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Bon après-midi à vous tous.
Madame la présidente, membres du comité, encore une fois, je suis ravie de pouvoir me présenter devant vous de nouveau pour vous décrire les mesures que nous prenons face au virus grippal H1N1, et plus particulièrement nos efforts pour appuyer les membres des premières nations qui vivent dans les réserves.
Je suis accompagnée aujourd'hui de l'administrateur en chef de la santé publique, le Dr David Butler-Jones, ainsi que de Shelagh Jane Woods, directrice générale des Soins de santé primaires et de la Santé publique pour la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada.
J'aimerais également vous présenter le Dr Paul Gully, qui vient de se joindre à Santé Canada à titre de conseiller médical spécial. Il aidera à coordonner la prestation de services de santé d'urgence dans les collectivités des premières nations touchées par le virus H1N1. Le Dr Gully était auparavant en affectation à l'Organisation mondiale de la santé, à titre de coordonnateur adjoint des Nations Unies pour la grippe. Il a également travaillé pour Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada.
Au cours de cette séance, je compte faire appel à ces deux spécialistes pour répondre au mieux à vos questions.
Dans mon exposé d'aujourd'hui, je souhaite expliquer comment nous avons géré le virus H1N1 pendant près de cinq mois. Je compte aborder plus particulièrement les points suivants: les raisons pour lesquelles il est important de se concentrer sur les premières nations dans nos préparatifs en prévision de l'automne, nos modalités de collaboration avec les provinces et les dirigeants des premières nations pour aider les collectivités à se préparer, et ce que nous envisageons de faire pour consolider nos mesures d'intervention et souligner l'importance de protéger la santé des collectivités.
Comprendre ce virus, déterminer la façon dont il se propage et recenser les groupes les plus vulnérables sont, depuis le départ, nos priorités. Nous avons immédiatement compris la nécessité de mettre en oeuvre notre plan national de lutte contre la pandémie. Nous avons depuis respecté les directives du plan et nous ne le regrettons pas. Pour cette raison, il faut maintenir le cap alors que nous nous préparons à une propagation accrue de la maladie cet automne.
La communication avec les Canadiens est, et continuera d'être, un élément essentiel de ce plan. La collaboration avec les provinces, les territoires, les premières nations, les Inuits et les organismes de santé d'un bout à l'autre du pays a permis d'établir une approche claire et cohérente à l'égard de cette maladie à l'échelle du Canada. Santé Canada s'engage à travailler avec les intervenants clés et ses partenaires nationaux et internationaux pour nous aider à approfondir nos connaissances et nos méthodes de prévention et de traitement du virus H1N1.
La semaine prochaine, l'Agence de la santé publique du Canada tiendra une conférence qui sera la première en son genre au Canada. Des responsables de la santé publique, des spécialistes des soins intensifs et des experts médicaux du Canada et d'autres pays se réuniront à Winnipeg pour discuter des meilleures méthodes de traitement et de gestion des cas graves de grippe H1N1. À cette occasion, nous espérons élaborer de nouvelles directives pour traiter et gérer les cas graves et pour composer avec les répercussions que ces nouveaux cas auront sur les hôpitaux.
La préparation d'un vaccin suit son cours, et les essais cliniques devraient commencer en octobre au plus tard. Comme vous le savez, nous disposerons de plus de 50 millions de doses du vaccin afin d'immuniser tous les Canadiens qui le voudront. La gestion de la maladie repose sur la vaccination. Inutile de vous rappeler que la prévention de cette maladie est notre principal objectif.
J'aimerais maintenant parler du travail que nous avons accompli avec les premières nations. Il faut noter que les modèles de prestation de soins diffèrent d'une collectivité autochtone à l'autre. Mon propos porte aujourd'hui sur les membres des premières nations vivant dans la réserve, car la prestation de leurs services de santé est une responsabilité que se partagent les gouvernements fédéral et provinciaux. La prestation des soins de santé aux Inuits relève des gouvernements territoriaux et provinciaux, mais les Inuits demeurent une priorité pour Santé Canada. En fait, j'ai rencontré 25 maires du Nunavut mercredi dernier.
Il y a des facteurs sociaux et démographiques qui font que les membres des premières nations vivant dans la réserve et les collectivités nordiques et éloignées doivent être considérés comme prioritaires dans nos activités de préparation en vue de l'automne. Bien que Santé Canada et ses bureaux régionaux considèrent les Inuits comme prioritaires et les appuient, je compte limiter mon propos d'aujourd'hui aux premières nations.
Nos recherches montrent que certains segments de la société semblent courir un risque plus élevé de souffrir de complications s'ils contractent le virus. Par exemple, nous savons que les jeunes âgés de 16 à 25 ans, les femmes enceintes et les personnes qui ont une pathologie sous-jacente, comme le diabète, font partie de cette catégorie.
Bon nombre d'entre vous savez déjà que la moitié des personnes qui vivent dans les réserves ont moins de 25 ans. En fait, l'âge médian des membres des premières nations est de 25 ans, comparativement à 40 ans pour le reste du Canada. En outre, le taux de natalité dans les réserves est trois fois supérieur à celui observé dans la population générale, ce qui signifie que le nombre de femmes enceintes par habitant est plus élevé dans les collectivités des premières nations.
Enfin, chez les membres des premières nations, le taux des maladies chroniques est supérieur.
Bref, chez les membres des premières nations, la proportion de personnes davantage susceptibles de constituer des cas plus sévères de grippe H1N1 est plus élevée que dans la population générale. De surcroît, nous ne sommes pas sans savoir que certaines conditions sociales, notamment l'entassement et le fait que certaines collectivités ont un accès limité à l'eau pour leurs besoins d'hygiène — par exemple, pour se laver les mains — viennent compliquer les mesures visant à minimiser la propagation et les répercussions des agents viraux.
Pour toutes ces raisons, nous insistons davantage sur les mesures de préparation à une seconde vague, peut-être encore plus forte, qui surviendrait cet automne, en veillant à ce que les soins soient bien coordonnés et qu'ils soient administrés aux membres des collectivités concernées au bon moment, les fournitures nécessaires soient à la fois disponibles et accessibles et que les collectivités soient bien préparées et au fait de la situation.
S'agissant de la distribution des soins dans les collectivités des premières nations, l'efficacité de la collaboration entre les différents niveaux du gouvernement est primordiale. Lorsqu'un membre d'une localité éloignée des premières nations doit être transféré dans un hôpital de la province, Santé Canada fait le nécessaire pour assurer le transport d'urgence. Cela veut donc dire que les membres des premières nations vivant dans la réserve doivent être traités pour des symptômes graves de la grippe H1N1, ils reçoivent des soins hospitaliers par le truchement de leur système de santé provincial.
Lorsque plusieurs organismes sont appelés à intervenir, il est important de bien définir les rôles de chacun et de veiller à ce que les tâches soient accomplies correctement. À ce chapitre, je voudrais mentionner que nos activités de préparation en vue de la grippe H1N1 dans les collectivités des premières nations seront à l'ordre du jour de la réunion du 17 septembre avec mes homologues provinciaux et territoriaux.
Les responsables de Santé Canada de nos bureaux régionaux ont tissé des liens encore plus solides avec leurs homologues provinciaux. Par exemple, au Manitoba, le personnel affecté à la santé des premières nations et des Inuits assiste à des réunion trilatérale régulière avec les représentants de la province et des premières nations du Manitoba. Ces réseaux se sont révélés efficaces, surtout lorsque l'éclosion a atteint son paroxysme au Manitoba un peu plus tôt cette année.
En Colombie-Britannique, les premières nations sont bien placées pour faire face à une éclosion éventuelle du virus H1N1, grâce à leur collaboration avec le Groupe trilatéral. Parmi les autres membres du groupe, notons les représentants de Santé Canada et du ministère provincial de la Santé, et plus particulièrement le bureau du médecin-hygiéniste en chef et le médecin-conseil en santé autochtone de la Colombie-Britannique. Des consultations semblables ont eu lieu dans l'ensemble des régions du Canada.
En plus de leurs communications avec les provinces, les hauts fonctionnaires du ministère travaillent directement avec les chefs des premières nations, comme ils le font toujours. En juillet, des responsables du portefeuille de la Santé étaient sur place lors de l'assemblée générale annuelle de l'Assemblée des Premières Nations, tenue à Calgary, pour y faire des exposés et répondre aux questions des participants. Par ailleurs, les bureaux régionaux de Santé Canada distribuent régulièrement des bulletins d'information aux dirigeants des collectivités et tiennent régulièrement des téléconférences avec eux. En outre, nous apportons un soutien financier et technique aux collectivités, afin qu'elles puissent établir leurs plans de lutte contre la pandémie.
Je devrais également vous faire remarquer que, depuis son élection en juillet, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le chef national Atleo de l'Assemblée des Premières Nations et que la question du virus grippal H1N1 a été au coeur de nos discussions. Je me permets d'ajouter que j'ai eu une autre rencontre avec lui ce matin. Je vais également rencontrer les chefs de la Colombie-Britannique au cours des deux prochains jours.
Nous disposons, bien entendu, d'un plan national, soit le Plan canadien de lutte contre la pandémie de grippe, mais nous avons également besoin de plans de proximité dans tous les secteurs. En d'autres termes, nous ne pouvons pas imposer une solution unique dans un pays comme le nôtre. Cela ne marcherait pas. Pour les premières nations, le Plan canadien de lutte contre la pandémie de grippe comprend l'annexe B, qui définit les rôles et les responsabilités de tous les participants à la planification des mesures d'intervention visant les membres des premières nations vivant dans les réserves. Au nombre de ces participants, mentionnons les gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi que les collectivités des premières nations elles-mêmes.
Nous disposons également de plans qui répondent aux besoins de collectivités particulières — ce sont des plans qui s'inspirent des principes sous-tendant le plan national et les plans provinciaux, mais qui ont été élaborés par les dirigeants des collectivités concernées. Ces plans de proximité indiquent de manière plus détaillée et plus circonstanciée la manière dont une collectivité particulière réagira en cas de flambée infectieuse. Jusqu'à présent, plus de 90 p. 100 des collectivités des premières nations se sont dotées d'un tel plan de lutte.
Au cours des dernières semaines, les hauts fonctionnaires de Santé Canada dans chaque région communiquent régulièrement avec les collectivités et se rendent sur place, au besoin, afin de déterminer tout nouveau besoin en matière de planification. Nous savons que de nombreuses collectivités ont non seulement fini de mettre au point leur plan, mais aussi mis à l'épreuve leur plan communautaire de lutte contre la pandémie. J'étais en Saskatchewan la semaine dernière, et j'ai remarqué que presque toutes les collectivités des premières nations de la province avaient mis leur plan à l'épreuve. Ces collectivités et bien d'autres au Canada, se sont énormément investies dans ces préparations.
Nous avons également pris l'engagement de veiller à ce que les postes de soins infirmiers qui desservent les premières nations soient munis de toutes les fournitures dont ils auront besoin pour traiter les victimes de la grippe H1N1. Nous avons déjà commencé à entreposer des agents antiviraux dans les postes de soins infirmiers des collectivités éloignées et dans des installations régionales, afin qu'ils puissent être distribués le plus rapidement possible.
Bien sûr, pendant une pandémie, c'est sur le personnel de santé de première ligne que l'on compte d'abord. Si la grippe H1N1 atteint son degré de virulence potentiel, la demande de personnel infirmier sera sans précédent. Étant donné que Santé Canada compte sur son personnel infirmier pour offrir la majorité de ses services dans les collectivités éloignées, il est important d'être prêt à intervenir dans les collectivités où les besoins seront les plus pressants.
Plus tôt cet été, lorsque le niveau d'alerte était plus élevé dans le nord du Manitoba, nous avons procédé à une réaffectation du personnel infirmier entre divers postes de soins afin de parer aux cas les plus urgents. Nous pourrons utiliser la même stratégie cet automne.
En prévision de l'automne, nous dispensons également des cours de formation additionnels aux travailleurs appropriés, afin qu'ils soient en mesure de répondre aux besoins émergents. Par exemple, nous prenons des dispositions pour que près de 400 infirmières et infirmiers chargés des soins à domicile dans les réserves sachent administrer le vaccin. Comme vous le savez déjà, nous collaborons avec d'autres organismes afin de fournir aux collectivités des premières nations les fournitures nécessaires et leur donner de la formation et des directives d'orientation.
Tous ces préparatifs devraient vous convaincre que notre priorité numéro un en ce moment est d'être prêts à affronter une possible deuxième vague, qui pourrait être plus forte et qui déferlerait au cours de la prochaine saison grippale. C'est le genre d'éclosion pour laquelle les fonctionnaires chargés du portefeuille fédéral de la Santé se préparent depuis la crise du SRAS en 2003.
Au cours de ces années de préparation, il leur est apparu évident qu'il fallait sensibiliser et informer le public dans le cadre de notre stratégie. C'est la raison pour laquelle nous sommes d'ores et déjà en train de diffuser des avis de santé publique dans les publications autochtones. Nous avons également communiqué de la documentation aux bureaux des conseils de bande, aux chefs et aux organisations inuites. De même, nous nous apprêtons à diffuser des messages en 26 langues et dialectes autochtones par le biais de radios communautaires autochtones, ainsi que des avis de santé publique qui seront télédiffusés par le biais de réseaux et de stations communautaires autochtones.
Par ailleurs, nous publions sur le site combattezlagrippe.ca de la documentation spécialement destinée aux premières nations et nous nous proposons d'entamer une campagne à l'aide des médias sociaux afin de conférer à nos efforts le plus grand rayonnement possible. Comme le dit si bien notre campagne publicitaire, « s'informer, c'est se protéger ».
Par nos efforts de communications, nous voulons faire en sorte que les résidents des collectivités des premières nations aient toute l'information dont ils ont besoin. Je ne demande pas mieux que de poursuivre ma collaboration avec les dirigeants des collectivités, dont bon nombre sont présents ici aujourd'hui, afin de trouver la meilleure façon d'appuyer et de renforcer nos activités de préparation. Nous savons tous que nous devons redoubler de vigilance.
Je vous remercie, mesdames et messieurs, et je suis à votre disposition pour répondre à vos questions. Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame la ministre, docteur Butler-Jones, Shelagh Jane Woods et docteur Gully de votre présence parmi nous cet après-midi.
La réunion d'aujourd'hui a lieu une semaine après la première, et si nous étions d'avis qu'il fallait vous inviter, de même que les représentants des collectivités des premières nations et inuites, à comparaître cet après-midi, c'est parce que nous avions le sentiment que, par rapport à tous les différents domaines de préparation en vue d'une pandémie, celui où la préparation était la moins avancée concernait la situation dans les collectivités autochtones.
Madame la ministre, aujourd'hui vous avez brossé un tableau assez optimiste de la situation, en laissant entendre que tout va pour le mieux à l'approche de l'automne, lorsque nous pourrions avoir à faire face à une pandémie. Or c'est tout à fait contraire à tout ce que nous entendons dans les collectivités des premières nations. D'ailleurs, nous aurons de nouveau l'occasion de recevoir leurs témoignages un peu plus tard aujourd'hui. Les responsables semblent penser que nous ne sommes pas aussi bien préparés que vous semblez le dire. Ils se posent des questions bien importantes. Ils ont également de graves préoccupations concernant la suffisance des fournitures, des ressources, du personnel et des communications.
Donc, nous nous réunissons aujourd'hui afin de déterminer ce qui manque et comment nous pourrons régler les problèmes car, selon moi, personne ici présent n'oserait dire que nous sommes vraiment aussi bien préparés que nous devrions l'être maintenant, étant donné que nous sommes à la fin août, et qu'une nouvelle éclosion pourrait se produire dès septembre.
Ma première question est donc celle-ci: au Manitoba, les responsables des collectivités des premières nations, sous l'impulsion du grand chef Evans, se sont réunis pour demander qu'on leur accorde des fonds pour l'obtention de trousses de protection contre la grippe. La Province du Manitoba a accepté de leur donner de l'argent pour ces trousses. Il reste que les collectivités des premières nations se sont vu obligées d'organiser des campagnes de collecte de fonds afin de réunir suffisamment d'argent pour acheter les trousses de protection. J'ai assisté à une activité de collecte de fonds vendredi dernier où il y avait beaucoup de monde, ce qui leur a permis de réunir une somme très importante, et c'est à cette occasion que le chef Evans a déclaré qu'il s'agissait d'une contribution très importante au bien-être des collectivités du Manitoba.
La question que je voudrais donc vous poser, madame la ministre, est celle-ci: êtes-vous prête à débloquer des crédits pour permettre à toutes les collectivités des premières nations et inuites du Canada d'acquérir des trousses de protection contre la grippe?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les hauts fonctionnaires du ministère de leur présence, et je tiens à dire que je m'associe tout à fait au propos de ma collègue.
Je dois avouer que je suis vraiment perplexe. Si c'est le cas, c'est parce que je vous entends dire qu'il faut tenir le cap, alors que, d'après moi, nous n'avons pas agi assez rapidement dans certains domaines — par exemple, au printemps, quand il y a eu de graves problèmes au Manitoba, nous aurions aimé, madame la ministre, que vous vous rendiez dans les collectivités touchées. Personnellement, j'aurais aimé que vous tentiez de ralentir la propagation du virus. Nous savions, d'après ce qui se produisait au Mexique, que certaines collectivités étaient plus à risque. Nous savons que c'est le cas des collectivités des premières nations, comme on nous l'a expliqué aujourd'hui, mais au printemps — pour exactement les mêmes raisons — nous savions d'ores et déjà que le risque était plus élevé dans ces collectivités-là.
J'aimerais donc savoir quelle a été la durée moyenne du séjour à l'hôpital pour les membres des premières nations, s'ils ont été transférés à Winnipeg, et pendant combien de temps ils sont restés branchés à un appareil respiratoire, comparativement à d'autres Canadiens. Voilà ma première question.
Je vous pose tout de suite la seconde également. Ce que j'aimerais obtenir, c'est un tableau de ventilation par province indiquant, pour toutes les collectivités des premières nations et inuites, combien d'entre elles ont un plan, une brève description de l'ampleur du plan et qui l'aurait examiné. L'étape d'élaboration du plan a-t-elle à peine commencé, est-elle terminée à moitié ou encore est-elle complètement terminée? Et si les collectivités se sont déjà dotées d'un plan, ce dernier a-t-il fait l'objet d'essais? Les collectivités ont-elles commandé des fournitures?
Nous avons visité des collectivités où les responsables ne savaient même pas qu'il était possible de commander des fournitures. Ils n'ont pas encore commencé à élaborer un plan. Et même s'ils possèdent certaines fournitures, le fait est qu'il n'est pas suffisant de leur faire parvenir un carton de fournitures ne portant aucune indication de ce à quoi elles doivent fournir.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup, madame la ministre, d'être de retour et d'accepter de vous entretenir de nouveau avec nous sur cette question très importante. Je sais que l'ensemble des membres du comité, de même que tous les Canadiens, ont des inquiétudes à ce sujet. En même temps, je suis heureuse de constater la rapidité avec laquelle les travaux progressent, de même que les bons résultats qui en découlent.
Madame la ministre, j'étais particulièrement ravie de vous entendre expliquer, dans votre exposé liminaire, les différentes étapes de la stratégie de lutte contre le H1N1. Vous avez parlé de la nécessité de comprendre comment le virus se propage, quels sont les groupes les plus vulnérables, de prendre connaissance de ces réalités-là et d'autres, de s'assurer que le plan est bien appliqué et renferme les éléments les plus essentiels, soit la communication avec le public, la collaboration avec les territoires et les provinces et les activités internationales. En ce qui me concerne, tout cela est très positif et c'est grâce à ces activités qu'il sera possible de bien gérer l'éclosion du H1N1 au Canada.
Je n'ai certes pas d'expérience dans le domaine de la planification en vue d'une pandémie mais, en tant que maire d'une municipalité pendant de nombreuses années, j'ai participé à de nombreux cours sur la planification des mesures d'urgence et le rôle des différents paliers de gouvernement. Selon moi, il est tout à fait essentiel que les différents intervenants collaborent et que chacun comprenne en quoi consiste son rôle — car il faut comprendre que ce n'est pas un problème fédéral; c'est un problème pour tous les paliers de gouvernement. Qu'on parle des autorités municipales, provinciales ou fédérales, dans une telle situation, chacune doit comprendre la nature de son rôle et être en mesure de s'acquitter de ses responsabilités. Donc, je trouve très positif que nous ayons l'occasion aujourd'hui de discuter, notamment des problèmes qui se posent dans les collectivités des premières nations et de la situation spécifique qui y existe.
Vous avez parlé, entre autres, des communications avec le public. Même si je n'ai pas noté vos propos exacts, je crois vous avoir entendu dire, dans votre exposé liminaire, que vous avez mis des annonces dans des publications autochtones. Si j'ai raison, pourriez-vous me donner d'autres détails à ce sujet, entre autres, la distribution de ces publications, qui les reçoit, et comment les membres des premières nations peuvent y avoir accès dans les différentes régions?
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Merci, madame la présidente.
Je suis encore estomaquée par les propos qu'a tenus la ministre tout à l'heure en réponse à ma question, à savoir que les membres des premières nations devraient simplement aller acheter les fournitures qu'il leur faut pour lutter contre la grippe. Il y a une trentaine d'années, on disait: qu'arriverait-il si c'était les garderies qui avaient tout l'argent qu'il leur fallait pour bien élever les enfants, mais le Sénat devait organiser des ventes de gâteaux pour payer les bureaux et les salaires des sénateurs? Je trouve tout à fait choquant que les responsables des collectivités des premières nations soient obligés d'organiser des ventes de gâteaux pour recueillir suffisamment d'argent pour acheter les fournitures.
Je comprends, madame la ministre, que vous êtes originaire d'une collectivité inuite et que vous avez pu vous-même observer les conditions qui y existent, mais cela ne semble vraiment pas avoir influencé votre approche, d'après ce qu'on entend aujourd'hui. J'ai moi-même visité Iqaluit, Pond Inlet, Pangnirtung et Resolute Bay, et je sais donc combien coûtent la nourriture et les produits en général, et à quel point il est difficile de les avoir. On ne peut pas simplement aller au Shoppers Drug Mart du coin. Il n'est pas facile de sortir de ces collectivités.
Il me semble que c'est une simple question de bon sens que de vouloir tenir compte des conditions qui existent dans les réserves — dont vous avez l'entière responsabilité — surtout que, depuis que votre gouvernement est au pouvoir, ces conditions se sont détériorées, la pauvreté a augmenté et les gens ont de moins en moins d'accès aux fournitures dont vous parlez.
De plus, si j'ai bien compris, certains postes de soins infirmiers ne sont même pas en mesure de fournir du Tylenol aux malades. Là nous parlons de fournitures de base qui sont essentielles en vue d'une pandémie qui pourrait survenir en moins d'un mois. Malgré tout, vous me dites que les gens devraient simplement aller acheter eux-mêmes les fournitures qu'il leur faut.
[Français]
Je répète en français. J'ai beaucoup pensé à cela parce que j'ai participé à l'événement qui avait pour but d'amasser des fonds pour combattre la grippe. Aucune communauté ou réserve ne devrait avoir à faire une levée de fonds, ou dépendre de la charité, pour couvrir les dépenses reliées à la grippe.
[Traduction]
Les questions que je vous pose sont les suivantes: allez-vous cesser de voir la situation dans l'optique d'une famille moyenne vivant en banlieue et commencer à tenir compte des véritables conditions qui existent, afin de répondre aux besoins des membres des collectivités des premières nations et inuites? Et j'ai une question précise à vous adresser: si la pandémie survient dès demain, combien de réserves et combien de collectivités des premières nations et inuites sauront à qui s'adresser? Leur est-il possible de s'adresser à quelqu'un pour obtenir les fournitures que nous essayons maintenant de leur acheminer? Leur sera-t-il possible de trouver un téléphone pour appeler les services d'urgence?
Le virus H1N1 constitue une menace pour la santé du monde qui touche de façon disproportionnée les premières nations du Manitoba, comparativement à la population générale, et ce en raison de la pauvreté de nos membres, du manque d'accès aux fournitures médicales à domicile, du manque d'accès aux soins de santé, du manque d'information au sujet du H1N1, de nos logements surpeuplés et du manque d'accès à l'eau courante. Le surpeuplement des logements crée des conditions qui favorisent la propagation rapide d'un virus qui se propage dans l'air.
Une deuxième vague dévastatrice d'infections dues au virus H1N1 est sur le point de déferler sur nos collectivités. La formation des premières nations du Manitoba sur un système de gestion des incidents qui va nous permettre d'intervenir de manière coordonnée face à la menace du H1N1, et d'agir comme centre névralgique pour chaque première nation, est maintenant terminée. Les premières nations individuelles seront à même d'intervenir face à des urgences locales et se prépareront pour la saison grippale de l'automne en faisant leur propre planification en vue d'une pandémie.
Dans le cadre de notre campagne de sensibilisation, nous avons imprimé et distribué des affiches sur le H1N1 à 17 000 domiciles et entreprises appartenant à des membres des premières nations au Manitoba. Le 24 juin 2009, sous la direction du conseil exécutif de l'Assemblée des chefs du Manitoba, j'ai demandé que toutes les premières nations du Manitoba déclarent l'état d'urgence relativement à la pandémie du virus H1N1. Cette mesure a été prise afin de garantir la sécurité de tous les membres des premières nations au cours de la future crise et de forcer les gouvernements à se montrer responsables et à répondre des mesures essentielles qui doivent être prises par ces derniers eu égard à leur responsabilité fiduciaire à l'endroit des premières nations.
Il existe de nombreuses raisons d'être préoccupés par la menace que présente le virus H1N1 au Manitoba, où 62 p. 100 des membres des premières nations sont âgés de moins de 25 ans. Nous savons que l'âge moyen des cas confirmés d'infection par le H1N1 est de 12 à 17 ans, que l'âge moyen des victimes qui en sont mortes est 22 ans et que 52 p. 100 des malades hospitalisés étaient âgés de moins de 19 ans. Nous savons également que les femmes enceintes présentent le risque le plus élevé et sont donc quatre fois plus susceptibles d'être hospitalisées.
Au cours de la première vague, nous étions mal préparés pour composer avec les effets de la grippe. Nos postes de soins infirmiers étaient dépassés presque immédiatement. De plus, les centres de soins de santé dans 37 collectivités des premières nations n'assurent pas de soins primaires. Le centre de soins primaires le plus proche est situé à une heure de route, en moyenne.
Au cours des quatre derniers mois, nous nous sommes heurtés à différents problèmes et obstacles en essayant d'élaborer un plan d'intervention. Au niveau de la formation, par exemple, AINC et la DGSPNI n'ont pas réagi à nos demandes de formation de responsables pouvant mettre sur pied des centres de commandement et de gestion des incidents jusqu'au moment où les médias ont fait savoir à la population que le MKO avait décidé de dispenser la formation sans l'aide du gouvernement fédéral. Nous sommes constamment bloqués en raison de décisions financières qui tiennent surtout de l'avarice et qui font complètement abstraction de la responsabilité fiduciaire de la Couronne en matière de soins de santé. Par exemple, la DGSPNI a donné l'ordre d'utiliser les crédits accordés au titre des soins de santé pour les opérations à mettre en branle en vue d'une pandémie, alors que ces crédits étaient déjà réservés pour d'autres services essentiels.
Nous sommes découragés en constatant avec quelle rapidité les gouvernements se sont bousculés au portillon pour venir en aide à l'industrie porcine, lorsqu'elle a subi des pertes, simplement parce qu'on parlait de « grippe porcine », mais qui ont ensuite traîné les pieds pour nous venir en aide. Il faut de longues discussions et des interventions continuelles à de nombreux paliers de gouvernement différents afin de déterminer quel organisme a la responsabilité et, dans certains cas, le simple désir d'intervenir pour faire progresser ces dossiers importants. Comme les autres provinces et territoires du Canada et, au fond, le reste du monde, nous attendons de recevoir le vaccin, mais nous avons très peur que la grippe survienne avant que le vaccin ne soit mis à la disposition de la population en général.
Comme premier moyen de défense, nous avons créé une trousse médicale de protection contre le H1N1, que la province et diverses entreprises partenaires acceptent de payer. Nous aurions osé croire que le gouvernement fédéral jugerait bon de soutenir des mesures aussi bien réfléchies, au lieu d'exprimer des critiques à la fois explicites et implicites et d'ériger des obstacles. Nous avons donc conclu que notre meilleur état de préparation sera peut-être inférieur à ce qui est nécessaire, en raison notamment de notre situation unique, puisque bon nombre de nos collectivités sont éloignées et très mal équipées.
Nous sommes tout à fait abasourdis de constater que le gouvernement du Canada, même s'il s'est doté d'un plan bien conçu, qu'on appelle l'« annexe B », en vue de composer avec la situation unique des collectivités des premières nations, a décidé de ne pas mettre en oeuvre ce même plan. L'inaction du gouvernement à ce chapitre nous semble tout à fait inadmissible. Ma plus grande préoccupation par rapport à la pandémie de grippe H1N1 est le fait que nous ne faisons rien en fin de compte pour agir sur les conditions mêmes qui rendent les premières nations particulièrement vulnérables.
En matière économique, il est largement admis que le maintien d'un bon état de santé coûte moins cher, à court et à long terme, que d'avoir à traiter des maladies chroniques. Dans ce cas, comment se fait-il que les premières nations continuent à faire face à la réalité de leurs conditions de vie inférieures, alors que ces dernières sont bien connues et bien documentées? Pourquoi ne faisons-nous rien pour agir sur les conditions matérielles de leur vie qui ne cessent de s'aggraver, augmentant encore les risques que présente pour elles cette pandémie, sans parler des facteurs de risque qui y sont déjà présents, tels que le diabète et l'obésité? Quelle meilleure occasion de s'attaquer enfin au problème omniprésent des mauvaises conditions de vie dans les collectivités des premières nations que de prendre des mesures pour éliminer ce grave risque pour la santé?
Il est tout à fait manifeste, en ce qui me concerne, que les dépenses qui seraient nécessaires pour s'attaquer de façon proactive à ces conditions de risque connues constitueraient un excellent investissement dans la santé actuelle et future des membres des premières nations. Un tel investissement garantirait, une fois pour toutes, que le gouvernement du Canada assumerait enfin les responsabilités qui lui incombent en vertu des traités, en ce qui concerne l'inégalité des conditions de vie des premières nations par rapport à d'autres, y compris l'accès égal aux services et aux ressources à long terme.
Ekosani. Meegwetch. Masi-cho. Wopida. Merci.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, je voudrais remercier les membres du comité de m'accorder le privilège de comparaître cet après-midi. Je vous suis reconnaissant de vous intéresser vivement à un dossier aussi important. Comme d'autres l'ont déjà dit aujourd'hui, nous parlons d'une situation qui touche la vie des gens.
Grand chef, j'abonde dans le même sens; veuillez transmettre nos voeux au chef. Nous prions pour lui et pour sa famille.
J'aimerais commencer par exprimer mon respect et mon appui pour les observations du grand chef, et notamment ses dernières remarques, où il insistait sur l'importance des traités. Comme nous le savons depuis toujours, ces traités ont été signés dans un esprit de reconnaissance et de respect mutuels afin de favoriser l'harmonie entre peuples. Comme le grand chef vient de nous le faire remarquer, le virus H1N1 nous permet de prendre connaissance de l'occasion qui nous est donnée maintenant de repenser nos attitudes, les unes envers les autres, et notre façon de travailler ensemble.
Afin d'appuyer les propos du grand chef, je voudrais vous faire part de certaines observations au nom de l'Assemblée des Premières Nations.
Je considère que notre rôle, c'est-à-dire celui du bureau du chef national, consiste à appuyer les efforts des chefs et à reconnaître que ce sont leurs ancêtres qui ont signé les traités. Ce sont donc eux qui détiennent le titre et les droits ancestraux.
Grand chef Garrioch, quand je suis allé vous voir dans le nord du Manitoba, j'ai remarqué que, à la réunion que vous avez organisée, les chefs commençaient par vous parler du virus H1N1. Ils étaient profondément préoccupés par l'état de santé et le bien-être de leur famille et de leurs collectivités.
La discussion d'aujourd'hui doit nous permettre de mettre en relief le problème de l'état de santé et le bien-être des membres de nos collectivités et de nous assurer que les mesures d'intervention face au H1N1 sont prises en temps opportun, étant donné que ces mesures seront de plus en plus importantes à l'approche de l'automne. C'est la raison pour laquelle je désire exprimer ma gratitude envers le comité de nous avoir tous rassemblés cet après-midi.
J'avais exprimé mes propres préoccupations à ce sujet — qui rejoignent essentiellement les propos du grand chef — directement à la ministre en lui demandant une réunion. J'étais donc très heureux de pouvoir discuter longuement avec la ministre ce matin. Nous avons abordé diverses questions, et notamment celles de la reconnaissance du pouvoir des premières nations de s'occuper de leurs propres membres, ce qui correspond tout à fait à ce que décrivait le grand chef.
Nous savons qu'il existe d'autres modèles, y compris celui des accords tripartites, en vertu desquels les différentes administrations, les premières nations et d'autres paliers de gouvernement travaillent ensemble pour définir les interventions, par opposition à un système en vertu duquel les décisions sont prises et les solutions sont définies de façon unilatérale.
Au fond, le principal message que je désire communiquer aux membres du comité touche cette idée d'action conjointe dans les différents dossiers, c'est-à-dire l'analyse conjointe des politiques, et le rassemblement conjoint des données et des différents éléments d'information, notamment en ce qui concerne la nécessité de reconnaître que les premières nations constituent une priorité. S'il y a une chose sur laquelle je voudrais insister avec énergie aujourd'hui — et ce sont les chefs que j'ai rencontrés hier qui me l'ont dit; d'ailleurs, tous les chefs du Canada sont du même avis — c'est notre vive conviction que, tout en nous intéressant aux analyses scientifiques, nous devons — et c'est un élément important — tenir compte de l'ensemble des indicateurs sociaux de la santé. En d'autres termes, il faut être sensible aux difficultés qui touchent les premières nations, telles que celles dont on parlait tout à l'heure, soit l'accès à l'eau et d'autres facteurs. Cela suppose l'établissement d'un véritable partenariat et la reconnaissance des pouvoirs des premières nations, pouvoirs qui découlent de nos traités.
Il existe un certain nombre d'exemples. En Colombie-Britannique, où il existe un arrangement tripartite, il y avait des communications entre les trois parties. Peut-être faut-il examiner ces différents exemples pour voir comment nous devrions travailler ensemble. Il est clair, cependant, que les ressources nécessaires doivent être fournies pour que ce travail conjoint puisse se réaliser.
L'élaboration conjointe de lignes directrices nationales est une mesure importante et nécessaire que je désire recommander au comité.
Je vous fais remarquer en passant que j'ai soulevé toutes ces questions auprès de la ministre. J'ai beaucoup insisté auprès d'elle sur la nécessité de reconnaître la compétence des premières nations. Le problème des taux élevés de grossesse et la vulnérabilité particulière des membres des premières nations, ce dont parlait tout à l'heure le grand chef — voilà autant d'éléments qui méritent l'attention particulière du Canada et du comité. Nous parlons de la vie des gens — de gens au sein de notre société et de nos collectivités qui sont extrêmement vulnérables. Un tel effort suppose de la transparence et l'entière collaboration de tous.
Lors de ma rencontre avec les grands chefs, ils m'ont fait part d'un problème d'accès inégal à l'information. Une telle inégalité au niveau de l'information diffusée au sujet de la situation sur le terrain n'est pas utile. Cela donne lieu à des craintes, à de l'anxiété et à un élément de méfiance entre les personnes qui participent à la relation. Selon moi, nos peuples exigent que nous soyons de bien meilleurs dirigeants que cela. Je crois que la ministre s'est engagée à suivre de près la situation et à assurer une plus étroite collaboration avec nous, et les grands chefs devront justement en discuter en plus de profondeur afin de savoir exactement quelle forme cela pourrait prendre.
Enfin, nous avons également proposé l'idée d'organiser assez rapidement un exercice national d'une forme ou d'une autre pour nous permettre de nous attaquer directement à cette question. Pour conclure, les grands chefs m'ont fait remarquer que, même s'il s'agit d'une véritable crise — nous y sommes déjà confrontés, et vous avez entendu qu'on a demandé que l'état d'urgence soit déclaré — il faut absolument profiter de cette crise pour parler de ce qui ne marche pas en général au sein du système, pour examiner le lien avec les déterminants sociaux de la santé — y compris l'eau, et la nécessité d'éduquer la population et de lui fournir les installations nécessaires — et aussi — c'est l'élément le plus important, selon moi — pour reconnaître les pouvoirs et la compétence des premières nations, ainsi que le caractère sacré des rapports fondés sur des traités.
Je suis très heureux que la Dre Barker ait pu être présente aujourd'hui. Nous avons demandé à la ministre de s'assurer que la conseillère sur le H1N1 auprès des premières nations travaille en étroite collaboration avec la conseillère de l'Assemblée des Premières Nations, et elle s'y est engagée. Donc, la Dre Barker est présente et pourra éventuellement participer à la discussion.
Merci encore une fois.
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Je suis accompagné du chef Bart Tannsie de la première nation Denesuline de Hatchet Lake. Je suppose que c'est moi qui vais le faire.
Je voudrais, tout d'abord, vous saluer, madame la présidente et membres du comité. Je m'appelle Don Deranger, et je vice-chef du Grand Conseil de Prince Albert.
Je voudrais vous remercier de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui afin de vous informer de nos préoccupations, de notre état de préparation et de nos plans d'intervention face au H1N1 pour les premières nations relevant du Grand Conseil de Prince Albert. Dans un premier temps, je voudrais vous fournir quelques renseignements de base à notre sujet.
Le Grand Conseil de Prince Albert est composé de 12 premières nations et représente environ 35 000 membres et 24 collectivités. Les 12 premières nations sont réparties entre deux secteurs et quatre regroupements: le premier secteur, celui du Grand Nord, le secteur Athabasca Denesuline, les Moskégons, les Cris des Plaines et les nations Dakota, et les Cris des bois.
Le Grand Conseil de Prince Albert occupe également quatre zones de traité, soit celles des Traités 5, 6, 8 et 10. L'assise territoriale du Grand Conseil de Prince Albert couvre une superficie d'environ 100 000 kilomètres carrés. Cette zone est située essentiellement au centre et dans le nord-est de la Saskatchewan. Le Grand Conseil de Prince Albert est l'un des plus grands conseils tribaux de l'ouest du Canada, mais certaines de nos collectivités sont éloignées.
Depuis l'apparition du virus grippal H1N1, le Grand Conseil de Prince Albert et ses collectivités s'efforcent de relever les défis qui en ont découlé. Nous avons eu de la chance jusqu'à présent, en ce sens qu'il n'y a pas eu de décès dans les collectivités qui relèvent du Grand Conseil. Mais, étant donné que la saison grippale approche et que les experts médicaux prévoient une nouvelle vague d'infection par le virus H1N1 dès cet automne, au Grand Conseil de Prince Albert, nous faisons de notre mieux pour préparer nos collectivités en nous assurant qu'elles sont dotées des meilleurs plans de lutte possible; cependant, afin de pouvoir venir en aide à nos collectivités et de nous assurer que leurs plans sont efficaces, il nous faut soulever un certain nombre de problèmes, car il faut que nos collectivités soient à même de continuer à fonctionner pendant l'éclosion du H1N1. Parmi ces problèmes, nommons, premièrement, l'absence d'une aide financière additionnelle; deuxièmement, le recrutement et le maintien en poste des infirmières et infirmiers; et troisièmement, la viabilité des programmes et services.
Parlons d'abord du manque de ressources financières. La population de chacune des collectivités relevant du Grand Conseil de Prince Albert augmente considérablement chaque année, sans que les fonds dont nous disposons au titre de l'administration augmentent en conséquence. Les majorations prévues en fonction de la population et les augmentations financières tardent à arriver, ce qui défavorise dès le départ bon nombre de nos collectivités.
La maigre augmentation annuelle de 3 p. 100 est loin de permettre aux collectivités de s'attaquer aux problèmes de santé de leurs membres ou de répondre aux besoins de ces derniers. Malgré l'insuffisance de ces fonds, le Grand Conseil de Prince Albert est censé se préparer pour une éventuelle éclosion du H1N1, continuer à administrer jour après jour les divers programmes et services, acheter des fournitures médicales d'urgence coûteuses, établir une réserve de produits essentiels, recruter des professionnels de la santé, etc., etc. Au cours des six dernières années, les collectivités du Grand Conseil de Prince Albert, avec l'aide de la NITHA, un fournisseur de services de troisième niveau, préparent des plans qui doivent aider les collectivités à se préparer pour une éventuelle éclosion du virus grippal H1N1. Dans ce sens-là, nous avons de la chance; il reste que nous craignons toujours de grever nos budgets déjà à peu près épuisés à un point tel que notre mauvaise situation financière est susceptible de continuer à constituer une lourde charge pour nous longtemps après le passage du virus H1N1.
Le gouvernement fédéral doit absolument reconnaître qu'il s'agit d'une problématique de longue date à laquelle il faut s'attaquer, si nous souhaitons que nos collectivités soient à même d'élaborer des plans adéquats et efficaces.
S'agissant du recrutement et du maintien en poste du personnel infirmier, les collectivités du Grand Conseil de Prince Albert continuent d'être aux prises avec ce problème épineux. Les infirmières qui travaillent dans les collectivités des premières nations ne bénéficient pas d'un traitement équitable en matière de rémunération. Les infirmières qui relèvent du régime provincial reçoivent des augmentations considérables et bénéficient de mesures d'incitation qui les amènent à quitter nos collectivités, étant donné que nous ne pouvons rivaliser avec les échelles salariales de la province. Or le gouvernement fédéral ne tient pas compte du fait que nous ne recevons aucun financement additionnel qui nous permettrait de mieux rémunérer les infirmières qui travaillent dans nos collectivités.
Ainsi la vie de nos membres sera en danger car nous n'aurons pas au sein de nos collectivités les professionnels de la santé qu'il nous faut pour soigner leurs membres lorsque l'éclosion du H1N1 battra son plein. La pénurie de personnel infirmier constitue pour nous un problème grave qu'il faut absolument solutionner, étant donné qu'il influe sur notre capacité de bien soigner nos membres pendant l'éclosion. Il s'agit donc d'une question critique et il est maintenant temps d'admettre qu'elle existe, au lieu de fermer les yeux sur le problème. Il nous faut nous attaquer à ce problème avant que l'éclosion ne survienne.
Un exemple de la crise qui sévit dans certaines de nos collectivités, en ce qui concerne l'accès aux soins infirmiers, est la signature de contrats de services avec des fournisseurs de services médicaux d'urgence. On a recours à du personnel infirmier d'un peu partout parce qu'il faut pouvoir assurer les services le week-end dans la collectivité. De plus, les infirmières sont stressées et finissent par travailler pour la province, au lieu de rester dans nos collectivités, étant donné que nous ne sommes pas en mesure de leur offrir les mêmes échelles de salaire que la province.
Enfin, je voudrais soulever la question de la viabilité des programmes et services. Nous trouvons tout à fait inadmissible que l'on s'attende à ce que les collectivités du Grand Conseil de Prince Albert continuent à mener toutes leurs activités et qu'elles élaborent en même temps leurs plans en vue d'une éventuelle éclosion du H1N1, et ce à partir du même budget et avec les mêmes ressources. Pour être en mesure de continuer à offrir les mêmes programmes et services dans nos collectivités, il nous faut absolument bénéficier de ressources additionnelles. Le Grand Conseil de Prince Albert a élaboré son propre plan de circonstance relativement aux mesures d'intervention d'urgence qui peuvent être nécessaires qui définit ce qui se fera dans les collectivités touchées par le H1N1. Grâce à un soutien additionnel de deuxième niveau en soins infirmiers, en formation, en éducation et en prévention, l'aide dont nous avons bénéficié pour l'élaboration des plans de lutte s'est révélée extrêmement bénéfique et intéressante, puisqu'elle nous a permis de nous en tenir à un taux de propagation extrêmement faible. Dans nos collectivités, la planification en vue d'une pandémie est en cours depuis au moins six ans et continue d'être une priorité pour le Grand Conseil de Prince Albert.
Dans l'ensemble, à l'exception des trois zones mentionnées, le Grand Conseil de Prince Albert tient absolument à s'assurer que toutes nos collectivités sont bien préparées pour la réapparition du virus H1N1 durant la saison grippale. En conséquence, nous espérons que le gouvernement fédéral saura répondre de façon positive à nos besoins.
(grand chef, Manitoba Keewatinowi Okimakanak):
Bon après-midi à tous.
Au nom des 30 premières nations et 62 000 citoyens du nord du Manitoba représentés par le MKO, je vous remercie de l'occasion qui nous est donnée de faire partie des discussions du groupe d'experts ici réuni sur la préparation au H1N1 et les mesures d'intervention élaborées par les collectivités autochtones et inuites face au virus H1N1.
Je voudrais vous informer d'une tendance alarmante qui a été observée au sein de notre région pendant la première vague d'infection résultant de l'actuelle pandémie de grippe H1N1. Selon l'Agence de la santé publique du Canada, le 15 juillet, il y avait 151 membres de premières nations dont l'infection avait été confirmée en laboratoire dans l'ensemble du Canada, alors qu'il y avait 139 cas confirmés au Manitoba. Selon le ministère de la Santé du Manitoba, le même jour, 125 membres de premières nations, dont l'infection avait été confirmée en laboratoire, étaient du nord du Manitoba, soit la région du MKO. Le 6 août 2009, dans notre région du nord du Manitoba, il y avait 133 cas de grippe confirmés en laboratoire, de décès enregistrés, dont la cause n'avait pas été confirmée et qu'il s'agissait d'une femme enceinte atteinte du H1N1 qui avait perdu un enfant. Ces statistiques publiques illustrent bien la gravité des effets du H1N1 sur la région du MKO.
En fait, cette tendance alarmante dans notre région correspond à une « grappe », telle qu'elle est définie par l'Organisation mondiale de la santé. Cette grappe de cas aurait dû immédiatement faire comprendre à la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits, ainsi qu'à l'Agence de la santé publique du Canada, que notre situation était grave, et ces organismes auraient dû être incités à réagir conformément au mandat du Bureau national des équipes d'intervention sanitaire d'urgence, dont l'objectif est « de former et d'accréditer des équipes d'intervention d'urgence en santé dans l'ensemble du pays et de veiller à ce qu'elles puissent être déployées dans un délai de 24 heures pour aider les autorités provinciales, territoriales ou locales » — c'est nous qui soulignons — « à fournir des soins médicaux d'urgence en cas de catastrophe. »
À ce chapitre, nous craignons que les premières nations soient exclues du champ d'application du protocole d'intervention d'urgence de l'Agence de la santé publique du Canada, étant donné qu'il n'y a pas eu de réaction jusqu'ici de la part de cette dernière dans la région du MKO, si ce n'est dans la région d'Island Lake à la suite de pressions politiques, même si la fréquence des infections dues au H1N1 dans les autres collectivités était presque aussi élevée.
Jusqu'à présent, le financement et les ressources humaines accordés par la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits pour la préparation des mesures d'intervention en vue d'une pandémie se sont révélés totalement insuffisants et, qui plus est, reposent sur des attentes irréalistes. Depuis 2007, le MKO a reçu 375 000 $ pour les consultations auprès des premières nations et pour former ces dernières sur le plan de la préparation à une pandémie. Les trois conseils tribaux que représente notre organisme ont reçu en tout 72 000 $ pour la préparation en vue d'une pandémie. Nos premières nations n'ont rien reçu.
Lorsqu'on tient compte de la vaste zone géographique qu'il faut parcourir pour des fins de consultation et, plus récemment, l'aide fournie aux premières nations au titre de la planification, il est évident que les ressources humaines qu'on peut consacrer à de telles activités, vu le caractère très limité des régimes de financement, sont telles que la coordination, la planification et la mise en oeuvre des plans d'intervention des collectivités, de même que la formation qui s'y rattache, échappent totalement à notre contrôle. La région du MKO couvre une superficie correspondant aux deux-tiers de celle de la province du Manitoba; de plus, nous avons 16 premières nations qui sont accessibles exclusivement par hydravion. Bref, le gouvernement fédéral n'est pas bien préparé pour intervenir auprès de nos citoyens dans le contexte annuel de la pandémie.
Nous trouvons inconcevable que les premières nations aient à mettre la dernière main à leurs plans d'intervention en cas de pandémie sans bénéficier d'argent nouveau. De plus, il convient de vous faire remarquer que le délai de deux mois qui a été accordé est irréaliste, comme la DGSPNI l'a elle-même déclaré le 29 mai 2009. Par contraste, la Burntwood Regional Health Authority, financée par la Province du Manitoba, a reçu plus de 60 millions de dollars par an et continue à perfectionner son plan de lutte contre la pandémie.
Afin de mettre encore plus en relief le manque de préparation des premières nations et des Inuits, le directeur général régional au Manitoba a envoyé une lettre aux premières nations le 17 juin 2009 pour les informer qu'il serait possible de conclure une entente en vue d'autoriser, provisoirement, l'utilisation des ressources de programmes pour intervenir en cas d'éclosion de la grippe. En réalité, cette mesure est ridicule, puisqu'elle suppose que les premières nations accepteront de reporter à plus tard des programmes dont la population a désespérément besoin afin de supporter la planification non financée des mesures d'intervention en cas de pandémie. Le fait est qu'il n'existe pas de stratégie à long terme pour le moment. Le MKO a été obligé de réaffecter les crédits versés au titre du Fonds pour l'adaptation des services de santé des Autochtones afin d'être en mesure d'aider les collectivités à préparer des mesures, telles que l'éducation, la sensibilité de la population, l'aide à la planification, la recherche, l'analyse des rapports médiatiques et l'élaboration des politiques.
Les employés du MKO ont rencontré les responsables des régies régionales de la santé — celles de Burntwood, Nor-Man et Parkland — afin de voir quelles mesures seraient prises pour répondre aux besoins des premières nations en matière de planification et de préparation en vue d'une pandémie. Jusqu'ici, seule la Régie régionale de la santé de Churchill a élaboré un plan d'intervention en cas de pandémie qu'elle a communiqué au MKO. D'autres régies ont fait de la planification interne mais n'ont généralement pas fait participer directement les responsables des premières nations, sauf à la suite de pressions politiques. Le MKO a donc formé les gestionnaires des interventions d'urgence représentant chacune de nos 30 premières nations entre le 22 et le 25 juin.
Aucune collectivité des premières nations n'a encore mis à l'essai son plan d'intervention d'urgence. Seulement deux premières nations sur 30 ont terminé leurs plans.
Plusieurs gestionnaires des interventions d'urgence qui avaient été formés ont démissionné, en raison de la complexité et de l'ampleur des tâches à accomplir, et tous ont évoqué comme motif le fait que le rôle du gestionnaire des interventions d'urgence est un poste purement bénévole, étant donné que le financement des programmes et services courants ne permet pas de créer un poste rémunéré.
Il faut que des ressources humaines soient affectées spécialement à ce projet, pour que tous les organismes concernés collaborent directement avec chacune des premières nations, collectivité par collectivité. Cette mesure, de même qu'un engagement à long terme en matière de financement des activités locales de planification et de préparation aux urgences sanitaires, sont nécessaires tout de suite afin de garantir, non seulement que les plans d'intervention sont terminés, mais aussi que ces derniers soient complets et bien détaillés. À l'heure actuelle, les collectivités sont dépassées et estiment ne pas bénéficier de l'aide dont elles ont besoin pour au moins se sentir préparées.
Le MKO a fait parvenir une proposition modeste à la ministre de la Santé, qui porte sur la planification et la préparation en vue d'urgences sanitaires. Un fonds de prévoyance distinct devrait être créé de sorte que des crédits puissent être débloqués pour supporter les coûts de mise en oeuvre des mesures d'intervention lorsque des urgences sanitaires surviennent. La proposition soumise à l'examen de la ministre de la santé concerne uniquement nos besoins immédiats dans le contexte de la lutte contre la pandémie de grippe H1N1, et ne tienne donc pas compte de nos besoins à long terme en ce qui concerne les logements appropriés, de l'eau potable sécuritaire et l'accès à des programmes et services de santé de qualité adéquate.
Ce financement, que nous nous attendons à recevoir, permettra aux premières nations d'élaborer des plans détaillés d'intervention en vue d'une pandémie ou d'autres urgences sanitaires. Le MKO et les conseils tribaux seront donc à même d'aider les coordonnateurs de la planification dans les collectivités à mener à bien des projets de recherche et d'analyse stratégique, de même que des programmes de sensibilisation et d'éducation, le tout dans le contexte de l'élaboration de leurs plans et de la préparation de la mise en oeuvre des mesures définies dans leur collectivité. Le MKO aura également la capacité d'établir des plans régionaux et d'effectuer des recherches et des analyses stratégiques aux niveaux régional, provincial et national. Au MKO, nous affirmons que les soins de santé constituent un droit issu de nos traités.
Il est tout à fait clair qu'une nouvelle approche plus approfondie s'impose — une approche permettant de rassembler tous les paliers de gouvernement dans le contexte d'un véritable partenariat avec les gouvernements autochtones en vue de maintenir et d'améliorer l'état de santé et le bien-être de nos membres, et ce grâce à une bonne planification, à de bons investissements dans les déterminants de la santé et à une volonté d'intervenir chaque fois que la vie des membres des premières nations est menacée.
Donc, au nom des 30 premières nations et 62 000 membres que nous représentons, le MKO exhorte le Comité permanent de la santé à user de son influence au Parlement afin de garantir que les premières nations reçoivent des crédits suffisants et les fournitures qui leur sont nécessaires, et que les services essentielles dont elles ont besoin sont disponibles dans le contexte d'une crise internationale de cette ampleur. Vu les conditions sociales et sanitaires particulières qui existent chez nous, les premières nations du MKO requièrent les ressources nécessaires pour se préparer correctement de façon à pouvoir intervenir adéquatement face à cette menace immédiate, ainsi qu'à des menaces futures.
Je vous remercie.
:
[
Le témoin s'exprime en inuktitut.]
Bonne après-midi à vous tous. Je voudrais remercier le Comité permanent de la santé de l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui de présenter les vues de l'Inuit Tapiriit Kanatami et des Inuits du Canada sur la question du H1N1 et son incidence sur nous.
Je suis une infirmière de la santé publique inuite qui occupe actuellement le poste de directrice des services de santé à Nunatsiavut, dans le nord du Labrador, et je suis l'actuelle présidente de notre organisme. Je vous parle aujourd'hui en toute connaissance de cause.
L'Inuit Nunangat, notre patrie arctique, s'étend sur 40 p. 100 de la masse terrestre du Canada et sur 50 p. 100 de ses littoraux. Nous ne sommes que 50 000 personnes qui vivons dans 53 collectivités éloignées et isolées du Nord. La plupart de nos collectivités n'ont ni routes ni hôpitaux, ni médecins ni pharmacies. Nous sommes aux prises avec un problème important de surpeuplement, ce qui crée nécessairement un environnement qui favorise la propagation des maladies et compromet notre capacité de réduire le risque d'infection pour d'autres. Nous avons un très mauvais état de santé de même qu'une espérance de vie bien inférieure à celle d'autres Canadiens.
De plus, il existe un énorme fossé générationnel, puisque 35 p. 100 de notre population sont âgés de moins de 15 ans, comparativement à 18 p. 100 pour les Canadiens non autochtones. Les jeunes et les femmes enceintes — deux groupes considérés comme étant à risque élevé pour le virus H1N1 qui se propage actuellement — sont fortement représentés au sein de la population inuite. Pour les femmes inuites enceintes, les risques sont encore plus élevés, étant donné que, pendant les dernières semaines de leur grossesse, avant l'accouchement, elles doivent quitter leur famille et les fournisseurs de soins qu'elles connaissent pour se rendre dans de plus grands centres où elles peuvent se retrouver dans des salles communes.
Les Inuits ont peur du H1N1, mais cette peur n'est pas le résultat de la médiatisation de cette maladie; elle découle plutôt de l'histoire très réelle des effets de pandémies antérieures sur les Inuits. À Okak, dans le nord du Labrador, où j'habite, la grippe espagnole a anéanti presque toute la collectivité en quelques jours. Les Inuits sont très conscients de leur vulnérabilité, vulnérabilité créée par la géographie, les conditions météorologiques et des comorbidités. Nous n'avons pas la tranquillité d'esprit de ceux et celles qui savent que les soins de santé dont ils peuvent avoir besoin sont à proximité. Aussi merveilleuses que soient les infirmières des cliniques dans nos collectivités, si nous tombons malades et que notre état s'aggrave, il faut prendre l'avion pour bénéficier de soins plus poussés, et la possibilité de le faire dépend entièrement des conditions météorologiques.
Le plan canadien de lutte contre la pandémie n'aborde pas directement les problèmes particuliers associés à la planification en vue d'une pandémie dans les régions où vivent les Inuits, comme c'est le cas pour les membres des premières nations vivant dans la réserve. En fait, ce plan n'accorde pas aux collectivités éloignées et isolées du Canada l'attention qu'elles méritent, puisque les lignes directrices qu'on leur transmet ne cadrent pas avec leur situation et emploient un langage qui repose sur de fausses prémisses et qui sent la bureaucratie coloniale. En juin, le conseil d'administration de l'Inuit Tapiriit Kanatami s'est réuni à Nain, au Labrador, et a adopté une résolution revendiquant l'élaboration d'une annexe au plan canadien de lutte contre la pandémie qui porte spécifiquement sur les Inuits. Le conseil estime que, vu la susceptibilité accrue des Inuits au H1N1 et à d'autres virus, une stratégie particulière à l'intention de la population inuite est nécessaire pour la prévention et la gestion de pandémies actuelles et futures.
Les défis que présente la planification pour les Inuits sont aggravés par des difficultés juridictionnelles, puisque des revendications territoriales visant deux territoires et deux provinces ne sont toujours pas réglées et que le rôle de Santé Canada et de l'Agence de la santé publique du Canada est mal défini. Les relations entre les gouvernements fédéral, territoriaux et provinciaux traduisent la nature changeante de l'action politique et exigent que ces derniers s'intéressent de beaucoup plus près aux populations qu'ils servent. Le Dr Butler-Jones nous a fait savoir qu'il est disposé à entamer des discussions au sujet d'un tel plan, mais nous savons que cela ne pourra se faire qu'après la pandémie.
Dans l'intérim, nous travaillons à l'élaboration d'un plan de travail trilatéral pour la lutte contre le H1N1. Mais ce plan doit être élaboré par nous, et non pas pour nous. Les Inuits doivent y participer directement, pour que les textes soient pertinents et bien adaptés aux différences culturelles, et pour que nous nous fondions sur notre propre réalité et les enseignements que nous avons déjà tirés de notre expérience du H1N1 et de nos efforts de planification jusqu'ici pour créer un document valable et utile qui puisse nous guider à l'avenir et nous permettre d'atteindre le degré de préparation que nous méritons.
Nos ressources humaines en matière de santé constituent pour nous une grave préoccupation. Dans certaines collectivités, il n'y a qu'une infirmière ou qu'un infirmier, et cette personne devra nécessairement donner la priorité à la prestation des soins primaires. La logistique est un problème de taille. Comme le personnel et les fournitures nécessaires devront nous être acheminés par avion, et que le vaccin doit être protégé contre les températures extrêmes qui existent dans l'Arctique, au moment où le vaccin sera prêt, nous ne pourrons pas procéder efficacement à l'immunisation de la population. Immuniser 250 personnes, vu l'état de nos ressources, pourrait prendre plusieurs jours, compte tenu de l'horaire des vols et des conditions météorologiques.
Il convient donc d'envisager de fournir une aide particulière aux Inuits canadiens en ce qui concerne l'accès au vaccin. Il nous est impossible dans l'immédiat de modifier les déterminants sociaux de notre population. À l'heure actuelle, le vaccin est notre seul défense contre la propagation du virus. Nous sommes dans l'impossibilité de créer des centres de soins de rechange et devons donc demander aux malades de s'isoler chez eux.
Je voudrais, tout d'abord, vous remercier de m'avoir invité à assister à cette réunion au sujet d'une question très importante.
J'ai trois observations à vous faire. Premièrement, je voudrais clairement expliquer mon rôle ici aujourd'hui. C'est l'élément que je voudrais aborder rapidement en premier lieu. Deuxièmement, je voudrais parler — en termes très généraux — de ce que nous avons appris au Manitoba au sujet de la première vague de la pandémie. Et, troisièmement, je vais vous parler des éléments qui me semblent prioritaires dans les semaines et les mois qui viennent.
D'abord, pour que ce soit bien clair pour tous, je suis le médecin hygiéniste en chef du Manitoba. Je me présente devant vous cet après-midi pour aborder la question très spécifique inscrite à votre ordre du jour. Je précise que je me présente en mon propre nom, en tant que responsable provinciale de la santé publique. Je ne parle donc pas pour le sous-ministre, le ministre ou le gouvernement. Je vais faire de mon mieux pour vous parler honnêtement et clairement en m'appuyant sur des faits et en émettant une opinion personnelle, lorsqu'on me demande de le faire.
S'agissant de notre expérience au cours de la première vague de la pandémie, on dirait que cette première étape est à peu près terminée au Manitoba. Dans l'ensemble, les effets de la pandémie n'ont pas été aussi sévères que certains le craignaient; il reste que certains groupes au Manitoba ont été plus sévèrement touchés que d'autres, surtout les membres des premières nations et d'autres Autochtones. Je pourrais vous donner toutes sortes de chiffres et de statistiques, mais je ne vais pas le faire. Selon moi, ils sont déjà assez largement connus.
Il importe de vous signaler également que, d'après les analyses que nous avons effectuées jusqu'ici, même lorsqu'on tient compte de bons nombres d'autres facteurs de risque connus, il semble que les membres des premières nations ou les Autochtones sont particulièrement susceptibles de tomber gravement malades. Bien entendu, il y a toutes sortes de raisons qui expliquent cet état de choses, et je veux bien en discuter avec vous par la suite, si vous souhaitez m'interroger à ce sujet et s'il nous reste le temps de le faire.
Je passe maintenant au troisième élément, à savoir si la prochaine vague sera pire. Bon nombre d'experts sont effectivement de cet avis. Nous avons élaboré un plan en vue de parer à cette éventualité et d'autres encore. Au Manitoba, il y a trois questions auxquelles il faut être sensible et qui exigent une bonne planification. Premièrement, il faut donner la priorité aux Autochtones et leur administrer le vaccin dès qu'il sera disponible — à supposer qu'il soit efficace et sécuritaire — et prévoir également le recours précoce aux médicaments antiviraux et à d'autres traitements éventuels, simplement parce que nous savons que, pour les Autochtones, les risques d'infection sont très élevés, quelles que soient les raisons de cet état de choses.
Deuxièmement, il faut renforcer et améliorer les programmes et services de santé publique et de soins primaires à l'intention des Autochtones, où qu'ils habitent au Manitoba. Ces programmes et services doivent être mieux coordonnés et mieux intégrés. Ce travail doit se poursuivre et déboucher sur des améliorations plus rapidement que cela n'a été le cas jusqu'à présent, et ce grâce à la collaboration des Autochtones, des agences et organismes fédéraux, du ministère provincial de la Santé et des régies régionales de la santé qui relèvent de ce dernier.
Ma dernière observation, mais non la moins importante, concerne le fait que, même si nous parlons aujourd'hui de la lutte contre la grippe, pour que nos stratégies et interventions à long terme en vue de nous attaquer aux problèmes de santé publique et d'améliorer les résultats en matière de santé des peuples autochtones soient véritablement efficaces, il faut absolument s'attaquer aux déterminants sociaux sous-jacents et aux autres facteurs qui sont depuis longtemps à l'origine des mauvais résultats que nous avons observés chez les Canadiens d'origine autochtone, par rapport non seulement aux maladies infectieuses mais à presque tous les résultats que nous mesurons en matière de santé.
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Bon après-midi, madame la présidente et membres du Comité permanent de la santé. Je tiens à remercier le comité d'avoir eu la gentillesse de nous inviter à faire part au gouvernement de l'état de préparation des collectivités d'Island Lake en prévision de la pandémie du virus H1N1 qui est attendue à l'automne.
Notre population compte 10 000 résidents, soit des membres de premières nations, des Métis et des non-Autochtones. Nos collectivités sont situées à environ 600 kilomètres au nord-est de Winnipeg. Il s'agit de collectivités éloignées qui sont accessibles toute l'année par avion, de même que par route pendant six ou sept semaines en janvier et février, lorsque le chemin d'hiver est utilisable, selon les conditions météorologiques.
Nos quatre collectivités possèdent l'infrastructure communautaire limitée qui nous est généralement accordée par la société. Ainsi la plupart des logements n'ont ni eau courante, ni égout. Il arrive fréquemment que les gens soient obligés d'avoir recours à des contenants pour transporter l'eau potable. Mais, quand vous n'avez pas l'infrastructure nécessaire, quel choix avez-vous? Le seul choix qu'on a, lorsqu'on n'a pas de système de traitement des eaux usées, consiste à construire des unités improvisées à proximité des logements. Pour que ce soit bien clair, je parle de latrines à fosse.
Nos membres vivent dans des logements surpeuplés. Il n'est pas surprenant de voir deux, trois ou même quatre familles qui vivent dans la même maison. La qualité des logements, de même que l'usure d'unités de logements surpeuplés, font que les conditions sont déplorables. L'actuel arriéré de demandes de logement est tel que le nombre de personnes en attente d'un logement quadruple tous les deux ans. La pénurie actuelle de logements est donc une véritable catastrophe.
Le fait est que nous perdons la bataille, à un point tel que nous n'arrivons même plus à fournir des logements corrects à nos membres. Les besoins en matière de logement chez les membres des premières nations sont à ce point pressants qu'on peut parler d'une véritable crise. Et cette crise du logement s'aggravera encore au fur et à mesure que les jeunes deviennent des adultes. Étant donné que la population de jeunes Autochtones est élevée, leurs besoins ne tarderont pas à se faire sentir.
Honorables membres du comité permanent, les conditions de vie de notre population que je vous décris sont au coeur de la question de notre préparation et de notre capacité d'intervenir en cas de pandémie du virus H1N1. Les conditions que j'ai essayé de vous décrire sont celles qui existent réellement. C'est dans ces mêmes conditions que nous, la population, sommes censés nous préparer et intervenir face à une pandémie de grippe H1N1 qui a déjà fait des milliers de morts dans le monde entier.
Je vous demande donc de faire preuve de compréhension. L'accès aux soins de santé constitue un droit qui est conféré à chaque citoyen du Canada. Ce droit est peut-être même inscrit dans la Constitution. Or nos quatre collectivités n'ont pas de centres de soins de santé primaires. Nos collectivités n'ont que des postes de soins infirmiers où travaillent sans relâche des infirmières praticiennes très dévouées, pour assurer à la population des services de soins médicaux. Nous recevons aussi les visites d'un médecin. Il reste que nos collectivités n'ont pas accès en permanence aux services d'un médecin habitant chez nous qui puisse soigner nos 10 000 résidents. Le problème chez nous n'est pas le délai d'attente pour voir un médecin; chez nous les gens ont de la chance s'ils réussissent à consulter un médecin.
L'alternative, lorsqu'on n'a pas accès aux services d'un médecin immédiatement, consiste à constamment organiser des évacuations sanitaires pour nos malades. Au printemps, il y a eu 35 cas confirmés de H1N1 chez nous. Plus de 20 personnes atteintes du virus ont dû être transportées à l'hôpital de Winnipeg pour être soignées.
Le coût des interventions médicales qu'a nécessité la dernière éclosion de la grippe a prouvé que les collectivités, les gouvernements et les autres organismes n'étaient pas bien préparés pour une telle éclosion. La nécessité de se procurer les services d'infirmières et de médecins additionnels et de plus amples ressources de soutien, et le coût élevé des transports, ont occasionné des dépenses exceptionnelles qui se sont révélées nécessaires pour intervenir à la suite de l'éclosion.
J'aurais tort d'affirmer que nous sommes suffisamment bien préparés pour intervenir auprès de la population dans l'éventualité d'une éclosion du virus H1N1 cet automne. Nos quatre collectivités ont mis sur pied le groupe de travail chargé de la lutte contre la pandémie dans la région d'Island Lake qui a pour responsabilité de coordonner la planification régionale et d'obtenir les ressources nécessaires en vue d'une pandémie. De plus, chaque collectivité a mis sur pied son propre groupe de travail local. Chaque collectivité a désigné des responsables des interventions d'urgence qui sont chargés de coordonner les mesures d'intervention intercommunautaires. Mais l'action de chacune de ces unités est nécessairement limitée, si elles ne possèdent pas les ressources qu'il leur faut pour élaborer des plans et les mettre à exécution.
Au cours de la dernière éclosion, la première nation de Wasagamack — ma collectivité — a dû prendre des mesures d'intervention d'urgence afin de limiter la propagation du virus. Il a fallu donc, entre autres, mettre en quarantaine les maisons de certaines familles et la collectivités dans son ensemble, limiter les déplacements entre les collectivités, entreprendre un programme de communications de masse, renseigner la population au sujet du H1N1, rencontrer l'infirmière en chef et le responsable des interventions d'urgence tous les jours, suivre les recommandations de l'équipe de lutte contre la pandémie, traiter les malades en ayant recours à la médecine traditionnelle, et continuer à nous préparer.
La région d'Island Lake a eu 35 cas confirmés de H1N1 au cours de la première éclosion, soit 28 p. 100 des cas confirmés dans le nord du Manitoba. Ainsi les collectivités rassemblent leurs forces dans l'attente d'un plus grand nombre de cas cette fois-ci. L'absence de bien-être économique et les difficultés sociales permanentes qui assaillent nos collectivités constituent un défi de taille qu'il faut absolument réussir à relever, pour être en mesure non seulement d'intervenir face à l'éclosion qui est attendue, mais aussi élaborer des interventions à long terme qui permettront d'éliminer les conditions qui prévalent actuellement dans nos collectivités.
Au nom des premières nations d'Island Lake, nous exhortons les gouvernements à prendre les mesures d'intervention suivantes: obtenir un assortiment de médicaments antiviraux appropriés; recruter et fournir du personnel médical et des ressources adéquates en fonction de la population et des conditions des collectivités; fournir un assortiment de produits de prévention facilement accessibles, tels que les crèmes antibactériennes, etc.; élaborer des plans pour la mise sur pied d'une unité médicale et des opérations de terrain; améliorer l'équipement médical des postes de soins infirmiers, et affecter des ressources financières pour que les collectivités des premières nations puissent élaborer des mesures de prévention et d'intervention d'un niveau acceptable.
Ayant présenté nos recommandations au sujet des mesures à prendre dans les médias en vue d'une nouvelle éclosion de la grippe, je me permets de vous faire remarquer qu'une bonne planification stratégique est tout à fait critique pour le bien-être permanent de notre population. L'éclosion du virus H1N1 n'est pas notre première expérience des épidémies. Notre histoire vous aura appris que, quand nous avons connu des tragédies comparables, notre nation a survécu aux pandémies du passé, malgré nos circonstances, volontaires ou non. Notre population existe toujours. Malgré le danger que présente le H1N1 pour notre peuple…
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Je voudrais vous remercier, madame la présidente, ainsi que les membres du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes et les autres participants à cette discussion. Au nom de la Régie de la santé d'Athabasca, je tiens à exprimer ma gratitude pour l'occasion qui nous est donnée cet après-midi de vous faire part de nos expériences dans le contexte de notre préparation pour la prochaine vague de cas de grippe H1N1 dus à la pandémie actuelle.
En réalité, les Denesulines d'Athabasca se préparent pour des pandémies depuis au moins leurs premiers contacts avec les Européens. La région de la Régie de la santé d'Athabasca, appelée l'AHA, se trouve dans la partie la plus au nord de la Saskatchewan et englobe environ 150 000 kilomètres carrés par rapport au territoire traditionnel intégral des Denesulines d'Athabasca, qui est beaucoup plus grand. La population totale qui relève de l'AHA compte 3 500 personnes, dont 90 p. 100 sont des Denesulines ou membres d'autres nations autochtones. Plus de 80 p. 100 de nos membres habitent dans la réserve sur le territoire des premières nations du Fond du Lac et de Black Lake, alors que les autres résidents vivent dans les trois collectivités provinciales de Stony Rapids, Uranium City et Camsell Portage.
La Régie de la santé d'Athabasca a été créée il y a une dizaine d'années lorsque les membres des premières nations et les résidents des collectivités provinciales ont décidé à l'unanimité, et en toute indépendance, de mettre sur pied un organisme sanitaire intégré et interjuridictionnel ayant pour mandat de fournir une gamme complète de services de santé à tous les résidents sur une base équitable. Plusieurs accords fondamentaux ont été conclus auxquels les membres de l'AHA, le gouvernement du Canada et le gouvernement de la Saskatchewan sont parties, et les deux paliers de gouvernement continuent à fournir un financement important au titre des opérations de l'AHA. La vision et le mandat de l'AHA s'appuient sur les principes et les notions qu'on associe généralement à la rubrique « santé de la population ».
Dans une région où habitent surtout des peuples autochtones, nous sommes très bien placés pour comprendre que la colonisation, la perte du contrôle de notre territoire et de nos ressources, et de la capacité de vivre de nos terres, la dépendance, la pauvreté, l'insuffisance de notre infrastructure, de nos logements et de notre culture, ainsi que les crises communautaires et familiales constituent tous des déterminants de la santé. Notre démarche en ce qui concerne la préparation pour une pandémie repose sur cette même prémisse. Nous ne serons jamais suffisamment bien préparés tant que nous n'aurons pas réussi à agir sur les déterminants de la santé qui sont à l'origine de la grande vulnérabilité de notre région et de nos résidents à cette maladie.
Deux documents présentés en annexe de ce texte résument les mesures actuelles qui sont prises, les déterminants de la santé et l'état de santé actuel des résidents de la région d'Athabasca dans le nord du Canada. Vous pouvez vous en procurer en vous adressant au bureau du député qui représente notre circonscription électorale.
Au cours des six premières années de ses opérations, l'AHA a élaboré divers plans d'intervention d'urgence afin de pouvoir répondre face à des crises provoquées par des maladies à la fois naturelles et industrielles qui ont touché la collectivité et, plus récemment, la région. Avec l'aide de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada ainsi que le ministère de la Santé de la Saskatchewan, des plans de lutte contre la pandémie ont été élaborés pour les collectivités. Au cours de la dernière année, par suite d'une entente entre le conseil d'administration de l'AHA et les dirigeants régionaux, l'AHA a élaboré, de concert avec les collectivités locales, un plan régional intégré et complet de lutte contre la pandémie d'influenza.
Ainsi il existe à présent un plan opérationnel régional nous permettant de nous préparer et d'intervenir face à une éclosion de la grippe. Encore une fois, l'annexe de notre texte fait partie de la documentation que nous avons fait parvenir à notre député. Bien que nous continuions à développer et à améliorer notre plan régional, les intervenants clés de la région sont d'accord pour exécuter les mesures qu'ils prévoient et suivre le protocole du plan, au fur et à mesure qu'il évoluera.
Par ailleurs, nous continuons à tenir des discussions, à établir des partenariats et à collaborer avec les responsables d'organismes de santé, de transport et environnementaux et de différents fournisseurs de matériaux et de services à l'extérieur de la région d'Athabasca en vue de régler une multiplicité de problèmes liés à notre capacité d'obtenir des fournitures dans le contexte d'une pandémie. Même si nous avons réalisé des progrès importants en matière de planification, notre état de préparation sera limité par notre capacité d'exécuter le plan régional de lutte contre la pandémie. À l'heure actuelle, les soins de santé primaires…
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Je ne sais trop par quoi commencer, étant donné qu'autant de points différents ont été soulevés. En essayant d'y voir clair, on constate qu'il y a, d'une part, les problèmes auxquels sont confrontés de nombreuses collectivités autochtones et éloignées, par rapport à leur capacité, des difficultés en matière de logement, d'hygiène publique, d'eau, etc. Ce sont des problèmes de longue date et il est clair qu'un bon état de santé et la capacité d'adaptation des collectivités dépendent de leur accès à ces éléments essentiels.
Il a également été question, me semble-t-il, de l'approche adoptée par les différentes collectivités par rapport à la planification et à de telles difficultés en général. À ce chapitre, je voudrais mentionner en passant que j'étais très intéressé par les témoignages, étant donné que j'étais le médecin-conseil en santé publique pour la région d'Algoma, et que la première nation de Garden River était l'une des réserves dont j'étais responsable. De plus, j'étais le médecin hygiéniste en chef de la Saskatchewan à l'époque où nous avons pris toutes nos dispositions pour assurer les services de médecins-conseils en santé publique, d'infirmières et d'infirmiers et d'autres spécialistes, à la fois dans la réserve et hors réserve, en assurant la coordination des activités entre la province et le gouvernement fédéral, et avec l'appui des conseils de bande. Donc, c'est extrêmement gratifiant de constater maintenant que ces efforts commencent à porter leurs fruits.
En même temps, cela nous rappelle les nombreux défis qu'ont à relever ces collectivités, tout en nous permettant de comprendre à quel point il est important que ces dernières partagent, les unes avec les autres, leur expérience et leur expertise. Shelagh Jane et Paul pourront vous entretenir tout à l'heure des possibilités qu'ils explorent sur ce plan-là.
Pour ce qui est des conseils à récolter, qu'il s'agisse d'un poste officiel ou non, nous en avons souvent parlé, et nous consultons également les groupes autochtones nationaux et d'autres intervenants depuis un moment au sujet de la meilleure façon de dialoguer avec les Autochtones au sujet de la santé publique. Les représentants de l'APN, d'ITK et d'autres groupes encore participent en permanence à nos activités, qu'il s'agisse de notre planification, de l'examen de nos plans, de l'élaboration de plans, ou autre chose. C'est important, en ce qui me concerne. Mais, s'il y a de meilleurs moyens de structurer cette communication, il est évident que cela nous intéresse.
Enfin, il y a la question de savoir comment il faut appliquer tout cela au moment de la pandémie, étant donné la grande diversité qui existe au Canada. Je me rappelle de l'époque, il y a très longtemps, où je travaillais de pair avec les responsables municipaux, les conseils de bande et d'autres encore pour faire de la planification d'urgence et la planification en vue d'une pandémie, et il est manifeste que, malgré tout le travail qui s'est réalisé au fil des ans, l'état d'avancement de la planification des collectivités varie d'une localité à une autre. Nous aurions espéré avoir encore un an ou deux, ou même trois ou quatre, pour mettre la dernière main à notre planification, mais il est évident que nous ne les aurons pas. Il est donc essentiel, dans l'immédiat, que nous nous attaquions aux problèmes que nous pourrons régler à court terme, sachant, évidemment — comme les membres nous l'ont fait remarquer — qu'il faudra à plus long terme solutionner les problèmes de longue date dont il a été question aujourd'hui.
Mais, à court terme, il est essentiel de mettre l'accent sur ce qui suit: l'accès au vaccin, l'accès aux médicaments antiviraux, l'accès aux connaissances et à l'information et aux autres ressources qui peuvent être utiles aux collectivités. Je précise que j'ai beaucoup apprécié les observations des membres du comité et, sans aucun doute, celles des témoins qui ont comparu aujourd'hui.
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Je ne peux pas me prononcer sur l'aide financière; il s'agit là d'un autre secteur de responsabilité. Mais, comme nous l'avons dit précédemment, je suis en faveur de l'idée que les familles se procurent un certain nombre d'articles, et il s'agit des mêmes articles dont je vous ai déjà parlé et qui ont été mentionnés également par le Dr Kettner.
S'agissant de la priorisation — en réalité, il s'agit plutôt de l'ordre qui sera suivi pour l'administration du vaccin — il est évident, bien que les décisions finales, puisqu'il s'agit d'une décision collective pour l'ensemble du pays — n'aient pas encore été prises, que les collectivités isolées et éloignées seront au premier rang de la liste de priorité, étant donné la nature de leur accès aux soins de santé. Et si l'on se trompe et que les gens tombent malades, il va falloir les évacuer pour les faire soigner ailleurs, etc.
De plus, les médicaments antiviraux sont déjà prépositionnés dans ces collectivités, pour qu'elles puissent assurer le traitement précoce des malades. Donc, même avant que le vaccin ne soit prêt, ces produits sont déjà disponibles aux postes de soins infirmiers et ailleurs.
Troisièmement, les personnes ayant des affections sous-jacentes qui les mettent à risque — le diabète, la grossesse, etc. — seront au premier rang de la liste, qu'elles soient Autochtones ou non. Par contre, nous n'avons pas encore réussi à déterminer sur le plan scientifique si une personne d'origine autochtone en bonne santé est plus susceptible ou beaucoup plus susceptible de tomber gravement malade par suite d'une infection au virus H1N1, simplement parce qu'elle est Autochtone. C'est quelque chose que nous n'avons pas encore réussi à déterminer. Si on parle d'un risque légèrement plus élevé, le problème de logistique consiste à rejoindre cette population, ailleurs que dans les réserves, etc., qui seront nécessairement aux premiers rangs de la liste, parce que l'infection touchera une personne sur 1 000, si bien qu'il faudra courir après les 999 autres pour essayer de trouver celle-là.
Cela dit, s'agissant des plans provinciaux, territoriaux et locaux relativement à la mise en oeuvre du programme de vaccination, il est prévu que tous les habitants de la collectivité seront vaccinés. Il ne s'agira pas d'arriver quelque part et de demander aux gens: « Êtes-vous atteint du diabète? » Tous les habitants de la collectivité seront vaccinés. Donc, dans la pratique, une fois que le vaccin sera disponible, les gens seront vaccinés. Entre-temps, on pourra avoir recours aux antiviraux.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, j'espère que l'on reconnaît que les témoignages entendus cet après-midi étaient très enrichissants et qu'ils ont permis de mettre en évidence un certain nombre de situations vécues par les différentes communautés.
Je comprends bien, docteur Butler-Jones, qu'à ce stade on ne peut pas privilégier le long terme parce que la situation est préoccupante pour l'automne, ce qui est à court terme. Cependant, il est clair, comme on l'a entendu, que les conditions de vie générales des communautés vont devoir être revues. En effet, la situation dans laquelle ces gens vivent affaiblit les communautés quand surviennent des pandémies telles que celle du virus H1N1.
Un des témoins nous a dit que c'était peut-être parce que Santé Canada manquait d'information. J'espère que ce n'est pas la raison pour laquelle des gestes n'ont pas été posés pour remédier à ces situations, pour améliorer les conditions de vie générales de ces communautés.
Madame Wasylycia-Leis faisait référence, un peu plus tôt, à la disponibilité des vaccins. Il pourrait y avoir un autre problème: lorsque les gens auront reçu les vaccins, seront-ils en mesure de les administrer? Avez-vous également étudié cette situation et vous êtes-vous assurés qu'ils seront en mesure de les administrer aux différentes populations une fois que les vaccins seront dans les communautés?
J'ai aussi entendu des représentants des communautés inuites dire que le rôle du fédéral, sur le plan de l'établissement d'une stratégie ou d'un plan pour contrer le virus H1N1, n'était pas clair pour eux. Je ne vous demande pas nécessairement de le clarifier maintenant, mais à tout le moins, il faudrait garder en tête de travailler avec ces gens pour clarifier le rôle de chacun, afin de s'assurer que ces communautés puissent avoir un plan efficace pour contrer le virus H1N1.
D'autre part, les plans seront-ils testés? Je sais que le docteur Duncan en a parlé tout à l'heure. C'est un autre élément intéressant.
Également, pourquoi l'outil qu'avait développé la nation de Garden River a-t-il été oublié pendant quatre ou cinq ans? Est-ce parce qu'il est tombé entre deux chaises, ou parce qu'on avait perdu de vue la vigie par rapport au développement d'outils de prévention?