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Nos témoins sont arrivés. Nous avons le quorum. La séance est donc ouverte.
Aujourd'hui marque la 13e réunion organisée par le comité conformément à sa motion prévoyant une étude des services de santé assurés au personnel des Forces canadiennes, en particulier dans le cas des troubles de stress post-traumatique.
Nous accueillons aujourd'hui le Commandant Briggs, conseiller médical du Chef d'état-major des Forces maritimes; le Colonel Darch, conseiller médical du Chef d'état-major de l'Armée de terre; et le Capitaine Courchesne, conseiller médical du Chef d'état-major de la Force aérienne. Bienvenue à vous tous.
La procédure normale en comité consiste à vous inviter à faire un exposé liminaire. Je crois savoir que vous avez tous les trois des remarques à faire, et nous y consacrerons le temps nécessaire. Ensuite nous ouvrirons la période des questions.
Si j'ai bien compris, Commandant, c'est vous qui allez commencer. Vous avez donc la parole.
Je voudrais commencer par remercier le comité de m'avoir invité à comparaître afin de discuter des services de santé et de soutien assurés aux membres des Forces maritimes.
Mais, permettez-moi de me présenter : je suis le Commandant Rob Briggs. Au cours de ma carrière, j'ai surtout travaillé dans l'environnement maritime, même si j'ai passé une période considérable au sein de l'armée de terre. J'ai été déployé dans les deux environnements et j'ai également mené à bien des études supérieures dans le domaine de la santé publique et de la médecine hyperbare — c'est-à-dire la médecine de plongée et sous-marine.
Mon titre actuel est directeur, Services de santé des Forces maritimes et conseiller médical du Chef d'état-major des Forces maritimes. Mes principales tâches sont les suivantes : je dispense des conseils professionnels, techniques ou cliniques au Chef d'état-major des Forces maritimes sur tous les aspects du soutien aux services de santé du point de vue du personnel, des plates-formes, de l'équipement et des opérations de la Marine. Ainsi j'agis à titre de responsable auprès du Chef d'état-major des Forces maritimes pour toute question liée à la santé professionnelle.
Dans mon rôle de directeur des Services de santé des Forces maritimes, je joue le rôle de défenseur en vue de m'assurer que le groupe centralisé des services de santé des Forces canadiennes répond aux besoins en matière de santé de la Marine. Je dispense également des conseils au Médecin-chef et au personnel supérieur des services de santé des Forces canadiennes sur les priorités et l'orientation stratégique de la Marine du point de vue de leur incidence sur la prestation actuelle et future des services de santé et la protection de la santé des membres des Forces canadiennes.
Je suis le conseiller supérieur auprès du Médecin-chef sur toute question liée à la santé professionnelle des membres de la Marine, y compris sur la médecine de plongée et sous-marine. Je suis une sorte d'intermédiaire clinique, si vous voulez, entre le Médecin-chef et les médecins-chefs régionaux, basés à Esquimalt et Halifax, pour toutes les questions d'ordre clinique. Le cas échéant, je modifie la politique des SSFC et dispense des conseils sur la prestation des programmes en fonction des besoins opérationnels et professionnels de la Marine.
Il importe de comprendre que j'exerce des fonctions d'état-major et non pas d'exécution au sein des Forces maritimes et du quartier général du Groupe des services de santé des Forces canadiennes. Je veux dire par là que je ne suis pas le commandant des centres de santé des Forces canadiennes sur l'une ou l'autre côte. Ces derniers sont administrés par des responsables cliniques qui relèvent soit du Groupe des services de santé d'Esquimalt — situé à Edmonton — ou de l'un des quatre quartiers généraux du Groupe des services de santé de Halifax — situé à Montréal.
En tant qu'officier d'état-major, je suis chargé de contrôler les aspects professionnels, techniques et cliniques des programmes de santé et de la prestation des soins de santé par l'ensemble du personnel assurant des soins opérationnels ou de préparation opérationnelle au personnel de la Marine.
Par le passé, la Marine a généralement joué un rôle important dans la défense de la souveraineté et de la sécurité canadiennes et la présentation à l'étranger des objectifs de la politique étrangère canadienne. Depuis 1990, la Marine participe à de nombreuses missions de l'ONU et de l'OTAN dans le sud-ouest de l'Asie, en Somalie, en Haïti, dans la zone de la mer Adriatique, au Timor oriental, et en vue d'aider nos voisins du Sud suivant les effets dévastateurs des ouragans. De plus, la Marine est intervenue dans différents contextes nationaux, y compris lors des opérations de récupération qui a suivi l'écrasement de l'avion de Suisse Air, l'arraisonnement du GTS Katie, la répression du trafic de drogues, les patrouilles de surveillance des activités de pêche, etc.
Comme vous le savez, la Marine joue un rôle capital dans les opérations des Forces canadiennes depuis les événements du 11 septembre. Dans le cadre de l'Opération Apollo, le Canada a déployé vers l'Asie du Sud-Ouest 15 grands bâtiments de guerre sur les 17 que nous possédons, ce qui constitue 96 p. 100 de nos affectations en mer. D'ailleurs, la Marine y assure encore une présence. Le NCSM Charlottetown y est actuellement déployé, et le NCSM Toronto est récemment revenu d'un déploiement opérationnel dans cette zone.
De plus, des renforts exécutent à présent des tâches importantes en Afghanistan. Sur une base quotidienne, des plongeurs, des mineurs, des membres de l'équipe d'arraisonnement des navires, l'équipe des aéronefs Sea King et des experts en neutralisation des explosifs et munitions mettent leurs vies en danger au nom du Canada.
Il importe que le comité comprenne que le personnel de soutien des services de santé à bord d'une frégate ou d'un destroyer en mer est au nombre de deux : un adjoint de médecin et un technicien médical. Comme le navire peut être à sept jours de la terre quand un problème se présente, ces deux membres du personnel doivent être très bien formés, bien équipés et posséder une capacité de réflexion indépendante. Il est évident qu'ils ont de lourdes responsabilités et constituent de précieux actifs pour les SSFC et la Marine.
Plusieurs éléments rehaussent la capacité de la Marine d'assurer à son personnel le soutien approprié des services de santé. Je vais me contenter d'en mentionner seulement un ou deux.
La pratique de la Marine consistant à maintenir des divisions de port d'attache permet d'assurer de la stabilité et du soutien aux membres de la famille des marins qui sont en déploiement ou sont absents pour suivre des cours.
Le personnel de la Marine bénéficie énormément de soutien de la part de la chaîne de commandement de la Marine aux niveaux supérieurs de l'organisation, du commandant de formation sur chaque côte et du chef d'état-major des Forces maritimes, de qui relèvent en fin de compte la santé et le bien-être des marins, des soldats et des aviateurs.
Si je rappelle ces éléments aux membres du comité, c'est parce qu'il importe d'insister sur la nécessité, quelles que soient les recommandations découlant de l'excellent travail du comité, de faire participer la Marine et de s'assurer que les besoins de la Marine sont pris en compte dans ses recommandations.
Je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions, quand mes collègues auront fini leurs exposés liminaires.
Merci beaucoup.
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Monsieur le président et membres du comité, je suis le Captv Cyd Courchesne, conseiller médical du Chef d'état-major de la Force aérienne et directeur de la Médecine aérospatiale au sein des Forces canadiennes.
Je voudrais, tout d'abord, vous fournir quelques renseignements à mon sujet et vous expliquer le rôle et les responsabilités rattachés à mon poste. Je suis omnipraticien de métier et je me suis engagé dans les Forces canadiennes à titre de médecin militaire généraliste pour ensuite faire des études supérieures en médecine aéronautique. J'ai passé la majeure partie de ma carrière à assurer des services de soutien à la Force aérienne. J'ai commencé ma carrière comme médecin de l'air à Cold Lake, en Alberta, et ai gravi les échelons au fil des ans pour être finalement nommé au poste de conseiller médical du Chef d'état-major de la Force aérienne.
Même si vous pouvez trouver étrange que je m'acquitte de mes responsabilités en portant l'uniforme de la Marine, cette façon de faire est le simple reflet de la capacité interarmées des Forces canadiennes.
Comme mes collègues ici présent, de façon générale, j'assure la liaison entre la Force aérienne et le Groupe des services de santé. Je dispense des conseils au Chef d'état-major de la Force aérienne ainsi qu'à son personnel sur des questions médicales, et je suis le point de contact pour le personnel du Commandement des Forces aériennes sur toute question liée aux services de santé. De même, je suis chargé de fournir, au Commandant des services de santé et à notre personnel supérieur, des conseils et des renseignements et de les tenir au courant de la situation de la Force aérienne et de problèmes qui la concernent.
De plus, je joue un rôle de direction auprès de tous les médecins régionaux en leur assurant des conseils professionnels et techniques sur toute question liée au soutien de la médecine aéronautique, même si ces derniers ne relèvent pas directement de moi. Ainsi je suis un officier supérieur d'état-major au sein du Groupe des services de santé, et je représente le Canada au sein de groupes de travail internationaux examinant des questions liées à la médecine militaire et aéronautique.
Ainsi je ne joue aucun rôle direct dans la prestation des services de santé au niveau clinique ou dans le cadre des déploiements, ni dans le domaine de la santé mentale, que ce soit au niveau des programmes, des politiques ou de la prestation des services.
En tant que directeur de la Médecine aéronautique, je suis généralement responsable de la formulation des doctrines, des plans stratégiques et des politiques touchant le soutien des services de santé dans le contexte des opérations aériennes. Je suis chargé notamment de l'élaboration des normes et des politiques médicales touchant les équipages d'aéronefs au nom du Chef d'état-major de la Force aérienne et pour l'ensemble des Forces canadiennes.
Je suis également titulaire du poste de conseiller médical auprès de l'autorité chargée de la navigabilité en vertu de la Loi sur l'aéronautique, et il se trouve qu'il s'agit du Chef d'état-major de la Force aérienne.
[Français]
Je répondrai avec plaisir à vos questions en français ou en anglais. Merci.
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Monsieur le président et membres du comité, je tiens à vous remercier de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je suis le Colonel Allan Darch, conseiller médical du Chef d'état-major de l'Armée de terre.
Je voudrais commencer par vous expliquer brièvement mes antécédents, de même que le rôle et les responsabilités rattachés au poste que j'occupe actuellement. Je tiens à préciser que je ne joue pas de rôle direct dans la prestation des services de santé mentale, et que je n'ai aucune responsabilité précise à l'égard des traumatismes liés au stress ou du SSPT.
S'agissant de ma formation médicale, je suis omnipraticien de métier, et j'ai consacré la majeure partie de ma carrière à assurer des services de soutien médical à l'Armée de terre. Au cours de ma carrière, j'ai été déployé à quatre reprises sur le théâtre d'opérations. La première fois, j'étais médecin militaire de l'unité, rattaché à un bataillon d'infanterie mécanisé — d'ailleurs, je suis ravi de revoir aujourd'hui mon premier commandant, le Général Cox. Petit à petit, j'ai gravi les échelons pour occuper mon poste actuel, soit conseiller médical du Chef d'état-major de l'Armée de terre.
De façon générale, j'assure la liaison entre l'Armée de terre et le Groupe des services de santé. Je suis chargé plus particulièrement de conseiller le Commandant de l'Armée de terre et son personnel supérieur sur des questions médicales, et je suis le point de contact pour le personnel supérieur du Commandement de l'Armée terrestre sur tout ce qui concerne les services de santé. J'agis également comme officier supérieur d'état-major de l'Armée de terre. Parallèlement, je suis chargé de fournir au Commandant du Groupe des services de santé et à son personnel supérieur des conseils et des renseignements pertinents, de les tenir au courant de la situation de l'Armée de terre et d'être leur point de contact pour toute question médicale touchant l'Armée de terre. Je fais également fonction d'officier supérieur d'état-major au sein du Groupe des services de santé et je représente le Canada au sein de groupes de travail militaires internationaux examinant des questions liées aux soins de santé.
De plus, j'assume un rôle de direction auprès des quatre médecins militaires régionaux de l'Armée de terre en leur assurant des conseils médicaux, professionnels et techniques, même si ces derniers ne relèvent pas de ma responsabilité.
Je précise également que je suis le chef national de l'exercice de la profession pour les médecins militaires généralistes. À ce titre, je suis responsable de la coordination et du contrôle des postes de médecins militaires dans l'ensemble du Canada et je participe à leur gestion de carrière. Dans le cadre de mes responsabilités dans ce domaine, je préside le Conseil des études supérieures et je participe au travail des conseils de promotion.
Pour m'aider à m'acquitter de mes responsabilités, j'ai un employé subalterne du grade de major, qui est officier responsable de services de santé.
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, Commandant, Capitaine, et Colonel.
Cette question est sans doute l'une des plus délicates et importantes que nous ayons à examiner en ce qui concerne l'état de nos troupes. Bien sûr, on insiste beaucoup sur la prévention, mais il y a aussi la question des traitements.
Dans un premier temps, il conviendrait sans doute de parler de la situation actuelle. Je sais, pour avoir lu aujourd'hui une revue médicale, que lorsqu'ils ont étudié les données contenues dans plus de 8 000 dossiers, ils ont constaté que la moitié des personnes atteintes du syndrome de stress post-traumatique n'ont même pas la possibilité d'envisager un traitement quelconque. Voilà donc le premier point que je voudrais examiner avec vous, et je vous invite à en parler.
Je voudrais également savoir, plus particulièrement, quelle est la situation actuelle au sein de nos Forces canadiennes. Peut-être devrions-nous parler du syndrome de stress post-traumatique, mais il y a d'autres problèmes également, tels que les toxicomanies, l'alcoolisme, etc. Je voudrais donc savoir où se situent nos troupes à l'heure actuelle sur ce plan-là.
Deuxièmement, j'étais un peu troublé par la réponse du Général Jaeger quand nous parlions du fait qu'on donne des médicaments aux soldats pour les renvoyer ensuite sur le terrain. Je ne veux pas trop entrer dans le détail maintenant, mais je vous invite à aborder ces deux questions.
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Monsieur Coderre, si vous me permettez de revenir brièvement sur votre première question, je dirais que la stigmatisation des personnes qui ont des problèmes de santé mentale est effectivement une question très importante, non seulement au sein des Forces canadiennes, mais dans la population canadienne en général. Il est très difficile de faire disparaître ces barrières.
Dans bien des cas, c'est un problème de perception de la part de l'intéressé, et c'est cela qui donne justement lieu à la difficulté. Nous avons beau offrir toutes sortes de services, si ces personnes ne s'adressent pas elles-mêmes aux autorités pour leur signaler qu'elles ont un problème ou si d'autres ne le font pas pour elles, on peut difficilement les traiter, et c'est justement l'un des problèmes épineux auxquels nous sommes confrontés.
Nous avons tout de même pris certaines mesures. Par exemple, nous avons préparé une nouvelle évaluation de l'état de santé, qui va bientôt être mise en application, et cette dernière va être effectuée tous les deux ans. Par le passé, les membres des Forces canadiennes devaient passer un examen médical tous les cinq ans, jusqu'à l'âge de 40 ans, c'est-à-dire les antécédents médicaux et un examen physique. Ensuite, entre l'âge de 40 et 50 ans, c'était tous les deux ans, et après cela, une fois par an.
Mais, nos spécialistes nous ont fait savoir qu'il est bien préférable de procéder à une évaluation de ce genre tous les deux ans dès le départ. Donc, non seulement cette évaluation va se faire beaucoup plus souvent — tous les deux ans — mais nos experts ont incorporé dans cette évaluation tout un éventail de questions de dépistage qui portent non seulement sur la santé physique, mais sur la santé mentale.
Nous espérons que, ayant pris la décision de faire cette évaluation tous les deux ans, nous serons mieux à même de savoir quelles personnes connaissent des difficultés physiques ou mentales. Voilà donc l'un des moyens que nous prenons pour assurer des contacts plus fréquents avec le personnel militaire dans l'espoir de déterminer quelles personnes ont des problèmes.
Comme le comité a déjà reçu des témoignages à ce sujet, il est au courant du processus de dépistage amélioré après emploi que nous avons créé et, d'après ce que j'ai pu voir — encore une fois, la santé mentale n'est pas mon domaine d'expertise — il s'agit de la première fois que des forces militaires créent un processus post-déploiement comme celui-ci. D'après ce qu'on m'a dit, il est même supérieur au système utilisé aux États-Unis.
On peut espérer qu'il sera possible de rejoindre tous les membres qui reviennent d'un déploiement à l'étranger. Dans un délai de trois à six mois après leur retour au Canada, nous les ferons passer par un processus de dépistage amélioré, qui comporte un questionnaire et une entrevue avec un professionnel de la santé mentale. La chaîne de commandement est censée s'assurer que cela se réalise. Donc, la chaîne de commandement dira au Caporal Bloggins: « Présentez-vous à telle date pour remplir le questionnaire amélioré post-déploiement ».
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Le problème de la déconsidération qui accompagne celui atteint d'un problème de santé mentale est assez courant, me semble-t-il, au sein de la société canadienne, et il en va de même pour l'armée.
Nous avons pris énormément de mesures en vue de déstigmatiser les personnes atteintes de maladies mentales et de conscientiser les militaires à ce chapitre. Par exemple, nous avons élaboré à dessein une série de stratégies qui se chevauchent afin d'aider les gens à mieux comprendre les maladies mentales et d'encourager les personnes qui en sont atteintes de demander de l'aide. Nous avons essayé de nous donner de nouveaux moyens de les rejoindre et de leur donner plus de possibilités de chercher de leur propre chef à se faire aider.
De façon générale, le fait d'attendre avant de demander de l'aide pour traiter une maladie mentale semble être un phénomène assez courant au Canada en général. En vue d'encourager les gens à demander de l'aide, nous déployons sur le théâtre d'opérations des équipes spécialisées dans la prestation de services de santé mentale. Elles sont accessibles sur le terrain — l'équipe est formée d'un psychiatre, d'un travailleur social et d'une infirmière ou infirmier spécialisé en santé mentale.
Lorsqu'ils reviennent d'une mission, nous renseignons les membres sur les traumatismes liés au stress. De même, lorsque les officiers et les sous-officiers suivent des cours de formation professionnelle, on les renseigne sur les traumatismes liés au stress et la santé mentale. Nous avons également le processus de dépistage de post-déploiement, pendant lequel les militaires remplissent un questionnaire qui comporte des questions au sujet des traumatismes liés au stress et le SSPT. De plus, ils ont un entretien particulier avec un professionnel de la santé par la même occasion. Ainsi ils ont la possibilité de parler de leurs problèmes sans avoir à prendre eux-mêmes l'initiative de se rendre quelque part à cette fin. C'est nous qui prenons l'initiative à leur place.
De plus, nous avons le programme d'aide aux membres, en vertu duquel ils peuvent obtenir, de façon confidentielle, les services d'autres spécialistes qui ne font pas partie des Forces canadiennes. Ils ont accès à un maximum de 10 séances de counseling dispensées par des civils qui ne sont pas membres des Forces canadiennes, si bien que toute cette activité est confidentielle. De plus, il existe un réseau de soutien social aux victimes de stress opérationnel et, enfin, le questionnaire utilisé pour les examens médicaux biennaux comprend à présent des questions qui doivent nous permettre de nous renseigner sur leur état de santé mentale.
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Oui, absolument. En 2003-2004, nous avions au sein des Forces canadiennes 229 professionnels en santé mentale. Ce chiffre comprenait les psychiatres militaires et civils, les psychologues, travailleurs sociaux, infirmières spécialisées en santé mentale et spécialistes des toxicomanies.
Suivant l'approbation de l'initiative de santé mentale, nous avons réussi à faire passer le nombre de fournisseurs de services à 321, et nous visons un total de 447 professionnels en santé mentale d'ici 2009.
En même temps, entre 2004 et 2009, nous allons investir 98 millions de dollars dans les service de santé mentale dans les Forces canadiennes, qui est tout de même une somme considérable. Pour vous permettre de mieux vous situer, étant donné le nombre de professionnels de la santé mentale dont nous disposons actuellement, nous avons un professionnel pour 202 membres des Forces canadiennes. En 2009, lorsque nous aurons 447 professionnels de la santé mentale, il y aura un professionnel spécialisé dans la santé mentale pour 145 membres des Forces canadiennes. Donc, nous aurons alors une capacité très robuste. Le fait est que tous les membres des Forces canadiennes ont accès aux services de santé mentale. Il suffit de les demander.
Colonel Darch, je pense qu'il serait juste de dire que votre service est celui dont le fardeau est actuellement le plus lourd en raison des problèmes qui sont liés à la mission en Afghanistan.
Nous, les membres du Comité de la défense, nous sommes rendus en Afghanistan. Nous avons vu le petit hôpital de la base et nous avons rencontré certains des militaires qui y travaillaient, y compris un travailleur social, un psychiatre et des médecins.
Quels sont donc les défis particuliers auxquels vous êtes confrontés dans votre secteur? Je sais qu'ils sont certainement nombreux, mais peut-être pourriez-vous vous contenter de parler seulement de ceux qui sont les plus importants et les plus prioritaires.
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Cela dépasse un peu mon secteur de responsabilité, mais je voudrais vous parler de deux défis particuliers.
Premièrement, il y a celui de s'assurer que nous assurons les meilleurs soins médicaux à nos soldats. Deuxièmement, nous devons nous assurer d'avoir nous-mêmes suffisamment de personnel. À ce chapitre, nous avons déployé des efforts considérables pour attirer et recruter des médecins et pour les garder au sein des Forces canadiennes.
Depuis environ 12 ans, nous avons un problème réel de pénurie de médecins. À l'heure actuelle, nous avons un lieutenant-colonel médecin qui consacre tout son temps à la question des mesures qui s'imposent pour attirer et recruter des médecins, et nous avons aussi engagé deux officiers de recrutement réservistes qui nous aident tout particulièrement à recruter des médecins. Par conséquent, nous avons à présent 150 médecins militaires qui ont le grade de capitaine et de major. Pendant longtemps, ce nombre était inférieur à 100, ce qui supposait un déficit important. En 2006, nous avons réussi à faire passer le nombre à 115, et en ce moment, nous en sommes à 126. Tout laisse croire que nous aurons réussi à atteindre 150 d'ici avril 2009, et c'est exactement le nombre que nous devrions avoir.
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Eh bien, depuis toujours, les marins ont l'habitude de s'absenter pendant longtemps sans que ce soit considéré comme un déploiement. Autrefois — c'est-à-dire, dans les années 1960, 1970 et 1980 — il était courant d'être absent entre six et huit mois de l'année, et c'était considéré tout à fait normal. Typiquement, quand on revenait au Canada, on devait suivre un cours de perfectionnement professionnel — le plus souvent, à Halifax — donc, loin de son port d'attache. La vie des familles des marins était donc très difficile à l'époque.
Depuis, il y a de plus en plus de déploiements dits opérationnels au sein de la Marine. Dans le cadre de l'Opération Apollo, entre 2001 et 2003, les gens étaient déployés un an après leur retour au Canada. Leur fardeau était excessivement lourd, étant donné que la Marine est plus petite que la Force aérienne ou l'Armée de terre, étant composée d'un peu moins de 10 000 marins seulement. Donc, le fardeau de ces gens-là était lourd, surtout lorsqu'ils ont commencé à tomber malades ou à se sentir épuisés. Les marins qui étaient censés être affectés à terre se voyaient tout de suite renvoyés en mer.
En ce qui concerne les services de santé, à l'heure actuelle, le plus important défi que nous avons à relever concerne le fait que nos adjoints aux médecins sont recrutés massivement par le secteur civil, et notamment, le Manitoba, l'Alberta et l'Ontario.
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Merci, monsieur le président.
Concernant le fait que les gens évitent de se faire soigner, etc., je peux vous dire, en tant que pilote, que nous avions tendance à éviter d'aller voir les médecins de l'air, mais je crois que le Capitaine Courchesne le sait déjà.
Je voudrais parler de l'étude qui a été mentionné, qu'on appelle l'étude Douglas. Elle vient d'être publiée, même si elle remonte à 2002. Sur les 81 000 membres de la force régulière et de la force de réserve de l'époque, 8 000 ont participé à l'enquête. Sur ce nombre, 1 220 avaient des symptômes d'un ou de plusieurs troubles mentaux et, sur ce nombre-là, quatre personnes sur six n'avaient pas cherché à se faire soigner. Donc, le nombre réel est d'environ 800 sur les 8 000 qui ont participé à l'enquête. Pour bon nombre d'entre eux, il est évident que leurs problèmes ne sont pas liés à l'Afghanistan; il est plus probable qu'ils soient liés à leur expérience en Bosnie et en Somalie, et dans le cadre d'autres opérations.
Étant donné toutes les mesures qui ont été prises pour rehausser la disponibilité des services et conscientiser les membres, pour éliminer la stigmatisation des personnes atteintes de problèmes de ce genre, pour renseigner les membres des Forces canadiennes sur des questions de ce genre, et sachant que les Forces canadiennes ont travaillé très fort dans tous ces différents domaines, à votre avis, Capitaine Courchesne, cette réticence à demander de l'aide est-elle plus prononcée ou l'inverse? Pensez-vous que les gens sont plus ou moins réticents qu'avant à se faire soigner?
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Notre collaboration avec elles est assez considérable. Par contre, je ne sais pas si nos spécialistes de la santé mentale auraient ou non travaillé de pair avec elles.
Vous avez demandé au Capitaine Courchesne de vous dire quelles mesures nous avons prises pour lutter contre la stigmatisation des membres. À ce chapitre, nous avons justement trouvé bien utile, pour atténuer le problème de la stigmatisation, de renseigner les gens quand ils reviennent d'un déploiement, et de conscientiser les sous-officiers et les officiers participant à des cours de perfectionnement professionnel concernant les traumatismes liés au stress opérationnel et la santé mentale en général. Ces initiatives se sont révélées bien utiles.
Nous constatons justement que grâce à ces initiatives de sensibilisation, au programme de décompression dans un tiers lieu et au programme de dépistage post-déploiement, il a été possible d'éliminer bon nombre de ces barrières, car les gens ont pu parler directement avec des professionnels spécialisés dans la santé mentale, si bien qu'ils étaient beaucoup moins réticents à revenir leur parler plus tard, s'ils ressentaient le besoin de le faire.
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Nous avons un processus, élaboré avec nos responsables opérationnelles, nous permettant de profiter des leçons retenues et je dirais même que, du point de vue opérationnel, notre taux de succès est bien meilleur par rapport à d'autres aspects de nos activités. Sur ce plan-là, personne ne réussit mieux que l'Armée, à mon humble avis. Ce processus est en place depuis très longtemps.
Aux SSFC, nous transmettons les renseignements pertinents à l'Armée de même qu'à notre propre cellule opérationnelle, et l'une des priorités de notre groupe consiste justement à créer une capacité robuste en matière de leçons retenues qui dépasse le simple contexte opérationnel. Par exemple, pour ce qui est du TED — soit le Tableau d'effectifs et de dotation — qui indique quels éléments de l'effectif médical doivent être déployés — nous sommes constamment en train de modifier le Tableau, selon qu'il existe un besoin d'infirmières en soins intensifs, de travailleurs sociaux, de physiothérapeutes ou d'officiers spécialistes des biosciences pour protéger les membres des Forces. Et, c'est constant. Je dirais que le délai d'exécution est assez court. Nous sommes assez bons pour ce qui est de changer rapidement quand il le faut.
De plus, je sais pertinemment que le Colonel Bernier, qui est directeur des Opérations liées aux services de santé, est en contact avec le médecin affecté à la force opérationnelle sur une base quotidienne.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à nos invités et les remercier de leur présence.
Ma question fait suite à celles de mes collègues, M. Coderre et M. Hawn. Vous avez dit que vous procédez à une évaluation de nos hommes et femmes membres des Forces canadiennes avant et après le déploiement, et vous avez également dit, et je vous cite: « certains ne cherchent pas à se faire soigner ». Mais, je ne peux vraiment pas accepter cette explication car, avant qu'ils soient déployés, ils sont évidemment évalués et déclarés être en bonne forme physique et mentale, etc. Je suis convaincu qu'il en est ainsi. Ensuite, on leur demande d'aller faire leur devoir.
Une fois qu'ils reviennent au Canada après avoir servi à l'étranger pendant six mois ou plus longtemps, ils doivent nécessairement faire l'objet d'une évaluation. C'est bien ça? Et, une fois qu'ils ont été évalué, un rapport d'évaluation est préparé indiquant que telle personne souffre de tel problème, par exemple. Si l'intéressé ne cherche pas à se faire soigner, qu'arrive-t-il après cela? Il est évident que vous communiquez avec l'intéressé pour lui dire que vous avez dépisté tel problème et que vous recommandez tel traitement. C'est bien ça?
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Selon vous, avons-nous tiré les bons enseignements de nos expériences dans d'autres conflits? La barre est-elle plus élevée maintenant, selon vous? Vu nos expériences en Yougoslavie, en Somalie et ailleurs, et l'opération qui se déroule actuellement, les Forces canadiennes ont-elles de nouvelles approches, de nouvelles méthodes et de nouvelles techniques qui sont le résultat de ce que nous avons appris?
Il n'était pas nécessaire d'attendre l'étude parce que, comme on l'a vu plus tôt, c'est un processus permanent. Selon vous, avons-nous fait de bons progrès, ou serait-il possible de faire mieux? Est-il impossible de faire mieux? Et, savez-vous quel pourcentage du budget global cela représente en tout?
Je ne sais pas du tout quel montant est prévu au budget des Forces canadiennes pour ces activités-là ni quelle proportion cela peut représenter. Je pense qu'aucun d'entre nous ne le sait mais, si vous le savez, peut-être pourriez-vous nous dire quelle proportion du budget est consacrée à ce genre de services. Je ne parle pas uniquement des services que vous assurez; j'inclus l'ensemble du secteur des services médicaux. Manque-t-on de personnel? Des améliorations s'imposent-elles? Avez-vous des observations à faire à ce sujet?
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Je sais que le nombre actuel de spécialistes militaires pose problème. Nous essayons de faire augmenter ce nombre, car nous nous rendons bien compte que nous n'avons pas suffisamment de spécialistes pour répondre aux besoins de la mission. Je sais que le CPM, de même que le Médecin-chef, déploient actuellement des efforts pour le faire. Évidemment, on peut déployer des prestataires de soins militaires, mais on ne peut pas déployer des prestataires de soins non militaires.
De plus, malheureusement, les salaires dans la fonction publique ne sont pas concurrentiels par rapport à ceux offerts du côté civil. Je pense qu'on essaie également de trouver une solution sur ce plan-là. Nous faisons appel à Calian, un tiers entrepreneur, pour attirer des professionnels, mais si vous vous renseignez sur la situation à Toronto, vous allez voir qu'il y a une pénurie de psychiatres là-bas également.
Il est donc difficile de développer cette capacité. Très difficile. Mais je dirais que nous y arrivons beaucoup plus facilement maintenant. Nos activités de dépistage sont plus efficaces, selon moi. De même, le processus amélioré post-déploiement est également nettement supérieur.
Je vous conseillerais de parler au Dr Mark Zamorski, à la Direction de la politique médicale. C'est lui qui pilote le projet post-déploiement, et il a fait énormément de recherche et a collaboré étroitement avec le ministère américain de la Défense dans ce domaine.
Il ne fait aucun doute que le fait de prévoir un examen médical tous les deux ans et l'inclusion d'un plus grand nombre de questions liées à la santé mentale sont des exemples de mesures qui ont été prises depuis 2002. En 2002, nous avons mené notre première enquête conjointe avec Statistique Canada sur la fréquence de problèmes de santé mentale au sein des Forces canadiennes. Cela nous a fourni beaucoup de renseignements très utiles dont nous avons tenu compte en élaborant de nouvelles mesures.
Le Sondage d'information sur la santé et les habitudes de vie sera désormais mené tous les deux ans, plutôt que tous les quatre ans. Le chef du Personnel militaire a déjà autorisé cette dépense considérable. Les réponses aux questions du sondage nous donnent une idée générale de la fréquence des problèmes de santé mentale au sein des Forces canadiennes.
Donc, je dirais que nous avons appris des choses. Nous avons sans doute encore beaucoup de chemin à faire. J'imagine qu'il s'agira toujours de courir après sa queue, mais il reste que nous avons réalisé beaucoup de progrès.
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À l'heure actuelle, nous n'avons pas recours à l'hyperbarie clinique au sein des Forces canadiennes, à part pour la maladie de décompression, de même que l'embolie gazeuse artérielle.
De temps à autre, nous participons à l'organisation de plongées thérapeutiques de civils dans des chambres à oxygène hyperbare. Par exemple, nous avons fait cela à deux ou trois reprises au cours des 10 ou 15 dernières années sur l'île de Vancouver, lorsque les intéressés n'ont pas pu se rendre à l'Hôpital général de Vancouver. Si je ne m'abuse, RDDC Toronto a également participé à ce genre d'opération de temps à autre.
Donc, c'est surtout pour les civils que nous faisons ce genre de chose. Par contre, depuis que nous avons transféré à d'autres nos responsabilités en ce qui concerne les services aux malades hospitalisés, au milieu des années 1990, si je me rappelle bien — sauf dans des sites comme Halifax et Valcartier — nous n'avons pas vraiment eu la capacité de traiter régulièrement des malades hospitalisés.
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Non, mais je sais que certains centres y ont recours aux États-Unis.
Ce qui me semble intéressant, c'est que certains faits indiquent que lorsqu'on comprime le corps et qu'on y injecte plus d'oxygène, il est possible de réduire la gravité des traumatismes cérébraux. C'est une technique novatrice, mais des recherches se font actuellement dans ce domaine.
C'est une question que j'ai déjà soulevée, mais j'ai voulu en parler encore aujourd'hui, puisque nous sommes en présence de trois experts et conseillers médicaux — et je sais à quel point vous, les militaires, êtes bien renseignés, et je me doutais que vous seriez au courant des questions que j'avais déjà posées à ce sujet.
Au cours des 20 dernières années, il y a eu une intensification importante des recherches menées sur l'effet de la nutrition — c'est-à-dire, les vitamines, les minéraux et les nutriments — sur la physiologie et certainement sur les fonctions neurologiques et des recherches ont été menées sur le soutien apporté au système nerveux par la vitamine B1 et la thiamine. Beaucoup de gens prennent des vitamines antistress qui contiennent toujours la vitamine B, etc.
Je sais qu'ils s'attendent à ce que je parle de l'utilisation de l'acide folique pour traiter les maladies cardiaques.
Des voix: Oh, oh!
J'avais justement l'intention d'en parler. Je vais donc sans doute poser cette même question, de toute façon, et le problème sera donc réglé.
Je voudrais vous interroger au sujet du processus de diagnostic qui conduit au traitement. Vous avez dit tout à l'heure, en répondant à une autre question, que les soldats passent un examen médical tous les deux ans. Je présume que cette règle s'applique à tous les membres des Forces canadiennes. C'est bien ça?
Le processus post-déploiement prévoit également un examen médical ou des éléments de diagnostic. J'imagine que les deux visent à identifier les personnes souffrant d'une maladie mentale. Mais quand le soldat reçoit cette information, quelles possibilités s'offrent à lui? Vous avez parlé du problème du refus des gens d'admettre qu'ils ont un problème, et c'est effectivement inquiétant. Peut-il simplement quitter la clinique en disant qu'il ne veut pas être soigné parce qu'il n'est pas malade? Peut-il réintégrer ses fonctions habituelles? Peut-il remettre en question l'exactitude des tests? Je suis convaincu qu'il peut demander à repasser le même test ou à obtenir une deuxième opinion.
Je m'inquiète surtout de la situation de quelqu'un chez qui l'on dépiste une maladie mentale. Quel recours a-t-il? Qu'arrive-t-il s'il refuse de reconnaître qu'il est malade? Quel recours y a-t-il pour les Forces canadiennes, d'une part, et pour l'intéressé, d'autre part?
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Je vais tenter de vous répondre.
Le problème du refus de l'intéressé d'admettre qu'il est malade n'intervient pas au moment où nous faisons notre diagnostic. Dans la grande majorité des cas — et là je vous parle à titre de médecin — une fois que nous avons diagnostiqué le problème, nous essayons de les faire soigner. Quand on parle d'un problème de déni de la réalité, on parle de personnes qui ne cherchent pas à se faire soigner ou qui ne disent pas la vérité au sujet de leurs symptômes. Notre diagnostic repose nécessairement sur les renseignements que nous fournit l'intéressé. Si ce dernier ne veut pas nous en parler, il n'existe pas de tests — en tout cas, pas encore. Nous n'avons toujours pas ces engins munis de scanners comme dans Star Trek. Pour moi, il y a déni de la réalité chez les personnes qui refusent de reconnaître qu'elles ont des symptômes. Mais, une fois qu'il y a eu un diagnostic, généralement, nous réussissons à les faire soigner.
Peuvent-ils refuser d'être soignés? Oui, tout à fait. On ne peut pas forcer quiconque à recevoir un traitement — ni au sein des Forces canadiennes, ni ailleurs au Canada. Donc, un soldat a donc parfaitement le droit, en tant qu'individu, de ne pas tenir compte de nos conseils et de refuser d'être soigné. Cela ne veut pas dire que nous allons recommander que ce soldat travaille à plein temps; cela dépend du diagnostic.
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Merci, monsieur le président.
Il y a plusieurs mois, un médecin de famille dont le fils avait été envoyé en Afghanistan a été interviewé à la télévision sur CBC. Cette personne avait demandé à CBC de faire un reportage sur lui. Il paraît qu'au retour de son fils, ce dernier était devenu une personne entièrement différente dont la personnalité n'était plus la même. Son père ne savait pas exactement ce qu'il avait, mais personne ne voulait croire qu'il y avait chez lui quelque chose qui n'allait pas. Comme il ne réussissait pas à susciter une réponse de la part de quelqu'un, il avait décidé d'en parler publiquement.
Je ne suis pas sûr de savoir ce qui est arrivé après. J'essaie de le trouver pour voir si on lui a répondu.
Nous parlions tout à l'heure de gens qui refusent d'admettre qu'ils ont un problème mais, dans ce cas-là, il appelait à l'aide mais personne ne répondait à l'appel. Combien d'autres y a-t-il dans cette situation-là? Avons-nous de la documentation sur ces personnes? Jusqu'ici, 13 000 personnes ont servi en Afghanistan. Combien d'entre elles veulent se faire soigner mais n'y arrive pas?
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La période de décompression dans un tiers lieu a pour objet de permettre aux soldats de tourner la page après leur déploiement et aussi de faciliter leur retour au Canada et leur réintégration dans leur vie normale.
À cette occasion, nous leur communiquons certains renseignements au sujet des traumatismes liés au stress opérationnel, et ils ont l'occasion de parler en privé avec un professionnel spécialiste de la santé mentale, s'ils le désirent.
Pour ce qui est de la possibilité que cette décompression dans un tiers lieu permette de prévenir les traumatismes liés au stress opérationnel, je précise que telle n'est pas du tout l'intention; par contre, c'est l'occasion pour nous de renseigner les membres sur les traumatismes liés au stress opérationnel et si certains d'entre eux ont des préoccupations à ce sujet, ils peuvent en parler à ce moment-là.
Pour ce qui est du nombre, c'est tout à fait fonction du nombre de personnes qui se trouvent ensemble dans l'avion. Je ne sais pas si on peut vous donner même un chiffre approximatif. Il pourrait s'agir de 120 ou de 150 personnes, mais je n'en suis pas sûr.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais aborder plusieurs points. Nous avons parlé d'un ratio de 1 à 145 quand les Forces armées auront un effectifs de 447 spécialistes de la santé mentale. Bien sûr, les traumatismes constituent un phénomène assez généralisé au sein de la société mais de plus en plus, d'ailleurs — mais il y a certainement une plus forte concentration au sein de l'Armée en raison des opérations menées en Afghanistan, entre autres.
Mais si nous retenons ce ratio de 1 à 145, cela veut dire qu'il nous faudrait 221 000 spécialistes de la santé mentale au Canada. J'ignore le chiffre réel et j'imagine que vous ne le savez pas non plus, mais j'ai l'impression qu'il doit être bien inférieur à cela.
Je vous invite donc à réagir à deux points en particulier. Premièrement, les Forces canadiennes sont-elles très différentes de la société générale pour ce qui est de l'exposition à des traumatismes, vu la concentration évoquée tout à l'heure? Et, toujours dans l'optique d'un ratio de 1 à 145, on peut supposer, me semble-t-il, que nous traitons les maladies qui doivent être traitées, et ce de façon très proactives et dynamiques. Est-ce que cela vous paraît exact?
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Je ne sais pas si ce renseignement vous aidera, mais les responsables de Halifax m'ont fait parvenir des statistiques et, d'après le Centre de soutien pour traumatismes et stress opérationnels, il faut entre une et huit semaines avant qu'un soldat fasse l'objet d'une évaluation complète au centre, c'est-à-dire toute une série de tests psychométriques qui est utilisée dans l'ensemble des Forces canadiennes.
D'après ce qu'on m'a dit, il faut attendre 15 semaines en moyenne, en Ontario, avant de pouvoir consulter un spécialiste, et il paraît que c'est le délai le moins long dans tout le Canada. Là, je parle de spécialistes de tous genres — cancérothérapie, chirurgie orthopédique, etc. Donc, cette statistique n'est peut-être pas bien utile. En Saskatchewan, le délai d'attente est de 27 semaines.
Donc, même si nous n'avons pas encore atteint le niveau de dotation définitif du point de vue de nos ressources actuelles, je dirais que nous arrivons assez bien à faire soigner nos soldats par des spécialistes au sein des Forces canadiennes.
Comme je tentais de l'expliquer à M. Nadeau, quand les soldats quittent les Forces canadiennes, ils n'ont plus accès aux services. Ils ne relèvent plus de notre responsabilité. C'est le cas de tout militaire qui est libéré des Forces canadiennes.
S'il a été blessé, il va être aiguillé vers ACC et c'est ACC qui va en assumer la responsabilité. Nous travaillons en étroite collaboration avec ce ministère. L'unité chapeautée par le chef du Personnel militaire, notamment, travaille en étroite collaboration avec ACC afin d'améliorer cette transition et de faire en sorte qu'elle soit sans heurts. Je peux vous dire, en ce qui nous concerne, que si on pensait que les soldats ne pourraient pas continuer à être soignés par un médecin civil, nous continuerions de nous en charger en attendant de pouvoir les transférer au secteur civil et de savoir que le ministère des Anciens combattants les prenait en charge et serait à même de répondre à leurs besoins.
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Je peux répondre à cette question étant donné que je travaillais autrefois dans le domaine de la santé environnementale et professionnelle; j'étais responsable des équipes déployables d'évaluation des risques pour la santé.
En ce qui concerne l'uranium appauvri, nous avons effectivement conclu un protocole d'entente — dont on n'a pas toujours profité — en vertu duquel un médecin de famille peut s'adresser aux Forces canadiennes pour demander qu'un individu subisse une analyse d'urine s'il croit que ce dernier a pu être exposé à l'uranium appauvri, comme les soldats qui ont servi aux Balkans, ou il peut s'adresser à une clinique pour faire faire cette analyse. Il s'agit de personnes qui ne sont plus membres des Forces canadiennes. Encore une fois, il s'agit d'un protocole d'entente. Le Colonel Ken Scott, qui est notre directeur de la Politique médicale, pourrait vous donner d'autres détails à ce sujet; d'autres responsables, comme le directeur de la Protection de la santé des Forces canadiennes, pourrait également vous renseigner.
De temps à autre, d'autres ministères fédéraux nous demandent de nous renseigner sur la possibilité qu'une personne ait pu être exposée à ce genre de substance. À ce moment-là, nous examinons les dossiers afin de déterminer, au mieux de nos connaissances, quels risques pour la santé ont pu exister. Nous recevons même des lettres de députés qui nous demandent de nous renseigner sur tel ou tel cas. Je sais que, à la Direction de la protection de la santé des Forces Canadiennes, nous faisons de notre mieux pour nous renseigner sur les risques pour la santé. Évidemment, il est très difficile de dire rétrospectivement…
J'essaie de comprendre ce qui arrive s'ils y restent entre trois et cinq jours. Évidemment, quand on parle de troubles d'anxiété ou du SSPT, on sait que, en règle générale, les flashbacks se produisent après, et pas nécessairement au cours de cette période-là.
Pouvez-vous donc me donner un exemple précis de ce que vous entendez par le terme « éducation » ou « formation »? Je sais que vous voulez ouvrir un dialogue avec les soldats, pour qu'ils comprennent que lorsqu'ils seront de retour dans leur famille, ce ne sera plus pareil. Je viens de voir un certain nombre de personnes qui faisaient partie d'une unité d'artillerie, et je peux vous dire que ce n'était pas bien encourageant; lorsqu'ils reviennent, ils parlent plus fort — et aussi, ils ont vu toutes sortes de choses.
Donc, donnez-moi des exemples concrets, si possible.
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Merci, monsieur le président.
J'ai une autre question à poser au sujet des services, mais je ne sais pas si c'est de votre ressort. Je vais quand même la poser. Je pense à Service Canada. Un collègue me parlait d'un jeune soldat qui avait quitté les forces après son retour d'Afghanistan et qui voulait avoir de l'information car il ne se sentait pas bien. Son réflexe a été de communiquer avec Service Canada. Service Canada est un service téléphonique qu'on peut joindre au 1-800-O-CANADA. Cela m'est revenu parce que je suis responsable du dossier de Service Canada au Bloc québécois. Le jeune homme n'était pas satisfait du tout de l'information qu'il avait reçue, parce qu'on l'avait envoyé d'un endroit à un autre alors qu'il cherchait une information ayant trait à sa santé mentale. Il ne se sentait pas bien.
Les soldats qui quittent ont-ils des façons simples, ou moins compliquées, de joindre vos services médicaux, même si vous ne pouvez pas les aider directement? Pouvez-vous au moins les diriger de façon convenable afin qu'ils puissent obtenir de l'information et des services?
J'ai fait le test. La personne au bout du fil était sincère et voulait donner un coup de main, mais ce service est général. Ce ne sont pas des médecins, au bout du fil. Y a-t-il quelque chose de simple pour les soldats, un numéro de téléphone ou un service? Je ne pense pas que la caserne du coin de la rue dans un quartier offre ce service.
Quels sont les services concrets offerts à nos soldats qui ont besoin de services à leur retour et qui ne font plus partie des Forces canadiennes?