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Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité. Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Je suis ravi d'être ici au nom de Manufacturiers et Exportateurs du Canada et de nos 10 000 membres pour discuter des Ententes sur le développement du marché du travail.
À titre d'information, sachez que plus de 85 % de nos membres sont des petites et moyennes entreprises issues de tous les secteurs de l'industrie et de l'exportation et de toutes les régions du pays. Notre mandat consiste à favoriser la compétitivité des manufacturiers canadiens, ainsi que le succès des exportateurs canadiens de produits et services sur les marchés internationaux. MEC préside également la Coalition des manufacturiers du Canada, un regroupement de 55 associations industrielles qui s'expriment d'une seule voix sur les questions prioritaires qui compromettent la compétitivité de l'économie manufacturière du Canada.
Le domaine manufacturier demeure le premier secteur d'entreprises au Canada et cumule un chiffre d'affaires de 600 milliards de dollars. Les entreprises de fabrication représentent 13 % de l'activité économique totale du pays. Les manufacturiers emploient encore plus de 1,8 million de Canadiens dans des postes très productifs et bien rémunérés. Leur contribution est essentielle à la création de richesse à l'origine de la qualité de vie de chaque citoyen canadien.
En 2002, MEC et nos collègues de la Coalition des manufacturiers du Canada ont réalisé une étude bisannuelle sur les enjeux de gestion. Cette étude visait à cerner les principales difficultés auxquelles se heurtent les entreprises ainsi que les facteurs qui entravent leur croissance au Canada et à l’étranger. Bien qu'un grand nombre de préoccupations nuisent à la compétitivité des entreprises canadiennes à l'heure actuelle, la plus importante demeure sans aucun doute la force de leur main-d'oeuvre. L'étude a révélé que près de 50 % des entreprises canadiennes sont aux prises avec une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, et qu’à cause de cette pénurie, près d’un tiers des entreprises envisagent de déplacer leurs activités à l’extérieur du Canada.
Si l'on ne règle pas ces problèmes, l'économie du Canada en souffrira beaucoup. Déjà aujourd'hui, nous savons que la pénurie de main-d'oeuvre fait perdre aux fabricants de l'Alberta et de la Saskatchewan des ventes dont la valeur se chiffre en milliards de dollars. C’est pourquoi MEC et ses membres collaborent étroitement avec les gouvernements pour renforcer le bassin de main-d’oeuvre intérieur en améliorant les programmes de formation, y compris la Subvention canadienne pour l'emploi, et en réformant le régime de l’AE et les programmes d'apprentissage, pour ne nommer que quelques secteurs. Nous travaillons également à rehausser le niveau de qualité et de compétences des travailleurs qui nous viennent de l’étranger afin qu’ils répondent aux besoins des entreprises. Nous avons pour cela réformé le système d’immigration et le Programme des travailleurs étrangers temporaires.
De concert avec EDSC, nous assurons la prestation de divers programmes destinés à appuyer la croissance dans le secteur de la fabrication de pointe. Nous élaborons notamment des normes professionnelles à l'intention des fabricants à l'échelle nationale, améliorons l'information sur le marché du travail par le biais de consortiums régionaux et apparions les ingénieurs formés à l’étranger et les fabricants canadiens. De plus, nous avons établi un partenariat en vue de créer un laboratoire de compétences, un forum en ligne pour discuter et échanger des idées et des solutions potentielles aux problèmes auxquels l'industrie est confrontée, dont la formation et le perfectionnement des compétences.
Même si ces réformes et ces mesures sont essentielles, il reste encore beaucoup à faire pour remédier aux pénuries de main-d'oeuvre, et nous estimons que le gouvernement doit accorder beaucoup d'importance à la formation et au perfectionnement professionnel des employés actuels et nouveaux. Les EDMT peuvent et devraient jouer un plus grand rôle à cet égard.
Récemment, un employeur m'a dit qu'il rejetait environ 80 % des demandes car les postulants n'avaient pas les compétences de base pour occuper l'emploi. Ils auraient été un danger pour eux-mêmes et leurs collègues en milieu de travail. J'entends aussi régulièrement que les nouvelles recrues n'ont souvent que 20 % des compétences, et que les entreprises doivent prendre la première année pour les former et les amener au niveau requis. Même si les employeurs appuient la formation de leurs employés, on sent beaucoup de frustration à l'égard du système actuel, qui affaiblit leur compétitivité économique.
Nous sommes conscients que les EDMT ne régleront pas tous les problèmes de formation et de main-d'oeuvre que vit l'industrie partout au Canada; toutefois, étant donné tout le financement investi dans les fonds et la formation, nous estimons qu'il s'agit du meilleur outil pour répondre aux besoins en formation de l'industrie et combler les lacunes actuelles en matière de compétences. Tout d'abord, il faut savoir qu'une partie du financement accordé au titre des EDMT est aujourd'hui utilisée de manière efficace par l'industrie. Malgré ce qu'on entend souvent dans les médias, les fabricants et leurs chaînes d'approvisionnement connexes investissent énormément dans la formation de leurs employés actuels et futurs. C'est d'ailleurs essentiel à leur survie et à leur succès.
Le secteur manufacturier de pointe investit dans la formation en cours d'emploi afin d'enseigner les compétences nécessaires à une industrie mondiale moderne, notamment la fabrication sans gaspillage, l'exportation, l'économie d'énergie, l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement, la sécurité en milieu de travail, et les divers programmes d'apprentissage. Dans certains cas, cette formation a reçu le soutien des programmes de formation régionaux offerts dans le cadre des EDMT. Ce type de formation est adapté aux besoins des employeurs et a des retombées économiques directes pour le Canada.
Par exemple, grâce aux programmes offerts en vertu des EDMT, nos membres ont notamment doublé leur niveau de production, réduit leurs coûts de production de 15 % et leurs délais de 70 %, et ont accru leur productivité de 20 %. Cependant, malgré les résultats positifs observés, il est presque impossible de connaître les véritables impacts de ce financement annuel de l'ordre de 2 milliards de dollars consacré à la formation. Les données disponibles concernant le montant investi dans le cadre des EDMT ont toujours été très vagues.
Il est donc pratiquement impossible de connaître les impacts sociaux et économiques de cet investissement de l'ordre de 2 milliards de dollars par année.
De plus, on ne sait pas ce qu'il advient du fonds d'assurance-emploi auquel cotisent les entreprises et leurs employés. Les fabricants et leurs employés paient environ 2,1 milliards de dollars en cotisations d'AE chaque année, et reçoivent seulement 1,2 milliard de dollars en prestations, dont la majorité sont des congés parentaux ou d'autres programmes de soutien social. Par conséquent, il reste 900 millions de dollars, et ce, seulement dans le secteur manufacturier, qui devraient être réinvestis dans la formation, dans le cadre des EDMT ou d'outils semblables.
Toutefois, on ignore combien d'argent revient au secteur, en vertu des EDMT, sous la forme de programmes de formation. Compte tenu du niveau de financement disponible, nous estimons que davantage de ressources devraient servir à former les nouveaux employés et à perfectionner les employés actuels en vue de favoriser la compétitivité de l'industrie et la croissance du secteur manufacturier du Canada.
Enfin, nous sommes d'avis que nous devrions tirer parti des fonds des EDMT destinés à la formation pour cibler les besoins particuliers de l'industrie et combler les principales lacunes en matière de compétences afin d'aider les entreprises à concurrencer, à se développer et à embaucher des Canadiens. Plus particulièrement, les fonds versés au titre des EDMT devraient être investis dans des secteurs qui répondent aux besoins des employeurs et qui procurent des retombées économiques comme dans les exemples donnés plus tôt, un peu comme la Subvention canadienne pour l'emploi.
En consacrant plus de fonds aux compétences les plus en demande au sein de l'industrie, nous croyons que l'argent investi aura pour effet de stimuler l'investissement du secteur privé et d'accroître les bénéfices économiques au Canada.
Par exemple, dans les années 1990, il y avait un programme semblable, dans le cadre de l'ancien système d'EDMT, appelé À la source. En vertu de ce programme, on plaçait des prestataires de l'assurance-emploi chez des fabricants, pendant une période pouvant aller jusqu'à 26 semaines, afin qu'ils puissent acquérir les compétences nécessaires et recevoir des formations utiles, notamment sur la santé et la sécurité au travail, la production ou la gestion environnementale. Les prestataires continuaient de toucher leurs prestations d'AE, mais au moins, ils obtenaient une expérience de travail en même temps.
Les entreprises ont donc eu la possibilité de voir les employés à l'oeuvre, dont bon nombre ont été embauchés à la fin du projet. Chaque employeur participant payait 2 600 $ — ou 100 $ par semaine — pour couvrir les coûts administratifs, et près de 80 % des participants ont obtenu un emploi à temps plein au terme des 26 semaines. Ce programme a été aboli au début des années 2000 et a été remplacé par le système actuel d'EDMT. Selon nous, il s'agissait d'une bonne utilisation des fonds, qui tenait compte des besoins des employeurs et qui donnait des résultats économiques tangibles.
Pour terminer, bien que MEC appuie certains éléments du programme actuel des EDMT, dans lequel les investissements sont mesurables et bénéfiques, sur le plan financier, pour les personnes et les entreprises concernées, nous sommes d'avis que des améliorations significatives devraient être apportées au programme dans le cadre de son examen. Tout d'abord, de meilleures données et une plus grande transparence sont essentielles, puisque l'argent investi au titre des EDMT est l'argent des entreprises et des employés eux-mêmes.
Permettez-moi d'abord de souligner que cette rencontre se déroule sur le territoire traditionnel de la Nation algonquine. Je m'appelle Catherine et je dirige l'équipe responsable de la durabilité et des avantages pour la collectivité du projet de pipeline Northern Gateway d'Enbridge.
Je tiens à remercier les membres du comité de me donner cette occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. J'aimerais aussi saluer M. Wilson, à ma gauche, ainsi que tous les témoins qui ont comparu ou comparaîtront dans le cadre de cette étude.
J'habite et je travaille à Prince George, en Colombie-Britannique, et à titre d'ancienne travailleuse sociale et conseillère en emploi dans cette province, j'ai moi-même aidé des personnes à avoir accès aux programmes et services de développement du marché du travail que vous examinez.
De plus, en tant qu'Autochtone, j'ai pu bénéficier de ces types de programmes. Dans mon cas, c'était la version précédente, qui fait aujourd'hui référence à l'entente en vertu de la SFCEA. Je suis consciente de l'importance des programmes qu'offrent notre gouvernement et nos provinces. Ces programmes fournissent aux Canadiens les compétences et le soutien qui leur permettront de réaliser leur plein potentiel.
Ce matin, je vais vous parler du point de vue d'une personne qui collabore avec l'industrie, en première ligne du développement communautaire et de la formation professionnelle. Ce travail n'est pas toujours facile. Il est souvent effectué dans des circonstances très difficiles, au sein de collectivités rurales, éloignées et autochtones. Mais il est aussi extrêmement gratifiant. Si le projet est approuvé, le pipeline Northern Gateway créera plus de 3 000 emplois pendant sa construction et plus de 560 emplois à long terme. Nous sommes déterminés à voir les Canadiens pourvoir ces postes, surtout au sein des communautés autochtones qui constituent, selon nous, un excellent bassin de main-d'oeuvre inexploité.
Comme vous le savez sans doute, pour bon nombre de ces collectivités, le chemin qui mène à la réussite est parsemé d'obstacles et d'entraves que les programmes fédéraux actuels ne sont pas en mesure d'éliminer. À mon avis, il existe un écart énorme entre la formation professionnelle et les programmes du marché du travail que le gouvernement est habitué d'offrir et les réalités sur le terrain dans de nombreuses collectivités où travaille mon équipe. Par exemple, certaines communautés se trouvent à des heures des centres provinciaux de formation en cours d'emploi ou des établissements qui offrent des services dans le cadre des EMT et d'autres services importants.
Dans bien des cas, les conseillers en emploi dans la collectivité travaillent avec des clients qui se heurtent à de sérieux obstacles à l'emploi et ne sont même pas outillés pour les aider. De plus, il est possible qu'une Première Nation ou une communauté autochtone n'ait pas les capacités, le temps ni les ressources pour présenter une demande compliquée en vertu du FCP, par exemple, pour obtenir les subventions dont elle a désespérément besoin pour offrir du soutien à ses clients qui font face à de multiples obstacles.
Si la communauté ou la nation s'engage à présenter une demande en vertu du FCP, par exemple, le processus peut être tellement long que le poste n'est plus vacant avant que le programme n'arrive à démarrer. Trop souvent, nous voyons des jeunes dynamiques qui pourraient contribuer à régler la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée plutôt demeurer dans l'isolement et dans la pauvreté.
Quelle est la solution? À mon avis, nous devons trouver des façons d'appuyer les collectivités et d'aider les gens à acquérir les compétences nécessaires pour tirer profit des programmes fédéraux et provinciaux qui sont si efficaces ailleurs au pays.
À Northern Gateway, nous nous sommes sérieusement penchés sur la question. C'est pourquoi nous sommes différents des autres projets. Depuis 2006, nous offrons de la formation professionnelle au sein des communautés nordiques afin de renforcer leurs capacités. Nous avons commencé tôt, parce que les communautés elles-mêmes nous ont dit qu'il nous faudrait beaucoup de temps et d'énergie pour préparer la main-d'oeuvre locale. Nous avons entendu des préoccupations au sujet du faible taux d'achèvement des études secondaires et des obstacles à l'emploi, comme le manque de compétences essentielles, les problèmes d'alphabétisation et l'exclusion du marché du travail.
La réalité est que beaucoup de gens dans les collectivités rurales, éloignées, isolées et nordiques ont besoin de suivre des programmes de base intensifs avant d'entreprendre des programmes de formation axée sur les compétences. Nous savions que nous devions commencer tôt si nous voulions atteindre nos objectifs, qui sont d'inclure 15 % d'Autochtones à l'étape de la construction et 10 % pour les activités à long terme. Si nous nous sommes engagés dans cette voie, c'est parce que nous avions la certitude que ces communautés étaient les mieux placées pour gérer leur avenir, car elles connaissent très bien les problèmes auxquels elles sont confrontées ainsi que les types de programmes qui peuvent être efficaces.
Mon équipe, qui oeuvre dans le nord de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, collabore étroitement avec les fournisseurs de services, les aînés et les dirigeants communautaires dans ce que nous appelons un modèle de responsabilité partagée. Cela nous permet de comprendre réellement les problèmes que vit une communauté en particulier ainsi que les différences avec les autres communautés nordiques avec qui nous travaillons.
À partir de ces constats, nous élaborons, de concert avec les communautés, des stratégies et des programmes qui peuvent apporter de véritables solutions. Nous nous attaquons à l'analphabétisme, à la toxicomanie ainsi qu'aux problèmes systémiques découlant de la pauvreté, car on ne peut tout simplement pas faire fi de ces problèmes profonds et s'attendre à avoir des programmes de formation professionnelle et de marché du travail qui fonctionnent. Cela n'est pas réaliste et n'offrirait pas à ces gens de meilleures possibilités d'emploi.
Compte tenu de notre expérience, je demanderais au comité de prendre en considération les quatre éléments suivants:
D'abord, l'industrie a besoin que la population locale et les habitants des communautés autochtones possèdent des compétences techniques et professionnelles. En deux mots, malgré toutes ses bonnes intentions, elle ne peut pas embaucher ni intégrer dans ses projets des personnes qui ne sont pas prêtes pour le milieu du travail.
Puis il importe de savoir que l'industrie désire participer à la résolution du problème. Chez Northern Gateway, nous désirons vivement nouer des partenariats innovants et, en fait, nous le faisons, pour préparer les communautés locales. Mais nous avons besoin de partenaires prêts, volontaires et disponibles, indépendants des programmes officiels.
Ensuite, nous croyons que les communautés et les organisations ont besoin d'un financement facilement accessible, souple et qui s'adapte bien aux différentes situations pour l'acquisition de compétences pouvant mener à l'emploi. Pendant qu'on attend un appel de propositions, on risque de laisser passer le moment favorable pour l'emploi.
Enfin, il importe que vous compreniez que le parcours qui mène à l'emploi peut être plus long et beaucoup plus complexe que ce que peuvent soutenir les programmes actuels. C'est la raison pour laquelle des programmes à plus long terme, axés sur des compétences essentielles sont absolument nécessaires dans beaucoup de communautés rurales, éloignées et autochtones isolées avant que les gens puissent envisager de recevoir une formation technique.
Permettez-moi de dire, en guise de conclusion, que, malgré les difficultés importantes que je viens d'esquisser, je suis très fière des progrès que nous réalisons. Northern Gateway a investi plus de 3 millions de dollars dans un fonds de développement des compétences par l'éducation et la formation. Plus de 1 800 personnes ont déjà profité de nos programmes. À noter que la formation que nous donnons dans les communautés n'est pas nécessairement celle qu'il faut pour travailler pour Northern Gateway. Nous aimons à dire que notre participation est désintéressée: nous développons des compétences pour le Nord.
Mon espoir est que notre travail servira de modèle, mais chacun peut participer à la résolution du problème. Il ne s'agit pas, ici, de Northern Gateway, mais d'aider les communautés à se façonner un meilleur avenir; de puiser dans notre ressource la plus importante, les habitants de nos communautés; de fournir des appuis réalistes et de tenir compte de la grande diversité et des besoins qui existent d'un bout à l'autre du pays. Chez Northern Gateway, nous sommes déterminés à construire ce legs durable et à faire en sorte que, peu importe ses origines, on conserve la possibilité de parcourir une carrière bien rémunérée.
J'offre mes remerciements aux membres du comité, notamment pour votre important travail et pour l'influence que vous exercez. J'espère que notre expérience à Northern Gateway sera utile.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins de leurs commentaires.
Pour commencer, je vais m'adresser à M. Wilson.
En janvier 2013, à la suite des réformes annoncées par le ministre au sujet de l'assurance-emploi, MEC a craint que cette réforme ne mène à une mauvaise adéquation entre la formation et l'emploi. En raison du resserrement des conditions d'admissibilité, un bénéficiaire de prestations d'assurance-emploi serait tenu d'accepter rapidement un poste éloigné de sa spécialité de base. Bien évidemment, nous avons été profondément préoccupé par cette réforme, d'autant plus lorsqu'il s'agit des indemnités.
Revenons à l'adéquation entre la formation et les emplois disponibles. Prenons le cas d'une personne devant accepter trop rapidement un poste qui ne correspond pas à ses qualifications professionnelles ou qui l'empêche de compléter une formation à long terme. Ce cas nous éloignerait certainement de notre réflexion autour de l'adéquation ente l'emploi, la formation et les personnes qui pourraient occuper ces postes.
Monsieur Wilson, je voudrais savoir si vous partagez ce constat et cette préoccupation sur la réforme de l'assurance-emploi dans votre partie du Québec? Que pourriez-vous nous dire ou nous recommander pour que, justement, une réforme ne vienne pas contrecarrer ce pour quoi nous travaillons et réfléchissons tous ensemble aujourd'hui?
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Je pense que j'ai comparu devant votre comité il y a un an et demi, quand on a annoncé ces réformes. Nous les avons généralement appuyées. Je sais que certaines ont causé des problèmes. Certains de nos membres ont éprouvé des craintes, à cause de certaines réformes, pour l'emploi saisonnier et la capacité de retenir toute l'année ces travailleurs. Je sais que c'est un problème de taille dans certaines régions du Québec et du nord de l'Ontario ainsi que sur la côte Est, notamment.
Mais, en général, nous ne pensions pas vraiment que les réformes annoncées par le ministre, à l'époque, étaient excessives. D'après nous, c'est un bon investissement que de se servir du système pour amener les gens à recevoir de la formation pour les emplois de l'avenir. D'amener les gens à se déplacer... Je pense que la durée limite des déplacements a été fixée à une heure. Les modalités, je pense, restent un peu vagues. On entend diverses anecdotes dans les médias. Mais je pense que, en général, nous avons réservé un assez bon accueil à l'obligation faite à ces gens de s'engager à essayer de trouver de l'emploi.
Relativement aux réformes de l'assurance-emploi et à notre sujet de discussion, en matière d'ententes sur le développement du marché du travail, ce qui me préoccupe le plus, notre organisation aussi, je pense, c'est ce en quoi la formation se donne actuellement et le fait que les carrières de demain sont souvent sans rapport avec les emplois qui existent effectivement. J'ignore comment, exactement, on peut mieux les faire correspondre, mais si, après la formation et la « reformation » en vue d'une nouvelle carrière, il n'y a aucun...
Par exemple, on pourrait décider de donner une formation en soudure à des chômeurs du Nouveau-Brunswick. Si, dans cette province, on n'offre pas de travail aux soudeurs, à quoi bon, tout d'abord, cette formation? Je pense que l'une des causes de frustration des employeurs est que, dans bien des cas, cette formation ne fait pas vraiment acquérir les compétences nécessaires à l'économie locale.
Souvent, faute de données sur le marché du travail, notamment sur les besoins des compagnies, les employés ne peuvent pas bien choisir leur formation. Les compagnies ne peuvent pas bien choisir qui elles embaucheront, parce qu'elles ignorent qui, localement, est disponible. On multiplie donc les problèmes. J'espère que nous assistons ici à un début de solution. Mais c'est un problème complexe. Il englobe tout, de l'assurance-emploi jusqu'à Guichet emplois, qui, je sais, réalise aussi des réformes. C'est donc un vaste problème complexe.
J'espère que cela répond à votre question.
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Je vais reprendre directement ici. Quand j'ai mentionné dans mon exposé que les dirigeants d'une entreprise m'avaient dit qu'ils avaient un taux de rejet de 80 % des nouvelles recrues, c'est l'explication. Ces personnes ne se sentent essentiellement pas en sécurité dans le milieu de travail. On parle surtout de compétences linguistiques et mathématiques. Ce n'est tout simplement pas un bon endroit pour elles. Elles ne se sentent pas bien sur le plancher d'une usine comme celles qu'exploite Enbridge un peu partout au pays. Ce n'est pas un bon environnement pour ces personnes.
C'est un problème pour nos... et là, on ne parle pas de nouveaux arrivants au Canada non plus. On parle de personnes qui ont grandi au Canada et qui sont passées par le système d'éducation canadien, mais qui n'ont pas les compétences de base pour être employables. C'est un énorme problème.
Vous avez demandé des exemples précis. J'aimerais vous répondre, si j'ai une minute. Il y a un certain nombre de choses à faire. J'ai parlé un peu de ce que nous faisons dans le cadre des EDMT et d'autres programmes un peu partout au pays pour aider les employeurs à former leur personnel, mais je peux peut-être vous parler un peu aussi de ce que nous devrions faire dans une perspective plus globale, à mon avis.
J'ai eu la chance d'accompagner le ministre Kenney en tournée en Allemagne et au Royaume-Uni cette année. Cela m'a vraiment ouvert les yeux de voir le système d'éducation allemand et la contribution des employeurs allemands au système d'éducation, le lien entre les deux. Les employeurs canadiens ne peuvent pas vraiment jouer de rôle dans le système d'éducation canadien. Sauf dans les écoles polytechniques et quelques collèges et universités, les employeurs ne font vraiment pas partie du système d'éducation. En Allemagne, les employeurs participent directement à l'éducation dès l'école secondaire.
Il faut changer notre mentalité sur la participation des entreprises canadiennes à la formation. Je ne veux pas dire que les employeurs eux-mêmes doivent offrir de la formation. Je veux dire que les institutions et les gouvernements doivent laisser les entreprises les aider. Ce sont elles qui détiennent l'expertise. Ce sont elles qui connaissent les futurs besoins du marché du travail. Il faut cesser de prétendre que le gouvernement connaît mieux que les employeurs les besoins futurs en matière d'emploi.
Il faut trouver une meilleure façon de lier toutes les pièces du casse-tête, mais il faut commencer par permettre aux employeurs de participer au processus, ce qu'on ne fait pas, la plupart du temps.
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Soit dit en passant, je suis content de vous revoir.
Oui, il y a des choses qu'on peut faire, et je pense que certaines mesures sont déjà en place. Elles ne sont peut-être simplement pas déployées de la même façon partout au pays. Catherine nous a donné des exemples d'engagement dans les communautés locales, mais comment peut-on prendre les meilleurs exemples et essayer de les reproduire partout ailleurs au pays? Cela n'a pas besoin de coûter très cher, mais ces bons exemples sont trop épars.
J'ai mentionné notre expérience au Manitoba. Nous avons des programmes semblables dans la ville de Calgary, mais pas partout en Alberta. Nous avons aussi de très bons programmes au Québec, puis il y en a un peu ici et là. Ce pourrait donc être un angle d'approche pour attirer davantage les jeunes vers le système.
On nous a parlé, en Allemagne, de campagnes de publicité et de sensibilisation nationales sur les métiers spécialisés, de leur importance. Nous faisons un peu de publicité ici par l'entremise de RHDCC, mais encore une fois, c'est assez épars et franchement, certaines campagnes ne sont pas terribles.
Il y aurait lieu de cibler davantage les jeunes que les gens à mi-carrière, et nous pourrions reprendre certains éléments du programme allemand, et même du programme britannique, nous inspirer de ce qu'ils font à l'échelle nationale pour promouvoir ces métiers.
Ce ne sont que quelques idées. J'espère qu'elles vont porter fruit.
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[
Le témoin s'exprime en shuswap.]
Bonjour. Je m'appelle Nelson Leon et je suis le chef de la bande indienne d'Adams Lake. Je veux tout d'abord saluer le territoire algonquin dans lequel je me trouve.
Mesdames et messieurs les invités, les membres du comité et les témoins, bonjour. Au nom du Conseil tribal de la nation shuswap, signataire de l'entente dans le cadre de la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones pour la région centrale de la Colombie-Britannique, c'est un honneur pour moi d'être parmi vous aujourd'hui.
Je vais vous donner un peu de renseignements sur moi. Je suis le chef de la bande indienne d'Adams Lake, une communauté qui vit sur le territoire des Secwepemc, près de Chase, en Colombie-Britannique. J'ai été élu chef pour un mandat de huit ans. J'ai terminé ma septième année en tant que conseiller élu et auparavant, j'ai travaillé en tant qu'administrateur du programme de formation et d'emploi pour la nation shuswap, un volet de la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones de la région centrale. J'ai assuré et coordonné l'administration de 10 bandes de Premières Nations et d'autres programmes en milieu urbain pour la nation shuswap. J'ai participé aux négociations sur la stratégie Les chemins de la réussite, les Ententes sur le développement des ressources humaines autochtones 1 et 2, et le renouvellement de la SFCEA. Je suis présentement le représentant principal de la région centrale.
Mon objectif aujourd'hui est de communiquer aux députés des informations à jour au sujet des ententes sur le développement du marché du travail à l'échelle locale, provinciale et fédérale, du point de vue d'un signataire d'une entente de la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones.
En Colombie-Britannique, il y a 13 signataires d'ententes en vertu de la SFCEA. Les signataires ont de très bonnes relations de travail avec les Premières Nations, les centres d'amitié et les conseils tribaux qui servent les Premières Nations, les Métis et les Inuits.
Depuis 2011, avec la SFCEA, les prestations d'AE non payées s'élèvent à 750 000 $ et les économies d'aide sociale non liée à l'AE sont de 170 000 $ dans la région centrale. En tout, 3,89 millions de dollars par année sont alloués à la région.
À l'échelle provinciale, dans le dernier exercice, la SFCEA a aidé plus de 10 000 clients et a permis à 3 600 clients d'entrer sur le marché du travail. Les économies résultant des prestations d'AE non versées étaient de 3,1 millions de dollars et pour l'aide sociale non liée à l'AE, de 2,9 millions de dollars. Les 13 signataires d'une entente en vertu de la SFCEA de la Colombie-Britannique reçoivent un financement de 49 millions de dollars par année. Le montant n'a pas changé depuis 1969.
Les ententes sur le développement du marché du travail doivent être analysées, notamment en ce qui concerne la Colombie-Britannique. Les EDMT existent depuis 2010. On les appelle maintenant le programme d'emploi de la Colombie-Britannique, un guichet unique qui fournit des services à tous les sans-emploi qui se cherchent du travail, dont les bénéficiaires de l'aide sociale, d'assurance-invalidité et de l'assurance-emploi.
Les services du programme d'emploi de la Colombie-Britannique ont été cédés aux centres de services d'emploi WorkBC, ce qui exige un paiement de frais pour les services. Jusqu'à tout récemment WorkBC était entièrement financé par le ministère du Développement social, mais à partir de juin 2014, les centres WorkBC devront exiger le paiement de frais pour la prestation de services et ne seront plus financés à 100 % par le gouvernement provincial. Les seuls volets qui seront entièrement financés sont les frais d'exploitation fixes, ce qui inclut le loyer, les ordinateurs et les salaires des coordonnateurs locaux et du personnel administratif. D'autres postes dans les services d'emploi, comme les gestionnaires de cas, les prospecteurs d'emplois, les conseillers et les experts financiers sont pris en compte pour les heures facturables.
Le modèle financier cible les coûts de prestation par client. L'objectif, concernant la SFCEA, c'est d'aider les clients à trouver un emploi. Toutefois, la différence se trouve dans la fixation du taux facturable des frais de formation. La limite de financement de WorkBC est de 7 500 $ par client. Dans la plupart des cas, la SFCEA cofinance les clients puisque le montant ne suffit pas à répondre à ses besoins de formation. La souplesse de la SFCEA permet un partenariat entre les centres WorkBC. On a besoin de fonds supplémentaires pour aider les Autochtones vivant en milieu urbain afin d'améliorer les programmes actuels et de répondre à un besoin réel et de réduire le double emploi dans les programmes qui existent déjà.
Dans les centres WorkBC, la SFCEA a permis d'améliorer l'exactitude des données sur le nombre de clients autochtones. Le manque de données fiables sur le nombre de clients autochtones qui ont recours aux services des centres WorkBC constitue un problème en Colombie-Britannique.
Tel qu'indiqué dans la stratégie sur le marché du travail en Colombie-Britannique pour 2020, on prévoit qu'il y aura plus d'un million de possibilités d'emploi en Colombie-Britannique au cours des 16 prochaines années. Près de 60 % d'entre elles — ou 650 000 — consisteront à remplacer les travailleurs qui prendront leur retraite. Le tiers, ou 350 000 d'entre elles, seront de nouveaux emplois offerts grâce à la croissance économique. On s'attend à ce que la demande de travailleurs augmente en moyenne de 1,4 % au cours des 10 prochaines années dans la province.
En Colombie-Britannique, le marché du travail devrait compter de plus en plus sur les nouveaux migrants. Il aura besoin de migrants dans son nouveau bassin de main-d'oeuvre entre 2014 et 2020. On prévoit que les nouveaux migrants combleront le tiers des débouchés. Plus de 77 % de tous les emplois exigeront un diplôme d'études postsecondaires.
Près de la moitié des Autochtones — 46 % — sont âgés de moins de 25 ans, alors que chez les non-Autochtones, cette tranche d'âge représente 30 % de la population. On s'attend à voir une baisse en Colombie-Britannique, moins de 10 % d'ici 2020. De plus, 60 % des Autochtones ont un niveau d'instruction équivalant au plus à la 12e année, tandis que 68 % de la population britanno-colombienne en général ont fait des études postsecondaires ou ont un diplôme.
Sur le plan national, je veux également parler au nom de notre réseau national de la SFCEA, puisque bon nombre de nos signataires d'une entente dans le cadre de la SFCEA sont préoccupés par le manque de coopération provinciale dans la répartition des fonds alloués au titre des EDMT. À l'échelle nationale, il y a 58 Premières Nations signataires, ce qui inclut au total environ 930 000 personnes. Pour vous donner une idée, le nombre de citoyens des Premières Nations est plus élevé que le nombre d'habitants de la région d'Ottawa.
À l'échelle locale, les signataires d'une entente dans le cadre de la SFCEA sont au service des citoyens des Premières Nations depuis 1991. Ils sont les mieux placés pour comprendre et satisfaire les besoins en matière d'emplois qui sont uniques, qu'il s'agisse du secteur de mines, des transports, de l'énergie, de l'exploitation forestière ou du tourisme. Depuis 1996, les signataires n'ont été témoins d'aucune hausse du financement, malgré la croissance démographique et l'augmentation des demandes. Dans la situation actuelle, le coût de l'inaction se traduira par un fardeau annuel de plusieurs milliards de dollars en répercussions sociales, soit la pauvreté et le désespoir.
Les Premières Nations ont besoin d'un investissement immédiat pour atteindre l'équité en matière d'emploi par rapport au reste du Canada. Ce faisant, on estime que d'ici 2026, la contribution des Premières Nations à l'économie canadienne augmenterait de 4 milliards de dollars et engendrerait des économies d'au moins 115 milliards de dollars pour les coûts sociaux liés à la pauvreté.
Bonjour.
Je veux saluer les Algonquins, étant donné que je me trouve sur leur territoire traditionnel. De plus, c'est pour moi un plaisir et un privilège de faire un exposé devant le comité permanent pour fournir une solution autochtone sur les ententes sur le développement du marché du travail.
L'organisme pour lequel je travaille est situé dans la région intérieure du nord de la Colombie-Britannique. Nous sommes signataires d'une entente dans le cadre de la SFCEA, financée par Ressources humaines et Développement des compétences Canada.
Il était très intéressant d'entendre parler des compétences essentielles tout à l'heure. Nous sommes les pionniers du développement des compétences essentielles dans l'industrie pour les Premières Nations de l'Ouest du Canada. À ce titre, nos bons résultats d'aujourd'hui découlent en partie du travail que nous avons fait avec l'industrie pour développer la littératie du travail pour ses besoins, en particulier les lacunes dans les compétences.
Nous avons signé 16 ententes de recrutement et de maintien de l'effectif avec l'industrie et des syndicats. Pendant les quatre années d'une entente de cinq ans, nous avons réussi à placer 2 708 personnes sur le marché du travail, ce qui représente plus de 800 000 $ d'économies pour la caisse de l'assurance-emploi, et plus de 2 millions de dollars d'économies pour ce qui est du fonds fédéral et des fonds provinciaux en matière de revenu. De plus, on estime qu'environ 30 millions de dollars en salaires ont été investis dans l'économie. Il s'agit d'économies d'environ 3 780 $ par participant.
Au départ, nous avons commencé par les compétences essentielles pour préparer les gens au secteur des métiers. Une partie des gens n'avaient pas de diplôme de 12e année, ce qui était nécessaire, et il nous a donc fallu trouver un moyen de les projeter vers les métiers en moins de temps qu'il le faut pour obtenir un diplôme de 12e année. Les compétences essentielles ont permis cela en partie — pour 240 personnes, en fait.
L'aspect le plus intéressant, c'est que nous préparons les gens à des programmes collégiaux de métiers. La tendance qu'on observe depuis, c'est que les syndicats viennent les chercher dans nos salles de cours avant qu'ils puissent aller au collège. Une fois qu'ils ont les compétences essentielles, ce qui est lié à la littératie en milieu de travail... Cela transcende le fossé culturel entre la situation des gens et ce qu'ils ont besoin de savoir au sujet d'une industrie, et toutes les compétences qui sont requises. Une fois qu'ils transcendent ce fossé, les syndicats les veulent immédiatement. C'est la grande tendance que l'on observe.
Je serais ravie de comparaître à nouveau devant le comité pour vous présenter un exposé sur les compétences essentielles en milieu de travail, mais je suis ici aujourd'hui pour parler du comité permanent, et je veux procéder très rapidement. Je fais partie des 14 signataires d'une entente dans le cadre de la SFCEA en Colombie-Britannique. Ensemble, nous avons fourni des services à environ 12 000 bénéficiaires de l'assurance-emploi au cours des quatre dernières années.
Pour ce qui est de l'entente sur le développement du marché du travail en Colombie-Britannique, il s'agit d'accroître les compétences pour assurer aux gens l'accès à des programmes d'emploi et du marché du travail, et de collaborer avec des employeurs et des collectivités. Cela reflète le but des ententes sur la formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones. Théoriquement et logiquement, cela aurait dû favoriser la collaboration et le partage de ressources.
Par la suite, le programme d'emploi a été lancé en Colombie-Britannique. Il visait à améliorer la souplesse, les capacités de réaction et l'accessibilité pour les clients et la population. Il a été conçu pour aider les gens à trouver du travail et à offrir une situation stable à leur famille grâce à une vaste gamme de programmes d'emploi dans le cadre d'une démarche intégrée.
Tous les programmes d'AE, par l'EDMT, ont été intégrés dans le programme d'emploi de la Colombie-Britannique. Ils étaient semblables aux programmes offerts par les signataires d'une entente dans le cadre de la SFCEA, comme la formation pour accroître les niveaux de compétence, des initiatives d'expérience de travail, et la création d'emplois, entre autres. Il n'en a pas résulté la collaboration escomptée, mis à part dans quelques situations qui étaient au mieux accessoires.
La mise en oeuvre a été faite par les centres de services d'emploi WorkBC, ce qui incluait les services aux citoyens autochtones. Encore une fois, l'objectif était de faire en sorte que les sans-emploi puissent rapidement et facilement avoir de l'aide pour retourner sur le marché du travail le plus vite possible. Dans les faits, il en a résulté un prolongement des délais, du mécontentement chez les clients, des processus lourds et dans plusieurs cas, une mise en oeuvre qui ne convient pas sur le plan culturel.
Une analyse des intervenants a vraisemblablement été menée après la mise en oeuvre. Toutefois, il semble qu'elle n'a pas mené à une analyse de sensibilité, qui aurait permis d'extraire des données sur les modèles de prestation de services avec des antécédents et des effets attestés sur la main-d'oeuvre autochtone, ce qui aurait permis d'expliquer pourquoi nous avons conçu les modèles de cette façon en essayant de satisfaire les besoins culturels et philosophiques de la communauté autochtone. Dans le cadre du nouveau modèle qui a été mis en oeuvre, le processus de DP a marginalisé plusieurs organismes autochtones qui possédaient une expertise dans les services d'aide à l'emploi. En effet, on n'a tenu aucun compte de leur précieuse expertise, et la communauté n'a pas pu profiter des ressources intégrales.
Dans de nombreuses collectivités de partout en Colombie-Britannique, des citoyens autochtones sont maintenant assujettis à un ancien modèle de services qui est mis en oeuvre par des organismes non autochtones. Dans les cas où les ententes de centres d'emploi de WorkBC sont gérées par des entreprises privées, le modèle de paiement à l'acte utilisé ne représente pas seulement une différence d'approche sur le plan philosophique, mais cela prolonge également la période nécessaire pour amener les citoyens à développer leurs compétences et à obtenir un emploi rémunérateur au bout du compte. C'est attribuable au fait qu'on exige que les clients participent à une série d'ateliers qui comptent dans les facteurs de coûts.
En ce qui concerne les approches fondées sur la collaboration, les centres d'emploi de WorkBC et les signataires d'une entente liée à la SFCEA servent la même clientèle, exécutent les mêmes programmes et offrent les mêmes services et, dans la plupart des cas, ont les mêmes objectifs et résultats prévus. Par exemple, les signataires d'une entente liée à la SFCEA ont traditionnellement financé plus de 3 000 clients de l'assurance-emploi chaque année. C'est en Colombie-Britannique, évidemment. Sur le plan stratégique, on pourrait maximiser les ressources, améliorer les résultats obtenus et augmenter l'efficacité si on déployait des efforts en matière de collaboration. Donc l'élément clé, c'est la collaboration entre les signataires d'une EDMT provinciale et les signataires d'une entente liée à la SFCEA, et il faut trouver des approches et des modèles stratégiques qui fonctionneront. Il s'agit seulement de modifier la façon dont nous faisons les choses.
Voici donc les recommandations que nous formulons au comité permanent.
Tout d'abord, il faut investir dans les organismes autochtones qui ont de l'expertise dans les compétences essentielles — après la discussion de ce matin, des gens en parlaient et j'ai pensé que nous avions la solution parfaite. Nous avons commencé au niveau national par l'entremise de l'APN et du CN, et nous avons mis en oeuvre un programme de réussite par le chemin de fer. Depuis ce temps, nous avons exécuté ce programme trois fois pour le CN. Toutefois, vous voyez, le modèle inclut le CN, et la société embauche la majorité des diplômés et les envoie suivre d'autres formations. Plusieurs personnes ont participé à une formation de chef de train payée par le CN. Ces modèles existent donc. On n'a jamais fourni de ressources liées aux compétences essentielles aux signataires d'une entente liée à la SFCEA.
Deuxièmement, il faut encourager les signataires d'une EDMT à mener une analyse des sensibilités des intervenants avec les signataires d'une entente liée à la SFCEA en Colombie-Britannique.
Une troisième recommandation vise à encourager les signataires d'une entente liée au développement du marché du travail à s'engager dans des dialogues en partenariat avec la SFCEA, afin de maximiser les ressources pour produire de meilleurs résultats.
Quatrièmement, il faudrait analyser l'existence ou l'absence d'efforts de collaboration entre les centres de WorkBC et les signataires d'une entente liée à la SFCEA, afin de partager les pratiques exemplaires et les leçons apprises.
La cinquième recommandation vise à encourager les ministères du gouvernement fédéral et les signataires d'une EDMT à établir un partenariat et à investir davantage, avec les signataires d'une entente liée à la SFCEA, dans la conception et la mise en oeuvre de programmes efficaces en vue d'aider la main-d'oeuvre autochtone à remplir les exigences liées à l'inscription dans les programmes d'apprentis, de technologie et de santé.
Les recommandations présentées, même si elles ne sont pas exhaustives, soutiennent une approche axée sur la collaboration pour créer des solutions aux enjeux, aux problèmes et aux occasions qui surgissent. Un dialogue pertinent fournira ensuite l'occasion aux intervenants d'examiner les nombreux volets d'une situation complexe, de concevoir des solutions précises et de déterminer la meilleure façon de les mettre en oeuvre.
Merci.
Bonjour, et merci beaucoup, madame la présidente, de m'avoir invitée à participer à la discussion d'aujourd'hui et à vous communiquer quelques renseignements.
Je m'appelle Colleen Hodgson et je travaille pour la Métis Nation British Columbia. Je suis directrice, Engagement de l'industrie, partenariat et éducation. Comme nous le savons, Métis Nation British Columbia est l'un des cinq organismes directeurs du Ralliement national des Métis, un peu comme l'APN pour les Premières Nations, pour vous donner un peu de contexte.
Je suis Métisse. Ma famille est originaire de Hodgson, au Manitoba. C'est ma collectivité, ou plutôt c'était ma collectivité, car aujourd'hui, j'habite dans la belle province de la Colombie-Britannique.
J'aimerais tout d'abord vous donner un peu de contexte sur mon rôle dans la MNBC et sur la façon dont je participe à l'éducation postsecondaire, au financement et au marché du travail. Vous constaterez, au cours de mon exposé, pourquoi ce contexte est si important.
Ces dernières années, j'ai participé au développement du cadre pour la formation et l'éducation postsecondaire des Autochtones, un document stratégique; aux plans de services pour les Autochtones, que nous avons lancés il y a environ cinq ans; au groupe de discussion sur les politiques sur l'éducation postsecondaire des Autochtones, qui dirige la politique et, au bout du compte, les mesures législatives sur la formation et l'éducation postsecondaires des Autochtones en Colombie-Britannique; et aux groupes de discussion sur la main-d'oeuvre régionale du nord de la Colombie-Britannique, que le gouvernement de la Colombie-Britannique a formés il y a environ deux ans. Ils ont commencé dans le nord de la Colombie-Britannique, et Prince George est à la limite. Les groupes de discussion régionaux ont été mis sur pied pour recueillir les renseignements et les données nécessaires à la mise en oeuvre de plans d'acquisition des compétences, en prévision des activités futures de l'industrie.
J'ai également participé à la stratégie sur la main-d'oeuvre dans le secteur du gaz naturel avec le gouvernement et avec quelques intervenants de l'industrie. C'est intéressant, car un grand nombre de représentants du gouvernement semblent joindre l'industrie, et des intervenants de l'industrie joignent le gouvernement. Je crois que c'est une bonne chose, car cela apporte beaucoup de connaissances dans les discussions.
J'ai également travaillé avec la SFCEA. Je gère le volet sur les partenariats dans notre programme de la SFCEA. Nous sommes un fournisseur de la SFCEA qui n'est, en fait, pas au niveau régional ou local, mais au niveau provincial. Nous fournissons des services de la SFCEA à environ 70 000 Métis de la Colombie-Britannique. J'ai également participé au FCP qui a été lancé, au FISCFA, à l'ATEP et au programme de partenariat de la communauté autochtone, que nous aimons appeler « la soupe à l'alphabet ». C'est financé par l'EDMT et l'EMT, et c'est donc ce que la province de la Colombie-Britannique a fait avec cela.
Ensuite, j'ai travaillé directement avec le secteur privé et les établissements d'enseignement postsecondaire publics sur la formation axée sur les compétences et l'emploi, et comme Mme Hunt a parlé du CN, j'ai également travaillé avec cette entreprise. Il y a donc de nombreuses relations, et je suis sûre que cela a pris 10 ans de ma vie, tout comme mes collègues ici.
Je vais parler du Cadre fédéral pour le développement économique des Autochtones, car je crois qu'il s'agit d'un très bon document d'orientation. Comme vous le savez, le ministre Strahl, qui est en Colombie-Britannique maintenant, vient de ma collectivité dans la vallée du Fraser en Colombie-Britannique, et il participe grandement à l'élaboration des politiques avec les Métis et les Premières Nations et il les appuie beaucoup. Je crois que c'est un bon document. J'en ai beaucoup parlé avec lui.
Je crois qu'il s'agit d'une excellente série de lignes directrices, car elles donnent une vue d'ensemble. Le document établit un lien entre le développement économique et la formation axée sur les compétences. Nous devons faire cela. Au cours des années, j'ai vu qu'on séparait souvent la formation axée sur les compétences du développement économique. Ce ne sont pas deux choses distinctes; elles forment un tout. Lorsque nous lions le développement économique pour une première nation ou une collectivité métisse, cela signifie des emplois et de la formation, cela signifie que ces gens vont travailler. Nous devons donc voir les choses dans leur ensemble. Je crois que c'est une façon beaucoup plus pragmatique d'envisager les choses.
Le cadre énonce que le gouvernement du Canada appuiera les programmes axés sur le marché du travail qui augmentent le développement des compétences et l'employabilité afin d'aider les Autochtones à obtenir des emplois à long terme qui favorisent les liens entre les initiatives qui appuient la participation au marché du travail, le développement des compétences, les programmes d'apprentis et la formation, ainsi que l'éducation et l'aide au revenu — donc, encore une fois, on parle d'aide au revenu et d'AE — et qui collaborent avec l'industrie, les éducateurs et le secteur des bénévoles pour mieux jumeler l'apprentissage et la formation avec des occasions d'emploi sur le marché du travail.
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D'accord. C'est très bien. Merci.
Le cadre qui a été élaboré est un excellent document. Il souligne toutes les choses dont nous avons parlé, et je crois que nous avons tous eu de nombreuses conversations à ce sujet. Nous connaissons bien le sujet, mais nous devons déterminer les prochaines étapes.
Mme Hunt a suggéré d'inclure la littératie dans les compétences essentielles. C'est très important. Appuyer les programmes du marché de l'emploi et les exécuter peut être efficace si nous savons qui nous devons former et quel type de formation est nécessaire. Je crois honnêtement qu'il n'y a pas de pénurie de main-d'oeuvre en Colombie-Britannique; je crois plutôt qu'il y a une pénurie de compétences.
Pour favoriser les partenariats et bâtir des relations, il faut obtenir la participation de plusieurs partenaires, notamment les collectivités des Premières Nations et les collectivités métisses, le gouvernement, le secteur privé, les employeurs, et les établissements d'enseignement postsecondaire, qu'ils soient publics ou privés. Nous avons un établissement d'enseignement privé qui offre de la formation sur la façon d'utiliser l'équipement lourd et c'est très bien, mais nous avons également des établissements d'enseignement publics qui offrent une excellente formation sur l'utilisation de cet équipement.
Afin de prendre des décisions éclairées lorsqu'on a accès au financement du marché du travail et qu'on crée des partenariats qui soutiennent la formation axée sur les compétences, il est nécessaire de savoir qui nous devons former. Nous devons comprendre les besoins en formation au niveau communautaire. Nous devons prendre ces décisions en utilisant des données précises.
Les deux ensembles de données les plus importants, selon mon expérience, sont les données actuelles et précises sur le marché du travail et les données socioéconomiques. Étant donné que nous abordons la question du point de vue socioéconomique, nous devons avoir ces données. Nous ne pouvons pas utiliser des données sur le marché du travail sans mener une analyse socioéconomique du peuple métis en Colombie-Britannique.
De nombreux ensembles de données sont recueillis par le Canada et par la Colombie-Britannique, et ils sont souvent partagés. Les ensembles de données comprennent des enquêtes sur la population active, des enquêtes auprès des peuples autochtones, différents rapports de Statistique Canada, du Bureau de la statistique de la Colombie-Britannique, et de ministères tels le ministère du Développement social et de l'Innovation sociale, et le ministère de l'Emploi, du Tourisme et du Développement des compétences, qui ont déjà été mentionnés.
Certains ensembles de données visent tous les Autochtones. Certains regroupent les Premières Nations, les Métis et les Inuits, alors que d'autres visent les Premières Nations et les Métis. Les enquêtes menées auprès des peuples autochtones font la distinction entre les Premières Nations, les Métis et les Inuits, alors que le programme d'emploi de la Colombie-Britannique, qui profite du financement de l'EDMT, identifie les Autochtones comme étant une population spéciale d'un pourcentage de tous les Autochtones. Il ne les identifie pas comme étant des Autochtones ou des Premières Nations ou des Métis, mais en tant qu'élément « spécial », ce qui est essentiel lorsqu'on utilise le financement.
La cueillette des données qui alimentent les programmes et les services administrés par le Canada et par les provinces devrait être cohérente. Je crois que nous avons tous entendu ce message. Un ensemble important de données qui n'existe pas actuellement en Colombie-Britannique, c'est le statut socioéconomique du peuple métis. Par exemple, on a besoin de renseignements précis sur les gens qui ont accès à l'aide sociale et à l'assurance-emploi.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins de leur présence parmi nous.
Dans le cadre des audiences de ce comité portant sur la stratégie pour les Autochtones et sur le renouvellement des EDMT, on a évoqué toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les Autochtones. Ce sont des difficultés systémiques et endémiques.
Il est clair que, lors de notre travail en comité pour le renouvellement de la stratégie, on a évoqué toute l'importance qu'il y aura à véritablement axer toute une partie de notre intervention politique sur l'accès à une éducation préscolaire, scolaire et à une éducation qui soit véritablement digne de ce nom afin d'éviter les écueils que l'on connaît aujourd'hui. À l'âge adulte, lorsqu'il y a un déficit de compétences de base, ce que l'on appelle les compétences essentielles, il est clair que c'est en amont qu'il fallait intervenir.
Cela dit, madame Hunt, on a évoqué votre expertise en ce qui concerne le travail sur les compétences essentielles pour l'alphabétisation. Vous avez travaillé dans ce contexte avec l'industrie.
Je voudrais que vous nous donniez plus d'informations en ce qui concerne cette collaboration spécifique. Qu'a-t-elle nécessité? Comment les EDMT peuvent-elles justement répondre à cette prise en compte de la formation pour les compétences spécifiques?
Je suis tout à fait d'accord avec le chef Leon en ce qui a trait aux partenariats: ils sont très difficiles à établir. Si c'était facile, il y aurait toutes sortes de partenariats vraiment remarquables dans le milieu, mais ce n'est pas le cas.
Une des façons de faire que je trouve efficaces est la conclusion d'ententes officielles. Prenons l'exemple des ententes sur le développement du marché du travail qui visent plus particulièrement la capacité de formation professionnelle et les objectifs communs aux deux parties, mais que nous ne semblons pas être en mesure de mener à bien. Il faudrait donc sceller des ententes officielles particulières, comme un accord de partenariat ou une entente relative au marché du travail. C'est difficile puisque d'autres facteurs entrent en ligne de compte, comme les droits. Mais lorsque nous arrivons à signer un accord de partenariat sur le marché du travail avec l'industrie, tout fonctionne.
Permettez-moi de vous donner un exemple concret. Je collabore avec l'Institut de la justice de la Colombie-Britannique, un établissement postsecondaire public, à l'élaboration d'une proposition concernant le programme de formation des intervenants médicaux d'urgence, qui comporte un volet sur les hydrocarbures compte tenu de la demande grandissante de ce secteur. Spectra Energy est un de nos partenaires à ce chapitre. Nous l'avons fait participer au projet et lui avons demandé de qui elle avait besoin — physiquement sur le terrain, et non pas sur papier ou en théorie. Qui allez-vous embaucher? Combien d'hommes ou de femmes aurez-vous sur place?
À la suite de ces discussions, nous avons appris qu'il est impossible de transférer le personnel paramédical entre l'Alberta et la Colombie-Britannique. Les transferts ne sont pas possibles. L'ensemble de l'industrie pétrolière et gazière pensait pouvoir faire venir le personnel paramédical de l'Alberta jusqu'en Colombie-Britannique et jusque dans le nord-ouest de la province. Elle s'est soudainement rendu compte que ce n'était pas possible. Nous sommes donc en train de revoir toute la procédure et de déterminer le nombre total d'auxiliaires paramédicaux dont nous aurons besoin, puisque le personnel sera retiré aux collectivités qu'il sert actuellement. Les auxiliaires paramédicaux devront abandonner leur milieu pour aller dans le nord et gagner beaucoup d'argent.
Tous ces facteurs entrent en ligne de compte. Sans relation solide entre le marché du travail, l'industrie et les établissements postsecondaires, on a parfois l'impression que la main gauche ignore ce que fait la main droite. Certains ne font que supposer des choses. C'est propre à l'Alberta, puisque l'ensemble du secteur des hydrocarbures est assez nouveau dans le nord-ouest. C'est une sorte d'apprentissage, et pour l'industrie aussi. Les joueurs ont simplement supposé que les transferts étaient possibles, alors que c'est faux pour bien des métiers. Nous sommes donc en train de revoir toute la procédure.
Ce n'est qu'un exemple de relation avec un employeur. Et devinez quoi? Ce n'est pas Spectra Energy qui embauche le personnel, mais plutôt les entreprises médicales. Ce sont les entrepreneurs qui s'en chargent, comme les Ledcor, PCL et KBR de ce monde, et non pas Spectra, ni TransCanada, ni Enbridge. La situation n'a donc rien de simple.
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Il y a dans notre secteur la Nations Trust Company, de même que la Société d'aide au développement des collectivités des Premières Nations de l'intérieur central qui offrent de la formation aux entrepreneurs. Les inscriptions sont relativement courantes. Aussi, certaines personnes acquièrent les compétences en affaires nécessaires au démarrage de leur propre entreprise, et ont ensuite besoin d'une main-d'oeuvre qualifiée.
Comme Karen l'a dit, si nous souhaitons investir davantage dans ce secteur, que ce soit par l'intermédiaire des EDMT... la reddition de comptes est essentielle. Il faut assurer la transparence. Vous ne pouvez pas dire que vous aller consacrer plus d'argent au développement des compétences des entrepreneurs autochtones si vous investissez dans une organisation qui ne rend aucun compte sur le nombre de clients autochtones servis, ou qui n'a aucun mécanisme de rapport sur ses partenariats, sa collaboration ou ses relations avec les milieux autochtones. Cet argent ne se rendra pas au peuple autochtone. Je ne recommanderais donc rien de tel. En plus des fonds supplémentaires, vous devez vous assurer que l'organisation rende des comptes, soit transparente et déploie des efforts concertés afin de répondre aux besoins grandissants du marché du travail.
Notre population est toujours sous-exploitée. La façon la plus efficace d'accéder au marché du travail autochtone est par l'intermédiaire des institutions déjà en place, les signataires d'une entente dans le cadre de la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones, ou SFCEA. Nous avons démontré à maintes reprises un bon rendement des fonds investis et un taux de réussite de 12 à 30 % chez les personnes qui suivent la formation et entrent sur le marché du travail. Ma réserve d'Adams Lake compte à elle seule 100 employés permanents. L'an dernier, nous en avions 80 de plus. Nous avons une masse salariale de 250 000 $ toutes les deux semaines. Il s'agit de personnes de 18 à 26 ans qui utilisent leur revenu de façon très responsable. Ils achètent des véhicules, des vêtements et se payent des loisirs. La qualité de vie de ces familles a changé. Je parle de ma communauté, mais il y a d'autres milieux Secwepemcs et d'autres collectivités en Colombie-Britannique et au Canada où les jeunes ne veulent pas rester inactifs. Ils veulent participer à l'économie.
J'ai assisté récemment à une autre séance où j'ai demandé pourquoi on craignait tant de nous donner de l'argent. Il n'y a pas de banques dans nos collectivités, et nous ne cachons pas l'argent dans nos matelas. Les fonds retournent directement à l'économie canadienne, aux entreprises, à l'impôt sur le revenu et à l'ensemble du système financier. Je vous invite donc à investir davantage, mais aussi à vous assurer de la reddition de comptes et de la transparence de l'organisation en ce qui a trait aux personnes ciblées.
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Je vous remercie de votre question sur la représentation du peuple métis en Colombie-Britannique. Ils sont environ 70 000. Le monde sait, je pense, que le groupe est assez jeune et qu'il est en âge de travailler.
Je privilégie une approche quelque peu pragmatique. Ce que j'entends par là, c'est que même si Petronas, BG Group, TransCanada ou qui que ce soit d'autre mènent à bien ces projets d'envergure dans le nord, ce sont les entrepreneurs qui embauchent les travailleurs, comme je l'ai dit plus tôt.
Pour y arriver, j'ai réuni tous les partenaires en mars 2013, y compris les chefs de file en formation professionnelle de tous les secteurs de l'industrie. Il y avait aussi des représentants des syndicats, du gouvernement de la Colombie-Britannique, d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, et de la SFCEA du ministère des Ressources humaines et du Développement social. La table ronde a duré deux jours et nous a permis de discuter, puis a donné lieu à bien des recommandations.
Cette année, nous avons réuni les intervenants du développement énergétique et les Métis de l'Ouest canadien. Lorsque nous avons eu réuni les PDG de tous les partenaires de l'industrie du Canada et des États-Unis, de même que les gouvernements provinciaux et fédéraux, la Diversification de l'économie de l'Ouest ainsi que de nombreux directeurs adjoints, nous leur avons soumis ces recommandations.
Cela dit, après avoir mis en commun l'information sur chacun, les connaissances, les objectifs et les buts, je pense que c'est du pareil au même. Mais nous ne communiquons pas suffisamment les uns avec les autres. Lorsque nous leur demandons ce qu'ils comptent faire... Veuillez m'excuser, mais je suis une personne très pragmatique. Si TransCanada déboise le passage de tous ces projets électriques dont le monde oublie l'existence, puisque les stations de pompage nécessitent des centrales — un tout autre volet immense du développement industriel —, il aura besoin de gens pour la déforestation du tracé.
Ce n'est pas TransCanada qui les embauchera, mais plutôt une société forestière quelconque, ou la personne qui aura besoin d'eux. Si nous ne gardons pas contact avec ces personnes dans les collectivités, elles n'obtiendront pas ces emplois ou contrats. Nous avons commencé à mettre en place des ententes de coentreprises avec des sociétés d'envergure afin d'avoir la viabilité et le capital nécessaire pour accéder aux contrats, suivant l'entente. Parallèlement, nous avons convaincu les sociétés de s'engager par écrit à embaucher notre peuple et à le former. Ainsi, les ententes de coentreprises sont une autre façon d'y parvenir. Je pense donc que la capacité de formation professionnelle pour le développement économique entre en ligne de compte.
Merci beaucoup, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
Je vais formuler des commentaires sur ce qu'a dit précédemment Mme Hodgson au sujet du problème de la transférabilité de la formation.
Vous avez pris l'exemple des ambulanciers paramédicaux qui ne peuvent pas travailler d'une province à l'autre. Nous sommes conscients de ce problème qui touche particulièrement les immigrants. Les gens qui arrivent d'autres pays ont beaucoup de difficulté à faire reconnaître leurs diplômes et leurs compétences. Il est vrai que cela peut paraître vraiment absurde que des provinces ne comptant que deux, trois ou quatre millions d'habitants aient des systèmes non compatibles. Cela ne fait que dresser un obstacle supplémentaire. Je suis parfaitement d'accord avec votre analyse à ce sujet.
Chaque fois que nous recevons des témoins des Premières Nations, j'essaie de comprendre quels sont les problèmes particuliers auxquels font face les personnes issues de ces communautés par rapport à la population en général.
Comment les EDMT, devraient-elles être personnalisées afin qu'elles tiennent davantage compte des problèmes particuliers que vivent les personnes issues de vos communautés?
Selon moi, un des problèmes évident est le fait d'habiter dans une communauté rurale éloignée plutôt que dans le centre-ville de Vancouver. Les obstacles auxquels ces gens sont confrontés pour avoir de la formation ne sont pas les mêmes. Certaines personnes vont devoir se déplacer. Elles pourront avoir de la difficulté à trouver une garderie pour leurs enfants ou un logement à l'endroit où elles vont recevoir leur formation.
Selon votre propre perspective, quelles sont les difficultés particulières auxquels font face les gens que vous rencontrez? Quelles solutions proposez-vous à ce sujet?
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Je vous remercie de cette excellente question, dont nous discutons souvent.
Je vais simplement parler de quelques aspects. Le transfert de la main-d'oeuvre en vue d'un métier spécialisé constitue un énorme problème. Peut-être que c'est une bonne idée, peut-être que non. Est-ce que Kitimat et Prince Rupert vont devenir le Fort McMurray de la Colombie-Britannique? Les gens ne sont pas forcément prêts à quitter leur collectivité. Vous avez parlé des déplacements et des distances. Je suis allée à Fort McMurray à plusieurs reprises, et j'ai pris l'avion avec ces types, notamment de l'île de Vancouver ou de Halifax. Peut-être que c'est une bonne idée. Si ces gens sont prêts à voyager de cette manière, c'est parfait. Toutefois, pour les Autochtones — je vais vous donner un exemple.
Cette année, l'Unified Aboriginal Youth Collective du Canada a organisé une rencontre à Tofino, sur l'île de Vancouver. Dans la foulée de cette rencontre, le RHDCC et le ministère des Relations et de la Réconciliation avec les Autochtones ont justement mis l'accent sur cette question. À l'heure actuelle, quelles perspectives s'offrent aux jeunes Autochtones du Canada? Le chômage, la formation axée sur des compétences? Les jeunes ne veulent pas quitter leur collectivité. Voilà le nouveau message qui en est ressorti. Ils ne veulent pas aller à Fort McMurray. Ils ne veulent pas aller vivre à Prince Rupert. Ils veulent demeurer dans leur collectivité. Par conséquent, compte tenu des investissements que cela représente pour les jeunes, nous devons nous demander s'ils veulent vivre à Vancouver et se rendre à Prince Rupert deux semaines sur quatre.
Il s'agit d'un nouveau phénomène dans le développement de l'industrie au Canada, plus particulièrement en Colombie-Britannique. Nous nous trouvons dans une nouvelle situation. À mon avis, il faut prendre du recul, regarder les choses différemment et trouver des solutions novatrices. Or, sans les données en question, il sera très difficile de le faire.
Merci.