:
La séance d'information d'aujourd'hui comprend deux parties. Je ferai d'abord un survol rapide des derniers événements survenus en Afghanistan; vous serez peut-être au fait de certains développements, mais j'aimerais vous donner des détails sur ce qui s'est passé depuis notre dernière rencontre. En outre, et c'est le plus important, dans la deuxième partie, je vais faire un compte rendu exhaustif sur la Police nationale d'Afghanistan et les progrès considérables accomplis à cet égard, comme vous me l'avez demandé.
Les insurgés ont été peu actifs dernièrement en raison de la réorganisation qu'ils doivent effectuer après l'hiver et, surtout, de la récolte du pavot et de sa protection. Il est facile de voir que c'est la saison du pavot dans la province de Kandahar, car des camions remplis de jeunes hommes qui travaillent dans les champs sillonnent les routes.
En Afghanistan, la récolte du pavot est l'équivalent des vendanges automnales en France. Une foule de sans-emploi prennent alors le chemin des champs, où ils peuvent profiter de quelques semaines de travail stable. Pour de nombreuses familles afghanes, il s'agit d'une part essentielle de leur revenu annuel. Le taux de rémunération moyen est d'environ 10 $ par jour, ce qui est quatre fois plus que ce qu'un Afghan reçoit habituellement. On peut voir pourquoi ce revenu est important pour les Afghans, mais également pourquoi nous aimerions remplacer ce type d'activité par des emplois cadrant davantage avec la vision à long terme que nous avons pour l'Afghanistan.
Ceux qui récoltent le pavot veulent à tout prix travailler. Lorsque la récolte sera terminée, les talibans commenceront à les recruter pour en faire des combattants et des passeurs — transportant jusqu'à Kandahar des explosifs qui serviront contre nos troupes.
[Français]
Les forces de la coalition des talibans puisent leur main-d'oeuvre dans la même réserve. Elles emploient les Afghans pour creuser des fosses ou construire des écoles et des routes. Plus on emploie d'Afghans, plus on réduit les possibilités de tirs ennemis ou de bombes qui éclatent en bordure de chemin. Voilà pourquoi les projets de développement comme celui de la route Foster sont si importants. En général, les insurgés refusent d'attaquer les forces de la coalition de façon classique. Les insurgés continuent d'employer les dispositifs explosifs de circonstance et l'intimidation, en tentant toujours de limiter la liberté de mouvement des forces de la coalition le long des principales voies de communication.
[Traduction]
Comme la saison de la récolte du pavot tire à sa fin, les insurgés ont tenté de regagner du terrain à l'échelle locale. En étant continuellement actifs le long de nos lignes d'opération, nous avons réduit encore leur capacité et les avons empêchés de reprendre de la vigueur.
[Français]
Lors de l'opération Rolling Thunder, les membres du 2e Bataillon, Princess Patricia's Canadian Light Infantry, ont envahi le district de Zhari, que les talibans occupent depuis longtemps. Il y a eu un échange de feu avec les talibans, mais aucun Canadien n'a été blessé. Un soldat de l'Armée nationale afghane a été légèrement blessé. L'opération avait pour but de prendre les talibans au dépourvu, de façon à les empêcher de recourir à leurs méthodes habituelles et de déposer des dispositifs explosifs de circonstance.
[Traduction]
La disparition de chefs talibans ces derniers mois a déstabilisé les insurgés, sans toutefois mettre fin à leurs activités ou les perturber totalement. Ces gens ne se laissent pas abattre et sont capables de se remettre rapidement des revers que nous leur infligeons. Malheureusement, les réussites que nous avons connues en Afghanistan ces deux derniers mois ont eu un prix : trois soldats canadiens ont été tués et plusieurs autres ont été gravement blessés. Nous nous souviendrons de ces combattants courageux et nous transmettons nos plus sincères condoléances à leurs familles et à leurs proches.
Enfin, le général McKierman a remplacé le général américain Dan McNeill à la tête de la Force internationale d'assistance à la sécurité au cours d'une cérémonie de passation des pouvoirs qui s'est tenue le 3 juin à Kaboul.
Nos troupes ont entrepris une nouvelle initiative. Les soldats canadiens qui encadrent leurs homologues afghans — membres de l'Équipe de liaison et de mentorat opérationnels — ont proposé d'aider l'école que fréquentent les enfants des soldats de la nouvelle armée nationale afghane. Ils demandent à leurs familles, au Canada, d'ajouter des fournitures scolaires dans les colis qu'elles leur font parvenir à Kandahar. Certains paquets sont déjà prêts à être expédiés du Canada, et les soldats espèrent pouvoir les remettre à l'école plus tard cet été. Les élèves et leurs familles habitent dans une vieille caserne qui date de l'époque soviétique, que vous pouvez voir sur la présente diapositive. Vous constaterez que ce n'est pas un endroit très salubre, mais c'est mieux que rien, et les enfants et leurs familles y font tranquillement leur nid.
J'aimerais revenir au sujet que j'aborde chaque fois que je viens ici — l'ennemi sait se faire entendre en Afghanistan. Huit personnes ont été tuées et 22 autres blessées après qu'un convoi de l'OTAN eut été la cible d'un attentat à la voiture piégée dans le Sud de l'Afghanistan, le 9 avril. Les huit victimes étaient toutes des civils. Cette puissante explosion s'est produite à Kandahar et a endommagé plusieurs commerces. Les militants talibans lancent régulièrement des attentats-suicides contre les troupes afghanes et étrangères, mais ces attaques font surtout des victimes civiles.
Le président Karzai est sorti indemme d'une tentative d'assassinat, mais trois autres personnes, notamment un politicien afghan, ont été tuées. Plusieurs diplomates étrangers, y compris notre ambassadeur, Arif Lalani, ont dû se mettre à l'abri pour éviter les tirs de mitrailleuses. Le Canada a condamné cette attaque, qui n'ébranlera pas notre détermination à aider le peuple et le gouvernement afghans et à mener à bien notre mission. L'Afghanistan a des ennemis farouches qui feront tout pour saper le processus démocratique que le peuple afghan a choisi.
[Français]
Les talibans se servent maintenant d'enfants pour perpétuer leurs attentats suicides. La bombe qui a blessé deux soldats canadiens près de Kandahar le vendredi 16 mai était portée par un très jeune garçon de 14 ans et a été déclenchée à distance, tuant le garçon sur le coup. Les deux soldats canadiens n'ont pas été gravement blessés, mais l'explosion a fait un mort, soit l'un des soldats afghans qui patrouillaient avec eux.
Ce genre d'attaque a révélé une faiblesse dans la sédition et a ébranlé la détermination de ceux et celles qui tâchent de ramener la sécurité et la stabilité dans la province de Kandahar. Lors d'une attaque distincte ne touchant pas les forces de l'OTAN, une bombe humaine vêtue d'une burka et ciblant un poste de police dans la province de Farah, dans l'ouest du pays, a fait 12 morts et 27 blessés. Selon le premier rapport, la bombe aurait été portée par une femme, mais les talibans qui ont revendiqué l'attaque ont affirmé qu'il s'agissait d'un homme appelé Mullah Khalid, vêtu d'une burka.
[Traduction]
Après une année de répit, les talibans ont recommencé à attaquer les écoles et à intimider les enseignants dans une grande partie du Sud et de l'Est du pays. Ils s'en prennent particulièrement aux manuels scolaires, qui menacerait leur emprise sur l'esprit des jeunes afghans. Depuis le début de la nouvelle année scolaire, le 23 mars, ils ont perpétré 36 attaques, incendiant des édifices vides ou y lançant des grenades. Ils ont également enlevé des enseignants, qu'ils ont fini par relâcher.
J'aimerais maintenant faire le point sur la Police nationale d'Afghanistan.
La réforme de cette police a commencé officiellement en 2003, lorsque son entraînement a été confiée à l'Allemagne. Le 12 juillet 2005, le Commandement de la transition conjointe de la sécurité en Afghanistan, qu'on appelle aussi CSTC-A, a officiellement pris la direction de la réforme pour le compte du gouvernement américain.
L'idée d'un comité de coordination international de la police, chargé de coordonner les efforts des pays qui participent à la réforme du ministère de l'Intérieur et de la Police nationale de l'Afghanistan, a été lancée en 2006 et mise en oeuvre début 2007.
En juin 2007, l'Union européenne a entamé sa mission de police en Afghanistan, appelée EUPOL. Cette mission a pour but de réformer la police en travaillant en collaboration sous la houlette du Comité de coordination de la police internationale, du Commandement de la transition conjointe de la sécurité en Afghanistan et de la Police nationale d'Afghanistan. Cette réforme vise à former une force de police efficace, bien organisée, multiethnique et professionnelle afin d'assurer la primauté du droit en Afghanistan, un objectif évidemment louable.
Au printemps 2007, un comité conjoint de coordination et de surveillance représentant la communauté internationale, en partenariat avec le gouvernement afghan, a approuvé l'augmentation de l'effectif de la Police nationale de l'Afghanistan, qui comptera 82 000 membres au lieu des 62 000 prévus. Au 1er février 2008, 76 410 postes avaient été comblés, soit 93 p. 100 du chiffre approuvé. Les nouvelles recrues n'ont pas encore toutes suivi leur entraînement, mais les postes sont pourvus. Le ministère de l'Intérieur s'attend à atteindre l'objectif de 82 000 d'ici décembre de cette année.
[Français]
Vers la fin de 2007, le ministère de l'Intérieur a lancé un programme de perfectionnement ciblé par district, le Focus District Development Program, ayant pour but de réformer la police en uniforme de l'Afghanistan tout en améliorant la gouvernance locale, les travaux publics et les éléments de la primauté du droit.
Le perfectionnement ciblé par district permet au ministère de l'Intérieur d'adopter une approche plus ciblée en matière d'évaluation, d'instruction, de mentorat et de validation de la police en uniforme du district. Le perfectionnement ciblé par district bat son plein et constitue l'objet principal du CSTC-A en ce a trait à la police. La PNA se compose des organisations suivantes: la police de maintien de l'ordre civil, la police des frontières, la police antidrogue, la police auxiliaire, la police chargée des enquêtes criminelles, la police antiterroriste et la police en uniforme.
[Traduction]
La Police afghane de maintien de l'ordre civil, que l'on appelle aussi PAMOC, est un nouveau corps policier constitué au milieu de 2006, après la réaction inefficace de la police en uniforme aux émeutes de mai 2006, à Kaboul. Cette nouvelle force policière est chargée de réprimer les troubles civils dans les grands centres urbains et de patrouiller les zones à haut risque. Lorsque tous les postes seront comblés, cette force policière comprendra 5 000 membres. Cette unité chevronnée deviendra la pierre angulaire de l'architecture afghane en matière de sécurité.
Le 15 mai dernier, le quatrième groupe, qui comprend environ 200 recrues et 28 officiers, a terminé son entraînement à Mazar-e-Sharif. Grâce à cette force hautement qualifiée, le gouvernement afghan sera mieux à même d'assurer lui-même la sécurité.
Les élections présidentielles, prévues l'année prochaine, seront l'occasion de mettre à l'épreuve cette nouvelle force de maintien de l'ordre civil, qui est mieux dirigée, mieux entraînée et mieux équipée que les officiers de police en uniforme afghans et la police auxiliaire nationale afghane. Cette force devrait pouvoir réagir effectivement à l'agitation et aux émeutes en zone urbaine.
Ces policiers ont été entraînés pour gérer pacifiquement les manifestations et les grands rassemblements sociaux et politiques. Ils reçoivent 12 à 14 semaines d'entraînement, données conjointement par l'Union européenne et les États-Unis. De nouveaux instructeurs sont formés à chaque cours pour pouvoir donner eux-mêmes la formation par la suite. Tous les officiers de la police afghane de maintien de l'ordre civil ont déjà suivi leur formation générale à l'académie de police de Kaboul, construite par l'Allemagne. À ce jour, environ 1 300 de ces policiers ont terminé leur formation.
Le CSTC-A souhaite que 2 000 membres de la police afghane de maintien de l'ordre civil suivent un entraînement complet d'ici la fin de 2008. En 2009, ce chiffre devrait atteindre 3 000, soit deux fois plus qu'en 2007.
[Français]
La police des frontières afghane, dont les effectifs autorisés comptent 18 000 membres, est chargée de patrouiller les frontières de l'Afghanistan, d'effectuer des opérations de lutte contre la contrebande et de gérer l'immigration. Elle protège les frontières de l'Afghanistan contre les criminels en veillant à l'application de la loi aux frontières internationales. Elle contrôle la circulation piétonnière et automobile aux points de passage frontaliers et dans les aéroports internationaux, et est chargée de la sécurité aérienne. Seulement 9 000 des 18 000 postes autorisés ont été comblés à ce jour.
[Traduction]
Comme vous pouvez le voir sur la carte, la Police des frontières afghane doit patrouiller 5 500 kilomètres de frontière, 14 postes frontaliers et les 4 aéroports internationaux de Kaboul, Herat, Kandahar et Mazar-e Sharif.
La police anti-drogue du ministère de l'Intérieur est le principal organisme d'application de la loi chargé de réduire la production et la distribution de stupéfiants en Afghanistan. Elle adopte une approche à volets multiples en ce qui a trait aux opérations anti-drogue, ayant recours à l'information communiquée par le public, aux renseignements, à l'interdiction et à l'éradication. Elle fait respecter les lois sur les stupéfiants partout au pays en formant et en équipant l'unité d'interdiction nationale et les unités d'interdiction régionales — dont celle de Kaboul —, les unités de détection et les équipes d'éradication dans sept provinces clés. Soixante-dix des 3 000 postes autorisés sont comblés par des officiers afghans.
La police auxiliaire — et c'est un nom que vous reconnaîtrez — est le fruit de la frustration et des répercussions de l'opération Médusa, une offensive que le Canada a dirigée avec succès en 2006. Cette force policière a été créée pour assurer la sécurité dans les villages éloignés, un peu comme une police de quartier. Vous vous rappellerez que l'OTAN n'avait pas assez de troupes pour conserver le terrain ravi aux militants talibans et avait fait appel à la police auxiliaire pour s'en charger. Le commandant de la FIAS de l'époque avait ordonné la création de cette force auxiliaire pour que le territoire ne retombe pas aux mains des insurgés.
La force auxiliaire comptait initialement 11 000 membres. Elle était chargée d'assurer une présence policière aux points de contrôle et à d'autres positions immobiles afin de sécuriser les régions jugées dangereuses. Elle était également censée servir de réserve aux officiers de la Police nationale d'Afghanistan en poste à temps plein dans de grands centres comme Kandahar. Nous savons tous que cette force de police, qui a fait l'objet de nombreuses plaintes pour corruption, est à l'origine d'une grande partie des problèmes que nous cherchons à résoudre. En effet, ses membres ne possédaient pas la formation, l'expérience et l'encadrement nécessaires pour être efficaces. Reconnaissant cet état de fait, l'OTAN dissout graduellement cette force de police auxiliaire à temps partiel, qui aurait alimenté l'insurrection et les tensions tribales plutôt que de les calmer.
[Français]
Certains des 11 000 membres de la police auxiliaire reçoivent 70 $ par mois dans les six provinces du sud du pays, et seront intégrés à la police nationale, qui est un peu mieux entraînée et équipée. Les autres membres seront renvoyés chez eux.
Les unités de la police auxiliaire dans la ville ont été dissoutes et il se peut que certaines subsistent dans les régions rurales. Elles seront dissoutes graduellement dans les six provinces du sud du pays, d'ici octobre 2008.
Il y a trois autres organisations policières plus petites et investies de missions plus spécialisées. La police antidrogue a le mandat d'éliminer la production et le trafic des drogues illicites; la police responsable des enquêtes criminelles enquête sur une large gamme d'infractions criminelles; et la police antiterroriste mène des opérations contre l'insurrection.
[Traduction]
La police en uniforme — l'incarnation même de la Police nationale de l'Afghanistan — forte de plus de 34 000 agents, constitue la plus grosse force policière d'Afghanistan. Cet effectif devrait augmenter lorsque le plan de dotation de 2008 sera approuvé plus tard cette année. Cette force est responsable de l'application générale de la loi, de la sécurité publique et de la sécurité intérieure dans les provinces et les districts d'Afghanistan. Des policiers en uniforme sont déployés sur l'ensemble du district de Kandahar. Ceux affectés à notre région d'opération sont encadrés par des équipes de liaison et de mentorat opérationnels, qui sont responsables de la formation, de l'encadrement et de la professionnalisation de la police afghane en uniforme dans le Sud de la province de Kandahar. Il s'agit de petites équipes constituées de policiers militaires et de membres de l'infanterie, qui vivent et travaillent dans des détachements de la police nationale de l'Afghanistan, dans des sous-commissariats de police. La Police nationale d'Afghanistan compte actuellement 10 policières dans la ville de Kandahar.
J'ai cherché à savoir combien de femmes travaillaient au sein de la Police nationale d'Afghanistan, mais j'ai été incapable d'obtenir les chiffres. Je vous les communiquerai lorsque je les aurai. Mais nous sommes certains qu'il y a 10 policières en poste à Kandahar, car nous travaillons avec elles.
Pourquoi avoir créé la P-ELMO?
Avant septembre 2007, lorsqu'on a commencé à encadrer des policiers, la police nationale d'Afghanistan, dont une bonne partie n'avait suivi aucun entraînement, devait se contenter d'équipement désuet et défectueux. Il n'y avait pas de structure de commandement efficace ni d'éthique professionnelle. Certains des points de contrôle de la police nationale avaient été abandonnés, étaient tombés aux mains des insurgés ou servaient à l'extorsion de la population locale. En outre, la police nationale afghane était minée par la corruption à tous les échelons. De nombreux officiers de police n'étaient pas payés régulièrement et lorsqu'ils l'étaient, c'était pour constater que les haut gradés s'étaient allègrement servis. Ils en sont arrivés à voler les citoyens et à accepter des pots-de-vin pour laisser les talibans sortir de prison. Le Canada a donc décidé de redoubler d'efforts à cet égard, car il était capable d'intervenir. La Force opérationnelle interarmée en Afghanistan a constitué des équipes de liaison et de mentorat à l'automne. Aujourd'hui, 60 personnes — des soldats et des officiers de police — se chargent de cette tâche, réparties en six unités de police.
L'objectif de ces activités de mentorat consiste à aider le gouvernement afghan à créer une force policière nationale efficace, organisée et professionnelle chargée d'assurer la primauté du droit. Pour que cette force puisse un jour garantir la sécurité de la population afghane, elle doit être bien dirigée, être payée régulièrement et recevoir un entraînement et un équipement de haut calibre. On veut ainsi former une force de police capable d'exécuter de façon autonome ses mandats en matière de sécurité et de maintien de l'ordre, tout en attirant des recrues qualifiées et en maintenant en poste les officiers déjà formés.
[Français]
En raison du milieu opérationnel actuel en Afghanistan, la police en uniforme est une police paramilitaire et non un service de police civile semblable à ce que nous connaissons en occident. Mais cette situation pourrait changer au fur et à mesure que la situation s'améliorera sur le plan de la sécurité. À l'heure actuelle, toutefois, la police en uniforme est confrontée à une sédition en plus des défis habituels au chapitre de l'ordre public et de la sécurité publique. C'est pourquoi les équipes de mentorat comptent des soldats d'infanterie pour enseigner la sécurité et le combat, ainsi que les [Note de la rédaction: inaudible] militaires pour les tactiques, techniques et procédures policières.
[Traduction]
Les ELMO donnent de la formation de base sur le traitement des détenus, les techniques de menottage — des choses que nous tenons probablement pour acquises —, les méthodes et les procédures de fouille, l'utilisation d'armes, notamment la manipulation des armes sur le champ de tir, les patrouilles, les engins explosifs artisanaux et les mines, la réaction au feu ennemi et les principes de base d'une position défensive. Lorsque vous êtes venus à Kandahar, je vous ai expliqué qu'il s'agissait de compétences de survie. Si les agents de la PNA ne peuvent survivre lorsqu'ils entrent en contact avec l'ennemi, alors nous ne pourrons jamais progresser.
Chaque jour, les agents en poste dans les sous-commissariats de police doivent assurer la sécurité des personnes qui s'y trouvent, effectuer des patrouilles, couvrir le territoire et les points de contrôle, vérifier les véhicules et suivre une formation, officielle ou non. Nous avons d'ailleurs pu le constater de visu lorsque le surintendant de la GRC nous a montré les diverses activités entreprises, que ce soit au sein des équipes provinciales de reconstruction, dans nos P-ELMO ou dans les sous-commissariats de police, sur le terrain.
J'ai parlé plus tôt du perfectionnement ciblé par district. Actuellement, plusieurs initiatives de réforme et de restructuration sont en cours au sein de la PNA, dans la province de Kandahar. L'une des plus importantes est une formation professionnelle intensive de huit semaines donnée aux agents de police dans les centres régionaux de Herat et de Kandahar. Plus de 400 policiers en uniforme afghans l'ont suivie jusqu'à présent. Pendant ce cours, que les agents suivent en groupe à l'extérieur de leur district, ils reçoivent de la formation et, dans certains cas, du perfectionnement, obtiennent un nouvel équipement, puis retournent à leur poste. Lorsqu'ils sont au centre de formation régional, ils sont remplacés par la Police afghane de maintien de l'ordre civil dont j'ai parlé plus tôt.
Cette formation ne dure que huit semaines, dont l'une est consacrée aux tâches administratives, comme l'ouverture de comptes bancaires pour le dépôt des paies et la délivrance de cartes certifiant l'identité exacte des agents.
Le 24 avril, les membres de la police en uniforme afghane des districts de Zhari et de Panjwai ont terminé leur formation. Ils ont reçu leurs nouvelles armes, leurs véhicules, leur équipement de communication et d'autres articles personnels. Ils ont maintenant réintégré leur poste dans les régions de Zhari et de Panjwai, où on les encadre pendant six semaines pour valider leurs compétences et leurs progrès; les mentors vivent et travaillent à temps plein avec eux. Ce sera aux équipes de mentorat de poursuivre le développement de ces agents de police et de perfectionner leurs compétences au jour le jour. La police en uniforme est déjà considérée comme une force plus professionnelle par les Afghans du district de Zhari.
Je vous donne quelques instants pour lire la prochaine diapositive. Elle comprend deux parties. Sur la gauche, vous pouvez voir la réforme au sein de l'armée. Les exemples montrent qu'il y avait 319 généraux et qu'il y en a maintenant 120; on comptait 2 400 colonels, alors qu'il y en a plus que 235; quant aux lieutenants-colonels, leur nombre est passé de 1 800 à 305. On peut facilement voir que cette organisation comptait plus de chefs que d'Indiens, et certainement plus de généraux que de soldats. Regardez ici: le nombre de patrouilleurs, qui est extrêmement important, atteint presque 46 000.
De l'autre côté, vous pouvez voir que le taux de rémunération mensuel d'un lieutenant-général, qui était de 100 $ par mois — ce qui explique pourquoi on pouvait facilement corrompre ces officiers —, est maintenant de 750 $. Quant au salaire du patrouilleur de rang inférieur, il s'établit à 70 $ par mois. Il y avait une très faible différence entre le salaire du patrouilleur et celui du lieutenant-général avant que l'on réforme le système de paie; cela est un point très important.
J'ai parlé des cartes d'identité, des transferts de fonds électroniques et de l'ouverture de comptes bancaires: c'est là la voie de l'avenir. Ces agents sont maintenant certains d'être payés. Lorsque les fonds sont déposés, les gens peuvent se présenter avec leur carte d'identité et retirer l'argent sans que personne ne puisse faire main basse sur leur dû. C'est un énorme progrès dont ils sont extrêmement fiers.
La prochaine diapositive donne un aperçu de la répartition géographique des centre de formation en Afghanistan. Sur la gauche, vous pouvez voir les divers cours offerts.
Les cours indiqués en rouge sont ceux donnés au centre de formation régional de Kandahar, que nous avons visité à Camp Hero. Il y a le cours élémentaire pour la police en uniforme, le cours élémentaire pour la police des frontières, le programme de transition, le cours destiné à la PAMOC, le maintien en puissance et le cours avancé en leadership et en gestion. On peut voir un tableau sur le côté, qui montre les autres cours et les régions où ils sont donnés.
Ils ont accompli d'énormes progrès, mais ils ont encore du chemin à parcourir. Comme je l'ai indiqué lorsque j'ai parlé des Forces de sécurité nationale afghanes, l'Armée nationale d'Afghanistan progresse très bien. Au début, elle tirait de l'arrière; elle est cependant sur la bonne voie, et nous avons observé des améliorations notables. Il reste toutefois encore du pain sur la planche et il faudra du temps avant d'atteindre l'objectif visé.
Les Forces de sécurité nationale afghanes deviennent plus fortes, plus compétentes, plus professionnelles et plus déterminées à assurer la sécurité de la population. La passation des pouvoirs en matière de sécurité aux forces de police afghanes et à l'Armée nationale d'Afghanistan, à Zhari, a constitué une étape importante vers le transfert complet des activités de maintien de l'ordre public aux autorités afghanes. Comme je l'ai indiqué plus tôt, la dernière chose que les Afghans veulent voir débouler au coin de la rue, c'est un soldat armé d'une mitraillette, un char d'assaut ou un véhicule blindé. Ce qu'il faut, c'est un policier de quartier avec qui les citoyens peuvent développer une relation et en qui ils peuvent avoir confiance, un policier qui va assurer le respect de la primauté du droit.
Autre preuve de l'amélioration des compétences des forces locales, les Afghans peuvent maintenant planifier et exécuter eux-mêmes des opérations de sécurité et assumer d'autres fonctions de sécurité qui relevaient de la FIAS, comme le maintien de la sécurité pendant la construction du pont enjambant la rivière Arghandab, à la fin de l'automne dernier, et les travaux routiers sur la Route Fosters, dans la région de Panjwai. Les efforts que nous déployons pour aider le gouvernement à assurer une sécurité durable dans le pays et à redonner à sa population un sentiment de sécurité portent fruit. Il est essentiel de disposer d'une force compétente pouvant offrir à la population locale des services de maintien de l'ordre efficaces pour pouvoir assurer l'ordre et la stabilité. Le renforcement de la capacité de la Force de sécurité nationale d'Afghanistan, avec l'aide des pays membres de la FIAS, de la communauté internationale et des autres organisations non gouvernementales, est essentiel si on veut garantir la sécurité en Afghanistan et être certains de progresser vers l'établissement d'une saine gestion.
Merci. Je répondrai avec plaisir à vos questions.