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Mesdames et messieurs, bonjour.
Bienvenue à la 52e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
Avant de poursuivre notre étude, permettez-moi de vous présenter Gilbert Dionne qui est venu nous prêter main forte aujourd'hui. Il est assis au fond de la salle. Comme nous l'avons annoncé à notre réunion précédente, M. Dionne est ici pour aider les utilisateurs du système informatique SharePlus sur leur iPad. Ce choix est maintenant offert. Si vous avez besoin d'aide pendant la réunion ou à tout autre moment, faites-le moi savoir et j'en informerai M. Dionne. Il se rendra à votre fauteuil pour répondre à toutes vos questions.
Comme je viens de le dire, nous reprenons notre étude du potentiel de la finance sociale au Canada. Aujourd'hui, nous entendrons deux groupes de témoins.
Comme nous l'avons entendu dire à maintes reprises, le Royaume-Uni est devenu un chef de file mondial en matière d'innovation et de finance sociales. Durant la première heure, nous aurons le plaisir d'entendre par vidéoconférence un représentant du gouvernement britannique, Kieron Boyle.
M. Boyle cumule une longue expérience professionnelle au sein du gouvernement britannique, mais il se joint à nous aujourd'hui à titre de chef de l'équipe d'investissement social et des finances au bureau du Cabinet du Royaume-Uni.
Monsieur, soyez le bienvenu. Comme vous êtes notre seul témoin, je vais donc vous laisser une grande latitude et vous laisser prendre tout le temps que vous jugez raisonnable pour votre présentation. Nos témoins ont normalement droit à 10 minutes, mais libre à vous de dépasser ce temps de parole si vous le souhaitez. Le cas échéant, je vous donnerai un signal au bout d'une quinzaine de minutes et nous vous interromprons à ce moment.
Est-ce que cela vous va?
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Je vous remercie de me donner l'occasion de participer à ce débat aujourd'hui, je suis vraiment heureux d'en avoir l'occasion. Les gouvernements canadien et britannique collaborent de près à de nombreux enjeux, dont l'investissement social et la finance.
Je m'appelle Kieron. Je suis fonctionnaire du Cabinet, autrement dit je travaille au cabinet de notre premier ministre.
Vous m'excuserez d'être un peu vague, je ne sais trop quel temps de verbe employer, car nous sommes en ce moment en pleine période électorale au Royaume-Uni. Nous avons un gouvernement, mais pas de parlement. Je vais vous donner un aperçu de la politique générale appliquée au Royaume-Uni depuis une quinzaine d'années, plutôt que des mesures prises par un gouvernement ou un parti politique particulier.
Cela étant dit, il y a certaines questions que j'aimerais aborder aujourd'hui. J'ai vraiment hâte de participer à ce débat. Ma présentation portera sur trois points.
En premier lieu, il y a toute la documentation — la finance sociale a vraiment fait couler beaucoup d'encre dans le cadre de l'expérience britannique en la matière — je vais vous donner une idée des comptes rendus dressés par une diversité de partis politiques et de gouvernements en appui à ce programme.
En deuxième lieu, je décrirai la perspective britannique. J'ai fait partie du groupe de travail sur l'investissement à impact social créé sous les auspices du G8, et nous avons constaté, dans tous les pays du G8, le rôle important de l'énoncé de politique. Je m'attarderai sur certains projets stratégiques mis en place au Royaume-Uni, qui ont joué un rôle important dans l'évolution de ce domaine, à mon avis.
Je vais conclure par un aperçu des diverses initiatives lancées au sein du Royaume-Uni dans le but d'utiliser la finance sociale pour améliorer les fonctions publiques et les services offerts à la population au sein du Royaume-Uni.
Mon défi sera de vous dire tout cela en moins de 10 minutes. Je vous prie de me faire signe si je dépasse le temps qui m'est alloué.
Il est important, je pense, de parler des définitions. Les définitions font toute la différence ici. Dans l'ensemble du Royaume-Uni, il semble y avoir deux grandes définitions de ce qu'on entend par finance sociale. La première, ce sont les capitaux remboursables qui permettent aux organisations sociales de produire un impact plus fort. Cela, c'est surtout du point de vue de l'organisation bénéficiaire de l'investissement. Il existe une définition plus large que nous avons utilisée au sein du groupe de travail du G8 et qui englobe l'investissement social visant expressément à obtenir des rendements financiers et des résultats sociaux et à les mesurer.
Je pense que les deux sont valables. Elles donnent une idée de la portée de cet enjeu. Tout dépend du point de vue que vous adoptez.
J'ai parlé de l'importance des comptes rendus, aussi vais-je vous donner une idée de l'évolution de ce secteur au Royaume-Uni au cours des quinze dernières années. L'émergence de ce secteur repose sur un solide bilan et sur une forte volonté de soutenir l'économie sociale et les organisations à vocation sociale. C'est vraiment ce qui a donné naissance à la finance sociale. Elle a en quelque sorte débuté lorsque nous nous sommes penchés sur les défis politiques auxquels sont confrontés les gouvernements du Royaume-Uni, voire tous les pays industrialisés. Les problèmes sont complexes, en raison de notre démographie et des types de problèmes sociaux, ils coûtent cher et sont étroitement interreliés. Il reste à savoir si les services publics, notamment ceux fournis par l'État ou par un gros organisme gouvernemental, peuvent vraiment régler ces problèmes de manière efficace. Au Royaume-Uni, nous constatons un intérêt soutenu dans le rôle que les organisations du secteur social peuvent jouer pour aider le gouvernement à relever certains de ces défis.
L'un des défis que nous avons observés, ici au Royaume-Uni, c'est qu'en demandant à bon nombre de ces organisations à vocation sociale ce dont elles ont le plus besoin, ou quels sont les plus gros obstacles auxquels elles sont confrontées, elles ont toujours répondu que c'était l'accès au financement. Ce n'est peut-être pas le plus gros obstacle, mais pour bon nombre d'organisations, c'est un obstacle de taille.
Je vous raconte cette longue histoire pour que vous compreniez bien comment le secteur a évolué au Royaume-Uni. Il est parti de la nécessité de combler le manque d'argent des organisations à vocation sociale qui adoptent des modèles d'entreprise pour gérer les problèmes sociaux. Au cours de notre débat, nous constaterons probablement qu'à l'échelle mondiale, ce secteur est beaucoup étendu encore. Partout dans le monde, le secteur semble plus ouvert à l'égard des types d'entreprises capables d'avoir un impact social et au rôle que la finance peut jouer pour leur venir en aide. Mais chez nous, ce secteur est apparu à force d'utiliser la finance pour soutenir la société civile ou le secteur tertiaire.
J'ai parlé de l'importance d'avoir une politique. Au Royaume-Uni, nous nous efforçons depuis une quinzaine d'années de favoriser l'émergence de la finance sociale et de trouver des moyens de l'utiliser efficacement pour venir en aide aux organisations du secteur social. Je signale que tous les partis politiques se sont attelés à cette tâche. Le gros des efforts visant à soutenir l'investissement social a débuté sous l'égide du gouvernement travailliste de Tony Blair, puis Gordon Brown a accéléré la cadence. Notre dernier gouvernement de coalition, dirigé par le premier ministre David Cameron, a vraiment accompli beaucoup de travail, et je vais parler de certains projets mis en place. Bref, il y a un effort soutenu dans ce sens, ce qui a permis à des gens comme moi, des fonctionnaires et des décideurs grisonnants, de voir ce qui s'est fait dans le passé, d'examiner ce qui a fonctionné et n'a pas fonctionné, d'en tirer des leçons et, à partir de là, de façonner une politique publique.
Sans expliquer en détail toutes les démarches entreprises, je dirais essentiellement que depuis six ou sept ans, nous avons mis un cadre en place pour réfléchir aux mesures que le gouvernement peut prendre pour stimuler la croissance du marché de l'investissement social. Ce cadre comporte trois éléments. Le premier concerne les moyens à prendre pour attirer des capitaux dans ce marché. Comment réunir des capitaux à vocation sociale? Le deuxième élément a été de créer une demande pour ces capitaux. Autrement dit, comment constituer un pipeline d'organisations qui cherchent des investisseurs pour accroître leur impact social? Le troisième volet consiste à établir un lien entre les deux. Comment instaurer un environnement favorable à l'investissement social?
J'aimerais vous décrire brièvement certains projets importants entrepris au Royaume-Uni. Du côté de l'approvisionnement, une importante initiative a été la création d'une organisation appelée Big Society Capital. Nous pourrons y revenir plus en détail tout à l'heure. Big Society Capital est un fonds d'investissement social de gros, couramment appelé banque d'investissement social, quoiqu'il ne s'agit pas vraiment d'un fonds de gros. Il est capitalisé au moyen de comptes bancaires dormants établis pour étayer un grand nombre d'investissements dans le marché.
Nous avons également mis l'accent sur diverses formes de subventions publiques, notamment sur l'allégement fiscal et le rôle que cette mesure peut jouer pour stimuler l'investissement social. L'an dernier, le gouvernement de coalition a lancé un programme d'allégement fiscal aux fins d'investissement social, que je pourrais décrire plus en détail. En gros, ce programme vise à attirer un plus grand nombre d'investisseurs privés dans des petites entreprises sociales à forte croissance.
Nous étudions également — et peut-être pourrons-nous en reparler plus tard — comment la finance alternative peut stimuler le marché de l'investissement social. Nous avons fait beaucoup de recherche sur le rôle du financement participatif et du financement pair-à-pair pour réunir des capitaux et les investir dans un marché donné.
Du côté de la demande, c'est un domaine plus crucial où le gouvernement peut jouer, selon moi, un rôle distinct. Nous déployons beaucoup d'efforts sur le renforcement des capacités, en particulier pour permettre à des organisations de recevoir de l'investissement. Nous avons récemment lancé deux projets pilotes dans le cadre d'un programme général pour aider des organisations à se préparer à l'investissement. Le premier visait les grandes organisations. Il s'agit de notre Investment and Contract Readiness Fund, ou notre fonds de préparation à l'investissement et aux contrats, un projet pilote de 15 millions de livres. En gros, il ciblait les organisations qui sont sur le marché depuis un certain temps, mais qui ont besoin d'une aide de base pour établir les modèles de gestion ou de planification financière ou les capacités administratives dont elles ont besoin pour inciter un investisseur à y placer son argent. Pour ce projet pilote, chaque livre investie par le gouvernement a permis de débloquer quelque 27 livres d'investissement privé. C'est le programme de soutien aux entreprises qui a connu le plus gros succès au Royaume-Uni — et j'ai vérifié.
Nous avons également ciblé des entreprises sociales débutantes et, avec le soutien du Cabinet, un certain nombre de pépinières sociales, essentiellement des accélérateurs d'entreprises, qui rassemblaient de l'argent public et privé, provenant souvent de grandes sociétés. Nous avons investi cet argent dans des programmes accélérés destinés aux organisations débutantes qui souhaitaient avoir un impact social. Je peux aussi vous raconter comment le gouvernement britannique vient tout juste de créer une nouvelle fondation dans le but de renforcer cette capacité à long terme, une organisation-soeur de Big Society Capital.
D'autre part, sur le plan de la demande, nous avons beaucoup réfléchi à la façon d'ouvrir les marchés publics aux entreprises sociales. Je ne vais pas explorer en détail les obligations à impact social pour le moment, mais c'est là qu'elles se situent. Je vais en dire plus sur la loi du Royaume-Uni appelée Social Value Act. À mon avis, c'est un événement très important. La loi en question dit, en substance, aux commissaires des services du Royaume-Uni que lorsqu'ils passent une commande de service, ils doivent tenir compte de la valeur sociale de ce service et non pas uniquement de questions purement économiques ou des coûts à court terme, par exemple. Cela part du principe que dans de nombreux cas, quand les commissaires tiennent compte de la valeur globale, ils en obtiennent généralement plus pour leur argent que s'ils prennent seulement en considération le prix du service à court terme. À notre avis, c'est aussi important que les initiatives d'attraction dans le domaine des finances.
Très brièvement, dans une optique plus large, je suis toujours incité à le dire. Il s'agit généralement des questions ennuyeuses, mais importantes. Il faut se pencher sur des questions très complexes comme l'obligation fiduciaire, les responsabilités des fiduciaires, qu'ils soient chargés d'une fondation ou d'un fonds de pension, voir sur quelle base ils sont autorisés à investir et de quels facteurs ils peuvent tenir compte à part le strict rendement financier. Il faut avouer que le système britannique présente certaines complexités et je sais, pour avoir parlé à des collègues canadiens, que certaines d'entre elles se retrouvent aussi au Canada.
Juste pour vous donner un exemple de complexité, au Royaume-Uni, je pourrais sortir maintenant de la salle, être accosté dans la rue par un organisme de bienfaisance qui me demande de lui donner 10 £. Très bien, nous pourrions le faire tous les deux. Si on me demande d'investir 10 £ dans cet organisme, théoriquement, nous pourrions être arrêtés tous les deux. C'est parce que si j'investis 10 £, cela ouvre un différent domaine de la politique publique et de la réglementation. Il s'agit de la réglementation des investissements qui protège les parieurs comme moi contre certains niveaux de risque. Mais c'est un monde complexe. Si je suis prêt à donner mes 10 £ à un organisme de bienfaisance, contre quel risque suis-je protégé étant donné que 10 £ constituent un investissement entièrement risqué? Voilà donc le genre de problèmes que nous essayons de résoudre.
Enfin, nous avons notamment remarqué, au Royaume-Uni, que tous les pays du monde se penchent sur ce genre de questions. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. C'est principalement la raison pour laquelle David Cameron a voulu inscrire l'investissement social à l'ordre du jour du G8 et établir, sous les auspices du G8, un groupe de travail sur l'investissement à impact social juste pour observer ce qui se passe dans chaque pays sur ce plan-là afin que nous puissions partager nos pratiques exemplaires et apprendre les uns des autres.
J'ai dit que je terminerais en abordant un troisième sujet et mes 10 minutes sont très près d'expirer. En troisième lieu, le Royaume-Uni a surtout cherché à voir comment bâtir un marché de l'investissement social du point de vue de la politique publique. Nous tâchons de plus en plus de voir comment le gouvernement peut travailler avec les véritables entreprises sociales par l'entremise du marché de l'investissement social.
Cela nous amène notamment aux obligations à impact social que j'appellerais plutôt les partenariats d'investissement social. En gros, quelles sont les possibilités, pour l'investissement social, de nous permettre d'envisager de fournir différemment les services au public, d'innover et parfois, d'attaquer les problèmes grâce à une intervention précoce au lieu d'être confrontés aux conséquences en aval? Nous pourrons peut-être en discuter le moment venu.
Il est entendu qu'au Royaume-Uni, ce discours découle de notre appui au secteur social, mais nous avons maintenant, je pense, une perspective beaucoup plus large de la façon dont l'investissement social et l'économie sociale représentent une grande partie de l'ensemble de notre économie. Sur le plan politique, nous mettons l'accent sur l'attraction de capitaux d'investissement social, le renforcement de la demande de ces capitaux et les conditions habilitantes. Nous pensons que les gouvernements ont un défi de plus en plus urgent à relever: comment travailler avec ces marchés et à leurs côtés pour offrir de meilleurs services au public?
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Merci, madame Sims. Je suis justement en train d'étudier le sujet. C'est une question brillante, profonde et compliquée au Royaume-Uni.
Il n'existe pas de forme juridique de l'entreprise sociale au Royaume-Uni. Les organismes du secteur social peuvent prendre des formes différentes. Il y en a toute une gamme. Il y a des structures caritatives — certains organismes de bienfaisance font du commerce, mais d'autres pas — puis il y a une série de structures telles que les sociétés appartenant aux membres, donc les coopératives ainsi que les sociétés industrielles et les mutuelles.
Il y a 10 ans, une nouvelle structure juridique appelée entreprise d'intérêt communautaire a vu le jour. Cela répondait au fait que certains organismes qui voulaient avoir un impact social trouvaient que la forme caritative était trop restrictive — les organismes de bienfaisance ne sont pas autorisés à émettre des actions au Royaume-Uni.
C'est une structure réglementée. Il y a un régulateur des entreprises d'intérêt communautaire qui s'assure que cette structure sert les intérêts communautaires, mais l'actif de la structure est bloqué. Ce modèle a été utilisé, par exemple, lorsqu'un bien public a été cédé à un organisme — par exemple une salle paroissiale ou une école — et on considère que cet actif est limité.
Cela pose une question très intéressante au Royaume-Uni en ce moment. Nous commençons à constater que de nombreuses entreprises qui essaient d'avoir un impact social ne choisissent pas de prendre la forme d'un organisme de bienfaisance, d'une coopérative ou d'une entreprise d'intérêt communautaire. La raison en est que ce sont tous des organismes dont l'actif est limité. Elles sont toutes frappées de restrictions à l'égard du déblocage de leur actif.
Certains entrepreneurs disent que cela leur impose un fardeau trop lourd. Ils estiment ne pas pouvoir accéder aux mêmes genres de marchés que ceux qui aident les entreprises commerciales à prendre de l'envergure et à croître. Nous commençons à voir une économie beaucoup plus mixte. Certains organismes croient important de pouvoir dire que certaines contraintes bloquent leur mission et que c'est dû au fait que leur actif est bloqué. Ils ont des contraintes, par exemple, en ce qui concerne leurs bénéfices et leurs dividendes.
Certains disent qu'il est moins important pour eux de pouvoir parler de ces contraintes ou de les subir. Ils veulent quand même avoir un impact social. Par exemple, ils cherchent à inclure une mission sociale importante dans leurs statuts.
Je pense que, du point de vue de nos décideurs politiques, toutes ces formules ont du pour et du contre et d'une certaine façon, la difficulté pour le décideur politique est de penser à les différencier clairement afin que les gens puissent passer d'une certaine formule à la sorte de structure qui conviendra pour l'impact qu'ils essaient d'avoir.
Sur le plan fiscal, très brièvement, la majeure partie des avantages fiscaux dont le secteur social a bénéficié au Royaume-Uni ont visé à lui accorder le même genre d'allégements fiscaux qu'aux organisations purement commerciales. Par exemple, notre allégement fiscal pour l'investissement social est établi sur le même modèle qu'un programme de libération de l'actif qui s'applique aux petites entreprises commerciales ayant un fort potentiel de croissance. Comme c'est un programme de libération de l'actif, il ne fonctionne pas pour nos organismes de bienfaisance qui ne sont pas autorisés à émettre des actions. Par conséquent, nous avons établi pratiquement le même allégement fiscal, mais il fonctionne pour l'endettement.
Si nous avons établi un modèle aussi similaire, c'est en partie le résultat du travail de conception que nous avons fait avec des conseillers financiers indépendants qui nous ont dit qu'il leur serait plus facile de parler de cet allégement fiscal s'il était très semblable aux autres mesures déjà en place. D'une certaine façon, la réaction attendue du public a guidé la façon dont le gouvernement de coalition a conçu l'allégement fiscal.
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Merci pour cette question.
Je pourrais peut-être mentionner deux risques précis que nous constatons parfois dans notre travail, l'un pour l'investisseur individuel et l'autre pour le gouvernement s'il attribue des contrats de façon imprécise.
Pour les investisseurs individuels, il y a toujours le risque qu'un investissement qui leur est présenté comme offrant à la fois un rendement social et un rendement financier n'apporte ni l'un ni l'autre. Je ne pense pas que ce soit un risque distinct ou particulier pour les investisseurs, mais cela inquiète beaucoup de gens qui travaillent dans ce domaine au Royaume-Uni et qui veulent qu'on s'assure de l'intégrité des possibilités d'investissement social offertes.
Pour le gouvernement, à part ce dont nous avons parlé aujourd'hui à propos de la complexité de la dynamique politique, quant à savoir si cela rend l'État plus efficient ou remplace l'État, nous avons constaté des problèmes précis au sujet des contrats de paiement en fonction des résultats séparément des obligations à impact social.
Un des risques des contrats de paiement en fonction des résultats que nous avons constaté est que le gouvernement est très précis sur le plan des prix et que souvent les personnes vulnérables sont peut-être laissées pour compte, surtout parce que les fournisseurs des services estiment qu'ils ne sont pas payés suffisamment pour venir en aide à ces personnes.
L'importance que nous accordons aux obligations à impact social a notamment été vue comme une solution à ces problèmes. Autrement dit, si vous pouvez avoir un éventail plus large de fournisseurs de services, y compris de fournisseurs liés par leur mission, comme les organismes caritatifs, par exemple, ils risquent moins de laisser tomber les personnes les plus difficiles à aider. Dans un certain sens, c'est davantage une sorte de partenariat plutôt que… C'est presque comme un match de football où une des équipes gagne, soit le gouvernement, soit les fournisseurs de services.
Ce sont là deux des risques particuliers dont nous entendons parler.
Je suis très content d'être de retour — ou d'être présent en personne. La dernière fois que j'ai comparu devant le comité, je crois que c'était à un moment de l'année où je n'aurais pas voulu être ici, mais un jour comme aujourd'hui, c'est très agréable. Merci de me recevoir.
Je précise que je suis le vice-président de l'investissement communautaire à Vancity. Je vais vous parler un peu de Vancity. Nous sommes une institution financière d'une valeur de 19 milliards de dollars. Nous sommes une coopérative qui appartient à ses membres. Nous avons un modèle d'affaires qui est unique en son genre et dont je crois utile de parler un peu, car c'est de là que vient notre intérêt dans Resilient et le fait d'avoir un vice-président de l'investissement communautaire. Ce n'est pas toujours la chose la plus fréquente dans une grande ou assez grande institution financière.
Vancity a vu le jour en raison d'une situation où les capitaux ne rejoignaient pas les marchés qui en avaient besoin. Nous avions des membres, des gens vivant à Vancouver, qui ne pouvaient pas obtenir de capitaux. Sans vous relater l'histoire de nos origines, ce qui commence à être lassant, même pour moi, c'est vraiment la fondation de la coopérative de crédit; cela n'a pas été perdu. L'optique commerciale de Vancity part du principe que la meilleure chose à faire est de trouver des marchés où les capitaux ne sont pas allés. Il ne s'agit pas d'éviter ces marchés, mais de les identifier et de s'y installer de façon réfléchie, gérée et évaluée.
C'est mon rôle. Je suis chargé du développement des affaires sur le plan de l'investissement communautaire. Notre objectif très ambitieux et audacieux est d'avoir le maximum des 19 milliards de dollars de l'argent de nos membres investi dans des secteurs de l'économie qui manquent de capitaux, dans les collectivités où les capitaux sont limités, les endroits où l'investissement changera vraiment la façon dont vivent les citoyens de la Colombie-Britannique et dont vivent et survivent les gens dans les collectivités de nos membres.
Resilient n'est qu'un exemple et je crois qu'il est intéressant. Cela mène aussi à certains enjeux nationaux entourant le développement du secteur. Que vous appeliez cela la finance sociale ou l'investissement communautaire, c'est un secteur de plus en plus important, je pense. Comme les gouvernements ont réévalué leurs rôles, ont essayé de mieux réfléchir à ce que ces rôles devraient être et ont dû subir des contraintes économiques sur le plan de l'investissement, il faut le reconnaître, je crois qu'il est de plus en plus important de voir comment renforcer les capacités dans les collectivités pour déplacer les capitaux de façon efficace. Resilient en est un petit exemple.
Resilient fait partie d'un certain nombre de fonds répartis aux quatre coins du pays — ils ne sont pas très nombreux, sans doute huit ou dix — qui cherchent à fournir des capitaux à des entreprises sociales, des entreprises sans but lucratif qui cherchent à améliorer l'environnement. Elles peuvent être à but lucratif à la condition qu'elles aient une mission. C'est là où les capitaux publics ne sont pas allés, où ces entreprises ne peuvent généralement pas obtenir un financement des banques. C'est ce qu'on appelle parfois l'investissement à impact, la finance sociale ou l'investissement communautaire — vous entendez tous ces termes. Au Canada, cela représente un marché d'environ 500 millions de dollars, probablement un peu moins. Dans le monde économique occidental, le chiffre atteint environ 50 milliards de dollars et grossit énormément. J'étais à Chicago, l'année dernière et les possibilités sont vraiment sidérantes.
Quoi qu'il en soit, avec Resilient, nous sommes partis de deux hypothèses. Nous voulions obtenir un rendement adapté au risque. Nous ne demandions pas aux investisseurs de faire un don de charité. Cela ne se basait pas sur un résultat caritatif. Les gens investissaient dans Vancity en achetant un dépôt à terme, un dépôt à terme de cinq à sept ans et le rendement sur ce dépôt à terme correspondait à ce que les marchés offraient pour un produit entièrement assuré.
La question suivante est de savoir comment offrir des garanties au cas où…? Nos autorités de réglementation pourraient penser que nous accordons des prêts qui ne sont pas vraiment conventionnels et qui sont donc plus risqués. Autrement dit, nous prêtons aux entreprises sociales ou aux entreprises commerciales en démarrage qui ne peuvent généralement pas trouver de capitaux. Je pourrais débattre du risque, mais pour cette raison, nous avons établi une provision pour pertes sur créances. Il s'agissait d'un fonds d'environ 15 millions de dollars. Nous disposions d'environ 20 p. 100 de ce fonds sous forme d'espèces provenant des dons pour la garantie. La moitié des dons venait de Vancity et l'autre moitié de la Vancouver Foundation. En fait, c'était une stratégie d'élimination du risque.
Autrement dit, comme nous étions les premiers acteurs dans ce domaine, nous voulions montrer qu'il n'y aurait pas de perte importante, mais nous n'avons pas vraiment voulu imposer le fardeau à la compagnie d'assurance provinciale qui assure Vancity. Nous avons donc établi ce fonds pour pertes sur créances, ce filet de sécurité pour protéger la province de la Colombie-Britannique et protéger nos membres.
Ces deux choses étant faites, nous sommes allés lever des fonds. Comme je l'ai dit, nous avons levé environ 15 millions de dollars. Permettez-moi de vous faire un bref résumé de ceux qui ont investi, car c'est important. Ce sont les premiers acteurs dans ce secteur.
Nous avons 23 investisseurs. Nous n'avons pas essayé d'aller dans le secteur de la vente au détail. Nous ne visions pas la moyenne des membres. Nous avons vraiment cherché à améliorer la familiarité et le confort des institutions vis-à-vis ce genre d'investissement. Les participants ont été sept fondations, deux syndicats, deux universités, deux autres entreprises privées, trois organismes sans but lucratif et sept particuliers fortunés.
Resilient avait pour objectif de fournir ce réservoir de capitaux pour aider certains de ces organismes à but non lucratif et entreprises basés dans la province à faire leur travail. D'autre part, il s'agissait de faire comprendre aux investisseurs comment cela pouvait se faire sans excès de risque. Autrement dit, vous pouviez obtenir un rendement correspondant au niveau de risques que vous preniez et vous pouviez voir vos capitaux activer des initiatives importantes dans la collectivité, les voir apporter des changements.
Les bénéficiaires… Jusqu'ici, sur les 12,5 millions de dollars environ que nous voulons débloquer, nous avons versé à peu près 10 millions de dollars au cours des trois dernières années. Nous pourrions tout sortir. En fait, nous sommes un peu lents et prudents parce qu'à certains égards nous essayons de développer un portefeuille qui représente plus largement le secteur. C'est donc un ensemble de participations au capital, d'organismes sans but lucratif, d'entreprises en démarrage dans le secteur de l'énergie. C'est un ensemble de risques qui est également approprié.
Nous prévoyons et nous espérons enregistrer une perte d'environ 5 à 10 p. 100, car nous voulons être à la limite de la zone de danger. C'est pourquoi nous avons établi le fonds pour pertes sur créances. Jusqu'ici, la perte a été de moins de 2 p. 100, mais nous avons procédé de façon très réfléchie et intentionnelle.
Nous avons donc investi de l'argent dans 23 groupes dont un groupe à la réputation douteuse comme Corporate Knights, à Toronto — je plaisante, mais c'est un fonds national. Nous avons fait certaines choses en dehors de la Colombie-Britannique. Nous avons fait un petit investissement en actions dans Corporate Knights. Nous avons Salish Soils, une coentreprise des Premières Nations qui se trouve sur la côte Sunshine, en Colombie-Britannique ainsi que Tree Island Yogurt, un nouveau producteur de yoghourt organique dans la vallée Cowichan de l'île de Vancouver.
Il y a une grande diversité. Cela comprend quelques organismes sans but lucratif, quelques organismes caritatifs. Nous avons aidé un groupe qui travaille à la préservation des terres, avec un crédit-relais, pour l'acquisition d'une importante superficie de terre. Il avait bien réussi à lever des fonds jusqu'ici, mais en général, la plupart des banques ne prêtent pas en se fiant à ce genre de garantie, à l'expérience historique.
Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une approche réelle et intentionnelle pour faire comprendre que vous pouvez avoir un effet sur votre collectivité en faisant un investissement à plein tarif, sans trop de risques. Une entreprise peut trouver les capitaux dont elle a besoin pour se développer, car cela vise à fournir un capital de croissance à certains organismes. Ensuite, nous voulions vraiment faire comprendre aux investisseurs l'impact qu'ils avaient et nous avons donc prévu un site web auquel la communauté des investisseurs peut se connecter.
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Madame la présidente et membres du comité, je voudrais vous remercier de m'avoir permis de comparaître devant vous aujourd'hui. Je désire aussi vous remercier de prendre le temps d'étudier la finance sociale et les avantages qu'elle peut apporter à tous les Canadiens.
J'espère que vous ne me voyez pas en haute définition.
En ce qui concerne mon exposé, je vais vous parler un peu de mon travail, de notre perspective de la finance sociale et formuler quelques recommandations quant à la façon dont le gouvernement peut habiliter le marché. Je représente aujourd'hui à la fois le MaRS Centre for Impact Investing et Social Venture Connexion ou SVX.
Le MaRS Centre for Impact Investing est un centre national qui cherche à bâtir le marché canadien de l'investissement à impact. Nous éduquons les intervenants grâce à des recherches et à des conférences. Nous élaborons conjointement les produits et les stratégies d'investissement à impact et nous soutenons les entreprises à la recherche d'investissements ainsi que les investisseurs en quête de possibilités d'investissement.
SVX est logé au centre. Il peut être décrit comme une plateforme complète d'investissement à impact qui soutient les entreprises et les fonds à impact et les met en contact avec des investisseurs accrédités à la recherche d'investissements qui démontreront un impact social et environnemental positif ainsi qu'un potentiel de rendement financier. Voyez-le comme un intermédiaire et un agent de renforcement des capacités pour les entreprises sociales et les investisseurs.
Au cours de l'année écoulée, nous avons soutenu 28 entreprises et fonds. Ils ont levé 3,5 millions de dollars par l'entremise de notre plateforme. Nous voyons cela comme une innovation intersectorielle menée sous la conduite de MaRS, en collaboration avec le TMX Group, Torys LLP, KPMG, le gouvernement de l'Ontario, le J.W. McConnell Family Foundation et d'autres. Nous sommes un courtier d'exercice restreint auprès de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario et de l'Autorité des marchés financiers du Québec.
C'est la première plateforme de ce genre en Amérique du Nord et nous travaillons actuellement avec des partenaires pour pouvoir l'étendre à d'autres provinces dont la Colombie-Britannique ainsi que les États-Unis et le Mexique. Nous avons commencé notre travail parce que nous estimions que nous étions confrontés à des problèmes pressants aux niveaux local, national et mondial allant de la pauvreté aux changements climatiques en passant par les problèmes de santé chroniques. Des entreprises communautaires de production d'énergie aux projets de logements abordables, un certain nombre d'entrepreneurs établissent des modèles commerciaux pour s'attaquer à ces problèmes et se tournent vers les investisseurs pour obtenir leur soutien. Néanmoins, les entrepreneurs et investisseurs à impact sont confrontés à de nombreux obstacles, notamment sur le plan de la capacité, du temps et du coût.
Souvent, les entreprises à impact n'ont pas accès aux capitaux et leur réceptivité à l'investissement est insuffisante tandis que les investisseurs à impact n'ont pas les ressources nécessaires pour trouver et examiner les projets à impact afin d'y investir.
Alors que faisons-nous?
Nous faisons des recherches. Nous déterminons quels sont les projets, les fonds et les investisseurs qui répondent à nos critères. Nous éduquons. Nous apportons un soutien adapté aux entreprises et aux investisseurs grâce à une formation et des modèles sur des sujets comme l'investissement à impact, la présentation des arguments et la notion de diligence raisonnable. Un de nos programmes phares à Toronto s'appelle Impact8. C'est un accélérateur de réceptivité de l'investissement pour les entreprises.
Nous examinons également les entreprises et les fonds. Les investisseurs se servent de nos critères d'accès pour étudier leur gestion, leur gouvernance, le financement qu'ils offrent et leur impact. Enfin, nous établissons des liens. Nous mettons en contact les émetteurs et les investisseurs que ce soit en ligne, en organisant des rencontres, des webinaires ou lors de réunions face à face.
Komodo OpenLab est un exemple des entreprises avec lesquelles nous travaillons. C'est une firme de Toronto qui élabore des technologies inclusives à faible coût pour faciliter la vie quotidienne des personnes handicapées. Komodo permet aux Canadiens ayant des problèmes de mobilité ou de communication à se servir de leur téléphone cellulaire pour exécuter des tâches complexes ou simples allant de la gestion d'une entreprise à la commande d'une tasse de café. Une de ses difficultés était l'accès à des capitaux et nous l'avons donc aidée à se préparer à recevoir un investissement en la mettant en contact avec des investisseurs et en lui permettant de produire l'impact qu'elle désirait.
Avec SVX, MaRS élabore aussi un fonds de démarrage avec l'aide de Virgin Unite et d'un certain nombre de fondations dont Mindset, en Colombie-Britannique.
De plus, nous organisons aussi des délégations et des partenariats à l'échelle internationale en envoyant des entreprises à New York, San Francisco et ailleurs pour développer les investissements et les affaires, en coordination avec les consulats canadiens locaux. Nous avons également aidé à créer des partenariats entre d'autres gouvernements comme ceux de l'Ontario et de la Californie, entre le Governor's Office of Business and Economic Development de la Californie et le ministère du Développement économique, de l'Emploi et de l'Infrastructure de l'Ontario.
Lorsque nous pensons à la finance sociale, notre définition s'aligne sur celle d'un grand nombre d'intervenants du secteur. Nous voyons cela comme des investissements faits dans les entreprises, les organismes et les fonds dans l'intention de générer un impact social ou environnemental mesurable ainsi qu'un rendement financier. En général, ces investissements exigent un capital patient et l'attente d'un rendement raisonnable, car les capitaux peuvent être fournis pour soutenir les solutions à nos problèmes les plus récents, notamment dans le domaine de l'agriculture durable, du logement abordable, de la santé et du bien-être, des technologies propres et de l'éducation. Par exemple, un prêt de 5 millions de dollars pour aider à financer un projet de logements abordables de 30 unités à Montréal serait un investissement à impact tout comme une participation au capital de 1 million de dollars dans le fonds pour une production alimentaire durable d'Investeco.
La finance sociale ne remplace pas une bonne politique publique, de bons investissements publics ou une bonne philanthropie, mais c'est un complément nécessaire.
La finance sociale n'a rien de nouveau. Le Canada est un chef de file de ce marché depuis des décennies, depuis le mouvement Desjardins au début du XXe siècle et l'avènement d'institutions comme Vancity, jusqu'à celui de Mennonite Economic Development Associates, dans les années 1950 et 1960 et l'émergence de chefs de file comme BDC et TMX Group.
Ce qui est nouveau, c'est l'élan. Cet élan se renforce au Canada et dans le monde entier sur le plan de l'engagement institutionnel et gouvernemental, du capital mobilisé et des talents jeunes et expérimentés motivés par ce mouvement émergent. Des difficultés limitent cet élan, notamment le risque perçu, les obstacles que posent la réglementation et les politiques et le nombre limité d'intermédiaires pour gérer les fonds et renforcer la capacité du marché. Nous avons aussi besoin de champions de tous les secteurs pour bâtir et promouvoir le développement du marché et finalement obtenir l'impact que nous recherchons.
Le gouvernement peut vraiment jouer un rôle important dans le développement du marché, surtout pour débloquer de nouveaux capitaux. Conformément aux recommandations que le conseil consultatif national a adressées au groupe de travail sur l'investissement à impact social du G8, nous croyons que le gouvernement a pour rôle de créer une politique et un climat réglementaire habilitant, de fournir des capitaux catalyseurs afin de renforcer la capacité et de lever des capitaux privés et philanthropiques et d'offrir son leadership en matière de finance sociale.
Permettez-moi de développer quelques-uns de ces exemples.
À notre avis, le gouvernement peut débloquer une réserve importante de capital de fondation grâce à des politiques et des règlements habilitants. Les fondations canadiennes ont un actif de 45,5 milliards de dollars. Une allocation de 10 p. 100 débloquerait des milliards pour nous attaquer à nos problèmes les plus urgents.
Même, si en général, les investissements à impact peuvent être envisagés dans le cadre d'un portefeuille équilibré, un certain nombre d'entre eux sont exclus pour les fondations. Nous nous réjouissons certainement de l'annonce récente autorisant les fondations à investir dans des partenariats limités. C'est une première étape positive pour réduire ces limitations. Nous croyons aussi que les fondations devraient être autorisées à faire des investissements en dessous du taux du marché, lorsque c'est approprié, pour promouvoir leurs objectifs philanthropiques, en veillant à ce qu'aucune partie de ces investissements ou des coûts de renonciation qui y sont associés ne puisse être considérée comme un cadeau à des preneurs non admissibles. Nous avons besoin de ce genre d'investissements en dessous du taux du marché.
Les entreprises sociales qui démarrent ou les organismes sans but lucratif à la recherche de capitaux peuvent être incapables d'offrir un rendement ajusté en fonction du risque. Un grand nombre de ces arrangements de financement social exigent des capitaux pour lesquels les risques et les attentes de rendement seront différents d'un investisseur à l'autre. Par exemple, une fondation pourrait offrir une garantie à l'égard des premières pertes pour un fonds ou un projet d'infrastructure afin de lever des capitaux supplémentaires. En 2005, la Ville de New York et plusieurs fondations, y compris la Fondation Rockefeller, ont versé une contribution de 28,8 millions de dollars dans une réserve de capitaux destinée à absorber les pertes en cas de défaut de paiement touchant le New York City Acquisition Fund. Cette garantie à l'égard des premières pertes a permis d'attirer un certain nombre de banques, dont Bank of America, Wells Fargo et J.P. Morgan et de lever plus de 150 millions de dollars.
En plus de cette politique habilitante, nous croyons ainsi que le gouvernement a pour rôle de fournir des capitaux catalyseurs. Le concept est simple: les investissements catalyseurs sont ceux qui déclenchent un flux de capitaux vers une entreprise, une catégorie d'actifs, un secteur ou un lieu géographique. Nous recommanderions que le gouvernement établisse un programme d'investissement de contrepartie fournissant les capitaux catalyseurs pour soutenir les fonds existants et nouveaux grâce à un co-investissement direct, des améliorations sur le plan du crédit ou des incitatifs. En outre, il peut être également nécessaire d'accorder des subventions pour soutenir le développement des intermédiaires qui débloqueront de nouveaux investissements.
Cette approche a fait ses preuves pour inciter les investisseurs, débloquer les investissements institutionnels, réduire le risque des pools d'investissement et créer un effet de levier pour avoir accès à des nouveaux capitaux et en attirer. Cela a déjà été fait dans des secteurs prioritaires, y compris le Plan d'action sur le capital de risque du gouvernement fédéral et le Fonds d'investissement pour le développement économique communautaire de la Nouvelle-Écosse. Big Society Capital, au Royaume-Uni, est un excellent exemple au niveau international.
En plus d'allouer de nouvelles ressources, le gouvernement fédéral pourrait aussi utiliser les capitaux disponibles actuellement dans les comptes en banque inactifs ou donner un mandat clair aux sociétés d'État compétentes ou aux ministères compétents pour soutenir ce genre d'investissement.
Enfin, en plus de la politique habilitante et des capitaux catalyseurs, le gouvernement fédéral pourrait faire de la finance sociale une politique publique et une priorité politique. La finance sociale peut être intégrée dans l'ensemble des ministères et organismes gouvernementaux, du premier au dernier de la liste. Tout le monde souhaite de meilleurs résultats, que ce soit sur le plan de la santé, du logement et de l'éducation ou de l'investissement dans des entreprises locales qui ont aussi un impact économique, social et environnemental.
Il existe de nombreux modèles pour cette approche, que ce soit le leadership du premier ministre et du Cabinet au Royaume-Uni ou un plan global comme la stratégie d'entreprise sociale du gouvernement de l'Ontario. Vous pouvez aussi rechercher des partenariats directs avec d'autres gouvernements nationaux sur les questions pratiques allant de la recherche au co-investissement dans l'infrastructure industrielle en passant par les bourses de croissance.
Le principal message sur lequel je désire conclure est que la finance sociale peut être plus largement définie et prendre une place plus importante au Canada. Le gouvernement fédéral peut jouer un rôle crucial en éliminant les obstacles et en accélérant le développement du marché grâce à une politique efficace, des capitaux et un leadership politique.
Il existe de nombreux problèmes urgents. Nous pouvons à coup sûr les surmonter si nous orientons le gouvernement, les organismes communautaires, les entreprises et le capital vers un renforcement de leur impact.
J'attends vos questions.
Merci.