter des programmes permanents qui répondent aux besoins des travailleurs dont l'emploi ne correspond pas à la définition standard du travail, comme les aidants naturels, les travailleurs des secteurs culturels et les travailleurs de la production alimentaire, y compris les agriculteurs. Les emplois atypiques, ou le travail par à-coups, sont de plus en plus répandus. Les jeunes et les travailleurs racialisés sont surreprésentés dans ces secteurs, tout comme les nouveaux arrivants et les personnes souffrant de handicaps invisibles qui ont du mal à trouver une place dans les milieux de travail standard.
La COVID-19 va probablement accélérer les changements que nous observons aujourd'hui sur le marché du travail et qui étaient déjà bien engagés avant la pandémie.
L'assurance-emploi peut fonctionner relativement bien pour les travailleurs — surtout les travailleurs syndiqués qui occupent des emplois standard —, même si elle doit être modernisée. Cependant, plus elle est transformée pour soutenir les travailleurs occupant des emplois standard, moins elle répond aux besoins des travailleurs occupant d'autres formes d'emploi.
Les avantages sanitaires et sociaux du revenu de base sont bien établis. Le mythe selon lequel le revenu de base dissuade les gens de travailler a été démystifié. Une foule de preuves ont été recueillies au cours des deux ou trois dernières années sur les répercussions sectorielles qu'aurait le revenu de base et sur la façon dont il pourrait être conçu, mis en oeuvre et, surtout, financé dans le climat économique actuel.
J'aimerais suggérer que si le Comité s'engage à avoir un débat bien informé sur le soutien du revenu, il est essentiel qu'il tienne compte de ces renseignements afin de créer des programmes permanents qui peuvent soutenir tous les Canadiens.
Je vous remercie.
Le programme souffre de carences qui, à mon avis, sont attribuables à notre négligence à tous. Le programme a besoin d'un petit peu d'amour, et en amour, comme on le sait, les preuves d'amour sont souvent plus importantes que les grandes déclarations.
Nous pouvons nous entendre pour dire que la crise liée à la pandémie de COVID-19 a confirmé le besoin d'une réforme du programme. Devant le nombre important d'éléments qui ont été changés, il apparaît qu'on ne peut pas faire l'économie d'un examen approfondi du programme. Même le Fonds monétaire international, ou FMI, dans son rapport sur le Canada diffusé la semaine dernière, abondait dans ce sens.
Tel qu'il est aujourd'hui, le programme ne remplit plus adéquatement son objectif de fournir un soutien de revenu suffisant aux Canadiens qui perdent leur emploi et qui doivent faire face à un marché du travail en mutation. À la base, il convient de rappeler que le programme d'assurance-emploi est un programme d'assurance sociale et qu'il devrait donc impérativement être là pour les gens qui perdent leur emploi. Or, depuis la dernière réforme, seule une minorité de chômeurs est admissible aux prestations. Parmi ceux et celles qui paient des cotisations, seules 6 personnes sur 10 en reçoivent. Au sortir de la crise, il serait donc important de faciliter l'accès au programme, notamment en réduisant le nombre d'heures nécessaires pour y être admissible.
Pour ce qui est du niveau de soutien, il est clair que la formule actuelle, soit un taux de remplacement du revenu de 55 % sur un revenu assurable maximal de 56 000 $, est inadéquate et fait en sorte que les prestataires reçoivent des montants souvent trop modestes. Il conviendrait donc d'examiner l'augmentation de ces seuils afin de bonifier le niveau de soutien.
Par ailleurs, la prestation de maladie ne suffit plus à la tâche. On en parle beaucoup depuis quelques années. Beaucoup de prestataires épuisent leurs prestations avant qu'un retour au travail ne soit possible ou désirable. Un allongement de la durée des prestations à 35 semaines, par exemple, couvrirait une majorité des périodes de traitement du cancer.
De même, au fil du temps, le programme est devenu de plus en plus complexe à administrer, et il y a un besoin réel et urgent de simplification. Si le programme a connu un effondrement en mars dernier, cela tient grandement à cette complexité. Si le ministère avait eu à gérer toutes les demandes de la façon habituelle, il aurait fallu pas moins d'un an à Service Canada pour toutes les traiter. D'ailleurs, il est bon de noter que le programme n'a pu être remis en place, en septembre, qu'à partir d'une sérieuse simplification de ses règles. Il y aurait lieu de maintenir plusieurs de ces simplifications.
Je soulignerais que l'absence d'autonomie réelle de la Commission de l'assurance-emploi du Canada quant à l'administration du programme a, à la longue, nui au programme, dans la mesure où des mises à jour nécessaires sont souvent remises à plus tard du fait d'un contexte politique inopportun. C'est le cas pour plusieurs règles, mais aussi pour le remplacement même du système informatique, qui est devenu absolument désuet à force de négligence. J'aime à croire que, si la Commission était plus autonome, elle serait plus à même d'être réactive.
La question du financement est évidemment une dimension importante de l'équation. Le mécanisme actuel, qui n'est pas cyclique, est inadéquat. De même, l'absence de contribution des revenus généraux fait de plus en plus problème, surtout lorsqu'on demande au programme de gérer des prestations qui s'apparentent davantage à des avantages sociaux.
Finalement, il y aurait lieu d'adapter le programme au XXIe siècle, comme cela a souvent été dit. Alors qu'on parle beaucoup du besoin de formation continue et d'apprentissage tout au long de la vie, le programme d'assurance-emploi, de façon assez surprenante, n'apporte pas une grande aide à cet égard. Un travailleur qui quitte son emploi pour aller se former perd automatiquement son admissibilité au soutien du programme d'assurance-emploi. Pourtant, il serait facile d'ouvrir une porte pour qu'un individu, après un certain degré de participation au programme, puisse y être admissible pour une période signifiante et aller se former. Je sais que le gouvernement a fait une proposition en ce sens dans son budget de 2019, mais le résultat reste à voir.
[Traduction]
Je m'arrête ici, mais je répondrai à vos questions et observations avec plaisir.
Je vous remercie de votre attention.
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Lorsqu'il s'agit des paramètres généraux du programme, je pense que c'est la prérogative du gouvernement en place. Comme je l'ai laissé entendre dans mes observations, 55 % de 56 000 $ est insuffisant pour la plupart des Canadiens. Si l'on augmentait...
Si ce seuil avait été indexé, sans interruption, nous dépasserions 80 000 $ aujourd'hui, au lieu de 56 000 $. On peut imaginer que 55 % de 80 000 $ serait déjà un peu mieux, et on pourrait faire valoir la nécessité d'une formule qui comprendrait un taux de remplacement plus élevé, surtout pour ceux qui sont au bas de l'échelle des revenus.
Par exemple, pour une personne qui travaille au salaire minimal, la seule façon de dépasser le seuil de pauvreté tel que défini par la mesure du panier de consommation est vraiment d'avoir un taux de remplacement de 75 %.
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Je vous remercie, madame la présidente.
[Traduction]
Madame Forget, j'ai une grande admiration pour votre travail. Il est très bien connu à l'Île-du-Prince-Édouard. Je vais m'excuser à l'avance. J'ai quitté le fauteuil parce que je voulais depuis un moment parler des régions de l'assurance-emploi avec la Commission, et je vais passer tout mon temps avec M. Laliberté.
Monsieur Laliberté, comme vous l'avez indiqué en réponse à M. Vis, l'une de vos préoccupations concerne les régions de l'AE. C'est un gros souci dans ma province.
Vous avez mentionné la décision de 2012, qui a en fait été mise en œuvre en 2014 et qui a eu pour effet de diviser l'Île-du-Prince-Édouard en deux régions, en même temps que de nouvelles régions étaient créées dans le nord. Cela a été fait dans les derniers jours du gouvernement Harper et — pour autant que quiconque à l'Île-du-Prince-Édouard soit concerné — à des fins purement politiques pour tenter de sauver un siège là-bas. Cependant, nous n'avons pas été en mesure de percer la motivation opaque de la révision des régions, et j'espère que vous allez pouvoir m'aider à le faire aujourd'hui.
Nous avons entendu de la part de M. Brown, du ministère, qu'un examen des régions de l'AE a été effectué en 2018. Ma première question pour vous, monsieur, est de savoir si l'examen comprenait un avis aux travailleurs ou au public qu'un tel examen avait lieu.
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Le problème que nous avions à l'époque, et il va falloir que je me souvienne de ce qui s'est passé... Nous étions certainement — les deux commissaires — pour l'idée d'aller de l'avant à l'époque, mais cela ne s'est tout simplement pas produit... Ce que vous devez comprendre, c'est que nous ne pouvons pas procéder de façon improvisée.
Essentiellement, il a été déterminé à ce moment-là que nous aurions de nouveaux renseignements provenant du recensement qui pourraient nous aider à élaborer une méthode solide avec les bons chiffres afin de pouvoir réévaluer toute la carte. Dans un sens, ce n'était qu'un report temporaire, si vous voulez. Nous avons recommencé presque tout de suite. Dès que les données de 2016 ont été disponibles, le ministère a commencé à travailler avec la Commission pour déterminer si les régions actuelles de l'AE étaient homogènes.
Pour expliquer rapidement, ce que nous recherchons, ce sont des divergences. Comme vous le savez, les éléments constitutifs des régions sont les divisions de recensement. Ce que nous recherchons, ce sont les aberrations. Y a-t-il des divisions de recensement dans les régions actuelles de l'AE qui sont totalement en désaccord avec l'état actuel des choses? En fait, il s'agit d'un grand casse-tête. Pour cela, nous prenons en compte le taux de chômage. Nous tenons compte des conditions du marché du travail.
Le ministère a élaboré une méthodologie que nous avons approuvée. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec eux. Maintenant, le défi, comme vous le savez peut-être, c'est qu'il y a environ 300 divisions de recensement au Canada, alors nous n'allons pas avoir 300 régions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie nos témoins.
Monsieur Laliberté, je veux d'abord vous remercier de votre témoignage. La Comission de l'assurance-emploi joue un rôle assez important pour ce qui est de l'administration de notre régime et de sa gouvernance. Je vous remercie également de nous avoir mentionné quelques pistes, quelques avenues, qui pourront être envisagées pour renforcer le régime de l'assurance-emploi, qu'il s'agisse du nombre de semaines, du taux de prestation ou, si j'ai bien compris, de la possibilité d'accroître le nombre de travailleuses et de travailleurs admissibles au régime auquel, faut-il le rappeler, ils cotisent.
Ma prochaine question porte sur un sujet un peu moins connu, mais très important. Le gouvernement s'était engagé l'année dernière à revoir le mécanisme d'appel de l'assurance-emploi. Nous oublions que, dans ce régime, des décisions sont prises et des appels sont interjetés. Or, le mécanisme d'appel a été durement touché par des changements récents. Le gouvernement s'était engagé à revoir ce mécanisme de façon à lui redonner la forme tripartite qu'il avait au départ.
Je crois que la Commission a été appelée à travailler là-dessus ou à donner son avis. J'aimerais savoir où en sont les choses.
Les organisations syndicales et les mouvements de chômeurs étaient vraiment très heureux d'apprendre que le gouvernement envisageait ce changement. Ils m'ont cependant fait savoir qu'il y avait peut-être des reculs quant à cette orientation.
Qu'en savez-vous et sur quoi travaillez-vous?
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Je vous remercie de la question, madame Chabot.
Puisque nous parlons des changements annoncés juste avant la dernière campagne électorale, je vais en profiter pour saluer le travail accompli dans ce dossier par l'ancien ministre responsable, M. Jean-Yves Duclos. J'espère que son état de santé s'est amélioré. En ce qui a trait aux changements à apporter au système d'appel, c'est grâce à M. Duclos que certaines choses auraient pu débloquer. Comme vous l'avez laissé entendre, le système d'appel était devenu dysfonctionnel. Notre gouvernement s'était engagé à rétablir le tripartisme au sein de la première instance d'appel et de rendre la Commission responsable du processus.
Malheureusement, ce n'est pas tout à fait ce sur quoi nous travaillons depuis ce temps. Le ministère nous fait travailler sur un nouveau mécanisme, qui inclurait en effet la participation de représentants d'employeurs et de travailleurs, mais qui relèverait ultimement du sous-ministre. Selon nous, et vous en conviendrez également, ce n'est pas tout à fait ce qui avait été demandé. À notre avis, il est important que la Commission veille à la reddition de comptes. Je vais vous dire précisément pourquoi.
Nous avons vu, lorsque le Tribunal de la sécurité sociale du Canada a été créé, qu'il s'agissait d'une structure indépendante qui n'avait aucun compte à rendre. Quand cette structure est devenue dysfonctionnelle, tout citoyen canadien ou groupe de chômeurs ne pouvait se retrouver que sur les lignes de touche lorsqu'il avait des plaintes à formuler. Il était absolument impossible pour la Commission de demander des comptes. C'est cette situation que nous ne voulons pas revivre.
Cela étant dit, nous avons réussi à faire connaître nos préoccupations. Je parle de « nos préoccupations » parce que j'inclus l'ancienne représentante des employeurs à la Commission. Nous faisons valoir qu'il y a là une carence importante. La pandémie de COVID-19 n'a pas favorisé la mise en oeuvre de cette nouvelle structure. Nous espérons bénéficier de l'écoute nécessaire pour être en mesure d'appliquer les changements de la bonne façon.
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Il y a une grande préoccupation quant à la question des deux zones à l'Île-du-Prince-Édouard. Le président du Comité, M. Casey, vous a posé quelques questions à ce sujet.
Il y a toutefois aussi de grandes préoccupations en ce qui concerne les travailleuses et les travailleurs de l'industrie saisonnière. Nous savons que le gouvernement a mis en place des projets pilotes dans plusieurs régions. Il s'était engagé à les prolonger et à les améliorer, mais ils ont seulement été prolongés.
Je ne sais pas si la Commission étudie cet aspect lié aux iniquités de l'assurance-emploi — le fameux trou noir — ou si elle a des solutions à apporter, mais l'objectif est d'y mettre fin.
Considérant que l'économie des régions compte sur les industries saisonnières, leurs réalités doivent être prises en considération dans le régime. N'est-ce pas?
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Merci, monsieur le président.
Mes questions s'adressent à Mme Forget.
Dans votre récente recherche sur la pauvreté et la sécurité du revenu à la suite de la pandémie de COVID-19, vous soulignez les tendances prépandémiques dans l'économie, des choses comme la polarisation du travail précaire et à faible revenu sur le marché du travail, la hausse des niveaux d'endettement des consommateurs et de l'insécurité du revenu, et l'inefficacité des programmes d'aide au revenu. Nous avons certainement entendu parler des nombreux problèmes du système actuel d'assurance-emploi.
Lorsque la pandémie a frappé, ces tendances se sont aggravées et ont certainement été mises en évidence principalement chez les personnes handicapées et les personnes appartenant à une minorité visible, qui ont été forcées d'accepter des emplois à faible revenu et souvent précaires, ou un niveau de pauvreté encore plus élevé. Vous avez écrit que ces tendances mettent en évidence à quel point les programmes sociaux existants, en particulier l'assurance-emploi et l'aide au revenu provinciale, ne sont pas assez forts pour lutter contre la pauvreté et l'insécurité du revenu.
Pouvez-vous nous dire pourquoi c'est le cas, et quels changements sont nécessaires pour améliorer l'AE?
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Je pense que l'assurance-emploi cherche surtout à rester engagée envers le marché du travail. Le problème, lorsqu'il est question des travailleurs à très faible revenu et des travailleurs en situation précaire, c'est que cette constance de l'engagement n'y est pas. Par exemple, lorsque la COVID est arrivée, nous avons vu qu'un grand nombre de personnes n'avaient tout simplement pas accumulé suffisamment d'heures pour répondre aux définitions normalisées de l'assurance-emploi et, par conséquent, plusieurs d'entre elles ont reçu l'aide de la PCU.
Ces travailleurs sont très diversifiés. Un regroupement de musiciens de Toronto m'a expliqué ce matin que 91 % de ses membres n'avaient reçu aucune prestation d'assurance-emploi pendant la pandémie et que 65 % d'entre eux avaient reçu au moins un certain soutien de la PCU. Les gens qui occupent des emplois atypiques ne répondent tout simplement pas aux restrictions imposées par le système. Nous venons d'en entendre parler pour les travailleurs saisonniers.
Essayer de modifier le système d'assurance-emploi afin d'intégrer tous ces travailleurs atypiques accroît la difficulté de répondre aux besoins des travailleurs qui occupent des emplois standardisés et qui ont besoin d'une augmentation du niveau de soutien qu'ils reçoivent. S'ils renoncent au programme d'assurance-emploi pour se tourner vers les programmes provinciaux de soutien du revenu, ils se retrouvent dans des programmes qui sont, en même temps, alourdis par certaines barrières qui rendent très difficile la décision de quitter le système et de réintégrer le marché du travail.
Je pense que nous avons besoin d'un système qui facilite la transition entre la sortie et la réintégration du marché du travail pour les gens qui, pour diverses raisons, travaillent de cette façon et continueront de le faire. C'est parfois le résultat de...
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Pour ce qui est du financement, je pense que nous avons eu deux rapports du directeur parlementaire du budget, dont l'un a été réalisé en 2018 pendant une année normale et avec des niveaux normaux de chômage. Le coût net du programme, en y incluant certains paiements fédéraux de soutien en espèces, était de 43 milliards de dollars, ce qui signifie qu'il aurait coûté 23 milliards de dollars de plus par année que ce que nous dépensons actuellement. Nous offrons actuellement de l'aide par l'entremise des programmes d'aide au revenu provinciaux et territoriaux.
Lorsque l'exercice a été répété cette année, les chiffres étaient évidemment beaucoup plus élevés puisque les taux de chômage étaient beaucoup plus élevés, les heures de travail beaucoup plus faibles et les besoins plus grands.
L'un des avantages d'un revenu de base est qu'il est un mécanisme automatique de stabilisation. Il augmente automatiquement pour répondre aux besoins lorsque [Difficultés techniques] des choses comme la pandémie, lorsqu'il se produit des transitions dans l'économie ou dans la vie des gens. Je pense que nous pouvons constater que les coûts ne sont pas exorbitants. Il s'agit d'un programme social coûteux, mais qui est certainement réalisable dans un pays comme le Canada.
Vous avez abordé l'autre question, à savoir le coût en aval de la pauvreté. C'est une chose à laquelle nous accordons très peu d'attention, mais je pense que le rapport final de la Commission sur les femmes autochtones disparues et assassinées indiquait que 80 % des femmes autochtones incarcérées le sont pour des délits liés à la pauvreté. Le travail que j'ai réalisé dans le domaine des soins de santé montre que des économies substantielles sont réalisées dans les domaines de l'hospitalisation et d'autres secteurs des soins de santé lorsqu'un revenu de base est offert aux collectivités.
En considérant le revenu de base comme un investissement plutôt qu'un coût, nous pouvons commencer à parler des retours sur les investissements, tant financiers que personnels.
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Je comprends. Je pense que je vais manquer de temps, monsieur Laliberté. J'ai deux ou trois autres questions à vous poser à ce sujet.
Les conservateurs, comme tous les parlementaires, ont voté pour aider les familles à subvenir à leurs besoins parce que leurs revenus ont été restreints en raison de la pandémie. Tout le monde a voté pour cela. Tout le monde est d'accord pour dire que c'est un rôle que le gouvernement doit assumer. Ce qui me préoccupe, ce sont les coûts additionnels et la façon dont nous en sortirons.
Je suis un peu surpris que nous n'ayons pas parlé aujourd'hui de... Nous avons parlé des prestations du programme uniquement en fonction du nombre de semaines ou des montants réels versés aux gens, mais nous n'avons pas parlé de la façon d'améliorer les possibilités d'emploi. C'est une question importante sur le plan économique. Comment mettre en place les politiques appropriées qui favoriseront la croissance économique? En fin de compte, c'est ce qui aide les gens à sortir de la pauvreté. Je suis fermement convaincu que la dignité et le simple fait de travailler sont des remèdes à bien des maux de notre société.
De quelle façon pouvons-nous améliorer le programme actuel afin qu'il aide ces personnes à trouver un meilleur emploi lorsque leurs prestations se terminent ou pendant cette période? Comment pouvons-nous améliorer le système et le rendre plus efficace?
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Je vous remercie beaucoup.
J'ai quelques questions, dont une pour Mme Forget.
Nous avons reçu, de tous les coins de la Chambre des communes, des suggestions valables au sujet du congé de maternité, du congé de deuil, des travailleurs saisonniers, du congé de paternité, des travailleurs à la demande, de la formation pendant le versement de prestations. Tout le monde a de bonnes intentions, mais tout le monde compte sur l'assurance-emploi pour régler ces problèmes. Nous venons d'apprendre qu'en raison de la COVID un déficit structurel est maintenant intégré à la caisse de l'assurance-emploi. Pouvons-nous offrir ces prestations sans réformer le système?
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Merci, monsieur Vaughan.
Merci, monsieur Laliberté.
Chers collègues, cela nous amène à l'heure prévue ou un peu plus tard.
Monsieur Laliberté et madame Forget, votre travail dans le domaine du revenu de base et de l'éradication de la pauvreté est extrêmement important pour beaucoup de gens. Tant de gens sont touchés par ce que vous faites. Tant de personnes ont besoin du régime d'assurance-emploi et sont fortement tributaires de votre bon travail. Merci pour tout ce que vous faites. Merci d'être parmi nous aujourd'hui pour discuter de votre travail. Nous apprécions beaucoup la patience et le professionnalisme avec lesquels vous avez répondu aux questions.
Sur ce, chers collègues, avons-nous le consentement unanime pour lever la séance?
Des voix: D'accord.
Le président: Je crois que je vois le consentement dans la salle.
Merci beaucoup à tous. Nous nous reverrons dans quelques jours.
Je remercie encore une fois nos témoins d'être parmi nous.
La séance est levée.