J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos invités d'aujourd'hui. C'est un plaisir de vous recevoir.
Nous accueillons dans un premier temps Dr Ghalami qui est agent principal à la biosécurité pour le service de sûreté et de santé environnementale de l'Université de Toronto. Bienvenue à vous. Nous recevons également M. Wayne Conlan qui est agent principal de recherche.
Notre second groupe de témoins nous vient de l'Agence de la santé publique du Canada. Il s'agit de M. Butler-Jones et de Mme Tam.
Pour ce premier groupe, nous avons jusqu'à 16 h 30. Je demande aux deux témoins de nous présenter un exposé de 10 minutes chacun. Nous avons grand hâte de vous entendre.
Docteur Ghalami, voulez-vous débuter?
:
Je tiens d'abord à préciser que je n'ai pas fait de doctorat et que je ne suis donc pas docteur.
Je m'appelle Ayoob Ghalami. Je suis agent principal à la biosécurité pour l'Université de Toronto et je vous parle ici en mon nom personnel. Je vous remercie de me fournir l'occasion de venir vous présenter mes commentaires au sujet du . C'est un projet de loi fantastique que j'appuie entièrement pour les raisons que je vais vous donner maintenant.
Mon travail d'agent à la biosécurité consiste à reproduire à plus petite échelle ce que fait l'Agence de la santé publique du Canada. Je m'occupe de 250 laboratoires et de trois campus à l'Université de Toronto. Je supervise des installations de recherche animale où l'on traite des produits biologiques et je suis aussi responsable de milieux cliniques contrôlés dans les locaux de notre université.
Je crois que je serais terrifié si, en tant qu'agent de santé publique, je devais assurer la surveillance d'un laboratoire sans connaître les produits qu'on y trouve, les substances qu'on y traite et l'endroit où on les conserve. Je devrais assumer le fardeau de composer avec la situation après coup si les choses tournaient mal. Comment puis-je gérer efficacement mes ressources? Comment prendre des mesures proactives pour m'assurer que tous les employés ont la formation requise? Et comment dois-je réagir dans les situations d'urgence?
Il est bien difficile d'évaluer et de gérer adéquatement les risques sans savoir exactement à quel produit vous avez affaire. Par ailleurs, comme nous le savons tous, nous vivons dans une société où les licences et les permis sont omniprésents. On ne peut pas conduire un véhicule sans permis. Impossible d'épouser quelqu'un sans licence de mariage. On ne peut pas ouvrir un restaurant sans avoir obtenu au préalable tous les permis requis. Pourtant, personne ne semble se préoccuper du fait qu'on puisse se passer d'une licence ou d'un permis valide pour traiter des agents biochimiques pouvant avoir des répercussions énormes sur nos collectivités. C'est ce qui me fait très peur.
Pour sa part, notre établissement a décidé de... Je crois que ce projet de loi va faire en sorte que tous devront respecter les mêmes conditions. À l'heure actuelle, si j'ai un chercheur principal qui importe un agent biologique, il est tenu par le contrat qui le lie à l'Agence de la santé publique du Canada de respecter les lignes directrices de l'agence. Mais si un autre laboratoire obtient la même bactérie auprès d'un hôpital, il n'est soumis à aucune obligation semblable. Comme notre université ne considère pas que les choses devraient se passer ainsi, nous traitons tout le monde sur le même pied. Ce choix s'explique également par le protocole d'entente que nous avons signé, en tant qu'établissement d'enseignement public, avec l'organisme subventionnaire inter-conseils qui fournit à l'université le financement nécessaire à la recherche. C'est donc notre façon d'aborder cet aspect particulier.
J'aimerais également vous mentionner que je suis le père de deux enfants qui ont respectivement huit et sept ans. Je suis persuadé que nous avons le devoir de faire le nécessaire pour que nos enfants bénéficient d'un environnement de travail plus sûr et meilleur que le nôtre. Je pense que c'est la moindre des choses.
À la lumière de mon expérience pratique, j'appuie sans réserve le projet de loi sous tous les aspects dont je viens de vous parler. Je suis responsable du programme de biosécurité de la plus grande université au pays et je pense que nous avons su implanter un système efficace. Dans cette optique, notre université essaie toujours d'agir au mieux. Nous avons mis sur pied un comité de biosécurité qui regroupe 14 membres du corps professoral. On y retrouve notamment un virologue, un spécialiste du prion, un microbiologiste et même le vice-doyen de la faculté de médecine. Il y a également un médecin en santé du travail, deux vétérinaires, moi-même et trois autres administrateurs principaux au sein de ce comité qui décide de tout. Nous avons établi un programme de formation obligatoire. Tous ceux qui travaillent avec des produits biologiques doivent suivre toute la formation requise. Même les membres du corps enseignant doivent subir un examen pour nous montrer qu'ils comprennent bien leurs obligations. Nous avons aussi instauré des mesures obligatoires de surveillance médicale. Par exemple, vous devez être immunisé avant de travailler avec des produits sanguins, car il y a un risque d'exposition à l'hépatite C. Nous avons également prévu un mécanisme de prophylaxie post-exposition de telle sorte qu'une personne dont la membrane oculaire a été éclaboussée par du sang puisse se rendre à l'hôpital pour subir des traitements, car il est urgent d'agir lorsque le VIH entre dans votre système. Voilà donc les mesures prises par notre université. Mais en l'absence de lignes directrices, on ne peut pas s'attendre à ce que les gens les suivent.
C'est pourquoi j'espère vraiment que les membres du comité sauront jauger comme moi, dans leur perspective de citoyens du Canada, toute l'importance de ces mesures. Lorsque vous confiez votre enfant à une université, un hôpital ou un lieu de travail, vous souhaitez vraiment vous assurer que toutes ces mesures proactives ont été prises et qu'il est entre bonnes mains.
Voilà pour mes commentaires favorables au sujet du projet de loi. Voyons maintenant l'autre côté de la médaille.
La recherche sur les agents biologiques est un milieu extrêmement fluide. Pour dire les choses simplement, nous avons des chercheurs qui travaillent avec le VIH, un antiviral dont ils se servent comme vecteur viral pour les fins de la thérapie génique. L'antiviral peut affecter à la fois les cellules qui se divisent et celles qui ne se divisent pas, mais il a un spectre d'hôte très restreint. Les chercheurs modifient donc la membrane du VIH de manière à élargir ce spectre. Dès lors, il n'est plus question de cibler une seule cellule; l'agent peut infecter tout sur son passage. Par surcroît, on ajoute parfois au mélange un oncogène, un gène causant le cancer. Comment procédez-vous pour évaluer les risques de tels travaux? Comment inscrire tous ces éléments dans un tableau? Les annexes au projet de loi n'ont rien de fluide. Elles sont préétablies et immuables. La recherche évolue pourtant sans cesse.
Nous voulons nous assurer que ce projet de loi répond aux besoins de l'industrie. Tout change constamment. Si l'on inscrit tous ces éléments dans une liste immuable sans contribution externe ni mise à jour régulière, cela ne nous aidera pas vraiment. Je pense qu'il devrait y avoir une disposition en ce sens.
Nous avons rencontré à Toronto les représentants de l'Agence de la santé publique du Canada que nous avons mis au fait de la situation. Ils ont convenu que des modifications seraient apportées ou que l'on consulterait tout au moins des experts du domaine au moment de procéder à des changements quant aux différentes catégories.
Nous avons également obtenu certaines confirmations au sujet de l'habilitation de sécurité. J'estime extrêmement important d'assurer la sécurité de notre pays. Je ne crois pas nécessaire de vous préciser que je ne suis pas sportif — mon physique m'a trahi — mais je peux vous dire qu'un mauvais joueur de soccer va courir dans tous les sens à la poursuite du ballon pour finir par s'épuiser complètement. Et quand une chance de marquer se présentera à lui, il n'aura plus l'énergie ni les moyens nécessaires pour en profiter.
Selon l'université, et d'après mon point de vue d'agent à la biosécurité — et je crois que les responsables de la santé publique sont d'accord — les agents du groupe de risque 2 devraient être exemptés de l'obligation d'obtenir une habilitation de sécurité et des autres formalités applicables. Par ailleurs, l'Agence de la santé publique devrait disposer de tous les pouvoirs requis pour procéder à des inspections dans les établissements traitant des organismes du groupe 2. Je vous rappelle qu'on retrouve dans ce groupe des pathogènes comme la listeria, l'E. coli et la varicelle. Il est crucial qu'une surveillance s'exerce à ce chapitre et il y a déjà un modèle existant pour ce faire.
La Commission canadienne de la sûreté nucléaire octroie un permis à l'établissement dans son ensemble, ce qui l'autorise à fonctionner pour autant que ses activités soient connues. En tout temps, la Commission peut procéder à une vérification sur place pour déterminer dans quelle mesure l'établissement se conforme aux différentes règles. Il n'est toutefois pas nécessaire d'obtenir un permis pour les différentes acquisitions que l'on peut faire au jour le jour. Si nous pouvions établir ce modèle pour le groupe de risque 2 en exerçant autant de contrôle que ce que prévoit le projet de loi C-11 pour le groupe 3, la plupart des établissements pourraient fonctionner normalement, ce qui serait une bonne chose pour les générations futures qui bénéficieraient de conditions meilleures que les nôtres.
Je vous remercie du temps que vous m'avez consacré et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions quand mon tour viendra.
:
Je m'appelle Wayne Conlan. Je suis chercheur au Conseil national de recherche, mais je comparais aujourd'hui à titre personnel. J'ai cumulé 27 années d'expérience comme microbiologiste dans des laboratoires de confinement de niveaux 2 ou 3 au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada.
J'ai fait partie du comité qui a établi la plus récente version des lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire de Santé Canada. Je dirige actuellement un laboratoire de bioconfinement de niveau 3 au CNR. Nos recherches sur de petits animaux portent principalement sur des pathogènes de défense biochimique très virulents pouvant causer une infection parfois mortelle lorsqu'ils sont inhalés.
J'ai été le principal responsable de la conception et de la mise en oeuvre de l'ensemble des politiques de bioconfinement et de biosécurité pour cette installation, ainsi que de la formation du personnel sur toutes ces questions. J'ajouterais que les formalités administratives à remplir me demandent plus de temps que toutes mes autres activités combinées.
À chacune des dix dernières années, mon laboratoire a obtenu la certification de l'Agence de la santé publique du Canada et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Comme nos travaux de recherche sont financés en grande partie par les National Institutes of Health des États-Unis, nous devons également nous conformer aux règles américaines sur les agents désignés, dont le semble partiellement s'inspirer. Les représentants des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis inspectent donc périodiquement notre installation de confinement de niveau 3, la dernière inspection remontant à octobre 2008, pour s'assurer que nos modalités de fonctionnement correspondent à ce que prévoient les règles sur les agents désignés.
Comme nous devons actuellement nous conformer aux règles américaines, toutes les opérations de notre laboratoire s'inscrivent déjà dans les limites proposées par le projet de loi C-11. Par exemple, tous nos employés qui ont accès à notre installation de bioconfinement de niveau 3 détiennent une habilitation de sécurité de niveau secret. De même, nous procédons déjà à un inventaire quantitatif de nos pathogènes à tous les trois mois. Je ne crois donc pas que l'adoption du projet de loi C-11 va imposer un fardeau additionnel indu aux responsables des laboratoires de confinement de niveau 3 au Canada.
À cet égard, il faut se souvenir que plusieurs milliers de chercheurs américains doivent respecter la réglementation sur les agents désignés, car leur financement fédéral en dépend.
Chose intéressante, la révélation à l'effet que l'attaque à l'anthrax qui a touché le service des postes aux États-Unis venait de l'intérieur résulte maintenant en des restrictions encore plus rigoureuses pour les chercheurs américains, y compris des recommandations voulant qu'on soumette à un dépistage psychologique obligatoire les employés qui ont accès aux agents désignés. Mais comme bon nombre de scientifiques sont par définition des gens assez excentriques, cela pourrait mener au démantèlement complet de l'ensemble du secteur de la recherche aux États-Unis. J'espère donc que nous ne déciderons pas d'emprunter cette voie au Canada.
Pour le milieu canadien de la recherche, c'est la surveillance proposée des laboratoires de niveau 2 qui semble être l'élément le plus problématique. Jusqu'à maintenant, ces laboratoires ont été confiés à la gestion exclusive des établissements qui les hébergent. Cependant, tous ces laboratoires doivent déjà se conformer aux lignes directrices actuelles en matière de biosécurité et devraient pouvoir facilement en faire autant pour les dispositions du .
Je vous rappelle à cet égard le cas le plus flagrant de bioterrorisme aux États-Unis avant l'attaque au bacille de charbon. Les membres d'une secte religieuse ont alors contaminé les buffets à salade de plusieurs restaurants avec de la salmonelle, un pathogène de niveau 2 qui a causé plus de 700 cas d'empoisonnement alimentaire. Dans des circonstances normales, les pathogènes du groupe 2 tuent beaucoup plus de Canadiens que ceux du groupe 3. On peut donc être justifié de faire valoir des arguments en faveur d'une réglementation plus stricte à l'égard de ces organismes. Par ailleurs, je pense qu'on pourrait aussi soutenir que ces pathogènes du groupe 2 sont tellement omniprésents dans notre vie quotidienne qu'il n'y a pas lieu de leur réserver un traitement spécial simplement parce qu'on les utilise en laboratoire. À ce titre, on pourrait faire une analogie entre les rongeurs dont l'utilisation pour la recherche en laboratoire est très rigoureusement réglementée et ceux qu'on retrouve en milieu naturel et que chacun peut exterminer de la manière qui lui convient.
En général, compte tenu du niveau de conformité demandé par le projet de loi C-11 relativement aux pathogènes du groupe 2, il est difficile de s'inscrire en faux contre leur inclusion dans la loi. Cependant, les laboratoires du groupe 2 sont beaucoup plus nombreux que ceux des groupes 3 et 4 et le système de réglementation pourrait être submergé de dossiers si toutes ces installations essayaient de s'inscrire en même temps pour se conformer à la loi. Il incombe donc à l'Agence de la santé publique du Canada de veiller à ce que le processus d'inscription en ligne des laboratoires de niveau 2 se déroule sans heurt de manière à ne pas ralentir les progrès de la recherche. Pour ce faire, il serait avantageux de permettre aux organisations d'enregistrer tous leurs laboratoires de niveau 2 au moyen d'une seule demande.
Il y a bien évidemment certains aspect du projet du loi au sujet desquels des éclaircissements s'imposent pour juger des impacts probables sur le milieu de la recherche. Par exemple, de nombreux laboratoires utilisent des souches dégradées de pathogènes des groupes de risque 2 et 3 qui sont complètement inoffensives, mais il n'est pas indiqué clairement dans la loi qu'ils bénéficieront d'une exemption à ce chapitre.
En outre, de nombreux laboratoires ne faisant pas de recherche sur les pathogènes utilisent certaines toxines en petites quantités. Ainsi, plusieurs immunologistes se servent de la toxine du choléra ou de l'entérotoxine comme adjuvant de vaccination aux fins de leurs recherches. Est-ce que les laboratoires semblables devront s'enregistrer? Je crois personnellement qu'on devrait leur permettre de détenir une certaine quantité de toxines de ce genre avant d'exiger l'enregistrement de leurs installations.
Je vous remercie du temps que vous m'avez consacré et je suis prêt à répondre à vos questions.
:
Bonjour à tous. Un grand merci pour votre comparution et vos commentaires.
Voilà quelques jours déjà que nous recevons des témoins aux fins de cette étude. Je crois que les gens sont plutôt d'accord avec l'esprit de la loi, car nous sommes tous favorables à la biosécurité, mais un certain nombre de préoccupations ont émergé.
On s'interroge notamment au sujet des consultations. Est-ce qu'il y en a eu? Dans le cas des laboratoires du groupe 2, auxquels vous avez tous deux fait allusion, le processus sera-t-il très coûteux? Le dédoublement des efforts est aussi une source de préoccupation, surtout en Ontario et en Colombie-Britannique. La question de la protection des renseignements personnels a aussi été soulevée. Certains ont suggéré qu'on reprenne les consultations et qu'on soumette à nouveau la question au comité avec la réglementation.
J'aimerais d'abord vous demander si votre organisation a été consultée dans le cadre de ce processus et, le cas échéant, de quelle manière.
:
Nous avons été consultés. Je pense que les premières consultations remontent à la fin de 2007. Je n'ai malheureusement pas préparé de notes et je ne me souviens pas exactement des dates. Nous avons aussi été consultés l'an dernier et cette année également. Il y a eu trois séances. Il y a une séance publique à l'Université de Toronto puis une autre à huis clos réservée aux représentants de notre université à laquelle ont participé deux vice-présidents, quelques avocats et de nombreux membres du corps professoral. Nous avons également accueilli une autre séance regroupant l'Université de Toronto et tous les autres hôpitaux et établissements universitaires de l'Ontario. C'était également une séance à huis clos.
Ils ont été satisfaits des explications obtenues. La compétence des personnes responsables de l'aspect scientifique n'a jamais été remise en question. À ce titre, les relations entre les instances de la santé publique et les établissements de recherche sont excellentes.
Comme je l'ai déjà indiqué, la seule préoccupation découlait de l'habilitation de sécurité exigée pour le groupe de risque 2. Si vous promenez sur notre campus, vous constaterez que plus de 60 p. 100 de nos employés viennent de l'étranger. Je suis moi-même d'origine iranienne. J'habite au Canada depuis 20 ans, mais si on se fie à la définition de Georges W. Bush, j'appartiens à l'axe du mal. Chaque établissement doit donc déterminer dans quelle mesure cela peut exercer une influence. Comme nous avons des gens qui viennent de Chine et du Moyen-Orient, les impacts pour les laboratoires de niveau 2 sont énormes.
:
C'est tout à fait différent. Je vais vous donner d'autres exemples.
Tous les restaurants sont inspectés par le ministère du Travail, car il s'agit d'un lieu de travail. Il y a aussi des inspecteurs en santé qui vérifient la qualité des aliments. Je crois que l'Agence de la santé publique est l'autorité suprême, mais la technologie a évolué à un point tel qu'un simple inspecteur du ministère du Travail n'est pas en mesure de saisir toute la portée des travaux de recherche. Je ne voudrais surtout pas offenser ces gens qui accomplissent un excellent boulot, mais on ne peut pas nier les progrès technologiques. Il faut un spécialiste pour voir clair dans tout cela. Je crois que c'est une deuxième étape essentielle. Je comprends bien que les formalités administratives peuvent être harassantes, mais l'inaction n'est pas non plus une bonne chose.
Vous pouvez constater dans la documentation que les services américains de santé publique ont des données statistiques pour la période de 1951 à 1996. Des 4 000 cas alors étudiés, 61 p. 100 étaient des établissements de recherche où des infections avaient été contractées en laboratoire. Les laboratoires deviennent les pires délinquants, car leur personnel s'habitue au contact des bactéries qui en viennent à faire partie de la famille. Il n'y a pas de contrôles administratifs, ni de contrôles de génie, alors qu'on est dans un environnement de recherche. Le seul recours réside dans un examen secondaire externe, car les chercheurs s'habituent à leurs pratiques inappropriées. Il faut que quelqu'un de l'extérieur vienne apporter les correctifs requis pour que les mauvaises pratiques cessent et que la sécurité soit rétablie.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Monsieur Ghalami, je me pose certaines questions. Vous avez dit que le projet de loi est une très bonne initiative. Tous les témoins qu'on a entendus jusqu'à maintenant disent que l'esprit de ce projet de loi est correct, mais que ce sont plutôt certains détails qui posent problème. Par exemple, beaucoup de scientifiques nous ont fait part de leurs craintes par rapport à l'inclusion du groupe 2 dans le projet de loi. Ils trouvent également que certaines notions sont trop strictes et que la mise en place de certaines mesures prévues dans le projet de loi pourrait devenir beaucoup trop onéreuse pour les laboratoires.
Vous dites que tout va très bien pour le moment, que vos laboratoires sont sécuritaires et que vous vous efforcez de faire en sorte qu'il n'y ait pas de problèmes. Je comprends donc que les lignes directrices actuelles sont adéquates.
:
Oui. Je peux vous dire à ce sujet que l'Université de Toronto est un établissement public. Nous avons conclu un protocole d'entente avec l'organisme inter-conseils qui nous fournit du financement. Tous ces fonds sont versés à la condition que nous nous conformions à la troisième version des lignes directrices mises en place par l'Agence de la santé publique du Canada. C'est donc ce que nous faisons au niveau de mon établissement.
Si ce projet de loi était adopté demain et qu'il ne prévoyait aucune exigence en matière d'habilitation de sécurité, comme nous l'a promis l'Agence de la santé publique du Canada, nous n'aurions pas besoin de faire les choses autrement. La situation pourrait être différente pour les établissements du secteur privé, car ils ne sont pas actuellement tenus de respecter les règles. Nous n'avons d'autre choix que de nous y conformer, car notre financement gouvernemental en dépend.
J'agirai donc exactement de la même manière dans mon rôle d'agent à la biosécurité, pour autant que l'on renonce à l'exigence touchant l'habilitation. Nous exhortons d'ailleurs le gouvernement à lever cette exigence pour le groupe de risque 2, parce que les répercussions financières seraient énormes pour nous.
:
Vous soulevez là un point très important. Lorsque George Bush est arrivé au pouvoir et a interdit la recherche sur les cellules souches, nous avons hérité d'un grand nombre de chercheurs. Ce fut une perte pour les États-Unis et un gain pour le Canada. Plusieurs scientifiques qui ne pouvaient plus effectuer leurs travaux de recherche aux États-Unis sont venus travailler chez nous. Si nous établissons des règles aussi restrictives, nous allons nous aussi perdre des chercheurs au profit de l'étranger.
Mais si j'en reviens à ma déclaration initiale, le fait demeure que si l'exigence touchant l'habilitation de sécurité est levée, tel que promis, et si, comme nous en avons discuté avec l'Agence de santé publique du Canada, on adopte le mode de fonctionnement de la Commission canadienne de la sûreté nucléaire — c'est-à-dire qu'un certificat est octroyé à l'établissement pour qu'il prenne en charge toutes ses activités pour les groupes de risques inférieurs à 3 — nous n'aurons aucun fardeau administratif supplémentaire à assumer.
Il y a donc deux conditions que je poserais. Premièrement, il faudrait qu'on accorde un certificat valide pour tout l'établissement, ce que les gens de l'agence ont accepté de faire parce que cela leur simplifie également les choses, car ils ne souhaitent pas avoir à contrôler 250 laboratoires, un après l'autre. Deuxièmement, il faut que l'exigence de sécurité soit levée pour le groupe de risque 2. Si ces deux conditions sont remplies, nous n'aurons rien à changer dans nos modes de fonctionnement lorsque la nouvelle loi entrera en vigueur. Je pense que tous les établissements devraient faire le nécessaire à ce chapitre au bénéfice de leurs employés et des étudiants qui y travaillent, mais je ne peux pas parler en leur nom.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie nos témoins pour leur présence aujourd'hui, car ils ont présenté des points de vue différents de ceux qui les ont précédés.
Monsieur Ghalami, vous nous avez proposé une façon de voir les choses que je trouve plutôt intéressante. Vous avez dit qu'on s'habituait à la présence incessante de ces organismes. J'ai jadis travaillé sur un chantier de construction et je me souviens de ces gars qui étaient experts en explosifs et qui avaient pris l'habitude de travailler avec leur dynamite. En les voyant, on se disait qu'ils manipulaient la dynamite plutôt nonchalamment, mais ils avaient l'habitude. Mais cela demeure de la dynamite, et ça reste un explosif.
D'autres témoins nous ont indiqué que ces pathogènes de niveau 2 ne sont pas si dangereux, mais j'aimerais que vous nous disiez ce qui peut se produire avec certains d'entre eux. Vous avez mentionné que le VIH est un pathogène du groupe 2, et vous avez cité également la salmonelle et différentes souches d'E. coli. Comment la population peut-elle être affectée si les contrôles nécessaires ne sont pas exercés?
:
Bien sûr. D'ailleurs, l'échange entre chercheurs d'agents pathogènes était pratique courante.
En ce qui concerne les agents pathogènes de niveau 2, ce sont les chercheurs qui courent le plus grand risque, à moins d'intentions malveillantes. La personne mal intentionnée peut faire beaucoup de mal avec un agent pathogène de niveau 2. Pensons, par exemple, à ces personnes qui ont saupoudré les buffets à salades de quelques restaurants Pizza Hut de bactéries listeria, salmonella et shigella. Certes, il y a toujours la possibilité, mais quelle en est la probabilité?
Ce sont les chercheurs qui courent le plus de risque au jour le jour. Il s'agit surtout d'un risque professionnel. Les agents pathogènes de niveau 2 ne sont pas tellement contagieux, et ce sont les personnes qui les manipulent qui courent le plus de risque.
:
Si les exigences sécuritaires sont supprimées et si l'on adopte un régime de licences semblable à celui de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, je puis vous affirmer en toute confiance que l'Université de Toronto n'aura pas à modifier sa façon de procéder. Nous respectons déjà ces exigences parce que nous avons signé un protocole d'entente avec le conseil tripartite dans lequel nous nous engageons à suivre la troisième édition des lignes directrices de l'Agence de la santé publique.
Quoi qu'il en soit, c'est une bonne pratique, et là, je reviens à votre question antérieure sur les agents pathogènes du groupe de risque 2 qui présentent des risques modérés pour les particuliers et des risques faibles pour la collectivité. Si un agent pathogène, comme la tuberculose, peut être vaporisé, il ne s'agirait pas d'un agent pathogène de groupe de risque 2, mais bien de groupe de risque 3. Comme l'a dit mon collègue, les agents pathogènes de groupe de risque 2 présentent un risque pour des individus, c'est-à-dire les chercheurs.
Cependant, voulons-nous que nos chercheurs tombent malades? Non. Il faut avoir un système de suivi qui soit efficace si jamais de nombreuses personnes sont exposées à un agent pathogène. Il se peut que l'établissement ait à revoir la formation offerte aux employés ou les autres pratiques. Il faut être prévenant.
Comme je l'ai déjà dit, notre établissement n'a pas à modifier ses pratiques parce que nous sommes déjà conformes aux lignes directrices.
:
Il se peut qu'il y ait des exigences réglementaires provinciales. Les provinces craignent beaucoup que cela ajoute un fardeau supplémentaire. Monsieur Ghalami, je présume que votre laboratoire fait déjà l'objet d'un régime réglementaire, et c'est la raison pour laquelle vous dites que le projet de loi n'entraînera aucun changement. Cependant, les provinces sont inquiètes du fait qu'il y aurait un autre régime imposé.
Le projet de loi indique que, mises à part les vérifications de la sécurité, il n'y aura pas de disposition supplémentaire visant les agents pathogènes prévus dans l'annexe 2. Je constate qu'il y a des dispositions concernant la divulgation d'information, les licences, l'inscription, les vérifications de la sécurité, l'inspection, l'application, et ainsi de suite. Il me semble que toutes ces dispositions visent les agents pathogènes prévus à l'annexe 2, même si le résumé ne l'indique pas. Cela me préoccupe.
Vos laboratoires sont-ils soumis à des exigences en vertu d'un régime provincial, ou un tel régime existe-t-il uniquement en Colombie-Britannique?
:
Je répète ce que je vous ai déjà dit: je respecte le projet de loi à 100 p. 100 et je vais l'aimer si deux dispositions ne se réalisent pas. La première est celle sur la sécurité et la deuxième, celle sur les permis. Voilà donc pour ces deux éléments.
Nous ne faisons rapport ni aux législateurs provinciaux ni aux responsables de l'application de la loi dans les provinces, c'est-à-dire au ministre du Travail, sur nos produits biologiques. C'est du milieu de travail qu'ils s'occupent. Ils ont le droit de venir inspecter nos laboratoires quand bon leur semble, mais ils ne sont pas là pour examiner nos produits biologiques eux-mêmes. Leur compétence se limite au milieu de travail. Ils doivent donc veiller à ce que nous respections la Loi sur la santé et la sécurité au travail.
Pour sa part, l'Agence de la santé publique se concentre sur les produits biologiques. Elle ne se soucie pas que le plancher soit comme ci ou comme ça. Elle veut que chacun sache exactement quelle bête il est en train d'étudier et qu'il comprenne les conséquences d'utiliser le mauvais produit ou la mauvaise enceinte de sécurité biologique. Je mets les membres du comité au défi d'inviter les scientifiques pour leur poser la question. Il y a quatre différents types d'enceintes de sécurité biologique. Demandez aux scientifiques laquelle ils doivent utiliser quand il y a des radio-isotopes mélangés à des produits biologiques. La moitié des scientifiques ne le sauront pas. Ils sont comme des enfants dans un magasin de bonbons: ils se concentrent sur leur travail, et leur travail seulement. Le reste ne les intéresse pas beaucoup, donc il faut que quelqu'un s'occupe de faire respecter les règles.
:
Merci, monsieur le député. C'est une excellente question.
Évidemment, pour l'instant, je suis l'inspecteur. J'ai une responsable de la biosécurité qui inspecte les laboratoires. Si elle constate beaucoup de problèmes, je vais moi aussi inspecter le laboratoire. Personne ne vient vérifier mon travail pour savoir si je l'ai bien fait.
D'un point de vue personnel, si les inspecteurs de l'Agence de la santé publique du Canada ne viennent pas, c'est moi qui décide. Si par contre les inspecteurs de l'agence viennent, alors il y a un second regard impartial pour vérifier nos fonctions. Nous sommes soumis à une vérification des trois conseils, mais tout ce qui compte pour eux, c'est que nous ayons un système bien en place. Les membres de ces conseils ne vont pas inspecter les laboratoires. Ce sont des comptables agréés. Ils vérifient que tous les papiers sont réglementaires et qu'il y a un système en place. Ils vérifient donc le système dans son ensemble, mais n'évaluent pas le travail de laboratoire lui-même. En tant que responsable de la biosécurité, je préférerais qu'une personne qualifiée vienne vérifier mon laboratoire.
Nous espérons aussi et demandons que les inspecteurs qui sont chargés de venir examiner les laboratoires aient les mêmes compétences ou les mêmes qualifications que nos responsables de la biosécurité pour que nous n'ayons pas à faire affaire avec des personnes qui ne comprennent pas l'essence de notre travail.
Je peux donc dire en toute confiance que l'Agence de la santé publique du Canada figure parmi les meilleurs organismes de réglementation jusqu'à maintenant. Les gens de l'agence comprennent l'aspect scientifique, et je le dis avec fierté. Mais la réalité est telle que nous ne savons pas si ce seront eux les inspecteurs. Nous espérons que oui et qu'ils vont tout faire pour conserver leur réputation actuelle dans leurs inspections futures.
[Traduction]
J'aimerais avant tout remercier les membres du comité. Je serai très bref dans mes observations et vous laisserai beaucoup de temps pour les questions.
Je tiens à vous remercier sincèrement de tout le temps et de l'effort que vous mettez dans l'examen de ce projet de loi. Il est intéressant de prendre conscience du fait qu'il y a cinq ou six ans, avant le SRAS et la mise sur pied de l'agence, il était difficile d'attirer l'attention des gens sur ces questions. Aujourd'hui, tout le monde écoute. C'est une très bonne chose. Je suis content.
Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que le projet de loi sur les agents pathogènes humains et les toxines est un outil important...
Mme Judy Wasylycia-Leis: Faites attention à ce que vous dites.
Dr Butler-Jones: Non, je préfère le dire ainsi, pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
[Français]
C'est la raison pour laquelle nous avons pris son élaboration très au sérieux.
[Traduction]
Ce projet de loi a déjà fait l'objet d'une série de réunions avec plus de 400 intervenants depuis son dépôt, y compris certains des témoins que vous avez déjà entendus. Ces discussions ont permis de dégager plusieurs thèmes communs. Ces thèmes serviront de point de départ pour la suite du dialogue établi avec les intervenants sur les éléments du règlement proposé à mettre en oeuvre. Les consultations auprès des intervenants visent à assurer que le cadre de programme et de réglementation assure un équilibre entre les besoins en matière de biosécurité et les intérêts de la science et de la recherche.
Nous avons entendu ce comité.
[Français]
L'Agence de la santé publique du Canada fera tout ce qu'il faut pour donner au comité les assurances dont il a besoin.
[Traduction]
Nous donnerons suite à nos intentions déclarées à propos du cadre de programme et de réglementation, que vous avez déjà vu, je crois. À la lumière du récent dialogue entourant le projet de loi, nous redoublerons d'efforts pour favoriser la participation de nos intervenants et pour prendre en compte leurs points de vue de façon à honorer les engagements que nous avons pris devant ce comité et devant le pays entier. Nous vous avons présenté plus tôt durant la semaine le cadre de programme et de réglementation qui, selon moi, servira de point de départ des discussions sur un bon nombre de questions soulevées par le projet de loi.
Permettez-moi de vous remercier encore une fois pour le temps et l'énergie que vous avez consacrés à cette affaire. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Madame.
:
Pour l'instant, le comité est en train de l'examiner. Au départ, nous avions l'intention que ce projet de loi soit très englobant, comme bien des projets de loi. Dans la pratique, il y a beaucoup de choses qui seront difficiles à régler dans la loi, parce que c'est un outil trop général. Par exemple, est-ce que nous nous inquiétons de tous les pathogènes de niveau 2? Non. Je dirais même plus: est-ce que nous nous inquiétons de tous les pathogènes de niveau 3? Non. Il faudra toutefois consulter abondamment les experts de ces domaines pour déterminer desquels nous devons nous inquiéter. Pour déterminer si tel pathogène est l'E. coli 157 ou l'E. coli que tout le monde a dans son estomac, entre autres, il faudra consulter abondamment les experts, question de nous assurer que nous inscrivons les bons pathogènes dans les bonnes catégories dans le règlement.
C'est la même chose pour les attestations de sécurité. Nous n'avons aucun intérêt à exiger une attestation de sécurité pour le niveau 2 seulement et nous ne le souhaitons pas non plus. Ce serait un fardeau inutile qui ne nous aiderait pas. L'objectif du cadre de programme et de réglementation, c'est de nous doter du régime le moins intrusif et le plus efficace possible, en réduisant au minimum les effets secondaires, comme dans le contexte thérapeutique. Il faudra pour cela approfondir beaucoup plus nos analyses et nos consultations que pour l'élaboration de la loi. La loi va toutefois jeter les bases du cadre qui nous permettra de faire le pas suivant. Cela va prendre du temps, mais c'est ce que je veux dire par notre intention: nous voulons continuer d'avancer.
Personne ne veut se tromper; nous voulons tous réduire le fardeau minimum; nous voulons tous que la loi soit efficace. Il est déjà arrivé... Par exemple, certains membres du comité se rappelleront l'époque où nous avons identifié le H2N2, qui était distribué partout dans le monde.
Le H2N2 a été le dernier virus pandémique, il nous a frappés dans les années 1960. Aucun être humain né depuis ce temps n'y est immunisé. Ce virus a été envoyé à 8 000 laboratoires du monde, y compris dans des cabinets de médecins, à titre d'épreuve de compétence de laboratoire comme pathogène de niveau 2. Ç'aurait pu être la prochaine pandémie. Ce n'est que parce que nous avions un cadre de réglementation en place pour les pathogènes importés que nous avons réussi non seulement à en identifier la source, mais également à communiquer avec tous les établissements du Canada qui l'avaient importé pour qu'ils le détruisent très rapidement. Ce n'est qu'un exemple.
:
D'après ce que vous dites, beaucoup de gens craignent qu'une loi aussi englobante soit trop vaste et englobe trop de choses, particulièrement dans les annexes. Allez-vous aider la ministre à rédiger certains amendements pour rectifier le tir?
Vous connaissez le problème. Les gens ont été invités à participer à une séance d'information — nous avons entendu un son de cloche un peu différent aujourd'hui — qu'ils perçoivent maintenant comme une communication à sens unique. Toutes les doléances qu'ils ont exprimées là-bas, ils les ont exprimées de nouveau devant le comité. Ils n'ont pas l'impression qu'elles ont été prises en compte dans le nouveau projet de loi. Si vous poursuivez les consultations sur le règlement, mais que les gens ont d'aussi grandes réserves à l'égard du projet de loi, cela ne servira pas à grand-chose pour ceux d'entre nous qui ont entendu les témoins et craignent qu'une loi « englobante » soit trop vaste et n'ait des conséquences involontaires sur les attestations de sécurité ou ne crée des chevauchements.
En Colombie-Britannique comme en Ontario, les gens sont inquiets. Ils ont le sentiment d'être traités comme des intervenants plutôt que des partenaires. D'une certaine manière, on dirait que le travail préalable au dépôt du projet de loi au Parlement n'a pas été fait, parce qu'il n'y aurait pas eu la communication bilatérale nécessaire pour améliorer le projet de loi.
Pour revenir à mes commentaires de la semaine dernière sur le fait que la ministre s'est retrouvée toute seule, je pense que dès qu'on consulte les intervenants, les gens doivent sentir qu'on les écoute. Si nous ne sommes pas en mesure de faire ce qu'ils nous demandent, alors nous devons leur expliquer que nous ne pourrons pas le faire pour telle raison ou que pour harmoniser nos règles avec celles du reste du monde, nous devons faire ceci. Ce qui nous inquiète, c'est qu'il y a deux grandes universités aux États-Unis qui ont arrêté d'étudier certains pathogènes parce que ce régime est trop restrictif. C'est très inquiétant à nos yeux parce que cela nous empêche d'assurer la sécurité du Canada. Certaines personnes croient simplement que la recherche qui serait nécessaire coûte trop cher ou qu'elle est trop compliquée.
Je vous repose la question. Concernant l'assurance de la qualité des consultations auprès des citoyens, vous avez entendu beaucoup de témoins dire que le nouveau projet de loi ne tient pas compte de leurs points de vue. Pourriez-vous, ne serait-ce qu'au sein de votre agence, retourner lire ce qu'on vous a dit et nous en faire part, puis nous dire pourquoi vous ne pouvez pas suivre leurs conseils? Pourquoi est-ce que cela ne transparaît pas dans le projet de loi?
Comme pour le projet de loi précédent, nous nous sommes récemment entretenus avec une foule de personnes — notamment, des partenaires — à propos du projet de loi actuel. Nous nous ferons un grand plaisir de déposer le compte rendu dès qu'il sera traduit. On y indique essentiellement la liste des participants et les observations qui ont été faites. Nous poursuivrons ces consultations.
Il revient en partie au Parlement et au gouvernement de décider quoi mettre dans la loi et quoi mettre dans le règlement. Cela ne veut pas dire que nous n'allons pas nous en occuper, mais la question suivante se pose: que faut-il inclure à tout prix dans la loi par rapport au règlement, et à quel niveau de précision? Il incombe donc, en partie, aux législateurs d'en discuter plus à fond.
Les messages que nous avons entendus dans le cadre de ces discussions et ceux qui ressortent de nos entretiens d'aujourd'hui vont dans le sens de notre intention. Si vous examinez l'ébauche de notre cadre réglementaire, vous verrez que la plupart des questions dont nous parlons sont en fait traitées dans notre plan. Nous devrons mener des consultations assez exhaustives tout au long du processus, dans un avenir rapproché, sur l'élaboration de l'architecture des programmes et du cadre réglementaire pour nous assurer que tout est en ordre.
Soyons un peu réalistes. Au bout du compte, jusqu'à ce que la loi entre en vigueur et que les gens voient comment elle est appliquée, ils établiront des repères et nous feront part de leurs suggestions ou de leurs craintes. Jusqu'à ce que la loi soit appliquée... Je ne connais pas vraiment ces gens; il est donc intéressant de les entendre parler de leur expérience — parce qu'en tant qu'importateurs, ils sont déjà réglementés par notre agence — et de savoir s'ils se sentent à l'aise avec notre façon de procéder. Bon nombre des autres établissements ne sont pas assujettis à une telle exigence; c'est pourquoi les personnes concernées redoutent les répercussions éventuelles. On a beau leur dire d'attendre de voir l'application réelle, c'est difficile.
:
Merci, madame la présidente.
Merci d'être de retour.
Je voudrais commencer par faire un commentaire général. Aujourd'hui, nous avons entendu deux individus qui ont le sentiment profond d'avoir été consultés et qui sont favorables à la loi. Plus tôt, nous en avons entendu d'autres qui ont le sentiment profond de ne pas avoir été consultés et qui s'y opposent, suivant certaines nuances. Ils sont d'accord sur le fond, mais ils sont contre certains aspects. Ça devrait nous enseigner quelque chose. Lorsqu'on consulte, on a plus de chances d'avoir une approbation générale. C'est ce qui a manqué jusqu'à maintenant. Vous pourrez commenter, si vous le voulez.
Maintenant, j'aimerais parler d'une lettre que nous avons reçue de la commissaire à la protection de la vie privée. Je trouvais important d'avoir son opinion parce que la loi contient certains aspects qui touchent directement la transmission de l'information. Voici ce qu'elle nous a répondu:
Nous aurions aimé recevoir une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée (ÉFVP) pour comprendre la manière dont tous les risques posés à la vie privée dans ce projet de loi avait été atténuée mais nous n'en avons toujours pas reçu. [...] Le commissariat devrait recevoir les ÉFVP bien avant que les décisions ne soient mises en oeuvre afin que nous puissions fournir des commentaires au début du processus.
Pourquoi n'avez-vous pas fourni ces évaluations à la commissaire? Avez-vous effectué ces évaluations?
:
L'analyse des impacts sur la protection des renseignements personnels et de la vie privée se fera dans le cadre de l'élaboration du programme et des règlements. Le ministère doit mener ce genre d'analyse.
La Loi sur la protection des renseignements personnels et la Charte continueront de s'appliquer à tous les pouvoirs exercés en vertu de la nouvelle loi. On fait toujours une analyse, lorsqu'on aborde ces questions.
Nous avons lu la lettre de la commissaire. Certains principes continueront à s'appliquer, surtout ceux concernant l'application de l'article 4 de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Deux principes sont enchâssés dans la loi. Quand le gouvernement a le pouvoir de recueillir et de transmettre des renseignements personnels, il doit respecter certaines règles. En anglais, on dit:
[Traduction]
« the minimum collection rule » et « the minimal disclosure principle », c'est-à-dire la règle de la collecte minimale et le principe de la divulgation minimale.
[Français]
Ces deux principes continueront de s'appliquer à tous les pouvoirs qui seront exercés en vertu de la nouvelle loi.
Je sais que la commissaire a fait des commentaires sur des articles communs qui figurent dans différentes lois, que ce soit la Loi sur la mise en quarantaine ou la Loi sur les aliments et drogues. Ces lois contiennent les mêmes contraintes. Nous croyons fermement que l'analyse que nous avons menée a permis de rédiger et d'étoffer ces contraintes adéquatement. Nous continuerons à appliquer ces principes.
:
Je m'exprimerai en anglais pour plus de précision.
[Traduction]
Cela nous ramène à la fameuse question qui relève des législateurs: quel niveau de détails faut-il inclure dans la loi par rapport au règlement?
Pour ce qui est des dispositions générales du projet de loi, nous examinerions chacune d'elles... ainsi que la spécificité, c'est-à-dire la question de savoir quels agents pathogènes inclure ou exclure. Même au niveau 3, certains agents sont moins inquiétants que d'autres. Par exemple, on n'est pas aussi préoccupé par la tuberculose que les autres pathogènes de niveau 3.
Voilà donc en quoi consistera le processus d'élaboration du règlement. Comme les témoins l'ont dit tout à l'heure, il faut faire preuve de souplesse pour déterminer quoi inclure et quoi exclure, et je peux...
:
J'ai deux arguments à faire valoir. Le premier concerne un point que j'ai déjà évoqué et que je vais étayer, c'est-à-dire le problème auquel nous nous heurtons parfois avec les laboratoires de niveau 2. Je ne m'inquiète pas des universités, ni des laboratoires provinciaux. Il y a un grand nombre de laboratoires qui ne font pas l'objet de discipline, d'examen détaillé, de surveillance, etc. Par exemple, en ce qui concerne le récent incident du virus H5 en Europe, les Européens nous demandent quels moyens nous avons pour détecter le lieu d'origine et le lieu de destination de ces agents pour pouvoir en faire le dépistage. À l'heure actuelle, nous n'en avons pas le pouvoir.
Si des lois provinciales existent, elles ont tendance à porter sur la santé et la sécurité au travail et sur la qualité, mais pas sur la biosécurité. Ce projet de loi vient donc combler une lacune. Je répète: des consultations détaillées seront de mise pour régler ces questions. Il faudra également une étroite collaboration avec les provinces et les territoires pour veiller à ce que nos activités soient complémentaires. D'ailleurs, nous discutons avec eux de la possibilité d'établir des régimes mixtes afin de déterminer comment minimiser les tracasseries administratives et le fardeau imposés aux installations et de veiller à ce qu'on s'attaque efficacement à ces problèmes.
Quant à savoir à quel point il faut être précis à propos de l'intention du projet de loi, cette décision relève du comité. Comme je l'ai dit tout à l'heure, les gens pourraient me faire confiance. Ils pourraient avoir confiance dans l'agence. Ils veulent connaître nos orientations futures. Mais il y a des dispositions. En vertu du processus législatif, nous sommes tenus de mener des consultations exhaustives tout au long du processus d'élaboration du règlement, et nous ne manquerons pas de le faire. C'est un engagement que nous avons pris. Le cadre réglementaire et les déclarations d'aujourd'hui vous montrent, de façon officielle, en quoi consistent notre intention et notre plan.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Pour donner suite à la série de questions de Judy, certains des témoins ont dit que nous devrions nous débarrasser du niveau 2, mais je crois que leurs objections étaient basées sur la conviction que la sécurité allait leur poser problème. D'ailleurs, M. Ghalami a dit aujourd'hui que si nous pouvions retirer cette exigence de sécurité...
Vous avez indiqué que l'intention visée n'a rien à voir avec l'idée que se sont faite les témoins précédents; je constate donc qu'il y a eu un malentendu entre les témoins que nous avons entendus précédemment.
J'aimerais qu'on parle un peu de la façon dont les intervenants ont été consultés. D'après ce j'ai cru comprendre, vous avez tenu des séances à Saskatoon, à Québec, à Montréal, à Ottawa, à Winnipeg, à Halifax, à Toronto, à Vancouver, à Guelph et à Calgary. Plus de 2 700 courriels ont été envoyés. Vous avez dit quelque chose, docteur Butler-Jones, à propos de votre liste. Combien de pages contient-elle? Qu'avez-vous?
:
Je vais laisser à Theresa le soin de parler des séances.
Je m'en tiendrai à dire que j'apprécie vraiment tous les commentaires. Au bout du compte, nous voulons faire les choses correctement, dans n'importe quel projet de loi, dans n'importe quel dossier. Pour être efficaces, nous devons être transparents. Nous devons être un organisme axé sur la collaboration. La santé publique n'a pas de frontière. Par conséquent, peu importe où nous en sommes dans le processus, lorsqu'on nous propose de nouvelles pistes, je m'en réjouis.
Cela dit, nous avons également eu ces discussions, etc., par le passé, et il s'agit, en partie, de révéler nos intentions. Autrement dit, comme dans la question de Judy, assurons-nous de mettre les points sur les i et d'indiquer clairement notre plan. Quant à savoir s'il procéder dans le cadre de la loi, du règlement, des consultations ou des documents connexes, c'est en quelque sorte une question de jugement, à mon avis. Ce qui importe, c'est d'y arriver.
Je suis ravi d'entendre tous ces commentaires, même si certaines des personnes que nous avons déjà consultées et qui nous ont dit ne pas avoir de problème ont maintenant changé d'avis. Ils reviennent sur leur décision, comme nous le faisons souvent, ou ils entendent les propos de quelqu'un, puis les rumeurs commencent à circuler. Il nous faut donc y faire face.
Je suis heureux que ces commentaires soient présentés en tout temps, parce qu'il vaut mieux y donner suite. Nous tenons compte de tous ces commentaires, y compris des délibérations du comité, et nous veillerons à ce que ces questions soient réglées de la meilleure façon possible.
Theresa peut vous en parler, si vous le voulez.
:
Je crois que l'intention a toujours été de faire en sorte que le groupe de risque 2 soit traité différemment des groupes de risque 3 et 4.
Je veux juste m'attarder sur ce point. Nous avons écouté les intervenants, et nous avons ajusté le projet de loi à la lumière de leurs commentaires.
En ce qui concerne l'attestation de sécurité, le projet de loi est assez intéressant. Au départ, l'article 33, qui porte sur les habilitations de sécurité, visaient l'ensemble des groupes de risque 3 et 4. Nous avons adapté le libellé de façon à ce que cette disposition porte sur des pathogènes et des toxines précis, parce que nous voulions accorder au groupe de risque 3 assez de souplesse pour ne pas tout inclure. Mais maintenant, la question est de savoir si nous devons inclure le groupe de risque 2.
À vrai dire, on nous a dit que même l'inclusion des groupes de risque 3 et 4 ne donnait pas la souplesse nécessaire; par conséquent, grâce aux consultations sur le règlement, on pourrait avoir une certaine flexibilité pour sélectionner uniquement des pathogènes précis du groupe de risque 3.
Les intervenants nous ont également parlé de la question des étudiants et des autres personnes qui ont besoin d'attestation de sécurité, et nous avons inclus dans l'article 33 l'autorisation d'avoir un effectif sans attestation de sécurité dans les laboratoires. Le but, c'est de ne pas exiger une attestation de sécurité pour le groupe de risque 2. Cette décision visait à donner plus de souplesse au moment de préciser les pathogènes particuliers. En même temps, certaines personnes ont trouvé que l'intention pour le groupe de risque 2 n'est pas évidente. Quoi qu'il en soit, telle était l'intention.
Relativement aux problèmes avec le libellé, nous avons, en fait, déjà apporté des changements.
J'ai juste une petite question, et c'est peut-être par pure naïveté que je vous la pose. À entendre bon nombre des préoccupations, il me semble qu'elles sont attribuables au fait que, de nos jours, la mentalité de la confiance aveugle ne suffit plus; les gens ne craignent pas tellement ce que le projet de loi va faire ou ce que nous espérons qu'il va faire parce que, selon moi, tout le monde croit en la biosécurité, la sécurité, etc. Ce qui nous préoccupe, c'est ce qui sera inclus dans le règlement.
Lorsque j'examine le document « Cadre réglementaire et programme potentiels », daté du 2 février, je vois des mots comme « pourraient consister à », « il pourrait », « il est probable que », « il pourrait y avoir une période de mise en place progressive », « il n'est pas prévu de », « pourrait ». Pourquoi ne pouvez-vous pas changer certains des mots dans ce document afin de rendre les choses plus décisives et de régler certaines des questions et des préoccupations soulevées par les gens? Cela n'apaiserait-il pas certaines des craintes ?
:
Pour les laboratoires qui se conforment déjà au Règlement sur l'importation des agents anthropopathogènes, je dirais que presque tous les laboratoires du groupe de risque 3 et, bien sûr, ceux du groupe de risque 4 le font déjà. Les messages clairs dont on nous a fait part concernent les préoccupations relatives au groupe de risque 2.
Pour le groupe de risque 2, nous avons établi un cadre proposé en matière de réglementation et de programmes, en vertu duquel nous n'exigerons pas d'attestation de sécurité. Nous nous attendons à ce que les gens conservent des inventaires simples, pour qu'ils puissent nous les présenter si nous en avons besoin. Les inspections ne se feront pas tous les ans; elles se feront au besoin, de même que les vérifications ponctuelles. Tous ces plans de programmes et de réglementation visent à minimiser l'impact.
Nous comptons un laboratoire de niveau 2 au sein de l'Agence de la santé publique du Canada. Une des façons dont nous essayons d'examiner l'impact, c'est en fait de poser directement la question aux représentants. Ainsi, nous leur avons demandé quel serait l'impact sur leurs laboratoires, une fois que le projet de loi aura reçu la sanction royale. Ils nous ont dit que ce serait très minime parce qu'ils n'ont qu'à s'assurer de fournir le nom d'une personne-ressource et d'indiquer s'ils travaillent avec des organismes interdits. Ensuite, tout se passe vraiment sur le plan de la conception des programmes. Pour ce qui est du coût, nous avons fait quelques calculs approximatifs, mais il y a moyen d'entrer dans les détails — et nous avons des comptables qui s'en occupent — jusqu'à ce que la conception des programmes soit approfondie, ce qui exige la contribution des intervenants.
À l'heure actuelle, nous sommes en mode circulaire: nous voulons réduire l'impact, mais nous ne voulons pas que ce soit coulé dans le béton. En même temps, on ne peut pas connaître le coût exact, mais je peux dire sans me tromper que pour le groupe de risque 2, nous essayons de minimiser l'impact.