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Je suis très heureuse de m'adresser au comité au nom de l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa. Je dirige le programme d'imagerie cardiaque de l'institut. Nous avons aussi un cyclotron qui produit des isotopes de TEP.
Avant toute chose, je dois dire que notre objectif primordial à tous est de dispenser des soins à nos patients de manière opportune et au mieux de nos capacités.
Si nous sommes ici, c'est pour chercher des solutions à court terme, à moyen terme et à long terme.
Des mesures ont déjà été prises pour évaluer les solutions à long terme. Un atelier se tiendra cet automne pour examiner attentivement les solutions possibles à long terme, et nous sommes heureux de participer à cette initiative.
Plus tôt cette semaine, la ministre de la Santé a parlé de solutions à moyen terme en évoquant le programme de subventions des IRSC pour chercher des solutions de remplacement au technétium.
En ce qui concerne les solutions à court terme, c'est ce que nous faisons sur place, à l'institut de cardiologie. Par exemple, en imagerie cardiaque, nous avons commencé à utiliser appelé indicateur thallium qui est très fiable pour imager la circulation du sang dans le coeur. Nous avons aussi acquis — le Dr Ruddy pourra vous en parler — un scanneur utilisant moins de technétium. C'est une nouvelle technologie. Nous avons aussi accès à de l'imagerie TEP pour les agents de la circulation sanguine, et nous faisons aussi de l'imagerie TEP cardiaque, ce qui montre que nous avons pu nous adapter dans ces situations.
De plus, notre personnel travaille d'arrache-pied. Beaucoup d'employés viennent en fin de semaine pour nous aider à faire face à la situation.
En fin de compte, grâce à notre planification et à notre travail d'équipe, nous avons pu résister à la tempête, si vous voulez, et aucun de nos patients n'attend beaucoup plus longtemps qu'avant la fermeture du réacteur de Chalk River.
Je devrais ajouter que l'institut de cardiologie contribue aussi à la production de fluorure de sodium, ce que nous devons à la prévoyance du Dr McEwan, qui s'adressera à vous tout à l'heure, à l'équipe de l'Université de l'Alberta et aussi au groupe de McMaster. Nous avons collaboré avec eux pour présenter une proposition à Santé Canada, laquelle a été rapidement examinée et approuvée. Nous serons donc prêts à fournir du fluorure de sodium comme solution de remplacement pour faire de la scintigraphie osseuse à Ottawa. Nous en fournirons à l'hôpital d'Ottawa. L'institut donnera également accès à ses caméras si l'hôpital d'Ottawa a une surcharge de patients, et nous pourrons aussi traiter certains de ces derniers dans notre système.
L'un de nos atouts, à mon avis, est que nous collaborons avec la municipalité et avec l'hôpital d'Ottawa. L'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa collabore également avec les autres cyclotrons existant au Canada et avec la communauté de médecine nucléaire pour essayer de trouver des solutions au problème actuel.
Je conclus en disant que nous avons récemment participé à une réunion de la Société de médecine nucléaire où bon nombre de mes collègues du domaine de l'imagerie cardiaque nous ont félicités pour les initiatives que nous avons prises, ce dont nous sommes très fiers. Je pense que nous avons réussi à très bien collaborer, ce qui explique nos résultats.
J'en reste là, madame la présidente.
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Je m'appelle Terry Ruddy et je suis chef de la division de cardiologie de l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa, et directrice du service de cardiologie nucléaire. Je suis également chef du service de médecine nucléaire de l'hôpital d'Ottawa, ce qui me permet de voir le problème par les deux bouts.
Dans le monde de la cardiologie, tout va bien. Les choses continuent plus ou moins comme avant, à quelques détails près. Quand nous remplaçons le technétium par du thallium, nous utilisons en fait un produit qui a une symétrie moins favorable et des caractéristiques d'imagerie moins favorables. C'est adéquat, mais tout juste. C'est une solution de secours qui marche bien mais qu'on ne voudrait pas conserver à long terme.
Nous avons donc besoin de retrouver nos composés de technétium et de pouvoir compter sur eux, sinon nous devrons nous lancer dans l'imagerie TEP de manière plus intensive. Les composés étiquetés technétium pour l'imagerie cardiaque sont adéquats ou à la limite adéquats par rapport à la TEP. L'exactitude d'un diagnostic TEP est beaucoup plus grande en maladie cardiaque que celle d'un diagnostic SPECT avec des composés de technétium. On pourrait donc dire que nous avons soudain l'occasion d'avoir plus recours à la TEP. Cela veut dire qu'il faudra plus de caméras de TEP dans tout le Canada et plus de construction de cyclotrons pour pouvoir utiliser une option supérieure au technétium, ne plus avoir les préoccupations du technétium et bénéficier en fait d'une meilleure imagerie de diagnostic.
En médecine nucléaire, la scintigraphie osseuse est essentielle pour la moitié des patients, à peu près. Pour l'autre moitié, on peut faire d'autres examens qui peuvent être similaires, ou pas exactement similaires — un peu comme des pommes et des oranges. Il y a une population importante pour qui il n'existe vraiment aucune autre option que la scintigraphie osseuse, laquelle peut être faite soit avec du technétium, soit avec un traceur de TEP, comme le Dr McEwan a fait avec du fluorure de sodium.
Pour faire face aux pénuries futures, il serait très souhaitable d'avoir plus de caméras de TEP dans le pays. Ce serait également très souhaitable pour les scintigraphies osseuses qui sont mises en péril par notre pénurie de technétium.
[Français]
Madame la présidente, mesdames et messieurs du comité, j'aimerais tout d'abord, au nom de l'Association canadienne de médecine nucléaire, vous remercier de nous avoir offert la possibilité de nous exprimer devant ce comité.
L'Association canadienne de médecine nucléaire a été fondée en 1971. Elle est le porte-parole des médecins spécialistes en médecine nucléaire de tout le Canada et des deux millions de patients que nous servons et traitons chaque année.
Depuis le premier arrêt brutal du réacteur national de recherche universelle en décembre 2007, l'Association canadienne de médecine nucléaire a oeuvré sans relâche au sein du groupe de travail extraordinaire composé d'experts dans le domaine de la santé, formé par le ministère de la Santé, pour l'atténuation des répercussions de la pénurie d'isotopes sur le bien-être des Canadiens et des Canadiennes.
Le groupe de travail extraordinaire sur les isotopes médicaux a soumis en mai 2008 un rapport au ministère de la Santé sur les enseignements tirés de l'arrêt du réacteur en décembre 2007. Dans ce rapport, nous insistions sur la nécessité: d'assurer une communication efficace entre la communauté médicale et la population; de chercher un équilibre entre la santé et la sécurité de la population et les conséquences sur la santé des patients dans la prise de décisions; de veiller à une participation appropriée des médecins au processus décisionnel; d'harmoniser les pouvoirs et les responsabilités relatifs à la gestion des isotopes médicaux.
Au chapitre des recommandations, notre groupe de travail a proposé que le gouvernement: sécurise une solution canadienne afin de garantir l'approvisionnement d'isotopes, particulièrement le molybdène et le technétium 99, en mettant en service sans tarder les réacteurs MAPLE 1 et MAPLE 2; collabore avec des partenaires internationaux à l'examen de la capacité mondiale de production d'isotopes, mais aussi à la promotion de l'élaboration de protocoles internationaux et à l'élimination des obstacles au transport mondial des radio-isotopes en période de pénurie; entreprenne activement le développement et la commercialisation d'autres isotopes médicaux, en particulier les émetteurs de positrons.
Le 16 mai 2008, alors que nous mettions la dernière main à notre rapport, de concert avec Santé Canada, le gouvernement fédéral a pris unilatéralement la décision de mettre au rancart les réacteurs MAPLE 1 et MAPLE 2. Depuis mai 2008, nous avons vécu entre cinq et six crises de pénurie d'isotopes.
À l'annonce, le 18 mai dernier, d'un nouvel arrêt du réacteur NRU, cette fois durant un mois pour cause de fuite radioactive — et on sait maintenant que c'est pour au moins trois mois —, l'Association canadienne de médecine nucléaire a exprimé ses inquiétudes au sujet de la capacité de ses membres à offrir des services médicaux digne du XXIe siècle aux Canadiens et Canadiennes.
Au cours des quatre semaines qui viennent de s'écouler, notre communauté a maximalisé et même poussé à l'extrême le personnel et l'équipement disponible avec un approvisionnement tout à fait inconstant et peu fiable de technétium. Nous avons annulé nos services de garde pour préserver le peu de technétium disponible, et nous nous sommes tournés vers le moins désirable isotope thallium, dont le docteur Ruddy a parlé, pour réaliser l'examen de cardiologie. Nous avons aussi donné la priorité aux enfants pour les tests réalisés au technétium.
[Traduction]
La tomographie par émission de positrons, ou TEP, utilise des isotopes médicaux qui caractérisent extrêmement bien la physiologie et la pathologie du corps humain, comme les maladies cardiaques, la plupart des cancers et les troubles neurologiques tels que la maladie d'Alzheimer. La plupart des examens de médecine nucléaire effectués sur des patients cancéreux avec du technétium 99m peuvent être remplacés par des procédures de TEP. La non-disponibilité de la technologie TEP et des isotopes dans tout le Canada a une incidence très sévère sur notre aptitude à diagnostiquer et à traiter rapidement nos patients cancéreux.
Notre communauté est très troublée et frustrée par la décision récente de la ministre de la Santé d'attribuer un total de 28 millions de dollars à des projets de recherche visant, au moins en partie, à mettre au point des méthodes de production du technétium au moyen de technologies de remplacement qui, selon nos informations, ont échoué dans d'autres régions du monde. Dans le meilleur des cas, ces méthodes ne donneront pas de résultats avant au moins trois à cinq ans. Considérant le registre du cancer de tout le Canada, nous estimons que le pays a besoin d'environ 125 000 examens TEP par an pour des patients cancéreux. Avec 28 millions de dollars, on pourrait effectuer environ 28 000 de ces examens TEP et fournir un diagnostic et un traitement adéquats aujourd'hui même et pendant les trois à quatre prochains mois à des patients cancéreux du Canada, tout en s'assurant une source fiable de technétium.
Nous sommes donc très troublés. Nos patients ont besoin de solutions aujourd'hui, pas dans cinq ans. L'Association canadienne de médecine nucléaire recommande donc au comité et au gouvernement d'envisager d'urgence les éléments suivants.
Premièrement, la décision d'abandonner le MAPLE 1 et le MAPLE 2 devrait être immédiatement et attentivement revue par un comité d'experts international.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral, par le truchement de Santé Canada, devrait approuver sans retard l'utilisation d'isotopes émetteurs de positrons et de leurs produits radiopharmaceutiques. Cette recommandation se fonde sur des essais précliniques et cliniques effectués en Europe et aux États-Unis au cours des 20 dernières années et sur les critères établis par les instances de réglementation des États-Unis et de l'Union européenne.
Troisièmement, nous recommandons que, pendant une période de cinq ans, le gouvernement fédéral oeuvre avec les provinces et territoires pour appuyer et subventionner la récente hausse du coût du technétium 99m et le coût de déploiement de la technologie TEP.
Quatrièmement, le ministère des Ressources naturelles et Santé Canada devraient collaborer officiellement et avec diligence avec leurs homologues internationaux pour s'assurer une source fiable et abordable de technétium 99m jusqu'au redémarrage du réacteur NRU ou la mise en service des réacteurs MAPLE.
Cinquièmement, le ministère des Ressources naturelles et Santé Canada devraient définir clairement les processus par lesquels ils entendent oeuvrer avec les organisations médicales pertinentes, et le ministère de la Santé devrait définir le mandat du conseiller spécial qui vient juste d'être nommé.
L'ACMN a l'intime conviction que les défis actuels constituent encore pour le Canada une occasion unique de sauver son industrie nucléaire et de retrouver son leadership et sa prééminence à l'échelle mondiale. Ils offrent aussi l'occasion de moderniser le système canadien de soins de santé avec les outils diagnostiques et thérapeutiques de médecine nucléaire du XXIe siècle que méritent les citoyens.
L'Association canadienne de médecine nucléaire réitère son offre de fournir son appui, son expérience, son expertise et son témoignage pour atteindre ces objectifs.
Merci de votre attention.
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Merci, madame la présidente.
Distingués membres du comité, merci de me donner l'occasion, en tant que président de l'Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec et au nom de mes collègues spécialistes en médecine nucléaire, de comparaître devant vous.
Dès qu'on a appris le prolongement de la fermeture de Chalk River, on a su qu'une crise sévissait, parce qu'il y a 18 mois, on avait vécu un problème et on savait que cela se reproduirait.
J'ai écouté, la semaine dernière, le témoignage crève-coeur d'une jeune patiente de 21 ans qui souffre d'un cancer de la thyroïde. Elle était littéralement terrorisée par la possibilité de ne pas avoir son traitement à l'iode-131, pour son cancer. Elle se préoccupait aussi des autres malades.
Au Canada, il y a 5 000 nouveaux cas de cancer de la thyroïde, dont 75 p. 100 sont des femmes. Les chances d'y survivre pendant 10 ans, si le cancer est bien traité, sont de plus de 95 p. 100. Si ces patients n'ont plus accès à ce traitement, quel sera leur futur? Cette semaine, nous devions recevoir de l'iode-131 de l'Afrique du Sud pour fins de traitements. Or il y a eu un problème qui a fait en sorte que nous n'avons pas pu l'utiliser cette semaine. Nos cas doivent donc être remis à la semaine prochaine. C'est notre quotidien que nous devons expliquer aux malades: remettre des examens, remettre des traitements.
De plus, une femme sur neuf, au Canada, développera un cancer du sein. Aujourd'hui, lorsqu'on offre un traitement à ces patientes, on fait une technique en médecine nucléaire appelée la recherche du ganglion sentinelle, c'est-à-dire qu'on fait une injection au pourtour de la tumeur, et lorsque la malade arrive à la salle d'opération, une heure plus tard, le chirurgien essaie de détecter s'il y a une irrigation des cellules tumorales au niveau d'un ganglion cible. Dans ce cas, il enlève ce ganglion, le pathologiste l'étudie, et s'il n'y a pas de cellules cancéreuses, le chirurgien fait une chirurgie minimale. S'il y a un envahissement, la malade aura un évidement beaucoup plus onéreux, entraînant parfois une mastectomie, qui est une chirurgie beaucoup plus extensive. Si on n'a plus accès au technétium, on ne peut plus offrir ce service aux malades, et le chirurgien est obligé de chercher de 10 à 20 ganglions, c'est-à-dire tous les ganglions présents. Cela a un impact terrible.
C'est la même situation pour un cancer dont l'occurrence monte en flèche: le mélanome, le cancer de la peau. On utilise aussi cette technique pour le traiter.
Chez les malades diabétiques, on est dans une situation où ça devient presque une pandémie. Ces gens sont souvent sujets à faire un infarctus, à avoir une maladie cardiaque, et 15 p. 100 d'entre eux mourront spontanément lors de leur première attaque. Les examens de perfusion cardiaque, comme le Dr Ruddy et le Dr Beanlands l'ont expliqué, sont des examens préventifs qu'on fait chez ces gens. On les utilise même en stade préopératoire chez des gens âgés qui doivent subir une intervention importante.
Cela vous démontre l'application de ces examens, qui ne peuvent pas être remplacés par d'autres examens.
Les malades sont vraiment inquiets. On vit cette tragédie tous les jours avec nos technologues et nos secrétaires, qui doivent expliquer aux malades que leur traitement sera remis encore et encore. Les malades ont besoin de connaître la vérité sur la situation actuelle. Que le gouvernement prenne les mesures le plus appropriées pour le malade d'abord. Ce dernier ne se préoccupe pas beaucoup de ce qui pourra se produire dans trois ans, cinq ans, dix ans ou même dans 18 mois. Même si on annonce à pleines pages de journaux des projets de recherche, ce n'est pas la préoccupation actuelle des malades, ni la nôtre. Nous nous préoccupons plutôt, dans l'immédiat, de répondre aux questions des malades et de leur offrir les traitements et les soins dont ils ont besoin.
Au Québec, dès que nous avons appris cette problématique, nous avons remis sur pied notre réaction en cas de crise, de concert avec le gouvernement québécois. Nous collaborons de façon exceptionnelle avec le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et l'Association des médecins spécialistes. Nous avons mis en place toutes les mesures que mes collègues de l'Institut de cardiologie ont citées. De plus, on a au Québec un avantage sur le reste du Canada: on a 15 appareils de tomographie par émission de positrons cliniques dans les hôpitaux. Ceux-ci sont accessibles à l'ensemble des malades de la province, parce qu'ils sont situés un peu partout au Québec. J'ajoute qu'il n'y a pas de frais pour les hôpitaux ni pour les malades, lorsqu'on offre ce service. On a aussi prolongé les heures. Peu importe dans quelle institution hospitalière l'appareil se trouve, les malades y ont accès, selon leur état clinique. L'hôpital où je pratique à Montréal n'a pas d'appareil de tomographie par émission de positrons, mais chaque semaine, j'envoie une vingtaine de malades dans un autre hôpital, soit au Montreal General Hospital ou à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, où ils ont accès à cette technologie. Je trouve dommage que les autres citoyens du Canada n'aient pas accès à ces services essentiels et extrêmement importants.
En France, l'ultime priorité est le cancer. Ils ont 80 cliniques de TEP et ils en ouvriront 40 autres nouvelles, ce qui leur en fera un total de 120. Donc, la situation canadienne est inexplicable. On n'a pas bien expliqué à nos dirigeants l'importance de cette technologie, qui nous permet en plus d'économiser du technétium pour l'utiliser à d'autres fins.
Pour nous, toute cette situation était un peu prévisible. On s'interroge encore et on ne peut pas donner de réponse à nos malades lorsqu'ils nous demandent ce qu'a fait le gouvernement il y a 18 mois. On continue à s'interroger. On lit toutes sortes de choses dans les journaux, que les réacteurs MAPLE sont fonctionnels, qu'ils sont parfaits. Encore aujourd'hui dans le Globe and Mail, nos malades ont pu lire cela et ils nous posent des questions. Je leur réponds que je n'ai pas l'expertise pour leur répondre. Mais il faut que le gouvernement puisse leur répondre. Ils se demandent comment il se fait qu'ils n'ont pas accès à ce technétium alors que des gens qui s'identifient font paraître des pages pleines dans les journaux pour dire que c'est fonctionnel. Je n'ai pas cette expertise, et les gens n'ont pas confiance en ce que dit le gouvernement. Il dit vouloir qu'un comité international d'experts indépendant réponde à cette question.
En ce qui concerne le nombre d'examens TEP faits au Québec, il est actuellement de 30 000 par année, environ. Alors, ce que disait le Dr Urbain au sujet de la prévision de 120 000, cela équivaut peut-être à ce qui devrait être fait un peu partout.
On utilise aussi le fluorure de sodium, qu'on se procure à l'Université de Sherbrooke, pour les mêmes fonctions.
Alors, nous appuyons totalement, au Québec, l'évaluation de l'association canadienne, et nous sommes prêts à collaborer dans le même sens.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais aborder la question sous deux angles. Le premier m'a été inspiré par ce que me disait quelqu'un un peu plus tôt: « J'ai l'impression qu'on essaye de faire de la chirurgie avec des gants de boxe ».
Mettre au point la technologie de production d'isotopes prend beaucoup de temps et exige une technologie très avancée, et c'est pourquoi nous avons besoin d'un plan à long terme pour retrouver un approvisionnement stable. Nous avons aussi besoin de solutions à court terme. Les témoins précédents ont parlé un peu des deux mais je pense qu'il faut bien les séparer du point de vue opérationnel.
La deuxième question que je veux soulever me préoccupe depuis très longtemps: je n'entends pas de réponse claire au sujet des réacteurs MAPLE. J'ai beaucoup travaillé dans ce milieu et j'en connais donc au moins une partie de la terminologie, même si je n'en connais pas toute la physique. Tous les réacteurs du Canada fonctionnent avec un coefficient de vide positif, ce qui est un raccourci pour dire qu'ils ne peuvent pas obtenir de licence. Je n'ai pas de réponse claire à la question de savoir s'il y a eu un changement de réglementation qui aurait rendu les coefficients de vide positif intenables dans les nouveaux réacteurs ou s'ils ont vraiment un problème opérationnel.
J'ai lu dans le Globe and Mail d'aujourd'hui, et c'est la deuxième raison de ma préoccupation, que le président de MDS Nordion affirme que les réacteurs MAPLE peuvent être exploités en toute sécurité et qu'ils pourraient produire autant de molybdène que le NRU s'ils étaient exploités à la moitié de leur puissance. Il y a donc peut-être là une solution à court terme, à condition d'obtenir toute la documentation et que des experts puissent l'examiner, comme disait le Dr Urbain.
Je discutais hier avec un oncologue de notre centre qui m'expliquait que tous les examens cliniques sont maintenant totalement désorganisés parce que les protocoles indiquant la procédure à suivre pour chaque patient ont été rédigés il y a longtemps. Il y a maintenant des écarts par rapport aux protocoles, ce qui fait qu'il est difficile d'évaluer dans l'immédiat dans quelles voies s'engagent les traitements, d'autant plus qu'il s'agit dans un certain sens de traitements expérimentaux. Il était profondément troublé par cette situation, en étant un peu décalé par rapport à nous dans un sens. C'est l'une des répercussions de la situation actuelle et je suis sûr qu'elle concerne des examens cliniques dans beaucoup de régions du pays.
La dernière chose que je veux dire est que je suis pour l'essentiel un médecin du cancer de la thyroïde. Je surveille attentivement l'approvisionnement en I-131 et, jusqu'au début de cette semaine, on me donnait l'assurance que nous en aurions toujours un approvisionnement adéquat. Or, depuis deux jours, je reçois beaucoup de courriels me disant que l'approvisionnement est menacé. Il faut longtemps pour préparer les patients à leur traitement et cela coûte cher. Si l'on n'est pas en mesure, à la fin des préparatifs, de dispenser le traitement par l'iode radioactif, cela perturbe considérablement la situation, et l'on commence donc à ressentir un certain impact à ce niveau.
Merci.
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Merci de votre invitation, madame la présidente.
Permettez-moi de dire d'abord que je suis médecin en médecine nucléaire au Cross Cancer Institute d'Edmonton. Comme le Dr Driedger, je traite des patients qui souffrent du cancer de la thyroïde et aussi des patients qui ont des tumeurs neuroendocriniennes. Dans les deux cas, le traitement nécessite de l'iode radioactif.
Je suis actuellement président du service d'oncologie de l'Université de l'Alberta, et aussi ex-président du service de radiologie de la même université. J'ai été président de l'Association canadienne de médecine nucléaire et de la Société canadienne de médecine nucléaire, et je serai dans deux jours l'ex-président de la American Society of Nuclear Medicine.
J'ai été membre du groupe de travail spécial sur la réglementation et je suis depuis le début, avec le Dr Urbain, membre du groupe de travail sur les isotopes médicaux.
Il y a quelques jours, la ministre m'a demandé si j'accepterais d'être son conseiller spécial sur les isotopes médicaux, requête que j'ai acceptée avec honneur et avec plaisir car je pense avoir quelques connaissances qui peuvent être utiles à la communauté médicale et à la ministre dans le contexte actuel.
J'ai été particulièrement encouragé par les paroles d'approbation et d'encouragement du président de l'AMC, qui s'exprimait au nom des deux organisations de médecine nucléaire du Canada. Cela fait 18 mois que je travaille avec le Dr Urbain au sein du groupe de travail et je suis déterminé à continuer de collaborer avec lui pour chercher des solutions au problème actuel.
Mon rôle de conseiller va devenir de plus en plus complexe, je crois. Évidemment, je vais collaborer étroitement avec mes collègues du groupe de travail spécial, notamment pour comprendre ce qui se passe dans les autres provinces. Nous avons en Alberta des problèmes différents de ceux de l'Ontario et de ceux du Québec, par exemple.
Je ferai évidemment des mises à jour sur la situation clinique et sur son incidence pour les patients à mesure que le processus avance, et je collaborerai étroitement avec mes collègues cliniques et avec le Dr Urbain pour offrir à la ministre les meilleures informations et les meilleurs conseils possibles.
J'espère pouvoir également conseiller la ministre sur la manière de réagir aux préoccupations provinciales et territoriales en m'assurant qu'il y a des échanges d'information dans les deux sens entre les différents paliers de gouvernement. Il sera important pour moi d'être capable de fournir des données de base à la ministre de façon à lui faire comprendre l'incidence de la situation et à lui permettre de l'expliciter à ses collègues du Cabinet et du Parlement.
Il est important de souligner que la communauté, c'est-à-dire Santé Canada et le monde médical, est saisie de ce dossier depuis 18 mois. Quand les problèmes sont apparus, en 2007, il était clair qu'il ne s'agirait pas d'une situation temporaire et que nous devrions donc dresser des plans proactifs. Le groupe de travail a préparé un document d'orientation. En fait, c'est encore une ébauche car nous le considérons comme un document vivant qui aura besoin d'être modifié. Je pense que nous avons communiqué efficacement avec nos collègues cliniques.
Nous avons aussi produit une sorte de trousse d'outils qui est utilisée dans beaucoup de centres, je le sais, pour faciliter le triage, examiner des solutions de remplacement et maximiser l'utilisation du technétium produit par les générateurs.
L'une des choses particulièrement encourageantes, à mes yeux, a été la rapidité avec laquelle nous avons pu obtenir les approbations du programme d'accès spécial requises pour les produits radiopharmaceutiques. Étant donné ce que vient de dire le Dr Driedger sur l'iode, je pense qu'il est encourageant qu'une approbation de programme d'accès spécial ait été accordée pour l'iode radioactif d'Afrique du Sud et que le processus d'approbation réglementaire ait été lancé pour permettre à DRAXIMAGE de l'offrir comme produit approuvé.
Le processus d'agrément pour des examens cliniques a été considérablement rationalisé. Il m'a fallu moins d'une semaine pour faire approuver l'utilisation du fluorure pour la scintigraphie osseuse. Le 2 juillet, au Cross Cancer Institute, le fluorure remplacera le technétium dans toutes les scintigraphies osseuses et nous le mettrons aussi à la disposition des hôpitaux d'Edmonton, de Calgary et de Winnipeg. Cela résulte d'une collaboration de l'Université McMaster, de l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa et de collègues de Winnipeg.
Mardi, la ministre a annoncé qu'une somme de 6 millions de dollars sera fournie par les IRSC pour faire des recherches sur le remplacement des produits pharmaceutiques adaptés au technétium. Les modalités d'octroi de ces subventions prévoient l'introduction rapide de ces nouveaux produits dans la pratique clinique. On s'attend à ce que cela se fasse à échéance d'un an ou deux. Je pense que nous avons des stratégies pour améliorer la situation à court terme et à long terme. Nous dépendons maintenant du groupe de travail mis sur pied par la ministre Raitt pour chercher d'autres méthodes de production du technétium. Je crois donc qu'il y a des stratégies à court terme, à moyen terme et à long terme.
Cela ne veut pas dire que la situation n'a pas eu d'incidence profonde sur nos patients et sur nos collègues cliniciens. La situation est grave. Je sais que mes collègues cliniciens sont frustrés par notre incapacité à dispenser les meilleurs soins. Évidemment, les patients sont inquiets. Je pense qu'il faut reconnaître que le personnel des départements de médecine nucléaire du Canada déploie des efforts dépassant largement tout ce qu'on est en droit d'attendre, pour s'assurer que les patients reçoivent les meilleurs soins possibles.
Je crois que ma nomination démontre que la ministre comprend parfaitement que nous avons des problèmes importants à régler. Je pense apporter les compétences nécessaires, ainsi que les liens nécessaires avec mes collègues de la communauté, pour garantir que la ministre, le Cabinet et le Parlement obtiendront les meilleurs avis dans ce domaine.
J'ai hâte de collaborer avec le Dr Urbain, le Dr Driedger, le Dr Lamoureux, le Dr Ruddy et le Dr Beanlands pour améliorer la situation dans le pays. Il y a manifestement des variations régionales importantes qui, je crois, sont souvent reliées à notre géographie. Je crois que la situation en Alberta est plus facilement gérable qu'au Québec ou en Ontario, disons.
Je solliciterai mes collègues, le comité et mes collègues cliniciens en cardiologie et en oncologie pour recevoir leurs avis et recommandations. En dernière analyse, toutefois, nous ne devons pas oublier qu'il s'agit d'une situation qui préoccupe profondément nos patients et que tout ce que nous faisons dans le groupe de travail comme médecins, et dans nos communications avec la ministre et avec le comité, doit refléter cette priorité.
Merci.
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L'un de nos problèmes est qu'on exerce la médecine nucléaire dans 245 endroits au Canada et qu'il n'y a pas de solution de remplacement partout. Évidemment, avec le thallium, c'est un peu différent, même si ce n'est pas aussi bien. Toutefois, à cause de la dispersion des procédures de TEP dans le pays, il me semble qu'on sera obligé de faire du triage, peut-être même interfrontalier. Il y a un scanneur de TEP à Gatineau mais, pour le moment, il n'y en a pas encore un ici qui soit utilisé cliniquement.
Croyez-vous que votre rôle est d'aider à mettre sur pied un système de triage que même le premier ministre juge maintenant nécessaire? Seriez-vous prêt à aller au Centre des opérations de Santé Canada pour dire quels patients en ont besoin et pendant combien de temps ils devront attendre?
Je n'ai pas encore vu de carte indiquant où se trouvent les sources, pour les 245 sites du pays car, même à Terre-Neuve, deux des cliniques sont approvisionnées par Chalk River et deux, par la Hollande. Évidemment, en Alberta, vous êtes dans une bien meilleure situation car vous êtes approvisionnés par la Hollande et vous avez des contrats fermes, comme la Colombie-Britannique. Comment allez-vous faire le partage dans le pays si cette chute de 70 p. 100, cette pénurie mondiale, se produit en juillet, et comment allez-vous vous assurer — par exemple, pour les enfants — qu'on a accès à des examens de TEP dans tout le pays? Transformer les procédures de recherche en Ontario en procédures cliniques, et peut-être même étudier les possibilités de TEP mobile qui semblent disponibles aux États-Unis sur des camions semi-remorques, prêts à venir au Nord si nous en avons besoin... C'est tout ça que vous allez faire?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Vous le savez, les réacteurs MAPLE ont été conçus pour prendre la place du NRU qui était un vieux réacteur, en fin de vie. Ça prenait donc une source fiable pour produire des isotopes radioactifs.
Quand le gouvernement a décidé de mettre un terme au projet MAPLE, il n'a pas mis 1 ¢ pour tenter de trouver d'autres façons de produire des isotopes.
Puis, aujourd'hui, docteur McEwan, vous vous réjouissez des 6 millions de dollars versés pour trouver une solution à long terme. Il me semble qu'on est un peu en retard pour tenter de trouver des solutions. Car, moi, j'entends les médecins sur le terrain nous dire qu'ils sont obligés de gérer ça à la petite semaine.
En quoi l'argent que vous êtes heureux d'annoncer aujourd'hui va-t-il faire en sorte que ces médecins vont arrêter de gérer à la petite semaine, puis d'inquiéter les patients?
J'ai entendu le Dr Urbain en parler. Cela a été très intéressant d'avoir cet éclairage. Ils sont à bout de souffle, les médecins. Ils sont à bout de souffle, les spécialistes du domaine de la santé, les infirmières et tout le personnel.
Que répondez-vous à ces gens, aujourd'hui? Il me semble que dans votre argumentaire, je n'ai trouvé aucune réponse à ces questions.
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Madame la présidente, je n'essaye pas de minimiser les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans l'immédiat. Je sais que nous avons des problèmes d'approvisionnement mais je crois qu'il ne serait pas responsable de ne pas se pencher en même temps sur la problématique à moyen terme, et je pense que c'est ce que nous faisons.
Pour ce qui est de l'immédiat, je crois que les conversations d'hier entre les producteurs mènent à des collaborations internationales. On a approuvé le molybdène de l'Australie. Le pays accélère son programme et deviendra bientôt un fournisseur important du marché canadien. Je sais qu'il y a des conversations avec NTP pour accroître son offre d'isotopes médicaux aux fournisseurs du marché canadien. Je pense que ce sont là des initiatives très importantes qui assureront qu'il y aura un élément de réaction à court terme.
Je pense aussi que la trousse d'outils que nous avons préparée est un guide important pour les hôpitaux. Chaque fois que c'est possible — par exemple, ça s'est fait en Colombie-Britannique et en Alberta, où j'ai ma base clinique et où je vois mes patients —, nous avons mis au point des mécanismes pour assurer le partage, pour s'assurer que la radiopharmacie centrale peut, par exemple, mettre les générateurs épuisés à la disposition des sites qui n'ont pas besoin de quantités aussi élevées de molybdène.
Je crois que nous pouvons tirer des leçons de ce que nous avons fait en Alberta et offrir des suggestions aux autres provinces. Nous avons certainement des possibilités en Alberta. Je serais reconnaissant d'entendre... J'ai déjà parlé à certains de mes collègues de l'Ontario sur la manière dont ils ont réagi.
Je ne minimise pas le court terme. Je ne minimise pas les besoins immédiats de nos patients. Tout ce que je dis, c'est que, si nous ne commençons pas à nous pencher dès maintenant sur le moyen terme, vous me reposerez la même question dans 18 mois quand je reviendrai vous voir. J'aimerais pouvoir vous dire alors que nous avions commencé ces activités maintenant.
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Il faut comprendre qu'il y aura du technétium pendant la pénurie. On n'est pas à zéro, c'est une réduction. À l'heure actuelle, la réduction nous amène à 75 p. 100 environ. Nous nous débrouillons parce que nous utilisons du thallium pour répondre à une partie des besoins. Nous descendrons à environ 40 p. 100 et nous aurons des problèmes fin juillet ou début août. À ce moment-là, à un certain moment, le réacteur de Petten reprendra du service et nous remonterons à 75 p. 100.
Nous avons donc deux à quatre semaines problématiques. La solution de Sandy McEwan avec la TEP nous aidera. Nous pourrons couvrir les 40 p. 100, dans une certaine mesure. Certains examens de patients seront un peu décalés mais je pense que nous nous en sortirons. Les patients qui ont désespérément besoin d'une scintigraphie osseuse l'obtiendront.
Ce n'est donc pas une crise, c'est un problème. La crise, c'est que c'est un problème récurrent. Nous avons besoin d'une solution à long terme. Ou les MAPLE entrent en service — ce serait une bonne solution à long terme — ou nous nous lançons dans la TEP à grande échelle et construisons des centres de TEP dans 10 ou 20 sites supplémentaires, ce qui exigera de l'argent. Nous pourrions prendre les frais d'exploitation actuels des caméras SPECT et les consacrer à des caméras TEP pour que le choc financier ne soit pas si dur. Nous aurions alors une meilleure solution clinique pour nos patients. Nous aurions de la TEP dans tout le pays. Ce serait extraordinaire. Nous aurions encore du technétium qui permettrait de faire certains examens bon marché pour le dépistage mais, en ce qui concerne les besoins de diagnostic réel, nous ferions de la TEP.
Considérez donc qu'il s'agit d'un problème de cinq ans. Si nous pouvons résister à la tempête, ça ira, mais nous devons prendre certaines mesures pour que, dans un an ou deux, nous ayons des caméras de TEP au Nunavut, peut-être, je n'en sais rien. Mais ce sera ce genre de situation.
Je pense qu'il faut mettre en oeuvre des solutions réelles, pas des mesures transitoires.
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Madame la présidente, je n'occupe ce poste que depuis trois jours et mon niveau de connaissance est donc imparfait, veuillez m'en excuser.
Je sais que la ministre a participé à un certain nombre de téléconférences — je crois qu'il y en a eu trois — avec ses homologues provinciaux et territoriaux sur cette question. Je sais aussi qu'elle parlait au moment de ma nomination à tous ses homologues provinciaux et territoriaux et je suppose donc qu'il y a continuellement des conversations.
En ce qui concerne les conversations internationales, je sais que l'activité réelle porte sur l'accès, le plus tôt possible, à d'autres sources d'approvisionnement. Les fournisseurs de nos produits d'iode radioactif m'ont dit qu'il n'y a pas de problème d'approvisionnement et, comme le Dr Driedger, j'ai été surpris d'apprendre qu'il y a un problème d'approvisionnement.
Lors de la réunion de la Société de médecine nucléaire, j'ai parlé à des représentants d'OPAL, en Australie, et de NTP, en Afrique du Sud. Ils m'ont dit en termes élégants qu'ils ont énormément d'iode radioactif qu'ils peuvent mettre à la disposition du fournisseur au Canada. La clé est de s'assurer que le cadre réglementaire existe pour faciliter l'accès. Ça se fait en ce moment. Je sais qu'il y a des documents des deux pays qui sont en cours d'examen. Je pense qu'il y a eu la semaine dernière 120 PAS pour de l'iode radioactif de ces deux fournisseurs.
Les protocoles que nous avons mis en place semblent efficaces, c'est-à-dire que nous pouvons obtenir rapidement les approbations réglementaires pour faire ça. J'espère que l'iode radioactif de NTP et de l'Australie sera bientôt mis à la disposition des fournisseurs canadiens. Je ne sais pas quel est l'échéancier. Je ne sais pas où en est le processus réglementaire mais je sais qu'il a débuté et je sais que, jusqu'à ce qu'il soit achevé, des PAS seront accordés de routine.
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J'aimerais ajouter quelque chose, madame la présidente.
[Français]
Je pense qu'une réunion des ministres de la Santé canadiens devrait avoir lieu et que le fédéral devrait mettre à la disposition de chaque province une somme d'argent — au prorata — de façon à ce que la technologie TEP puisse être mise en oeuvre immédiatement.
Les gens de l'Alberta et d'Ottawa sont venus vous parler ici d'excellents centres, de modèles. Or ce n'est pas ce qu'on retrouve dans les 245 centres du reste du Canada. Il n'y a pas de technologie TEP ou de choix de ce genre. On ne peut pas transporter les malades en camion, d'un endroit à un autre. De plus, en médecine nucléaire, on ne parle pas d'examens prévisibles: dans 50 p. 100 des cas, ce sont des examens urgents, pour lesquels on ne peut pas attendre. C'est ce qui est dangereux. Quand on ne fait pas appel à des organisations nationales, on n'a pas de vue d'ensemble du problème.
Heureusement que la santé est de compétence provinciale. Au Québec, nous nous sommes entendus avec notre gouvernement pour obtenir l'avis non pas d'un conseiller particulier mais d'une association regroupant tout le monde. Chacun a donné son opinion sur la question. Il y a un consensus, et nos malades sont mieux protégés que dans le reste du Canada. Ils bénéficient d'un meilleur accès. À l'heure actuelle au Canada, la chose à faire serait de réunir les ministres de la Santé.
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On vit dans l'insécurité. On ne sait pas avant la fin de la semaine si un produit sera disponible. Il y a deux semaines, nous devions recevoir toute une série de générateurs, mais ceux-ci n'ont pas été autorisés parce qu'ils n'étaient pas conformes.
Des efforts fantastiques sont déployés dans le cadre du programme d'accès de Santé Canada. Là n'est pas la question. Le problème est qu'on vit dans l'incertitude continuellement. Du 14 juillet au 14 août prochain, le réacteur nucléaire de Petten va être fermé. On prévoit aussi qu'il va être fermé pour six mois à partir du 1er janvier prochain. Il va y avoir une crise.
Les gens avec qui je vis me posent des questions auxquelles je ne peux pas répondre. Ils me demandent entre autres pourquoi le gouvernement fédéral a déjà investi 28 millions de dollars, s'il a consulté les experts internationaux qui étaient à Toronto cette semaine et si dans le monde entier on approuve les solutions qui sont envisagées.
Si le gouvernement canadien a décidé d'abandonner la production d'isotopes, pourquoi investit-il dans des solutions de remplacement? Pourquoi ne laisse-t-il pas des pays comme l'Allemagne, la France, l'Argentine, l'Australie ou la Hollande nous fournir du technétium? Nous ne comprenons pas. Pour nous, c'est une énigme.
À l'heure actuelle, les malades sont notre priorité. On peut bien dire que de l'iode est disponible, mais on ne sait pas si on va y avoir accès. En effet, le Canada n'est pas le seul à vouloir de ce produit: le monde entier en recherche.
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Lors de la réunion de la Société de médecine nucléaire qui s'est tenue à Toronto, j'ai convoqué une rencontre largement représentative. Il y avait des membres des deux sociétés canadiennes, de l'Association européenne de médecine nucléaire et de la Société britannique de médecine nucléaire. Il y avait aussi un membre de la communauté australienne et, bien sûr, mes collègues de la Société de médecine nucléaire. Nous avons examiné l'incidence de la crise à l'échelle mondiale. Nous nous sommes penchés sur ce qui se passe en Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Je pense que ce qui est encourageant, c'est qu'un certain nombre des initiatives que nous avons prises par le truchement du comité de travail spécial sont actuellement adoptées par les autres pays ou qu'ils commencent à s'en occuper. Nous avons évidemment eu des conversations sur l'information des patients, sur la meilleure manière d'utiliser le générateur pour s'assurer qu'on peut traiter le maximum de patients avec chaque générateur individuel, et sur la meilleure manière d'effectuer des examens de remplacement.
Je pense que l'initiative des IRSC est importante. Si j'en crois mes conversations avec mes collègues de la communauté radiopharmaceutique, nous pourrons probablement, avec cette subvention, trouver deux produits radiopharmaceutiques de remplacement qui pourront entrer en clinique, probablement d'ici un an, pour remplacer les produits au technétium. Je vous rappelle que le technétium est encore nécessaire. On ne peut pas faire tous les examens par TEP. Donc, toute augmentation des services de TEP que nous pouvons offrir à nos patients libère du technétium pour d'autres examens, si vous voulez.
Je crois qu'il y a un certain nombre d'initiatives qui sont remarquablement concordantes à l'échelle mondiale. Je dois dire que le groupe de travail spécial, à mon avis, a fait un travail remarquablement efficace et que ce fut un plaisir de travailler avec le Dr Urbain au sein de ce groupe pour assurer que nous sommes vraiment le chef de file. Cette réunion était intéressante. Je pense qu'il ne fait aucun doute que les initiatives de mise en oeuvre au Canada nous ont permis d'éviter certains des problèmes auxquels font face d'autres pays qui n'ont pas été aussi proactifs.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins d'être venus. Je sais que vous devez répondre continuellement aux mêmes questions mais sachez bien que cela finit par être utile. Je pense que nous sommes tous préoccupés par la disponibilité immédiate d'isotopes pour tous les besoins différents. Je pense que la ministre nous a dit qu'il y aurait un approvisionnement suffisant et qu'il y aurait des produits de remplacement en cas de difficulté.
Tout d'abord, y a-t-il des produits de remplacement?
Deuxièmement, au sujet du moyen terme et du long terme, nous savons qu'un réacteur peut toujours tomber en panne, ce qui signifie que cette situation pourrait se reproduire continuellement si nous dépendions uniquement de réacteurs pour les isotopes. Évidemment, il y a la TEP. Je dois dire que j'ai entendu pour la première fois cette année aux États-Unis qu'on y vend plus de caméras TEP que de caméras SPECT, ce qui indique qu'il y a un mouvement vers la TEP.
Je voudrais parler un peu d'un approvisionnement durable en isotopes. Nous savons que nous avons ici TRIUMF qui travaille sur des petits cyclotrons pouvant être installés dans des hôpitaux régionaux de façon à produire en fonction des besoins. Nous savons aussi, comme l'a dit le Dr McEwan, que même si la TEP vous donne une image tout aussi bonne, certains diront même meilleure, elle peut aussi avoir des marqueurs vous indiquant si une tumeur, par exemple, est oestrogénique, etc., ce qui permet de focaliser le traitement au lieu d'y aller à tâtons.
Voici donc ma question. Comme nous savons que TRIUMF pourrait, avec 50 millions de dollars, être en ligne et être prêt à produire en 2012 les petites caméras utilisant la photofission, comment se fait-il que nous ne parlions pas de cela comme source de production fiable et propre qui permettrait à tout le monde de mettre en marche et d'arrêter son cyclotron en fonction de ses besoins? Cela pourrait coûter plus mais, à longue échéance, cela mettrait aussi le Canada en position de pointe sur la nouvelle technologie de remplacement pour produire des isotopes. Qu'en pensez-vous?
Je vois tout le monde hocher de la tête mais je ne sais pas si c'est pour dire oui ou non.
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Merci, madame la présidente.
Je me fais l'écho de mes collègues et vous remercie tous et toutes d'être ici aujourd'hui. Je sais que vous vivez actuellement une période très stressante et que vous devez être tous très occupés.
Ce que nous avons entendu cet après-midi me semble très encourageant car cela montre que l'information circule. Tout le monde a parlé d'un plan à court terme, à moyen terme et à long terme. Je pense que c'est extrêmement important.
Le problème dont est saisi le Comité de la santé est celui du court terme, j'en conviens, mais un plan à court terme ne sera pas efficace si l'on n'a pas de plans à moyen terme et à long terme pour faire le suivi.
Je constate que nous avons devant nous une réserve d'expertise considérable et j'ai vraiment beaucoup apprécié ce que vous nous avez dit. Je pense que nous avons beaucoup appris aujourd'hui.
Je voudrais d'abord poser une question au Dr McEwan et je m'adresserai ensuite aux autres.
Si notre comité devait formuler trois recommandations pour le court terme, que proposeriez-vous? Quelles sont les trois choses les plus importantes à votre avis?
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Voici quelles seraient mes suggestions, madame la présidente. Premièrement, il faudrait établir un mécanisme pour faciliter les activités en cours. Celles-ci sont efficaces et marchent relativement bien mais je suis sûr qu'on pourrait les améliorer. Ce serait donc la première chose: un groupe de travail spécial.
Deuxièmement, il faudrait établir un mécanisme ou faciliter le genre de communications dont nous avons parlé, à l'échelle du pays, de façon à savoir beaucoup plus clairement où se situent les problèmes et où les choses vont bien. Il y a des leçons à tirer de cela et je pense que ça nous aiderait à comprendre.
Finalement, pour le très court terme, je mentionne le rôle crucial de Santé Canada en matière de réglementation, pour faciliter l'accès aux isotopes médicaux de fournisseurs non traditionnels. Nous avons parlé de l'iode radioactif et c'est un excellent exemple.
Si vous me permettez d'ajouter une précision, madame la présidente, le fabricant des cyclotrons destinés aux hôpitaux n'est pas TRIUMF, c'est une société de Vancouver, Advanced Cyclotron Systems, qui utilise la technologie de TRIUMF.
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J'ai déjà parlé de la réunion animée par la société avec des représentants de plusieurs pays et d'organisations médicales et de médecine nucléaire.
En fait, nous nous en tirons mieux que la plupart mais pas aussi bien que certains. Il ne fait aucun doute que nous pourrions nous améliorer dans plusieurs domaines, notamment le partage d'informations. C'est incontestable. D'ailleurs, comme je l'ai dit plusieurs fois, j'estime que ce sera un aspect important de mon rôle. J'ai travaillé avec Jean-Luc et Al pendant de très nombreuses années, nous nous connaissons bien, nous pouvons communiquer et partager des idées, et je pense qu'il est important que les liens avec le groupe de travail — qui, je le rappelle, regroupe des oncologues, des cardiologues et a accès à l'AMC — continuent car c'est une manière de faire avancer les choses.
Si vous examinez la manière dont les autres pays ont fait face au problème d'approvisionnement en iode radioactif, en particulier, nous faisons probablement mieux que la plupart. Comme le Dr Driedger et moi-même l'avons dit, cette pénurie ponctuelle nous a pris par surprise car le fournisseur nous avait garanti qu'il n'y aurait pas de problème.
Le dernier aspect au sujet duquel nous voyons de vrais progrès, à mon avis, est la manière dont Santé Canada aborde depuis quelques temps les questions de réglementation des produits radiopharmaceutiques que nous pouvons utiliser en remplacement ou, ce qui est plus important, des isotopes médicaux venant d'autres sources. Les approbations ont été rapides, exhaustives, facilitatrices et interactives.
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Merci, madame la présidente.
Je voudrais résumer à nouveau, docteur McEwan, si ça ne vous dérange pas. Vous nous avez indiqué les trois choses importantes à vos yeux. Vous avez mentionné le groupe de travail spécial qui existe depuis 18 mois. Vous avez dit qu'il fonctionne bien et vous avez recommandé que l'on continue à travailler avec ce groupe pour obtenir des avis éclairés, pas seulement provincialement et territorialement mais aussi internationalement.
La deuxième chose que vous avez mentionnée, ce sont les communications. C'était l'une de mes questions tout à l'heure, pour m'assurer que les recommandations que vous allez formuler seront correctement diffusées à tous les acteurs clés.
Troisièmement, vous-même et le Dr Urbain avez mentionné Santé Canada dans son rôle de réglementation. J'ai constaté dans vos remarques que vous rendiez hommage au gouvernement au sujet du programme d'accès spécial et de la manière dont nous accélérons les procédures, mais vous avez dit aussi que nous pouvons encore améliorer cela.
Telles sont donc les trois choses que vous recommandez. Nous devons continuer de faire ce que nous faisons et essayer de le faire mieux.
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Madame la présidente, j'aimerais répondre brièvement en trois parties.
La première concerne les prévisions d'approvisionnement. Des prévisions d'approvisionnement sont fournies à Santé Canada et je pense qu'elles sont fournies au reste du pays chaque semaine. Les prévisions du 18 juin... Pour le technétium 99m, le molybdène, nous serons à 100 p. 100. Lantheus, pour ses clients directs, c'est-à-dire les hôpitaux qui dépendent de Lantheus pour un générateur, 70 p. 100. Les radiopharmacies de Lantheus, 50 p. 100 aujourd'hui et demain, et après. C'était ça le 18 juin. Ça montera à 100 p. 100 la semaine prochaine. Le thallium n'est pas produit dans des réacteurs mais dans des cyclotrons. C'est 100 p. 100. L'iode 131, selon ce qu'on nous a dit, ce sera faible cette semaine. Nous croyons cependant que la situation sera réglée dans deux ou trois semaines par une combinaison de PAS, le programme d'accès spécial, et par la réapprovisionnement du fournisseur. Évidemment, la solution à long terme est d'obtenir un approvisionnement de l'Afrique du Sud et de l'Australie. C'est le premier point.
Deuxièmement, je suis sûr que les provinces détermineront elles-mêmes d'où viennent les générateurs. Je n'aurais certainement aucune objection à ce qu'on me demande de réunir les informations disponibles puisque cela fera clairement partie de mon rôle en matière de communications.
Finalement, je pense qu'il est très important de comprendre les échéanciers de production des principaux réacteurs au cours de l'année à venir. C'était le thème de la réunion d'hier et d'aujourd'hui de l'AEN.