:
Monsieur le président, membres du comité, je m'appelle Jim Price et je suis président intérimaire du Comité des griefs des Forces canadiennes. Je suis accompagné de Caroline Maynard, directrice de nos Services juridiques.
À titre d'information générale, j'ai pris ma retraite des Forces canadiennes en 2003, après 37 années de service dont les 23 dernières comme avocat militaire et juge militaire. J'ai été nommé vice-président du Comité des griefs en décembre 2004 pour une période de quatre ans. Comme le poste de président est actuellement vacant, j'assume également ce rôle.
Permettez-moi de vous donner quelques informations sur la genèse du Comité des griefs des Forces canadiennes. Il a été créé par le truchement de modifications très importantes apportées en 1998 à la Loi sur la défense nationale, dans le cadre du projet de loi C-25. Ces modifications concernaient essentiellement des questions de justice militaire à la suite des événements en Somalie.
À ce moment-là, en 1998, on a refondu complètement le système des griefs. Plusieurs études réalisées au milieu des années 1990 avaient montré que le système était trop lent et manquait de transparence. L'autorité ultime en matière de griefs était le ministre, ce qui n'était pas jugé satisfaisant. Dans le cadre du projet de loi C-25, on a mis en place un processus à deux paliers, avec une décision initiale et une décision finale, le pouvoir ultime étant confié au chef d'état-major plutôt qu'au ministre.
En ce qui concerne le comité lui-même, on a pensé qu'un organisme externe indépendant — et c'est ce que nous sommes, un tribunal quasi judiciaire non relié à la Défense nationale — rehausserait l'équité du processus de griefs et rehausserait généralement la confiance envers le système.
Il importe de bien comprendre que le comité des griefs n'est pas une instance de décision. C'est le chef d'état-major qui prend la décision ultime. Notre rôle à nous est de faire enquête et d'adresser des recommandations dans certains types de dossiers au chef d'état-major qui, s'il ne les partage pas, doit indiquer pourquoi dans sa décision finale. Autrement dit, c'est le chef d'état-major qui rend la décision ultime sur les dossiers examinés par le Comité des griefs. En ce qui concerne tous les autres dossiers, la décision est prise par le délégué du chef d'état-major.
Les questions sur lesquelles nous pouvons nous pencher sont limitées et sont définies dans un règlement. Il s'agit essentiellement de libération involontaire, de harcèlement, de solde et d'indemnités, ainsi que de services médicaux et dentaires. Du fait de ce règlement, nous ne traitons que 40 p. 100 des griefs du niveau du CEMD. Je peux vous dire que nous avons eu des pourparlers avec les Forces canadiennes sur l'élargissement de notre mandat.
Si la raison d'être de notre comité est de rehausser la confiance envers le système de griefs, nous voyons mal pourquoi nous ne pourrions pas être saisis de tous les griefs. Je dois dire d'ailleurs que les Forces canadiennes n'y semblent pas opposées. Nous en discutons depuis un an et nous avons encore divers éléments à examiner. C'est un objectif important que nous souhaitons atteindre.
Comme je l'ai dit, nous traitons des griefs relatifs aux soins médicaux. À la lecture de la note que je vous ai remise, vous verrez que nous n'avons été saisis que de 12 griefs sur la qualité des soins médicaux — 19 sur le syndrome de stress post-traumatique. Je dois ajouter que ce chiffre ne représente pas nécessairement tous les griefs de cette nature concernant les Forces canadiennes. Ce sont ceux dont nous avons eu à connaître parce qu'il y avait une question de libération involontaire ou de qualité des soins.
Par exemple, il peut y avoir une personne souffrant du syndrome de stress post-traumatique qui est placée en probation constante pour inconduite et qui soutient que cette inconduite résulte du syndrome. Ce genre de dossier ne serait pas soumis à notre comité parce qu'il s'agit d'une question de gestion du personnel et non pas en soi d'une question de libération.
Considérant tous les dossiers dont nous avons été saisis, nous avons deux remarques à formuler. Dans certains cas, nous avons recommandé une indemnisation financière à l'égard des soins médicaux. Le chef d'état-major était d'accord avec nous mais, malheureusement, il n'a pas de pouvoir sur les questions financières. Il doit renvoyer ce genre de cas devant un avocat de la Justice qui travaille à la Défense nationale.
Nous pensons qu'il serait préférable que le chef d'état-major ait le pouvoir d'accorder une certaine forme de redressement financier, ce qui avait été recommandé par le juge Lamer en 2003 quand il avait procédé à la révision quinquennale du projet de loi C-25, mais ce pouvoir ne lui a pas encore été accordé.
C'est un changement que nous recommandons. Nous croyons que le chef d'état-major, qui détient le pouvoir ultime dans la procédure de griefs, devrait avoir la possibilité de rendre une décision absolument définitive. À notre avis, il ne devrait pas se trouver dans une situation l'obligeant à écrire au plaignant: « Je pense que votre grief est légitime mais je n'ai malheureusement pas le pouvoir de vous accorder un redressement. Je dois envoyer votre dossier ailleurs. »
C'est une question qui a été soulevée lors de notre révision de ce type de dossiers.
Mon autre remarque concerne les personnes qui ont fait l'objet d'un diagnostic de syndrome de stress post-traumatique et qui commettent des écarts de conduite. Dans l'un des cas que j'ai examinés, l'individu avait agressé son épouse; dans un autre, il y avait un problème d'abus de boisson. Selon ce que j'ai pu constater, les forces, dans ce genre de situation, s'intéressent avant tout à l'inconduite. Elles ont tendance à se demander si le SSPT constitue une défense contre une accusation pénale et, dans la négative, elles libèrent l'individu en vertu d'une disposition appelée 5(f). Or, en vertu de cette disposition, l'individu est jugé inapte au service à cause de facteurs relevant de son contrôle.
Toutefois, l'individu pourrait aussi être libéré au titre de la disposition 3(b), qui concerne un facteur médical, l'invalidité. La différence entre les deux est que la disposition 3(b) donne droit à une foule d'avantages — ce qui n'est pas le cas de la disposition 5(f) — tels que des indemnités de départ complètes, une pension avec indexation immédiate si l'individu a plus de 10 années de service, de la formation professionnelle, six mois de préavis, etc.
Nous avons constaté une attitude extrêmement rigide jusqu'à présent... Je dois dire que nous n'avons adressé aucune recommandation au chef d'état-major dans certains de ces cas et qu'il a peut-être bien une opinion différente de celle de ses subordonnés. Quoi qu'il en soit, il nous semble qu'une position plus généreuse pourrait être de ne pas rejeter d'office la libération pour raisons médicales simplement parce que l'individu a fait preuve d'inconduite. Évidemment, la réserve que j'exprime immédiatement à ce sujet est que chaque cas est différent et qu'il faut absolument tenir compte du contexte. Cela dit, nous souhaitons pouvoir avancer cet argument lorsque de tels cas se présentent.
Voilà les deux principales remarques que je souhaitais formuler à la lumière des dossiers dont nous avons été saisis jusqu'à présent. J'ajoute que certains de ces cas remontent aux années 1990 — Croatie, Bosnie, etc.
Permettez-moi d'abord de remercier le comité de m'avoir invitée à témoigner cet après-midi sur les services de santé offerts au personnel des Forces canadiennes, en particulier dans les cas des troubles de stress post-traumatique.
[Français]
Je suis heureuse et très honorée d'être ici aujourd'hui à titre d'ombudsman intérimaire du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes. C'est avec grand intérêt que j'ai suivi votre étude au cours des derniers mois.
Le travail que le Bureau de l'ombudsman a effectué au cours des six dernières années nous a permis de constater clairement que le syndrome de stress post-traumatique touche un très grand nombre de membres des Forces canadiennes. Il est également évident que le syndrome affecte sévèrement, dans plusieurs situations, les familles de ceux qui en souffrent.
[Traduction]
Depuis 2002, notre bureau a consacré beaucoup de temps et d'efforts à examiner les problèmes reliés au SSPT. Permettez-moi de vous présenter les principales constatations de notre rapport d'origine, ainsi que les progrès réalisés par le ministère et par les Forces canadiennes. J'indiquerai ensuite les domaines dans lesquels nous pensons que d'autres améliorations restent nécessaires.
Notre investigation a été effectuée en 2002 au moyen de quelque 200 entrevues individuelles auprès de membres des FC souffrant du SSPT, de membres de leurs familles et de membres de la hiérarchie. Elle a débouché sur 31 recommandations visant à renforcer le leadership des Forces canadiennes et à améliorer la vie quotidienne des personnes souffrant du SSPT. Il s'agissait d'assurer le bon diagnostic, d'améliorer l'éducation et la formation, de dépister et de traiter les personnes souffrant du SSPT, et de les aider à réintégrer leur milieu familial. Ces recommandations ont fait l'objet d'un rapport de suivi neuf mois plus tard dans le cadre duquel l'ombudsman a pris l'engagement de continuer à surveiller ce dossier.
Nous terminons actuellement notre réexamen des recommandations d'origine et commençons à formuler de nouvelles recommandations destinées à tenir compte de la réalité opérationnelle actuelle des Forces canadiennes. Cela veut dire que nous nous penchons sur toutes les formes de blessures reliées au stress opérationnel, dont le SSPT.
Notre dernier examen a clairement montré que les FC on fait des progrès ces dernières années dans leur prise en compte des blessures liées au stress opérationnel, à la fois pour tenter de les prévenir et pour traiter les personnes atteintes. Hélas, il est également clair que la stigmatisation associée aux blessures liées au stress opérationnel reste très répandue dans certaines bases militaires et parmi certaines unités, ce qui signifie qu'un vrai problème de culture existe encore dans certaines parties du Canada.
[Français]
Nous avons également constaté qu'il manque une fonction de gouvernance générale et de coordination stratégique touchant les traumatismes liés au stress opérationnel.
[Traduction]
Les services sont dispensés au niveau local et selon les besoins.
[Français]
Cette situation doit changer. Pas un seul membre des Forces canadiennes ne devrait être laissé pour compte à cause d'une mauvaise coordination ou d'une direction inefficace de la part des Forces canadiennes.
[Traduction]
Les blessures liées au stress opérationnel ont de profondes répercussions sur les familles. Le stress que suscite la prestation de soins à un membre des FC souffrant du SSPT peut mettre fortement à contribution les partenaires et les familles. Bien que nous ayons constaté des progrès pour les soldats souffrant de blessures liées au stress opérationnel, les Forces canadiennes sont loin d'avoir encore fait suffisamment pour aider les familles concernées.
Il n'y a tout simplement pas de services adéquats à l'intention des membres des familles pouvant avoir besoin d'aide dans une situation très difficile. Bon nombre de personnes souffrant de blessures liées au stress opérationnel, y compris du SSPT, sont très préoccupées par les répercussions de la maladie sur leur entourage et tiennent surtout à ce que leurs familles obtiennent de l'aide. À l'heure actuelle, il n'existe aucune approche nationale coordonnée pour assurer aux familles un accès local opportun aux services.
[Français]
Les membres des familles doivent être traités avec compassion et compréhension. Ils devraient facilement être en mesure d'obtenir des services, que ce soit pour leurs proches ou pour eux-mêmes, peu importe l'endroit où ils vivent. La réalité opérationnelle des Forces canadiennes a beaucoup changé depuis notre enquête initiale en 2002. Même si nous sommes heureux de constater que des progrès ont été réalisés dans certains domaines, il y a encore du travail à faire, et il s'agit d'un travail important. Les Forces canadiennes doivent continuer à aller de l'avant dans la mise en oeuvre de nos recommandations et celles formulées par les autres agences qui travaillent sur ce sujet.
[Traduction]
Merci, monsieur le président.
:
Tout d'abord, je remercie le comité de me donner l'occasion de témoigner sur un sujet qui est très important à mes yeux, surtout à la fin de ma carrière. Je vous rappelle que je m'adresse à vous à titre individuel et que je ne m'exprime donc pas à titre d'ombudsman des vétérans, mon rôle actuel. J'ai peut-être quitté l'armée mais l'armée ne m'a pas quitté.
Ma sensibilisation aux blessures liées au stress opérationnel — je préfère cette expression car le SSPT est un diagnostic particulier qui ne permet pas de tenir compte de la totalité des personnes ayant subi des blessures psychologiques — remonte surtout à 1995, après l'offensive bosniaque-serbe contre l'enclave de Srebrenica. Souvenez-vous qu'à l'époque les Hollandais, qui protégeaient les habitants de l'enclave, avaient décidé de ne pas se battre. De ce fait, les soldats qui se trouvaient dans l'enclave durent assister aux atrocités qui furent commises. Certes, ils réussirent à éviter de se faire tuer ou blesser, ce qui serait arrivé s'ils s'étaient battus, mais il leur fut impossible plus tard d'éviter les soldats dont la vie allait être ruinée par l'abus d'alcool ou de drogue, voire le suicide. Les conséquences furent énormes.
J'aimerais vous apporter un point de vue un peu différent aujourd'hui car, à la suite de mon expérience de l'époque, j'en suis arrivé à conclure que la protection qui, dans les forces, désigne souvent la protection physique devrait tout autant désigner la protection psychologique et que cela reste une priorité à régler pour la hiérarchie militaire. Mon argument est qu'en mettant l'accent sur le traitement des personnes blessées ou ayant subi un traumatisme psychologique, on n'a pas mis assez l'accent sur la prévention ou l'atténuation des répercussions du stress opérationnel afin d'avoir moins de victimes après une bataille ou une opération.
Certes, beaucoup d'experts en santé mentale rejettent totalement l'idée qu'on puisse prévenir les blessures liées au stress opérationnel mais j'affirme quant à moi qu'il y a aujourd'hui des organisations sportives qui dépensent des millions de dollars pour préparer mentalement leurs athlètes à la compétition.
Permettez-moi de relater l'une des expériences que j'ai connues quand je commandais le 3e bataillon du Princess Patricia. Quand je suis arrivé au 3e bataillon... Bien sûr, comme je l'ai dit, la protection des soldats est un devoir du commandement mais il s'agissait pour moi d'assurer la protection non seulement physique mais aussi psychologique. De ce fait, j'ai lancé avec mon commandement un programme de formation très poussé qui représentait ce qui se faisait de mieux à l'époque — atténuation du stress par débreffage après les incidents critiques. Nous étions aussi un peu à l'avant-garde dans notre démarche dans la mesure où nous avions mis au point ce que nous appelions un programme d'inoculation contre le stress. Ce programme était fondé sur les études qui existaient à l'époque sur l'acte de tuer, le combat et le stress psychologique. Notre objectif était d'exposer nos soldats aux différents types de traumatismes psychologiques qu'ils risquaient de subir sur un théâtre d'opérations mais de le faire dans un environnement contrôlé afin de contrôler leurs réactions.
Malheureusement — ou heureusement, selon votre point de vue —, nous avons été déployés en Afghanistan avant de pouvoir mettre en oeuvre cette partie de notre programme. Je peux cependant ajouter que, dans le but de protéger la santé mentale des soldats, nous avions en Afghanistan deux aumôniers réguliers et deux aumôniers militaires attachés à nos unités. Nous avions aussi un travailleur social et, bien sûr, un très grand nombre d'agents de débreffage pour atténuer le stress après les incidents critiques.
Après l'opération, nous avons lancé un programme qui avait été mis au point par mon état-major et qu'on appelait à l'époque un programme de réintégration par décompression. L'objectif était de faire sortir les soldats de l'environnement de combat de Kandahar en les emmenant dans un lieu intermédiaire pour leur permettre de décompresser, pour identifier ceux qui pouvaient souffrir de certaines répercussions immédiates de l'expérience qu'ils venaient d'avoir, et pour leur réapprendre à dormir dans des draps blancs et à redécouvrir le monde réel. Autrement dit, nous voulions les préparer à réintégrer leur milieu de travail.
À l'époque, ce concept a suscité une énorme opposition. Il n'existait pas de données scientifiques indiquant que cette méthode serait bénéfique. Le quartier général de la Défense nationale, tous les experts médicaux et les soldats eux-mêmes rejetaient l'idée d'aller dans un lieu intermédiaire pour décompresser parce que l'objectif primordial des soldats était de retourner dans leurs familles, et vice versa.
Cela dit, nous avons eu de très nombreuses confirmations que la décompression dans un lieu intermédiaire avait eu du succès. De fait, je peux dire aujourd'hui qu'on a appliqué le programme de décompression à Chypre pour tous les soldats revenant d'Afghanistan. Toutefois, ce concept de réintégration par décompression a encore certains détracteurs et je dois admettre que je partage en partie leurs réserves. En effet, je pense que la décompression dans un lieu intermédiaire, si elle n'est pas nécessairement inefficace, est insuffisante.
Selon moi, le problème des blessures liées au stress opérationnel devrait être traité à partir du recrutement jusqu'à la retraite et l'on devrait y faire participer les médecins pour qu'ils aident la hiérarchie à préparer les soldats à résister aux traumatismes psychologiques longtemps avant de mettre le pied sur un théâtre d'opérations. C'est ma première recommandation.
La deuxième est peut-être encore plus importante. J'affirme que les blessures liées au stress psychologique relèvent de la responsabilité de la hiérarchie. Je frémis quand j'entends un officier dire: « Nous avons presque réglé le problème mais il y a certains soldats qui passent entre les mailles du filet ». Personnellement, j'estime que c'est la même chose qu'abandonner un soldat blessé sur un champ de bataille en Afghanistan. Une victime est une victime et nous devrions tout faire pour que personne ne passe entre les mailles du filet.
En conclusion, j'ai entendu des analystes prédire 20 p. 100 à 25 p. 100 de victimes du stress sur les théâtres d'opérations d'Afghanistan. Personnellement, à titre d'ex-commandant — et je dirais la même chose si j'étais encore commandant aujourd'hui —, c'est moralement répréhensible. Je pense que c'est un mauvais message à envoyer à nos soldats, à nos recrues et, surtout, aux familles et aux amis qui doivent vivre avec les victimes après leur retour à la maison.
Je le répète, nous devrions envisager ce problème durant toute la carrière du soldat et la hiérarchie devrait être tenue d'en rendre compte.
J'ai une foule d'autres idées à proposer mais j'en parlerai pendant la période des questions. Merci de votre attention, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président. Je partagerai mon temps de parole avec M. McGuire.
Merci à tous d'être venus.
Madame McFadyen, je ne veux pas parler directement de votre rapport, bien que ce soit un excellent rapport sur les réserves. J'y ai vu une citation de janvier 2007 du directeur général des Services de santé: « Personne n'est réellement sûr à 100 p. 100 de qui obtient quoi. Personne ne le sait vraiment, moi compris, et c'est moi qui dirige le système... »
Ce que nous avons constaté jusqu'à présent, à mon avis, c'est un manque d'uniformité dans les services de soutien, que ce soit à l'ouest ou à l'est du pays. Il semble y avoir un manque de connaissance de la nature du problème. Il semble y avoir dans certains cas un manque de compassion quand on dit au soldat d'arrêter de se plaindre. Il y a un manque de ressources, c'est-à-dire de psychiatres qualifiés et, de ce fait, un manque de cohérence en termes de réintégration. Quand M. Stogran dit que personne ne devrait passer entre les mailles du filet, je peux vous dire que nous avons souvent entendu cela.
Première question: ces remarques vous surprennent-elles? Avez-vous pu réfléchir à la manière dont nous pourrions répondre à ces préoccupations? Quand nous entendons la hiérarchie, elle nous dit essentiellement que les choses vont relativement bien, même s'il y a des trous dans le système, dont elle va évidemment s'occuper. Avez-vous des recommandations précises à nous faire?
:
Monsieur le président, je vais essayer de parler en français, mais ce sera peut-être un peu difficile.
Le problème, c'est que le traitement des gens qui ont subi des blessures psychologiques relève de la responsabilité du médecin. La chaîne de commandement, à un moment donné, n'a pas la responsabilité...
[Traduction]
Veuillez m'excuser, je retourne à l'anglais — j'ai fait un effort.
Le problème est que la chaîne de commandement se fonde en grande mesure sur les autorités médicales pour le traitement des blessures psychologiques, c'est-à-dire des personnes ayant subi une blessure de stress opérationnel. À mon avis, les médecins sont experts pour traiter les blessés mais c'est la chaîne de commandement qui devrait être tenue de rendre des comptes. Les médecins des Forces canadiennes devraient conseiller la hiérarchie.
Dans mon cas, par exemple, on m'a critiqué parce que j'avais des soldats souffrant de blessures liées au stress opérationnel qui avaient été placés sous observation médicale et il nous était interdit de communiquer avec eux. J'espère que cette situation a été réglée depuis. Ces soldats, ces marins et ces pilotes qui avaient été blessés avaient le sentiment d'avoir été abandonnés par la hiérarchie.
Je pense que c'est foncièrement inacceptable. D'une part, je pense qu'il est très difficile de reprocher à la hiérarchie ou aux autorités militaires la stigmatisation des blessures de stress opérationnel alors que, d'autre part, on laisse aux autorités médicales le soin de s'occuper de nos blessés. Nous ne faisons pas ça avec les soldats blessés sur le plan physique. Nous les ramenons et nous essayons de les traiter pour qu'ils reprennent du service le plus rapidement possible.
:
Je pense, monsieur le président, qu'il devrait y avoir dans le système de préparation des médecins contribuant à la conception, à la mise au point et à la prestation de la formation. Toutefois, les choses vraiment concrètes, les procédures à employer au sein d'une unité, devraient être transparentes pour les soldats. Ils devraient voir que leur hiérarchie traite cela aussi attentivement que lorsqu'il s'agit d'appliquer un pansement sur une plaie.
Dans les années 1970 et 1980, il y avait beaucoup de bizutage dans les rangs pendant l'entraînement. C'était peut-être très primitif mais je pense que ça donnait une certaine force de caractère aux soldats. Cela permettait de retirer ceux qui n'étaient vraiment pas aptes aux opérations mais, bien sûr, c'était très primitif. Si nous avions des psychiatres et des psychologues capables de pousser les soldats au bout de leurs limites psychologiques, tout comme on le fait pour l'entraînement physique, en leur permettant de connaître le type de traumatismes et d'atrocités qu'ils sont susceptibles de voir sur le théâtre d'opérations...
Je vais vous donner un exemple. Quand j'étais jeune officier, nous donnions à nos soldats — pendant leur entraînement de base — des lapins et des poulets à tuer et à manger. Pour beaucoup de jeunes recrues venant de Toronto, c'était en soi une expérience traumatisante. Alors, ces soldats terminaient leur entraînement et arrivaient sur un théâtre où ils devaient tuer une personne, ou que le premier mort qu'ils voyaient — parce que faire ça aujourd'hui serait contraire à l'orthodoxie politique — était un être humain.
Il faut trouver le moyen de désensibiliser nos soldats, par exemple en utilisant la réalité virtuelle. On fait des expériences à ce sujet dans le traitement des victimes du stress. Je pense qu'on pourrait rendre les situations suffisamment réalistes pour que ça leur apprenne à maîtriser leurs réactions.
Dans ses livres On Killing et On Combat, le colonel Grossmann parle de dissocier ces événements traumatisants, de dissocier les émotions des souvenirs, afin que, si l'on n'a pas de réaction émotionnelle au départ, on n'en ait pas non plus plus tard quand on se souviendra de ce type d'événements. Je n'endosse pas cette démarche mais je n'ai connaissance d'aucune étude qui soit actuellement effectuée dans les Forces canadiennes — mon dernier poste concernait la recherche et le développement — allant aussi loin pour rendre notre entraînement plus scientifique.
Je suis désolé d'avoir pris beaucoup de temps pour vous répondre.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
Je comprends ce que disait le colonel Stogran. Un goéland est loin d'être agréable à manger mais, quand on a faim...
Je voudrais revenir sur la procédure de griefs, monsieur Price. Vous avez dit que le CEDM voit 40 p. 100 des 100 p. 100 qui arrivent à ce niveau mais les griefs sont conçus pour être réglés au plus bas niveau possible. Si quelqu'un dépose un grief qui peut être réglé à un palier inférieur, tant mieux. Si le plaignant n'est pas satisfait, il porte son grief au palier supérieur. Ce n'est pas comme si nous voulions que tous les griefs arrivent sur le bureau du CEDM.
Quand vous parlez de l'octroi d'indemnités monétaires par le CEDM, avez-vous une idée des sommes dont il s'agirait? Il y a une valeur financière dans tout ça, quelque part. Quel niveau et quelle procédure d'appel envisagez-vous si celui qui a reçu cet argent estime que ce n'est pas assez?
:
Permettez-moi d'aborder la question sous deux angles.
Tout d'abord, nous devrions absolument interdire l'accès aux personnes qui ne sont pas aptes à porter l'uniforme et à voir les choses que nous demandons à nos soldats de voir.
Cela dit, une fois qu'ils sont sous l'uniforme et qu'ils ont été gravement blessés, par exemple — et nous savons qu'il y en a beaucoup revenant d'Afghanistan —, je pense qu'il serait très avantageux de les conserver dans l'armée. La raison en est que, durant ma carrière, j'ai entraîné ici même, au Canada, certains des soldats les plus rudes au monde. Ils s'entraînent tous les jours avec vigueur, ils sont dans la meilleure forme du monde et c'est prestigieux, à leurs yeux. Ce prestige disparaît rapidement quand ils commencent à soigner des amis ou des camarades qui ont été gravement blessés à la bataille. Je pense qu'il serait très utile à tous nos jeunes soldats qui pensent que le métier des armes est prestigieux de voir que le secrétaire de leur compagnie est un amputé de guerre ou peut-être quelqu'un souffrant de graves problèmes psychologiques.
J'espère que cela répond à la question.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je vais m'exprimer en français.
D'abord, je voudrais préciser à mon collègue Laurie Hawn que je n'ai jamais mangé de goéland et que je ne prévois pas le faire dans un avenir rapproché.
[Traduction]
C'est un peu filandreux.
[Français]
Je voudrais aussi remercier les témoins de leur présence aujourd'hui. À leur manière, ils sont un peu les gardiens ou les chiens de garde — dans le sens positif du terme — de nos Forces canadiennes. Le travail de l'ombudsman sur le plan de la langue française est aussi intéressant, tout comme l'est le travail qui est fait pour les réservistes.
Maintenant, j'aimerais faire quelques commentaires.
Monsieur Price, vous avez bien fait ressortir votre pouvoir de recommandation. Sur les 19 cas de syndrome de stress post-traumatique, quatorze n'ont pas eu de suite, un a été diagnostiqué et quatre sont à l'étude. Je suis un peu étonné des statistiques. Il semble que beaucoup de cas n'aient pas été justifiés.
Vous avez aussi mentionné qu'il y avait possiblement d'autres cas. Certains militaires atteints de stress post-traumatique sont venus témoigner. Si j'étais l'un d'entre eux, je ne sais pas si je sentirais qu'il y a une oreille attentive. Je vous laisse répondre ou faire d'autres commentaires à ce sujet.
:
Il faut comprendre que dans les griefs que nous recevons, les gens peuvent dire qu'ils souffrent du syndrome de stress post-traumatique sans que cela ait d'effet sur ce qu'ils demandent. Dans beaucoup de cas de harcèlement, la maladie a été soulevée mais n'était pas un élément important par rapport à ce qui était demandé ou par rapport au grief comme tel.
Il y a aussi beaucoup de cas présentement à l'étude où, en vue d'une libération ou pour obtenir des mesures administratives, les gens disent souffrir de cette maladie et avoir été mis à la porte au lieu d'avoir reçu de l'aide. Présentement, plusieurs des cas référés sont encore à l'étude. Il y en a quatre.
Je ne sais pas si les gens ont bien compris. Je vais poursuivre en anglais.
[Traduction]
Sur les 300 cas arrivant au niveau du CEDM, à peu près, 40 p. 100 sont examinés par le comité. Les autres 60 p. 100 font l'objet d'une décision finale, mais par un délégué. Il y a peut-être 1 000 cas qui font l'objet d'une décision initiale mais seulement 300 arrivent au deuxième palier et 40 p. 100 d'entre eux nous sont renvoyés. Cela veut dire qu'il y a encore 60 p. 100 des cas au palier final que nous ne voyons pas et, sur ce nombre, il y en a peut-être certains où il y a aussi un problème de SSPT...
:
C'est une bonne question. L'ombudsman a le pouvoir de recevoir des plaintes des membres des Forces canadiennes, des anciens membres et des familles.
[Traduction]
Je vais le dire en anglais pour que ce soit clair.
Nous avons un large éventail de clients dont l'autorité des griefs n'examine que les plaintes des membres des FC. Le rôle de l'ombudsman est en partie d'examiner les procédures administratives pour s'assurer que les gens sont traités
[Français]
de façon juste et équitable pendant le processus.
[Traduction]
Nous recevons souvent des plaintes de gens qui ont déposé un grief au palier initial et qui ne sont pas satisfaits du résultat. Dans ce cas, le grief est transmis au palier final pour faire l'objet d'une décision. C'est peut-être le type de grief arrivant devant le Comité des griefs, mais peut-être pas. En dernière analyse, c'est le CEDM, l'autorité ultime, qui prend la décision. Si la personne est toujours insatisfaite et estime avoir été traitée de manière injuste, notre rôle consiste à examiner son cas pour s'assurer qu'elle a été traitée de manière équitable dans la procédure. Sinon, nous recommandons un changement.
:
Merci, monsieur le président.
Quand vous avez parlé de la culture institutionnelle, aviez-vous des suggestions à faire sur comment... On entend constamment parler de la culture, du fait que c'est profondément ancré et qu'on ne traite pas vraiment la question de manière très proactive. Vous avez parlé de formation proactive, ce qui paraît très bien, mais comment mettre cela en pratique?
Je constate que le gouvernement fédéral a annoncé 1,2 million de dollars pour établir, avec un coût d'exploitation de 2 millions de dollars, un établissement à Edmonton pour traiter à la fois les militaires et les membres de la GRC. Il pourrait traiter 100 à 150 patients par an. Je regrette, je n'ai pas de chiffres plus précis. Pour pouvoir traiter 100 à 150 patients par an, cela veut-il dire qu'il y aura un nombre beaucoup plus élevé de gens qui passeront dans le système?
Finalement, en ce qui concerne la procédure de griefs, avez-vous constaté une certaine réticence des soldats à y avoir recours par crainte de représailles?
:
Notre mandat est en réalité très complexe dans la mesure où nous ne sommes pas autorisés à aborder les questions de privilège avocat-client entre le Bureau de services juridiques des pensions et certains des plaignants qui s'adressent à nous. Nous ne sommes pas autorisés à aborder les décisions individuelles qui sont prises dans le processus d'examen et d'appel. Nous sommes là pour examiner des questions d'ordre systémique. Nous ne pouvons donc pas envisager notre travail de la même manière que les autres ombudsmen qui ont les coudées plus franches.
En outre, les problèmes que connaissent nos anciens combattants sont très complexes. Nous avons des combattants de la Première Guerre mondiale, qui ont certains problèmes, et nous en avons qui ont participé à des missions de maintien de la paix, dont on oublie souvent que ce sont aussi des anciens combattants, et nous avons maintenant ceux de l'Afghanistan.
Quand je suis arrivé dans ce poste, j'avais deux possibilités. On nous avait recommandé de ne pas ouvrir nos portes avant cet automne, comme cela avait été le cas de l'ombudsman de la Défense. J'ai pensé que cela causerait un préjudice à bon nombre d'anciens combattants qui attendaient avec impatience de pouvoir adresser leur plainte à quelqu'un et nous avons donc ouvert nos portes. Nous n'avons pas de personnel. Je viens juste d'obtenir mon personnel supérieur à cause du processus de recrutement de la fonction publique. Nous procédons maintenant au recrutement d'opérateurs de première ligne qui seront chargés de recevoir les plaintes individuelles des anciens combattants.
Nous sommes des années-lumière en avance par rapport où nous serions si nous avions adopté la deuxième solution. Nous avons déjà simulé 500 différents types de cas sur le plan légal, moral et éthique — selon moi — pour voir comment nous pourrons le mieux traiter les dossiers, conformément à notre mandat, dans le meilleur intérêt des anciens combattants.
:
Merci, monsieur le président.
Il y a des anciens combattants qui passent à travers les mailles du filet, nous en avons vu. En fait, selon les informations que nous en avons obtenues, il y en a beaucoup dans ce cas, même si les gens à Ottawa et ailleurs disent qu'ils ont mis en place d'excellents systèmes. Notre réponse est de créer un autre ombudsman pour accueillir d'autres griefs. Vous savez comment ces choses-là se font.
Avez-vous une idée quelconque de la manière dont nous pourrions régler ces problèmes, bien avant qu'ils atterrissent sur votre bureau? Ça peut prendre des années. Certaines personnes ne peuvent pas attendre. Si elles savent qu'elles devront attendre trois à cinq ans pour avoir une décision, elles renonceront. Elles préféreront essayer de se débrouiller toutes seules plutôt que de faire appel à l'armée ou à n'importe qui d'autre.
Y a-t-il moyen de mieux réagir quand un ancien combattant revient et qu'on lui dit: « Vous êtes un simulateur, vous n'êtes pas vraiment malade, vous voulez simplement une pension »? C'est la réponse qu'on lui donne à son premier contact quand il revient. Comment faire pour qu'il y en ait moins qui soient obligés de s'adresser à vous? Nous devrions leur répondre quand ils ont besoin d'une réponse, pas 2, 3 ou 4 ans plus tard.
Amusez-vous avec ça.
:
Tout d'abord, monsieur le président, je pense que la situation dans laquelle j'ai été placé, comme ombudsman des vétérans, n'est pas vraiment désavantageuse, bien que certains critiques aient dit que je devrais faire partie du processus de décision et que je devrais examiner les cas individuels. Cela dit, je pense qu'il y a des personnes très bien payées et très intelligentes au Tribunal des anciens combattants, et qu'il y a un ensemble extraordinaire d'avocats au Bureau de services juridiques des pensions, mais qu'il y a des problèmes avec les systèmes.
Comme je l'ai dit tout à l'heure en réponse à une question, nous étudions cette situation et nous mettons actuellement au point un plan, avec mon personnel cadre, pour essayer de travailler avec le ministère des Anciens combattants — et je dis « travailler avec le ministère des Anciens combattants » parce que, même si nous existons pour rendre un service aux anciens combattants, nous sommes aussi là pour rendre un service au ministère et au tribunal en essayant de régler leurs difficultés et de leur offrir des recommandations qui les aideront à servir leurs clients beaucoup plus rapidement.
En outre, nous avons aussi la clause des raisons impérieuses en vertu de laquelle, si nous pensons que le processus d'examen et d'appel prendra trop longtemps, nous avons le pouvoir d'intercéder. Cela ne nous dit pas comment nous pouvons faire ça sans intervenir dans le processus de décision ou toucher au privilège avocat-client. Qu'il suffise de dire que je vais m'activer aux marges du champ de bataille pour voir de quelle manière nous pourrions faire, en particulier pour nos anciens combattants qui ont connu une guerre.
Mes quatre priorités sont les anciens combattants qui souffrent d'un préjudice potentiel ou de difficultés indues, ainsi que ceux qui sont âgés ou infirmes. Une fois que nous aurons toute notre puissance de feu, nous avons l'intention de nous intéresser à leur situation de manière urgente.
:
Cette question a déjà été soulevée. Si j'en crois mon expérience personnelle, quand j'ai tenté d'obtenir un traitement pour certains problèmes psychologiques qui n'ont rien à voir avec ce témoignage, j'ai immédiatement été classé dans la catégorie rouge. On m'a dit que je ne pourrais pas être déployé outre-mer. Je parle ici du personnel médical qui me traitait à l'époque. J'ai répondu: « Une minute ! J'ai un problème de dos pour lequel j'ai demandé une pension aux Anciens combattants. Je peux retourner sur le terrain avec ce problème de dos mais vous me dites que je ne pourrais pas le faire à cause du problème dont je viens de vous parler. »
Je veux revenir sur l'importance de la chaîne de commandement. Dans les années 1990, pour économiser de l'argent dans les Forces canadiennes, on a commencé à supprimer tout le personnel médical d'unités comme la mienne. Ce fut une grave erreur. Quand vous êtes commandant, l'un de vos conseillers les plus importants, après l'aumônier et l'adjudant, c'est le médecin.
En même temps, on a adopté une nouvelle politique interdisant aux médecins de divulguer des informations d'ordre médical aux commandants, sauf dans certaines circonstances. Il y a cependant eu une règle d'airain dans les Forces canadiennes nous interdisant l'accès aux informations médicales. De fait, j'en ai parlé au personnel médical. J'ai dit: « Les commandants ne s'intéressent pas seulement à la santé physique des soldats mais aussi à leur santé psychologique et nous avons besoin de connaître leur état. »
Cela me ramène à mon argument que les spécialistes médicaux doivent devenir des conseillers de la hiérarchie. En ce qui concerne les commandants — et je parle uniquement du point de vue de l'armée de terre, maintenant, à cause de mon expérience dans l'infanterie —, donnez-leur la responsabilité de prendre soin de leurs soldats. S'ils acceptent aveuglément les avis du personnel médical et que cela ne marche pas pour les soldats, les commandants doivent assumer une certaine responsabilité à l'égard des soldats, tout comme s'il s'agissait de problèmes d'ordre physique.
Permettez-moi d'ajouter aussi que les soldats, en particulier, qui endurent le genre de choses qui se passent en Afghanistan, n'apprécient pas que des gens en blouse blanche leur disent qu'ils sont malades. Comme je l'ai dit plus tôt, à l'armée, nous devons être experts — et ceci révèle mon grand âge — pour panser les plaies mais être tout aussi à l'aise avec des soldats souffrant d'un certain niveau de problèmes psychologiques.
Si ça va au-delà des possibilités d'emploi rémunéré, la hiérarchie pourrait peut-être travailler avec l'autorité médicale pour trouver un emploi rémunéré ou peut-être un emploi de réadaptation pour la personne concernée.
:
Tout d'abord, monsieur le président, même si je mentionne souvent la chaîne de commandement, je ne voudrais aucunement donner l'impression qu'elle fait preuve de négligence.
Ce qu'il faudrait, cependant, c'est un leadership visionnaire à ce niveau. Quand on parle de budget, je pense... Certes, dans ma carrière militaire, j'ai vu que le budget était ce qui était le plus important. Dans les FC, nous plaçons la gestion des ressources avant les manoeuvres face à l'ennemi.
À une certaine époque — et c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai été marginalisé dans l'armée — nous allions nous débarrasser de trois de nos bataillons d'infanterie pour faire des économies afin de pouvoir consacrer les ressources à autre chose. Nous sommes une armée d'infanterie. Il y a toutes sortes de choses qu'on jette par-dessus bord à cause de contraintes budgétaires.
À mon avis, si l'on prépare judicieusement les soldats, les marins et les pilotes, dès l'étape du recrutement, à faire face aux types de traumatismes qu'ils rencontreront durant les opérations, à un coût un peu plus élevé, on aura besoin de moins de psychologues et de psychiatres à très hauts salaires pour traiter les nombreuses centaines de cas qu'on prévoit devoir traiter à cause de l'Afghanistan. Donc, on peut payer maintenant ou on peut payer plus tard, aux dépens du bien-être de nos soldats, de nos marins et de nos pilotes.
Je veux seulement faire une remarque, monsieur Stogran. Je ne demande pas de réponse.
Si le programme que vous recommandez est adopté, envisageriez-vous une sorte de sensibilisation au moment de la libération? Je demande ça pour la raison suivante: le processus de décompression qu'on applique me semble avoir une portée très restreinte pour notre époque. Au moment où les gens obtiennent leur libération, s'ils ont obtenu une autre préparation pendant leur carrière, qu'elle ait été courte ou ait duré pendant toute leur carrière, il va falloir qu'ils réussissent à se réinsérer dans la société.
J'ai une question. Veuillez m'excuser, d'autant plus que je suis arrivé en retard. Je ne sais pas si c'est vous, monsieur Price, ou vous, madame McFadyen, qui avez soulevé la question de la libération au titre de l'article 5 par opposition à...