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Je vous remercie de m'avoir invité à votre réunion d'aujourd'hui.
Je suis accompagné par Chris Henschel, du personnel de la division d'Ottawa de la Société pour la nature et les parcs du Canada.
Je m'appelle Tim Gray et je m'occupe depuis une quinzaine d'années de conservation des forêts, de politique forestière et de questions d'économie forestière. Je suis depuis longtemps directeur exécutif du bureau ontarien de la SNAP et je suis actuellement le directeur de programme de la Fondation Ivey à Toronto. Nous préconisons la conservation des forêts en Ontario et dans la plupart des provinces et territoires canadiens dans le but de réaliser un réseau de zones protégées et d'améliorer la gestion durable des forêts au Canada.
Aujourd'hui, je représente la Société pour la nature et les parcs du Canada. Je vais vous lire mon exposé et j'en laisserai une version mise à jour qui pourra être traduite et distribuée plus tard.
La SNAP est un organisme national de protection de la nature. Nous avons 13 bureaux dans neuf provinces et deux territoires. Depuis plus de 40 ans, la SNAP se consacre à la création de nouvelles zones protégées et à l'amélioration de la gestion des forêts.
Les forêts canadiennes nous ouvrent des perspectives économiques importantes à l'échelle mondiale. Si nous pouvons les traiter comme un actif dans un monde en évolution rapide, nous serons en mesure d'accueillir des clients venus du monde entier et prêts à acheter les produits de nos forêts au cours du XXIe siècle et au-delà. Le changement climatique, le recul des zones naturelles et les pratiques d'exploitation non durable sont autant de facteurs qui menacent les bases écologiques des forêts canadiennes. Le secteur forestier, quant à lui, fait face à de gros problèmes attribuables à la diminution de la qualité des forêts ainsi qu'à des facteurs externes associés à l'évolution rapide de sa base économique.
Heureusement pour tous les Canadiens, nous avons encore le temps d'apporter des changements susceptibles de nous ramener sur la voie de la prospérité. Les gouvernements doivent jouer un rôle essentiel pour dresser un nouveau tableau des perspectives d'affaires afin d'attirer les capitaux financiers et d'offrir des avantages à l'ensemble de la collectivité. Nous savons qu'à cause de la répartition des pouvoirs au Canada, ce sont souvent les provinces, et non pas le gouvernement fédéral, qui détiennent les leviers de la planification de l'avenir de nos forêts. Néanmoins, s'ils collaborent à la cause commune, les deux niveaux de gouvernement peuvent contribuer à l'évolution de notre économie axée sur l'exploitation forestière. En conséquence, nous indiquerons dans ce mémoire les mesures qu'il est préférable de prendre au niveau fédéral et celles qu'il convient de confier aux provinces, avec un soutien fédéral.
La SNAP collabore depuis longtemps avec le secteur forestier progressiste, les peuples autochtones, les gouvernements et les collectivités. Nous sommes intervenus auprès de l'industrie forestière pour élaborer de rigoureux régimes de certification par une tierce partie. Nous avons contribué à la création de plans progressistes de tenure forestière et nous avons conseillé les autorités provinciales et municipales dans l'ensemble du pays. Nous nous engageons à travailler pour faire en sorte que les recommandations formulées dans notre mémoire se traduisent par des avantages concrets.
Pour ce qui est de la protection de la nature, c'est seulement environ 9 p. 100 de la forêt boréale canadienne, où se concentre l'exploitation commerciale du bois, qui est protégée définitivement de l'activité industrielle et de l'exploitation du pétrole et du gaz. L'exploitation des ressources forestières et minières continue de pénétrer les dernières zones naturelles, le plus souvent sans que l'on réserve de secteurs à la protection des autres valeurs. Nous savons que le changement climatique transforme les écosystèmes forestiers et menacent leur survie, alors que des écosystèmes intacts ont de meilleures chances de s'adapter, de survivre et de garantir des couloirs de migration, de l'eau et de l'air pur, mais aussi du bois.
Nous savons également que la nature au Canada est riche de ressources de qualité pour le marché mondial, où l'offre diminue. L'avenir économique de nombreuses collectivités dépendra de la proximité de zones sauvages et de l'accès à de l'eau pure, à un air salubre et à des infrastructures de loisirs attrayantes.
Enfin, la preuve de la protection de la nature est en train de devenir une condition d'accès aux marchés mondiaux des produits forestiers. Le secteur forestier doit de plus en plus faciliter la protection des zones sauvages pour vendre ses produits, et le gouvernement peut l'y aider.
Pour ce qui est de nos recommandations, nous considérons que les gouvernements devraient exiger la production de plans d'utilisation des terres prévoyant des zones protégées suffisantes avant d'autoriser un projet d'exploitation industrielle dans toutes les zones naturelles qui restent au Canada, c'est-à-dire dans tout le Nord du pays, dans le Nord de l'Ontario et du Québec ainsi que dans les territoires. La mise en place d'un réseau de zones protégées avant toutes nouvelles exploitations forestières ou minières dans cette zone est la solution la plus souhaitable, tant du point de vue écologique que du point de vue communautaire, mais également en ce qui concerne l'aptitude à long terme de l'industrie forestière à vendre ses produits sur un marché où le client exige de plus en plus de résultats environnementaux avant de s'engager commercialement.
Cette perspective est appuyée par l'Association des produits forestiers du Canada, et c'est tout à son honneur. Malheureusement, les provinces y souscrivent très peu. À mon avis, en lançant une initiative de zone protégée dans les territoires du Nord-Ouest, le gouvernement fédéral a montré la marche à suivre, et il devrait avoir la possibilité de convaincre les gouvernements provinciaux d'agir dans le bon sens et de planifier l'avenir.
Dans la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, il pourrait par exemple exiger des plans d'utilisation des terres dans les zones où de nouvelles activités d'exploitation industrielle sont envisagées, notamment dans le Nord du Québec et de l'Ontario, qui connaissent une expansion rapide de l'activité minière; le régime de sélection de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale pourrait exiger que des plans d'utilisation des terres soient présentés avant tout octroi des autorisations industrielles.
Dans les endroits où le gouvernement fédéral a compétence en matière de planification de l'utilisation des terres, il peut collaborer avec les peuples autochtones pour exiger de tels plans avant d'autoriser le début des travaux. Il le fait dans les Territoires du Nord-Ouest, et c'est tout à son honneur.
Les gouvernements peuvent également intervenir pour imposer la protection de la nature par des régimes indépendants de certification forestière. Cette recommandation vise davantage les autorités provinciales, mais par l'intermédiaire de RNCan et du Service canadien des forêts, le gouvernement fédéral pourrait exercer une certaine influence à cet égard. Là où les autorités provinciales imposent un régime de certification — c'est déjà le cas en Ontario et au Nouveau-Brunswick, et le Québec envisage lui aussi un tel régime — il pourrait rendre obligatoire les régimes qui exigent que des zones sauvages soient protégées.
Parlons maintenant de la réforme du mode de tenure forestière. À l'origine, le mode de tenure forestière a été établi à titre de contrat social entre le gouvernement et le secteur privé. Celui-ci fournissait le capital nécessaire à l'infrastructure et aux emplois dans les camps forestiers et dans les moulins à scie. Les gouvernements fournissaient le bois et proposaient un régime favorable quant au prix du bois d'oeuvre, à l'imposition et à l'aide directe sous forme de construction de routes, de personnel de planification de la gestion ainsi que de reboisement. Depuis lors, les gouvernements ont essayé de conserver ce lien en exigeant que les entreprises maintiennent des moulins à scie dans les collectivités si elles voulaient avoir accès au bois.
Depuis quelques années, ce lien s'est rompu. Les entreprises souhaitent se libérer de l'obligation de s'approvisionner localement dans la zone correspondant à leur licence pour alimenter les moulins à scie locaux. En outre, l'évolution technologique a réduit les effectifs des travailleurs forestiers et des travailleurs des moulins à scie. L'industrie forestière juge indispensable de s'affranchir de l'exigence de dépendance qui l'oblige, aux termes de la licence, à approvisionner les moulins à scie locaux avec du bois récolté à proximité immédiate. Pour préserver leur rentabilité économique, elles doivent pouvoir transporter le bois d'un secteur de la province à l'autre, voire même d'une province à l'autre.
Les entreprises forestières disent elles-mêmes qu'elles souhaitent une réforme du mode de tenure. Elles affirment qu'un régime plus privé de propriété des terres publiques garantirait la sécurité des investissements, et l'industrie forestière canadienne profiterait de capitaux plus abondants si les terres publiques étaient privatisées. Or, les grandes superficies forestières qui appartiennent à des intérêts privés ne donnent pas de meilleurs résultats que les terres publiques en matière de gestion forestière et de tenure à long terme. De vastes zones de forêts privées ont été récemment mises à l'encan par des entreprises qui avaient besoin de revenu.
Dans ce contexte, l'industrie demande néanmoins qu'on la libère du contrat social qui, initialement, assurait son approvisionnement en bois et parallèlement, elle revendique des droits de propriété sur les terres publiques. Le Canada a besoin d'un secteur forestier en bonne santé; il doit donc considérer les demandes de l'industrie forestière du point de vue de l'intérêt public. Qu'est-ce qui est le plus conforme aux intérêts des collectivités? Comment réaménager ce contrat social dans les circonstances changeantes du contexte actuel?
Nous pensons que la meilleure façon de progresser consiste à créer des tenures par zone sur toutes le terres de la Couronne en exigeant qu'elles soient gérées à titre non lucratif ou par des sociétés à but lucratif dotées de conseils d'administration indépendants. Les entreprises forestières cesseraient ainsi de considérer les terres forestières comme un poste de dépenses — actuellement, c'est là qu'il faut payer pour obtenir le bois, et les entreprises cherchent toujours à limiter ces coûts, à se procurer du bois au meilleur marché. Il faudrait constituer des sociétés indépendantes qui vendent le bois au prix du marché au plus haut soumissionnaire. On satisferait ainsi l'exigence de l'industrie qui veut modifier le régime de la dépendance. Le bois pourrait circuler partout, mais les collectivités entourant les forêts et les membres des conseils d'administration auraient pour mandat d'obtenir le prix le plus élevé pour le bois provenant de terres publiques, en proposant des emplois à la collectivité.
Parallèlement à cela, nous souhaitons que le prix du bois soit fixé par les forces du marché. Si l'on passait à un régime qui fasse des forêts une source de profit, on pourrait vendre le bois au prix du marché. Les nouveaux venus auraient accès au bois à condition de pouvoir en payer le prix. Les sociétés déjà établies pourraient évidemment s'approvisionner en bois et faire face à la concurrence sur un marché ouvert. Par ailleurs, la formule aiderait le gouvernement fédéral, en particulier le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, à faire face aux fréquentes accusations de l'industrie américaine qui reproche à notre régime administratif de droits de coupe d'avantager indûment l'industrie canadienne. En adoptant un régime d'établissement des prix en fonction des forces du marché, on se soustrairait aux exigences américaines de privatisation des terres publiques et on priverait les concurrents américains de leur argument axé sur le régime canadien des droits de coupe, puisque les prix seraient fixés par le marché.
En ce qui concerne la certification forestière, comme vous le savez sans doute, il existe au Canada trois systèmes de certification. L'un d'entre eux bénéficie de l'appui des collectivités autochtones et des ONG et offre des résultats tangibles sur le marché, et c'est le système du Forest Stewardship Council. Ce système et les entreprises qui reçoivent la certification FSC ont vu leur part de marché et leurs ventes augmenter parallèlement au recul de l'industrie en général. Je suis sûr que vous avez lu les commentaires de Jim Lopez dans la presse ces derniers jours, lorsqu'il a indiqué que le fait d'avoir reçu la certification FSC avait aidé son entreprise à sortir de la faillite.
Les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent appuyer ce système d'un certain nombre de façons. Les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent exiger lorsqu'ils élaborent leur politique de préférence d'achat pour les produits du bois et du papier destinés à leur propre utilisation, que ces produits soient certifiés FSC; que lorsqu'ils font la promotion du secteur en Europe, qu'ils mettent en valeur les entreprises de renom, certifiées FSC; et que les gouvernements provinciaux, avec l'encouragement du gouvernement fédéral adoptent des systèmes de zonage de tenure forestière.
Enfin, en ce qui concerne de nouvelles possibilités commerciales, j'aimerais appuyer le travail que les provinces et le gouvernement fédéral ont accompli pour créer des fonds d'emprunt et des garanties financières pour l'investissement à l'intention de l'industrie, et exiger en contrepartie l'injection de capitaux réels et nouveaux, afin qu'il ne s'agisse pas uniquement d'aide financière et de subvention, mais que ces investissements s'appuient sur une analyse de rentabilisation. Je pense que c'est une amélioration très positive par rapport à la façon dont l'industrie a été traitée par le passé.
Enfin, l'industrie de la biomasse ou des biocombustibles est nouvelle, et offre d'énormes possibilités de contribuer de façon importante à l'économie canadienne. Le rôle du gouvernement à cet égard est d'instaurer des règles régissant l'extraction des ressources, à l'intention de cette nouvelle industrie. À l'heure actuelle il n'existe aucune règle; il s'agit d'un moteur économique tout à fait nouveau dans le secteur forestier et nous devons réfléchir au cadre stratégique qui doit l'encadrer. RNCan et le Service canadien des forêts possèdent le savoir-faire nécessaire pour aider les provinces à adopter, c'est ce que nous espérons, une norme canadienne pour l'extraction de la biomasse.
Je tiens à vous remercier pour le temps que vous nous avez accordé et pour m'avoir invité ici aujourd'hui.
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Je vous remercie Jeff et je tiens de nouveau à remercier le comité.
Nous avons un dossier d'information ici. Nous aurons davantage de documents à faire circuler. Je crois que vous en avez certains maintenant mais nous vous le remettrons après l'exposé.
Je suis préfet du canton de James et de la municipalité d'Elk Lake depuis 26 ans. J'exerce donc ces fonctions depuis longtemps. Au cours de cette période, j'ai dû faire face à un certain nombre de problèmes au niveau provincial — des problèmes importants concernant les parcs, l'expansion des parcs, un avis d'opposition de la part d'Autochtones concernant un territoire d'environ 4 000 milles carrés. C'est le seul avis en Ontario qui a empêché le développement de notre région pendant près de 20 ans, de 1973 jusqu'aux années 90. Au cours de cette période, la seule activité autorisée sur ce territoire était l'activité forestière. Donc nous défendons l'industrie forestière depuis longtemps, en ce qui concerne la collectivité.
La ville d'Elk Lake dans le canton de James est une petite municipalité d'environ 470 habitants au nord-est de l'Ontario, dans la région de Témiscamingue, entre North Bay et Timmins. On y trouve l'usine de rabotage d'Elk Lake, une moyenne entreprise de production de bois d'oeuvre qui est un employeur important et dont l'histoire et les racines familiales sont profondément ancrées dans la région. L'usine de panneaux à copeaux orientés Grant Forest Products est à 45 kilomètres d'Elk Lake, dans la ville d'Englehart, et son engagement familial dans la région remonte à loin. Réunies, ces deux usines consomment plus de 1,7 million de mètres cubes de bois par an et contribuent directement ou indirectement à l'économie de plus d'une trentaine de communautés dans la région de Témiscamingue.
L'industrie forestière et les communautés comme la nôtre dépendent l'une de l'autre. Dans notre famille, nous sommes entrepreneurs en exploitation forestière depuis quatre générations. C'est ce que nous faisons. Nous sommes les personnes dont parlent les représentants de l'industrie forestière lorsqu'ils font valoir que nous sommes le moteur de l'économie de centaines de collectivités canadiennes. À ce titre, nous sommes dans une situation extrêmement précaire alors que l'industrie se trouve au coeur d'une conjoncture délicate. En dépit de cette vulnérabilité, nous croyons être en mesure de soutenir l'industrie dans ses efforts non seulement pour survivre à cette tempête, mais pour en sortir plus forts que jamais. L'industrie forestière a toujours été une industrie cyclique, et nous traversons probablement la période de ralentissement la plus longue que nous allons connaître, mais nous savons que nous nous en sortirons.
Les recommandations et les observations suivantes sont le résultat de plusieurs décennies d'une participation proactive, progressive et parfois audacieuse dans le secteur forestier. Je dirai tout d'abord qu'il faut faire preuve de persévérance. L'industrie forestière n'est pas morte et n'est pas sur le point de mourir. Elle traverse un cycle. Donc que pouvons-nous faire lorsque nous traversons ce genre de cycle? C'est ce dont nous allons débattre ici aujourd'hui.
On peut comparer la situation à celle des pêches sur la côte est en ce qui a trait aux répercussions sur les communautés, sauf que le Canada dispose de ressources forestières saines et que les marchés mondiaux pour les produits forestiers continuent de croître. L'avenir est prometteur, mais le présent est terrifiant.
L'industrie est en transition ne sera au bout de ses peines qu'une fois ce processus de transition terminé. Nous sommes conscients que certaines collectivités seront touchées plus durement que d'autres, mais nous sommes d'avis que le gouvernement doit permettre cette rationalisation pour assurer la survie du secteur. Le gouvernement doit également être prêt à soutenir ces collectivités dès la fermeture des usines.
Nous encourageons les initiatives de formation. Cependant, le mot « recyclage » laisse entendre que des travailleurs forestiers qualifiés devront changer de secteur. Ce n'est pas le cas. Il y a un certain nombre d'années, au moment où les secteurs miniers connaissaient un ralentissement, on avait exercé de fortes pressions dans ces secteurs pour que l'on recycle les mineurs. Et à l'heure actuelle, le pays connaît une pénurie de mineurs. Nous n'arrivons pas à recruter suffisamment de mineurs. Donc le recyclage n'est pas la solution. Assurer une formation pour améliorer ses aptitudes est une chose, mais recycler des travailleurs pour qu'ils aillent travailler dans un autre secteur est loin d'être la seule solution.
Lorsque l'industrie sortira de cette réorganisation sectorielle, il faudra des travailleurs qualifiés à tous les niveaux. Entre-temps, il est essentiel que les gouvernements appuient des programmes de formation qui favoriseront l'émergence de personnes créatives et qualifiées, capables de jouer un rôle important dans le retour du Canada à son statut de chef de file mondial dans le domaine des produits forestiers.
En ce qui concerne la sécurité des approvisionnements en bois, pour que l'industrie forestière émerge en tant que secteur concurrentiel et attire des investissements, il est primordial que des ressources prévisibles et constantes en bois d'oeuvre soient disponibles. Bien qu'il soit tentant pour les législateurs et les politiciens de créer de nouveaux parcs et d'adopter de nouvelles lois pendant que le secteur forestier n'utilise pas ces forêts pour la fibre, il faut savoir résister. À l'occasion de discussions récentes avec des dirigeants de collectivités et des experts-forestiers du Nord de la Californie où l'industrie a été dévastée au début des années 1990 à la suite de plusieurs événements concomittants, il a été estimé que la création de parcs a remplacé moins de 17 p. 100 des emplois associés à l'industrie forestière. Qui plus est, ces emplois sont généralement moins bien rémunérés, nécessitent moins de formation en plus d'être saisonniers.
Le troisième point porte sur l'établissement du Programme de forêts modèles, du Programme des collectivités forestières et du programme des forêts communautaires. Le Programme de forêts modèles et le Programme des collectivités forestières sont des programmes fédéraux; le programme des forêts communautaires a été mis sur pied par la province en 1992.
Au cours des 16 dernières années, le canton de James a eu la chance de participer au programme des forêts communautaires provinciales et de déposer des propositions au Programme de forêts modèles du Canada ainsi qu'au Programme des collectivités forestières l'année dernière.
La dernière initiative, le Programme des collectivités forestières, visait à trouver des solutions aux problèmes que connaissent les collectivités qui défendent leurs ressources naturelles et qui sont causés par la crise que connaît le secteur forestier. Soutenue par un budget annuel déclaré de 4 millions de dollars, réparti sur 11 projets, et compte tenu de l'ampleur des défis à surmonter, cette initiative doit prendre de l'expansion pour que la contribution soit significative.
Malgré la déception de ne pas avoir été choisi pour prendre part à ce programme, le canton continue de travailler de pair avec l'industrie forestière afin de trouver des occasions de diversification économique et d'assurer la survie industrielle en cette période déterminante. Ces projets comprennent l'analyse des possibilités de production de produits bio-énergétiques et à valeur ajoutée. Nous travaillons également en collaboration avec des enseignants pour améliorer les programmes qui ciblent les ressources naturelles. Nous avons également développé des liens avec la communauté de Hayfork en Californie afin de profiter de leur expérience dans la restructuration de l'industrie forestière.
Nous avons deux autres points à présenter, dont Jeff vous parlera.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'entretenir avec vous aujourd'hui.
Je m'appelle Robert Pelton, et je suis professeur de génie chimique à l'Université McMaster. Je suis accompagné de George Rosenberg, qui travaille avec moi à ce qu'on appelle le réseau Sentinel sur le papier bioactif. Je vais vous expliquer un tout petit peu en quoi cela consiste.
La plus grande partie de ma carrière a été consacrée à la recherche dans le secteur des pâtes et papiers, si bien que je représente ici le milieu de la recherche universitaire sur les pâtes et papiers. Je tiens à vous dire quelle est la situation actuelle dans ce secteur, et je crois que vous serez peut-être surpris. Les nouvelles sont plutôt bonnes. Mais avant de me lancer là-dedans, je tiens à faire quelques remarques, en tant que Canadien, en tant que simple citoyen.
Je tiens tout d'abord à dire que je suis vraiment de tout coeur avec les petites localités du Canada qui sont durement touchées par les fermetures d'usines de pâtes et papiers. Elles vivent une situation extrêmement difficile, à laquelle il n'y a pas de solution simple.
Deuxièmement, sur une note plus optimiste, je tiens à vous dire qu'un arbre sur dix qui poussent dans le monde se trouve au Canada. Cela doit bien valoir quelque chose, si bien qu'on peut être optimiste pour le long terme.
Qu'en est-il du milieu universitaire canadien qui fait de la recherche sur les pâtes et papiers? Qui sommes-nous? Nous sommes une centaine de professeurs travaillant dans les différentes universités canadiennes qui consacrent au moins une partie de leur temps à faire de la recherche sur les pâtes et papiers. Le Canada compte diverses universités, depuis l'Université de la Colombie-Britannique jusqu'à l'Université du Nouveau-Brunswick, qui abritent d'importants centres de recherche sur les pâtes et papiers. Il s'agit donc d'un effort important.
Que faisons-nous? Nous faisons ce que font beaucoup d'universitaires. Nous produisons des diplômés bien formés, et c'est là quelque chose de très important à mon avis. Nous produisons des scientifiques et des ingénieurs qui joueront un rôle essentiel dans la revitalisation du secteur des produits forestiers.
Nous nous consacrons aussi à des travaux de recherche farfelus, qui finissent par aboutir à de nouvelles technologies, à de nouvelles inventions. Nous jouons aussi en cela un rôle clé. Je crois que notre milieu a beaucoup à offrir à l'effort de revitalisation du secteur des produits forestiers.
Dans quelle mesure notre travail est-il important? Dans quelle mesure donne-t-il de bons résultats? Je tiens ici à faire une distinction très claire. Je tiens à distinguer la recherche, et plus particulièrement le milieu de la recherche universitaire, de la production de pâtes et papiers. Nous savons tous que les producteurs de pâtes et papiers vivent des moments très difficiles, et nous en avons beaucoup entendu parler. La situation est pas mal plus optimiste dans le milieu de la recherche.
À mon avis, le Canada est un acteur mondial dans la recherche universitaire sur les pâtes et papiers. Nos principaux compétiteurs sont la Suède et la Finlande et, dans certains domaines, nous sommes des chefs de file dans le monde. J'aimerais vous donner un exemple, qui me paraît être un bon exemple, puisque nous pourrons alors nous interroger sur ce qui fait sa réussite et sur la possibilité que d'autres travaux donnent de si bons résultats.
En septembre 2005, 28 professeurs d'université et 50 étudiants diplômés et boursiers de recherche postdoctorale ont commencé à travailler ensemble à la réalisation d'un objectif commun, et ce, sous l'égide de quelque chose qui s'appelle réseau Sentinel sur le papier bioactif. Il s'agit d'un réseau du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie ou CRSNG. Ce groupe tente de fabriquer un produit que l'on appelle « papier bioactif ». Pour vous expliquer de quoi il s'agit, le plus simple serait peut-être de vous donner deux exemples.
Imaginez que vous puissiez acheter un morceau de viande emballé et contenant de petits bouts de papier, qui pourraient vous indiquer que la viande présente un danger quelconque et qu'il ne faut pas la manger. Ou bien imaginez qu'il se produise une catastrophe dans un pays en développement, où l'on pourrait faire passer l'eau par un filtre papier qui tuerait les pathogènes et qui indiquerait que l'eau peut être bue sans problème.
Voilà ce que nous essayons de faire. Nous essayons essentiellement de produire un papier tournesol qui détecterait, non l'acidité et la basicité, mais bien la présence de pathogènes.
Il n'y a que deux ans et demi que nous y travaillons, mais déjà notre travail suscite beaucoup d'intérêt. Dans son numéro de décembre, le magazine du dimanche du New York Times publiait un article intitulé « Year in Ideas » où Sentinel figurait dans la liste des 70 meilleures idées nouvelles dans le monde en 2007. Ce n'est pas peu dire.
Nos principaux compétiteurs, les Finlandais et les Suédois, commencent à nous emboîter le pas en vue de mettre sur pied un groupe semblable au nôtre. Nous obtenons beaucoup de bons résultats — nous aurons bientôt des brevets et d'autres choses semblables. Alors je pense que nous réussissons assez bien.
Comment expliquer cette réussite et en quoi cela aidera-t-il le secteur des produits forestiers? À mon avis, notre réussite s'explique par le fait que le Canada est un chef de file mondial dans la création de réseaux de recherche. On appelle un réseau de recherche un groupe de professeurs provenant d'une multitude de disciplines qui décident de s'attaquer tous ensemble à un même problème.
Ce n'est pas quelque chose que nos voisins au sud de la frontière savent bien faire. Ils croient en la concurrence, et les divers groupes de recherche se font la lutte pour être le meilleur. La concurrence que nous avons en Europe vient de ces énormes appareils très bureaucratisés et financés par l'Union européenne. Alors le Canada se trouve dans une situation tout à fait particulière.
Ces réseaux de recherche sont financés par vous. Ce sont des réseaux du gouvernement fédéral. Nous avons le programme des réseaux des centres d'excellence, les CNE, nous avons aussi les CNE issus du milieu des affaires de même que les réseaux de recherche du CRSNG. Ces réseaux ont quelque chose de bien spécial, et ils donnent de bons résultats.
Il y a des secteurs où nous avons du retard par rapport à nos compétiteurs dans le domaine des sciences et de la technologie. Je vous donne rapidement deux exemples, puis je vais conclure.
Il y a par exemple la gravure électronique. C'est ce qui permet de graver de simples circuits sur du papier ou un emballage pour pouvoir ensuite faire des choses intelligentes. Nous avons énormément de retard par rapport aux Suédois et aux Finlandais dans ce domaine.
Il y a aussi un autre secteur où nous avons du retard et qui a peut-être plus d'importance pour nous — on en a d'ailleurs déjà parlé ce matin —, celui du bioraffinage. Le bioraffinage est un concept dont on parle beaucoup ces jours-ci, mais cela revient finalement à dire que la biomasse — en l'occurrence, ici, ce matin, les produits forestiers — est convertie en combustibles et en produits chimiques. Il y a certains travaux qui se font dans ce domaine au Canada, mais nous avons du retard par rapport aux Américains et surtout par rapport aux Scandinaves.
J'aimerais conclure maintenant j'ai deux messages et deux recommandations à vous transmettre.
Mon premier message, c'est que le milieu universitaire est important pour la revitalisation de nos ressources. Le deuxième, c'est que nous sommes en assez bonne posture. Nous sommes un acteur mondial.
Une grande partie des fonds que nous recevons nous viennent du gouvernement fédéral, alors que pouvez-vous faire? Vous pouvez continuer à appuyer les programmes existants, les réseaux de centres d'excellence, les CNE issus de l'entreprise et les programmes du CRSNG. Ils sont tous essentiels pour notre travail. Et si vous voulez faire plus — et ce serait bien — je vous recommanderais alors d'envisager de financer la recherche dans certains secteurs en particulier. Vous pourriez réserver des fonds pour les bioraffineries ou pour le renouvellement du réseau Sentinel, ou encore pour certains des autres excellents projets qui ne tarderont pas à voir le jour.
Il me semble que c'est là quelque chose qui s'est déjà fait, quand le gouvernement fédéral et les provinces ont travaillé de concert pour aider le secteur automobile. C'est là un bon modèle à mon avis.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous les membres du comité de cette invitation de comparaître devant vous aujourd'hui. Surtout, nous souhaitons vous remercier d'avoir entrepris cet examen des possibilités et des défis qui existent pour l'industrie forestière au Canada.
Je travaille au Bureau du bois de sciage des Maritimes depuis plus de 30 ans. Je puis vous dire que durant cette période, je n'ai jamais connu une situation telle qu'aujourd'hui, issue de la convergence de différents facteurs.
Je sais qu'un certain nombre de mes collègues ont déjà comparu devant votre comité dans le cadre de votre examen des possibilités. Je sais également qu'on vous a rappelé à de nombreuses reprises que le secteur des produits forestiers au Canada est le plus grand employeur industriel et le secteur où on trouve le plus grand nombre d'emplois de haute technologie.
L'information déjà présentée au comité traduit dans une grande mesure la situation des provinces de l'Atlantique. La crise que nous traversons est due à la conjonction de plusieurs facteurs, dont une devise canadienne forte, un affaiblissement de la demande et une diminution des prix. Les provinces de l'Atlantique ont certains problèmes qui leur sont propres, dont je parlerai plus tard dans ma déclaration. Ces problèmes nous touchent directement, et d'autres n'en ont peut-être pas parlé.
Nous sommes d'accord avec les recommandations de Avrim Lazar, de l'Association des produits forestiers du Canada, et celles de John Allan, du Council of Forest Industries of British Columbia, telles qu'ils les ont présentées plus tôt cette semaine. Ils recommandent que le gouvernement aide le secteur forestier en améliorant le climat commercial — le climat d'investissement — au moyen d'incitatifs fiscaux, entre autres des modifications au taux d'imposition des sociétés, des modifications à la déduction pour amortissement et des crédits d'impôt remboursables au titre de la recherche et du développement.
Nous sommes également d'accord avec les mémoires d'autres témoins selon lesquels notre secteur devrait recevoir le bénéfice des mesures qu'il a déjà prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre du plan sur les changements climatiques. Nous reconnaissons également, comme d'autres l'ont fait avant nous, qu'il existe des possibilités d'aider à mettre sur pied l'industrie de la biomasse à titre de source d'énergie de rechange. Le témoin précédent a également abordé cette question, je crois.
Nous pensons nous aussi que le secteur doit se restructurer pour devenir plus efficace. Cependant, il faut prendre note de ce que la rationalisation ne signifie pas la régionalisation. Le secteur forestier doit être fort en Ontario et au Québec, dans les provinces de l'Atlantique et en Colombie-Britannique, pas seulement dans une de ces régions.
Il ne faut pas que les répercussions soient disproportionnées dans certaines régions. En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, le secteur forestier était le seul employeur industriel dans plus de 75 collectivités — ou plutôt il l'était. Le secteur des produits forestiers est encore, comme par le passé, le pilier de l'économie des provinces de l'Atlantique.
D'après les données dont nous disposons, il y avait, il y a de cela huit mois, 97 scieries exploitées à plein temps. D'après les dossiers de la province, il y en aurait des centaines, mais celles dont je parle sont exploitées à plein temps et donnent durant toute l'année du travail à leurs employés.
D'après notre sondage le plus récent, qui a eu lieu le 30 janvier, de ces 97 scieries, il n'en reste plus que 24 en exploitation, et la plupart d'entre elles ont des quarts de travail réduits. Plus de 1 500 travailleurs ont été mis à pied au cours des six derniers mois.
Dans les Maritimes, les facteurs qui ont produit cette crise ne touchent pas seulement les installations du secteur manufacturier. Quelques 72 000 propriétaires fonciers privés sont également touchés. J'ai entendu les observations qui ont été faites à ce sujet précédemment. Plus de 75 p. 100 des grumes qui approvisionnent les entreprises manufacturières des Maritimes proviennent de forêts privées. Dans le reste du Canada, cette moyenne est d'environ 6 p. 100.
Compte tenu de la structure du secteur, qui est axée sur le marché, compte tenu de ce que les coûts de la fibre sont déterminés par le secteur privé, il s'ensuit que les coûts du bois sont les plus élevés au Canada. En raison de cette structure axée sur le marché et des conditions d'exploitation dans notre région, nous sommes plus durement touchés par la crise actuelle.
J'ai ici trois tableaux qui l'illustrent. J'ai demandé au greffier de les distribuer. Je crois que vous les avez sous les yeux, et j'aimerais vous les expliquer.
Comme vous le savez sans doute, les provinces de l'Atlantique ont été exclues, depuis 1986, des recours commerciaux dans le différend sur le bois d'oeuvre qui opposait le Canada aux États-Unis, et ce, en raison de ce système axé sur le marché et du volume de la production provenant des boisés privés. Ces mêmes conditions ont eu pour effet que cette exclusion historique a été maintenue dans l'entente actuelle sur le bois d'oeuvre.
Bon nombre de gens estiment que c'est un avantage. Cependant, les provinces de l'Atlantique n'ont pas été avantagées. C'était la seule solution équitable qui pouvait être incluse dans l'accord, si celui-ci devait fonctionner comme prévu pour toutes les parties intéressées, des deux côtés de la frontière.
En dépit de l'exclusion, si l'on compare la période du 12 octobre au 30 décembre 2006 — le 12 octobre étant le jour où cet accord est entré en vigueur — à la même période en 2007, soit du 12 octobre au 30 décembre, en fonction des statistiques publiées par la Direction générale des contrôles à l'exportation et à l'importation du Canada... Vous me direz peut-être que c'est une période assez bizarre à examiner mais c'est la seule sur laquelle la Direction générale des contrôles à l'exportation et à l'importation ait publié des statistiques, puisque durant l'arbitrage le plus récent, le Canada a évité de publier des données sur l'exportation. C'est donc la période que j'ai dû utiliser, et vous constaterez que les exportations du Canada vers les États-Unis, y compris celles des provinces Maritimes, ont diminué de 7,59 p. 100. Les exportations de la Colombie-Britannique ont diminué de 6,88 p. 100, et celles des provinces Maritimes de près du double, soit de 12,11 p. 100.
Les deux autres tables illustrent simplement la diminution progressive, soit trimestre par trimestre en 2006 — cette période étant la seule pour laquelle nous ayons des données trimestrielles jusqu'à l'application de l'entente — soit par année, de 2001 à 2007. C'est en 2001 qu'avait été entrepris le litige le plus récent relatif au bois d'oeuvre et c'est à cette année que remonte l'exclusion des provinces de l'Atlantique.
Les lignes verticales indiquent simplement l'entrée en vigueur de l'entente. En voyant ces tableaux, il est difficile d'y constater un avantage. Les statistiques confirment également notre opinion que notre région est plus durement touchée que les autres par la crise actuelle. Je suis toutefois d'accord avec les témoins précédents, selon lesquels le gouvernement doit trouver des moyens innovateurs de travailler en partenariat avec l'industrie pour exploiter les possibilités et relever les défis; la crise nous touche tous, d'un océan à l'autre.
D'un bout à l'autre du pays, notre industrie est l'une des plus réglementées à outrance au Canada. Les règlements gouvernementaux qui s'appliquent au secteur forestier recoupent de nombreux ministères — les Ressources naturelles, l'Environnement, le Commerce international, l'Agriculture, et j'en passe. Nous sommes assujettis à une longue liste de règlements complexes qui coûtent chers tant à l'industrie qu'au gouvernement. Il est important de réduire la paperasserie administrative, et il est essentiel d'avoir une réglementation pratique et efficace pour que notre secteur puisse bénéficier d'un climat commercial concurrentiel.
Dans le temps qu'il me reste, je vais vous parler d'un problème qui touche actuellement les provinces Maritimes, un problème qui est à la fois une déception et une source de possibilités. Dans les témoignages qu'ils ont présentés vers le 12 février, je crois, le sous-ministre et le sous-ministre adjoint des Ressources naturelles ont fréquemment fait mention du problème du dendoctrone du pin ponderosa et de ses répercussions en Colombie-Britannique. Nous reconnaissons que c'est un problème qui a eu des effets dévastateurs en Colombie-Britannique plus particulièrement, mais le Canada tout entier a ressenti les effets indirects de l'infestation par le dendoctrone du pin ponderosa. Nous estimons que le gouvernement fédéral a bien réagi à le problème en octroyant 1 milliard de dollars sur 10 ans pour lutter contre ce problème.
Nous sommes toutefois déçus que l'on n'ait tenu aucun compte des répercussions de l'infestation, dans les provinces Maritimes, par le longicorne brun de l'épinette. Ce longicorne pose un problème croissant depuis qu'il a été détecté en 2000. Il existe des différences entre ces deux insectes, mais ils constituent tous les deux une plaie pour nos industries régionales respectives.
Le dendoctrone de la Colombie-Britannique est originaire du Canada. C'est un insecte propre à notre pays. Le longicorne de la Nouvelle-Écosse est une espèce étrangère et envahissante importée d'Europe. Le dendoctrone de la Colombie-Britannique a dévasté de façon massive les ressources forestières. Le longicorne de la Nouvelle-Écosse n'a provoqué de dégâts que dans le parc Point Pleasant, dans la ville de Halifax. Mais même s'il est possible de le capturer et de confirmer sa présence dans la forêt, on ne constate pas qu'il y tue des arbres.
Il y a d'autres différences également. Dans le budget de 2006-2007, le gouvernement a octroyé 300 millions de dollars de la somme de 1 milliard sur 10 ans, soit 200 millions de dollars pour la recherche et 100 millions de dollars pour traiter les répercussions économiques de l'infestation du dendoctrone, une fois celle-ci terminée. Dans le cas de la Nouvelle-Écosse, le gouvernement fédéral n'a attribué que 1,5 million de dollars sur trois ans pour contrer le problème du longicorne, même si notre province représente 10 p. 100 de tout le secteur forestier canadien.
En Colombie-Britannique, aucun règlement n'est imposé par l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour limiter le transport de fibres ligneuses parce que le dendroctone du pin ponderosa est indigène.
En Nouvelle-Écosse, l'Agence canadienne d'inspection des aliments se sert de règlements comme outil principal pour limiter le transport de fibres ligneuses là où vit le dendoctrone. Il existe beaucoup de données scientifiques sur le dendoctrone du pin ponderosa, mais il manque encore beaucoup d'informations sur le longicorne brun de l'épinette. Dans la région atlantique, il y a donc une surréglementation et insuffisamment de données scientifiques pour appuyer les décisions prises actuellement. Les propriétaires fonciers, la province et le secteur forestier sont durement touchés. Et comme toute la région dépend d'une seule ressource, le bois, l'incidence se fait sentir tant en Nouvelle-Écosse qu'au Nouveau-Brunswick et un peu moins, à l'Île-du-Prince-Édouard.
Il faut que le gouvernement fédéral reconnaisse les effets dévastateurs du longicorne brun de l'épinette sur notre secteur. La forêt ne meurt pas en raison de la simple présence du longicorne, mais notre secteur en souffre. Je suis d'accord avec Tim, la forêt ne meurt pas, et nous ne voudrions pas en donner l'impression. Mais répétons-le, nos problèmes sont exacerbés par des questions qui ne sont pas du toutes reliées. Il faut un investissement proportionnel dans la recherche scientifique pour qu'on détermine de façon sûre quel est le risque associé à ce parasite et pour reconnaître les mesures d'atténuation pratiques et efficaces pour contrer ce risque, non seulement en fonction de ce qu'on croit être possible, mais ce qui est probable.
Il faut que le gouvernement conclut des partenariats avec le secteur pour trouver des solutions, et non pas qu'il réglemente pour réglementer. Beaucoup de solutions pratiques et efficaces ont été proposées. Elles ont été acceptées par certains, des fonctionnaires et des bureaucrates, mais la difficulté se situait surtout au niveau de l'application du cadre légal et de sa capacité limitée à mettre en oeuvre des changements. S'agit-il d'un défi ou d'une occasion d'agir, ou les deux?
Déjà, malgré des ressources limitées, le laboratoire du Service canadien des forêts du ministère des Ressources naturelles à Frédéricton a mis au point d'efficaces pièges sexuels diffuseurs de phéromone pour attirer le longicorne. C'est une découverte importante qui a été employée dans l'habitat naturel du longicorne, en Europe. Nous ne savons toutefois pas si les forêts canadiennes ou américaines voisines sont à risque. Nous ne savons pas si c'est un ravageur forestier important, les données scientifiques n'étant pas probantes ou s'il sera un ravageur secondaire au Canada, comme dans son habitat natal. Il nous faut des données scientifiques, et tout de suite, avant que le secteur forestier de la région atlantique soit désavantagé encore plus.
Si les scientifiques concluent qu'il s'agit d'un ravageur important, il sera possible de prendre des mesures pratiques et efficaces qui protégeront les forêts du Canada et des États-Unis. S'il s'agit au contraire d'un ravageur de moindre importance, on pourra déréglementer en éliminant les mesures qui nuisent actuellement au commerce pour la région atlantique. Il est fort opportun que le comité soit saisi de cette question puisqu'hier, 32 intervenants dont la province de la Nouvelle-Écosse, la province du Nouveau-Brunswick, les propriétaires fonciers et les transformateurs se sont réunis pour formuler des recommandations unanimes à l'intention du ministre fédéral de l'Agriculture. Ces recommandations lui ont été présentées dans une lettre portant 32 signatures. C'est une question cruciale pour les intervenants de la région et Ottawa doit en reconnaître l'importance. Je présume que c'est une question dont peu d'entre vous avez entendue parler jusqu'ici.
En conclusion, j'ai confirmé notre appui pour bon nombre des suggestions faites par d'autres témoins à votre comité. J'espère avoir bien décrit la possibilité d'investir davantage directement dans la recherche dont on a tant besoin et dans les programmes connexes qui ne doivent pas être considérés comme particuliers au Canada mais comme pouvant bénéficier par leurs conclusions à toute l'Amérique du Nord. Tout le continent profitera des résultats de cette recherche, comme je viens de le dire.
Oui, les temps sont durs, mais comme l'a dit Tim, notre secteur est cyclique. Le secteur est aussi vieux que le pays. Ce n'est pas un secteur en déclin. C'est un secteur qui a de l'avenir, et nous devons bâtir de forts partenariats pour soutenir les mesures prises par le gouvernement pour valoriser ce secteur important et fondamental pour l'avenir du pays.
Merci de m'avoir écoutée.
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Elle a comparu ici pour parler de la forêt boréale. Tout ce que je demande, c'est lorsque nous discutons de la forêt boréale, qui est d'une importance critique pour l'avenir de l'industrie forestière partout au Canada, je crois, tout le monde convient qu'il ne s'agit pas uniquement d'arbres. Environ 30 p. 100 de la forêt boréale se compose de terres humides, de ruisseaux, de cours d'eau, de centres écologiques, de lieux de pêche et de ponte. C'est tout cela que la forêt boréale englobe, et nous ne devrions jamais perdre de vue le fait que cela fait partie de la forêt boréale. Il ne s'agit pas uniquement des arbres. C'est un fait que beaucoup de gens qui ne connaissent pas bien l'industrie forestière ignorent. Je tenais donc à le préciser aux fins du compte rendu.
Je n'ai pas l'intention de me lancer dans un débat avec mon collègue de Sault Ste-Marie, mais on ne peut pas faire de plagia dans cette réunion. M. Allan, du Council of Forest Industries — et je suis sûr que Diana sera d'accord avec cela — a dit que lorsque nous adopterons la motion qui a été présentée il y a une ou deux semaines, qu'indépendamment des conclusions qui se dégageront de la table ronde des spécialistes de l'industrie forestière au Canada, il existe peut-être trois solutions. Nous ne pouvons pas examiner l'industrie forestière dans l'ensemble du Canada dans une perspective unique. Il est possible qu'il existe des solutions qui nécessitent la participation de la Colombie-Britannique et de l'Alberta, solutions qui seraient différentes de celles qui s'appliqueraient à l'Ontario et au Québec.
Diana, je suis sûr que vous êtes d'accord— des solutions différentes dans l'Est du Canada.
Il est donc possible que trois régions formulent des recommandations que le comité sera chargé d'étudier en ce qui concerne les différents secteurs forestiers au Canada. Je pense que c'est tout à fait essentiel, parce que dans les cas de l'Accord sur le bois d'oeuvre, personne ne voulait reconnaître qu'il existe trois industries fondamentalement différentes au Canada et nous avons consacré beaucoup trop à ce secteur. Par conséquent, évitons de répéter cette erreur dans le cadre de cette prochaine étude de l'industrie forestière.
Puis, M. Robert a parlé longuement de l'avenir de l'industrie forestière et de sa place sur les marchés mondiaux. Il a parlé de la situation de l'industrie du papier journal au Canada et du fait que nous ne sommes plus concurrentiels dans ce secteur. Il est peut-être temps d'examiner d'autres secteurs que celui du papier journal. Il voulait consacrer beaucoup de temps à déterminer s'il est toujours possible de ressusciter l'industrie du papier kraft et à envisager les mesures à prendre pour améliorer l'industrie du papier kraft avant que nous perdions tous nos marchés au profit de l'Asie du Sud-Est, de la Chine et de l'Inde.
Je lui ai demandé, à l'extérieur, monsieur le président, s'il serait disposé à... Comme vous le savez, le comité a été saisi d'une motion. Après que nous aurons entendu nos témoins — j'espère que tout le monde adoptera cette motion lorsqu'elle sera proposée —, il serait bon de tenir une table ronde ou un sommet sur l'industrie forestière au Canada. Nous voulons réunir les personnes les plus compétentes en la matière, pas forcément des politiciens, pour déterminer au juste ce que nous devrions faire pour assurer l'avenir de l'industrie forestière.
Si vous êtes d'accord, ce sont les trois recommandations que j'aimerais formuler. Je ne crois pas que qui que ce soit y aurait des objections. Ai-je raison de faire une telle supposition?
Une voix:Bien sûr.
L'hon. Joe Comuzzi:Je suis d'accord avec vous, professeur Pelton, et je suis heureux de vous entendre dire que le Canada se démarque sur le plan de la recherche, pourtant notre industrie forestière est en difficulté. La réflexion qui m'est venue à l'esprit, c'est que de toute évidence les membres de l'industrie forestière n'écoutent pas des gens comme vous.
Allez-y.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous remercier tous de votre présence parmi nous et vous souhaiter la bienvenue, comme l'a fait le président.
Et j'insiste, je vous souhaite la bienvenue. Dans ma vie antérieure, lorsque j'étais conseiller municipal à Toronto, j'ai passé beaucoup de temps dans le nord de l'Ontario, à proximité de Kapuskasing, en particulier à la mine Adams; je suis allé a Englehart, où je parlais du traitement de nos déchets, en particulier de nos déchets de bois, pour essayer d'approvisionner une entreprise de bois aggloméré et une entreprise de charpente d'Englehart, ce qui serait une bonne chose pour une population urbaine.
Je voulais simplement vous le dire. Je suis toujours prêt à m'entretenir avec un préfet, non pas que j'ai été préfet moi-même, mais mon père l'a été pendant longtemps et je pense que c'est une excellente fonction. Continuez donc votre bon travail.
J'aurai quelques questions à vous poser.
Monsieur Gray, vous avez parlé du contrat social et de son fondement — il y a déjà eu un autre contrat social dans l'histoire de l'Ontario, mais n'en parlons pas —, à savoir de garder les scieries dans les collectivités qui s'occupent avant tout d'approvisionnement en bois. Il me semble que c'est un principe que nous n'avons pas réussi à appliquer à court terme. Dans l'immédiat, nous avons un défi à court terme à relever pour trouver la façon de réussir la restructuration, etc.
Est-ce que vous pourriez approfondir un peu le sujet? Un des outils que vous avez utilisé était le Forest Stewardship Council, et les politiques d'achats favorisant les produits certifiés FSC par les différents paliers de gouvernement. Pourriez-vous nous donner des précisions à ce sujet? Le comité cherche des solutions à court terme.
Par ailleurs, vous avez parlé, Jeff, d'un projet pilote qui vise à compenser les pertes résultant de la restructuration. Il s'agit encore une fois d'un ajustement à court terme. Pourriez-vous nous donner des précisions sur ce projet pilote et proposer des recommandations à notre comité?
D'un point de vue universitaire, dans quel délai peut-on passer du bioraffinage théorique à la commercialisation? Il me semble qu'à court terme, si l'on pouvait accélérer le processus, nous pourrions apporter une forte valeur ajoutée dans une industrie qui s'étiole un peu partout.
Ma dernière question s'adresse à Mme Blenkhorn. Vous avez parlé de recommandations qui ont été formulées, mais vous ne nous les avez pas présentées en détail. Est-ce que nous pourrions en obtenir copie ou est-ce que vous pouvez nous les résumer?
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, et je l'abrégerai avec mon collègue, M. Allen.
Mesdames et messieurs, merci de vos témoignages.
J'ai écouté les témoignages que nous avons reçus jusqu'à présent. M. Fiset a fait d'excellentes observations. Pour la plupart, nous savons qu'il est faux de dire que le secteur forestier est à l'agonie au Canada. Ce n'est pas le cas. Comme M. Fiset l'a si bien dit, le secteur forestier traverse une période difficile, car c'est un secteur cyclique.
Malheureusement, tout se conjugue pour créer une crise à l'heure actuelle, et nos communautés ont besoin d'aide. Le gouvernement fédéral et les provinces peuvent apporter leur aide en offrant du financement par le truchement de divers programmes visant à construire l'infrastructure de base nécessaire, puisque ce financement ne pourra pas venir des impôts fonciers dont bénéficient généralement les collectivités. Les gouvernements peuvent également investir dans la recherche en science et en technologie. Le secteur forestier optimise ses opérations en vue du moment où la crise se terminera, et je trouve que c'est très bien.
Mon collègue, M. Allen, a souligné dans une réunion précédente que nous avons du talent pour mettre au point de nouveaux produits et de nouvelles idées en matière de biocarburant et de produits à valeur ajoutée. Nous avons du succès, et nos universités font un excellent travail.
L'Université de Colombie-Britannique est située dans ma circonscription. Elle sera un chef de file un jour dans la technologie forestière et les produits à valeur ajoutée, puisque M. Pelton et M. Rosenberg ont parlé de leurs travaux de recherche. L'un de nos problèmes, c'est de trouver des entrepreneurs pour mettre ces nouveaux produits en marché. Il existe là à mon avis d'énormes débouchés pour le secteur forestier.
Le gouvernement peut offrir un financement important dans les domaines des sciences et de la technologie, et il peut aider les collectivités, mais le secteur privé doit lui aussi faire sa part. Les entrepreneurs savent reconnaître un bon produit lorsqu'ils en voient un et ils sont prêts à investir les sommes nécessaires pour l'exploiter. Le gouvernement peut les aider au moyen d'incitatifs fiscaux, et ces mesures devraient s'inscrire dans les résultats de notre étude et d'études ultérieures. Comment pouvons-nous faire en sorte que les entrepreneurs du secteur privé investissent et fassent leur part? Ils ont un rôle énorme à jouer.
Compte tenu du peu de temps dont nous disposons, pourriez-vous simplement me dire si vous êtes d'accord ou si vous avez d'autres idées, si dans les tables rondes futures que nous tiendrons ou au fur et à mesure que nous progressons dans ce domaine, nous devrions consacrer du temps à cette question et produire des recommandations à ce sujet. Comment pouvons-nous attirer des investissements du secteur privé pour que cette nouvelle technologie soit exploitée?