:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui. Je suis heureux d'avoir ainsi l'occasion de faire le point avec vous sur les questions touchant l'Afghanistan qui ont été abordées lors du sommet de l'OTAN tenu plus tôt ce mois-ci à Bucarest. Il y a beaucoup à dire, car l'Afghanistan a occupé une place importante au cours de ce sommet.
[Français]
Avant de passer en revue ce que nous avons accompli à Bucarest, il serait utile, je crois, de rappeler le chemin que nous avons pris auparavant.
Le vrai point de départ sur la route de Bucarest a été le sommet précédent des dirigeants de l'OTAN qui a eu lieu à Riga, en Lettonie, en novembre 2006.
[Traduction]
À l'époque du sommet de Riga, il ressortait clairement de notre évaluation que l'on avait besoin de ressources supplémentaires dans le contexte des problèmes de sécurité auxquels l'Alliance était confrontée dans certaines régions de l'Afghanistan, et plus particulièrement dans le Sud du pays. Le Canada a exercé de fortes pressions à Riga pour que l'on consente les efforts additionnels requis pour assurer la réussite de la mission. Nous avons également beaucoup insisté pour que la mission en Afghanistan figure au coeur des priorités de l'OTAN.
Nos démarches pour obtenir les ressources nécessaires dans le Sud ne se sont pas arrêtées à Riga. Je veux notamment faire valoir que, sans perdre de vue l'importance des sommets, il ne faut pas négliger le travail qui est accompli entre chacun d'eux. Nous avons poursuivi nos efforts de mobilisation de l'OTAN et de nos alliés pour souligner le problème fondamental des ressources insuffisantes et la nécessité de partager le fardeau.
Au cours des seize mois qui se sont écoulés entre les sommets de Riga et de Bucarest, des progrès cruciaux ont été accomplis sur ces différents tableaux. Chose importante, le nombre de pays déployant des troupes au sein du Commandement régional Sud de la FIAS — dont fait partie le Canada — a augmenté au cours des mois qui ont suivi le sommet. Alors qu'en novembre 2006, on dénombrait onze pays fournissant des soldats au Commandement régional Sud, il y en a maintenant 17. Qui plus est, depuis le sommet de Riga, il y a quelque 6 000 soldats de plus en mission dans le Sud. L'OTAN compte maintenant environ 17 500 militaires au sein du Commandement régional Sud.
[Français]
Ces moyens accrus ont été absolument essentiels aux efforts de FIAS — ISAF en anglais —, mais ils ne sont pas suffisants en soi pour garantir le succès. Comme plusieurs de nos alliés, nous savions que pour réussir, il nous fallait une approche globale qui intègre nos efforts politiques et militaires et les activités de développement.
Au cours des mois qui ont précédé le sommet de Bucarest, le Canada a joué un rôle de premier plan pour amener l'OTAN à se doter d'une stratégie politico-militaire globale pour l'Afghanistan. Nous étions convaincus qu'il fallait un plan pour synchroniser les différents piliers de notre effort d'ensemble.
[Traduction]
Chacun sait que la sécurité, la gouvernance et le développement sont des concepts inexplicablement liés et complémentaires, mais il semblerait que les planificateurs de l'OTAN aient perdu de vue cette réalité lors des mois qui ont précédé le sommet, ce qui m'amène à vous parler des résultats que nous avons obtenus à cette occasion.
Premièrement, les Alliés se sont mis d'accord au sujet de la stratégie politico-militaire globale dont je viens de vous parler. Cette stratégie s'est articulée autour de deux documents: un document de planification interne et un énoncé de vision public. Le document de planification interne reconnaît que le travail de la FIAS sur le plan de la sécurité et du soutien aux partenaires travaillant à la gouvernance et à la reconstruction doit se faire de manière cohérente et complémentaire. C'est l'essentiel du message.
Le plan définit également les objectifs stratégiques dont la FIAS doit permettre ou appuyer la réalisation. À la demande expresse du Canada, ce plan sera mis à jour régulièrement et utilisé pour évaluer les progrès réalisés. À ce sujet, je dois vous dire que notre délégation à l'OTAN, travaillant à partir de différentes capitales, dont Kaboul, Londres, Washington et Paris, a exercé de fortes pressions pour que ce plan soit suffisamment ambitieux, qu'il comporte des repères bien établis et qu'il soit fréquemment mis à jour. Nous estimons que les résultats obtenus à Bucarest sont en partie attribuables aux démarches du Canada en ce sens.
[Français]
Le second élément de la stratégie globale est la vision stratégique de FIAS énoncée dans la déclaration publiée à Bucarest. Cette déclaration souligne la priorité que l'OTAN attache au succès de la mission de la force internationale et l'objectif ultime d'aider les Afghans à édifier une société stable.
Tout comme le document de planification interne, la déclaration énonce clairement plusieurs points que le Canada juge importants. On reconnaît la nécessité d'une approche globale alliant efforts de sécurité, de développement et de gouvernance. Elle appelle à une coordination accrue entre FIAS et la mission des Nations Unies en Afghanistan et elle engage les alliés et les partenaires à partager le fardeau en Afghanistan.
[Traduction]
Il va de soi que le sommet de Bucarest a aussi permis des gains très importants au chapitre de l'engagement de troupes. La France a annoncé sa décision de déployer plusieurs centaines de soldats qui travailleront auprès des Forces américaines au Commandement régional Est, ce qui permettra aux États-Unis de dépêcher un bataillon en renfort à nos soldats à Kandahar.
Comme vous le savez très bien, cela répond aux besoins déterminés dans le rapport du groupe Manley et définis dans la motion parlementaire du 13 mars. L'aide ainsi obtenue nous permettra de redoubler d'ardeur dans cette région.
Bucarest n'est pas une fin en soi. Les déclarations qui y ont été faites sont importantes, mais nous sommes conscients que les bonnes paroles ne suffisent pas à accomplir de réels progrès. Nous devons mettre en oeuvre des éléments concrets de notre stratégie politico-militaire, comme la formation et le mentorat de l'armée nationale afghane et l'amélioration de la coordination entre l'OTAN et les Nations Unies.
Il est important de souligner que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et son nouveau représentant spécial en Afghanistan, Kai Eide, étaient tous deux présents à Bucarest.
Dans nos discussions, tant au sein de l'OTAN qu'avec les Nations Unies, nous avons cherché à faire valoir la nécessité d'établir un lien beaucoup plus étroit entre le travail accompli par les Nations Unies sur le terrain et les objectifs fixés par l'OTAN.
Au cours des prochains mois, nous travaillerons de concert avec nos alliés de l'OTAN, comme nous l'avons fait avant le sommet de Bucarest, pour veiller à ce que nos progrès soient évalués et à ce que les changements nécessaires soient apportés.
À notre avis, il faut donc considérer que le sommet de Bucarest s'inscrit dans une démarche progressive. Lors du sommet précédent tenu à Riga, nous avons multiplié les efforts pour voir à ce que l'Afghanistan figure au coeur des priorités de l'OTAN. Avant la tenue du sommet de Bucarest, le German Marshall Fund of the United States a ainsi réuni sur une même tribune le , le président Karzai et le secrétaire général de l'OTAN, de Hoop Scheffer. Voilà qui illustrait on ne peut mieux l'efficacité de nos efforts pour tourner les projecteurs vers l'Afghanistan.
Il y avait également les troupes qu'on s'était engagé à déployer et ce nouveau partenaire que nous étions très heureux d'accueillir à Kandahar. Enfin, nous avons amené l'OTAN à élaborer un plan que nous jugeons à la fois réaliste et suffisamment ambitieux pour faire progresser les choses.
Nous avons beaucoup de pain sur la planche dans la foulée de Bucarest, mais je pense que le processus est bien enclenché.
Je crois que je vais m'arrêter ici.
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Merci, monsieur le président.
David, je veux vous souhaiter la bienvenue. Nous sommes heureux de vous revoir. Merci pour votre exposé. Il ne fait aucun doute que nous tenions à obtenir cette mise à jour pour pouvoir mieux renseigner nos électeurs sur le travail qui est accompli là-bas, notamment.
Je vais commencer par un bref retour en arrière. En 1998, le secrétaire général de l'OTAN alors en poste avait pris la parole lors d'une séance conjointe de la Chambre des communes et du Sénat. Je ne peux pas vous citer ses propos exacts, mais je vais essayer de vous en transmettre l'essentiel. Il a soutenu qu'il fallait cesser de se contenter de résolutions et de déclarations pour passer à l'action afin de faire appliquer les lois et les modalités établies.
Comme d'autres collègues l'ont fait, j'ai participé à certaines de ces rencontres qui se concluent invariablement par de grandes déclarations. Celles-ci sont nécessaires, mais reste quand même que l'essentiel réside dans l'application, comme l'indiquait l'ancien secrétaire général.
Je veux parler dans un premier temps de l'annonce faite par la France. Pourriez-vous nous indiquer brièvement, car nous ne disposons que de très peu de temps, à quel moment les soldats promis pourront arriver en Afghanistan pour offrir leur soutien. Est-ce qu'un échéancier est prévu? Les annonces semblables sont toujours les bienvenues, mais vient un moment où il faut joindre le geste à la parole. Est-ce qu'une date a été fixée?
Par votre entremise, monsieur le président, je rappelle à notre témoin qu'il n'est pas tenu de faire des révélations qui pourraient être problématiques du point de vue de la sécurité.
Y a-t-il un échéancier, David?
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Je suis heureux de vous l'entendre dire. Je pourrai transmettre la bonne nouvelle à mes électeurs.
À propos du sommet de Riga, vous avez indiqué qu'il nous fallait plus de ressources. Le Canada a en effet exercé beaucoup de pression à cet effet, et c'est une très bonne chose. Pouvez-vous être plus précis à propos des ressources nécessaires? Je sais que nous tentons de trouver des effectifs supplémentaires, mais les besoins sont plus grands encore. Par exemple, la Pologne a fourni des hélicoptères, mais les appareils ne nous serviront à rien si nous n'avons personne pour les piloter. A-t-on discuté des ressources nécessaires pour compléter la contribution de la Pologne? C'est ma première question.
Aussi, nous savons qu'il n'y a pas que le matériel qui manque; nous aurons également besoin d'argent. Nous connaissons certaines des méthodes employées pour le paiement des services rendus, que ce soit en fournitures, en main-d'oeuvre, etc. Est-ce que les fonds promis par les autres pays ont été engagés? À ma connaissance, le Canada a versé les sommes qu'il s'était engagé à fournir. Le secrétaire parlementaire me fait signe que oui. Cependant, est-ce que les autres pays s'acquittent de leurs obligations?
J'ai assisté à différentes rencontres et j'ai entendu de grandes déclarations, toutes plus encourageantes les unes que les autres. C'est formidable de les entendre. Toutefois, un an plus tard, on nous dit: « Vous nous aviez promis tant d'argent pour la construction d'écoles, de routes et de nouveaux puits. » Les ONG nous disent, comme nous l'avons entendu auparavant à ce comité, qu'ils ont besoin de fonds.
Avez-vous des commentaires à formuler en ce qui a trait à la rencontre de Bucarest et à la rencontre précédente? Avons-nous fait des progrès?
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L'OTAN émet régulièrement un énoncé des besoins pour les différents volets de la mission. Pour des raisons évidentes, le volet qui reçoit le plus d'attention est celui du personnel et des troupes. Mais on y donne également le nombre d'hélicoptères et d'équipes de formation dont on aura besoin. Je sais que le général Atkinson vous a déjà parlé de ces équipes de liaison et de mentorat opérationnel. L'OTAN analyse la situation en profondeur et examine tous les critères afin de déterminer les besoins pour l'ensemble de la mission. On n'a toutefois pas encore atteint la pleine capacité opérationnelle, et c'est un débat qui se poursuit au sein de l'OTAN et sur différentes tribunes.
Des pays de l'Europe de l'Ouest veulent trouver des moyens créatifs pour remédier à la sous-utilisation en Afghanistan de l'importante flotte d'hélicoptères dont ils disposent. Ils tentent de mettre leurs efforts en commun pour amener plus d'hélicoptères sur le théâtre des opérations. C'est évidemment une initiative que nous accueillons à bras ouverts.
Les discussions ont lieu lors des sommets et entre les sommets, mais aussi de façon bilatérale. Une des recommandations formulées dans le rapport Manley portait sur l'adoption d'une stratégie diplomatique ciblée. Le groupe de travail dont je fais partie veille notamment à ce que notre stratégie diplomatique, quand on traite avec d'autres pays, les Nations Unies et l'OTAN, porte sur des éléments très précis dont ont besoin le Canada et l'Alliance.
Pour ce qui est des fonds, les messages sont encore contradictoires. Nous avons obtenu un rapport récent de l'ACBAR, l'organisation chargée du suivi des sommes d'aide versées. Le rapport nous a permis de constater que certains pays ne versent pas les sommes qu'ils se sont engagés à fournir. Nous pouvons affirmer fièrement que le Canada se trouvait en tête de liste, en compagnie du Japon, pour ce qui est des décaissements. C'est aussi une question sur laquelle se penche notre groupe de travail. La France a proposé aux principaux contributeurs de se rencontrer en juin en Afghanistan, où le sujet sera probablement abordé d'ailleurs. On en discute bien sûr lors de grandes assemblées comme celle-là, mais aussi avec nos partenaires bilatéraux.
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L'exemple qui illustre le mieux, selon moi, cette nouvelle collaboration, c'est la présence du secrétaire général des Nations Unies au sommet de l'OTAN, une première, si je ne m'abuse.
Aussi, une partie du plan d'action de l'OTAN nécessite une collaboration accrue sur le terrain avec les pays des Nations Unies en Afghanistan. Cela semble être une mesure évidente qui aurait dû être prise plus tôt, mais elle ne faisait pourtant pas partie du plan de l'OTAN. Par ailleurs, la structure de l'organisation à Bruxelles ne permettait pas de suivre les progrès réalisés. L'OTAN entreprend donc de travailler en étroite collaboration avec les Nations Unies et de tenir compte du travail de celles-ci dans son processus de planification.
Cela signifie que lorsque l'OTAN se penche sur ce qui doit être fait au chapitre de la reconstruction et du développement dans le Sud par les équipes provinciales de reconstruction, elle doit prendre en compte ce que font les Nations Unies par l'entremise de leur programme spécial d'assistance en Afghanistan, la MANUA. Nous constatons, au Commandement régional Sud, que des rencontres commencent à avoir lieu, et c'est très important.
Le Canada joue un rôle prépondérant dans cette collaboration. J'ai parlé à un ancien représentant spécial des Nations Unies en Afghanistan, aujourd'hui à la retraite, qui me disait qu'il était très important pour des pays comme le Canada d'assurer une présence sur le terrain à Kaboul en participant à des rencontres et en manifestant leur appui aux représentants des Nations Unies. Le soutien offert par le Canada lui a permis de faire avancer les choses en Afghanistan et de gagner en crédibilité.
Nous travaillons très étroitement avec Kai Eide, le représentant des Nations Unies, pour veiller à ce que tout le monde sur le terrain sache qu'il bénéficie de l'appui du Canada. Nous apprécions son travail et nous voulons le voir réussir. Nous tentons d'établir des liens nous-mêmes et de contribuer à favoriser les relations entre les Nations Unies et l'OTAN.
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Le gouvernement a créé ce groupe de travail en réaction au rapport Manley. J'occupais auparavant un poste de coordination aux Affaires étrangères. Le groupe d'experts a reconnu qu'il s'agissait d'un rôle très important, mais qu'il serait plus facile de l'assurer au sein du Bureau du Conseil privé; et je suis aussi de cet avis.
Le gouvernement a donc créé le comité du Cabinet, présidé par le et formé des , , et . Il a aussi créé le groupe de travail auquel j'appartiens.
Je suis le secrétaire du comité du Cabinet; celui-ci établit un programme de travail que nous nous assurons de suivre. Le programme de travail, comme le l'a mentionné dans son exposé technique l'autre jour, suit en grande partie les recommandations du rapport Manley.
Notre travail consiste en gros à veiller à ce que le gouvernement du Canada ait des priorités parfaitement claires et ciblées pour l'Afghanistan. Nous n'avons pas l'intention de tout faire en même temps. Nous tentons de faire ce qui importe le plus pour transformer les endroits comme Kandahar. Nous nous assurons que nos programmes respectent ces priorités, et surtout, que nous avons des repères raisonnables, qui sont en fait des objectifs mesurables et clairs à l'égard desquels nous rendons des comptes aux Canadiens. Nous nous affairons actuellement à mettre en place ce programme de travail.
Beaucoup a été fait à différents endroits, mais le tout doit être coordonné de façon cohérente en fonction de notre échéancier de 2011 pour Kandahar.
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C'est une des principales difficultés auxquelles on se bute en ce moment. Il faut veiller à établir des objectifs pertinents et assez ambitieux pour nous amener à nous dépasser pour arriver à nos fins, mais tout de même réalistes.
L'autre soir, lors de son exposé technique, a indiqué que nous devions nous faire une idée réaliste de ce à quoi allait ressembler Kandahar en 2011, par exemple.
J'ai visité l'Afghanistan pour la première fois en 1976, bien avant mon arrivée au gouvernement. C'était à la toute fin de l'âge d'or de l'Afghanistan, qui était encore un pays en paix. J'ai pu conduire sur la route qui relie Kaboul, Kandahar et Herat. Toutefois, plusieurs régions de l'Afghanistan n'étaient pas sécuritaires même à cette époque-là. Je crois qu'on avait déjà des problèmes de corruption. L'Afghanistan était aux prises avec les mêmes problèmes qui affligent tous les pays en voie de développement.
Nous devons comprendre qu'il faudra énormément de temps pour que l'Afghanistan ne soit plus considéré comme un pays en développement et qu'il se heurtera encore longtemps aux problèmes associés à cette réalité.
Nous voulons aider l'Afghanistan à initier sa transition jusqu'à ce que le pays soit en mesure de la gérer lui-même, malgré les difficultés. L'Afghanistan acquiert lentement la capacité d'assurer sa propre sécurité et de s'attaquer aux problèmes de corruption. La corruption demeurera sans doute toujours un enjeu de taille, mais les Afghans auront dorénavant les moyens de remédier à la situation.
En réalité, le but est d'aider l'Afghanistan à cheminer dans son développement. La fin des efforts de développement tardera sans doute à arriver, si on se fie à ce qui se passe ailleurs dans le monde, mais le gouvernement afghan aura un jour ou l'autre la capacité de faire lui-même ce qu'il faut pour surmonter une partie de ces difficultés.
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Monsieur le président, membres du comité, mesdames et messieurs, bonjour.
C'est un honneur pour moi que de vous parler du Programme de services aux familles des militaires.
Comme vous le savez, je m'appelle Céline Thompson et je suis à la tête de la Direction des services aux familles des militaires. Mon bureau se charge de gérer ce programme national pour le compte du chef du personnel militaire et de ce ministère. Nous sommes responsables notamment du financement central, de l'élaboration des politiques, de la surveillance, de l'évaluation et de l'orientation technique. Bref, je suis une bureaucrate.
À l'inverse, les trois femmes qui m'accompagnent ont le privilège d'offrir ce programme aux collectivités, ce qui est tout un défi. Contrairement à moi, elles ne représentent pas le ministère; chacune dirige son centre de ressources pour les familles des militaires. Elles rendent des comptes à leur collectivité et servent leur conseil d'administration, nommé et élu par la collectivité et composé en majorité de conjoints civils de militaires.
Pour mieux comprendre la structure et le système de gouvernance du Programme de services aux familles des militaires, il convient de le situer dans son contexte historique. Avant l'établissement du programme en 1991, nos recherches nous ont montré que le peu de soutien que les Forces canadiennes offrait aux famille était au mieux ponctuel, fragmentaire et essentiellement inefficace. En outre, les conjoints des militaires nous ont révélé qu'ils considéraient ne pas avoir d'influence, et encore moins de pouvoir, sur les programmes et les services qui avaient pourtant une si grande incidence sur leur vie. Ces mêmes recherches ont mis en lumière un phénomène répandu chez les familles, soit la crainte que les problèmes exposés à la chaîne de commandement ne soient pas traités de façon confidentielle et compromettent la carrière du militaire.
La structure actuelle du Programme de services aux familles des militaires permet de résoudre la plupart de ces problèmes systémiques de longue date. Les centres de ressources pour les familles des militaires sont des organisations indépendantes du ministère. Les conjoints civils ont voix au chapitre de leur fonctionnement et gouvernance, et orientent les services en fonction des priorités locales. Les renseignements recueillis par les centres demeurent confidentiels, conformément au code de protection de la vie privée du programme.
Les centres de ressources pour les familles des militaires sont emblématiques du soutien qu'accorde le ministère aux familles. Établis presque partout où des familles sont concentrées, ces organismes sans but lucratif, constitués en vertu des lois provinciales, sont dirigés par les collectivités qu'ils desservent, mais collaborent aussi étroitement avec les commandants des bases locales et le personnel de mon bureau national.
Le programme a connu un essor considérable depuis 1991. Son dernier examen en profondeur remonte à 2002-2003. À l'époque, nous avions fixé, en consultation avec nos intervenants, une série d'objectifs bien définis pour les CRFM, en fonction des contraintes propres au style de vie militaire. Nous avons reconnu officiellement que la santé et le bien-être des familles contribuent grandement à l'efficacité opérationnelle des Forces canadiennes, et nous avons réitéré notre engagement à collaborer avec les familles pour aligner nos efforts et nos priorités sur leurs besoins.
Cinq ans plus tard, nous sommes encore une fois en pleine transformation. Notre environnement a beaucoup changé ces dernières années. On ne doit pas sous-estimer l'importance des répercussions de la cadence opérationnelle sur les collectivités et les familles. Dans vos délibérations, vous devez tenir compte du fait que lorsqu'un militaire est blessé ou malade, c'est souvent sa famille qui s'en occupe, peu importe les ressources mises à disposition par le ministère. Nous savons en outre que les exigences opérationnelles actuelles sont lourdes de conséquences pour les familles. Nous devons donc les aider à miser sur leurs propres forces et leur capacité d'adaptation, et les accompagner jusqu'au bout.
Le chef du personnel militaire, au nom du CEMD, nous a chargés d'étendre considérablement la gamme des services que nous offrons aux familles des militaires, en nous appuyant sur l'expertise des CRFM. Puisque nous sommes sur le point de nous atteler à cette tâche, notre entretien d'aujourd'hui arrive à point nommé et contribuera sans aucun doute à faire avancer le processus.
Merci beaucoup. J'ai terminé.
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J'ai intitulé ma présentation « La force par le partenariat ».
Je m'appelle Colleen Calvert et je suis directrice du Centre de ressources pour les familles des militaires de la région d'Halifax. C'est le plus grand centre au Canada; il dessert presque toute la Nouvelle-Écosse, à l'exception de la côte Sud et de la vallée. C'est tout un honneur que de travailler avec ces familles.
Les familles des militaires sont la force derrière l'uniforme. Les centres de ressources les considèrent toutes solides, indépendantes, capables de s'adapter et pleines de ressources. Elles font face à diverses situations particulières et difficiles, notamment aux problèmes propres aux longs déploiements et aux affectations. Ceux-ci sont d'autant plus ardus à surmonter que les familles sont en général loin de leur réseau habituel — leur parenté, leur communauté et leurs amis.
Les Forces canadiennes se sont montrées visionnaires et à l'avant-garde en matière d'aide aux familles. Nombre de nos alliés de l'OTAN accusent un retard de plusieurs années et se sont inspirés du modèle canadien pour élaborer leurs propres programmes de soutien. Ce qui distingue celui du Canada et fait son succès, c'est sa gestion par les familles, pour les familles. Nous existons grâce aux familles des militaires qui ont demandé de l'aide parce qu'elles trouvaient de plus en plus la chaîne de commandement insensible à leurs besoins.
Les familles ont répété maintes fois « l'armée contrôle tout, sauf nous », en réponse à l'attitude de celle-ci qui croit savoir mieux qu'elles ce qu'il leur faut.
En tant qu'intervenants de première ligne dans la prestation de services aux familles des militaires, les centres de ressources reconnaissent la valeur des familles et le rôle important qu'elles jouent dans l'équilibre et le bien-être des militaires. Il est temps de créer un partenariat entre le ministère de la Défense nationale et d'autres afin de fournir aux militaires et à leurs familles de l'information de première main et un large éventail de services professionnels, de programmes et de ressources qui répondent à leurs besoins sociaux, physiques et affectifs.
Je vais vous parler un peu des points forts des centres de ressources pour les familles des militaires.
Ils peuvent réagir rapidement, sont souples et capables de s'adapter de façon créative à toutes les situations. Nous sommes plus flexibles que les militaires grâce à l'absence de bureaucratie. Les CRFM sont bien ancrés dans les collectivités. Dans un milieu militaire en perpétuel changement, nous représentons la continuité.
Les CRFM s'occupent des familles hors de la chaîne de commandement, ce qui permet à celle-ci de se concentrer sur les tâches opérationnelles. Nous aidons efficacement les familles à contribuer à l'état de préparation opérationnelle. De nombreux commandants nous ont dit avoir constaté moins de rapatriements pour des raisons familiales et de stress sur les proches, une réduction des coûts financiers et un meilleur moral lorsqu'il y a collaboration avec un centre de ressources pour les familles des militaires.
Les CRFM ont développé des relations de confiance avec les familles et les militaires. Nous sommes un havre où les familles peuvent avoir accès à des programmes, des services et des ressources sans craindre de compromettre la carrière du militaire. Nous sommes un premier point de contact efficace et fiable. Les CRFM sont des organisations professionnelles et indépendantes composées d'employés et de bénévoles dévoués qui veulent répondre aux besoins réels, plutôt que perçus, des familles. Nous constituons une ressource essentielle et précieuse pour les Forces canadiennes et pour la chaîne de commandement.
Les CRFM comprennent les difficultés que doivent surmonter les collectivités qu'ils desservent et celles propres aux Forces canadiennes. Nous servons d'intermédiaire entre l'armée et la collectivité, la famille, les écoles, etc.
Le manque de communication est un de nos problèmes. Nous avons pour objectif, entre autres, de faire en sorte que les familles soient informées, reçoivent de l'aide et restent en contact. Malheureusement, des CRFM partout au Canada se heurtent à des problèmes de communication et de mise en commun de l'information. Certaines bases et unités mettent les centres à contribution et leur fournissent l'appui et les renseignements nécessaires, mais ailleurs, cet obstacle demeure.
Même si des lignes directrices prévoient la communication aux CRFM des coordonnées des familles et des renseignements sur les affectations et les déploiements, certaines unités des Forces canadiennes sont encore peu disposées à le faire et à coopérer. Si les CRFM ne savent pas qui est en affectation ou en déploiement, ou qui doit faire face à l'absence d'un militaire, ils ne sont pas en mesure d'aider les familles. Sans ces renseignements de base, ils ne peuvent pas leur fournir d'appui, de services ou de renseignements, ce qui nuit non seulement aux familles, mais également à l'armée. Il est crucial que les bases, escadres ou unités communiquent toujours aux CRFM les coordonnées exactes et à jour des familles de tous les militaires en affectation ou en déploiement.
Les familles de militaires d'aujourd'hui doivent également composer avec le manque de places en garderie, et les besoins sont grands. Lorsqu'une famille est transférée dans une nouvelle ville, base ou unité, elle a en général 90 jours pour acheter une maison, vendre l'ancienne, changer d'école et de province et trouver une garderie.
De nombreuses garderies à temps plein affichent des listes d'attente de six mois à deux ans, ce qui ne convient absolument pas aux familles des militaires réaffectés. Beaucoup ne peuvent trouver de garderie convenable, ce qui restreint la capacité des conjoints à travailler et porte préjudice aux Forces canadiennes.
En ce moment, à Halifax seulement, 400 familles de militaires sont sur la liste d'attente, et la période des affectations n'a même pas commencé. Il convient de noter que les centres de ressources pour les familles des militaires n'ont pas pour mandat d'offrir des services de garderie et ne reçoivent aucun financement à cette fin. Pourtant, de nombreux CRFM partout au Canada ont décidé d'agir, pour répondre à la forte demande des familles de militaires.
Si l'on se fie aux commentaires que nous recevons, le manque de places en garderie est une source de grande insatisfaction pour les familles. Dans une perspective plus globale, ce mécontentement peut réduire le taux de rétention, et même de recrutement, dans l'armée. Même si le service responsable de la qualité de vie a entrepris des études sur la pénurie nationale de places en garderie pour les familles du MDN, il faudra probablement attendre des années avant qu'elles n'aboutissent à une résolution du problème. La meilleure solution, à court terme, c'est que les Forces canadiennes assument cette responsabilité et offrent aux familles de militaires des places additionnelles en garderie. Les CRFM doivent prendre le relais. Étant donné les besoins particuliers de ces familles, la création de garderies adaptées devrait constituer une priorité.
J'aimerais attirer votre attention sur un autre problème, en plus de ceux que soulèveront mes collègues. Les familles de militaires qui arrivent dans une nouvelle ville ou province ont énormément de difficultés à trouver un omnipraticien. Certaines ont même dû participer à des tirages au sort. Elles ne devraient pas se retrouver sans médecin de famille à chaque fois que le militaire est réaffecté. Le stress et l'angoisse supplémentaires qu'on impose ainsi aux familles sont inacceptables.
Les CRFM du ministère de la Défense nationale doivent réitérer leur engagement envers les besoins fondamentaux des familles, et pas nécessairement ceux des Forces canadiennes. Les CRFM connaissent bien la situation et peuvent compter sur des professionnels efficaces et de renommée internationale qui désirent ardemment fournir aux familles les outils nécessaires pour faire face aux aléas de la vie militaire.
Il est absolument crucial que l'on considère les familles comme des partenaires à part entière des Forces canadiennes et qu'on mette à leur disposition les meilleurs services et ressources possibles. En veillant à ce que les familles restent en contact, soient informées et reçoivent de l'aide, on améliore les relations, la confiance et le moral, ce qui ne peut qu'être bénéfique pour les Forces canadiennes et le pays.
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Bonjour mesdames et messieurs.
Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître. Les témoignages de mes collègues renforcent ma motivation pour mon programme.
Je m'appelle Beth Corey et je dirige le Centre de ressources familiales militaire Gagetown. Nous sommes situés sur la base militaire, dans un endroit charmant appelé Oromocto, au Nouveau-Brunswick.
Je suis la directrice générale de ce centre depuis plus de sept ans. J'ai acquis une grande expérience dans le développement communautaire en travaillant pour des conseils d'administration et des organismes sans but lucratif. Je défends ardemment les programmes d'aide aux familles.
Je sais que vous vous intéressez surtout aux services de santé dispensés au personnel des Forces canadiennes, en particulier en ce qui concerne les troubles de stress post-traumatique, les TSPT. Je vous parlerai de leurs répercussions sur les familles des militaires. Ma vision des choses se fonde sur mon expérience directe et quotidienne. Je ne m'exprimerai donc pas du point de vue des militaires, mais plutôt de celui des familles.
Je crois que le public et tous les ordres de gouvernement reconnaissent que les familles des militaires jouent un rôle déterminant pour les Forces canadiennes, et que leur engagement à servir le pays et leurs sacrifies sont tout à fait extraordinaires.
Par conséquent, il ne fait aucun doute que ces familles, surtout les conjoints et les enfants, méritent des services exceptionnels. Les centres de ressources pour les familles des militaires de tout le pays offrent justement, dans le but de renforcer les collectivités, du soutien et un large éventail d'excellents services, sur lesquels les familles ont une influence directe et considérable. Nous sommes une organisation sans but lucratif gérée par notre clientèle — soit les militaires et leurs conjoints —, et nous faisons un travail extraordinaire. Toutefois, je dois vous dire que nous pouvons faire encore mieux. Maintenant plus que jamais dans l'histoire des Forces canadiennes, il faut apporter un soutien accru aux familles des militaires.
J'aborderai directement les profondes répercussions du traumatisme lié au stress opérationnel sur la famille immédiate et élargie. Pour faire face à la situation, les familles doivent notamment être renseignées sur les troubles liés au stress opérationnel et post-traumatique, les signes précurseurs, la façon de s'assurer que les militaires obtiennent l'aide nécessaire et les trucs pour parler de la question avec les enfants.
Souvent, les conjoints sont les premiers à se rendre compte que quelque chose cloche. Ils sont dépassés par les évènements, subissent les contrecoups des traumatismes liés au stress opérationnel et peuvent souffrir de dépression, de troubles de santé mentale et d'usure de compassion. Il arrive aussi fréquemment que la situation aggrave les problèmes existants. Par exemple, si la famille compte des enfants ayant des besoins spéciaux ou est déjà aux prises avec des difficultés financières ou conjugales, les problèmes deviennent vite insurmontables.
Je crois que les services aux familles ont été mal définis par diverses organisations. Ce concept englobe maintenant trop souvent les services aux anciens combattants, aux militaires et à leurs familles. Mais comment cela se traduit-il, sur le terrain? Voilà la question.
Concrètement, cela fait en sorte que les familles se retrouvent parfois à cheval entre les politiques et les pouvoirs du ministère des Anciens combattants et de celui de la Défense nationale. Il arrive aussi qu'elles doivent respecter certains critères d'admissibilité précis pour recevoir des services et de l'aide adaptés.
Par exemple, nous savons qu'Anciens combattants Canada voudrait bien offrir des services aux familles, mais il ne peut le faire que si la personne souffrant d'un traumatisme est son client. Des changements s'imposent pour reconnaître que la famille doit pouvoir bénéficier des services, peu importe que le militaire, ancien ou actif, reçoive ou refuse de l'aide.
Les cliniques de traitement des troubles liés au stress opérationnel doivent offrir des services aux familles. Pour être admissible aux programmes offerts, un membre actif des Forces canadiennes doit détenir un certificat signé par un médecin militaire. En outre, sa famille ne reçoit de l'aide que si le traitement du militaire l'exige. Nous devons donner aux familles les outils nécessaires pour se soigner. Il faut les aider davantage.
Au bout du compte, il faut offrir des services et du soutien spécialisés aux familles, peu importe leur situation, puisqu'elles subissent les conséquences du service militaire et, souvent, les contrecoups des traumatismes causés par la guerre, dont les effets perdurent.
On ne peut plus s'en remettre uniquement aux organismes communautaires de santé mentale, aux psychologues civils ou aux services du Programme d'aide militaire des Forces canadiennes. Toutes ces solutions comportent de graves lacunes. Parfois, on n'offre qu'une aide psychologique à court terme — une à huit séances —, et les listes d'attente sont extrêmement longues. La situation peut également se compliquer si les fournisseurs de soins ont peu ou pas d'expérience dans le domaine militaire ou comprennent mal la vie dans l'armée et ses contraintes.
De toute évidence, il faudrait améliorer la coordination entre les services spécialisés et les centres de ressources pour les familles des militaires. On doit consacrer plus de ressources humaines au traitement des troubles mentaux attribuables au stress de la vie militaire. Ces ressources peuvent faire partie intégrante des CRFM, ou y être associées dans le cadre d'un service national de soutien aux blessés ou de soins transitoires.
En ce moment, on ne garantit pas aux familles des membres actifs et libérés un accès à des services spécialisés et à du soutien. Les programmes civils ne répondent pas nécessairement à leurs besoins particuliers.
J'aimerais également parler des familles des réservistes. Ce sont peut-être les plus vulnérables aux problèmes de traumatisme lié au stress opérationnel, et celles à qui on s'intéresse le moins. Lorsqu'un réserviste souffre, son conjoint, ses parents et sa famille élargie s'en ressentent aussi. Le Centre de ressources familiales militaire Gagetown répond évidemment aux besoins des familles qui habitent tout près, mais je m'inquiète de la mesure dans laquelle nous aidons les familles vivant dans les collectivités rurales avoisinantes du Nouveau Brunswick, où se trouvent la majorité des unités de réservistes.
Bien que nous essayions de nous rendre dans ces unités pour offrir des séances d'information, il n'en demeure pas moins que les familles des réservistes habitent trop loin des CRFM et des services spécialisés offerts par la plupart des grandes bases pour vraiment y avoir recours. Nous avons donc de plus en plus de difficulté à combler leurs besoins. Beaucoup de ses familles sont aux prises avec des problèmes après les déploiements. Il faut sensibiliser et informer les réservistes et leurs entourage, puisqu'ils ont besoin des mêmes services de soutien offerts aux autres familles de militaires, surtout après un déploiement.
Merci.
Je m'appelle Theresa Sabourin. Je suis la directrice générale du Centre de ressources pour les familles des militaires de Petawawa. J'ai obtenu ce poste il y a plus de 20 ans, soit avant la création du PSFM.
Je me réjouis d'être ici aujourd'hui pour vous parler de la fragmentation des services concernant les traumatismes liés au stress opérationnel. Je tiens à signaler que je suis d'accord avec mes collègues au sujet des problèmes et des occasions qui se présentent.
Les centres de ressources pour les familles des militaires sont un havre pour les familles. De nombreux CRFM travaillent en étroite collaboration avec les coordonnateurs de soutien par les pairs du Programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel, mais beaucoup d'autres ne bénéficient pas de ce genre de réseau. Ces deux services sont souvent les premiers points de contact pour les familles de militaires chez qui un traumatisme lié au stress opérationnel ou des TSPT n'ont pas encore été diagnostiqués. Ils ont tous deux constaté que de plus en plus de familles faisaient appel à leurs services. Nous considérons que c'est un pas dans la bonne direction pour aider ces gens et, même si certains craignent de possibles répercussions professionnelles, leur santé prime.
Les familles sont souvent les premières à repérer les signes du traumatisme lié au stress opérationnel chez un être cher. Les conjoints et les enfants doivent avoir accès à du soutien psychologique avant même qu'un diagnostic ne soit posé par un psychiatre. Les familles ont besoin d'aide pour relever les défis quotidiens et prendre soin de leur être aimé, puisqu'elles risquent davantage de souffrir de dépression et d'usure de compassion. Cette situation peut accroître le stress sur les familles et contribuer à leur désintégration. Nous devons donc les renseigner dès le début sur le traumatisme lié au stress opérationnel et les TSPT ainsi que sur les ressources disponibles.
Lorsqu'un militaire reçoit un diagnostic et des traitements au Centre de soutien pour trauma et stress opérationnels, le CSTSO, sa famille n'est pas toujours incluse dans le processus. Même si on lui explique ce qu'est un traumatisme lié au stress opérationnel, on ne lui parle pas nécessairement des répercussions sur la famille, à moins que le militaire lui-même le juge essentiel.
Par exemple, lorsqu'un militaire souffrant de traumatisme fait preuve de violence verbale envers son conjoint, celui-ci n'est pas pris en charge par le CSTSO, et parfois ne peut même pas discuter de ses problèmes, ce qui ne fait qu'accroître le stress sur la famille. Celles-ci se manifestent souvent lorsqu'elles sont au bout du rouleau. Le CRFM offre un certain nombre de services, comme des soins de relève pour les enfants, mais ne peut coordonner ses efforts avec le CSTSO, dont le mandat consiste à aider les militaires sur place. Malheureusement, aucun système de consentement de la part du client ne permet la mise en commun des renseignements avec les CRFM; par conséquent, nous ne pouvons travailler de concert pour aider les familles et répondre à leurs besoins.
De plus, le ministère des Anciens Combattants ne peut aider une famille que si la personne qui souffre de traumatisme lié au stress opérationnel est un client. Les Forces canadiennes dispensent d'autres services, comme de l'aide psychologique sur les bases, mais ceux-ci ne sont pas mis à la disposition des familles, qui sont dirigées vers des ressources communautaires externes où les listes d'attente sont extrêmement longues. Parfois, ces fournisseurs de services n'ont pas d'expérience militaire, ce qui les rend moins aptes à traiter les familles. Par exemple, si une conjointe déclare à son psychologue: « mon mari souffre de TSPT parce qu'il a été victime de l'explosion d'un EEI alors qu'il se déplaçait dans son VBL », il ne comprendra pas grand-chose s'il ne connaît pas l'armée. Il faut donc des ressources cliniques se consacrant uniquement à ces familles.
Les CRFM ont souvent de la difficulté à joindre les familles parce qu'ils n'ont pas accès à de l'information de base, comme des listes de noms ou des renseignements des équipes d'intervention en cas de stress causé par un incident critique. Les CRFM ne sont pas systématiquement informés des blessés sur le théâtre des opérations, ce qui restreint leur capacité à joindre rapidement les familles pour les aider. Il est pourtant primordial de le faire très tôt, pour assurer une intervention précoce et aiguiller les familles.
Pour conclure, j'aimerais vous parler de deux initiatives qui illustrent notre capacité à aider les familles et qui sont porteuses d'espoir.
Le CRFM de Petawawa collabore actuellement avec un service de santé mentale pour enfants, financé par la province. Nous offrons un accès immédiat à des services thérapeutiques pour les enfants et les familles aux prises avec des difficultés liées aux opérations militaires. Nous travaillons de concert avec un groupe d'experts pour tirer profit de la vaste expérience des services tels que CHEO et SickKids, afin d'aider plus efficacement les familles des militaires et d'élaborer nos propres pratiques exemplaires.
Nous avons également souligné la nécessité d'initier les praticiens et les professionnels des services communautaires au mode de vie militaire, et nous élaborons actuellement des pratiques et un processus d'orientation. Mes collègues pourront aussi sûrement vous donner beaucoup d'autres exemples d'initiatives locales qui répondent aux besoins des familles.
Ce qui m'enthousiasme le plus, et ce qui, à mon avis, permettra de regrouper nos services, c'est le groupe de travail auquel j'ai eu l'occasion de participer qui vise à mettre en place un réseau multidisciplinaire afin de soutenir les militaires malades ou blessés, ainsi que leurs familles, par un accès centralisé aux services et aux programmes de soutien. C'est très intéressant pour les familles des militaires, car cela veut dire que tous les services, y compris le CRFM, seront situés au même endroit afin d'établir une approche globale pour soutenir ces familles, corriger nos lacunes en matière de services et améliorer notre efficacité.
Depuis 20 ans que je travaille dans ce domaine, nous avons fait beaucoup de progrès en matière de soutien aux familles des militaires. Je suis ici aujourd'hui pour vous dire que nous avons encore du travail à faire.
Merci.
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Je vous remercie d'être venues. Cette rencontre est très instructive. Je pense vraiment qu'il y a un écart entre les rapports que nous avons obtenus de militaires haut gradés et ce que vous voyez sur le terrain, ce que j'entends d'ailleurs également dans mon bureau. J'aimerais mieux que ce soit différent, mais c'est bien qu'on nous confirme que cela existe.
Les soldats font tous d'énormes sacrifices. Ils sont souvent mutés. Ils doivent changer d'endroit trop souvent, ce qui implique... en particulier lorsqu'il y a des enfants... Parfois, la famille n'est pas très loin et on peut les lui confier. Bien entendu, lorsqu'on est muté, on n'a pas cette possibilité et on a des problèmes pour les faire garder. Si on parle de six mois à deux ans, cela porte un dur coup au salaire du conjoint, ce qui ajoute un fardeau financier à nos membres des Forces canadiennes, et ce n'est pas le but recherché.
Il y a également un problème en ce qui concerne la réticence à faire participer les CRFM au processus de décision et au mécanisme de rétroaction.
J'ai toute une liste de questions, mais je vais m'en tenir à deux seulement. A-t-on évalué le nombre de places en garderie dont nous aurions besoin dans l'ensemble du pays pour que les conjoints de nos militaires aient la possibilité d'avoir un deuxième revenu ou peut-être un revenu principal, selon l'emploi, afin qu'ils soient sur un pied d'égalité avec la plupart des Canadiens?
Il y a aussi la question de la réticence à faire participer les CRFM. À votre avis, qu'est-ce qui les empêche de vous inclure dans le processus? Une guerre de compétence? De l'embarras? Je ne comprends pas. J'aimerais simplement savoir exactement ce qui les retient de vous faire participer.
Je vous remercie d'être venues et d'offrir ces services aux familles des militaires. C'est du travail de première ligne, qui implique un engagement très concret. Nous sommes tous conscients que les militaires se voient confier des affectations exigeantes, qui créent beaucoup plus de stress non seulement pour les soldats, mais aussi pour leurs familles.
La famille est certes importante et il faut en parler. Nous entendons souvent parler des familles des militaires. Quelqu'un a mentionné que la culture militaire était peut-être un peu différente de celle de la société en général. Il y a cette camaraderie parmi les militaires qui ne se retrouve pas partout. Je l'ai constaté lorsque j'ai visité Trenton — aucune des bases avec lesquelles vous travaillez directement — au cours de l'été dans le cadre du programme des parlementaires, et j'ai été très impressionné par le travail d'équipe, la camaraderie, la concentration et la discipline que l'on trouve chez les militaires, ce que nous apprécions certainement.
La famille est importante. Il faut, bien sûr, lui offrir un soutien. Vous avez soulevé ici certaines préoccupations au sujet des services et de leur disponibilité.
Quelques-unes parmi vous travaillent sur la ligne de front depuis un certain temps. J'aimerais vous poser des questions sur les efforts faits récemment par les forces concernant le retour des soldats, le débreffage, la courte halte que les soldats font à Chypre pour passer du temps ensemble avant de revenir dans leur milieu civil, les autres vies qu'ils ont laissées derrière et le programme d'appui par les pairs. J'aimerais que vous nous disiez quelle valeur vous attribuez à cela et si des améliorations ont été faites dans ces domaines.
Quelqu'un d'autre veut faire des commentaires?
Quelqu'un a fait une remarque au sujet du nombre de professionnels. Nous savons qu'il y a une pénurie de professionnels. Les forces déploient de grands efforts pour en recruter davantage. Le nombre augmente, mais le besoin est grand. Nous savons que dans la société en général, il y a une pénurie de médecins partout au pays. Certaines localités annoncent différentes choses: nous allons payer ceci, nous allons rembourser vos prêts étudiants, nous allons vous remettre une prime de 100 000 $ si vous acceptez de venir ici. C'est tout un défi de recruter des médecins dans les forces lorsqu'il y a pareille pénurie. C'est là un phénomène qui touche tout le Canada. En général, nous voulons plus de ressources pour répondre à ces besoins.
Je m'intéresse tout particulièrement au traitement du syndrome de stress post-traumatique, entre autres. J'imagine que vous n'êtes pas en mesure de parler de ce sujet, mis à part la question de la disponibilité, mais le comité a entendu récemment un soldat parler du traitement. Nous avons eu d'autres entretiens au sujet des résultats et des défis qu'ils doivent relever. La technique de désensibilisation des mouvements oculaires et retraitement, EMDR, a donné des résultats très encourageants.
Savez-vous si ces traitements ont été utilisés avec succès? Sont-ils disponibles, moins disponibles? Avez-vous des commentaires sur ce que vous avez observé sur le terrain?
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Je ne dirais pas cela. Ma règle de base est que s'il y a 20 familles, je vais financer ces services. Par conséquent, nous avons ces organismes outre-mer. Par exemple, Il existe un organisme à Naples, en Italie, où au dernier décompte, il y avait 26 familles, je crois, .
Toutefois, l'isolement et certaines frustrations, ainsi que la déployabilité de nos familles à ces endroits, font en sorte que je dois m'assurer que des ressources sont disponibles pour offrir un soutien de base à ces emplacements.
Si on parle de l'ensemble des Forces canadiennes, aux dernières nouvelles, nous n'avions aucune famille à Alert, alors le problème ne se pose pas. Toutefois, il n'y a aucune base, aucune escadre ni aucun détachement où nous n'avons pas une présence physique quelconque.
Les bureaux locaux que les CRFM ont établis ici et là pour pouvoir rejoindre les réserves et les populations plus éloignées nous donnent une empreinte encore plus vaste. Winnipeg dirige un organisme à Thunder Bay, par exemple. Colleen a plusieurs bureaux partout en Nouvelle-Écosse.
Les organismes plus petits, comme London et certains détachements en Ontario, sont plus étendus.
Nous avons élargi notre clientèle il y a un an et demi pour inclure les parents des militaires. Je crois que nous sommes les seuls à faire cela. Ces parents ont la fâcheuse habitude de vivre loin des établissements des FC, alors c'est un véritable défi pour nous de rejoindre ces familles virtuelles.
J'aimerais tout d'abord vous remercier de votre exposé et vous souhaiter la bienvenue.
J'aimerais poursuivre dans le même ordre d'idée que mon collègue au sujet du budget et des dépenses, parce que vous avez fait des déclarations très constructives — à savoir qu'il est temps d'en faire plus, que certaines choses qui étaient jadis gérables ne le sont plus, que les membres des familles méritent de recevoir un service et ont le droit de recevoir un service exceptionnel.
Laissez-moi vous assurer que nous sommes tous d'accord sur ce point. Personne ne conteste cela. En fait, le comité cherche à savoir comment nous pouvons donner suite à ce que nous avons entendu. Lorsque nous posons des questions, je vous assure que, du moins pour ma part — et de la part de tout le monde, j'en suis certain — nous le faisons dans les meilleures intentions. C'est peut-être parfois un peu cru et difficile pour vous de répondre, mais nous aimerions que vous nous fassiez part franchement de vos opinions. Ce que je m'apprête à dire sera très direct.
Tout se résume à l'argent, mes chers amis. La semaine dernière, d'anciens militaires nous ont dit ne pas avoir été traités correctement, que certaines personnes avaient décidé qu'ils allaient bien. Nous avons entendu également des fournisseurs de service. Je peux vous dire que c'était une histoire merveilleuse. Toutefois, j'ai été plutôt ébranlé la semaine dernière, si je peux dire. Tout se résume, comme je l'ai dit, à l'argent.
J'ai une question. Les centres de ressources pour les familles des militaires reçoivent-ils un budget en soi de l'enveloppe globale...? Nous avons des centres de service pour les jeunes et différents centres de service à Toronto pour répondre à des besoins précis — les jeunes, les personnes âgées, les gens qui sortent d'une relation difficile. Leur financement provient de diverses sources, que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral.
Les centres de ressources pour les familles des militaires reçoivent-ils un financement ciblé pour les services qu'ils offrent, ou dépendent-ils uniquement des activités de financement?
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Permettez-moi de vous dire une chose qui me touche et me bouleverse personnellement et j'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet ou savoir ce que nous pouvons faire à cet égard.
Le Canada est un pays prospère, qui a accompli son devoir sur la scène internationale et à l'intérieur de ses frontières. Nous sommes privilégiés d'avoir des surplus et des budgets équilibrés mais, en tant que fils d'un ancien combattant, je suis bouleversé lorsque je vois diverses communautés, la mienne en particulier, lancer des initiatives pour recueillir de l'argent.
Je vais vous donner deux exemples: ce n'est pas seulement pour nos militaires, mais aussi pour nos athlètes, pour qu'ils puissent représenter le Canada aux Jeux Olympiques. Je suis très troublé lorsque je vois d'autres pays qui sont littéralement en faillite en comparaison avec nous et qui n'ont pas à faire cela.
Je suis très déçu que nous ayons à tenir des activités de financement pour soutenir nos familles. Pourquoi?
Je le répète, je soulève cette question dans un but constructif, parce que cela me touche, me bouleverse et me gêne à titre de député également. Je trouve difficile de répondre lorsque des gens dans ma circonscription me demandent « Pourquoi devons-nous recueillir de l'argent pour nos familles, pourquoi ne prenez-vous pas soin d'elles? ».
Je sais qu'en 1994-1995, même après l'examen des programmes, nous nous sommes penchés sur les problèmes de paye qui existaient, et lentement, lorsque nous en sommes venus à cela, nous avons commencé à améliorer les logements et ainsi de suite. Toutefois, que pouvons-nous faire pour corriger cette situation et montrer au monde que nous demandons aux Canadiens de s'enrôler et que nous leur offrons des compensations convenables? Pouvez-vous nous parler de cela?