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Bonsoir à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 12e réunion du Comité spécial de la Chambre des communes sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine. Conformément à l'ordre de renvoi du 16 mai 2022, le Comité se réunit pour étudier les relations entre le Canada et la République populaire de Chine. L'accent sera mis sur les postes de police.
La réunion d'aujourd’hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Les députés sont soit présents en personne dans la salle, soit à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais aussi rappeler aux témoins et aux membres du Comité d'attendre que je les nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. Pour l'interprétation sur Zoom, vous avez le choix au bas de votre écran entre la langue du parquet, le français ou l'anglais. Les membres présents dans la salle peuvent se servir de l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Veuillez toujours vous adresser à la présidence. Les participants dans la salle doivent lever la main s'ils souhaitent intervenir. Ceux qui participent au moyen de Zoom doivent cliquer sur l'icône « Lever la main ». La greffière et moi allons gérer la liste des intervenants du mieux que nous le pouvons. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Voyons voir. Je crois, madame la greffière, que nous avons testé les connexions de tous les participants. Oui, toutes les connexions sont bonnes, c'est bien.
Sur ce, je souhaite la bienvenue à l'honorable Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique. Il est accompagné aujourd'hui par les participants suivants: Mme Tricia Geddes, sous-ministre déléguée, ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, la commissaire Brenda Lucki, Gendarmerie royale du Canada, et M. David Vigneault, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, SCRS.
Monsieur le ministre Mendicino, vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
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Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir offert l'occasion de m'adresser à vous et aux membres du Comité aujourd'hui.
Je souhaite d'abord féliciter le Comité pour s'être penché sur le cas des soi-disant postes de police, qui constituent un vecteur présumé d'activités étrangères dirigées par la République populaire de Chine, et qui opèrent au Canada ainsi que dans d'autres démocraties du monde.
Les rapports indiquant que la RPC tente de renforcer son empreinte clandestine en sol canadien reflètent deux tendances incontestables. Premièrement, le paysage géopolitique est de plus en plus complexe, et nous constatons que des acteurs hostiles cherchent à ébranler l'ordre international fondé sur des règles qui est en place depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Deuxièmement, comme d'autres démocraties, le Canada est de plus en plus la cible d'ingérence étrangère, laquelle est un sous-produit direct du programme mené par des acteurs hostiles dont l'objectif est de porter atteinte à nos intérêts nationaux.
[Français]
Aujourd'hui, je présenterai les mesures concrètes que prend le gouvernement fédéral pour atténuer les menaces d'ingérence étrangère. Avant de le faire, permettez-moi de souligner que le Canada possède une démocratie forte et résiliente qui est renforcée par une communauté d'agences de sécurité nationale et de sécurité publique qui travaillent 24 heures sur 24 pour protéger nos institutions. Ces agences ont à leur disposition des ressources, des technologies et des outils importants pour garantir la sécurité nationale.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral n'entreprend pas ce travail seul. En effet, nous collaborons avec les autres ordres de gouvernement, de même qu'avec des alliés clés au sein du Groupe des cinq, du G7 et de l'OTAN. L'approche pangouvernementale nous permet d'évaluer, d'atténuer, d'enquêter, de lancer des poursuites et de faire rapport sur les menaces à la sécurité nationale canadienne.
Nous devons demeurer constamment vigilants, car les menaces contre notre pays évoluent sans cesse et se manifestent de différentes façons, notamment par des activités hostiles menées par des acteurs étatiques et non étatiques, l'ingérence étrangère, les cyberattaques, et les menaces à la sécurité de nos institutions démocratiques, économiques, universitaires, environnementales et de santé publique.
Face à de telles menaces, le gouvernement fédéral est vigilant et n'attend pas pour agir. J'aimerais présenter cinq domaines d'intervention prioritaires.
Premièrement, nous avons mis en place des mesures robustes pour protéger nos institutions démocratiques, y compris le processus électoral.
Nous avons présenté le projet de loi pour sévir contre le financement par des tiers des campagnes électorales fédérales et des candidats. Nous avons créé le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections. De plus, nous avons mis sur pied le Protocole public en cas d'incident électoral majeur, dans le but de communiquer de manière transparente et impartiale avec la population canadienne en période électorale en cas de menace à l'intégrité d'une élection fédérale. Nous avons également lancé l'Initiative de citoyenneté numérique pour soutenir la démocratie et l'inclusion sociale, ce qui passe par la création de partenariats et par la promotion d'un écosystème d'information fiable et exempt de désinformation.
Deuxièmement, je rappelle que le Groupe de travail s'est penché sur les élections fédérales de 2019 et de 2021, et a conclu de façon indépendante que, dans les deux cas, l'intégrité du processus électoral n'a pas été compromise.
[Français]
Deuxièmement, nous avons mis en œuvre une stratégie et un plan d'action nationaux en matière de cybersécurité, qui ont donné lieu au lancement du Centre canadien pour la cybersécurité.
Dans le budget de 2022, nous avons affecté plus de 850 millions de dollars pour améliorer la capacité du Centre de la sécurité des télécommunications à mener des cyberopérations et à mieux protéger la vie privée des Canadiens.
De plus, au printemps dernier, j'ai présenté le projet de loi , notre nouveau projet de loi sur la cybersécurité, qui accorde la priorité à la protection des infrastructures essentielles en ce qui concerne les secteurs des finances, des télécommunications, des transports et de l'innovation.
[Traduction]
Troisièmement, afin de protéger l'intégrité de nos institutions universitaires, nous avons instauré les Lignes directrices en matière de sécurité nationale pour les partenariats de recherche. Ces lignes directrices sont chapeautées par un centre de la sécurité de la recherche, et bénéficient d'un investissement de 12,6 millions de dollars. L'objectif de ces lignes directrices est d'intégrer les considérations de sécurité nationale dans l'évaluation globale des partenariats de recherche. Entre autres éléments, les lignes directrices exigent que les chercheurs transmettent des renseignements clairs sur les partenaires avec lesquels ils ont l'intention de s'associer, sur l'objet de leurs recherches, et sur les mesures supplémentaires de diligence raisonnable qui seront prises pour atténuer les risques si leur sujet de recherche concerne un domaine sensible. Outre les lignes directrices, les partenariats de recherche sont soumis à un examen d'admissibilité rigoureux et doivent se conformer aux autorités existantes qui réglementent les exportations et les importations.
Quatrièmement, dans le but de protéger notre économie, le gouvernement examine les investissements étrangers en vertu de la Loi sur Investissement Canada, laquelle lui permet de rejeter des transactions susceptibles de compromettre notre sécurité nationale. Par ailleurs, le gouvernement, comme vous le savez, propose d'accroître de nouveau les pouvoirs conférés par cette loi.
Le gouvernement a également mis en place une nouvelle Stratégie canadienne sur les minéraux critiques, qui va nous permettre d'exploiter nos ressources nationales de manière durable, en partenariat avec les peuples autochtones.
Cinquièmement, enfin, nous avons également modernisé notre politique étrangère grâce à la Stratégie du Canada pour l'Indo-Pacifique. Cette stratégie, soutenue par un investissement de plus de 100 millions de dollars dans les domaines adéquats, prévoit le renforcement de nos capacités de renseignement dans la région, dans le but d'améliorer notre cyberdiplomatie et d'approfondir nos partenariats avec nos alliés. Dans le cadre de la Stratégie du Canada pour l'Indo-Pacifique, nous tenons à réaffirmer notre engagement à rivaliser, à coopérer et à coexister avec la Chine. En clair, nous ne nous excuserons jamais de défendre nos intérêts nationaux.
Pris ensemble, ces cinq domaines d'intervention donnent au Comité une vue d'ensemble sur l'approche du gouvernement en matière de gestion des menaces, notamment l'ingérence étrangère.
[Français]
Pour terminer, j'aimerais dire quelques mots sur les activités des gouvernements étrangers au Canada. En vertu du droit international, tous les représentants des gouvernements étrangers ont le devoir de respecter nos lois et règlements. Tout État étranger qui menacerait, harcèlerait ou intimiderait des Canadiens et des résidents canadiens violerait ces accords internationaux.
Je vous assure que la GRC travaille avec la communauté du renseignement et ses partenaires d'application de la loi pour s'attaquer à ces soi-disant postes de police qui semblent être en activité dans la région du Grand Toronto. Son objectif est de s'assurer que le public se sent en sécurité dans ses propres communautés. Il s'agit d'instaurer la confiance et, dans la mesure du possible, de faire respecter la loi ou de perturber les activités.
[Traduction]
Le seul moyen de stimuler la confiance, monsieur le président, est d'être transparent. Voilà pourquoi nous avons développé toute une batterie d'outils liés à la sécurité nationale. En parallèle, nous avons relevé la barre en matière de transparence grâce à la création de l'OSSNR et du CPSNR, et par la présentation plus fréquente de rapports publics émis par nos agences de renseignement. Dans le même ordre d'idées, nous avons indiqué que nous allons étudier les moyens d'améliorer encore la transparence dans le cadre de notre lutte contre l'ingérence étrangère. Aucune option n'est écartée, y compris la possibilité d'exiger que les agents étrangers soient correctement enregistrés.
Toutefois, nous devons permettre à l'ensemble des Canadiens de participer à cette discussion. Nous sommes en train de réformer nos institutions afin de les rendre plus diversifiés, plus inclusives, et exemptes de discrimination, de préjugés et de racisme systémiques.
[Français]
Ces efforts ainsi que d'autres en cours visent à reconnaître que la menace d'ingérence étrangère n'est pas statique et que nous devons continuer à développer les outils dont dispose le Canada pour faire face à cette menace en constante évolution.
[Traduction]
Chers collègues, pour terminer, je tiens à souligner que nos agences de sécurité nationale et de renseignement continuent d'enquêter et de faire rapport sur les postes de police chinois établis au Canada. On ne peut tolérer aucune forme d'intimidation, de harcèlement ou de ciblage des citoyens canadiens.
Le Canada continuera de défendre ses intérêts et ses valeurs, tant à l'intérieur de nos frontières qu'à l'étranger.
Je vous remercie.
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La réponse courte est qu'il y a une intention d'entamer des consultations sur la possibilité de créer une telle initiative.
Avant de le faire, nous devons nous assurer que les Canadiens comprennent pourquoi nous cherchons à moderniser nos outils de protection contre l'ingérence étrangère. Cela signifie qu'il faut les faire participer, susciter la confiance et nous assurer que les mécanismes de reddition de comptes appropiés sont en place, afin de relever la barre en matière de transparence.
Le fait est que, même si le paysage géopolitique devient plus complexe, nous réformons en même temps nos institutions au sein de l'appareil de sécurité publique et nationale afin qu'elles soient plus diverses, plus inclusives et plus sensibles à la culture, comme vous venez de le demander. Vous commencez à entendre le reflet de ces valeurs dans les diverses initiatives qui sont mises en oeuvre pour soutenir la diaspora, qui est souvent la cible d'ingérences étrangères.
Nous devons garder toutes les options ouvertes, y compris la création potentielle d'un registre d'agents étrangers.
Alors que nous nous engageons dans cette voie, je dirais deux choses pour conclure. D'abord, nous devons maximiser nos outils actuels, ce que nous faisons chaque jour avec vigilance. Ensuite, au fur et à mesure que nous élargissons notre trousse d'outils, nous devons nous assurer d'y associer les Canadiens d'une manière transparente.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Trudel, merci de votre question. Je vais vous donner une réponse en deux temps.
Premièrement, je peux parler de la sécurité nationale et du renseignement de sécurité. Ensuite, je vais peut-être me tourner vers ma collègue la commissaire de la GRC pour qu'elle parler de l'enquête.
Ce n'est malheureusement pas une surprise de voir ce type de situations se produire. Nous avons clairement dit aux Canadiens dans le passé et au cours des dernières années que l'espionnage économique, entre autres types de menaces, était un des éléments qui nous préoccupent le plus. Il en va de la souveraineté et de la prospérité futures de tous les Canadiens et de tous les Québécois. Si nos secrets sont volés, cela ne nous permettra pas d'être prospères.
Ce qui est également important, c'est de regarder ce qui permet au Canada d'être compétitif et prospère dans le domaine des technologies de pointe. Vous avez parlé des technologies vertes. On parle aussi de biotechnologies et d'intelligence artificielle. Beaucoup d'endroits au Canada et au Québec se sont dotés de centres d'expertise. Ce sont malheureusement des cibles.
Par conséquent, nous travaillons en étroite collaboration avec d'autres partenaires en sécurité nationale pour essayer de sensibiliser les gens et de les informer, dans les limites de ce que nous pouvons rendre public, pour augmenter leur résilience. Nous avons des exemples très concrets où, à la suite de différentes interventions de notre part, des entreprises nous ont dit qu'elles avaient réussi à mettre un terme à certaines activités d'ingérence et d'espionnage.
Pour ce qui est de cette enquête en particulier, je peux peut-être demander à la commissaire d'en parler.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup tous les témoins de leur présence.
Monsieur le ministre, merci d'avoir pris le temps de venir comparaître. Je sais que vous recevez de nombreuses invitations. Nous nous réjouissons que vous ayez pu inclure la réunion de notre comité dans votre horaire.
Tout comme mon collègue, M. Trudel, les Canadiens et tous les gens ici présents sont préoccupés par leur sécurité. Les Canadiens sont bien sûr très inquiets d'entendre, par exemple, que nos élections et nos établissements universitaires sont menacés, qu'il y a des postes de police dans nos collectivités ou que des ballons-espions survolent le pays. C'est très inquiétant pour tous les Canadiens et certainement pour tout le monde ici.
J'ai une série de questions à vous poser au sujet des postes de police.
Comment avez-vous communiqué avec les collectivités touchées? À quoi ressemblent ces échanges? Comment avez-vous fait en sorte que ces collectivités soient entendues? Des gens de ma circonscription et des groupes de partout au pays ont dit qu'ils ne se sentent pas protégés. Ils ne se sentent pas écoutés. Ils n'ont pas l'impression que le gouvernement les écoute et fait quelque chose. On leur dit de communiquer avec la GRC, puis la GRC leur dit de s'adresser à leur service de police. La police leur dit de contacter le gouvernement. Ils n'ont pas l'impression que le gouvernement s'occupe d'eux.
Monsieur le ministre, que dois‑je répondre? Vous dites à d'autres membres du Comité que ces groupes sont protégés, mais ils ont l'impression que ce n'est pas le cas.
Monsieur le ministre, dans une note d'information de février 2021, le SCRS a indiqué que l'ingérence étrangère constituait une menace sérieuse pour la sécurité du Canada. Il y a souligné également que les activités d'influence de la République populaire de Chine dans les médias au Canada sont devenues normales dans les médias de langue chinoise au Canada.
Il y a un an, le gouvernement a pris le décret 2022‑0183 pour demander au CRTC d'examiner la licence de radiodiffusion de Russia Today, ce qui a conduit à la révocation de cette licence plusieurs semaines plus tard. Cependant, CGTN, le radiodiffuseur autoritaire et contrôlé par l'État chinois, est toujours en activité ici. Il fait de la désinformation et de la propagande et viole les lois internationales sur les droits de la personne.
En fait, il y a environ un an, le Financial Times rapportait que le radiodiffuseur diffusait les aveux avant procès de, par exemple, Simon Cheng, un ancien employé du consulat du Royaume-Uni à Hong Kong. On l'a torturé pour obtenir ces aveux, qui ont été diffusés sur CGTN. Par conséquent, Ofcom, l'équivalent britannique du CRTC, a révoqué la licence du radiodiffuseur et l'a retiré des ondes.
Pourquoi votre gouvernement n'a‑t‑il pas fait de même, étant donné les avis exprimés par le SCRS et la communauté du renseignement du Groupe des cinq et ce qui se passe au Canada ?
Pourquoi votre gouvernement n'a‑t‑il pas pris, en vertu de l'article 7 de la Loi sur la radiodiffusion, un décret d'application générale pour mettre en place une nouvelle politique visant à retirer de nos ondes les radiodiffuseurs autoritaires et contrôlés par l'État?
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Je vous remercie de cette réponse, mais je signale que c'est un décret de ce gouvernement — le décret 2022‑0183 — qui a mené à la révocation de la licence de Russia Today. J'espère qu'il ne faudra pas qu'il y ait une guerre pour que le gouvernement change sa position sur les radiodiffuseurs autoritaires sous contrôle étatique qui font de la désinformation sur des ondes publiques et qui violent le droit international en matière de droits de la personne.
J'ai une autre question à poser, rapidement.
Il semblerait que, l'automne dernier, le SCRS a dit à votre gouvernement que le consulat de Chine à Toronto avait ciblé 11 candidats aux élections de 2019. Le SCRS a également indiqué, dans ses notes d'information qui ont été remises au Comité... Comme je l'ai déjà mentionné, l'ingérence étrangère constitue une menace sérieuse pour la sécurité du Canada. Dans ses notes, le SCRS a indiqué au gouvernement que le Canada peut recourir à une politique visant la pleine transparence pour que les cas d'ingérence étrangère soient rendus publics. Cependant, à bien des égards, votre gouvernement n'a pas suivi ce conseil.
Nous avons demandé qui étaient les 11 candidats qui ont été ciblés lors des élections de 2019. Nous avons demandé de l'information précise relative au renseignement, avant et pendant les élections. Tout ce que nous obtenons, c'est de l'information générale. Notre équipe de campagne nationale des dernières élections a demandé les noms des candidats qui avaient été ciblés. On ne nous les a pas fournis, et notre parti politique n'a donc pas pu agir pour mettre fin à l'ingérence étrangère et veiller à ce que ses candidats ne soient pas visés.
Ce n'est pas le cas dans d'autres pays. Par exemple, l'été dernier, il y a un an, le MI5 a rendu publique la présence d'une agente de la République populaire de Chine au Parlement du Royaume-Uni, soit Christine Lee. Elle avait ciblé des députés et leur avait versé des centaines de milliers de dollars en dons. Les noms de personnes ont été rendus publics par le président de la Chambre, à la demande du MI5.
Pourquoi votre gouvernement ne fait‑il pas la même chose pour les parlementaires ici, afin que nous puissions nous protéger contre les actes d'ingérence étrangère qui ne peuvent pas faire l'objet de poursuites?
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Monsieur Chong, la protection de l'intégrité de nos élections est une question qui me préoccupe autant que vous. Je vous fournirai deux réponses.
Premièrement, concernant la question que vous soulevez au sujet de la menace que représente le financement étranger, comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, le gouvernement a relevé la barre lorsqu'il s'agit de fournir des outils législatifs pour sévir contre le financement étranger qui risquerait de compromettre des candidats et des campagnes dans le cadre d'élections fédérales. J'ose espérer que cette mesure qui vise à protéger l'intégrité de nos élections vous réjouit.
Deuxièmement, et je comprends votre point de vue sur la transparence, je tiens à dire que c'est précisément la raison pour laquelle nous avons créé le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections. Le groupe de travail est composé du greffier et des sous-ministres d'un certain nombre de portefeuilles qui ont un rôle à jouer dans la protection de nos institutions démocratiques. Dans le protocole relatif aux incidents majeurs pendant les élections, il y a des seuils. Ces seuils sont évalués non pas par vous et moi, qui sommes des représentants élus, ce qui, à mon avis, serait tout à fait inapproprié puisque nous avons un intérêt direct dans le résultat des élections, mais plutôt par des professionnels de la fonction publique non élus, indépendants et non partisans. Ce sont eux qui déterminent ce qui peut et doit être divulgué concernant tout événement lié à l'ingérence étrangère, et nous faisons confiance à ces fonctionnaires pour prendre ces décisions.
Cela ne signifie pas, ajouterais‑je, que les élus du gouvernement ne sont pas responsables. Nous sommes responsables des politiques que nous mettons en place. Voilà précisément pourquoi la discussion que nous avons aujourd'hui au sein de ce comité est importante. Il ne s'agit pas d'une question partisane. Nous ne voulons pas emprunter la même voie que celle que nous avons observée dans certaines autres démocraties, où les gens commencent à remettre en question les élections. Nous voulons avoir pleinement confiance en nos élections, et je pense que nous sommes tous d'accord sur ce point.
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Oui, je vais partager mon temps avec ma collègue, Mme Dancho.
Monsieur le ministre, pour revenir sur le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections qui a été créé, son but premier est la coordination intergouvernementale. Il ne s'agit pas d'un organe décisionnel. Chaque partenaire au sein du Groupe de travail doit prendre ses propres décisions et assurer ses propres communications, qui sont coordonnées dans le cadre du processus normal d'un bref au Bureau du Conseil privé.
Le problème avec ce groupe de travail, c'est qu'il n'avise pas les acteurs politiques, les partis et candidats, s'il y a une menace pendant les élections. Manifestement, le Groupe de travail surveillait toute ingérence visant le député Kenny Chiu. Il a insisté sur ce point dans ses documents rendus publics des mois plus tard, mais le député Kenny Chui, le candidat Kenny Chiu, n'avait aucune idée de ce qui se passait.
Là encore, il y a un manque de transparence dans la transmission de renseignements aux partis politiques, aux candidats et aux députés sur les menaces à leur endroit. Nous avons droit à des séances d'information générales, où on ne nous avise jamais si nous sommes la cible. Je pourrais très bien être une cible. Je veux savoir si je suis ciblé. C'est quelque chose que je veux savoir.
C'est le genre de renseignements que le gouvernement ne fournit pas aux partis, aux candidats et aux députés, contrairement aux autres démocraties qui en font une pratique exemplaire. Comme l'a souligné le SCIS, la lumière du jour et la transparence sont des outils que le gouvernement du Canada peut employer pour contrecarrer l'ingérence. Une bonne partie de tout ce qui se passe ne peut pas faire l'objet de poursuites. Donc, le seul outil dont nous disposons est la transparence. Si nous avançons à l'aveugle et ne savons pas qui sont les 11 candidats en question, si nous ne savons pas qui est visé, nous ne pourrons pas être aussi efficaces que possible ni autant que certains de nos alliés.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les honorables députés de me donner l'occasion de parler aujourd'hui du problème que pose l'ingérence étrangère et des allégations concernant les postes de police soupçonnés d'être affiliés à la République populaire de Chine, qui mèneraient des activités au Canada.
Je m'appelle Brigitte Gauvin, et je suis la directrice générale par intérim du Programme de sécurité nationale de la Police fédérale. Je suis accompagnée de Matt Peggs, officier responsable des enquêtes criminelles de la Division O, soit la division de la GRC responsable de l'application des lois fédérales en Ontario.
L'étude de cet enjeu est importante du point de vue de l'application de la loi, et la GRC prend cette question très au sérieux. Bien que je ne puisse pas révéler de renseignements précis sur des enquêtes en cours, je tiens à assurer aux membres du Comité que la GRC est en mesure de tirer parti d'infractions criminelles pour enquêter sur des menaces possibles à la sécurité publique mettant en cause un acteur étatique. Ces infractions comprennent notamment l'intimidation, le harcèlement criminel, les menaces et les menaces de violence ou les violences particulières pour le compte d'une entité étrangère telles que définies dans la Loi sur la protection de l'information.
Aujourd'hui, je vais tâcher d'expliquer trois préoccupations particulières de la GRC liées à l'application de la loi.
Premièrement, pourquoi l'ingérence étrangère, y compris les activités prétendument liées aux postes de police, représente‑t‑elle un problème? La menace que constitue l'ingérence d'acteurs étrangers comporte plusieurs facettes. Elle va de la pression exercée sur des étudiants pour qu'ils appuient des activités favorables à un pays étranger au vol de propriété intellectuelle, en passant par la coercition.
Il existe un lien entre toutes ces activités d'ingérence étrangère. Il s'agit d'activités de nature clandestine ou trompeuse qui pourraient comporter des menaces envers une personne et qui sont préjudiciables aux intérêts du Canada.
Il en va de même pour le harcèlement et l'intimidation de communautés canadiennes appuyés par un État, puisque des acteurs étrangers cherchent à procurer des avantages à un autre pays en limitant la diffusion de certains dialogues et messages au Canada. Il existe une préoccupation collective à ce sujet, exprimée tant au niveau national qu'international. C'est parce que ces prétendus postes de police n'existeraient pas seulement dans la région du Grand Toronto, mais bien dans le monde entier.
Cette situation est préoccupante pour plusieurs raisons. Ces postes de police présumés pourraient contribuer au retour involontaire de personnes en Chine. Des familles dont des membres vivent en Chine et au Canada pourraient également devenir la cible de harcèlement ou d'intimidation ou subir d'autres conséquences négatives. Si les activités de ces postes de police présumés correspondent à celles rapportées par Safeguard Defenders et les médias, ces postes de police mènent alors leurs activités en dehors des mécanismes juridiques canadiens existants.
Deuxièmement, comment la GRC aborde‑t‑elle cet enjeu et, de façon plus générale, comment lutte‑t‑elle contre l'ingérence étrangère? La GRC dispose d'une équipe spécialisée vouée à la lutte contre l'ingérence étrangère. Son objectif ultime est de veiller à ce que les membres du public se sentent en sécurité dans leur propre communauté, en renforçant la confiance, dans la mesure du possible, et en faisant respecter les lois pertinentes ou en perturbant les activités.
Nous travaillons directement avec la communauté, nos partenaires de l'application de la loi, de la sécurité et du renseignement au pays et d'autres partenaires du gouvernement du Canada sur cette question. Nos efforts incluent les enquêtes, la prévention et la perturbation de l'ingérence étrangère, et nous utilisons les connaissances acquises dans le cadre de nos fonctions de renseignement stratégique et criminel, ainsi que nos collaborations avec des partenaires pour nous adapter aux méthodes criminelles utilisées par les acteurs étrangers.
Comme je l'ai mentionné, je ne peux pas fournir de renseignements précis sur les enquêtes de la GRC parce qu'elles sont toujours en cours et parce que les enquêtes sur l'ingérence étrangère comptent parmi les enquêtes de sécurité nationale les plus délicates que la GRC mène actuellement.
J'aimerais enfin expliquer comment le public canadien peut aider à contrer cette activité. Nous encourageons le public à signaler les cas de harcèlement et d'intimidation appuyés par un État étranger, ce qui pourrait nous aider à mener nos enquêtes et aider la GRC à brosser un tableau plus complet de l'environnement de la menace criminelle. Le service de police local compétent est généralement le premier à être informé en cas de problème lié à l'ingérence étrangère. La GRC travaille en étroite collaboration avec ses partenaires de l'application de la loi, y compris les services de police compétents, pour réagir aux menaces soutenues par un État étranger.
Si une personne est confrontée à un danger immédiat, elle doit composer le 911 ou communiquer avec le service de police local. Si personne ne court de danger immédiat, on pourra communiquer avec le Réseau info-sécurité nationale de la GRC par téléphone ou par courriel.
Pour conclure, je tiens à répéter que la GRC prend cet enjeu très au sérieux. Il s'agit d'un problème de portée nationale et mondiale. Les allégations concernant les postes de police présumés inquiètent les Canadiens, et à juste titre. Nous partageons ces préoccupations.
Je vous remercie de m'avoir accordé du temps aujourd'hui.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonsoir.
Je me nomme Adam Fisher et je suis le directeur général de l'Évaluation du renseignement au sein du Service canadien du renseignement de sécurité. J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir invité à venir vous rencontrer aujourd'hui. Il me fera plaisir de répondre à toutes vos questions liées à cette étude.
[Traduction]
Comme il a été mentionné, le cas que ce comité étudie fait l'objet d'une enquête approfondie de la part de la GRC. Vous comprendrez sans doute que je ne peux pas fournir de renseignements précis, afin de protéger nos sources et nos méthodes, mais le SCRS s'efforce de soutenir ses partenaires du mieux qu'il peut dans toutes les enquêtes sur l'ingérence étrangère.
Le SCRS enquête et conseille le gouvernement sur les menaces à la sécurité du Canada, comme l'ingérence étrangère. Nous prenons au sérieux toute allégation d'ingérence étrangère et nous menons actuellement plusieurs enquêtes de longue date et nouvelles enquêtes sur l'ingérence étrangère dans tout le Canada. Comme toujours, il est essentiel que le SCRS et la GRC travaillent en étroite collaboration sur les questions de sécurité nationale.
L'ingérence étrangère est une activité menée de façon clandestine et malveillante par un État étranger dans le but de servir ses intérêts au détriment de ceux du Canada. Ces activités menacent les institutions démocratiques, les processus politiques, l'économie, les communautés et la liberté de presse.
L'ingérence étrangère peut prendre diverses formes. Certains auteurs de menace cultivent des relations sur une longue période avec des personnes qu'ils considèrent comme ayant un accès et de l'influence dans le but de leur soutirer des renseignements sensibles. D'autres ont recours à la menace ou à la contrainte pour obliger leurs cibles à agir d'une façon donnée. Il s'agit là d'une activité courante qui a des répercussions sur diverses communautés au Canada. Le financement illicite, les cyberattaques, l'espionnage et les campagnes de désinformation font aussi partie des techniques employées.
Plusieurs États étrangers se livrent à ce type d'activités. Par exemple, les sources ouvertes ont parlé à maintes reprises des efforts déployés par la Chine pour menacer et intimider des personnes à l'étranger. Je tiens à préciser que la menace n'émane pas de la population chinoise, mais bien du Parti communiste chinois et du gouvernement de la Chine. Leurs activités peuvent susciter la peur et faire taire les dissidents au sein des communautés chinoises au Canada et ailleurs dans le monde.
[Français]
La lutte contre l'ingérence étrangère nécessite une démarche pancanadienne. Souvent, les personnes menacées n'ont pas les moyens de se défendre ou ignorent qu'elles peuvent dénoncer ces activités aux autorités canadiennes, telles que le SCRS.
[Traduction]
La lutte contre l'ingérence étrangère nécessite aussi une bonne compréhension de la menace. Le SCRS donne la priorité à la sensibilisation et à la mobilisation des communautés partout au Canada, afin de faire mieux connaître la menace et de renforcer la résilience. L'an dernier, il a publié l'an dernier un document intitulé L'ingérence étrangère et vous, dans lequel il décrit, en plusieurs langues, des façons concrètes de se défendre contre l'ingérence étrangère. Son objectif est de renforcer la résilience individuelle et de protéger la population canadienne et ses intérêts.
Les Canadiens et les Canadiennes peuvent avoir la certitude que le SCRS et le gouvernement du Canada prennent ces menaces très au sérieux. La GRC et le SCRS disposent de lignes téléphoniques et de mécanismes de signalement en ligne qui font l'objet d'une surveillance 24 heures sur 24, sept jours sur sept, destinés à quiconque souhaite signaler une menace pour la sécurité nationale, y compris en matière d'ingérence étrangère.
Bref, l'ingérence étrangère est un problème croissant pour l'ensemble de la société canadienne. Je tiens cependant à assurer au Comité que le SCRS demeure inébranlable dans son engagement à protéger la population canadienne.
Sur ce, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. Merci.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'avoir accepté de comparaître dans le cadre de la réunion d'aujourd'hui.
Ma question porte à la fois sur la protection de la sécurité nationale et sur la question de savoir si elle est menacée par l'ingérence étrangère, et sur la protection de notre propriété intellectuelle qui est menacée par l'espionnage.
À ma connaissance, au cours des dernières années, une seule personne a fait l'objet d'une enquête et a été accusée de l'une ou l'autre de ces deux choses. Il s'agit d'un employé d'Hydro-Québec qui a été accusé, il y a peu de temps, d'avoir prétendument volé des secrets, c'est‑à‑dire de la propriété intellectuelle, pour les transférer à la République populaire de Chine.
Je ne veux pas parler d'une enquête en cours. Je tiens seulement à souligner que c'est le seul cas que je connaisse qui a mené à l'arrestation d'une personne, au dépôt d'accusations et à des poursuites judiciaires. Je ne suis au courant d'aucune autre affaire de ce genre, et pourtant je lis chaque jour et chaque mois dans les journaux que nos principaux alliés du renseignement du Groupe des cinq appréhendent des agents de la Chine sur leur territoire et les poursuivent en justice. Le 18 mai de l'an dernier, aux États-Unis, quatre agents des services de renseignement de la République populaire de Chine ont été accusés d'avoir espionné des dissidents importants, des activistes de Hong Kong et des militants prodémocratie. Le 24 octobre, les États-Unis ont porté des accusations contre 13 personnes dans trois affaires distinctes d'ingérence étrangère et d'espionnage. Le 20 octobre, six personnes ont été accusées d'être des agents illégaux de la République populaire de Chine aux États-Unis. Le 17 novembre, un tribunal américain a condamné un espion de la République populaire de Chine à 20 ans de prison pour avoir volé des secrets commerciaux.
Au Royaume-Uni, il y a un an, le MI5 a dénoncé publiquement Christine Lee en révélant qu'elle était une agente de la République populaire de Chine au Parlement du Royaume-Uni. Il y a un peu plus de deux ans, le Royaume-Uni a expulsé trois personnes qui se faisaient passer pour des journalistes, mais qui étaient en réalité des espions et des agents de la République populaire de Chine.
Pourtant, au Canada, je n'ai rien vu d'autre que cette affaire dont j'ai entendu parler il y a trois jours.
Vous pouvez peut-être nous dire si je me trompe et si d'autres affaires ont donné lieu à des poursuites judiciaires.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les témoins, je suis certain que vous êtes des agents très compétents. Je ne remets pas en question votre compétence. Cependant, la Chine fait souvent les manchettes, dernièrement. J'en ai parlé, tantôt. Il y a eu l'histoire du ballon, on parle des postes de police chinois, d'ingérence dans les élections, entre autres. C'est quand même majeur. On en parle à la période des questions orales, où les ministres se font souvent relancer là-dessus. On parle aussi d'espionnage chez Hydro‑Québec. Vous en avez parlé tantôt. Tout cela a fait les manchettes.
En tant que policiers concernés par ce genre d'histoires, lorsque celles-ci font les manchettes, cela doit toucher un peu votre orgueil. Vous devez avoir envie d'agir et d'empêcher ces événements de se produire. C'est quasiment comme si des trafiquants de drogue s'amusaient à faire des transactions devant des postes de police municipaux ou comme si la Chine narguait vos services au grand jour.
De toute évidence, il y a quelque chose que le Canada ne fait pas. Il y a des outils que nous n'avons pas pour faire face à ces problèmes, puisque cela fait les manchettes jour après jour et qu'on ne sait pas quand cela va arrêter. Étant donné ces problèmes, j'imagine que vous avez des rencontres fréquentes avec des hommes politiques et des ministres et que vous faites des démarches.
Vous devez savoir, vous qui êtes sur le terrain, quels sont les outils qui vous manquent pour empêcher que des ballons et des postes de police chinois fassent les manchettes et que des espions soient découverts jour après jour dans les infrastructures sensibles du Canada. Vous devez savoir ce qu'il nous manque, ce que nous ne faisons pas ici et que d'autres pays font peut-être.
Quels sont ces outils? Que dites-vous aux politiciens quand vous les rencontrez? Que dites-vous au , qui était ici plus tôt?
On a parlé tantôt de la création d'un registre des agents étrangers. On nous a dit que cela pourrait être un outil utile. Quels sont les autres outils dont vous auriez besoin pour empêcher la Chine de continuer de faire les manchettes et de narguer nos services de renseignement?
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Merci, monsieur le président.
Revenons à la question de l’ingérence étrangère. On a mentionné trois affaires: celle de 2019, à l'Agence spatiale canadienne, avec un employé agissant pour une compagnie aérospatiale chinoise; également en 2019, celle d'un employé d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui agissait pour une université chinoise et un fabricant italien de pâtes alimentaires; récemment, une affaire d'espionnage par un employé d'Hydro-Québec.
Il me semble que, toutes les trois, sont des exemples d'espionnage et non d'ingérence étrangère sous la forme de postes illégaux de police ou d'intimidation de citoyens, de groupes de promotion de la démocratie, de militants pour les droits de la personne, ce qui implique notamment la prise pour cibles d'institutions démocratiques, de partis politiques ou de candidats.
L'irritation que beaucoup de députés et moi‑même ressentons découle d'abord du fait que nous n'avons entendu parler d'aucune enquête criminelle ayant conduit à des poursuites judiciaires pour intimidation de citoyens et prise pour cibles de partis politiques ou de candidats aux élections. En ce qui concerne les postes illégaux de police, nous n'avons entendu parler d'aucune enquête ayant conduit à des accusations. Pourtant, nous en entendons parler chez les alliés du Groupe des cinq.
Ensuite, pour les actions dont la gravité est inférieure à celle de la criminalité, on ne dit même pas qui est ciblé. Le mémoire du fait allusion à 11 candidats aux élections de 2019 qui auraient été ciblés par la République populaire de Chine, mais personne ne dit de qui il s'agit. On ne nous informe même pas pour nous aider à nous outiller pour nous défendre nous ou nos institutions. Pourtant, les alliés du Groupe des cinq le font en plein jour et en toute transparence.
Ensuite, l'année dernière, nous avons lu quelque chose sur l'absence de collaboration entre deux organismes. Ils ne mettent pas en commun l'information. Le Service canadien du renseignement de sécurité qui mène une enquête active sur ce qui semble une menace contre notre sécurité nationale, appelle la GRC et lui demande d'arrêter tel ou tels individus. La GRC refuse. Ce faisceau d'indices ne vous fait‑il pas comprendre nos craintes de ce qui ressemble à l'incapacité institutionnalisée de défendre notre sécurité nationale et notre propriété intellectuelle?
Question: cette rivalité entre organismes, entre le SCRS, soulignée dans un rapport interne datant d'avril dernier, a‑t‑elle été résolue, de même que le non‑partage de l'information au sein de l'administration fédérale?