:
Merci, madame la présidente de nous donner l'occasion de présenter les résultats de la vérification que nous avons faite d'Inforoute Santé du Canada Inc., qui font partie de notre rapport de novembre 2009. Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagnée du vérificateur général adjoint Neil Maxwell et de la directrice principale Louise Dubé, qui ont été chargés de la conduite de cette vérification.
Inforoute est une société autonome, sans but lucratif, qui a été fondée en 2001. Elle se décrit comme un investisseur stratégique qui collabore avec les provinces et les territoires pour favoriser et accélérer l'établissement et l'adoption des dossiers de santé électroniques dans l'ensemble du Canada.
[Français]
Les dossiers de santé électroniques sont conçus à titre de solutions aux problèmes persistants qui touchent le système de soins de santé au Canada, dont certains peuvent être attribuables à l'utilisation de dossiers papier. Grâce aux dossiers de santé électroniques, les professionnels de la santé devraient être en mesure d'échanger plus facilement les renseignements sur les patients.
On prévoit que les dossiers de santé électroniques pourraient alléger les coûts, améliorer la qualité des soins et sauver des vies. En date du 31 mars 2009, Inforoute avait consacré près de 615 millions de dollars à la mise en service des dossiers de santé électroniques et s'était engagée à y consacrer une somme correspondante, ce qui représente en tout un investissement de 1,2 milliard de dollars.
Cependant, cette initiative en est encore à ses débuts. Certains experts ont estimé que le coût total de l'établissement des dossiers de santé électroniques, à l'échelle nationale, dépasserait 10 milliards de dollars. Nous avons examiné la façon dont Inforoute gère les fonds du gouvernement fédéral qui lui serviront à atteindre son objectif, soit mettre en place des dossiers de santé électroniques compatibles à l'échelle du Canada.
Pendant que nous procédions à cette vérification, les bureaux de vérification de six provinces ont examiné la mise en oeuvre dans la province de projets relatifs aux dossiers de santé électroniques, financés par Inforoute ou par la province, ou les deux. Chaque bureau de vérification provincial présentera son propre rapport, et nous déposerons, le printemps prochain, un sommaire des vérifications fédérales et provinciales.
[Traduction]
Dans l'ensemble, nous avons constaté qu'Inforoute avait réalisé bien des choses depuis sa création et qu'elle gère adéquatement les fonds de 1,2 milliard de dollars que le gouvernement fédéral lui a accordés pour atteindre son objectif. Inforoute est bien surveillée par son conseil d'administration et Santé Canada, qui est le ministère responsable de cette société. Elle a défini une orientation nationale pour encadrer l'établissement des dossiers de santé électronique en élaborant une démarche, ainsi que des exigences et les éléments clés pour ces dossiers. Inforoute a aussi établi un plan directeur (ou architecture) pour guider la conception des systèmes ainsi que des plans stratégiques et une stratégie de gestion des risques. Elle a collaboré avec ses partenaires et les parties prenantes et elle a obtenu leur appui, ce qui est essentiel pour assurer le succès de cette initiative.
Nous avons aussi constaté qu'Inforoute approuve des projets dont les coûts sont partagés avec les provinces et les territoires et dont la conception respecte les normes établies et le plan directeur. Nous avons noté qu'Inforoute surveille, comme il se doit, la mise en oeuvre des projets par les provinces et les territoires.
Par ailleurs, nous avons indiqué qu'Inforoute avait encore des améliorations à apporter. L'objectif d'Inforoute vise à ce que, d'ici 2010, la moitié des Canadiens aient un dossier de santé électronique accessible aux professionnels de la santé. Nous avons constaté qu'Inforoute doit communiquer plus de renseignements sur les résultats obtenus. Plus particulièrement, elle doit faire rapport sur les progrès accomplis en vue d'atteindre son objectif de 2010. À ce jour, ses rapports ne portent que sur les systèmes achevés. Ils n'indiquent pas si les systèmes sont utilisés par les professionnels de la santé ni si les systèmes mis au point respectent les exigences de compatibilité. Or, l'information sur l'utilisation des systèmes et leur compatibilité aiderait le Parlement et les Canadiens à mieux comprendre les progrès réalisés jusqu'à maintenant.
[Français]
Nous avons constaté que les contrôles mis en place par Inforoute pour la rémunération des dirigeants et leurs frais d'accueil et de voyage étaient fondamentalement efficaces, mais que la société pourrait améliorer sa politique de passation des contrats. Inforoute a contribué de façon importante à l'établissement et à la mise en service des dossiers de santé électroniques, mais il lui reste encore de nombreux défis à relever. En effet, il lui sera très difficile d'atteindre son objectif, soit faire en sorte que 50 p. 100 des Canadiens aient un dossier de santé électronique qui puisse être consulté par les professionnels de la santé, d'ici à 2010. En ce moment, seulement 17 p. 100 de la population possède ce type de dossier.
Il faudra aussi mettre à niveau les systèmes désuets pour assurer la compatibilité et voir à ce que les dossiers de santé électronique soient utilisés par les médecins en soins primaires. Un autre défi consiste à assurer la compatibilité des systèmes conçus pour permettre aux patients d'accéder directement aux renseignements personnels sur leur santé et de contrôler cette information, et de veiller à la confidentialité et à la sécurité des renseignements personnels sur leur santé. Les provinces et les territoires doivent évidemment aussi relever ces défis.
[Traduction]
Madame la présidente, nous sommes heureux de constater qu'Inforoute a accepté nos recommandations et qu'elle élabore présentement un plan d'action. Elle s'est engagée à préciser son objectif, à communiquer des renseignements supplémentaires sur les progrès réalisés et à revoir sa politique de passation des contrats. Étant donné que des fonds considérables sont consacrés à la mise en service de dossiers de santé électroniques dans tout le pays et que les bienfaits éventuels de ces dossiers sont importants pour les Canadiens, le comité souhaitera peut-être accorder une attention soutenue à cette initiative en surveillant les progrès réalisés par rapport à l'objectif visé et au plan d'action d'Inforoute.
Sur ce, madame la présidente, je termine ma déclaration préliminaire. Mes collègues et moi serons heureux de répondre aux questions du comité.
:
Madame la présidente, merci de votre invitation à la présentation des résultats de la récente vérification d'Inforoute Santé du Canada qu'a menée la vérificatrice générale du Canada. J'ai, à mes côtés, M. Mike Sheridan, notre chef de l'exploitation.
Je commencerai par un éloge à l'endroit de la vérificatrice générale et de son équipe pour une vérification que nous estimons exhaustive, équilibrée et transparente. Cherchant sans cesse à nous améliorer, nous croyons que l'application des recommandations de la vérificatrice générale aidera Inforoute à se renforcer.
Comme l'a souligné la vérificatrice générale dans son communiqué du 3 novembre, Inforoute a accompli beaucoup de réalisations depuis sa création. Naturellement, je m'empresse, en tant que président et chef de la direction de me dire d'accord avec cette déclaration, en ajoutant, tout aussi rapidement, que beaucoup plus de choses restent à faire.
Aujourd'hui, chaque province et chaque territoire ainsi que les populations qu'ils desservent profitent d'une part des investissements fédéraux consacrés, par l'entremise d'Inforoute, aux nouveaux systèmes d'information qui aideront à transformer les soins de santé. Par exemple, nos investissements ont contribué au remplacement des trois quarts des pellicules radiographiques par des images numériques. Ces images coûtent moins cher à produire, elles sont plus faciles à conserver et elles sont accessibles aux professionnels de la santé de divers établissements, mais, ce qui est plus important encore, on peut les utiliser pour diagnostiquer et traiter des patients qui vivent à des milliers de kilomètres, dans les régions éloignées et rurales de notre pays. Aujourd'hui, jusqu'à 40 p. 100 des radiologistes disent fournir des services dans de nouvelles localités ou dans des localités éloignées, ce qui permet d'éviter entre 10 000 et 17 000 transferts de patients chaque année.
Grâce aux investissements d'Inforoute, des systèmes d'information sur les médicaments sont maintenant en place en Colombie-Britannique, en Alberta, dans l'Île-du-Prince-Édouard et en Saskatchewan. Aujourd'hui, en Colombie-Britannique, PharmaNet permet la saisie de chacune des ordonnances délivrées en pharmacie et elle émet des alertes aux pharmaciens et à certains médecins. Par exemple, en 2008, plus de 55 millions d'ordonnances ont été traitées au moyen de PharmaNet en Colombie-Britannique. On a pu signaler, sur ce nombre, 2,5 millions d'interactions médicamenteuses importantes. Extrapolées à l'ensemble du Canada, ces données portent à croire que les systèmes d'information sur les médicaments pourraient réduire d'environ 55 millions le nombre d'ordonnances inadéquates et détecter plus de 20 millions d'interactions médicamenteuses importantes chaque année. Que de vies sauvées, que de conséquences fâcheuses évitées!
En Alberta, 20 000 prestataires de soins de santé autorisés utilisent de façon active leur dossier de santé électronique. Grâce à la mise en place de ces dossiers, la province est en mesure de commencer la mise en oeuvre des systèmes de gestion des maladies chroniques telles que le diabète.
Les investissements d'Inforoute dans le domaine de la télémédecine ont des retombées considérables au Canada, particulièrement dans le Nord, où toutes les collectivités au nord du 60e parallèle sont desservies par la télésanté ou sont sur le point de l'être. Nous sommes également en voie de rendre la télésanté accessible à 40 p. 100 des collectivités des premières nations, en insistant sur la prestation de services en santé mentale et de lutte contre les toxicomanies.
La vérificatrice générale a très bien cerné certains des défis que représente l'accès de 50 p. 100 des Canadiens aux dossiers de santé électroniques d'ici décembre 2010 et, bien entendu, leur utilisation par les professionnels de la santé. Je veux qu'il soit clairement compris que, sans l'accessibilité de ces systèmes, il ne peut pas y avoir d'utilisation et il n'y en aura pas. C'est vraiment un processus en deux étapes. Nos partenaires les provinces sont en train de créer et d'implanter les solutions logicielles de base pour ces dossiers.
Le développement de ces systèmes d'information ressemble beaucoup à la construction d'un bâtiment. La construction doit être terminée avant que les occupants ne puissent y aménager et l'occuper, conformément à la vocation des lieux. Dans le cadre de ce projet conjoint — et comme l'a judicieusement souligné la vérificatrice générale —, Inforoute ne peut pas aller plus vite que ses partenaires. Les sous-ministres de la Santé des provinces et des territoires m'ont dit qu'ils étaient déterminés à respecter l'objectif de 50 p. 100 de décembre 2010. Encore une fois, je dois être lucide. Je crois qu'ils n'auront pas la tâche facile.
Inforoute a accepté les huit recommandations de la vérificatrice générale. Nous avons également élaboré un plan d'action pour chacune d'elles et soumis le plan au Bureau du vérificateur général, qui a émis à ce sujet des commentaires extrêmement utiles. Nous avons l'intention de déposer le plan d'action devant votre comité et devant celui des comptes publics, au plus tard à la mi-décembre, après examen, cette semaine, de ce plan d'action par notre conseil d'administration. Nous prévoyons mettre en application toutes les recommandations de la vérificatrice générale au cours de la prochaine année.
En terminant, j'ajouterai que, bien que nous demeurions engagés à réaliser notre ambitieux objectif de 50 p. 100, je suis convaincu que de plus grands défis commencent à se faire jour, particulièrement si nous devons commencer à équiper les cliniciens communautaires de dossiers médicaux électroniques pour accroître l'utilisation des investissements jusqu'à ce jour.
Madame la présidente, faute de temps, je ne peux pas expliquer la différence entre dossiers médicaux électroniques et dossiers de santé électroniques. Cependant, dans le chapitre 4 du rapport, au paragraphe 4.4, le Bureau du vérificateur général a très bien réussi à le faire.
Dans une étude récente sur les soins primaires, menée par le Commonwealth auprès de 11 pays, le Canada fait piètre figure. Par exemple, il est bon dernier dans l'utilisation des dossiers médicaux électroniques par les médecins dans les collectivités; avant-dernier pour l'envoi systématique de rappels aux patients concernant les soins préventifs ou les suivis de traitement ; encore avant-dernier pour la réception et l'évaluation systématique des résultats des tests cliniques effectués sur les patients.
Essentiellement, ces chiffres mènent à une seule conclusion, que la vérificatrice générale a exprimée dans son rapport:
À moins que la proportion de médecins en soins primaires utilisant les dossiers médicaux électroniques n’augmente de beaucoup, les dossiers de santé électroniques ne pourront pas apporter tous les bienfaits prévus.
Le Canada se doit de vraiment franchir la prochaine étape logique et de concentrer ses efforts sur la mise en œuvre, l'adoption et l'utilisation généralisées des dossiers médicaux électroniques.
Madame la présidente, c'est sur cette note que je termine mon exposé.
Monsieur Sheridan et moi-même seront heureux de répondre à vos questions.
:
Permettez que je réponde d'abord à votre dernière question. La réponse est non. Nous n'avons pas donné d'argent à Cyber Ontario. Nous n'avons même pas de contrat avec cet organisme. Nous en avons un avec le ministère.
Le modèle de financement qu'emploie Inforoute consiste fondamentalement à payer les résultats obtenus. Donc, pas de résultats, pas de fonds fédéraux.
Nous avons obtenu des résultats formidables en Ontario, par exemple les systèmes de visualisation pour le diagnostic, dont j'ai parlé, et, bien sûr, les systèmes d'information sur les médicaments mis à la disposition des personnes âgées dans les centres d'urgence ainsi que beaucoup de bons systèmes de télésanté. Nous avons financé ces systèmes, et nous avons obtenu des résultats.
En ce qui concerne l'astérisque, il était dit, dans le rapport, qu'une diligence raisonnable avait été exercée. J'espère que le travail de la vérificatrice générale fait partie de cette diligence raisonnable et que le gouvernement en tiendra compte.
Ma réponse comportera deux volets.
J'ai comparé la chose à la construction d'une maison. Il faut d'abord rendre l'espace habitable avant de pouvoir le vendre à de nouveaux occupants. Donc, si on se demande si les systèmes seront prêts et si on aura accès aux dossiers de 50 p. 100 de la population, la réponse est oui. Les provinces disposent de suffisamment d'argent.
Ont-elles les ressources nécessaires pour les utiliser? La réponse est non. Pour favoriser l'utilisation de ces systèmes, il faudra offrir beaucoup de formation et modifier les pratiques de gestion, et nous aurons besoin de plus d'argent pour y arriver. Et c'est ce à quoi devaient servir les 500 millions de dollars.
Les provinces doivent savoir que le système servira à quelque chose une fois qu'il sera bâti. Un ne va pas sans l'autre.
Merci également à vous tous. C'est une question particulièrement urgente pour notre comité, étant donné que nous nous penchons sur le problème des ressources humaines en santé et le renouvellement de notre système de santé. Les dossiers de santé électroniques semblent être primordiaux pour la modernisation du système. Le gouvernement s'est engagé dans le cadre de son dernier budget à faire avancer le dossier, entre autres pour cette raison. Mais cette situation remonte à 2001, et tout le monde semble s'entendre pour dire que très peu de progrès ont été réalisés depuis.
Madame la vérificatrice générale, je sais que certains concluent que votre rapport attribue une note parfaite à Inforoute Santé, et c'est pour cette raison qu'ils nous pressent de recommander au gouvernement d'accorder les 500 millions de dollars en question. Je ne suis pas certaine que l'on puisse faire cette recommandation pour l'instant. Malgré ses saines pratiques comptables, le programme n'a pas peut-être pas respecté son mandat. Je me demandais si vous pourriez nous aider à déterminer les questions à poser et quoi en faire ensuite.
Par exemple, si un investissement de 1,6 milliards de dollars n'a permis que de couvrir 17 p. 100 de la population, peut-on dire que le travail a été fait? Est-ce que cela mérite une note parfaite? Des rapports qui remontent à mai, juin, juillet, août et septembre montrent tous qu'on se pose de sérieuses questions à propos du programme d'Inforoute. Nous avons reçu le Conseil de la santé au mois de mai, qui est lui aussi très préoccupé par la chose.
Des reportages dans les médias laissent croire qu'Inforoute Santé est voué au même destin que Cybersanté Ontario... sans obligation de rendre compte, selon les médias. D'après vous, est-ce vraiment le cas? Est-ce vrai que le gouvernement fédéral n'exerce aucune surveillance sur l'organisme et que ce dernier n'a pas à rendre de comptes en ce qui a trait à l'attribution de marchés? Est-ce qu'Inforoute a le loisir d'engager des consultants externes sans toutefois devoir divulguer proactivement les contrats, qu'ils soient accordés à fournisseur exclusif ou non?
Je pense que nous devons obtenir des réponses à certaines de ces questions. Peut-être que vous ne vous êtes pas penchée sur le sujet dans le cadre de la présente vérification, mais j'aimerais beaucoup entendre vos conseils, madame Fraser, de façon à ce que nous puissions à notre tour conseiller le gouvernement.
:
Je crois qu'il est important de souligner d'emblée qu'Inforoute n'a pas du tout la même vocation que Cybersanté ou d'autres organisations provinciales qui mettent en place des systèmes de dossiers de santé électroniques. Inforoute est un organisme de financement, alors il s'agit de déterminer s'il évalue adéquatement les projets qui lui sont présentés. Est-ce qu'on respecte les stratégies ou le plan directeur qui avait été établi? La mise en oeuvre en tant que telle des dossiers de santé électroniques revient aux provinces et aux territoires. Notre vérification a porté sur la manière dont Inforoute gère ce rôle d'investisseur stratégique.
C'est une erreur de comparer les 17 p. 100 aux 1,2 milliard de dollars qui ont été dépensés, car une bonne partie de cet argent — et M. Alvarez a peut-être les chiffres exacts — a été versée à des provinces qui n'ont pas encore mis en oeuvre de dossiers de santé électroniques. Les 17 p. 100 s'appliquent à deux provinces à ce moment-ci, mais beaucoup de fonds ont été accordés à d'autres provinces pour les aider à mettre en place un système de dossiers de santé électroniques. L'atteinte de cet objectif de 50 p. 100 dépend beaucoup des provinces, qui devront investir les sommes nécessaires et adopter de nouvelles pratiques de gestion pour être en mesure de mettre en place un tel système.
Comme je l'ai indiqué, six vérificateurs généraux envisagent la possibilité de mener des vérifications sur le projet des dossiers de santé électroniques dans leurs provinces ou territoires. J'ai bon espoir qu'à notre prochaine comparution au printemps nous pourrons donner au comité une meilleure idée de l'état actuel des choses. À ce jour, les rapports n'ont pas été particulièrement positifs concernant la gestion au sein des provinces.
Je pense que nous devons séparer les rôles et les responsabilités des différents intervenants. Même si Inforoute a un rôle très important à jouer, le succès de ces projets ne repose pas entièrement sur lui.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier nos témoins au nom de tous les Canadiens pour le bon travail qu'ils font. Je dois dire que je n'envie pas votre position, car je sais que travailler avec différentes provinces comporte son lot de difficultés. J'aime les résultats de la vérification. On peut dire que, globalement, on s'acquitte de nos responsabilités, mais ce n'est pas évident du tout. D'après mon expérience, je peux vous dire que la numérisation des images radiologiques s'avère un merveilleux moyen de communication. Je suis chiropraticien de métier, et je vous assure que c'est fabuleux d'avoir accès à un tel outil.
Monsieur Alvarez, vous avez parlé d'une collaboration avec les provinces et les territoires, et on note dans le rapport de la vérification que la capacité d'Inforoute de produire des résultats clés dans le cadre de ses ententes de financement dépend de sa collaboration avec les provinces et les territoires. Je me demande ce que fait Inforoute, ou ce qu'il pourrait faire, pour favoriser une meilleure collaboration avec les provinces et les territoires.
:
Madame la présidente, merci pour cette question.
Je travaille maintenant au niveau national, mais j'ai auparavant travaillé pendant 15 ou 20 ans au niveau provincial. Jamais je n'ai vu une aussi bonne collaboration entre le gouvernement fédéral et les provinces que dans le cadre de ce projet précis. Soyons bien clairs, les provinces et les territoires sont tout à fait disposés à moderniser le système de soins de santé. Il est difficile de soutenir et de financer notre système de santé. De toute évidence, il s'agit d'une initiative qui permettra non seulement de sauver des vies, mais aussi d'économiser de l'argent. Les provinces sont donc tout à fait prêtes à passer à l'action.
Ce n'est toutefois pas une mince affaire. Si cela avait été simple, ce serait réglé depuis un bon moment déjà. Et c'est d'ailleurs un secteur que l'on néglige dans bien des parties du monde.
Nous bénéficions d'une excellente collaboration. Jamais auparavant le pays n'avait convenu d'un plan directeur, ou d'un diagramme architectural, régissant la façon dont ces systèmes devraient fonctionner. Jamais auparavant les provinces n'avaient accepté une série de normes, dirigées par le gouvernement fédéral, de façon à ce qu'aucune d'elles n'adopte ses propres règles. Après tout, la Loi canadienne sur la santé comporte une disposition sur la transférabilité. Les provinces ont donc accepté une série de normes. Il est cependant toujours difficile d'appliquer des normes; il s'agit seulement de commencer au bon endroit.
Jamais auparavant les provinces n'avaient accepté de participer à une initiative pour laquelle le financement n'était pas proportionnel au nombre d'habitants, comme c'est le cas pour Inforoute Santé du Canada. Le financement est déterminé en fonction des résultats, et c'est en tant qu'investisseur stratégique que nous leur accordons des fonds selon le taux de participation. Comme Mme Fraser l'a souligné tout à l'heure, l'utilisation que l'on fait de ces systèmes sera très importante. Nous retenons 50 p. 100 de ces fonds. Les provinces ont accepté de suivre les règles du jeu. Elles comprennent que pour bonifier les fonds du gouvernement fédéral, elles doivent investir de leurs propres poches également. Elles doivent obtenir un engagement du plus haut niveau.
Je dois vous avouer que le niveau de collaboration de la part des provinces est exceptionnel. Je peux vous assurer que depuis trois ou quatre ans, les ministres de la santé ont fait de ce dossier une priorité absolue en matière de soins de santé, et ils l'ont confirmé par écrit au ministre fédéral de la santé et à d'autres intervenants. Nous bénéficions d'un très haut niveau de collaboration dans un milieu où règne généralement la dissension.
:
J'ai tenté de mettre en lumière certains de nos bons coups. Je vous ai parlé d'un projet en Colombie-Britannique, le projet PharmaNet, qui permet aux pharmaciens d'avoir accès à toutes les ordonnances exécutées au nom d'un patient. Le système permet de déceler quelque 2,5 millions d'effets néfastes potentiels, et les pharmaciens peuvent ainsi modifier l'ordonnance en conséquence, généralement en collaboration avec le médecin prescripteur.
Le tout a été mis en place il y a environ sept ans. Si cette initiative n'avait pas été lancée par le gouvernement fédéral et les provinces, je peux vous assurer que ces systèmes ne seraient pas disponibles aujourd'hui en Alberta, en Saskatchewan, à l'Île-du-Prince-Édouard ou certainement en Ontario, dans toutes les unités d'urgence.
On avait mis en place un système qui produisait d'excellents résultats, mais rien ne favorisait son expansion. Mais les choses ont changé. Depuis notre arrivée, on a réduit des trois quarts la prise d'images par rayons X. Partout à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse et en Alberta, il n'est plus nécessaire de manipuler des radiographies sur film. Peu importe où vous vous trouvez, il est possible de télécharger les images numérisées de vos résultats. On a fait des pas de géant.
Je dois vous dire que notre objectif de 2010 se compose de deux volets. Pour le premier volet, on vise à ce que chaque province et territoire tire profit de certaines fonctionnalités des systèmes que nous finançons d'ici 2010. Et je peux vous assurer que c'est ce qui se passe en ce moment. Le deuxième volet, l'invitation à passer à l'action, vise à ce que 50 p. 100 de la population ait accès à leurs antécédents pharmaceutiques, à leurs résultats de laboratoire et à leurs résultats d'imagerie diagnostique par l'entremise de leur médecin de famille. Et c'est la partie la plus difficile.
:
Merci, madame la présidente.
Je suis contente qu'on examine cette question importante, ainsi que de voir l'enthousiasme avec lequel M. Alvarez accomplit son travail.
Cette question m'est chère, et dans notre région, nous avons réalisé des progrès incroyables en passant des rayons X, qui permettent de traiter les cas des gens qui se présentent aux urgences en milieu rural sans qu'il soit nécessaire de les transférer dans de plus grandes collectivités, aux boîtes à outils concernant les maladies chroniques.
Actuellement, à Williams Lake, on a une infirmière. Le chirurgien thoracique de Kelowna procède à un examen... Grâce à la télémédecine, le chirurgien thoracique voit les patients, procède à des consultations. Dans une autre collectivité, qui reçoit elle aussi un financement d'Inforoute Santé, les victimes d'insuffisance cardiaque congestive sont renvoyées chez elles et sont suivies grâce à certains appareils. Cela a un impact énorme sur le nombre d'hospitalisations.
J'ai quelques questions, et ma première est la suivante. D'après ce que je comprends, le système de santé public veut se doter d'un système pancanadien — Panorama, n'est-ce pas? Quel est le rôle d'Inforoute Santé à cet égard? Quelle différence ce système aurait-il fait du point de vue de l'actuelle grippe H1N1?
Monsieur Alvarez, pourriez-vous répondre?
:
Panorama est un système qui est développé pour le Canada en entier. C'est la Colombie-Britannique qui, au nom du Canada, a assumé un rôle de leadership en ce qui le concerne. C'est le seul système que je connaisse pour lequel chacun des agents et des administrateurs en chef de la santé publique sont venus à la table pendant plusieurs mois, probablement 18 mois, pour présenter une conception et des spécifications communes. Ce système couvrira la gestion des alertes, des éclosions et des cas, de même que l'immunisation, etc. Malheureusement, il n'était pas prêt à temps pour le virus H1N1. Mais il changera grandement les choses lorsque d'autres pandémies — hélas — arriveront jusqu'à nous, du point de vue des alertes, de l'éclosion et du contrôle des stocks de matériel, ne serait-ce que pour vérifier de quelle quantité de vaccins nous disposons, et qui obtient quel vaccin.
Dans notre pays, par exemple, les médecins hygiénistes n'ont jamais eu accès aux résultats de laboratoire; ils le pourront dorénavant. Grâce au système Panorama et au DSE tels que nous les concevons, en y incluant les résultats de laboratoire, ils auront accès à ces données.
On ne trouve nulle part dans le monde un système de cette nature, qui est mis en oeuvre ainsi, même aux États-Unis. Malheureusement, nous n'avons pas eu le temps de le lancer avant l'éclosion de la grippe H1N1, mais cela fera une différence importante. Le programme est mis en oeuvre en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec, à ce stade-ci.
Bienvenue au comité. Nous sommes ravis de vous recevoir aujourd'hui.
Conformément aux articles 110 et 111 du Règlement, nous sommes saisis de la nomination par décret de Bernard Michel Prigent au poste de membre du conseil d'administration d'Instituts de recherche en santé du Canada renvoyée au comité le 21 octobre 2009.
Bienvenue, monsieur Prigent.
Nous avons également ici aujourd'hui M. Alain Beaudet, des Instituts de recherche en santé du Canada. C'est un grand plaisir de vous avoir parmi nous.
Nous vous demanderions de faire vos déclarations; mais avant cela, Mme Wasylycia-Leis a demandé qu'on traite d'un recours au Règlement.
:
Merci, madame la présidente. Je serai pas très longue.
C'est moi qui, à l'origine, ai présenté cette motion au comité, alors je me préoccupe de veiller à ce qu'on lui donne suite adéquatement.
Je tiens à vous aviser, madame la présidente, que j'ai parlé à M. Beaudet pour lui indiquer que sa comparution ici, aujourd'hui, ne me posait aucun problème. Je me suis dit qu'elle allait de soi. Toutefois, je ne me doutais certainement pas que cela signifierait qu'aucun autre témoin ne serait admis, alors j'aimerais prendre immédiatement certaines mesures.
D'abord, j'aimerais déposer la lettre que je vous ai envoyée, madame la présidente, en date de vendredi dernier, où j'ai indiqué ma préoccupation quant à votre refus de considérer la possibilité d'une présence d'autres témoins, qui étaient disposés à venir et en mesure de le faire. Ces témoins étaient Mmes Patricia Baird et Noralou Roos, M. Joel Lexchin, Mme Abby Lippman, M. Steve Morgan, et enfin, M. Trudo Lemmens.
Dans la lettre que je dépose, madame la présidente, j'ai indiqué que je ne m'attendais évidemment pas à ce que la totalité de ces témoins comparaissent. Je savais que nous disposions d'un temps limité. J'ai fait valoir qu'une seule personne susceptible de fournir un autre point de vue dans ce débat aurait été très utile. Je suis déçue que vous n'ayez pas tenu compte de ma recommandation et que vous n'en n'ayez pas fait part au comité de direction ou au comité plénier avant de prendre cette décision. Je vais déposer cette lettre et demander l'avis des autres membres du comité quant à ce qu'il convient de faire.
Permettez-moi également de déposer une pétition qui contient quelque 2 085 noms de citoyens préoccupés par la nomination de M. Prigent aux IRSC.
Enfin, permettez-moi de mentionner l'importante correspondance que nous avons tous reçue de nombreux scientifiques, chercheurs et spécialistes de la santé de partout au pays. Si cela convient, je déposerai également tous ces documents avec plaisir.
Je ne veux pas abuser du temps du comité. Nous disposons de deux options. La première consisterait à planifier une autre séance pour entendre d'autres témoins, et c'est l'option que je préconiserais. Toutefois, il faudrait que cela se fasse, et qu'un rapport soit renvoyé au Parlement, avant le 9 décembre. Cela voudrait dire qu'il nous faudrait prendre cette décision assez rapidement et agir avant la semaine prochaine au plus tard.
L'autre option serait de nous contenter d'avaler la pilule quant à ce qui s'est passé, de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de présenter une motion ultérieurement pour déterminer comment notre comité composera avec ce genre de situation dans l'avenir. Je suis certainement prête à le faire.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à vous remercier, vous et vos collègues, de me donner l'occasion de parler de mon rôle et ma contribution en qualité de membre du conseil d'administration des Instituts de recherche en santé du Canada.
Permettez-moi de commencer en vous faisant part de mon expérience et de mes références, qui cadrent avec les objectifs et le mandat globaux des IRSC.
[Français]
J'ai reçu ma formation en médecine générale en France. Au début de ma carrière, j'ai eu à faire face aux problèmes cliniques et de santé publique majeurs vécus par les immigrants qui s'installaient dans les banlieues de Paris.
Mon intérêt pour les enjeux de santé mondiaux vient de ma participation à une mission médicale au Cambodge, dans une zone de guerre où, entre autres menaces, les civils subissaient les ravages d'une malaria multirésistante. Cette expérience m'a incité à rédiger ma thèse en médecine tropicale et en santé publique.
J'ai ainsi travaillé durant cinq ans dans divers milieux cliniques et hospitaliers exigeants en France, en Asie et en Australasie. La diversité de ces expériences cliniques m'a fait découvrir la médecine d'urgence, l'obstétrique, mais surtout, durant près de deux ans, le rôle de médecin de district. C'était dans un milieu tropical, au Samoa. Je devais dispenser seul des soins et promouvoir la santé publique auprès d'une population rurale de 20 000 habitants.
Toutes ces expériences m'ont forgé et ont fait en sorte que j'ai toujours su garder à l'esprit le point de vue et l'intérêt du patient, même lorsque ma carrière s'est éloignée de la médecine clinique au profit de la médecine en milieu pharmaceutique.
[Traduction]
C'est en 1984 que j'ai fais mes premiers pas dans l'industrie des produits pharmaceutiques en travaillant dans les installations de recherches médicales et pharmaceutiques internationales de trois grandes sociétés pharmaceutiques européennes, avant d'entrer au service de Pfizer Canada en 1995. Je me suis occupé du développement clinique et de la commercialisation de nouveaux médicaments dans divers domaines thérapeutiques, notamment la cardiologie, la médecine respiratoire, les maladies infectieuses, la rhumatologie, l'urologie, la neurologie et l'oncologie. Il y a plus de 20 ans, j'ai pu ouvrir de nouvelles voies en réalisant des études cruciales dans les pays comme la Pologne, la Hongrie et la Russie, et développer des capacité médicales et cliniques en Afrique et au Moyen-Orient.
M'intéressant à la gestion de la recherche-développement, j'ai fait une maîtrise en administration au Henley Management College, au Royaume-Uni, où ma recherche a principalement porté sur la gestion des organisations de recherche-développement internationales.
Au Canada, je contribue activement au renforcement des capacités de recherche-développement qui favorisent la collaboration entre les secteurs public et privé. Ces activités m'ont permis de devenir président du comité scientifique de la fondation de recherche des Compagnies de recherche pharmaceutique du Canada; membre du comité consultatif stratégique du Centre d'excellence en médecine personnalisée; membre du conseil d'administration du Centre d'excellence en Prévention de la propagation de l'insuffisance fonctionnelle des organes; président du comité d'orientation stratégique du Consortium québécois sur la découverte du médicament; membre du comité consultatif national du Réseau d'application de la recherche sur les démences; et coprésident du Chantier recherche de Montréal InVivo.
[Français]
Je pense que mes expériences cliniques internationales et mon apport à la mise au point de nouveaux médicaments ainsi qu'à leur accessibilité aux patients seront utiles au conseil d'administration des IRSC. Les IRSC ont lancé récemment leur plan stratégique quinquennal. Ce plan souligne notamment l'importance de la collaboration entre l'industrie et le milieu de la recherche afin que les travaux débouchent sur l'amélioration des produits, des technologies, des outils et des services de santé.
Plus précisément, le plan formule l'engagement de lancer, en matière de recherche axée sur le patient, une nouvelle initiative phare qui permettra au système de santé du Canada de mieux transposer les résultats de recherche afin d'améliorer les soins et la santé.
[Traduction]
Ces dernières années, nous avons vu quelques percées dans la recherche axée sur le patient, particulièrement au chapitre du traitement des maladies cardiovasculaires, des soins intensifs, des accidents vasculaires cérébraux et du VIH. Cependant, le Canada se laisse rapidement distancer par d'autres pays industrialisés lorsqu'il s'agit de réaliser des recherches de pointe axées sur le patient. Le Canada compte parmi les meilleurs chercheurs au monde dans le domaine de la santé. Mais le tableau n'est pas aussi reluisant quand vient le temps de transmettre les résultats de la recherche en laboratoire aux hôpitaux et aux cliniques afin d'améliorer les résultats dans le domaine de la santé.
Je crois que mon expérience substantielle en recherche clinique et ma collaboration multilatérale avec l'industrie et les centres universitaires de recherche de divers pays peuvent aider les IRSC à trouver des solutions pour combler les lacunes.
[Français]
À titre de membre du conseil d'administration des IRSC, je m'engage à observer strictement la Loi sur les conflits d'intérêts, les lignes directrices en matière d'éthique à l'intention des titulaires de charges publiques, les lignes directrices régissant les activités politiques des titulaires de charges publiques et la politique des IRSC sur les conflits d'intérêts et la confidentialité dans le contexte de l'examen du mérite et de la pertinence de l'examen par les pairs. En tant que nouveau membre du conseil d'administration, j'ai reçu une orientation du personnel de direction des IRSC et lu attentivement tous les documents.
En terminant, je réitère au comité mon dévouement et mon engagement à respecter les normes déontologiques les plus strictes dans cette fonction, comme dans toutes celles que j'ai exercées par le passé.
[Traduction]
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions que vous pourriez avoir. Merci.
:
Merci, madame la présidente. Je suis heureux de me présenter devant vous dans le cadre de l'examen de la nomination récente du Dr Prigent au conseil d'administration des IRSC.
[Traduction]
Sachez tout d'abord à quel point le conseil d'administration des IRSC et moi-même approuvons et appuyons l'arrivée de cet homme éminent parmi nous. M. Prigent a été nommé par le gouverneur en conseil en raison de son vaste savoir, de son expérience inestimable et de ses excellentes connaissances du milieu canadien de la recherche en santé internationale. À l'instar des autres membres du conseil, c'est à titre personnel et non comme représentant de son employeur qu'il a été nommé.
[Français]
Le conseil d'administration des IRSC a pour mandat de surveiller l'orientation et la gestion de l'organisme. Il en définit les orientations stratégiques, les objectifs et les politiques, et en évalue le rendement global. Il est important de souligner qu'il n'est pas du ressort du conseil d'examiner ou d'approuver les demandes de financement. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que la nomination du Dr Prigent satisfait aux critères de nomination des membres du conseil d'administration ainsi qu'énoncé dans la Loi sur les Instituts de recherche en santé du Canada.
En effet, la loi stipule que les membres du conseil doivent répondre aux plus hautes normes d'excellence scientifique et représenter une gamme de disciplines et de milieux pertinents. Nul ne mettra en doute les compétences et l'expérience exceptionnelles du Dr Prigent à cet égard.
[Traduction]
M. Prigent, un chercheur international renommé, est vice-président le Pfizer Canada Inc. Il fait partie de la Société canadienne de pharmacologie clinique et du Réseau canadien de l'arthrite. Il est également membre et président du conseil d'administration du comité consultatif scientifique de la Fondation pour la recherche en santé de Rx&D et coprésident du comité de recherche de Montréal InVivo, une association sans but lucratif regroupant plus de 600 organisations publiques et privées de Montréal qui favorise les partenariats et l'innovation scientifiques.
M. Prigent fera bénéficier le conseil de ses immenses connaissances dans des domaines allant de la santé internationale à la gestion de la recherche; il possède notamment une vaste expérience en innovation et en commercialisation, qui lui permet de combler une lacune notable que nous avions notée dans les compétences de notre conseil d'administration. Ses connaissances appréciables dans ce domaine nous permettront de mieux exercer nos responsabilités afin d'atteindre les objectifs des IRSC, qui figurent à l'article 4 de la Loi sur les IRSC:
exceller, selon les normes internationales reconnues de l'excellence scientifique, dans la création de nouvelles connaissances et leur application en vue d'améliorer la santé de la population canadienne, d'offrir de meilleurs produits et services de santé et de renforcer le système de santé au Canada, et ce par:
i) l'encouragement à l'innovation et le soutien à la mise en marché de la recherche canadienne dans le domaine de la santé et la promotion du développement économique au Canada au moyen de celle-ci;
[Français]
L'innovation et la commercialisation sont des éléments clés du mandat des IRSC en ce qui concerne l'amélioration de la santé des Canadiens et de l'efficacité de notre système de santé.
Comme vous le savez, le Canada fait piètre figure au niveau des investissements en recherche et développement consentis par le secteur privé. En fait, dans son dernier bulletin sur l'innovation, le Conference Board du Canada attribue la note D au pays pour son rendement en matière d'innovation au cours des trois dernières décennies.
Ce besoin à combler a été souligné dans la Stratégie nationale des sciences et de la technologie du gouvernement du Canada. À cet égard, la stratégie recommande spécifiquement:
À mesure que le gouvernement comblera des postes vacants dans les conseils d'administration, il cherchera à obtenir une plus forte représentation des entreprises et de la collectivité, afin que la composition des conseils d'administration traduise les intérêts économiques et nationaux généraux du Canada.
[Traduction]
Jusqu'à maintenant, pratiquement tous les organismes de recherche fédéraux ont entendu cet appel sauf les IRSC. De fait, des membres du secteur biopharmaceutique font partie du conseil d'administration de Génome Canada, du Conseil national de recherche du Canada, du Conseil national de recherche en sciences naturelles et en génie et de la Fondation canadienne pour l'innovation.
Les conseils d'administration de plusieurs organisations provinciales de recherche en santé, notamment le Conseil manitobain de recherche en matière de santé et le Fonds de la recherche en santé du Québec, comptent également des intervenants de l'industrie biopharmaceutique parmi leurs membres. De même, certains organismes équivalents dans d'autres pays — comme le Medical Research Council du Royaume-Uni — ont des personnes issues de ce secteur au sein de leur conseil d'administration.
Dans tous les cas, ces membres ont été nommés non comme représentants de leur employeur, mais comme personnes dotées de compétences uniques prêtes à communiquer leur savoir et capables d'ériger des ponts entre les secteurs privé et publics pour le bien commun.
En terminant, j'aimerais vous rappeler que tous les membres des conseils d'administration sont tenus de respecter la Loi sur les conflits d'intérêts, les lignes directrices en matière d'éthique à l'intention des titulaires de charge publique et les lignes directrices en matière d’éthique et d'activités politiques à l'intention des titulaires de charge publique. C'est d'ailleurs une condition de leur nomination.
En outre, la divulgation de conflit d'intérêt est un point permanent à l'ordre du jour des réunions du conseil d'administration.
[Français]
Je suis profondément convaincu que la nomination du Dr Prigent n'aura aucune incidence négative sur l'intégrité des IRSC. Bien au contraire, sa présence nous aidera grandement à remplir notre mission. Le Dr Prigent partage la vision des IRSC et apporte une expertise unique à la concrétisation de cette vision.
Merci.
:
Comme je l'ai indiqué dans mon exposé, un cadre très solide a été mis en place pour gérer les conflits d'intérêts. Avant de parler des outils, toutefois, je veux faire remarquer que l'on n'abandonne pas son intégrité et les normes qui s'y rattachent quand on passe d'un secteur à l'autre. Les membres du conseil d'administration sont avant tout tenus de respecter des normes d'intégrité, et je crois avoir fait preuve d'une intégrité irréprochable dans tout ce que j'ai accompli au cours de ma carrière.
Maintenant, pour ce qui est des outils de gestion des conflits d'intérêts, il y a évidemment la Loi sur les conflits d'intérêts, ainsi que les lignes directrices en matière d’éthique à l’intention des titulaires de charge publique et les lignes directrices en matière d’éthique et d'activités politiques. En outre, la déclaration de conflit d'intérêt doit figurer dans le préambule de tous les ordres du jour du conseil d'administration. Tous les membres du conseil peuvent se retrouver en position de conflit d'intérêts. Ce n'est pas une question circonscrite à un seul secteur. Chacun d'entre nous représente personnellement une institution différente et pourrait être confronté à un conflit d'intérêts. La meilleure façon de gérer ces conflits est donc de mettre en place un cadre solide, défini par la loi, ainsi que des procédures. C'est d'ailleurs de que les IRSC ont fait.
Toutes les activités que j'ai mentionnées suivent exactement les mêmes lignes directrices. Ainsi, on retrouve souvent autour de la table des personnes représentant des intérêts privés, publics et gouvernementaux, et tous doivent déclarer les conflits d'intérêts qu'ils pourraient avoir avant la prise de décision.
Sachez en outre que le conseil d'administration ne prend aucune décision d'investissement concernant des institutions ou des projets. L'examen du financement ne relève donc pas de son mandat. Je crois qu'il est très important que vous le compreniez.
:
Je peux certainement le faire.
Tout d'abord, j'aimerais revenir à la question de votre collègue Mme Bennett.
En fait, potentiellement, tous sont en conflit d'intérêts. Il y a un vice-président à la recherche. Parle-t-il pour son université? Devrait-on avoir des vice-présidents de recherche émérites? Il y a aussi un doyen de faculté de médecine. Parle-t-il pour sa faculté de médecine? Devrait-on avoir des doyens de faculté de médecine émérites?
On veut des gens qui sont dans le vif du sujet, car la recherche en santé change extrêmement rapidement. On veut les leaders au pays, des gens qui connaissent absolument et parfaitement tous les aspects de la recherche, aussi bien les aspects de recherche fondamentale, dont vous parlez, que les aspects de recherche plus appliquée, les aspects de commercialisation comme les aspects de recherche sur les services de santé.
L'important est de pouvoir avoir l'expertise autour de la table. Il est clair que l'on recherche une expertise variée qui nous permette de répondre au mieux à l'ensemble de notre mission.
De façon plus précise, il est assez rare que des membres du conseil d'administration aient à se récuser parce qu'on ne prend pas de décision financière. Tout de même, des chercheurs actifs siègent au conseil d'administration et il arrive qu'ils puissent se sentir mal à l'aise dans le cadre de certaines discussions.
Par exemple, un membre du conseil est un chercheur actif dans le domaine des cellules souches. Lorsqu'on a discuté des problèmes éthiques liés aux cellules souches, ce membre s'est récusé. C'est une question, non seulement de conflit d'intérêts mais d'apparence de conflit d'intérêts aussi, à laquelle on est très sensible. On ne veut pas donner l'impression qu'on favorise un joueur plutôt qu'un autre. On est très sensible à cela.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie également MM. Prigent et Beaudet de comparaître.
Tout d'abord, je tiens à vous dire, monsieur Prigent, que je ne doute pas de votre expertise professionnelle, de votre intégrité ou de votre vaste expérience. Il s'agit ici de juger s'il convient que le vice-président ou tout autre employé d'une grande société pharmaceutique fasse partie du conseil d'administration des IRSC. Je sais que nous avez dit que le conseil ne prend pas de décision d'investissement. Il chapeaute les IRSC, dont le mandat consiste à décider où affecter les fonds, quels secteurs devraient être prioritaires, et comment renforcer la capacité de recherche au pays et appuyer une nouvelle génération de chercheurs dans le domaine de la santé. C'est donc assez important.
Je vous demanderais donc, à vous et à M. Beaudet, qui est celui qui a initialement proposé votre nom, je crois—
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La nomination d'une personne représentant un secteur donné ne modifie pas le mandat d'indépendance. L'indépendance est un acquis. Il m'est difficile de croire que la présence d'une personne provenant d'un secteur donné pourrait altérer le mandat du conseil d'administration.
Je le répète, on m'a demandé de siéger au conseil d'administration à titre de particulier qui possède une certaine expérience pouvant être mise à contribution dans l'intérêt de la population.
Je me tiens au fait de ce qui se passe sur la scène internationale. Dans le cas du Conseil de recherches médicales, je vous l'ai indiqué, l'organisme équivalent au Royaume-Uni s'intéresse beaucoup aux mêmes questions que notre conseil. C'est une pratique courante. L'Australie est dotée d'un organisme analogue, qui fait de même, tout comme celui de la France.
Par conséquent, le principe, pour ainsi dire... Et je partage entièrement vos préoccupations. Cependant, lorsqu'il s'agit d'établir la stratégie pancanadienne en matière de santé, nous ne pouvons pas créer une forme d'apartheid intellectuel en excluant certains intervenants.
Cela m'apparaît extrêmement surprenant. La question des conflits d'intérêts m'interpelle. J'estime que c'est important.
Il n'y a aucune différence entre un institut de recherche privé et un institut de recherche public. Les membres de ces instituts possèdent les mêmes antécédents. Ils visent les mêmes objectifs. Ils veulent bien s'acquitter de leur travail et innover dans la prestation des services aux patients. Il est essentiel d'en tenir compte dans l'examen d'une nomination.
Je comprends que ce soit une question délicate, mais le Canada et les IRSC doivent être proactifs et s'attaquer...
:
Merci, madame la présidente.
Je voudrais poursuivre dans la foulée des propos du Dr Beaudet sur les compétences. Comme vous le savez, avant d'être secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé, j'ai occupé les mêmes fonctions pour le ministre de l'Industrie, et l'une des principales plaintes que j'entendais, c'était le manque d'expérience des réalités du secteur privé. Le gouvernement élabore des programmes et des règlements sans tenir suffisamment compte de l'opinion du secteur privé. Vous avez indiqué que le secteur privé occupe une place prépondérante au Canada. Même s'il est bien intentionné, le Canada ne prend pas parfois les mesures nécessaires afin de promouvoir l'innovation, la commercialisation et la recherche appliquée.
C'est l'objectif que souhaite atteindre notre pays. Nous voulons créer des emplois solides et nous voulons stimuler l'économie. Vous avez signalé que nous avons obtenu un D. Il y a donc des aspects que nous devons améliorer. Ce genre nomination n'est pas sans précédent dans les autres pays et au Canada. Il a été question du conseil de recherches en santé de l'Irlande et des mesures qu'il a prises. Si nous comparons la recherche-développement qui a été effectuée en Irlande au cours des 20 dernières années... Dr Prigent, vous avez indiqué que, en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni, les conseils d'administration des instituts de recherche comptent tous des membres provenant du secteur privé. C'est le cas également dans quatre provinces canadiennes.
Ma question s'adresse à vous, Dr Beaudet. Est-ce bien là ce qui se passe dans ces pays? Y est-on sous la dictature du secteur privé? Où les conseils d'administration de ces instituts recrutent-ils les candidats ayant ce genre de compétences?
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Tout d'abord, je m'en tiendrai à ce que je sais, notamment que bien des membres siégeant au CA du Conseil de recherches médicales du Royaume-Uni proviennent du secteur pharmaceutique, et je dois reconnaître qu'on y a passablement bien réussi à inverser la tendance et à envisager différemment l'innovation et le partenariat public-privé, ce qui s'est révélé un atout de taille, je pense, pour ce pays.
Je sais aussi qu'en France des représentants du secteur biopharmaceutique siègent également au conseil d'administration du CNRS. Une fois de plus, je ne relève que des aspects positifs. De toute évidence, je n'aurais pas recommandé le Dr Prigent à la ministre Aglukkaq si je n'avais pas estimé que c'était un domaine où il fallait s'améliorer.
Vous savez parfaitement que nous sommes en plein coeur d'un ralentissement économique. Je crois que nous nous en sortirons définitivement en tablant sur la recherche et l'innovation. Le secteur public ne suffira pas à la tâche. Le secteur privé et le secteur public doivent collaborer. Nous devons comprendre quels sont les besoins du secteur privé. Celui-ci doit connaître l'orientation du secteur public. Il faut conjuguer nos efforts. Comme le Dr Prigent l'a indiqué, nous avons mis en oeuvre diverses initiatives lorsque je dirigeais la FRSQ au Québec.
Je peux vous dire que ce n'est pas la protection de la propriété intellectuelle qui est en cause ici. Il est plutôt question de recherche préconcurrentielle, qui profiterait à tous, tant au secteur public qu' aux Canadiens et, bien sûr, au secteur privé. C'est ce que nous souhaitons, n'est-ce pas? Nous voulons que le secteur privé investisse davantage. Nous ne voulons pas qu'il le fasse dans d'autres pays. Nous voulons qu'il investisse dans la recherche-développement au Canada pour que nous puissions en tirer des avantages pécuniaires.
Nous pensons que nous devons jouer un rôle afin de faciliter la tâche au secteur privé et au secteur public. C'est dans notre mandat. C'est prescrit dans la loi.
:
Je pense que je ferai profiter les IRSC notamment de l'expérience que j'ai acquise dans plusieurs provinces où la collaboration entre le secteur public et le secteur privé a été mise en oeuvre.
Au Québec, en Colombie-Britannique et en Ontario, diverses initiatives provinciales ont permis d'encourager et de favoriser les partenariats. Il a été question de la création d'un consortium pour la recherche préconcurrentielle. La Colombie-Britannique a établi le CDRD, le Centre for Drug Research and Development, mais le gouvernement fédéral a également créé les Centres d'excellence en commercialisation et en recherche. De nombreuses entreprises ont emboîté le pas à ces initiatives. Je pense que nous pouvons en tirer des leçons et que ce n'est qu'un début. Ayant participé à certaines de ces initiatives, j'estime posséder une certaine expérience dont je peux faire profiter les IRSC, qui essaient d'instaurer la collaboration avec le secteur privé.
De toute évidence, je pourrai également mettre à contribution mes compétences pour favoriser la recherche clinique ou, mieux encore, comme il en a été question, la mise en oeuvre d'une l'initiative pour une pratique en collaboration centrée sur le patient, ce qui englobe beaucoup plus que le développement clinique de médicaments, si je peux m'exprimer ainsi. Mes compétences peuvent être utiles à bien des égards pour stimuler la réflexion auprès des membres du CA et des responsables de cette initiative.
Ce n'est là que quelques exemples. Il y a également un autre aspect qui n'est pas lié à mon poste. Il s'agit en l'occurence de mes antécédents dans le domaine de la santé mondiale. Je sais que les IRSC cherchent stratégiquement à établir des partenariats partout dans le monde avec des organismes caritatifs internationaux et d'autres gouvernements. Je suis convaincu qu'une collaboration plus étroite avec le secteur privé pourra déboucher sur des solutions aux nombreux problèmes de santé au Canada et dans d'autres pays.
:
Certainement. Je peux même vous recommander une excellente suggestion de lecture, en l'occurence le plan stratégique des IRSC qui a été publié il y a quelques semaines et qui décrit très clairement nos priorités.
Sans vous exposer exhaustivement notre plan stratégique, je voudrais simplement faire ressortir notre impartialité lorsque nous finançons des projets misant sur l'excellence et la compétitivité internationale, dans le cadre de nos priorités restreintes mais néanmoins essentielles dans le domaine de la recherche en santé. Les voici: soutenir davantage la recherche axée sur les patients ainsi que la recherche clinique; la recherche sur notre système de soins de santé afin d'améliorer sa viabilité; la recherche sur la santé des Autochtones et des autres populations vulnérables; la recherche sur les maladies chroniques et la santé mentale qui, comme vous le savez, posent un grave problème à notre société, problème qui risque de s'aggraver en raison du vieillissement de la population; la recherche sur les nouvelles menaces. Vous le savez, ces nouvelles menaces comprennent les infections, notamment celle avec laquelle nous sommes aux prises actuellement. Cependant, nous pouvons prédire que les changements climatiques en entraîneront d'autres.
Telles sont nos cinq priorités pour les cinq prochaines années. Il m'apparaît évident que les compétences du Dr Prigent en recherche clinique seront essentielles pour nous aider à mettre en oeuvre les soins axés sur le patient, et que son expertise en gestion de la recherche contribuera à améliorer notre système de soins de santé et, partant, la qualité des soins et la santé des Canadiens. Je peux voir comment ses compétences en santé mondiale nous seront utiles face à notre priorité sur la santé des Autochtones et des autres populations vulnérables, une situation qui, comme vous le savez, présente beaucoup d'analogies avec celle des pays en voie de développement. Nous mettrons également à contribution ses compétences sur les nouvelles menaces, en particulier les infections. Enfin, je vous soulignerai, comme vous l'aurez peut-être remarquer, les compétences nombreuses Dr Prigent sur les maladies chroniques, la dernière priorité de notre plan stratégique.
J'estime par conséquent qu'il possède toutes les compétences nécessaires pour nous aider à nous attaquer à ces différentes priorités au cours des cinq prochaines années.