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Bienvenue à tous à cette séance. La journée promet d'être très intéressante. Nous avons très hâte d'entendre vos exposés.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous allons tenir une séance d'information sur la consommation de sodium dans le régime alimentaire des Canadiens. Nous avons déjà reçu des témoins qui nous ont appris des choses très intéressantes, mais aussi très surprenantes. Le témoignage de ces experts nous amène à percevoir le dossier d'une toute autre façon.
De la Société canadienne de sciences de la nutrition, nous recevons Mme Katherine Gray-Donald, professeure agrégée à l'École de diététique et de nutrition humaine, de l'Université McGill. De Kellogg Canada inc., accueillons Christine Lowry, vice-présidente. De Nestlé Canada inc., nous recevons Catherine O'Brien, directrice des Affaires générales, ainsi que Karen Young, directrice des Affaires scientifiques et réglementaires. Des Instituts de recherche en santé du Canada, nous recevons le Dr Peter Liu, directeur scientifique de l'Institut de la santé circulatoire et respiratoire; et le Dr Philip Sherman, directeur scientifique de l'Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète. Bienvenue.
Nous demandons à chacune des associations représentées de respecter la limite de cinq minutes qui leur est allouée. Nous commençons avec Mme Katherine Gray-Donald.
Je représente la Société canadienne de sciences de la nutrition, qui deviendra sous peu la Société canadienne de la nutrition. Je me spécialise dans l'épidémiologie nutritionnelle, et je suis professeure agrégée à l'Université McGill.
C'est en tant que nutritionniste et membre du Groupe de travail sur le sodium que j'aimerais vous parler de deux choses aujourd'hui. Il faut d'abord savoir que les bienfaits pour la santé d'une moins grande consommation de sodium sont bien établis. Je vous dirais également que les trois volets du programme du Groupe de travail sur le sodium — l'éducation, la réduction du sodium dans la chaîne alimentaire, et la recherche — sont tous des éléments essentiels à une stratégie efficace de réduction du sodium.
La consommation de sodium mène irréfutablement à l'hypertension artérielle, une cause importante des maladies cardiovasculaires. Deux types d'étude nous permettent de recueillir des données des plus fiables. Il y a d'abord les études qui consistent à administrer diverses doses de sodium à une même personne et à noter les variations de la tension artérielle chez le sujet. Il y a aussi les études cliniques à plus long terme, dans le cadre desquelles on suit deux groupes témoins, un groupe qui réduit sa consommation de sodium et l'autre qui conserve ses habitudes alimentaires. Ces études, menées auprès de patients souffrant d'hypertension et de sujets en santé, ont démontré une diminution de la tension artérielle chez les témoins choisis aléatoirement pour participer aux programmes de réduction de la consommation de sodium.
Toutefois, réduire sa consommation de sodium est loin d'être la seule solution pour réduire sa tension artérielle. La perte de poids et la réduction de la consommation de sodium semblent plus efficaces pour réduire la tension artérielle quand elles sont combinées. Le surpoids et l'obésité, dont souffrent 53 p. 100 des adultes canadiens, ne peuvent être passés sous silence, car nous ne voudrions pas donner l'impression aux Canadiens qu'il leur suffit de réduire leur consommation de sel pour améliorer leur santé. C'est un important facteur qui contribue aussi au problème.
Pour réduire la consommation de sodium, nous devrons sensibiliser la population, modifier la chaîne alimentaire et mener des recherches pour suivre les progrès réalisés. Les campagnes d'information sont importantes pour sensibiliser les Canadiens aux moyens qui s'offrent à eux pour réduire leur consommation de sodium. J'ajouterais des recommandations au Guide alimentaire canadien concernant la réduction de la consommation de sodium, et j'informerais les professionnels de la santé et la population par beaucoup d'autres moyens également.
Bien sûr, certaines de ces mesures ont déjà été prises. Le tableau de la valeur nutritive figurant sur l'emballage des aliments transformés indique maintenant la teneur en sodium du produit. Toutefois, la valeur quotidienne indiquée sur l'étiquette ne correspond pas à la consommation souhaitable de sodium, mais plutôt à la consommation maximale tolérable de sel. Pourtant, c'est le niveau de consommation souhaitable qui sert de point de repère pour les autres éléments nutritifs. On pourrait ainsi induire en erreur les consommateurs. Une tasse d'une marque quelconque de céréales contient peut-être 14 p. 100 du niveau maximal tolérable, mais elle contient en fait 22 p. 100 de la valeur santé établit par l'Institute of Medicine.
Avec la chaîne alimentaire actuelle, il est difficile d'aider les consommateurs à avoir une consommation acceptable de sodium sans leur demander de couper dans les aliments transformés qu'ils ont l'habitude de manger. Ce n'est pas très réaliste. Nous devons réduire la quantité de sodium contenue dans les aliments populaires.
Finalement, il est primordial de faire des recherches pour suivre les progrès réalisés, puisque les interventions en santé publique ont parfois des conséquences non voulues. Les gens pourraient être tentés d'utiliser leur salière davantage si les aliments qu'ils consomment ont perdu de leur saveur. La meilleure façon de vérifier si on réduit bel et bien notre consommation de sel, c'est de mesurer l'excrétion urinaire de sodium chez un échantillon de Canadiens, puisque ce test nous donne une indication de la consommation de sel à long terme. Il est extrêmement difficile de se fier à l'alimentation pour mesurer la consommation de sel, car les consommateurs ont tendance à rajouter du sel à leurs aliments, et la teneur en sodium des aliments n'est pas toujours la même.
En terminant, je vous dirais qu'il est essentiel de mener une vaste campagne visant à sensibiliser les Canadiens aux principes d'une saine alimentation et d'offrir aux consommateurs un large éventail d'aliments transformés nutritifs afin d'améliorer l'état de santé de la population.
Merci.
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Merci à vous, madame la présidente, et aux membres du comité, de me donner l'occasion de venir témoigner devant vous pour discuter de cette importante question.
Permettez-moi d'abord de vous parler un peu de nous. Kellogg Canada est une filiale en propriété exclusive de la compagnie Kellogg. Notre siège social est situé à Mississauga, et nous avons des bureaux de vente à Montréal et à Calgary. Nous possédons deux usines de fabrication de céréales: une à London, en Ontario, et une à Belleville. Nous employons quelque 800 personnes à l'échelle du Canada.
Étant parmi les principaux fabricants de céréales pour petit déjeuner au Canada, nous savons que les céréales pour petit déjeuner apportent d'importants éléments nutritifs à l'alimentation des Canadiens. Les céréales pour petit déjeuner ont une forte teneur en vitamine B, en fer et en zinc. En fait, les céréales pour petit déjeuner s'avèrent la principale source de fer dans l'alimentation des enfants au Canada.
La plupart des céréales sont faibles en gras, et les céréales pour petit déjeuner de Kellogg ne contiennent aucun gras trans. Mais surtout, beaucoup de nos céréales constituent la principale source de fibre dans notre alimentation, un nutriment dont consomment trop peu beaucoup d'adultes et d'enfants canadiens. De plus, de nombreuses études ont démontré que les personnes qui mangent régulièrement des céréales pour petit déjeuner sont généralement plus minces que les personnes qui n'en mangent pas.
Il est très important de noter, dans le contexte de votre étude sur la consommation de sodium, que selon Statistique Canada, les céréales pour petit déjeuner représentent 3 p. 100 de la consommation de sodium des Canadiens. En fait, comme votre comité l'a entendu à sa réunion du 5 octobre, les céréales ne sont pas au nombre des 10 principaux aliments qui contribuent à la consommation de sodium chez les Canadiens.
Cela ne signifie pas pour autant que nous prenons ce problème à la légère. Nous reconnaissons qu'il est extrêmement important pour les Canadiens de réduire leur consommation de sodium, et nous sommes déterminés à faire notre part pour contribuer à remédier au problème avec nos produits. Nous nous engageons à prendre les mesures qui s'imposent pour améliorer notre santé et notre bien-être.
Nous avons travaillé très fort pour revoir toute notre gamme de produits, en nous assurant que chaque portion ne contenait aucun gras trans. Nous avons déjà diminué la teneur en sucre de certaines de nos céréales pour petit déjeuner, et nous avons aussi réduit la teneur en sodium de certains de nos produits céréaliers.
Kellogg Canada s'engage à réduire graduellement la teneur en sodium de ses céréales et à continuer à améliorer leur profil nutritionnel. Pour mieux vous situer, je crois nécessaire de vous donner une idée des céréales pour petit déjeuner que nous fabriquons et de leur contribution à la consommation de sodium chez les Canadiens.
Kellogg Canada fabrique 36 produits céréaliers. Environ 75 p. 100 de ces produits contiennent 230 milligrammes de sodium ou moins par portion. Cinq de nos produits ne contiennent aucun gramme de sodium par portion, 13 en contiennent 200 milligrammes ou moins, et neuf en contiennent entre 200 et 230 milligrammes par portion. Nous avons par contre neuf produits qui ont une teneur en sodium de plus de 230 milligrammes par portion. Parmi ces produits, notons les Kellogg's All-Bran, dont on a parlé dans les médias récemment.
Au début de 2009, nous avons entrepris un projet visant à réduire graduellement la teneur en sodium de ces neuf produits. J'ai le plaisir d'annoncer au comité aujourd'hui que nous nous engageons à atteindre un objectif initial de 200 milligrammes de sodium par portion pour chacun de ces produits dès le début de 2011.
Notre stratégie a toujours été de réduire la quantité de sodium graduellement, au fil du temps, sans compromettre le goût ni la qualité. Les consommateurs sont très sensibles aux changements draconiens apportés à la formulation et à la saveur d'un produit d'une marque établie, et c'est particulièrement vrai pour les céréales de petit déjeuner qu'ils connaissent bien. Si la transition ne se fait pas adéquatement, les consommateurs pourraient rejeter la nouvelle saveur et délaisser le produit. Ce faisant, ils pourraient se tourner vers un autre aliment qui ne contient peut-être pas les éléments nutritifs des céréales riches en fibres. C'est pourquoi nous prévoyons procéder graduellement pour réduire la teneur en sodium de nos produits.
Il est vrai qu'il est loin d'être évident de revoir la formule de ces produits afin de réduire leur teneur en sel tout en préservant ce qui plaît aux consommateurs, mais nous sommes déterminés à poursuivre dans cette voie. Des progrès ont déjà été faits, et d'autres sont à venir. Nous voulons atteindre notre objectif, et nous savons que nous y arriverons.
Chez Kellogg Canada, nous demeurons déterminés à améliorer continuellement la valeur nutritive de nos produits pour tous les Canadiens. Nous demeurons aussi déterminés à collaborer avec le gouvernement, les associations de santé, les associations professionnelles, et les députés de tous les partis pour aider les Canadiens à réduire leur consommation de sodium.
À cette fin, je suis heureuse de présenter cette information au comité et je suis disposée à répondre à toutes vos questions.
Merci.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de votre invitation.
[Traduction]
Je m'appelle Catherine O'Brien, et je suis la directrice des Affaires générales chez Nestlé Canada. Je suis accompagnée de ma collègue, Mme Karen Young, directrice des Affaires scientifiques et réglementaires.
Chez Nestlé Canada, nous nous engageons à soutenir les objectifs de santé et de bien-être des Canadiens en leur offrant des produits d'excellente qualité, savoureux et nutritifs. Nous nous efforçons de proposer aux consommateurs canadiens des solutions issues de recherches scientifiques pour rendre plus facile et plus agréable leur évolution vers un mode de vie plus sain.
Nous partageons les préoccupations du Comité permanent de la santé en ce qui concerne la réduction du sodium, et nous sommes engagés à diminuer la teneur en sodium de nos produits, à sensibiliser nos consommateurs à la réduction du sodium et à collaborer avec des spécialistes à cette fin.
Comme la plupart des problèmes d'ordre nutritionnel, la réduction du sodium dans notre alimentation exige un effort complexe, pour lequel il n'existe pas de solution unique valable pour tous. Nous devons trouver un équilibre entre la « poussée » de la science et la « traction » du marché. Les consommateurs ne renonceront pas à la saveur, qui doit donc être une priorité au même titre de l'amélioration de la santé. Nous devons aussi veiller à ce que les qualités fonctionnelles du sodium, telle que la sécurité, soient également prises en considération.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous donner un aperçu de notre engagement à la réduction du sodium, des efforts accomplis par Nestlé et de nos projets pour l'avenir.
Il s'agit d'un processus continu et, bien que nous ayons fait de grands progrès, nous savons qu'il nous reste du chemin à parcourir et qu'il y aura toujours place à l'amélioration. Nous avons établi une politique visant à réduire la teneur en sodium de nos produits à l'échelle mondiale. Au Canada, en particulier, nous avons réalisé d'importants progrès pour réduire la teneur en sodium dans nombre de nos produits les plus populaires. En voici quelques exemples.
La lasagne à la viande Stouffer's est le produit le plus vendu de notre marque Stouffer's. La teneur en sodium a été réduite dans la plupart de nos produits Stouffer's dans le cadre d'une approche progressive lancée en 2005. À ce jour, nous avons réussi à diminuer la quantité de sodium de 26 p. 100 dans la lasagne à la viande Stouffer's. Ainsi, non seulement la teneur en sodium répond aux critères du programme Visez santé, mais les consommateurs préfèrent également le goût de la lasagne à la viande Stouffer's à celui du produit équivalent de notre principal concurrent. Nous avons réussi à réduire la teneur en sodium, tout en préservant la saveur pour les consommateurs.
Le pain de viande, un autre produit très populaire, en est un autre exemple. De la même façon, nous nous sommes efforcés de diminuer la teneur en sodium dans le pain de viande et, depuis 2005, nous avons réduit la quantité de sodium de 22 p. 100. Ce produit a également connu du succès auprès des consommateurs canadiens, car il a aussi, récemment, battu son principal concurrent sur le plan du goût. Le pain de viande Stouffer's porte également le symbole Visez santé.
Les repas Cuisine Minceur sont aussi fabriqués par Nestlé. Toutes les recettes Cuisine Minceur ont une teneur en sodium de 700 milligrammes ou moins. Elles offrent aux consommateurs une gamme de plats cuisinés nutritifs, pour beaucoup, à base de céréales complètes, sans agent de conservation et comptant deux portions de légumes.
Les produits Skillet Sensations sont un choix nutritif et pratique, offrant des plats à base de viande, de riz ou de pâtes et d'une sélection de légumes en format familial. Beaucoup de recettes Skillet Sensations répondent aux critères du programme Visez santé, avec une teneur en sodium de 720 milligrammes ou moins par portion. Nous nous sommes efforcés de diminuer la teneur en sodium des recettes Skillet Sensations, avec une réduction moyenne de 25 p. 100 depuis 2005.
Nestlé est aussi un fournisseur de services alimentaires. Nestlé Professional a considérablement réduit la teneur en sodium dans de nombreux produits de nos marques, ainsi que dans les produits personnalisés.
Comme vous pouvez le constater, la reformulation des produits est en cours, mais, en même temps, nous savons qu'il ne s'agit que d'une partie de la solution. La communication avec nos consommateurs est extrêmement importante, et nous répondons régulièrement aux questions, nous donnons des conseils, nous recevons des suggestions et nous dialoguons avec nos consommateurs.
Un exemple particulièrement pertinent est une brochure sur le sodium que nous avons créée et distribuée par l'entremise du Reader's Digest à plus de 140 000 foyers et dans 1 800 pharmacies au pays. Cette brochure contenait des renseignements sur le sodium et son rôle dans notre régime, ainsi que des explications pour mieux comprendre la teneur en sodium dans les aliments. Nous savons que ce n'est qu'un début et qu'il est essentiel de poursuivre la sensibilisation des consommateurs.
Nous coopérons également avec la Fondation des maladies du coeur et participons à son programme Visez santé. La majorité des produits Stouffer's portent le symbole Visez santé, signifiant que les repas ont été évalués par les diététistes professionnels de la Fondation et se sont avérés un choix santé contenant une teneur adéquate en lipides, en protéines et en sodium. Nous appuyons également les efforts du Groupe de travail multi-intervenants sur la réduction du sodium dirigé par Santé Canada, dont l'association de notre industrie, Produits alimentaires et de consommation du Canada, est membre.
La réduction du sodium dans notre alimentation est un défi de taille à relever, mais nous avons déjà fait de grandes avancées sur cette voie. Nous allons continuer à faire des progrès, à chercher des occasions d'améliorer nos produits, et à dialoguer à ce sujet avec nos consommateurs. Nous savons que l'industrie, le gouvernement, les spécialistes de la santé et les autres fabricants de produits alimentaires ont tous un rôle à jouer, et nous sommes heureux de continuer à collaborer avec eux pour relever cet important défi.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
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Je me permets d'ouvrir le bal. C'est ce que nous avons décidé
Je vous remercie de nous avoir invités. Je suis pédogastro-entérologue à l'Hospital for Sick Children de l'Université de Toronto. Le Dr Liu, mon collègue, est cardiologue au University Health Network de l'Université de Toronto. De concert avec des collègues d'établissements relevant des Instituts de recherche en santé du Canada, nous dirigeons un programme de recherche sur la réduction du sodium au Canada, programme qui comprend notamment un atelier.
Vous avez sous les yeux les diapositives sur lesquelles je vais vous donner des explications.
Pendant la troisième semaine de janvier, nous donnerons, à Toronto, un atelier sur la réduction du sodium, l'objectif consistant à cerner les points forts, les lacunes et les possibilités quant à la capacité de recherche du Canada pour la réduction du sodium en ce qui touche la santé, la science de l'alimentation, le cycle des connaissances à la pratique ainsi que l'évaluation et le suivi de toute modification apportée à la politique afin de modifier la teneur en sodium dans les aliments.
Nos autres objectifs consistent à définir un programme de recherche pour la réduction du sodium afin d'appuyer le Groupe de travail sur la réduction du sodium alimentaire de Santé Canada; à repérer les possibilités de collaboration à l'échelle internationale et dans le contexte de la mondialisation; à convaincre les bailleurs de fond de la recherche de soutenir notre nouveau programme de recherche.
La diapositive suivante énumère nos partenaires: Santé Canada, l'Agence de la santé publique du Canada, Pression artérielle Canada, la Fondation des maladies du coeur du Canada, le Programme éducatif canadien sur l'hypertension, la Fondation canadienne du rein ainsi que deux centres d'excellence, en l'occurence le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires et le Réseau des aliments et des matériaux d'avant-garde.
Vous n'êtes pas sans savoir que le Groupe de travail sur la réduction du sodium alimentaire doit élaborer et veiller à mettre en oeuvre une stratégie visant à réduire la quantité de sodium dans l'alimentation. L'approche de ce groupe de travail est fondée sur trois aspects: l'éducation, la réduction volontaire de la teneur en sodium et la recherche. C'est dans ce dernier domaine que Peter et moi travaillons.
Comme vous le savez, et la diapositive suivante viendra le confirmer, la majeure partie du sel consommé provient des aliments transformés. La prochaine diapositive porte sur les facteurs liés à l'hypersensibilité au sodium et sur les personnes à risque. La présente diapositive montre les effets néfastes d'un apport trop riche en sodium: cardiopathie, hausse de la tension artérielle, modification de la densité osseuse et cancer de l'estomac.
La diapositive suivante, qui s'intitule « Le sodium en excès active des macrophages qui créent des vaisseaux lymphatiques », vise à vous montrer la percée dans le contrôle de la consommation de sodium. Si on comprend les principes de base de la biologie, on est beaucoup plus en mesure de modifier notre consommation de sodium et d'avoir une meilleure santé, notamment d'éviter l'hypertension et les maladies cardiovasculaires. Cette percée a fait l'objet d'un article publié dans une revue médicale en mai 2009. Nous possédons donc beaucoup de connaissances sur le sodium, mais il nous manque certaines informations nécessaires.
Passons à la prochaine diapositive. Il est important de souligner que le sodium est en cause dans diverses maladies, y compris le cancer de l'estomac. Les preuves empiriques sont accablantes: le sel est une cause du cancer de l'estomac.
Je cède maintenant la parole au Dr Liu, mon collègue.
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Passons à la diapositive suivante, sur les perspectives mondiales. Les mesures que nous préconisons découlent des recherches effectuées jusqu'à maintenant. En ce qui concerne la réduction de l'apport en sodium au sein des populations, des éléments de preuve solides indiquent un lien entre une consommation excessive de sodium et plusieurs maladies chroniques — l'hypertension et les cardiopathies, de toute évidence —, comme il en a déjà été question. Les stratégies visant à réduire l'apport en sodium dans l'ensemble d'une population se sont révélées très efficaces dans d'autres pays. Il est urgent de mettre en oeuvre de telles stratégies au Canada, et il faut essayer de faire preuve d'innovation à ce chapitre.
Abordons maintenant les perspectives internationales. Je pense que vous savez que le Royaume-Uni cherche énergiquement à réduire la consommation de sodium en fixant des objectifs précisés dans un document officie et en créant une agence pour établir des stratégies à cet égard. En 2008, l'Institute of Medicine des États-Unis réunissait un comité sur les stratégies de réduction de l'apport en sodium, mettant à contribution les divers intervenants, notamment les fabricants de produits alimentaires, le gouvernement et les professionnels de la santé publique. Ce qui est le plus remarquable, c'est qu'au cours des 30 dernières années en Finlande, on a observé une diminution du tiers de l'apport en sodium, accompagnée d'une baisse supérieure à 10 mm Hg de la tension artérielle moyenne dans la population et d'une diminution de 75 p. 100 des taux d'AVC et de mortalité par maladie coronarienne.
La diapositive suivante nous indique en fait que, d'après les données dont on dispose, il existe entre l'apport en sodium et la tension artérielle un lien proportionnel et constant, sans seuil apparent. La prochaine diapositive montre les effets à long terme d'une réduction de l'apport en sodium sur les maladies cardiovasculaires, mais vous êtes au courant, je pense, de certaines de ces données. Vous savez qu'une réduction de l'apport en sodium entraîne généralement une baisse de la tension artérielle. Pour chaque baisse de un millimètre, on observe une réduction de 2 p. 100 de la mortalité, ce qui est fort impressionnant.
Pour appuyer les efforts du Groupe de travail sur la réduction du sodium alimentaire, nous proposons également dans le cadre de notre atelier d'évaluer au fur et à mesure l'efficacité des stratégies utilisées au Canada afin de parvenir à une telle diminution. Voici quelques-uns des paramètres à évaluer: la campagne de sensibilisation du public par échantillonnage de la population, la diminution de la concentration du sodium dans les aliments, ainsi que la consommation de sel et l'excrétion urinaire du sodium par échantillonnage de la population, comme nous l'avons vu auparavant.
Ainsi prend fin notre exposé. Je tiens à remercier le comité de nous avoir donné l'occasion de faire le point sur l'état de nos recherches visant à appuyer les efforts de réduction du sodium alimentaire.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie aussi les témoins d'être parmi nous cet après-midi.
Je sourcille toujours quand j'entends des gens dire que c'est ainsi parce que les consommateurs veulent avoir de la nourriture qui a un goût salé. Cela revient à dire que les gens souhaitent avoir une tension artérielle plus élevée, souhaitent avoir de plus grands risques de maladies cardiovasculaires et souhaitent avoir de plus grands risques de cancer de l'estomac. Il me semble que si on évalue cela, il faut demander aux gens s'ils veulent de la nourriture plus salée et, par conséquent, courir de plus grands risques sur le plan de la santé. Croyez-vous vraiment que les gens vont dire qu'ils préfèrent continuer à manger plus salé?
Il me semble que des entreprises comme Kellogg et Nestlé, qui jouissent d'une grande notoriété, devraient jouer un plus grand rôle, faire preuve de plus de leadership sur le plan de la transmission de l'information aux consommateurs. Il faut leur dire que vous avez réduit ou que vous devez réduire la quantité de sodium dans les aliments, parce que des études indépendantes et rigoureuses démontrent que c'est ce qu'il faut faire pour la santé, et qu'il faut le faire de façon rapide et marquée parce que les effets sur la santé sont connus et sont beaucoup trop importants.
Certaines publicités font l'éloge d'un ventre plat et suggèrent de consommer tel ou tel produit pour qu'une silhouette devienne plus belle. Il me semble qu'il faudrait également mettre en avant des publicités qui disent qu'il faut manger moins salé pour qu'un corps se porte mieux et pour vivre plus longtemps.
D'ailleurs, je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour répondre à cette question.
D'autre part, je m'adresse plus particulièrement aux représentants de la compagnie Kellogg. Des études de la World Action on Salt and Health indiquent que le All-Bran canadien contient plus de sel qu'ailleurs dans le monde. Il me semble que lorsqu'on apprend cela, il faut pédaler encore plus fort pour ramener les choses dans une juste perspective. Il faut être proactif, il faut faire les choses en amont et être de véritables leaders, montrer à la face du monde que ce que vous faites est efficace sur le plan de la lutte contre les maladies cardiovasculaires et de la baisse du sodium dans l'alimentation.
Sur ce, je vous cède la parole.
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Je peux donner uniquement le point de vue de Nestlé. Nous sommes convaincus d'avoir un rôle à jouer dans la réduction de la consommation du sodium et la sensibilisation des consommateurs. Nous comparaissons aujourd'hui pour vous faire part de certaines mesures que nous avons mises en oeuvre. Pourrions-nous en faire davantage? Absolument.
Les consommateurs peuvent toujours nous contacter, notamment en utilisant notre ligne sans frais et notre site Web. Grâce à ces deux moyens, nous pouvons communiquer nos renseignements sur le sodium et la modification dans la composition de nos produits alimentaires.
Vous avez fait allusion à la publicité. Nous avons une campagne publicitaire qui sensibilise la population à la santé globale. On y retrouve notamment le message suivant: « Ce qui n'entre pas dans la composition de vos aliments est tout aussi important que ce qui s'y trouve. » Nous essayons d'amener les consommateurs à envisager autrement la nutrition.
Chez Nestlé, nous communiquons avec les consommateurs pour les sensibiliser à l'importance de réduire la consommation du sodium alimentaire. La tâche n'est pas facile, mais nous nous y sommes attaqués et nous sommes toujours ouverts aux suggestions susceptibles d'améliorer les choses.
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Je vous remercie beaucoup de votre question et de vos observations.
Tout comme Nestlé, Kellogg s'est fermement engagée à améliorer la valeur nutritive de ses produits. Je l'ai signalé dans ma déclaration préliminaire, nous nous sommes attaqués à cette tâche depuis un certain temps, enlevant de nos produits les gras trans ainsi que le sucre, et envisageant de réduire la teneur en sodium. Nous avons constaté que quelques-uns de nos produits contiennent plus de 230 mg de sodium par portion, et nous nous efforçons de prendre très rapidement toutes les mesures qui s'imposent.
Vous avez indiqué que la composition d'un produit peut varier d'un pays à l'autre. Nous avons constaté que c'était bel et bien le cas et nous avons pris les mesures nécessaires pour corriger le tout.
Je peux vous affirmer que nous avons à coeur de réduire la teneur en sodium lentement. Comme ma collègue à l'extrémité de la table l'a signalé, nous voulons le faire graduellement pour nous assurer que le consommateur canadien s'y fera. C'est notre priorité. Quiconque a déjà cherché à réduire la teneur en sodium dans les aliments vous dira que cela implique de nombreux problèmes d'ordre technique. Cependant, notre équipe de chercheurs et de spécialistes en matière de transformation des aliments y travaille. Et nous atteindrons la limite de 200 mg d'ici 2011, sinon avant. Nous en avons fait notre objectif.
Nous attachons également une grande importance à la sensibilisation du public. Nous considérons que c'est essentiel. Tous ont fait allusion à l'approche du Groupe de travail sur la réduction du sodium alimentaire fondée sur trois axes: l'éducation, la réduction de la teneur en sodium des produits alimentaires et la recherche. Plus nous serons en mesure d'aider la population canadienne à comprendre les tableaux de valeur nutritive pour prendre des décisions éclairées en fonction de leurs besoins nutritifs... Je pense que c'est l'essentiel. Au cours des deux dernières années, Kellogg affiche sur chaque produit les quantités quotidiennes conseillées, précisant la teneur en sodium par portion. C'est indiqué non seulement sur le côté de la boîte, mais également sur l'avant de celle-ci.
Nous estimons qu'il est important que nous cherchions tous à sensibiliser les consommateurs pour les aider à comprendre les tableaux de valeur nutritive et à prendre des décisions éclairées.
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Je voudrais un plan d'action. L'industrie affirme appliquer certaines mesures. La communauté scientifique nous a redit que la consommation de sodium avait des conséquences très importantes. Par le passé, nous avons entendu parler de cardiopathie, d'hypertension artérielle, de crises cardiaques, et vous avez énuméré d'autres maux graves. Maintenant, vous nous dites qu'elle pourrait même causer le cancer de l'estomac. Nous savons que non seulement pour notre santé et notre bien-être, mais, également, pour notre système de santé — 2 milliards de dollars par année — le prix est élevé.
Je ne comprends vraiment pas pourquoi nous continuons de parler d'approche volontaire et pourquoi nous avalons encore l'histoire selon laquelle l'industrie va s'occuper du problème, car il ne suffit pas d'avoir quelques bons produits à offrir et de dire de ne pas s'inquiéter de l'ensemble de la situation. Si le problème existe depuis si longtemps et que vous étiez au courant, pourquoi n'êtes vous pas rendus plus loin que la réduction au petit bonheur de la teneur en sodium dans vos produits? Pourquoi vos produits canadiens renferment-ils souvent tellement plus de sodium que vos produits équivalents à l'étranger?
On nous a donné l'exemple d'une céréale — dont je tairai le nom, mais qui est fabriquée par Kellogg — et qui renferme beaucoup plus de sodium au Canada que le même produit, exactement, aux États-Unis. Est-ce que c'est parce que vous pouvez vous en tirer impunément ici, en raison de nos règlements moins rigoureux et que, en dernière analyse, vous ne vous approcherez pas de l'objectif de 1 200 milligrammes par jour, à moins d'y être forcés, parce que ce sel permet de vendre vos produits?
Les Canadiens en absorbent 3 500 milligrammes par jour, la plus grande partie par des produits emballés et non des plats de cuisine maison. Que fera l'industrie? Si vous ne faites rien, je veux que d'autres me disent ce qu'il faudrait faire pour que des mesures soient prises, et rapidement.
Je comprends votre inquiétude et celles du comité à cause de tout ce que nous avons entendu aujourd'hui. Je puis vous assurer que nous sommes déterminés à nous attaquer à toutes les causes de préoccupation et à tenir compte des avancées scientifiques sur la nutrition pour aider les Canadiens à améliorer la qualité de leur vie.
Comme je l'ai mentionné, nous avons consacré — et nous continuerons de le faire — un certain nombre de programmes d'investissement et de rénovation à nos produits, pour continuellement les rendre plus sains pour les Canadiens et répondre aux orientations de la science de la santé publique. Nous avons effectivement entrepris d'améliorer la qualité nutritive de nos produits.
Pour un produit en particulier, nous avons déterminé très tôt qu'il fallait en réduire la teneur en sodium. Nous avons le plan à cette fin en place. Dans le passé, nous avons agi de même pour d'autres produits, sans tambour ni trompette, nous avons apporté beaucoup d'autres améliorations à la qualité nutritive de nos produits. Nous le faisons systématiquement, en vertu de notre plan. En général, nous ne faisons pas de bruit, parce que cela fait partie de nos convictions.
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Vous avez sans doute entendu parler des différences géographiques, culturelles, et des différences dans les préférences gustatives. Néanmoins, nous ne voulons pas nous fier à cela. Nous voulons amenuiser les différences dans les préférences gustatives et nous allons y parvenir graduellement.
Nous avons déjà commencé et nous sommes déterminés à atteindre notre objectif. Nous avons déjà modifié la teneur en sodium de certains de nos produits et nous avons mis un programme sur pied pour investir dans la diminution de la teneur en sodium. Nous l'avons fait, dans le même esprit, avec les lipides trans. Nous ajoutons aussi à nos marques des innovations d'ordre nutritif. Beaucoup de nos employés travaillent à l'amélioration des produits, et nous continuerons dans cette voie.
Comme je l'ai dit, nous continuerons d'investir dans l'éducation des consommateurs, pour qu'ils connaissent, à la lecture de l'emballage, la quantité absolue de sodium dans le produit et le pourcentage de la valeur quotidienne qu'elle représente. Si la valeur quotidienne change, il s'agira pour nous de le faire savoir aux consommateurs, pour qu'ils soient informés et qu'ils fassent de meilleurs choix.
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Je peux répondre le premier, puis Phil peut suivre.
En ce qui concerne les répercussions de la réduction de la teneur en sodium sur la santé, il est intéressant d'examiner dans leur ensemble certains des facteurs de complication. L'un d'eux, mondial, est la malnutrition; ce n'est pas un problème au Canada. Mais l'autre est l'hypertension artérielle. Une personne sur quatre en souffre et, avec l'âge, l'incidence augmente. Si on parvient à réduire la consommation de sodium, le tiers de ceux qui sont touchés peuvent retrouver une pression sanguine normale. On peut même se passer de médicaments.
On a fait des comparaisons. Par exemple, avec les lipides trans, avec d'autres types de modifications de la politique. Si on applique intégralement les mesures de réduction de la teneur en sodium, on obtient des effets de trois à quatre fois plus élevés que les effets de beaucoup d'autres stratégies. Cela explique, je pense, pourquoi le sodium vaut énormément la peine qu'on y investisse temps et effort.
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C'est une question très importante, que nous nous posons, dans la communauté des chercheurs. Ce sera le sujet de l'atelier qui aura lieu en janvier. Je ne veux donc pas anticiper. Nous réunirons un groupe de spécialistes canadiens et de spécialistes d'envergure internationale qui viendront s'exprimer sur le sujet, parce qu'il serait utile de combler des lacunes dans les connaissances.
Nous devons contrôler les répercussions de toute modification de la teneur en sel des aliments transformés que les Canadiens mangent. On peut se servir à cette fin du sodium urinaire, méthode dont vous avez entendu parler. Il n'est pas sûr qu'elle fasse l'unanimité chez tous les spécialistes; peut-être devrions-nous utiliser un autre marqueur. Il faut en prévoir un, prêt à utiliser, pour que, lorsque l'on modifiera la teneur en sel dans les aliments, il soit possible de décrire l'effet de cette mesure sur la santé des Canadiens. Par exemple, voici comment cela a modifié la teneur en sels totaux dans le corps, parce que, comme vous en avez entendu parler, parfois, en étant bien intentionné, on essaie de diminuer l'absorption de sel et, pourtant, les gens en consomment d'autres façons. Il faut donc voir si la réduction de la teneur en sel dans les aliments transformés se traduit par une réduction de la teneur en sel dans le corps et un abaissement de la pression sanguine ainsi qu'une réduction de la coronaropathie. Nous devons donc mettre en place, et c'est notre intention de le faire, des moyens qui permettront de suivre ces répercussions.
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D'accord. Merci. J'ai deux ou trois autres questions.
Nous avons un problème majeur de surconsommation de sel; c'est compréhensible. Dans la documentation qu'on nous a donnée, nous voyons qu'un autre pays qui a réalisé une réduction importante de sa consommation de sel avait des objectifs et profitait de l'impulsion de l'État. Deux représentantes de l'industrie me font part des bons efforts qui y sont déployés, j'entends parler de la recherche, mais je ne vois aucune impulsion de l'État. Je n'ai vu ni objectif ni échéancier ni directive générale d'aucune sorte, si ce n'est cette exhortation: « C'est un problème. Est-ce que chacun peut faire de son mieux? »
Pensez-vous que nous nous trouvons dans ce genre de situation, maintenant que nous comprenons la gravité du problème et que nous sommes prêts à faire quelque chose, individuellement, à partir de la base...? Pensez-vous qu'il serait plus efficace de recevoir une forte impulsion de Santé Canada ou du gouvernement fédéral, sous forme d'objectifs mesurables, d'échéanciers, d'une exemplarité plus évidente, d'un plan stratégique?
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier tous les témoins d'être présents aujourd'hui.
J'ai pris connaissance des chiffres que nous ont soumis plus tôt les gens de l'industrie concernant la diminution des niveaux de sodium. Je serais très heureux de constater qu'ils font un effort pour les réduire. Par contre, la rapidité et l'intensité avec laquelle ils passent à l'action me causent problème.
On a parlé d'une approche volontaire pour le gouvernement et l'industrie. Or je vous avoue avoir énormément de réserves à ce sujet. Il s'agit d'un problème de santé publique à l'égard duquel le gouvernement doit assumer un rôle de leader. Il y a des normes à établir. À mon avis, les gens qui vendent les produits ne sont peut-être pas les mieux placés pour contribuer de façon volontaire à la résolution du problème.
Votre expertise est extrêmement intéressante et vous devez donner votre opinion, mais j'ai des doutes sur l'approche volontaire. Prenons l'exemple des fabricants de cigarettes. Depuis 1970, ces compagnies disposaient de chiffres et de statistiques sur la nocivité des cigarettes. Or il a fallu attendre très longtemps pour obtenir quoi que ce soit à ce sujet.
Ça nous mène directement à une question qu'on vous a déjà posée à trois reprises, celle de savoir pourquoi des céréales équivalentes à celles vendues en Europe contiennent trois fois plus de sel au Canada. On va me servir encore une fois l'argument du goût. Ça me cause problème. Vous nous disiez plus tôt qu'il fallait trouver un équilibre entre le goût et la santé. Pour ma part, je pense que la santé prime avant toute chose et que si l'industrie donne l'exemple, la population va suivre sans problème.
Comme le disait plus tôt mon collègue M. Malo, si on dit aux gens que de la nourriture extrêmement salée va leur être offerte et que celle-ci va leur causer des problèmes de santé, ils ne vont sans doute pas choisir consciemment de détruire leur santé. L'industrie doit donner un important coup de barre. L'apport qu'elle doit fournir est énorme. Malheureusement, vous n'avez pas reçu beaucoup d'aide de la part du gouvernement, j'en conviens.
Comment se fait-il qu'au Canada, les céréales contiennent trois fois plus de sel? Vous êtes probablement en mesure de reproduire les techniques de production d'autres pays.
Lorsque nous examinons la contribution nutritionnelle des céréales de petit déjeuner dans le régime alimentaire des Canadiens, je répète que nous pouvons constater d'énormes avantages. À ce titre, il faut surtout noter un indice de masse corporelle moins élevé pour ceux qui choisissent les céréales au petit déjeuner, un élément important dans la lutte contre l'obésité.
Ma collègue de droite nous a dit tout à l'heure que le maintien d'un poids santé est aussi un facteur déterminant pour ce qui est de la tension artérielle. Nous voulons donc nous assurer que lorsqu'il est question de nos céréales et de leur contribution nutritionnelle au régime alimentaire des Canadiens, nous adoptons une approche holistique.
Nous sommes effectivement tout à fait déterminés à réduire le contenu en sodium de nos produits. Je peux vous assurer que cette question est au coeur de nos préoccupations. Nous avons établi un plan à cet effet depuis un bon moment déjà et nous apportons les changements nécessaires. Nous essayons de procéder aussi rapidement que possible. En outre, je vous ai déjà indiqué que nous avions cinq produits ne contenant aucun sodium. Nous offrons ainsi certains choix. Nous avons 13 autres produits qui n'en contiennent que 200 milligrammes.
Nous avons donc fait un effort conscient au fil des années. Nous avons bien un cas particulier qui a été soulevé, mais nous avons un plan. Si nous pouvons procéder plus rapidement, si les résultats arrivent plus vite, s'ils dépassent nos espérances, il va de soi que nous pourrons mettre ces produits sur le marché plus tôt, mais soyez assurés que nous sommes fermement résolus à agir.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Un grand merci aux témoins qui sont avec nous cet après-midi. Nous avons assurément eu droit à certains commentaires fort intéressants qui ont su générer d'excellentes questions.
J'en adresserai moi-même quelques-unes à quiconque voudra bien y répondre.
Pourquoi notre régime alimentaire contient-il autant de sodium? Est-ce strictement une question d'appétibilité? Est-ce pour le goût? Est-ce que c'est cela qui explique la présence du sodium dans les aliments préparés, ou y a-t-il une autre raison?
Qu'en est-il des produits de remplacement? Dr Liu en a parlé très brièvement, mais on peut se procurer sur le marché depuis bien des années de tels produits que les gens utilisent à la place du sel de table. Ne sont-ils pas viables? Peut-on les utiliser pour la fabrication des aliments?
Par ailleurs, bien des gens ont fait valoir aujourd'hui qu'il fallait absolument que des recherches soient menées pour documenter les résultats d'un régime alimentaire à faible teneur en sodium. Nous devons nous assurer qu'un tel régime n'entraîne pas de conséquences néfastes. Existe-t-il des résultats de recherche concrets indiquant que le sodium est à l'origine de toutes ces maladies dont nous avons parlé, y compris la tension artérielle élevée? Y a-t-il des données concrètes sur lesquelles vous pouvez fonder vos décisions à ce chapitre?
On va commencer par là.
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Toujours pour ce qui est de la recherche, les résultats sont obtenus à trois niveaux. Il y a premièrement les liens que l'on peut établir, sans qu'il ne s'agisse de relations de cause à effet. Si vous comparez l'apport en sodium dans l'alimentation d'un pays et la tension artérielle moyenne de ses habitants, vous pouvez établir un lien direct.
Au deuxième niveau, on retrouve les études dont j'ai parlé tout à l'heure qui procurent des résultats plus convaincants. À l'intérieur d'une population donnée, vous réduisez l'apport en sodium d'un groupe sans changer les habitudes alimentaires de l'autre, et vous pouvez ainsi démontrer qu'il y a effectivement baisse de la tension artérielle.
Au troisième niveau, on peut évaluer les conséquences à long terme pour les pays qui ont pris des mesures semblables. Le meilleur exemple, c'est la Finlande. Mais il devient difficile d'établir dans quelle mesure la réduction de l'apport en sodium contribue effectivement au résultat constaté, étant donné les nombreuses actions entreprises simultanément.
Ce qu'il y a d'intéressant avec la plupart des études menées à ce sujet, c'est que les avantages constatés en matière de maladies cardiaques dépassent nettement ce que pourrait procurer la seule diminution de la tension artérielle. En mobilisant l'ensemble de la population pour un effort de ce genre, on récolte de nombreux autres dividendes qui peuvent se concrétiser simultanément.
C'est donc à ces différents niveaux que la recherche peut être utile. Dans les efforts déployés en ce sens au Canada, nous devons nous assurer d'atteindre les objectifs visés.
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Merci, madame la présidente, et merci aux témoins d'être ici aujourd'hui.
Je me sens très chanceuse aujourd'hui, car je ne fais que remplacer quelqu'un et je suis très heureuse d'assister à une conversation importante sur un sujet important.
Je comprends que nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais lorsque nous parlons du fait qu'aucune mesure n'a été prise pendant 30 ans, je me réjouis de faire partie d'un gouvernement qui commence à agir; je suis aussi heureuse de voir des gens comme vous se préparer et l'industrie reconnaître tout ce qu'il y a à faire.
En tant qu'ancienne éducatrice, je reconnais qu'une grande partie du travail touche l'éducation. Avez-vous des plans, ou des mesures ont-elles été annoncées qui aideront précisément à éduquer la population, peut-être par l'entremise des médias ou par des moyens semblables? Pourriez-vous nous donner plus de détails à ce sujet?
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Merci, madame la présidente.
Je ne suis pas tout à fait aussi patiente que Tilly. Puisque vous n'êtes pas prêts à accepter des normes réglementées et des cibles obligatoires quelconques, j'aimerais savoir ce que vous seriez prêts à faire à la place, parce que je pense que les consommateurs canadiens ont beaucoup d'avance sur vous. Ils veulent vraiment savoir ce qu'ils mangent. Ils reçoivent des renseignements sur la santé depuis des années et ils s'attendent à ce que quelque chose soit fait.
Je tiens simplement à mentionner que je doute, en réalité, que des mesures auraient été prises sur le plan du gras trans sans le tollé du public et du Parlement. En vérité, les données ont seulement commencé à changer il y a deux ou trois ans, au moment où le Parlement a menacé de mettre en place des mesures obligatoires. Vous dites que vous agissez volontairement, mais ce n'est tout simplement pas évident.
En fait, si vous aviez prêté attention aux propos des spécialistes de la santé sur le sodium au cours des 30 dernières années, vous auriez diminué, petit à petit et volontairement, le contenu en sodium de quelques points de pourcentage, de quelques milligrammes, chaque année et dans tous vos produits. Vous ne seriez pas ici aujourd'hui à parler du fait que vous devez soudainement passer de 3 500 à 1 200 milligrammes par jour, et du fait que vous réussissez seulement à atteindre 2 300 milligrammes. Je pense que vous devez faire mieux que cela.
Je voudrais poser deux questions, brièvement.
J'aimerais demander aux représentants des IRSC pourquoi ils n'adoptent pas une position plus proactive. Je suis aussi tentée de vous demander, comme je l'ai fait à la Chambre aujourd'hui, si un des membres de votre conseil, une personne qui fait partie du secteur de la fabrication de produits alimentaires, modère vos observations.
Je veux aussi poser la question suivante à Christine et à Catherine: puisque vous vous opposez à la mise en place de cibles obligatoires, allez-vous au moins écouter les consommateurs et accepter que des étiquettes de mise en garde soient apposées obligatoirement sur le devant des emballages de produits qui contiennent un taux élevé de sodium? Vous ne pouvez certainement pas vous opposer à une telle mesure puisque les Canadiens veulent savoir ce qu'ils mangent. Êtes-vous au moins d'accord avec le fait que la valeur quotidienne recommandée donnée dans le Règlement sur les aliments et drogues devrait être de 1 500, et non de 2 400, même si vous n'êtes pas prêtes à adopter des cibles? Êtes-vous d'accord que les portions déterminées et les valeurs nutritives...
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Madame la présidente, un peu plus tôt, notre collègue du NPD demandait que des portions du témoignage d'un témoin soient rayées des procès-verbaux. J'aimerais simplement exprimer deux raisons pour lesquelles je m'oppose à cette procédure.
Tout d'abord, lorsqu'on invite des témoins, il faut faire preuve d'ouverture et accepter l'ensemble de leurs témoignages. Je ne voudrais pas que nous soyons nous-mêmes des censeurs.
Ensuite, le témoin semblait nous offrir des exemples qui fonctionnent. Entre autres, même avec un taux de sel réduit, les consommateurs appréciaient davantage ces produits.
Ce qu'on souhaiterait, c'est que davantage de compagnies, de fabricants, réduisent la quantité de sel dans les produits acceptés malgré tout. Quand on sait que 75 p. 100 du sel consommé l'est à partir de produits fabriqués, des exemples comme ceux-là devraient donner le goût... À mon avis, on ne devrait pas retirer ces propos du témoignage de Mme O'Brien.
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J'ai écouté le débat avec beaucoup d'intérêt. En fait, je n'étais pas heureuse d'entendre un membre du Parti libéral se faire réprimander parce qu'il tentait de modifier le calendrier. Je me souviens m'être prononcée plusieurs fois pour défendre un calendrier sur lequel nous nous étions tous entendus, contre des arguments rigoureux qui visaient à insérer des séances sur des sujets comme le sel au cours du mois d'octobre, mois consacré au virus H1N1. À mon sens, cette réprimande dépassait les limites.
Ce que je voudrais dire, c'est que, selon moi, la Dre Bennett réagit de façon constructive à ce qu'elle considère comme un fait imprévu qui nous empêche de tenir des séances d'information complètes, des séances que nous voulons tous tenir puisqu'elles peuvent servir à éviter des difficultés relatives au virus H1N1. Nous posons des questions, et le gouvernement a l'avantage d'être au courant des mesures qui pourraient ne pas fonctionner.
Je tenais à répondre aux commentaires de M. Carrie, que j'ai trouvés tout à fait inappropriés puisque c'est ce côté-là qui a apporté certains changements au calendrier. Je pense que, de notre côté, nous rappelons communément au comité les décisions prises à l'égard des études sur la politique alimentaire, sur les aliments sains et sur les ressources humaines en santé; nous résistons habituellement à l'insertion de nouvelles idées et de nouvelles demandes.