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Bonjour, mesdames et messieurs. Bienvenue à la 20
e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Nous sommes le jeudi 1
er mai 2014.
En passant, nous avons réservé quelques minutes à la fin de la séance d'aujourd'hui pour traiter de questions administratives.
Comparaissent aujourd'hui, pour la première heure portant sur le Budget principal des dépenses, l'honorable Jason Kenney, ministre de l'Emploi et du Développement social, ainsi que l'honorable Candice Bergen, ministre d'État au Développement social. Nous vous souhaitons la bienvenue et vous remercions d'être des nôtres aujourd'hui.
Les ministres sont accompagnés de leurs fonctionnaires, soit M. Ian Shugart, sous-ministre de l'Emploi et du Développement social, ainsi que M. Alain Séguin, dirigeant principal des finances.
De Service Canada, nous accueillons M. Paul Thompson, sous-ministre adjoint à la Direction générale des services de traitement et de paiement. Nous accueillons aussi M. Evan Siddall, président et premier dirigeant de la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Bienvenue à tous. Je signale aux membres du comité que comme nous avons deux volets d'une heure à notre séance, nous allouerons cinq minutes pour les interventions, quand nous en serons aux questions.
Je donne maintenant la parole au ministre Kenney.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour, chers collègues. Je suis ravi d'être ici avec l'équipe qu'on vous a présentée. Je tiens particulièrement à souhaiter la bienvenue à M. Siddall, qui a récemment été nommé président de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Ce sont de très importantes responsabilités, et il a très bien commencé à s'en acquitter.
Je suis content d'être des vôtres pour vous parler du Budget principal des dépenses de 2014-2015 pour Emploi et Développement social Canada et vous présenter certains de nos investissements clés.
En 2014-2015, nous prévoyons dépenser 44,5 milliards de dollars pour la sécurité du revenu. Ce montant comprend les paiements au titre de la Sécurité de la vieillesse, du Supplément de revenu garanti, du Régime de pensions du Canada, du régime enregistré d'épargne-invalidité et de la prestation nationale pour enfants.
Les paiements versés au titre de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti augmentent de 1,6 milliard de dollars. On peut s'attendre à ce que cette hausse se poursuive à mesure que la population vieillit et que le nombre de retraités augmente.
Pour ce qui est du programme Développement social, EDSC prévoit des dépenses de 3 milliards de dollars. Ce secteur englobe la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance, dont la ministre Bergen est responsable, le Programme de partenariats pour le développement social et le programme Nouveaux Horizons pour les aînés, dont la ministre Wong est responsable.
[Français]
Il inclut également le programme de Soutien du revenu pour les parents d'enfants assassinés ou disparus, qui est une nouvelle politique. Ce programme constitue une mesure pour aider les familles qui vivent une période très difficile.
Le secteur du développement social comprend également le Fonds pour l'accessibilité, qui figure parmi les initiatives gouvernementales visant à aider les Canadiens handicapés. J'aimerais reconnaître les efforts du président du comité à l'égard des Canadiens handicapés. Nous avons récemment établi un volet à ce programme portant sur l'accessibilité en milieu de travail afin d'augmenter les possibilités d'accès au marché du travail des Canadiens handicapés.
Enfin, le secteur du développement social englobe aussi les paiements versés directement aux parents au moyen de la Prestation universelle pour la garde d'enfants, programme dont notre gouvernement est extrêmement fier et qui a été l'un de nos engagements électoraux les plus importants de 2006. L'augmentation relative à ce programme est attribuable au nombre accru d'enfants qui ont droit à cette prestation. Ce sont de bonnes nouvelles. En versant cette prestation, le gouvernement reconnaît que ce sont les parents qui savent ce qui convient le mieux à leurs enfants en matière de garde. La Prestation universelle pour la garde d'enfants offre un soutien à plus de 2 millions d'enfants annuellement et elle a aidé 24 000 familles à sortir de la pauvreté.
Dans le secteur des programmes d'apprentissage, les dépenses budgétaires du ministère devraient s'élever à 2,3 milliards de dollars. Ce secteur comprend le Programme canadien de prêts aux étudiants et le Programme canadien pour l'épargne-études. La section non budgétaire du Budget principal des dépenses de 2014-2015 dans ce secteur du programme englobe les dépenses qui représentent les prêts étudiants, soit des sommes qui devraient être remboursées dans l'avenir. Les hausses dans ce domaine sont attribuables au plus grand nombre d'étudiants qui reçoivent ce soutien, aux familles plus nombreuses à économiser pour les études postsecondaires de leurs enfants et à une augmentation de l'aide au remboursement.
[Traduction]
Pour le programme Compétences et Emploi, EDSC a inscrit des dépenses de 1,1 milliard de dollars au Budget principal des dépenses dont vous êtes saisis. Le Budget principal des dépenses que vous avez devant vous affiche une diminution de 500 millions de dollars par rapport à l'année précédente. Cette différence est attribuable au fait que les ententes sur le marché du travail, y compris la subvention canadienne pour l'emploi et le fonds pour la création d'emplois, étaient toujours en négociation au moment du dépôt du Budget principal. Ces 500 millions de dollars seront donc plutôt inclus dans le Budget supplémentaire des dépenses, puisque des ententes de principe ont été signées avec les 13 administrations responsables du fonds et de la subvention. Des ententes finales ont d'ailleurs été conclues avec cinq provinces. Tout cela pour dire qu'il ne s'agit pas d'une compression de 500 millions de dollars; on ne pouvait tout simplement pas encore l'inscrire au budget.
Le programme Compétences et emploi comporte un certain nombre de domaines prioritaires du gouvernement, notamment la Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones, ou la SFCEA, qui est un excellent programme, à mon avis, le Fonds pour les compétences et les partenariats, et le Fonds pour l'emploi des Premières Nations, une nouvelle initiative pour encourager les jeunes Autochtones aptes au travail à quitter l'aide sociale et à travailler, dans la mesure du possible. Il y a également l'Initiative ciblée pour les travailleurs âgés, que nous venons de renouveler avec bon nombre de provinces, et les ententes sur le marché du travail visant les personnes handicapées. Les anciens accords devenaient caduques à la fin du dernier exercice, et nous les avons renouvelés avec les provinces. Il y aussi le Fonds d'intégration pour les personnes handicapées, le programme du Sceau rouge, qui très important pour nos programmes axés sur les compétences, les subventions aux apprentis, et d'autres.
EDSC prévoit des dépenses de 168 millions de dollars pour le programme Intégrité et traitement, qui est évidemment très important. En effet, ce programme est chargé de garantir que l'argent des contribuables est distribué adéquatement et seulement à ceux qui ont vraiment droit aux prestations. C'est particulièrement important pour un ministère comme le nôtre qui se voit confier une part importante des fonds publics.
Pour vous donner un exemple récent, plus tôt ce mois-ci, un homme de Toronto a été accusé d'avoir prétendument perçu les prestations du Régime de pensions du Canada et de la Sécurité de la vieillesse de sa mère durant 15 ans après le décès de celle-ci. Le service de police allègue que cette personne a reçu près de 200 000 $ en prestations de manière frauduleuse. Le programme Intégrité et traitement a été établi pour faire en sorte que les fonds soient acheminés aux personnes qui ont contribué financièrement au système et qui y ont droit. Il est aussi responsable du traitement des prestations particulières, notamment les subventions aux apprentis qui ont beaucoup de succès. EDSC prévoit également des dépenses de 118 millions de dollars pour le programme Services axés sur les citoyens.
[Français]
EDSC prévoit également des dépenses s'élevant à 118 millions de dollars pour le secteur du programme des Services axés sur les citoyens. Ce secteur du programme est chargé de veiller à ce que le ministre offre des services de qualité en temps opportun aux Canadiens. Il s'agit d'un élément primordial pour un ministère comme le nôtre qui offre de nombreux programmes directement aux Canadiens.
[Traduction]
Je veux souligner un secteur dans lequel le ministère déploie des efforts particuliers pour améliorer la prestation des services, soit le traitement de l'assurance-emploi. M. Cuzner ne cesse de nous offrir des critiques constructives à ce sujet.
Lorsque j'ai été nommé ministre de l'Emploi et du Développement social, l'une de mes premières initiatives a été de demander à mon secrétaire parlementaire, votre collègue M. Armstrong, de mener un examen de notre système de traitement de l'assurance-emploi.
[Français]
Il a rencontré le personnel de première ligne et les cadres de Service Canada un peu partout au pays pour trouver des façons plus efficientes de fonctionner et pour résoudre le problème des goulets d'étranglement du système. Je suis impatient de prendre connaissance des résultats de cet examen et j'espère que ces renseignements nous permettront d'améliorer les services qu'offre le ministère aux Canadiens dans ce secteur.
[Traduction]
Enfin, les dépenses prévues pour les services internes se chiffrent à 224 millions de dollars, soit une diminution de 54 millions de dollars par rapport à l'année précédente, alors que le ministère continue de chercher des moyens d'économiser des fonds publics.
En réduisant les dépenses administratives, nous serons en mesure d'offrir plus d'avantages aux Canadiens et plus de soutien au service de première ligne.
Voilà les faits saillants des dépenses prévues par EDSC dans le Budget principal des dépenses de 2014-2015, monsieur le président. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Madame Bergen, avez-vous un exposé à faire?
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Monsieur le président, je suis contente d'être des vôtres aujourd'hui. La dernière fois que j'étais au comité, j'occupais le fauteuil. Il est intéressant d'être à l'autre bout de la table maintenant. Je suis ravie d'être ici, et je vous remercie beaucoup de nous avoir invités.
Comme vous le savez, je travaille de près avec le dans le volet Développement social de notre portefeuille, et je suis très fière de ce que nous avons accompli jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, je vais m'attarder aux progrès considérables que nous avons réalisés dans la lutte contre l'itinérance, ainsi qu'à nos investissements.
Mais permettez-moi d'abord de prendre quelques instants pour donner les grandes lignes des montants substantiels que nous avons investis pour nous assurer que les Canadiens disposent de logements abordables. Les investissements sont réalisés par l'entremise de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, la SCHL. La SCHL prévoit des dépenses budgétaires de 2,1 milliards de dollars en 2014-2015 dans les initiatives reliées au logement. Ce financement sert à soutenir près de 600 000 ménages qui vivent dans des logements sociaux et à appuyer des initiatives ayant pour objet d'aider les Canadiens par le truchement du projet intitulé « Investissement dans le logement abordable », ou IDLA.
Les ententes bilatérales conclues avec les provinces et les territoires dans le cadre de l'IDLA tiennent compte des divers besoins des Canadiens au chapitre du logement, tout en reconnaissant les questions de compétence. Les provinces et les territoires sont les mieux placés pour répartir les investissements de manière à répondre à leurs priorités et besoins locaux. Nous leur avons donné de grands paramètres, notamment concernant les nouvelles constructions, les rénovations, l'aide à l'accession à la propriété, les suppléments au loyer et les allocations pour le logement.
Dans le Plan d'action économique de 2013, le gouvernement a déclaré son intention de travailler avec les provinces et les territoires en investissant plus de 1,5 milliard de dollars à l'échelle nationale sur une période de cinq ans dans le but de prolonger l'IDLA. Entre avril 2011 et décembre 2013, l'IDLA a aidé plus de 177 500 ménages canadiens.
Comme vous pouvez le constater, nos investissements ont une réelle portée, et ça continuera dans cette voie. Voilà pourquoi nous renouvelons notre investissement. D'ailleurs, il y a environ un mois, j'ai eu le plaisir d'aller en Colombie-Britannique pour signer le renouvellement de notre entente de 300 millions de dollars, avec le ministre Coleman. Quand je suis allée à l'Île-du-Prince-Édouard, nous avons signé une entente avec cette province de l'ordre de 14 millions de dollars. Nous venons de faire une annonce semblable au Nouveau-Brunswick, pour 78 millions de dollars de plus. Ce soir, je me rends à Edmonton en vue d'y faire une annonce demain.
Nous faisons de grands progrès au chapitre des investissements dans les ententes relatives au logement abordable que nous concluons avec les provinces. Les provinces réagissent très positivement. Chaque province s'occupe de la question du logement abordable à sa façon.
Parlons maintenant de nos efforts pour combattre l'itinérance. Il y a un peu plus de deux semaines, je me suis jointe à la Commission de la santé mentale du Canada pour annoncer les résultats finaux du projet de recherche At Home/Chez Soi. Il s'agit là de la plus vaste étude de ce genre dans le monde. On y examine la manière dont l'approche Logement d'abord peut réduire l'itinérance. Je crois que bon nombre d'entre vous connaissent déjà cette approche. Vous savez qu'elle se démarque des tendances plus traditionnelles dans le domaine.
Jusqu'à tout récemment, la façon la plus courante de s'occuper de l'itinérance reposait sur le modèle de gestion de crise. C'était donc un modèle réactif. Il en était ainsi au Canada, mais aussi dans plusieurs pays développés. Dans le cadre de ce modèle, on dépend fortement des refuges et d'autres interventions d'urgence. Habituellement, les bénéficiaires de ces mesures doivent d'abord participer à une série de traitements et prouver qu'ils sont sobres avant qu'on ne leur offre un logement. Cette façon de faire s'est révélée coûteuse et inefficace à long terme. On comprend facilement que l'instabilité d'une personne rend beaucoup plus difficile sa participation aux programmes de traitement de même que la gestion de ses problèmes de santé physique et mentale. Vous comprenez bien que ceux qui passent la nuit dans un refuge, mais qui ne peuvent pas trop s'en éloigner le jour pour avoir une meilleure chance d'y retourner la nuit suivante, ont bien du mal à se faire traiter pour une dépendance ou un problème de santé mentale, à trouver un emploi ou à progresser d'une manière ou d'une autre. Ils sont liés à ce refuge. C'est le gros bon sens, mais nous avons maintenant des données qui montrent que l'approche Logement d'abord fonctionne bien.
L'itinérance engendre d'énormes répercussions sur notre économie et nos services sociaux sous forme de logements d'urgence, d'hospitalisations, de refuges, de prisons et d'une pléthore d'autres services de gestion de crise.
Dans le cadre de l'approche Logement d'abord, en revanche, on s'assure qu'une personne dispose d'un logement immédiat avant de lui fournir les soutiens nécessaires pour l'aider à stabiliser sa vie.
En 2008, nous savions que cette approche était porteuse de grandes promesses et qu'il valait la peine de l'étudier. C'est pourquoi cette année, sous le leadership du , nous avons investi 110 millions de dollars dans la Commission de la santé mentale du Canada pour entreprendre notre propre étude charnière.
Les preuves de l'efficacité de cette approche sont écrasantes. Force est de constater que les partis de l'opposition sont sceptiques et critiquent cette approche, mais j'espère toutefois que les preuves de plus en plus nombreuses les convaincront d'apporter leur soutien au projet Logement d'abord.
Nous continuons d'investir dans nos partenariats pour la lutte contre l'itinérance, et nous avons renouvelé cet investissement. Grâce à la recherche d'avant-garde faite dans le cadre du projet At Home/Chez Soi, nous avons pu éclairer nos orientations politiques pour l'avenir, qui reposent sur des données probantes, et non pas sur des décisions stratégiques. Nous devons faire des investissements judicieux afin d'obtenir des résultats durables pour ceux qui sont probablement les plus vulnérables de notre société. Nous nous éloignons du modèle de gestion de crise à l'égard de l'itinérance et visons à l'éliminer complètement.
Le 1er avril, nous avons officiellement amorcé le virage vers l'approche Logement d'abord dans notre stratégie renouvelée des partenariats de lutte contre l'itinérance. Nous y avons aussi intégré de la flexibilité afin que les plus petites collectivités qui n'ont pas forcément les ressources nécessaires n'aient pas à adopter intégralement le modèle Logement d'abord. Elles peuvent y prévoir des éléments comme des refuges et des logements de transition. Nous comptons sur les plus grandes communautés que nous finançons pour orienter la plus grande partie de leurs programmes sur la stratégie Logement d'abord, mais nous pensons qu'il est important de laisser place à une certaine souplesse et de permettre aux programmes de faire la transition vers le modèle Logement d'abord.
Nous avons promis un financement stable sur une période de cinq ans afin que les collectivités puissent planifier et mettre en oeuvre fructueusement l'approche Logement d'abord. L'autre aspect positif de cette approche, c'est que les entités communautaires et les collectivités elles-mêmes prennent des décisions quant à la répartition du financement. Ce n'est pas le gouvernement fédéral, des fonctionnaires ou les politiciens à Ottawa qui prennent ces décisions, mais bien les responsables à l'échelon communautaire, ceux qui ont mis sur pied un programme très solide et efficace.
Nous savons que le modèle Logement d'abord met fin à l'itinérance et entraîne d'autres résultats positifs pour la qualité de vie. C'est un investissement judicieux qui pourrait entraîner d'importantes économies et, d'après les preuves dont nous disposons, c'est le cas. Nous sommes fiers de cet investissement. D'après les données, 73 % des membres du premier groupe en moyenne qui ont bénéficié du modèle Logement d'abord avaient un logement stable à la fin de l'étude, comparativement à 32 % pour le groupe du programme habituel.
Monsieur le président, comme je l'ai déjà dit à maintes reprises, nous voulons faire plus que créer des filets de sécurité. J'ai l'habitude de dire que ce que nous voulons, c'est créer des tremplins, des endroits qui permettent aux gens qui vivent une situation difficile à améliorer leur sort. Comme les preuves le démontrent, le modèle Logement d'abord permet de le faire. Je suis fière de ces investissements.
Je vous remercie de votre soutien. Je suis impatiente de répondre aux questions des membres du comité. Je vous remercie.
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Monsieur le président, je suis heureux de dire au comité que, comme je l'ai mentionné, nous avons signé des ententes de principe avec les 13 provinces et territoires afin qu'ils offrent la subvention canadienne à l'emploi dans le cadre d'un fonds appelé le Fonds canadien pour la création d'emplois. Grâce à ces ententes, nous renommons ce que nous appelions autrefois les ententes relatives au marché du travail, qui s'appelleront désormais le Fonds canadien pour la création d'emplois. Il s'agit d'un transfert annuel de 500 millions de dollars aux provinces, calculé en fonction de la population. Dans ces accords, les provinces se sont engagées à affecter 40 % du montant, c'est-à-dire 200 millions sur les 500 millions de dollars, pour des initiatives de formation dirigées par les employeurs, ce qui constitue un énorme progrès.
Monsieur le président, je devrais revenir un peu en arrière pour rappeler aux membres du comité que c'est en fait le gouvernement conservateur qui, en 2007, avait créé les ententes relatives au marché du travail et qui avait transféré un demi-milliard de dollars aux provinces pour régler le problème des Canadiens qui, comme on le dit, sont techniquement plus éloignés du marché du travail, c'est-à-dire les personnes qui n'ont pas eu d'emploi depuis un bon moment. Il existe aussi l'entente sur le développement du marché du travail, financée à hauteur de 2 milliards de dollars, qui provient de la caisse de l'assurance-emploi et qui est destinée aux chômeurs qui reçoivent des prestations d'assurance-emploi ou qui ont travaillé au cours des trois dernières années. Cependant, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait un groupe de Canadiens qui ne pouvaient peut-être pas se qualifier parce qu'ils n'avaient jamais travaillé. Dans bien des cas, ce sont des personnes qui n'ont peut-être pas terminé leurs études secondaires, qui ont de la difficulté à lire et à écrire ou qui reçoivent de l'assistance sociale, entre autres.
Donc, avec l'aide des provinces, nous avons élaboré des programmes particuliers grâce à un nouveau fonds de 500 millions de dollars en 2007. Toutefois, comme observation générale, monsieur le président, je tiens à dire que nous étions préoccupés en raison de la rétroaction et des données que nous recevions. Nous obtenions des résultats inadéquats en contrepartie des deniers publics investis dans la formation des travailleurs canadiens. Il semblait y avoir un trop grand nombre de programmes qui formaient des gens pour des emplois inexistants, ou bien qui les formaient pour le simple plaisir de les former. Nous avons constaté que les deniers publics soutenaient toute une série d'usines à curriculum vitae ainsi que des organisations bien intentionnées qui, en fait, ne permettaient pas aux chômeurs de trouver un emploi sur le véritable marché du travail.
Nous avons aussi constaté que, selon l'OCDE, les divers ordres de gouvernement canadiens dépensaient collectivement davantage sur le développement des compétences et sur la formation professionnelle que les gouvernements dans tous les autres pays développés, mais que les employeurs canadiens du secteur privé dépensaient relativement moins que ceux des autres pays développés.
La subvention pour l'emploi découle de cette observation selon laquelle nous n'obtenions pas un rendement maximal pour les deniers publics investis pour créer des emplois grâce au système de formation professionnelle, et que les employeurs sous-investissaient dans ce système. Nous avons constaté que nous pourrions régler ces deux lacunes en amorçant la pompe pour augmenter les investissements des employeurs du secteur privé dans la formation. Ainsi, les employeurs seraient motivés à embaucher les gens qui ont suivi une formation. Voilà le concept à la source de la subvention pour l'emploi.
Comme vous le savez, nous l'avons proposée dans le budget de 2013. Il y a eu des échanges avec les provinces. Lorsque je suis devenu responsable de ce dossier l'été dernier, j'ai immédiatement commencé à entrer en communication avec les provinces. J'ai écouté ce que les provinces avaient à dire, ainsi que le milieu des affaires et les syndicats, entre autres, et nous avons mis sur pied différentes versions de la proposition, jusqu'à ce que nous arrivions à un accord de principe en mars.
Je suis très heureux du résultat. Cela signifie qu'il n'y aura pas que les 200 millions de dollars sur les 500 millions du Fonds canadien pour la création d'emplois qui seront transférés aux initiatives de formation dirigées par les employeurs. Par conséquent, des consortiums d'entreprises collaboreront avec des organismes de prestation de services pour embaucher des chômeurs de longue date qui auront suivi une formation pertinente débouchant sur de véritables emplois. Par ailleurs, les provinces se sont engagées à dépenser 300 millions de dollars sur la subvention canadienne pour l'emploi une fois que le programme sera complètement mis en oeuvre. Pour obtenir l'adhésion des provinces, nous leur avons offert la possibilité de puiser ces 300 millions de dollars pour la quatrième année dans n'importe quelle source de financement. Cet argent pouvait provenir des quelque 3 milliards de dollars en transfert pour le développement des compétences. Soit dit en passant, nous avons aussi transféré près de 3 milliards de dollars à l'échelle nationale pour l'éducation postsecondaire grâce au transfert canadien en matière de programmes sociaux. Et puis, il ne faut pas oublier non plus les dizaines de milliards de dollars que nous avons transférés dans le cadre d'autres programmes. Cet argent peut aussi servir à financer les 300 millions de dollars requis.
Les provinces se sont engagées à mettre sur pied un programme à l'intention des employeurs. Ces derniers vont cibler des particuliers qui pourront suivre des programmes de formation précis. Les employeurs vont s'engager à embaucher ces personnes une fois qu'elles auront terminé leur formation, ainsi qu'à rembourser, en moyenne, un tiers des coûts de la formation.
Nous offrons la possibilité aux petites et moyennes entreprises qui ont des ressources limitées de ne payer que 15 % en liquidités pour la subvention à l'emploi ou d'inclure les salaires versés aux employés pendant leur formation pour payer jusqu'à la moitié de leurs contributions.
C'est un exemple d'un fédéralisme qui fonctionne. Je pense que les provinces sont passées de rébarbatives à très enthousiastes face aux perspectives de ce nouveau programme. Nous avons signé des accords finaux avec cinq provinces, et j'espère que dans les semaines à venir, nous aurons conclu tous les autres.
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Bien sûr. Vous savez, j'ai eu la chance de parcourir le pays et de voir les résultats positifs qu'a eus le Fonds d'intégration pour les personnes handicapées, par exemple. Je sais que le ministre Kenney a beaucoup travaillé sur les ententes relatives au marché du travail pour les personnes handicapées. Peut-être voudra-t-il faire une observation.
À la base, nous appuyons financièrement les personnes handicapées pour deux raisons.
D'abord et avant tout, nous voulons lever les obstacles qui empêchent les personnes handicapées de travailler et de vivre en collectivité. Le comité d'experts sur les personnes handicapées a conclu qu'environ 800 000 Canadiens avec un handicap veulent travailler. Nous sommes d'avis qu'il faut éliminer les obstacles qui pourraient les décourager.
Le Fonds d'intégration pour les personnes handicapées, le Fonds pour l'accessibilité et la récente initiative Ready, Willing and Able, que nous finançons, fournissent une aide physique et logistique aux personnes handicapées et les aident à trouver du travail. Il faut également sensibiliser les employeurs. Il y a des besoins à combler sur le marché du travail, et nous savons que les personnes handicapées peuvent les remplir. Il s'agit de sensibiliser les employeurs et de leur montrer qu'ils peuvent tirer profit de cette main-d'oeuvre. La situation évolue. Ceux qui participent à nos programmes montrent combien il peut être utile d'embaucher des personnes handicapées.
Notre ancien collègue, le , a mis en place le régime enregistré d'épargne-invalidité, dont nous sommes très fiers. C'est un programme unique au monde, qui permet aux familles d'épargner pour quelqu'un avec un handicap, que ce soit leur enfant ou un autre membre de la famille. C'est un programme extraordinaire doté d'une enveloppe de subventions importante. Nous savons qu'il faut le peaufiner, et c'est ce que nous faisons avec les provinces. Grâce à ce programme, les parents sauront, à leur disparition, qui s'occupera de leurs enfants et que de l'argent a été mis de côté pour eux. C'est exactement ce que fait le régime enregistré d'épargne-invalidité. Nous estimons que c'est notre responsabilité. Nous l'avons évoqué dans le budget des dernières années, et nous nous employons à l'améliorer et à le faire connaître pour qu'un nombre croissant de familles puissent en profiter.
Nous avons également augmenté le budget des Olympiques spéciaux. Encore une fois, c'est une façon d'aider ces jeunes qui font une contribution extraordinaire à la société et qui enrichissent la vie de tous.
Pour résumer, nous travaillons sur plusieurs fronts pour lever les obstacles qui se dressent devant les personnes handicapées. Nous les aidons à trouver un travail et à participer à la vie en collectivité. Nous aidons également les familles qui ont des personnes à charge.
Vouliez-vous parler des ententes relatives au marché du travail?
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Pour être honnête, je dirais qu'il est difficile de mesurer l'efficacité grâce à des statistiques, étant donné tout le travail que nous effectuons pour changer les systèmes. Nous n'avons aucun contrôle sur les organismes d'accréditation professionnelle qui prennent ces décisions. Nous jouons un rôle de facilitateur pour essayer de convaincre les provinces, et par leur entremise, les organismes d'accréditation de se rallier au programme pour accélérer et simplifier le processus et l'évaluation en vue de la reconnaissance des titres de compétence étrangers.
À cet égard, j'avancerais que nous avons fait beaucoup de progrès. Ce travail ne fait pas les manchettes, mais il est difficile, ardu, technique et détaillé. Cinquante millions de dollars d'investissement fédéral sont prévus dans le cadre pancanadien en vue de l'évaluation de la reconnaissance des titres de compétence étrangers. Nous payons pour rallier les 10 organismes d'accréditation provinciaux et nous collaborons avec la quarantaine de professions accréditées pour qu'elles s'assoient à la table en vue d'établir des procédures simplifiées et épurées pour l'évaluation de la reconnaissance des titres de compétence. Soit dit en passant, cet effort a comme conséquence heureuse de permettre une plus grande mobilité des travailleurs canadiens entre les provinces.
Nous avons travaillé sur 14 des 40 professions réglementées. Nous sommes sur le point d'entamer une nouvelle ronde. Nous recensons les professions où l'intérêt à participer au processus est plus grand. Certaines professions semblent être entravées par une attitude protectionniste de la vieille école. Je crois qu'on devrait commencer à montrer du doigt publiquement certains de ces groupes professionnels.
Enfin, je crois que nous avons un effet positif à certains égards, comme le projet de prêts en vue de la reconnaissance des titres étrangers. Nous avons accordé un millier de ces prêts, par l'entremise de groupes sans but lucratif qui ont pris des arrangements avec les institutions financières afin d'offrir des prêts pouvant atteindre 10 000 $ à des taux préférentiels et sous forme de crédit-relais. Ces prêts ont pour but d'aider les professionnels étrangers à prendre une pause des emplois de survie qu'ils occupent pour obtenir un diplôme universitaire, payer les examens d'accréditation ou faire ce qui s'impose en vue d'obtenir les quelques compétences nécessaires qui leur permettront d'obtenir leurs titres et de travailler dans leur domaine. Nous n'en sommes qu'à 1 000 prêts, mais c'est un bon projet pilote, et les résultats sont formidables.
Nous travaillons également à l'étranger, notamment dans le cadre du programme d'intégration en immigration qui est exécuté par l'Association des collèges communautaires du Canada. C'est dans les centres à l'étranger que nous invitons des immigrants de la classe économique choisis à assister à un séminaire gratuit qui comprend du counselling personnalisé sur la façon de se préparer au marché du travail canadien. Nous leur offrons de l'aiguillage pour qu'ils sachent où aller pour présenter une demande de reconnaissance de titres de compétence à l'avance et pour qu'ils puissent acquérir certaines connaissances avant d'arriver au Canada à titre de résidents permanents. Je répète que les résultats en matière d'emploi de ce segment de la population semblent extrêmement positifs. Je crois que CIC effectue une évaluation formelle de ce programme et les résultats sont à venir.
Honnêtement, il y a un nombre relativement peu élevé de participants à ces deux programmes. Si des centaines de milliers de personnes participaient à ces programmes, les coûts s'élèveraient probablement à des dizaines de milliards de dollars.
Nous essayons de jouer un rôle de facilitateur et d'exercer un leadership à cet égard. Je crois que la situation est... Il importe surtout de retenir que les réformes que nous apportons au système d'immigration, en effectuant une évaluation qualitative de l'éducation des candidats ainsi que des titres de compétence durant le processus de demande, permettent de mettre fin à l'absurdité d'attribuer la même valeur à un diplôme de l'Indian Institute of Technology, le MIT de l'Asie, qu'à un diplôme du collège le plus louche qui serait en fait une usine à diplômes.
Auparavant, nous attribuions le même nombre de points, soit la même crédibilité, dans notre processus de sélection en immigration aux diplômes et certificats, qu'ils soient de la plus grande ou de la plus piètre qualité. Dorénavant, nous effectuons une évaluation qualitative des candidats dont les titres professionnels ou diplômes seraient probablement reconnus au Canada ou qui se rapprocheraient le plus des normes canadiennes. Voilà les types de candidats que nous cherchons à admettre, car nous ne voulons pas qu'ils deviennent chauffeurs de taxi ou commis de dépanneur.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis ravi d'être de retour. C'était vite, n'est-ce pas?
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Jason Kenney: Je suis tout à fait ravi que le comité ait décidé d'étudier le renouvellement des ententes sur le développement du marché du travail. Il s'agit d'un sujet fort important.
Lorsque nous terminions notre dernière discussion, Mme Sims a fait allusion au programme de compétences générales. Nous ne sommes peut-être pas d'accord au sujet de tous les détails, mais je pense que presque tout le monde s'entend — des syndicats aux entreprises, des néo-démocrates aux conservateurs et des universitaires aux gens ordinaires — pour dire que nous avons un défi important à relever en matière de compétences et que, à l'heure actuelle, nous ne faisons pas un travail adéquat en la matière. Lorsque je parle de « nous », je songe à tous les paliers dans les secteurs public et privé qui ne font pas ce qui s'impose pour préparer les Canadiens au marché du travail de l'avenir.
Le gouvernement essaie de passer en revue tous les programmes qui s'occupent de la formation professionnelle ou encore du développement des compétences afin de tirer un meilleur rendement de l'argent des contribuables et de fournir de meilleures perspectives en ce qui a trait aux vrais emplois. Certains principes nous semblent utiles, notamment une plus grande participation des employeurs à la formation et un investissement accru de leur part dans le développement des compétences et la formation professionnelle. Lorsque les employeurs y risquent leur peau, ils ont intérêt à former des gens pour des emplois concrets et précis qui découleront de cette formation, au lieu de se contenter de les former pour le simple plaisir de les former.
Je ne veux pas m'attarder sur le fonds canadien pour l'emploi, la subvention canadienne pour l'emploi et les ententes sur le marché du travail, car j'en ai déjà discuté à la dernière session. J'aimerais simplement signaler que les principes sous-jacents, tels qu'une participation accrue de l'employeur, un investissement accru de sa part ainsi qu'une formation qui mène à de vrais emplois, sont les principes que nous essayons de mettre en oeuvre dans toute la gamme de programmes de développement des compétences du gouvernement fédéral.
Le plus important de ces programmes, ce sont les ententes sur le développement du marché du travail. Chaque année, nous transférons aux provinces un financement de 2 milliards de dollars selon une formule établie dans ces ententes il y a 15 ans. Il s'agit d'un calcul par habitant, mais il y a une certaine souplesse qui nous permet de tenir compte de promesses faites à l'endroit des régions où le taux de chômage est plus élevé. Ainsi, le transfert par habitant à des provinces comme Terre-Neuve-et-Labrador sera plus élevé que celui qui est accordé à l'Alberta, étant donné les variations du taux de chômage de ces provinces.
Il s'agit d'un transfert de 2 milliards de dollars qui est fondé sur les ententes bilatérales que nous avons conclues avec les provinces. La plupart des ententes sur le développement du marché du travail ont été signées à la fin des années 1990. J'aimerais reconnaître l'excellent travail effectué à l'époque par le ministre Pierre Pettigrew. Je pense qu'il s'agissait d'une excellente initiative de la part de l'ancien gouvernement libéral. Histoire de rendre à César ce qui revient à César, il faut féliciter les libéraux de s'être rendu compte qu'il était plus logique que les provinces s'occupent de ces programmes car elles sont là, sur le terrain et au courant des réalités locales du marché du travail plutôt que de laisser cela entre les mains d'un gouvernement fédéral qui prétendrait tout savoir.
Nous nous souvenons tous des années 1970 et des bureaux des centres d'emploi du Canada. Cette initiative est, en quelque sorte, l'héritière de ces centres. Il s'agissait d'une approche à l'emporte-pièce proposée par le gouvernement fédéral en ce qui a trait à la formation professionnelle. Heureusement, nous avons laissé cela de côté dans les années 1970. Et maintenant, nous prenons une partie des fonds générés par les cotisations à l'assurance-emploi, soit 2 milliards de dollars, et nous les transférons aux provinces qui conviennent de certains paramètres dans le cadre des ententes sur le développement du marché du travail. Mais, malgré tout le bon progrès qui a été accompli, il n'y a jamais eu d'évaluation exhaustive des EDMT. Nous ne nous sommes jamais assis avec les provinces pour parler des perspectives et pour discuter de la façon d'obtenir de meilleurs résultats.
J'ai mis sur pied un processus de consultation auprès des Canadiens intéressés, de concert avec mes homologues provinciaux. J'espère que le comité pourra nous fournir d'excellentes idées constructives sur la façon dont nous pourrions améliorer les résultats de cette dépense considérable qui est financée par les employeurs et les employés au moyen de leurs cotisations à l'assurance-emploi.
Comme je l'ai mentionné, j'en ai parlé avec mes homologues provinciaux. Je leur ai envoyé deux lettres. J'en ai parlé avec le Forum des ministres du marché du travail, qui se réunira en novembre. J'imagine que je les rencontrerai en juillet et que nous pourrons en parler plus longuement. Et j'ai envoyé une série de questions aux provinces sur lesquelles nous aimerions nous pencher afin de guider la discussion. J'espère que cela mènera à des ententes renouvelées avec les provinces et les territoires.
Voici les questions que j'ai posées. Comment pouvons-nous faire correspondre la formation aux demandes des employeurs? Comment les employeurs peuvent-ils participer davantage à l'établissement des besoins du marché du travail et s'assurer que les fonds EDMT servent à la formation qui répondra à ces besoins? Comment garantir que la formation mènera aux emplois disponibles? Comment pouvons-nous accroître la responsabilité individuelle dans la formation? Comment pouvons-nous accroître la responsabilité et l'investissement des employeurs dans la formation? Comment faire en sorte que la formation réponde aux besoins des employeurs, même si ces besoins dépassent ceux du marché local.
Deuxièmement, nous envisageons aussi des réformes pour mieux appuyer le retour au travail. Devrions-nous officialiser nos projets de collaboration qui ciblent plus rapidement les provinces et les territoires et l'aiguillage des prestataires de l'assurance-emploi?
Nous posons ces questions parce que les données sont claires: quand vous aidez les sans-emploi avec des mesures actives, quand vous les aidez à dresser un plan de retour au travail dès qu'ils sont au chômage, vous obtenez de bien meilleurs résultats.
Nous connaissons tous la situation. Ceux qui sont sans emploi pendant une longue période en viennent à être un peu découragés et déprimés. Leurs compétences deviennent un peu dépassées. Ils s'éloignent de plus en plus du marché du travail. Il faut donc les aider le plus tôt possible.
Nous voulons amener les provinces à comprendre qu'il ne suffit pas d'offrir des services au premier qui les demande, et qu'il faut agir de façon proactive et communiquer avec ceux qui viennent de perdre leur emploi. Il faut les amener à s'inscrire à un programme de mise à niveau de leurs compétences, de recyclage ou de listes d'emplois, et ce, le plus tôt possible.
Quand nous entendons parler de licenciements à grande échelle dans certaines entreprises, comme chez Heinz à Leamington, nous tentons, avec Service Canada, d'intervenir le plus tôt possible. Nous voulons encourager les provinces à être présentes sur le terrain sans délai pour aider ces nouveaux chômeurs à se doter d'un plan de retour au travail.
Pouvons-nous en faire plus pour joindre nos clients? C'est là qu'il faut être proactif. Comment pouvons-nous informer le ministère provincial dès qu'un chômeur présente une demande d'assurance-emploi afin que ce ministère puisse communiquer sans tarder avec la personne sans emploi pour lui offrir ses services?
Troisièmement, nous devons veiller à ce que les critères d'admissibilité évoluent en fonction des besoins du marché du travail. C'est un enjeu de taille, et je rends au NPD ce qui lui revient. L'opposition en général, mais surtout les néo-démocrates ont souligné la nature changeante du marché du travail canadien où il y a maintenant plus d'emplois à court terme, plus d'emplois contractuels et d'autres formes d'emploi informelles.
La formule « dernier embauché, premier congédié » est problématique. Bon nombre des jeunes qui sont en marge du marché du travail finissent par trouver un emploi mais, dès qu'il y a un ralentissement, ils sont les premiers à être licenciés. Souvent, ils n'ont pas travaillé assez longtemps pour avoir droit à des prestations d'assurance-emploi. Nous devons reconnaître la nature changeante du marché du travail dans les critères d'admissibilité à l'assurance-emploi. Nous sommes prêts à en discuter.
Nous avons demandé aux provinces comment elles utilisent les fonds prévus à la partie II de la Loi sur l'assurance-emploi — ce dont il s'agit ici, les fonds versés aux termes des EDMT — pour aider les travailleurs. Pourrions-nous réduire les coûts éventuels des pertes d'emplois chez les travailleurs plus à risque? Devrions-nous modifier les critères pour que les jeunes et les autres travailleurs qui n'ont pas accumulé suffisamment d'heures soient admissibles? Voilà où je voulais en venir. Devrions-nous élargir les critères d'admissibilité pour les groupes sous-représentés, tels que les chômeurs de longue date?
À la dernière séance, je vous ai parlé de la clientèle visée par les ententes sur le marché du travail. Ce sont des gens qui n'ont peut-être jamais travaillé ou qui n'ont que peu travaillé. Peut-être reçoivent-ils de l'aide au revenu. Ils n'ont pas droit à la formation financée par l'assurance-emploi. Nous ne voulons pas les abandonner. Comment les aider?
Nous nous sommes aussi demandé comment prouver que les programmes EDMT permettent de réaliser des économies en prestations d'assurance-emploi. À l'heure actuelle, les prestataires d'assurance-emploi perçoivent environ les deux tiers de leurs prestations avant de retourner au travail. Que pourrions-nous faire de plus pour les aider à retourner au travail plus rapidement et, ainsi, réduire les dépenses nettes au titre de l'assurance-emploi?
Ce dont il s'agit, c'est d'investir pour obtenir des résultats. Autrement dit, si les provinces communiquent avec les nouveaux chômeurs de façon proactive et leur offrent de bons programmes qui les aident à trouver rapidement un nouvel emploi, les sommes versées en assurance-emploi baisseront.
Nous devrions peut-être reconnaître que nous économiserons des fonds au titre de l'assurance-emploi en accordant, en quelque sorte, une prime de rendement aux provinces ou aux programmes qui ont de bons résultats. Plein de pays s'intéressent à la rémunération au rendement, car elle semble donner d'assez bons résultats. Pourrions-nous évaluer le rendement et récompenser les provinces qui aident les nouveaux chômeurs à trouver un emploi rapidement? C'est bon pour les provinces, c'est bon pour tout le pays.
Enfin, nous voulons améliorer les mesures de rendement. Nous avons demandé aux provinces comment nous pourrions améliorer le processus annuel de planification afin que les programmes EDMT répondent mieux aux besoins des clients et des employeurs, et quels sont les indicateurs de rendement qui nous aideraient le mieux à évaluer tous les coûts et les avantages des programmes EDMT.
Essentiellement, les contribuables méritent de savoir comment cet argent est dépensé, ce qu'ils en obtiennent et, honnêtement, j'estime qu'à l'heure actuelle, la reddition de comptes n'est pas à la hauteur. Nous ne voulons pas imposer aux provinces des rapports et des formulaires à n'en plus finir, mais nous voulons recueillir de bonnes données pour déterminer si ces programmes fonctionnent bien. Je sais que certains de mes collègues... je ne les nommerai pas, car je n'ai pas à me faire leur porte-parole. Un député de ce côté-ci m'a souvent parlé d'organisations financées par la province à même les fonds prévus à l'EDMT pour ne dispenser, somme toute, que des services de rédaction de curriculum vitae. Certains les appellent des usines à CV. Je sais que ces organisations sont pleines de bonnes intentions, mais quels résultats obtiennent-elles? Voilà le genre de choses qu'il nous faut savoir.
[Français]
Monsieur le président, je suis désolé de ne pas avoir fait un exposé formel, mais je voulais tout simplement vous donner un aperçu de mes idées.
Je suis ouvert aux idées constructives. J'attends avec beaucoup d'intérêt les réponses des provinces et des territoires ainsi que du secteur privé, y compris des syndicats et des employeurs, mais tout particulièrement de vous, les parlementaires.
Merci beaucoup.
:
Oui, tout à fait. Si j'ai entrepris cette mission d'étude, c'est justement parce que je pense que nous, les Canadiens, malgré l'immensité et l'ouverture de notre pays, sommes parfois un peu bornés. Nous pensons parfois avoir trouvé le bon modèle. Je pense qu'en réalité, lorsqu'il s'agit de développement des compétences, nous sommes loin d'être un modèle. Nous avons un des taux d'inscription universitaire les plus élevés au monde, ce qui est formidable. Un grand nombre de jeunes Canadiens ont des diplômes universitaires. Malheureusement, comme nous le savons, un pourcentage de plus en plus élevé de ces jeunes sont sous-employés ou travaillent dans un domaine dans lequel ils n'ont pas étudié.
Comme je le disais, nous avons aussi l'un des plus faibles niveaux d'investissement privé dans le développement des compétences parmi les pays développés. Le taux de chômage chez nos jeunes est de 14 %, ce qui est inacceptable; on observe le même taux chez les immigrants récents. Le taux de chômage parmi les Autochtones est également inacceptable. Et cela, alors que les employeurs disent que leur principal problème, c'est la pénurie de main-d'oeuvre. Il est donc clair que quelque chose ne fonctionne pas.
C'est pourquoi j'ai invité des intervenants clés, dont mes homologues provinciaux et des représentants d'associations commerciales et syndicales, à venir avec moi en mission d'étude en Allemagne et au Royaume-Uni. Notre délégation comprenait 30 personnes qui représentaient cinq provinces, la plupart des grands secteurs d'affaires et certains des grands syndicats.
L'Allemagne est, je pense, généralement considérée comme ayant le modèle le plus remarquable. En fait, je devrais plutôt parler du système allemand qui est très semblable à celui adopté en Autriche, en Suisse et au Danemark, où l'on fait de grands efforts pour persuader et encourager les jeunes du secondaire à s'inscrire à des programmes d'apprentissage rémunérés. Leur conception de l'apprentissage est beaucoup plus vaste que la nôtre. Nous avons environ 150 métiers faisant l'objet d'un apprentissage. En Allemagne, il y en a environ 350. Cela comprend des secteurs comme la vente au détail et les banques, en plus des métiers de la construction.
Plus de 60 % des jeunes Allemands, à partir de l'âge de 16 ans environ, participent à ces programmes d'apprentissage qui se déroulent en général chez l'employeur pendant environ trois jours et demi par semaine, alors qu'ils suivent une formation professionnelle dans une école pendant une journée et demie. La théorie qu'ils apprennent au collège est parfaitement intégrée à l'expérience qu'ils obtiennent en milieu de travail, et ils reçoivent une modeste allocation. Ces programmes d'apprentissage durent en moyenne trois ans, ce qui veut dire que la plupart des jeunes Allemands obtiennent un certificat vers l'âge de 19 ans. Ils ont déjà un employeur. Plus de 90 % d'entre eux travaillent dans le domaine pour lequel ils ont été formés et ils ne sont pas endettés.
L'un des facteurs essentiels est évidemment le haut niveau de participation des employeurs dans le système d'éducation et le sens de responsabilité que les employeurs doivent investir dans la formation. Autrement dit, ils doivent entretenir tout l'équipement, rémunérer les formateurs et verser de modestes salaires aux apprentis. C'est un gros investissement. En fait, les employeurs allemands investissent collectivement l'équivalent de 47 milliards de dollars par année seulement pour les programmes d'apprentissage.
L'autre facteur clé, c'est ce que les Allemands appellent l'estime réciproque entre la formation technique acquise dans le cadre de programmes d'apprentissage et les diplômes universitaires. Tout le monde en Allemagne, y compris les universitaires nous ont dit qu'un certificat d'une école de métiers qu'obtient un apprenti à l'âge de 19 ans a la même valeur sociale et économique aux yeux de tous les Allemands qu'un diplôme universitaire. C'est peut-être le plus grand changement culturel que nous devons opérer au Canada. Pendant trop longtemps, nous avons minimisé la valeur de la formation technique, de l'apprentissage par l'expérience et de l'éducation non universitaire.
Je ne veux surtout pas dresser ces deux filières l'une contre l'autre. Au contraire, ce que je veux dire, c'est que nous devons valoriser et encourager tous les choix car, à mon avis, il y a trop de jeunes Canadiens qui font des études universitaires dans des domaines où ils ont peu de chance de trouver un emploi, alors qu'on prévoit des pénuries de compétences dans des domaines plus techniques.
Je pense que ce sont les questions auxquelles nous devons nous intéresser.