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Monsieur le président, mesdames et messieurs du comité, bonjour.
[Traduction]
Je vous remercie d'avoir invité le Commissariat à venir parler de l'incidence sur le droit à la vie privée des caméras de surveillance lorsqu'elles sont utilisées dans des applications commerciales comme Google Street View et Canpages, ainsi que d'autres questions concernant la surveillance vidéo et les nouvelles technologies.
Je suis accompagnée aujourd'hui de Carman Baggaley, notre conseiller principal en politiques stratégiques, et de Daniel Caron, notre jurisconseil. Malheureusement, la commissaire Stoddart souffre de laryngite et ne peut pas comparaître aujourd'hui. Je crois que c'est une première pour elle de ne pas pouvoir comparaître.
Nous sommes très sensibles à l'intérêt du comité envers cette question. Nous avons d'ailleurs suivi avec intérêt l'audience du 17 juin 2009 à laquelle participaient des représentants de Google et de Canpages. Nous saisissons donc avec plaisir l'occasion que vous nous offrez de parler de cette nouveauté technologique intéressante.
La Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, LPRPDE, est une loi neutre sur le plan technologique. Elle n'entrave pas l'innovation. Nous nous sommes efforcés d'assurer que la LPRPDE soit un outil dynamique, moderne et efficace pour rehausser le droit à la vie privée des citoyens et nous croyons qu'elle permet de réagir à la collecte et à l'utilisation commerciales de renseignements personnels par la technologie de l'imagerie au niveau de la rue.
Nous sommes parfaitement conscients que beaucoup des services utilisant l'imagerie au niveau de la rue sont très populaires auprès du public. Nos préoccupations concernant l'utilisation commerciale de cette technologie émanent au fond de notre souci d'assurer la protection de la vie privée des citoyens en veillant à ce que la technologie respecte les exigences de la LPRPDE en matière de connaissance, de consentement, de mesures de sauvegarde et de conservation limitée des renseignements.
Permettez-moi de rappeler brièvement le rôle du Commissariat dans ce domaine.
Depuis quelques années, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada suit attentivement le développement et l'utilisation en ligne de la technologie d'imagerie au niveau de la rue par des sociétés oeuvrant au Canada et ailleurs. Comme je l'ai dit, cette technologie suscite certaines préoccupations concernant la vie privée et nous avons voulu en savoir plus sur sa nature et sur son utilisation au Canada.
Les applications d'imagerie au niveau de la rue utilisent diverses méthodes pour photographier le paysage urbain. Généralement, une caméra est installée sur un véhicule qui parcourt les rues et les images sont ensuite diffusées par Internet grâce à l'application cartographique de la société. Bien que l'objectif de cette dernière soit de photographier le paysage urbain pour que les utilisateurs puissent effectuer une visite virtuelle à 360° de tel ou tel quartier, les opérateurs peuvent également saisir des images de personnes identifiables en les associant à des endroits particuliers.
Nous avons commencé à nous intéresser à cette question en 2007 quand nous avons appris que Google photographiait les rues de certaines villes canadiennes en vue du lancement de son application Street View au Canada, à l'insu et sans le consentement des personnes photographiées.
La commissaire a adressé une lettre publique à Google pour lui faire part de ses préoccupations au sujet de l'application Street View. Elle a profité de cette occasion pour souligner que les entreprises comme Google qui souhaitent utiliser cette technologie à des fins commerciales au Canada sont tenues de respecter les dispositions de la législation sur la protection des renseignements personnels s'appliquant au secteur privé et qu'elles devront mettre en place des mesures de protection plus efficaces à ce sujet.
Permettez-moi d'abord de corriger une idée fausse qu'entretiennent communément certaines sociétés sur le fait de photographier des personnes dans des lieux publics. Si une organisation photographie une personne dans un lieu public à des fins commerciales — par exemple si une société photographie le paysage urbain et enregistre ainsi une personne pouvant être identifiée puis diffuse cette image sur Internet pour une raison d'ordre commercial —, la législation canadienne sur la protection des renseignements personnels s'applique quand même. L'une des principales mesures de protection repose sur l'obligation de dire aux personnes qu'elles sont photographiées pour des raisons commerciales et comment leur image sera utilisée. En outre, on est tenu d'obtenir leur consentement. Bien que certaines exceptions soient prévues en ce qui concerne l'obtention du consentement, elle sont limitées et précises et portent sur les activités journalistiques, artistiques et littéraires.
Street View a maintenant été lancée au Canada — le 7 octobre — ainsi que dans d'autres pays. En ce qui concerne le service de Canpages, Vues de la rue, il avait été lancé plus tôt cette année dans certaines villes de la Colombie-Britannique. Canpages souhaite étendre son service à d'autres villes canadiennes et a récemment annoncé qu'elle photographie des rues à Montréal et à Toronto.
Le Commissariat et ses homologues provinciaux qui ont des lois sensiblement identiques sur la protection des renseignements personnels, en Alberta, en Colombie-Britannique et au Québec, ont pris contact avec les deux sociétés au sujet de leurs applications d'imagerie et de cartographie au niveau de la rue. Au début de l'année, nous avons tous publié une fiche d'information destinée à l'industrie et au grand public — et que vous avez reçue, je crois — sur les mesures que devraient prendre les sociétés utilisant cette technologie pour se conformer aux exigences des lois canadiennes sur la protection des renseignements personnels.
Cette fiche, intitulée « Vous êtes photographiés », explique en détail les mesures de protection pertinentes pour l'imagerie au niveau de la rue. Il s'agit notamment pour les sociétés concernées de faire savoir aux citoyens qu'elles vont photographier dans la rue, en indiquant quand, où et pourquoi, et comment ils peuvent demander que leurs images ne soient pas diffusées en ligne. Par exemple, les véhicules utilisés pourraient porter des indications visibles — et si vous avez vu le véhicule de Google, vous avez vu qu'il est clairement identifié —, et les sociétés pourraient diffuser des messages dans les médias pour indiquer quelles rues seront filmées, à quel moment et à quelles fins, et comment les gens peuvent obtenir des informations complémentaires.
Nous croyons aussi que les visages et les plaques d'immatriculation devraient être brouillés de façon à ce que les personnes ne puissent pas être identifiées. Les sociétés devraient se doter de moyens efficaces et rapides de retirer les images des citoyens l'ayant demandé. Les images non brouillées conservées à des fins commerciales légitimes devraient être protégées au moyen de mesures de sécurité appropriées et ne pas être conservées indéfiniment.
Nous avons constaté dans l'utilisation de cette technologie des changements assurant un plus grand respect de la vie privée et avons joué un rôle important pour favoriser ces changements, non seulement au Canada, mais aussi dans le monde entier. Les images des personnes et des plaques d'immatriculation sont brouillées, mais le procédé de brouillage doit continuer de s'améliorer. Des mesures ont été établies pour faire retirer les images. Google se penche attentivement sur la définition de périodes de conservation bien établies.
Les sociétés ont sollicité l'avis d'associations communautaires au sujet de la sensibilité éventuelle de certains lieux publics au fait d'être photographiés, comme des refuges pour sans-abri ou des cliniques.
L'information du public reste une préoccupation. Nous croyons que la nature des informations recueillies n'est pas particulièrement sensible et que les sociétés peuvent considérer qu'elles ont obtenu un consentement implicite si elles ont informé le public de manière raisonnable au sujet de leurs activités. Il importe que les gens sachent à l'avance quand elles ont l'intention de photographier dans leur quartier, afin de pouvoir s'organiser en conséquence.
Comme vous le savez, le but de la LPRPDE est d'assurer un équilibre entre le droit à la vie privée et le besoin de certains organismes de recueillir des informations personnelles divulguées par l'utilisateur. La LPRPDE s'applique à un large éventail d'entreprises, allant des banques aux sociétés de télécommunications, des concessionnaires automobiles à des épiceries de quartier. Elle s'applique également aux sites de réseaux sociaux.
La loi n'est pas normative, elle exige plutôt que les organismes se conforment à certaines pratiques ou à certains principes d'information équitables. Chacun se doit de trouver des méthodes pour respecter les principes eu égard à son modèle commercial et aux exigences de la réglementation, et pour assurer l'équilibre voulu entre ses besoins légitimes et le droit de l'individu à la protection de sa vie privée. Le Commissariat à la protection de la vie privée oeuvre avec divers organismes pour les aider à atteindre leurs objectifs commerciaux et à s'acquitter de leurs obligations au titre de la LPRPDE. Je serais très heureuse d'examiner cette question avec vous en prenant l'exemple de Facebook.
Comme je l'ai dit, la LPRPDE est une loi neutre sur le plan technologique, et une loi fondée sur des principes. Jusqu'à présent, elle s'est avérée assez souple pour guider l'utilisation commerciale de la nouvelle technologie. Comme vous le savez sans doute, nous avons publié cet été nos conclusions concernant deux plaintes importantes déposées en 2008 qui concernaient la technologie et les nouveaux modèles commerciaux. L'une d'entre elles concernait Facebook et l'autre, l'utilisation de l'inspection approfondie de paquets, ou IAP, par une société de télécommunications. Dans le cadre de la LPRPDE, nous sommes parvenus à trouver un équilibre raisonnable qui servira de feuille de route en cas d'autres plaintes concernant la protection de la vie privée. Ces résultats auront une incidence positive sur le droit à la vie privée des Canadiens et même, en fait, des 300 millions de personnes dans le monde qui utilisent Facebook, tout en tenant compte des intérêts des entreprises.
Ce que nous avons appris au cours des 18 derniers mois au sujet de l'imagerie au niveau de la rue, des sites de réseaux sociaux et de l'inspection approfondie de paquets nous sera très utile. Nous croyons que ces exemples ont permis de rehausser l'importance de la protection de la vie privée au sein des entreprises et aux yeux des Canadiens.
Comme nous l'indiquons dans le rapport annuel de 2008 sur la LPRPDE, la nouvelle technologie, malgré tous ses avantages indéniables, continue de poser des problèmes du point de vue de la vie privée. De fait, notre bureau entend examiner attentivement l'année prochaine les conséquences de trois technologies importantes sur la vie privée: la publicité comportementale, l'informatique en nuages et la technologie géostationnaire. Nous solliciterons l'opinion d'entreprises, d'universitaires, d'associations populaires et de citoyens canadiens pour mieux comprendre comment la LPRPDE s'applique à ces technologies et pratiques commerciales, et quelle est leur incidence sur la vie privée.
Comme nous avons été invités à comparaître, nous avons déposé devant le comité notre rapport annuel de 2008 sur la LPRPDE, et je crois comprendre que vous en avez tous reçu un exemplaire. Les principaux thèmes du rapport constituent en réalité un cri lancé à la jeunesse de notre pays pour lui rappeler qu'elle se doit de prendre le contrôle de son information personnelle sur Internet. Nous croyons que les jeunes sont particulièrement vulnérables, car ce sont de gros utilisateurs de la technologie et qu'ils n'en saisissent peut-être pas tous les risques. Par conséquent, comme nous l'indiquons dans le rapport, nous avons mis l'accent cette année sur l'éducation du public et, surtout, de ce groupe démographique.
Nous vous avons distribué des autocollants disant « Pensez avant de cliquer » que nous avons distribués durant la semaine de reprise des cours universitaires. Nous avons aussi beaucoup d'autres outils. Nous avons un blog pour les jeunes, ainsi que des vidéos produits par des jeunes, c'est-à-dire des messages de jeunes pour les jeunes. Vous pouvez trouver tous ces outils sur notre site Web : youthprivacy.ca. En 2008, les commissaires fédéral, provinciaux et territoriaux ont adopté une résolution sur la vie privée des jeunes afin d'informer les particuliers et les organismes sur ce qu'ils doivent faire.
Finalement, l'autre question importante de notre rapport annuel que je tiens à souligner est celle de la transgression de données. Comme vous le savez, c'est un problème mondial. Des gouvernements, des organismes et des commissaires à la protection des données examinent actuellement diverses solutions, notamment l'obligation d'informer les victimes d'une transgression de données.
Nous résumons dans notre rapport une étude que nous avons effectuée au sujet de notre régime actuel d'information volontaire. J'en parlerai volontiers en détail avec vous mais permettez-moi de dire qu'il est tout simplement impossible que nous recevions tous les rapports d'entreprises sur toutes les infractions importantes commises au Canada en matière de vie privée. En effet, les chiffres sont simplement trop bas. Cela fait ressortir la nécessité de dispenser de la formation, car les infractions qui nous ont été signalées n'étaient pas le résultat de piratage informatique ou de transgression technologique, mais simplement d'erreurs commises par des employés, par exemple en composant un numéro de télécopieur erroné.
[Français]
En terminant, je remercie le comité de son invitation à discuter de la protection de la vie privée dans le contexte des nouvelles technologies, dont la technologie d'imagerie à l'échelle de la rue.
[Traduction]
Je remercie le comité de son invitation et je répondrai avec plaisir à vos questions.
:
Très brièvement, ces deux affaires concernaient de manière générale des enregistrements vidéo dans des locaux privés et quasi privés. Dans l'affaire
Milner, le plaignant disait qu'il avait vu un véhicule à l'extérieur de chez lui qui filmait les activités autour et à l'intérieur de sa maison dans le but de déterminer si une réclamation d'assurance-invalidité était légitime ou non. Dans l'affaire
and and, la plaignante protestait contre le fait qu'une caméra avait été installée au bout du couloir de son immeuble d'appartements et enregistrait évidemment toutes ses entrées et sorties.
Dans Milner, la Cour a jugé que la société d'assurances du plaignant détenait un intérêt légitime à surveiller ses activités pour déterminer si la réclamation était frauduleuse. Je pense qu'il est aussi très intéressant que le juge ait mentionné, dans une remarque incidente, que durant l'enregistrement vidéo, la fille du plaignant avait été vue en petite tenue et que la société d'assurances aurait été en difficulté si elle avait décidé de déposer une plainte à ce sujet. Cela nous ramène aux questions dont parlait mon collègue au sujet de la conservation des données en toute sécurité.
Dans Heckert, le jugement le plus récent, la Cour a jugé que la plaignante avait raisonnablement droit à ce que ses entrées et sorties de son domicile restent privées. Ses activités avaient été enregistrées et la Cour a jugé qu'il y avait eu une infraction à la loi telle qu'elle existait en 2008.
Ces jugements sont intéressants, car ils portent sur la ligne de démarcation floue entre le domaine privé et le domaine public. Dans Milner, on a trouvé inadmissible que le domaine privé puisse être assimilé au domaine public — c'est en tout cas ce que disent les critiques. Ce n'est évidemment pas ce qu'avait pensé le juge. Dans les deux cas, la matrice factuelle était claire. La surveillance vidéo par un défendeur ayant légitimement intérêt à recueillir l'information qui peut en résulter doit être évaluée en fonction de l'intérêt du plaignant à l'égard de l'information enregistrée et de la manière dont elle est conservée, et en fonction de la manière dont la personne effectuant la surveillance peut être traitée.
Je ne suis pas sûr que la Loi sur la protection des renseignements personnels établisse clairement la ligne de démarcation. La question est pertinente dans le cadre du débat d'aujourd'hui et des affirmations de mes collègues, parce que Google Street View et d'autres groupes similaires n'ont pas de problématique semblable à ces causes. Il n'y a pas ici de problème de lien direct du point de vue du droit à la vie privée, qu'il s'agisse d'une femme préoccupée par la propreté de son garage ou par d'autres activités, directement ou non, enregistrées par suite d'une surveillance.
J'ai plusieurs questions à vous poser. Comme votre jurisconseil n'est pas au courant de ces jugements, je vais élargir le débat. La LPRPDE a-t-elle été affectée par ces jugements, ou par d'autres, eu égard à l'adoption de cette nouvelle technologie ? Dans l'affirmative, comment allez-vous vous adapter, à la lumière de ce genre de causes de common law, que ce soit dans le sillage direct de ces jugements ou si elles sont mentionnées comme questions pertinentes dans une remarque incidente?
Au sujet du rappel au Règlement, le député a parfaitement raison en ce qui concerne l'applicabilité de notre mandat. J'ai souvent rendu des décisions à ce sujet dans le passé et nous ne pouvons traiter des titulaires de charges publiques que dans le contexte de la définition.
Certains députés sont des titulaires de charges publiques mais pas tous. L'inverse, cependant, est que les titulaires de charges publiques qui sont élus — les ministres et ministres d'État, les secrétaires parlementaires — sont tous des députés. Comme la dernière partie concerne le respect des normes d'éthique des titulaires de charges publiques, ces normes ne peuvent pas s'appliquer aux députés qui ne sont pas titulaires d'une charge publique.
Techniquement, je pense que c'est acceptable mais il eût peut-être été souhaitable d'inclure après « conservateurs » l'expression « qui sont titulaires d'une charge publique ». Cela eût évité le problème.
Je vais laisser continuer la discussion étant donné que le simple clarification serait possible mais il ne fait aucun doute que, si un débat s'engage sur cette question, il ne devra porter que sur les incidents concernant des ministres, des ministres d'État ou des secrétaires parlementaires. Le débat ne devra porter sur aucun autre député.
Au sujet du rappel au Règlement, je ne vais pas considérer que la motion est irrecevable ou ne concorde pas avec notre mandat, sous réserve de la résolution du problème soulevé par le député, qui peut être réglé simplement.
Le député nous a présenté sa motion. Voulez-vous que je la lise ou puis-je considérer que tout le monde l'a lue? Bien.
Madame Freeman, êtes-vous prête à proposer votre motion ce matin?
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Merci, monsieur le président.
il s'agit là d'une question que je prends très au sérieux, tout comme mes collègues du NPD. Je crois que c'est un néo-démocrate qui a mentionné la première fois la semaine dernière la manière dont certains titulaires de charges publiques, certains membres de gouvernement, utilisaient ces annonces publiques de dépenses gouvernementales pour s'en attribuer personnellement le crédit ou l'attribuer au Parti conservateur. C'est une question très grave.
Je ne pense pas que quiconque ici veuille nier le droit au gouvernement de faire la publicité de son action et des dépenses qu'il effectue dans les collectivités mais j'estime qu'on dépasse la limite quand on attribue cela directement à un parti politique, à un titulaire de charge publique ou à un député. Je ne nie pas que ces personnes aient pu jouer un rôle pour inciter le gouvernement à faire des dépenses dans leurs collectivités respectives, ce qui est souvent le cas. C'est tout à fait légitime mais en attribuer le crédit directement à une personne donnée ou à un parti politique, en allant jusqu'à mentionner les sommes exactes, est tout à fait excessif.
Je suis heureux que mon collègue Peter Stoffer ait mentionné la semaine dernière certains des incidents de cette nature qui se sont produits dans sa province de la Nouvelle-Écosse et qu'il en ait parlé à la commissaire à l'éthique. C'est l'une des plaintes qu'elle a reçues, et l'une des raisons pour lesquelles elle commence son investigation.
Je crois cependant qu'il y a certaines choses à clarifier dans la motion. Vous en avez soulevé une, tout comme le secrétaire parlementaire. Il faut qu'il soit bien clair que nous parlons des titulaires de charges publiques. L'expression que vous avez mentionnée devrait être incluse après « députés conservateurs ». Je pense qu'il faut ajouter « titulaires d'une charge publique » pour que ce soit absolument clair.
Vous avez aussi mentionné l'expression « utilisation partisane de deniers publics ». C'est intéressant car cela prête à confusion. À mes yeux, le problème est l'attribution partisane du crédit de dépenses publiques. Je serais beaucoup plus heureux si l'on remplaçait « utilisation » par « attribution », bien qu'il puisse y avoir des problèmes d'utilisation de deniers publics pour préparer ces simulacres de chèques partisans. J'ai entendu dire que certains de ces accessoires ont été réalisés au moyen de ressources parlementaires. Peut-être devrions-nous dire « utilisation et attribution »?
Je veux également soulever une autre question, monsieur le président, et c'est celle de notre confiance dans l'aptitude de la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique d'entreprendre cette enquête. Je crains que, si nous décidions d'entreprendre cette enquête immédiatement, nous-mêmes, cela risquerait d'indiquer que nous ne faisons pas confiance à la commissaire en ce qui concerne l'investigation qu'elle nous a dit avoir déjà commencée. Je ne voudrais pas donner l'impression d'un manque de confiance envers elle. On peut se poser des questions au sujet de son mandat, au sujet des compétences qui lui sont attribuées au titre de sa loi, et de sa possibilité d'agir dans ce contexte, mais je pense que nous devrions lui laisser faire son travail avant d'entreprendre une enquête nous-mêmes, afin de voir ses conclusions. Nous verrons s'il lui est possible de parvenir à une conclusion utile avec son enquête et si elle a un recours à sa disposition, considérant les plaintes qu'elle a reçues. Je sais qu'elle a dit ne pas avoir de mandat large au sujet de l'éthique mais elle détient des pouvoirs précis et elle a accepté les plaintes qu'elle a reçues, en annonçant qu'elle allait mener une enquête. Il me semble donc qu'elle estime qu'il y a quand même un aspect de cette situation qui relève de sa compétence.
Cela étant, je vais proposer un amendement. J'aimerais proposer qu'on ajoute après « utilisation partisane » l'expression « et attribution de deniers publics ». Le texte se lirait donc comme suit: « une étude sur l'utilisation partisane et l'attribution de fonds publics ».
Après « députés conservateurs », j'aimerais qu'on ajoute « qui sont titulaires d'une charge publique ». Le texte se lirait donc comme ceci: « députés conservateurs qui sont titulaires d'une charge publique ».
J'aimerais ajouter ce qui suit à la fin de la résolution :
Étant donné l'enquête actuellement entreprise par la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, que cette étude ne commence pas tant que la commissaire n'aura pas fait rapport de ses constatations.
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M. Wrzesnewskyj dit que nous ne nous intéressons qu'à la situation aujourd'hui — ici et maintenant — et que nous ne devrions jamais nous intéresser à ce qu'ont fait les titulaires de charges publiques des gouvernements libéraux précédents parce que c'est de l'histoire ancienne et qu'on doit tout simplement oublier l'histoire. Je constate que cet argument est bien pratique d'un point de vue libéral, mais je suppose qu'il procède d'une réflexion tout à fait dépassionnée et je vais donc m'employer à le démanteler de manière tout aussi dépassionnée.
Si nous ne devons nous intéresser qu'à ce qui se passe ici et maintenant, la discussion concernant le Parti conservateur concerne elle aussi de l'histoire ancienne. Plus récente, certes, mais ancienne quand même. Je crois que l'exemple dont on a le plus parlé dans les journaux remonte à cet été ou plus tôt, et c'est donc également du passé. Nous n'allons pas discuter de ce que quelqu'un fera de son chèque cet après-midi, nous allons discuter de ce qui a été fait et des leçons qu'on peut en tirer.
Si cette étude doit vraiment porter sur l'éthique de la manière dont les titulaires de charges publiques font des annonces, nous ne devons pas simplement nous pencher sur la situation d'un seul parti, mais plutôt sur ce qu'ont fait les titulaires de charges publiques au cours des années. Nous étudions souvent des choses qui se sont produites des années auparavant. Au Comité des comptes publics, M. Wrzesnewskyj a contribué à lancer une étude sur la GRC et ses activités. Presque tout ce que nous étudions constitue de l'histoire ancienne, des choses du passé, et c'est heureux. Je félicite M. Wrzesnewskyj de son travail à ce sujet, car cela nous a appris des choses précieuses. Nous avons examiné les activités de la police sous deux gouvernements successifs, pas sous un seulement.
Dire que nous ne pouvons pas faire la même chose dans cette situation est une erreur. J'encourage tous les députés... D'aucuns diront peut-être que les autres partis n'ont jamais rien fait de répréhensible dans la manière dont ils ont présenté des chèques et qu'il serait donc futile de se pencher sur leurs activités. Si tel est le cas, j'affirme que mon amendement est l'équivalent d'une ceinture avec des bretelles et qu'il est préférable que la motion ait une portée assez large, de façon à saisir toute information pouvant être pertinente, plutôt qu'une portée restreinte, ce qui n'en ferait rien de plus qu'un outil sectaire étroitement ciblé.
Afin d'assurer une étude large et ouverte, j'invite les membres du comité à voter pour que cette motion ne soit pas partisane et que tous les titulaires de charges publiques, quelle que soit leur allégeance politique, fassent l'objet du même examen.
Merci.