Nous poursuivons nos délibérations aujourd'hui concernant notre étude sur la qualité de vie du personnel des Forces canadiennes, en mettant l'accent sur les troubles de stress post-traumatique.
Nous attendions avec impatience le moment d'accueillir nos témoins d'aujourd'hui. Nous sommes ravis de vous revoir. Nous avons eu la chance de vous croiser tous les trois dans un lieu lointain, je crois, il y a un peu plus d'un an. Il est bon de vous retrouver.
Nous accueillons parmi nous le général Grant, commandant adjoint du Commandement de la Force expéditionnaire du Canada et ancien commandant de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan.
Nous recevons également le colonel Lavoie, directeur de la Force opérationnelle contre dispositif explosif de circonstance et ancien commandant du groupement tactique du 1er Bataillon du Royal Canadian Regiment.
Enfin, nous accueillons le colonel Simon Hetherington, chef du cabinet, chef d'état-major de l'Armée de terre et ancien commandant de l'Équipe provinciale de reconstruction.
Si quelqu'un au Canada est en mesure de nous parler du stress que vivent les hommes et les femmes en uniforme, ce sont bien ces trois messieurs.
J'ai cru comprendre que vous avez tous une déclaration préliminaire à présenter.
Général, voulez-vous commencer?
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Bonjour monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui avec deux des commandants de l'opération Athéna, rotation 2, le colonel Omer Lavoie et le lieutenant-colonel Simon Hetherington, pour vous aider dans votre enquête sur les services de santé offerts aux membres des FC, en particulier dans le cas de troubles de stress post-traumatique.
J'ai eu l'honneur et le privilège de commander l'engagement militaire du Canada en Afghanistan du 1er novembre 2006 au 1er août 2007. Je suis arrivé dans le théâtre au milieu de la rotation 2, peu après la fin de l'opération Méduse, que vous connaissez tous très bien. Je suis demeuré pendant le reste de la rotation 2 et toute la rotation 3. Cette affectation de neuf mois a établi la norme pour les rotations futures du Quartier général de la Force opérationnelle interarmées. Comme vous le savez probablement, les unités de la Force opérationnelle, telles que le groupement tactique, l'Équipe provinciale de reconstruction et l'élément national de soutien, se déploient seulement pour six mois.
Au cours de mon séjour en théâtre, certains soldats sous mon commandement ont subi des blessures physiques, d'autres des blessures mentales, et d'autres encore ont fait le sacrifice ultime en donnant leur vie pour la mission et leur pays. Quelle que soit la blessure subie, je crois que chacun de ces soldats a reçu les meilleurs soins possible. Les services médicaux de tous les niveaux, depuis les bases d'opérations avancées jusqu'à l'unité médicale multinationale de rôle 3 à l'aérodrome de Kandahar, étaient axés en priorité sur les besoins des soldats travaillant dans un environnement de combat.
Les soldats de toutes les unités se sont exposés au risque de blessures physiques. Que ce soit comme soldat d'infanterie en combat rapproché, comme soldat de la logistique pris en embuscade dans un convoi de ravitaillement ou comme opérateur COCIM en contact avec les Afghans, la grande majorité des soldats se trouvaient dans des situations où ils risquaient d'être blessés. Tous ces soldats étaient donc soumis à des niveaux élevés de stress pendant leur déploiement. La capacité de chaque soldat de gérer ce stress dépendait, selon moi, de la formation reçue avant le déploiement, de l'aide qu'il pouvait recevoir de ses camarades et de la chaîne de commandement dans le théâtre ainsi que de l'assistance qu'il pouvait obtenir du système médical. En rétrospective, je crois que nous avons réussi à fournir le soutien nécessaire aux soldats dans cet environnement très difficile et exigeant.
Après avoir quitté le théâtre, tous les soldats ont participé à un programme de décompression. Pour la grande majorité, c'était à Chypre. À toutes les occasions, habituellement pendant des cérémonies de remise de médailles, j'ai insisté sur l'importance du centre de décompression pour la santé à long terme des soldats qui retournaient chez eux. J'ai parlé du fait que plusieurs ne voyaient pas immédiatement les avantages de la transition à Chypre, mais selon les commentaires que j'ai reçus des soldats de la rotation 1 — c'est-à-dire le 1er Bataillon du Régiment Princess Patricia's Canadian Light Infantry —, le programme était extrêmement utile. Je dois admettre que, malgré mes propos, lorsque j'ai atterri à Chypre, j'ai pensé que c'était le dernier endroit au monde où je voulais être. Cependant, avec le recul, le centre de décompression m'a rendu un immense service.
En résumé, les soldats canadiens travaillent toujours dans un environnement exceptionnellement exigeant et dangereux à Kandahar. La chaîne de commandement et le Groupe médical des Forces canadiennes reconnaissent les difficultés auxquelles nos soldats doivent faire face. Je crois que nous fournissons l'aide dont les soldats ont besoin pour traiter leurs blessures, qu'elles soient mentales ou physiques.
Je vais maintenant céder la parole au colonel Lavoie et au lieutenant-colonel Hetherington pour qu'ils puissent présenter leurs déclarations préliminaires.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je suis le colonel Omer Lavoie. Je commande actuellement la Force opérationnelle contre dispositif explosif artisanal des Forces canadiennes, basée ici, à Ottawa.
En ce qui concerne mon exposé, je dois préciser que jusqu'à environ la même période l'an dernier, j'étais commandant du groupement tactique pour la Force opérationnelle Kandahar 3-06. J'ai commandé le groupement tactique du 1er Bataillon du Royal Canadian Regiment dans la province de Kandahar, du mois d'août 2006 à mars 2007. Le GT 1 RCR était une unité d'environ 1 200 soldats basée à Petawawa. Toutefois, les soldats de renfort et les sous-unités venaient de partout au Canada. Le GT 1 RCR réunissait la gamme complète d'armes de combat et de service de soutien, dont l'infanterie, l'artillerie, l'arme blindée, le génie de combat, la reconnaissance, les transmissions, le renseignement, l'assistance médicale et une capacité de véhicules aériens sans pilote.
Avant le déploiement, l'instruction pour notre mission consistait en un entraînement individuel, collectif et appliqué d'une durée d'environ dix mois. Elle était constituée en grande partie d'exercices de tir réel, avec de vraies munitions, afin de préparer les soldats à la réalité des champs de bataille modernes. Je tiens à souligner que le GT 1 RCR a été la première unité à recevoir l'instruction et à voir son état de préparation opérationnelle validé au tout nouveau Centre canadien d'entraînement aux manœuvres de Wainwright, en Alberta.
En tant que commandant du groupement tactique, j'avais pour rôle de commander le bataillon et de m'assurer que le groupement menait à bien les missions qui lui étaient confiées pendant son affectation dans le théâtre. Le déploiement de six mois du GT 1 RCR peut être divisé en trois parties: combats offensifs intenses pendant le premier tiers de l'affectation, opérations de combat défensif pendant le deuxième tiers et opérations de contre-insurrection pendant le dernier tiers.
Je signale que le GT 1 RCR était l'unité de tête lors de l'opération Meduse, la toute première opération d'offensive terrestre de l'OTAN. Le GT 1 RCR a reçu pour mission de vaincre un ennemi concentré dans le district de Panjwai-Zahri. C'était une opération intense de combat offensif traditionnelle pendant laquelle le GT a livré un important combat terrestre rapproché, soutenu par un appui aérien offensif assez considérable. Le GT 1 RCR a accompli sa mission en s'emparant de tous les objectifs attribués et en vainquant un ennemi déterminé.
Au cours de notre mission, la plupart des pertes au combat ont eu lieu pendant l'opération Meduse. En tout, dans mon groupement tactique, environ 140 soldats ont été blessés et 19 autres sont morts au combat. Malgré ces pertes importantes, le GT a réussi à repousser des forces ennemies concentrées et à les maintenir à distance, il a mené à bien sa mission lors d'importantes opérations ultérieures, notamment la construction d'une route de combat, la route Summit et l'opération Baaz Tsuka, dirigée par une brigade. Je crois que le succès de notre mission est en partie attribuable à la grande qualité du soutien médical offert à nos soldats. Je ne parle pas seulement de l'aspect physique, mais aussi du point de vue moral. Nos soldats ainsi que moi étions persuadés que, même si nous étions souvent en situation de danger, toutes les mesures possibles étaient en place pour soigner nos blessés.
Je suis extrêmement fier des accomplissements du GT 1 RCR, et en particulier de la détermination, du courage et du professionnalisme de mes militaires.
Cela étant dit, je serais heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je suis le lieutenant-colonel Simon Hetherington, et j’ai une formation d’officier d’artillerie de campagne. De juin 2006 à la fin de janvier 2007, j’ai pris part à une mission en Afghanistan en tant que commandant de l’Équipe provinciale de reconstruction, ou EPR, de Kandahar.
Comme vous le savez, l’EPR est une organisation interministérielle constituée de soldats, de diplomates du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, de spécialistes du développement de l’Agence canadienne de développement international, d’agents de la paix de la Gendarmerie royale du Canada, de membres des services de police municipaux et, depuis peu, d’agents du Service correctionnel du Canada.
La mission de l’EPR, à mon sens, était d’étendre la légitimité du gouvernement central de l’Afghanistan en aidant le gouvernement de Kandahar à affermir sa capacité de gouverner et de créer les conditions d’un développement durable. Il s’agissait d’un objectif noble, mais nous avons très vite appris qu’il devait être réalisé de façon progressive et mesurée.
Bien que les objectifs et les tâches liés à la mission de l’EPR ne fassent pas l’objet de la présente discussion, il est important de souligner que le type de travail confié à l’EPR n'était pas tellement habituel pour bon nombre de ses membres, y compris moi-même. La plus grande partie des soldats qui formaient la composante militaire de l’EPR avaient de l’expérience liée aux armes de combat. Le fait de collaborer avec d’autres ministères était également nouveau pour la plupart d’entre nous, particulièrement dans un contexte où cette collaboration était si étroite.
L’EPR du Canada avait été créée moins d’un an avant mon arrivée à Kandahar et elle exécutait ses opérations à titre de membre du groupe de travail canadien plus vaste depuis cinq mois seulement. Aux premiers temps de mon affectation, une grande partie des travaux de l’EPR consistaient en des activités menées après les conflits en collaboration avec le groupement tactique du 1 RCR et consistant à atténuer les dommages occasionnés par les combats. À l’autre bout du spectre, le personnel du MAECI et de l’ACDI a effectué des travaux de reconstruction à plus long terme, en collaboration avec le gouvernement provincial et des ministères responsables.
Bien qu’il y ait eu, au début, une certaine incertitude et des difficultés initiales, je peux affirmer avec certitude qu’à la fin de notre affectation, des progrès avaient été accomplis, certains projets importants avaient été achevés et les membres de l’EPR avaient préparé le terrain pour que la prochaine rotation puisse mener à bien sa mission.
Pour ce qui est de la pertinence de ma présence parmi vous aujourd’hui, je dirais que nous avons été extrêmement chanceux qu’aucun membre de l’EPR n’ait été tué et qu’une seule personne ait été sérieusement blessée au cours de notre affectation. Un soldat a en effet été blessé alors qu’il participait à une opération avec le groupement tactique du 1 RCR.
Je ne peux pas me prononcer avec autant de certitude sur la question des blessures non physiques. Tous les membres du camp ont été témoins des conséquences des attaques sur nos convois et des blessures qui ont été infligées à d’innocents observateurs. Presque tous les soldats de notre camp avaient des amis au sein du groupement tactique du 1 RCR, pour lesquels ils se faisaient du souci à chaque instant. Bon nombre de membres de l’équipe patrouillaient les routes de Kandahar chaque jour; certains jours se passaient sans incidents, d’autres non.
Vous savez peut-être que l’EPR travaille à partir d’un petit camp autonome, à l’intérieur de la ville de Kandahar. Notre équipe était relativement petite et, pour cette raison, et parce que notre camp était exigu, tout le monde se connaissait. Nous avons travaillé ensemble, vécu ensemble; mangé ensemble; nous avons couru des risques ensemble et avons été en deuil ensemble chaque fois qu’un soldat canadien était tué. Nous avions un médecin, du personnel médical ainsi qu’un aumônier affectés exclusivement à l’EPR. Grâce à eux, nous pouvions, au besoin, obtenir des soins supplémentaires et un soutien spirituel, à l’aéroport principal de Kandahar.
Même si l’EPR comptait un certain nombre d’unités provenant de divers ministères et dont les antécédents étaient différents, je crois que l’esprit de corps que nous avons développé durant notre période de formation, combiné aux petites dimensions du camp et de notre équipe, a contribué à contrer les facteurs stressants auxquels chacun de nous devait faire face. Je suis tout à fait conscient que le stress affecte différentes personnes de différentes manières et qu’il serait naïf de ma part de penser que tous les membres de l’EPR sont rentrés à la maison indemnes, mais je peux affirmer que, sur les lieux, les ressources et le soutien de la chaîne de commandement étaient disponibles pour aider les personnes qui en avaient besoin.
J’espère que mon exposé vous aidera à mieux comprendre ce que je pourrai ajouter par la suite au sujet de cette question extrêmement importante.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue, messieurs, et merci beaucoup d'être présents parmi nous et de nous avoir communiqué ces informations.
Si je ne me trompe pas, nous allons aujourd'hui procéder à notre étude sur les services fournis au personnel des Forces canadiennes, en mettant l'accent sur le syndrome de stress post-traumatique. Quoi qu'il en soit, vous êtes parmi nous aujourd'hui et, si vous le permettez, nous aimerions vous poser des questions, comme nous l'avons fait lorsque d'autres témoins — des militaires en service et d'anciens militaires — ont comparu devant le comité. Je voudrai peut-être aussi vous poser des questions qui me sont venues à l'esprit en écoutant vos exposés détaillés.
J'aimerais commencer en disant d'abord et avant tout que chacun d'entre nous va poser ses questions dans le but de permettre au comité de faire tout ce qu'il peut pour améliorer le soutien que nous fournissons globalement à nos militaires. Nos questions pourront parfois vous sembler choquantes, excessives ou odieuses, mais nous les posons afin qu'au bout du compte, nous soyons en mesure de formuler des recommandations acceptables.
Nous avons entendu d'anciens militaires qui ont eu de la difficulté à obtenir des services après la fin de leur mission. Ils ont dit par exemple qu'ils savaient où ils se situaient d'un point de vue médical, qu'ils avaient déjà passé à travers le processus, mais que leur commandant ou leur supérieur ne faisait rien pour les aider, ne leur accordait pas la permission requise ou ne collaborait pas. Je ne sais pas si vous pourriez nous donner plus de détails là-dessus ou nous dire dans quelle mesure de telles affirmations sont fondées ou non. Je suis d'avis que tout le monde doit bénéficier de la présomption d'innocence jusqu'à preuve du contraire, mais en tant que personne, je trouve cette situation inacceptable. C'est comme si j'allais à l'hôpital, par exemple, et que je demandais à être traité pour quel que problème que ce soit, et que le médecin ne voulait tout simplement pas me voir.
Vous pourriez peut-être me faire part de vos commentaires à ce sujet, puisque la question à l'étude est de savoir comment nous devons répondre à ces besoins chez d'anciens militaires ou des militaires enrôlés qui doivent recevoir un traitement. Selon ce que nous en sommes tous venus à comprendre, ils reçoivent un traitement adéquat et on leur donne ensuite le feu vert pour qu'ils reprennent le service actif, ici ou à l'étranger.
Cela correspond-il à ce que vous avez pu observer, messieurs?
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Monsieur, je vais d'abord répondre à votre question. Je veux tout d'abord dire que je suis certain qu'aucune de vos questions ne sera choquante ou déplaisante, et je crois que nous nous préoccupons autant que vous de la qualité des soins que reçoivent nos soldats. Il est dans l'intérêt de chacun que les soldats qui servent notre pays reçoivent réellement des soins adéquats lorsqu'ils sont déployés en mission et, plus particulièrement, lorsqu'ils en reviennent.
Ce que j'ai à dire sur cette question se fonde largement sur mon expérience de commandant de brigade au Canada et de commandant du Secteur de l'Ouest de la Force terrestre. Pendant que j'exerçais ces fonctions, j'estimais qu'il était crucial que chacun ait la possibilité de rencontrer un professionnel de la santé mentale à son retour.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais un programme a été mis en place afin que, dans un intervalle de trois à six mois après un redéploiement, chaque militaire se soumette — et c'est d'ailleurs l'objectif du programme — à une entrevue en profondeur avec un spécialiste de la santé mentale.
À mon sens, l'objectif de ce programme est double. D'abord, il donne aux militaires la possibilité d'obtenir, après leur retour à la maison et après que les choses se sont replacées un peu, un suivi de la part d'un spécialiste de la santé mentale. Mais ce qui est peut-être encore plus important que cela, dans un contexte où on considérait auparavant comme un déshonneur le fait de demander des soins de santé mentale, c'est que le programme nous garantit que tous les membres qui ont été déployés, peu importe leur grade ou leur groupe professionnel, sont pour ainsi dire obligés de rencontrer un spécialiste de la santé mentale.
Je crois que, d'une certaine façon, cela supprime l'aspect déshonorant de la démarche. Les gens n'ont plus à lever la main pour dire: « J'aimerais rencontrer un psychiatre. » En fait, nous nous assurons que chacune de ces personnes a la possibilité de consulter un psychiatre. Ainsi, il n'est plus honteux d'aller à la clinique. Tout le monde le fait. Ce que se disent en privé le militaire et ce professionnel de la santé mentale reste bien entendu entre ces deux personnes.
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Merci, monsieur le président.
Je veux souhaiter la bienvenue à nos amis de Kandahar. C'est d'ailleurs là que je les ai rencontrés.
Notre étude ne porte pas uniquement sur le SSPT, mais également sur la santé des soldats. Dans les bases avancées, lorsque les soldats partent en patrouille, quelque chose peut survenir.
On n'étudie pas seulement la maladie mentale chez les soldats, mais également la santé comme un tout. Comment cela se passe-t-il dans les bases avancées, lorsqu'on fait des patrouilles ou des tournées dans les villages?
Monsieur Lavoie, vous avez dit que l'opération Medusa avait fait 140 blessés et 19 morts. Combien de temps cette opération a-t-elle duré?
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Oui, monsieur. Si vous me permettez d'expliquer un peu, l'aide médicale sur le terrain pour les troupes de combat est en fait répartie en catégories. Il y a trois hiérarchies de soutien médical. Au tout premier plan, sur la ligne de combat, dans votre exemple, une patrouille qui quitterait la base d'opération avancée hors du périmètre est une compagnie qui compte au moins un membre du personnel médical par peloton ainsi qu'un certain nombre de soldats, soit dans une proportion de un sur dix, qui ont suivi une formation avancée en secourisme de combat ou en premiers soins.
Le deuxième niveau de soutien est notre rôle avancé, un poste sanitaire comptant deux unités, qui serait, si vous pouvez vous l'imaginer, un mini hôpital militaire de campagne. Ces unités seraient placées le plus à l'avant possible — dans le cas de l'opération Medusa, je les avait fait avancer sur mes deux lignes de combat — afin qu'il n'y ait jamais plus de trois ou quatre kilomètres qui les séparent de la ligne de front où les combats sont engagés. Dans cette organisation, il y a soit un médecin ou un auxiliaire médical ainsi qu'un certain nombre d'infirmiers qui sont capables de stabiliser suffisamment les blessés avant que ceux-ci ne fassent l'objet d'une évacuation sanitaire aérienne et ne soient transportés à l'aérodrome de Kandahar, que l'on considère comme les installations de rôle 3 et qui dispose de tout le soutien médical au combat que vous trouveriez dans tout hôpital au Canada.
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Non, monsieur, et malheureusement, j'ai fait face à cette situation à plusieurs reprises durant nos opérations de combat.
Le système d'EVASAN aérienne relève de la FIAS, dans le cadre du Commandement régional Sud, et c'est multinational. Les Américains offrent une certaine aide, mais j'ai déjà reçu de l'aide pour une EVASAN aérienne de la part des Britanniques ainsi que des Néerlandais dans notre cas.
C'est un système très transparent pour un soldat sur le front. Je me suis retrouvé dans de nombreuses situations où j'ai dû demander une EVASAN aérienne dans le cas, malheureusement, d'incidents comportant de nombreuses victimes. C'est très transparent. À titre de commandant, en fait tout le monde peut le faire, j'envoie par radio ce que l'on appelle une demande D'EVASAN de « ligne 9 », ce qui est une demande standard pour de l'aide médicale aérienne. Ça précise le type de victimes, leur nombre et le degré de gravité des blessures. À partir de ce moment-là, les hélicoptères sont envoyés presque immédiatement pour évacuer les blessés par voie aérienne. Dans mon cas, la plupart du temps, l'aide est arrivée de 20 à 30 minutes après la demande.
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Oui, monsieur, c'est absolument vrai. En particulier pour l'opération Medusa, lorsque nous avons préparé le processus de planification opérationnelle à cet égard, mon médecin militaire, une femme, et son personnel faisaient partie intégrante de notre planification pour ce qui était de s'assurer que nous disposions d'une capacité médicale suffisante. Lorsqu'une mission est envoyée, il y a toujours dans les ordres donnés un paragraphe consacré à l'aide médicale.
La disponibilité de l'EVASAN aérienne est surveillée par la cellule des opérations à l'aérodrome de Kandahar. Si on nous dit que c'est à peu près la saison des tempêtes de sable, qu'effectivement, il y en a une qui s'en vient, et qu'on nous dit que ça signifie qu'il n'y aura aucune aide d'EVASAN aérienne, je dois donc prendre la décision — et je dois dire sans équivoque que j'ai dû le faire à de nombreuses reprises — de réduire soit le type des opérations que nous effectuons, soit la proximité des opérations par rapport à Kandahar de sorte que je peux toujours garantir un soutien pour une éventuelle EVASAN.
Je crois, monsieur, que ça illustre très bien ce que j'appelle le « contrat social » que comporte mon emploi. Malheureusement, une partie de mon travail consiste à placer les troupes en situation de danger. Toutefois, une autre partie consiste à m'assurer que toutes les mesures possibles sont mises en place à l'avance pour les évacuer de la gare de danger au besoin.
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Il a été formidable, comme tous ceux qui se sont occupés de nous là-bas. J'ai pensé à vous tous à mon retour à la maison, et je suis heureuse de vous voir à la maison et en sécurité au Canada. Je suis certaine que tous les membres ici est du même avis.
Les récits que j'ai pu entendre concernant le syndrome de stress post-traumatique ont tous la même connotation. J'ai parlé à des familles et à des soldats revenus d'Afghanistan qui en ont souffert. Chacun d'eux a raconté la même histoire, et j'ai trouvé cela terrible que les incidents se répètent dans leur tête maintes et maintes fois. Ils ne peuvent changer de chaîne. Ils ne peuvent y mettre fin.
Une autre constante, c'est que, dans la plupart des cas, ils sentaient, lorsqu'ils étaient en théâtre et qu'ils avaient leur famille militaire — même lorsque nous avons entendu des témoignages à huis clos —, qu'ils avaient le soutien dont ils avaient besoin là-bas. Cependant, une fois de retour à la maison, les soldats et leur famille ne trouvaient certainement pas — et les familles qui ont témoigné ici à huis clos étaient du même avis — que le soutien était en place pour les aider à surmonter leurs troubles et recouvrer la santé.
Je veux vous demander si vous avez des recommandations. Qu'est-ce que vous pensez de cette partie du système de santé? Quelles améliorations pourraient être apportées?
Comme question supplémentaire, l'ombudsman a publié un rapport au sujet des réservistes qui rentrent au pays, et du fait que les soins, l'attention et les services auxquels ils ont droit ont été considérablement réduits.
Pourriez-vous commenter ces deux éléments?
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Je vais commencer par la question du soutien familial. Je suis d'accord avec vous que le fait d'être en théâtre, comme le colonel Hetherington l'a mentionné, et de vivre tous ensemble côte à côte, crée une communauté très unie. Ces liens ont tendance à se briser lorsque l'on revient à la maison et qu'on reprend sa propre vie avec sa famille. Les soldats qui sont célibataires doivent évidemment relever de plus grands défis, étant donné qu'ils n'ont pas nécessairement de famille qui les attend dans les bases où ils sont mutés.
Cependant, la question pour moi n'est pas de savoir si le système médical est en mesure de les soutenir ou non. Le système médical est là pour eux. Le défi auquel nous faisons face, c'est de les mettre en lien avec le système médical afin de déceler s'ils ont des problèmes, ou de faire en sorte qu'ils le signalent eux-mêmes, pour que nous puissions leur donner l'aide dont ils ont besoin. C'est un défi constant, et la question des réservistes revient à peu près à la même chose.
Je parle encore en fonction de mon expérience dans l'Ouest canadien. Le défi auquel j'ai été confronté dans mon travail auprès de commandants d'unités de réserve, c'était d'assurer le suivi des réservistes qui revenaient au pays, c'est-à-dire de s'assurer de les surveiller et de les faire passer par le processus de dépistage. Ce qui est difficile, c'est quand un réserviste revient et quitte les Forces canadiennes. Il perd non seulement le groupe de soutien par les pairs qu'il avait en théâtre, mais également tout soutien que son unité pouvait lui donner. La façon dont nous pouvons continuer de les suivre me préoccupe.
Au bout du compte, je ne crois pas que c'est parce que les gens n'ont pas la situation à coeur et n'essaient pas. Le système n'est pas parfait, et s'il existait une solution facile, nous l'aurions déjà mise en place.
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Je crois qu'il y avait deux éléments à mon expérience. L'un était le programme Battlemind qui nous a été présenté, et la chance que nous avons eue de choisir une série de programmes facilités au cours desquels nous pouvions discuter des diverses questions, comme le commandement et le leadership ou les relations familiales. Cela nous a permis de nous retrouver dans un environnement relativement calme et d'avoir accès à du personnel médical très qualifié qui pouvait nous aider à traiter certaines questions.
Ça m'a fait un grand bien de simplement me détendre, prendre une douche tous les jours, manger un peu, boire quelques bières et socialiser presque une dernière fois avec l'équipe avec laquelle j'avais passé neuf mois. Mais j'ai dit au médecin-chef que je crois que nous pouvons faire mieux. Nous avons du personnel compétent en santé mentale là-bas, mais nous n'avons pas nécessairement les gens en ce moment qui peuvent animer les discussions entre les soldats et ces spécialistes de la santé mentale. Les groupes sont nombreux et parfois nous avons besoin de gens qui sont un peu plus sociables afin de faire parler les soldats.
Mais, c'est un bon programme et je sais que le général Jaeger cherche à l'améliorer. Le côté militaire, la chaîne de commandement, cherche à l'améliorer, mais même si je n'ai pas relevé ne serait-ce que quelques-uns des défis auxquels les soldats de l'EPR ou du groupement tactique ont dû faire face, au bout du compte, j'ai trouvé cela utile.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie chacun de vous d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais ajouter quelques commentaires sur cette question, car c'est l'un des sujets que je comptais aborder.
Sur le plan de la formation, comme vous le disiez, la préparation s'effectue au fil des promotions, etc. Du point de vue opérationnel, on apprend d'un déploiement à l'autre et cela s'intègre au quotidien. Est-ce que les commandants ont l'occasion de se parler entre les retours et les départs pour transmettre non seulement les leçons opérationnelles, mais les leçons qui portent sur l'aspect humain de différentes situations?
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Oui, monsieur. Tout à fait.
D'après mon expérience, il y a deux façons de le faire. D'abord, comme vous le savez, je crois, le commandant d'une unité qui doit être déployée se rend à l'étranger au moins deux fois — une fois en reconnaissance stratégique, et une autre fois en reconnaissance tactique. Il se retrouve sur le terrain avec le commandant, selon notre façon de fonctionner, et nous avons amplement l'occasion de discuter des différents aspects des opérations, ce qui comprend les aspects humains des opérations de combat. Pour la plupart d'entre nous, en tant que commandants, c'est la première fois que nous expérimentons des situations de combat aussi intenses.
Nous avons aussi l'occasion d'échanger au Canada. Quelque temps après notre retour au pays, nous participons à une série d'activités de perfectionnement professionnel offertes aux unités qui doivent être déployées — c'est un peu comme une tournée de conférences — pour transmettre les leçons apprises. Dans notre cas, il fallait transmettre l'information au groupement tactique du 3e Bataillon du 22e Régiment. Et je me suis aussi rendu avec la plupart de mes officiers à Wainwright, en Alberta, pour une période d'environ trois semaines. Nous agissions comme mentors pendant l'exercice de validation de ce bataillon. Une grande partie de l'information transmise se rapportait aux aspects opérationnels, mais je me souviens de bien des soirs où nous avons parlé sans détour avec le commandant de ce bataillon et le sergent-major du régiment des implications humaines des opérations de combat, ce qui inclut malheureusement la perte de soldats à l'occasion.
J'aimerais faire un peu de prospective. La mission semble être appelée à changer, ce qui fait en sorte que davantage de civils, notamment des membres du personnel du MAECI et de l'ACDI, font non seulement partie de l'EPR mais sortent également du périmètre, pour participer à différents projets, et ainsi de suite.
En fait, j'aimerais entendre ce que le colonel Hetherington et le colonel Lavoie ont à dire, du point de vue de l'EPR et d'un point de vue de commandant de groupement tactique, à propos des défis associés au fait que de plus en plus de civils s'exposent au danger, et à propos des stratégies mises en place pour leur enseigner à composer avec ces situations ou à surveiller leur niveau de stress, etc.
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J'ai souvent été surpris de voir à quel point ils pourraient être des professionnels eux-mêmes, et beaucoup d'entre eux se sont retrouvés un jour ou l'autre dans des endroits du globe qui ne sont guère accueillants. J'ai toujours été frappé de voir, à ma grande surprise, qu'ils réussissaient à se sortir de situations passablement périlleuses.
Simplement pour ajouter aux propos du colonel Hetherington en ce qui a trait aux autres aspects de la présence de civils dans l'espace de combat, comme on dit maintenant, je me souviens effectivement du temps où l'EPR a commencé à s'entraîner. Même s'il ne veut pas l'admettre aujourd'hui, l'EPR faisait initialement partie du groupement tactique du 1 RCR durant la phase des préparatifs. Certes, c'est le colonel Hetherington qui a orchestré, à ce moment-là, la préparation des civils en provenance d'autres ministères. Il les a amenés à Petawawa où, pendant une semaine à peu près, ils ont été exposés à certains des facteurs de stress auxquels les soldats doivent faire face sur le théâtre des opérations, dont les tirs d'armes légères et d'artillerie, en plus de recevoir une certaine formation en premiers soins et d'être sensibilisés aux dangers que posent les mines. Nous avons effectivement la capacité de donner une partie de cette formation, qui est générale et s'applique à tous, que vous fassiez partie d'une patrouille de combat ou d'une EPR travaillant à la reconstruction.
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Pour reprendre les paroles de Dawn à votre endroit, c'est réconfortant de vous revoir dans un cadre différent... Vous avez tous l'air d'aller mieux, de toute façon, quand vous êtes de retour. Je sais que nous avons eu déjà la chance de voir le colonel Lavoie — qui arrivait tout juste du front quand il est venu nous présenter un exposé, à ce moment-là. Je crois que le général Grant faisait l'aller-retour.
Le sujet qui nous intéresse, c'est de savoir comment les soldats sont traités, non seulement lorsqu'ils quittent le champ de bataille, mais également quand ils rentrent chez eux et sont confrontés à diverses situations familiales — s'il y a éclatement de la famille et comment celle-ci est traitée comparativement au soldat, quelle est la différence quant à la façon dont sont traités les réservistes par rapport aux soldats réguliers, et ainsi de suite. Quand le colonel Lavoie était là-bas, sa seule et unique préoccupation était de livrer bataille, point à la ligne. Il y a eu non seulement des morts et des blessés parmi ses hommes, mais il y en a probablement eu plus d'un qui ont souffert du syndrome de stress post-traumatique à un moment ou à un autre après ces combats.
Or, je serais enclin à croire que l'état d'esprit qui règne là-bas est différent. Je me demandais si quelqu'un parmi vous était en mesure de dire si c'était plus difficile quand vous étiez là-bas dans un environnement caractérisé davantage par l'action qu'aujourd'hui, alors que ce sont les bombes artisanales qui vous inquiètent. Il y a moins de gens tués, mais y a-t-il moins de gens affectés? Les traitements sont-ils moins nécessaires aujourd'hui qu'ils ne l'étaient quand vous étiez là-bas? Avez-vous des statistiques permettant de comparer les deux situations?
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D'après ce que j'en sais, les statistiques, s'il y en a, n'ont pas encore été compilées pour la rotation. Le 3
e Bataillon du groupement tactique du Royal 22
e vient de rentrer au pays et, que je sache, les statistiques concernant les difficultés qu'il a rencontrées n'ont pas encore été compilées.
Comme je l'ai mentionné précédemment, je crois qu'il y a des facteurs de stress qui s'exercent sur chacun, et que chacun y réagit différemment. Certains sont d'avis que ces facteurs sont moindres en situation de combat parce qu'on peut mener en même temps une action offensive, contrairement à une situation plus défensive, où l'on se sent moins capable de gérer son environnement. On pourrait prendre l'exemple de la Bosnie, au début des années 1990, quand les troubles de stress post-traumatique ont commencé à être mis en évidence.
Je ne suis pas sûr qu'en bout de ligne, monsieur, ces statistiques soient particulièrement importantes. Je crois que le problème, c'est que des facteurs de stress continuent d'agir sur les soldats, compte tenu de l'environnement dans lequel ils évoluent aujourd'hui. Aussi devons-nous veiller à ce que le système médical soit toujours aussi efficace qu'il ne l'était durant la phase des combats, de manière à nous assurer que, si un problème survient, nous pouvons le régler rapidement et convenablement.
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Les effectifs sont les mêmes. Le nombre de psychiatres présents lors des rotations 2 et 3 était le même que pour les rotations 4 et 5. Il n'y a donc pas eu de changement à cet égard.
J'ai eu un entretien l'autre jour avec mon médecin principal de la rotation 3. Il était d'avis, après avoir étudié les statistiques concernant la rotation 3, que l'effectif de spécialistes de la santé mentale, qu'il s'agisse des psychiatres, des infirmières en santé mentale, des travailleurs sociaux ou des aumôniers, était suffisant pour faire face à la demande, non seulement des soldats canadiens, mais également des soldats étrangers stationnés à Kandahar qui avaient aussi accès au système canadien.
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Lorsque des soldats placés sous notre commandement sont blessés, peu importe comment, nous devons voir à ce que les blessures soient consignées et qu'un suivi soit effectué. Le système n'est pas parfait mais, même si un soldat s'est blessé en jouant au hockey à la BFC Petawawa, ce qui n'a rien à voir avec les nécessités du service, la chaîne de commandement doit voir à ce que l'incident soit consigné.
Je ne pense pas que cela soit très difficile, surtout à notre époque. C'est un formulaire simple. Lorsqu'un soldat est blessé, que ce soit dans un contexte opérationnel ou non, les commis et le personnel médical de la compagnie ont tous accès à ce formulaire et celui-ci est rempli. Dans le pire des cas, l'incident peut être consigné sur un simple morceau de papier. S'il y a des témoins et que le document est commenté par la chaîne de commandement, il peut au moins servir de source de documentation.
Je ne crois pas que le formulaire soit parfait. Arrive-t-il qu'il ne soit pas rempli? Oui, malheureusement. J'ai moi-même omis de le remplir. Parfois, vous pensez que ce n'est pas important, vous ne remplissez pas le formulaire puis, quatre ou cinq ans plus tard, vous regrettez de ne pas l'avoir fait.
Bonjour et bienvenue.
J'ai regardé vos titres.
Monsieur Grant, vous êtes de la Force expéditionnaire du Canada et ancien combattant. Aujourd'hui, vous êtes ici pour nous parler des services de santé offerts au personnel des Forces canadiennes, notamment pour le syndrome de stress post-traumatique.
Vous avez une expertise de combat, une expertise du théâtre des opérations, mais d'un point de vue médical, pouvez-vous nous dire comment les soldats, quand ils reviennent au Canada, peuvent être traités et à quel suivi médical ils peuvent s'attendre lorsqu'ils sont atteints du syndrome de stress post-traumatique? Je pense à quelqu'un qui a perdu un compagnon d'armes, par exemple. J'aimerais que vous m'expliquiez comment ça se passe. Quels chemins il devra emprunter?
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Monsieur, je dirai, tout d'abord, que, sur le théâtre des opérations, le but visé, c'est d'aider tous les soldats, que leurs blessures soient physiques ou mentales. Le colonel Lavoie et moi avons, à plusieurs occasions, travaillé en étroite collaboration pour étudier des cas, et avons tout essayé avec les spécialistes de la santé mentale pour que les soldats qui souffraient obtiennent les soins dont ils avaient besoin et reçoivent toute l'aide nécessaire à leur rétablissement.
D'autres, qui souffraient de traumas graves, n'ont pas pu être traités sur place et ont dû être rapatriés.
Je peux vous dire, par expérience, que toute mesure susceptible d'améliorer son état est proposée au soldat sur le théâtre des opérations et à plus forte raison au pays. Le CEMD a été clair à ce sujet. Quelle que soit la nature de leur blessure, nous faisons tout pour obtenir le soutien dont le soldat a besoin.
Je pense que cela est valable pour tous, sans exception. Le grade ne compte pas lorsqu'on doit traiter des problèmes de santé mentale ou des blessures physiques. Comme je l'ai dit plus tôt, la difficulté, c'est de mettre les soldats blessés en rapport avec les spécialistes médicaux qui les aideront le mieux.
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Monsieur le président, d'après mes discussions avec le médecin-chef, je suis convaincu qu'ils essaient de trouver le meilleur traitement pour les soldats en étudiant toutes les options de service possibles.
Je connais la personne que vous avez mentionnée. C'était un soldat qui a été blessé pendant qu'il était sous mes ordres en Afghanistan. Il est revenu au Canada, où il a été soigné pendant près d'un an avant de se suicider. Sa mort tragique a touché tout le monde qui l'a connu: sa famille, ses pairs et ses camarades en Afghanistan.
Ces événements tragiques, très honnêtement, certains d'entre nous ne savent pas comment y faire face. Mais je crois qu'il faut faire très attention quand on parle du résultat tragique d'une personne qui n'a pas été traitée ou du résultat tragique d'une personne qui s'est ôté la vie malgré les soins qui lui ont été prodigués. Ce genre de cas, il y en a, ce qui est d'autant plus tragique. Mais, comme je viens de le dire, je suis convaincu que le médecin-chef et ses spécialistes veillent à trouver les meilleurs soins possible pour les soldats.
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Merci, monsieur le président.
J'ai écouté attentivement les témoins, qui représentent les deux côtés de la question. Statistiquement parlant et d'après les services que vous offrez, il ne me fait aucun doute que votre intention est très bonne, et nous voulons que les soldats reçoivent les meilleurs soins possible. Par contre, lorsque nous posons des questions, j'ai comme l'impression qu'on nous dit « Oui, c'est ce que nous voulons dire ». Donc, les statistiques sont très bonnes, et, de façon générale, tout semble être en place et bien fonctionner, mais, là où je veux en venir, c'est que ce sont sans doute les cas particuliers qui viennent dans nos bureaux, ceux qui sont dans la minorité du point de vue statistique. Sur papier, 80 ou 90 p. 100 sonne bien parce que c'est intangible. Mais quand on fait partie des 10 p. 100 de la population, ce n'est plus une statistique mais un problème personnel, et, à mon avis, ce sont ces gens-là que nous voyons dans nos bureaux.
J'ai une question, mais je ne sais pas trop comment la formuler. Je ne veux insulter personne, mais il semble y avoir une discordance entre certains cas et ce qui se passe au haut de l'échelle. Y a-t-il un processus d'examen permettant d'analyser la situation de ces cas particuliers, c'est-à-dire les personnes qui sont en difficulté? Vous pourriez peut-être me décrire en quoi consiste ce processus.
Admettons qu'une personne se présente dans mon bureau et dit: « Les soins qu'on me donne sont de mauvaise qualité. » Soit, certaines maladies sont très difficiles à diagnostiquer — et je ne dis pas qu'elles sont faciles à traiter —, mais comment traite-t-on un problème qui n'est pas aussi facile à traiter qu'un... ? Admettons qu'on se casse la jambe. Vous savez qu'elle est fracturée, car le fémur est cassé en deux. On vous le remet ensemble, et vous espérez que tout se passera bien. Au moins, vous pouvez surveiller vos progrès. Mais, lorsqu'il s'agit d'un problème psychologique, ce n'est pas aussi facile à traiter, et les victimes souffrent beaucoup. Certes, vous ne négligez pas intentionnellement ces personnes, mais elles ont l'impression de l'être. Que faites-vous dans ces situations? Quel est votre rôle?
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Je veux bien répondre à cette question.
Je dirais que, même dans le cas d'une jambe cassée, il faut que le patient communique avec le médecin s'il veut qu'on la lui répare. Donc, si une personne se présente dans un bureau, qu'il s'agisse du vôtre ou d'un autre, il faut clairement la mettre en contact avec la personne qui pourra l'aider. À mon avis, c'est le système de soins médicaux des Forces canadiennes. La question est donc de savoir comment aiguiller les militaires vers les soins dont ils ont besoin.
Depuis un mois, j'ai assisté aux funérailles de deux soldats de mon régiment. L'un est mort au champ d'honneur en Afghanistan, et l'autre s'est ôté la vie à la suite d'une affectation en Afghanistan. Les deux décès étaient tragiques. L'idéal, c'est que ce genre de chose ne se produise jamais, mais, en même temps, il y aura toujours des gens qui... Comme vous l'avez dit, les cas particuliers sont victimes d'une défaillance du système. Le but, c'est de traiter ces personnes une fois qu'on les a cernées. À mon avis, monsieur, vous avez un rôle à jouer pour ce qui est d'aider à aiguiller ces personnes vers le système de soins médicaux afin qu'on puisse leur donner les soins dont elles ont besoin.
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J'aimerais ajouter, non d'après mon expérience personnelle en Afghanistan, mais en ma qualité de commandant d'un régiment de Petawawa avant mon déploiement et en ma qualité d'officier commissionné des Forces canadiennes, que je prendrais soin de mes subordonnés qui sont en difficulté. Il n'y a pas que moi qui ferais cela. En effet, il est de notoriété publique, car on en parle dans les journaux, que le général Hillier lui-même a reçu des familles de ceux qui ont passé entre les mailles du filet. Il n'y a rien de péjoratif là-dedans. Il le fait de lui-même et il montre l'exemple à cet égard.
Je sais que, si nous recevions un appel d'un non-militaire pour nous dire qu'un tel soldat avait un problème, tous les commandants de ma brigade, la 2e Brigade, y compris le colonel Lavoie et moi, le prendraient à coeur. Comme le général Grant l'a mentionné, nous mobiliserions les professionnels de la santé pour qu'ils essaient d'aider ce soldat. Comme on dit, il est difficile de régler un problème qu'on ignore.
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Je peux répondre à cette question en donnant quelques exemples.
La première chose, monsieur — et je pense que les FC ont fait beaucoup de progrès à ce chapitre —, c'est qu'il faut créer une culture de commandement où on ne fait pas la distinction entre une blessure physique et un traumatisme mental.
Il est facile d'en parler à ses troupes durant les briefings préalables au déploiement. D'après mon expérience personnelle... Un de mes soldats, qui faisait partie d'un petit équipage, a dû être renvoyé après une série de combats. Je n'ai certainement jamais pensé par la suite que les autres membres de l'équipage ou ses camarades ont tenu des propos calomniateurs à son égard ou qu'ils l'ont traité différemment d'autres soldats qui sont retournés avec des blessures physiques. C'est la première chose.
Souvent, le problème, c'est qu'il faut ordonner à un soldat de se faire traiter et, au besoin, de rentrer au Canada. Le général Grant et moi l'avons fait dans un cas particulier. Souvent, le problème, c'est qu'il faut, en fonction de ce que nous avons déterminé, ordonner à un soldat de se faire traiter. Le général Grant et moi l'avons fait dans un cas particulier. Il faut parfois ordonner à un soldat de se faire traiter et, au besoin, de rentrer au Canada.
Normalement, cela aurait été la fin de sa carrière militaire, mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, le Général Grant et moi avons aidé le soldat pendant assez longtemps avant de le renvoyer au Canada. Lorsque nous sommes rentrés au pays à notre tour, quelques mois plus tard, nous avons fait un suivi. J'ai parlé avec sa femme et lui deux mois après l'événement traumatisant, et je suis heureux de vous dire que le soldat occupe un emploi rémunéré à notre base et que son traitement a fonctionné, bien qu'il ait été obligé de rentrer au pays malgré lui. Sa blessure n'a aucunement mis fin à sa carrière. Certes, ses perspectives d'emploi sont peut-être limitées, mais il pourra tout de même terminer sa carrière dans les Forces canadiennes.
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Merci, monsieur le président.
L'une des questions qui nous préoccupe relativement au syndrome de stress post-traumatique, surtout chez les militaires qui ont un long déploiement, c'est leur réseau de soutien et la qualité des liens chez eux. Je suppose que, dans un sens, les députés s'identifient à cette situation, étant donné qu'ils sont éloignés de leur famille dans une certaine mesure. Ce n'est pas la même sorte de situation, bien qu'on puisse appeler la Chambre un lieu de combat. On ne le dirait pas aujourd'hui, nos discussions étant si calmes, mais, on l'a déjà décrite comme une sorte de zone de combat. Je suis absolument certain qu'il y a des statistiques sur les députés dont la vie de couple a échoué; nous sommes loin de nos familles, et cela nous préoccupe.
Je me demande ce que vivent dans le théâtre les soldats en affectation. Ils sont loin de leur famille pendant longtemps. Nous savons que leur réseau de soutien leur sera très important à leur retour. Comment les jeunes couples réussissent-ils à demeurer ensemble? Laisse-t-on les militaires téléphoner à leur conjoint une fois par semaine? Quelle sorte d'infrastructure leur permet de protéger leur vie de couple et de parler à leur réseau de soutien dans leurs pays?
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Je peux probablement répondre à cette question, puisque la plupart de mes troupes ont été déployées à l'avant, à l'extérieur de l'aérodrome principal, pour toute la durée de notre séjour. Il y a beaucoup d'infrastructures. Vous seriez agréablement surpris. La politique était évidemment en vigueur à la fin de mon affectation. Nous avions des téléphones par satellite, soit un par section de soldats, ce qui équivaut à environ un téléphone pour dix personnes. Les soldats pouvaient en tout temps utiliser ces téléphones, qui ne servaient pas à des fins opérationnelles. Ils pouvaient appeler à la maison quelques fois par semaine s'ils le souhaitaient.
Bien que très austères au départ lorsque nous avons saisi ce territoire, les bases d'opérations avancées ont été aménagées. L'Internet par satellite était en place avant mon départ. Ainsi, les soldats qui n'étaient pas en patrouille de combat ou en service ailleurs pouvaient utiliser l'Internet pour communiquer par courriel avec leurs proches.
On constate une énorme différence par rapport aux opérations en Bosnie en 1992, où je me souviens qu'il fallait attendre huit semaines pour effectuer avec de la chance un appel de cinq minutes à l'aide d'une carte d'appel. Je crois que beaucoup a été fait pour entretenir les relations familiales. Cette capacité de communiquer avec les proches s'ajoute aux services d'écoute téléphonique et aux autres services maintenant offerts dans les bases pour permettre aux conjoints d'acheminer des articles au théâtre.
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Merci, monsieur le président.
Ma question se rapporte aux propos de mon collègue, M. Rota. J'aimerais que vous apportiez des précisions sur la question pour que nous puissions formuler quelques recommandations à ce sujet. Général Grant, lorsque mon collègue a parlé des moyens que doivent prendre les anciens militaires pour obtenir de l'aide, une solution ou des services pertinents, vous avez mentionné que nous avions aussi un rôle à jouer, en parlant des députés je suppose. Je tiens seulement à m'en assurer, car c'est très important.
Comme vous le savez, nous avons entre autres pour responsabilité de régler les problèmes portés à notre attention par nos électeurs, que ce soit par exemple le revenu, les demandes de pension d'invalidité ou Anciens Combattants. Nous parlons directement avec nos électeurs.
Prenons l'exemple de Mme Gallant, ici présente, dont la circonscription comprend la BFC Patawawa. Je tiens à comprendre. Est-ce que vous dites qu'un militaire qui a été en mission et qui habite dans la région, qui a fait face aux obstacles déjà mentionnés par différentes personnes, mères et familles, peut appeler son député — Mme Gallant, par exemple — et lui demander d'appeler colonel ou major-général Untel? Avons-nous vraiment cette possibilité?
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Pour être honnête, de mon point de vue, lequel, je pense, n'a pas changé, et du point de vue du Colonel Hetherington, qui est lui aussi commandant, le moment idéal pour se mettre en forme, voire le rester, n'est pas durant un déploiement et les opérations de combat, ce qui était notre cas. Il faut donc absolument mettre l'accent sur l’importance d’être en très bonne forme physique et d’être bien préparé avant d'être déployé. Donc, pour les dix mois dont j'ai parlé, la forme physique était implicite, et l'entraînement physique intense était implicite dans tous les aspects de cette formation de dix mois.
Cela dépend en fait du lieu où l'on se trouve. Si vous affecté au terrain d'aviation de Kandahar, il y a certainement de nombreuses occasions de rester en forme, si l'on n'est pas au front. Des haltères et ce genre d'équipement sont disponibles, mais en déploiement il est en fait assez difficile de suivre un programme de conditionnement physique comme on le fait au Canada. Il est donc essentiel d'être en forme avant d'être envoyé en mission.
Cela dit, le fait de marcher toute la journée et de porter 70 livres d'équipement de combat aide d'une certaine façon à demeurer en forme.
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J'ai vu les statistiques. Je ne suis pas trop certain, mais je pense que le taux de suicide dans les Forces canadiennes est inférieur à celui au sein de la société en général. Si ce n'est pas le cas, il est alors identique, mais peut-être pour d'autres raisons.
Nous parlons de personnes, de cas particuliers et des problèmes auxquels ils font face pour diverses raisons. De toute évidence, si une personne a un problème, c'est son problème, c'est très personnel et parfois rien ne parvient à régler le problème, ce qui est facile à comprendre lorsqu'il s'agit d'un cas grave de trouble de stress post-traumatique.
Je ne sais pas trop si le Colonel Lavoie est le mieux placé pour répondre à ma question, mais pouvez-vous donner quelques exemples des efforts supplémentaires que vous ou l'unité avez déployés pour aider dans toute la mesure du possible les gens qui ont de la difficulté à résoudre leur problème de façon satisfaisante?
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Je sais que le chef du personnel militaire étudie le dossier des centres de ressources pour les familles des militaires en vue de les améliorer et de les rendre encore plus efficaces.
Je dois admettre qu'il y a probablement différents niveaux de service dans l'ensemble du pays, selon la région. De mon point de vue à Edmonton, je pense que les soldats de cette ville ont été très bien servis par les gens et les programmes de ce service.
La situation se complique lorsqu'il s'agit de familles qui n'habitent pas près d'une grande base. Je sais qu'à Edmonton la directrice du CRFM a passé beaucoup de temps à s'assurer que les autres CRFM prennent en charge un dossier, pour la famille d'un soldat, ou qu'ils tentent de joindre les gens, peu importe où ils se trouvent, au téléphone ou par Internet.
Je pense qu'il s'agit d'un bon service, mais que, comme pour toute autre chose, nous pouvons probablement l'améliorer.
Ma première question concerne les soldats qui reviennent au pays, surtout les réservistes, et leur isolement lorsqu'ils sont de retour. Ils sont à l'extérieur de la base, dans leur collectivité qui se trouve parfois assez loin d'une base. Où je suis à Nanaimo, nous avons des réservistes du Canadian Scottish Regiment. Y a-t-il un suivi pour les réservistes?
Par exemple, s'ils ont des troubles après la période de décompression dans le cadre d'un retour de un ou deux mois, leur offre-t-on la possibilité de rencontrer d'autres militaires avec lesquels ils se sont retrouvés dans une zone de combat afin de se détendre un peu plus ou de discuter de la façon dont ils vont reprendre leur service? Y a-t-il eu des activités de ce genre?
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Je ne sais pas au juste à qui vous faites référence. Notre équipe comptait des ingénieurs militaires.
Selon la marche à suivre, nous n’effectuions pas de travaux que nous pouvions confier à des Afghans. Nous procédons encore de cette façon. Vous avez peut être entendu parler de cette route pour laquelle la location d’équipement lourd aurait accéléré le processus de construction. Nous avons toutefois choisi d’embaucher de la main-d’œuvre locale afin de favoriser le développement économique aux plus bas échelons.
En ce qui a trait aux civils engagés sur place, nous leur fournissions les soins médicaux permettant de sauver la vie, un membre ou la vue. Si l’un des travailleurs afghans était touché, nous traitions ses blessures. Par contre, les civils canadiens membres de l’équipe avaient droit aux mêmes traitement que les militaires.
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Je n’ai rien remarqué de tel pendant mon séjour en Afghanistan. Il ne faut cependant pas oublier que, comme le nom l’indique, le trouble de stress post traumatique survient après coup. Je communique encore avec les membres de l’équipe, et nous veillons les uns sur les autres.
Le Général Grant, comme bon nombre d’entre vous le savent, était sur le point de rentrer au pays lorsque son véhicule a été la cible d’un attentat suicide à la bombe. Une représentante de l’ACDI se trouvait également à bord. Le Général Grant pourra vous donner plus de détails.
Selon moi, nous sommes responsables de la sécurité de nos homologues civils. Ils sont des membres à part entière de l’équipe — que ce soit au sein de ma petite EPR ou de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan
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Général, ce que vous venez de me dire s'applique aussi au syndrome de stress post-traumatique, c'est la même chose. Il faut qu'il se rétablisse de façon minimale en moins de six mois, sinon on le libère.
En fait, ce n'est pas cela du tout. Il pourrait être acceptable pour vous que ses capacités reviennent, mais avec des limites, à condition qu'il y ait un minimum de niveau d'entraînement ou de capacités physiques. C'est ce que vous recherchez.
Vous recherchez cela aussi du côté du syndrome de stress post-traumatique; vous essayez de réintégrer le soldat. Si vous ne pouvez pas le réintégrer dans une unité de combat, par exemple dans l'infanterie, j'imagine que vous pouvez essayer de le muter à un poste administratif, par exemple. Faites-vous des efforts en ce sens?
[Traduction]
C'est le genre de situation ce qui leur conviendra le mieux. Si leur condition physique ne leur permet pas de faire partie de l'infanterie, nous pouvons les muter ailleurs. Même chose si leur vision est insuffisante. Si leur vision est trop faible pour un groupe professionnel en particulier, nous essayons de leur en trouver un autre pour lequel la vision exigée est moindre.
C'est systématique. Que le problème soit mental ou physique, c'est pareil. Nous voulons qu'ils se rétablissent pour qu'ils puissent continuer de travailler pour les Forces canadiennes.
Nous avons maintenant terminé les séries de questions prévues. Je voudrais seulement soulever quelques points avant de vérifier si quelqu'un souhaite ajouter quelque chose pour conclure.
J'imagine que vous avez tous les trois été au centre d'entraînement de Wainwright. Nous essayons d'aller y jeter un coup d'oeil, seulement pour constater dans quelle mesure les soldats y sont préparés à la réalité qui les attend.
Colonel Lavoie, je vous invite à commenter ce qui suit. Je crois que Laurie a effleuré la question de ce qui se produit réellement sur le terrain et au combat, et des leçons qui en sont tirées. Ces leçons parviennent-elles rapidement à Wainwright pour préparer les personnes qui s'apprêtent à partir?
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C'est un mécanisme que l'armée a mis en place. Il s'agit d'une équipe de trois personnes : une personne qualifiée sur le plan technique, soit un officier qui pouvait porter attention au matériel, ainsi qu'un officier et un sous-officier qui portaient attention aux tactiques, aux techniques et aux procédés — à la façon d'agir sur le théâtre des opérations.
Ils examinaient chaque incident ou la grande majorité — par exemple une explosion de mine ou des affrontements — pour trouver comment nous pouvions nous améliorer, comment nous pouvions apprendre de nos expériences. Il fallait rapidement rassembler ces connaissances et les transmettre à l'unité qui attendait d'être déployée.
Nous nous améliorons beaucoup à cet égard. Ces pratiques sont nouvelles; nous n'y avions pas recours avant l'Afghanistan. Mais nous en tirons énormément profit en ce qui concerne la préparation de la rotation suivante.
Je regarde le quartier général de ma force opérationnelle. Ce fut très rapide. Je regarde le quartier général de la force actuellement déployée sous la responsabilité du Général Laroche. Il est vraiment meilleur que le mien. Et quand je regarde celui qui sera déployé sous le commandement du Général Thompson, dans environ un mois, je le trouve encore meilleur. Donc, que ce soit grâce au quartier général ou aux soldats des compagnies d'infanterie, nous nous améliorons parce que nous apprenons de nos erreurs.