:
Merci, monsieur le président.
L'Association civile de recherche et de sauvetage aériens, ou ACRSA, est une association bénévole nationale créée en 1986 pour faire la promotion de la sécurité aérienne et offrir des services de soutien à la recherche aérienne dans le cadre du programme national de recherche et de sauvetage. Nos bénévoles utilisent leur propre aéronef ou véhicule pour offrir ce service, et leurs dépenses leur sont ensuite remboursées.
L'ACRSA est financée par un accord de contribution conclu par le Conseil du Trésor et administré par le MDN. Il s'agit d'une entente quinquennale qui détermine les services à fournir et le financement autorisé pour ces services.
Chaque année, notre vérificateur examine les états financiers présentés par l'ACRSA. Jusqu'à maintenant, il a toujours remis un rapport sans réserve et exprimé une opinion favorable. C'est de très bon augure pour un organisme bénévole qui gère des fonds publics.
Nous avons des organisations membres dans chaque province et territoire. Lors du dernier exercice financier, nous comptions environ 2 997 membres, lesquels ont effectué environ 124 701 heures de bénévolat, de formation et d'animation de séminaires sur la sécurité. Dans l'ensemble du pays, nos bénévoles ont également participé à 254 missions réelles de recherche et de sauvetage, soit 137 opérations aériennes et 117 opérations au sol, en quelque 4 577 heures de bénévolat.
Ces bénévoles complètent de façon active le personnel de base de recherche et de sauvetage des Forces canadiennes lors de ces missions en fournissant des observateurs pour les avions de recherche militaires en plus de pilotes, de navigateurs, d'observateurs et d'aéronefs lorsque l'un des trois centres conjoints de coordination des opérations de sauvetage du Canada leur en fait la demande. Nous fournissons également de l'aide humanitaire aux services de police locaux et aux organismes de gestion des urgences pour la recherche de personnes disparues.
L'ACRSA est gérée par un conseil d'administration bénévole formé de 13 membres, qui sont élus par les organisations membres du pays. Ce conseil est responsable de l'élaboration des politiques, de la gestion de nos responsabilités financières et de l'établissement des normes de formation. Il se réunit deux fois par année pour s'acquitter de ces responsabilités relatives à l'administration courante. Le conseil de direction, formé de quatre membres, se réunit quatre fois par année ou au besoin.
L'ACRSA élabore ses propres programmes de formation en fonction du manuel national de recherche et de sauvetage. En plus de ces programmes de formation, nous avons établi des normes de formation et de maintien des compétences que nos bénévoles doivent respecter avant d'être autorisés à participer aux missions réelles de recherche et de sauvetage. Nous avons élaboré des formations pour nos pilotes, navigateurs, observateurs et coordonnateurs de recherche.
Pour bien fonctionner, l'ACRSA utilise une structure qui divise chaque organisation membre en zones et en régions, si nécessaire. Il y a environ 104 zones au pays. La zone est le niveau auquel toutes les opérations ont lieu. Toutes nos activités d'accréditation, de formation, de maintien des compétences et de recrutement se déroulent à ce niveau. Le MDN évalue chaque zone pour s'assurer qu'elle se conforme à nos normes d'accréditation et à nos exigences en matière de maintien des compétences. C'est aux agents de liaison de l'ACRSA affectés aux escadrons de recherche et de sauvetage que revient cette responsabilité. En moyenne, nous réussissons nos évaluations de zone dans 97 p. 100 des cas, et dans les autres cas, nous réussissons après une formation d'appoint immédiate.
Nous avons élaboré un système de gestion électronique pour conserver toutes les données qui concernent nos bénévoles, ainsi que leur dossier de formation et de maintien des compétences. Comme l'évaluation des qualifications se déroule sur 365 jours, le maintien des compétences de nos bénévoles est constamment surveillé, et la formation est adaptée en fonction des besoins. Nous offrons les cours appropriés afin que chacun ait la possibilité de maintenir ses compétences de vol.
Tous les bénévoles reçoivent une attestation de l'ACRSA, qui s'assure ainsi qu'ils sont en mesure d'offrir un service de grande qualité aux Forces canadiennes, mais également que les gens dans le besoin recevront l'aide de professionnels hautement qualifiés lors des recherches. Les bénévoles de l'ACRSA acceptent volontairement de participer aux recherches lorsque les circonstances et les conditions météorologiques sont difficiles.
L'une des contributions les plus remarquables que l'ACRSA apporte aux opérations de recherche et de sauvetage des Forces canadiennes est la connaissance que les pilotes, les navigateurs, les observateurs, le personnel au sol et les coordonnateurs ont de leur région. Nos membres peuvent être au courant de la présence d'un avion dans un secteur, et si l'émetteur de localisation d'urgence se déclenche, nous pouvons avoir une bonne idée de l'endroit où chercher. Pareille connaissance du terrain peut contribuer à conclure une recherche plus rapidement ou à éviter d'avoir à appeler un avion des Forces canadiennes, ce qui réduit la charge de travail des escadrons de recherche et de sauvetage.
L'ACRSA a élaboré un programme d'assurance pour offrir une protection à ses bénévoles. Ce programme comprend la responsabilité, les accidents de travail et l'assurance secondaire pour coque d'aéronef. Il fera en sorte que nos bénévoles ne seront pas laissés à eux mêmes s'ils sont blessés durant l'une de leurs missions.
En plus de notre programme d'assurance, nous avons aussi les commissions des accidents du travail. Dans presque toutes les provinces et tous les territoires, nos bénévoles sont considérés comme des travailleurs de services d'urgence, ce qui permet à la commission des accidents du travail d'une province ou d'un territoire de leur fournir un soutien financier si un incident malheureux se produit. Nous sommes toujours en négociations avec quelques provinces ou territoires qui hésitent encore à offrir cette protection, même si le gouvernement fédéral va assumer au bout du compte 75 p. 100 des coûts des réclamations.
Le chef des services d'examen, soit le vérificateur interne des programmes du MDN, a effectué récemment la vérification du programme de l'ACRSA. Il a déterminé que l'ACRSA est un programme rentable qui permet de ménager les fonds et l'équipement limité du MDN, ainsi que les ressources en personnel. Par exemple, depuis 2005, le coût horaire du soutien de l'ACRSA aux équipes de recherche et de sauvetage est de 85,20 $ dans la région de recherche et de sauvetage d'Halifax, de 65,82 $ dans celle de Trenton et de 447,51 $ dans celle de Victoria.
L'ACRSA participe à environ 25 p. 100 des missions de recherche et de sauvetage, et on nous a remboursé approximativement 1 million de dollars pour ces efforts. Toutefois, si le MDN avait effectué ces opérations sans l'aide de nos bénévoles et de leur aéronef, il aurait déboursé environ 30 millions de dollars. À eux seuls, ces chiffres démontrent quelle valeur le programme de bénévolat de l'ACRSA a pour le programme de recherche et de sauvetage. Le coût du programme de l'ACRSA représente 1,9 p. 100 des coûts du programme de recherche et de sauvetage du MDN.
Dans le rapport, les personnes interrogées ont indiqué que le programme de l'ACRSA était indispensable ou très utile, ce qui constitue un appui très positif à une organisation bénévole civile.
Durant les exercices de 2005 à 2009, nous avons participé à 32 missions de recherche et de sauvetage dans l'Arctique et les Territoires du Nord-Ouest. Onze se sont déroulées au sol, en 1 250 heures de travail bénévole. Il y a eu 20 incidents aériens au Nunavut, dont deux ont nécessité une intervention au sol, pour 1 400 heures au total. Enfin, il y a eu neuf missions aériennes au Yukon, dont quatre au sol, soit 226 heures au total.
Nous sommes donc disponibles. Nous sommes là et nous pouvons offrir notre assistance au MDN ou aux organisations de mesures d'urgence au besoin.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler de l'ACRSA.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
On m'a demandé de venir vous parler aujourd'hui des activités de recherche et de sauvetage dans le Nord. Je commencerai en vous présentant un bref exposé pour vous décrire les rôles, la responsabilité et la position des FC à cet égard, après quoi nous examinerons les taux d'activité observés ces dernières années. Il m'arrivera d'utiliser l'abréviation R-S pour parler de recherche et de sauvetage durant mon exposé.
Je dois préciser qu'un grand nombre d'organisations et d'organismes sont appelés à effectuer des interventions de recherche et de sauvetage. Les Forces canadiennes et la Garde côtière canadienne sont responsables des aéronefs et des navires en détresse dans les eaux territoriales du pays. Parcs Canada est responsable des personnes perdues ou disparues dans les limites des parcs nationaux. Le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut sont responsables des opérations de recherche et de sauvetage au sol sur leurs territoires respectifs. Les volontaires jouent un rôle important dans ce type d'activités, comme vient tout juste de le souligner M. Davidson. Nous comptons beaucoup sur l'ACRSA pour nous assister dans nos opérations de R-S.
Je vous demande maintenant de consulter les diapositives que j'ai préparées, et je vais simplement faire quelques brèves observations sur chacune. La première est intitulée « Régions de recherche et de sauvetage et emplacement des CSSM ». Nous avons trois centres de coordination des opérations de sauvetage au service du Canada. On peut les voir ici, à Victoria, à Trenton et à Halifax. Chaque région englobe également les eaux côtières. Nous sommes responsables des opérations de recherche et de sauvetage dans une région de 15 millions de kilomètres carrés, qui s'étend de la frontière des États-Unis jusqu'au pôle Nord, et de 1 100 kilomètres à l'Ouest de Vancouver jusqu'à 1 600 kilomètres à l'Est de Terre-Neuve. Le personnel de trois de nos centres est composé à la fois de membres des Forces canadiennes et de membres de la Garde côtière, qui sont très bien formés pour les opérations de recherche et de sauvetage.
Une opération de R-S commence par un signalement. Un signalement transmis à n'importe lequel des centres de coordination va déclencher une série d'événements qui vont conduire à une mission de R-S réussie ou non, selon le cas. Les signalements proviennent de diverses sources, telles que NavCan, un proche parent ou des émetteurs de localisation d'urgence, ou ELT. Je peux vous en parler plus en détail un peu plus tard, si vous le voulez.
Les centres de coordination vont mandater la ressource la plus susceptible de produire les meilleurs résultats. Il peut s'agir d'un aéronef des Forces canadiennes ou d'un bâtiment de la Garde côtière. Des ressources de la marine ainsi que d'autres ressources provinciales, fédérales ou territoriales, comme Transports Canada, peuvent également être utilisées. Nous affrétons souvent des hélicoptères commerciaux, lorsque c'est le plus logique et le plus pratique. Nous utilisons l'ACRSA, comme on l'a mentionné, et la Garde côtière auxiliaire canadienne. Bien souvent, plusieurs ressources sont chargées des opérations de recherche et de sauvetage.
La diapositive suivante montre les endroits où nos bases sont situées, soit aux quatre coins du pays, de Comox, dans l'Ouest, jusqu'à Gander, à Terre-Neuve. Nous avons des bases principales, où nos aéronefs sont en attente de façon permanente, ainsi que des installations secondaires, comme Cold Lake, Bagotville et Goose Bay, où nous disposons de ressources pour les opérations de recherche et de sauvetage.
La diapositive suivante présente les types d'aéronefs utilisés dans les opérations de recherche et de sauvetage ainsi que l'endroit où ils sont basés. Tous ces appareils sont spécialement équipés pour les opérations de R-S. Ils sont munis d'équipement électronique ainsi que d'équipement de livraison par air, comme des pompes, des radeaux, des fournitures médicales et des abris; la charge peut être modifiée selon les spécifications de la mission. L'équipage de chaque appareil se compose, en plus des pilotes, bien entendu, de deux techniciens de R-S formés en soins d'urgence, en survie sur terre et en mer, et spécialisés dans les techniques de sauvetage, y compris le sauvetage dans l'Arctique, et les techniques de parachutisme, de plongée et d'escalade. Ils ont toutes les compétences pour effectuer des sauvetages.
À la page suivante, je vous parle brièvement du système COSPAS/SARSAT. Le signalement d'un incident constitue la clé d'une intervention et d'un sauvetage rapides. Au début des années 1980, le Canada, avec d'autres pays, a créé le système COSPAS/SARSAT. Il s'agit essentiellement d'un système qui permet de détecter les signaux de détresse à l'aide d'un satellite. Depuis que nous utilisons ce système, nous avons considérablement diminué le temps de recherche, parce que nous pouvons rapidement obtenir l'emplacement et les informations dont nous avons besoin, ce qui nous permet de choisir les ressources appropriées de R-S.
Tout récemment, nous avons amélioré la capacité du système COSPAS/SARSAT en nous tournant vers la technologie de 406 mégahertz, une capacité numérique de détection des signaux de détresse qui nous permet d'être alertés très rapidement et de connaître l'emplacement précis d'un incident de même que des détails concernant l'enregistrement de l'appareil et le nombre de personnes en détresse. Cela nous aide grandement à planifier les étapes initiales de toute opération de recherche.
Par exemple, un avion bimoteur s'est écrasé à Iqaluit, en décembre, avec deux personnes à son bord. Elles ont toutes les deux été sauvées. Nous avons reçu une alerte 406, ce qui a déclenché le système et nous a fourni des renseignements essentiels qui nous ont permis d'enclencher rapidement une opération de recherche et de sauvetage.
La diapositive suivante porte sur la CATAIR, ou la capacité d'intervention à la suite de catastrophe aérienne, dans le cas où elle surviendrait dans une région éloignée. Nous avons des trousses préparées à l'avance et prêtes à être distribuées, qui comprennent des abris, des provisions et des fournitures médicales. Elles sont conçues pour être rapidement chargées dans les appareils et livrées sur les lieux de l'écrasement.
Les trousses CATAIR ne sont qu'un des éléments de notre capacité d'intervention en cas de catastrophe aérienne. Tout d'abord, nous enverrions notre principal appareil, qui a la capacité d'offrir un abri et une aide médicale aux personnes sur le terrain. Nous enverrions ensuite nos trousses CATAIR. Nous déploierions une unité médicale avancée, puis nous commencerions les évacuations. Nous disposons d'un plan pour appuyer la CATAIR, qui comprend non seulement l'armée, mais les responsables territoriaux et d'autres organismes gouvernementaux. Le Canada est le seul pays doté d'une telle capacité.
En plus de la CATAIR, nous avons également des caches d'équipement de survie partout dans le Nord, où sont entreposés des vêtements et des tentes qui peuvent être transportés vers le site d'un incident au besoin.
Les deux diapositives suivantes montrent le nombre total d'incidents ayant été signalés par région sur une période de cinq ans. La tendance s'est à peu près maintenue au cours des années où nous avons recueilli ces données. Il s'agit de divers types d'incidents, tant les fausses alertes que les incidents réels.
La page suivante présente des incidents qui ont eu lieu au nord du 55e parallèle au cours des cinq dernières années, ce qui est peut-être davantage en lien avec notre discussion d'aujourd'hui. Nous avons enregistré les incidents des divers centres de coordination des opérations de sauvetage. Ce sont des incidents de catégorie un et deux, ce qui signifie que nous avons envoyé des ressources de R-S sur les lieux. Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il s'agissait de situations de détresse, mais nous n'avions d'autre choix que de déployer des ressources. Nous pouvons constater qu'il y a assez peu d'incidents.
À la dernière page, nous avons un tableau qui illustre la répartition des incidents. Nous avons aussi superposé nos escadrons principaux et secondaires. Je pense que ce tableau montre vraiment que la vaste majorité des incidents surviennent là où il y a des bases et qu'au Nord, il n'y a pas de région en particulier où un grand nombre d'incidents se produisent.
Monsieur le président, c'est ainsi que je vais conclure mon exposé. Je serai heureux de participer à la discussion.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos deux témoins de leur exposé.
D'abord, je vous poserai une première question, monsieur Davidson. J'ai ici le CASARAMAN, le search and rescue du Manitoba. Je n'ai pas pu faire autrement que de penser au projet Minuteman. Si vous ne le savez pas, Minuteman, ce sont des volontaires à la frontière entre le Mexique et les États-Unis qui ont dit qu'ils allaient prendre les choses en main et se promener avec leurs revolvers et leurs carabines pour faire en sorte que les lois soient respectées.
Vous comprendrez que je ne veux pas comparer CASARAMAN à Minuteman, mais la certification est-elle faite de façon correcte. Avez-vous dit que c'était la Défense nationale qui s'en occupait? Je ne peux pas, j'imagine, sortir mon vieux « coucou » des années 1950 de mon hangar et dire que je vais le piloter pour répondre à un signal de détresse. J'imagine que vos pilotes doivent être certifiés. De quelle façon cela se passe-t-il, afin de pas ajouter au problème? En effet, si le vieux « coucou » tombe, on a deux problèmes, et non pas un.
Permettez-moi d'abord de répondre moi aussi à cette question, à laquelle John a déjà bien répondu. Nous, les militaires, finançons les activités de l'ACRSA, et nous nous en remettons entièrement à la compétence de ses membres. Ce que nous leur demandons ne sort pas d'un certain cadre. Il y a certaines tâches que l'on confie à nos forces de recherche et de sauvetage que l'on ne confierait évidemment pas à l'ACRSA. Ce que ces gens-là réussissent à accomplir, avec leur propre équipement et pendant leur temps libre, nous est d'une aide inestimable. Ils ont toute la confiance de nos centres de coordination des opérations de sauvetage, qui n'hésiteront pas, je vous en donne ma parole, à confier une opération à l'association si l'un de ses aéronefs ou l'une de ses équipes peut intervenir plus rapidement. Ce n'est pas la seule association en son genre, et elle ne fera par exemple pas de livraisons par air, ni une foule d'autres choses, mais l'aide qu'elle peut nous apporter nous est très précieuse.
Nous tentons en général d'éviter les opérations de recherche. Nous nous fions surtout au satellite pour repérer les lieux, mais il arrive parfois que le satellite ne nous soit d'aucune utilité. Nous devons alors organiser une battue. Il s'agit d'un exercice ardu et exigeant, et les observateurs de l'association constituent un atout indéniable.
:
Dans le pire des cas, s'il faut se rendre dans un lieu très éloigné, il nous faudra toujours un certain temps avant de pouvoir intervenir. Il faut cependant savoir que le temps de déplacement, c'est-à-dire entre le moment où je quitte ma base et celui où j'arrive sur les lieux de l'accident, n'est pas toujours le facteur le plus déterminant.
Au contraire, ce serait plus grave si le matériel d'intervention de la CATAIR dont je parlais tout à l'heure était entreposé dans le Nord. Nous perdrions alors un temps précieux, puisqu'il n'y aurait aucun aéronef pour en faire le transport. Il faudrait donc noliser un aéronef de plus, en plus de celui qui sert déjà à l'opération en tant que telle. Les appareils dont je parle sont basés à Trenton. C'est aussi là qu'est basé le personnel médical. Le matériel CATAIR doit être renouvelé occasionnellement, car il est composé d'équipement médical. Il y a donc toutes sortes de raisons qui font qu'il est plus efficace de laisser les ressources là où elles sont.
Et quant à savoir quel type d'appareil il faudrait baser dans le Nord pour intervenir en cas de situation très grave impliquant plusieurs passagers, s'il est vrai que les hélicoptères peuvent souvent être utiles, il arrive parfois qu'un hélicoptère commercial puisse mieux répondre à nos besoins, tout dépend de la situation.
Pour commenter brièvement l'écrasement du CC-130, ce jour-là, la météo s'est envenimée tellement rapidement que, peu importe d'où nous serions partis, territoire arctique ou pas, cela n'aurait rien changé. En fait, le site a été survolé des heures durant, sans que nos techniciens de recherche et de sauvetage puissent sauter. Et comme il faut presque les attacher pour les retenir, il fallait qu'il fasse mauvais. Je vous prie donc de croire que nous aurions aimé faire quelque chose, mais que la sécurité de l'équipe d'intervention était en jeu. Et encore, lorsque nos gens sont finalement intervenus, le danger n'était pas totalement écarté.
Cette fois-là, nous avons en outre lancé une équipe de recherches terrestres, et mêmes si nous avions une bonne idée de l'emplacement de l'aéronef, elle a mis plus de 30 heures pour s'y rendre.
Je dirais donc que, oui, la situation était très exceptionnelle, très difficile et très tragique, autant pour nous que pour les victimes.
:
Je vous remercie de votre question.
En fait, toute la question de la privatisation de la fonction recherche et sauvetage a déjà été examinée — en tout ou en partie — et je dirais, du réseau tel qu'il se présente actuellement, avec ses joueurs, les centres de coordination, les unités spécialisées, que des sociétés privées pourraient presque le remplacer totalement, mais à des coûts que j'estime prohibitifs.
Dans ce type de mission, les militaires offrent, entre autres choses, de la profondeur. Nous pouvons mener des opérations sans que ça coûte un sou de plus. Les éléments de commandement et de contrôle rendent l'opération coûteuse. Encore une fois, notre réseau, vaste, coordonné, possède de la profondeur. Il serait intéressant de voir s'il est vraiment possible de mettre au point un concept de recherche et sauvetage privatisé et efficace qui serait moins coûteux que celui que nous possédons déjà.
:
Absolument. Les équipages sont complets. Cela dépend uniquement de la longueur des quarts de travail et des repos à accorder. Il faut tenir compte des congés autorisés et des permissions ainsi que de toutes sortes d'autres choses. Cela ne se résume pas à déplacer un avion vers un emplacement quelconque. Il est très difficile de fournir un service comme celui-là, même s'il est saisonnier.
D'après notre étude de 2005, sur le positionnement des bases, à laquelle nous avons fait allusion, Gander est assurément un meilleur emplacement, pour un certain nombre de raisons. Si vous regardez la répartition des opérations de recherche et sauvetage à partir de Gander, vous constaterez qu'elles ne sont pas majoritairement menées au large. Elles sont réparties dans toute l'île et jusqu'à la côte nord.
Du point de vue météorologique, Gander est une meilleure base d'opérations. À St. John's, il y a des périodes où la circulation aérienne est paralysée — conditions zéro-zéro, dans notre jargon —, ce qui arrive très rarement à Gander. Si on était basé à St. John's et qu'un pêcheur était en péril à Port aux Basques, on s'exposerait parfois à ne pas pouvoir décoller.
Voilà pourquoi, fondamentalement, nous ne craignons pas d'affirmer que Gander est un choix opérationnel plus logique.
:
C'est une excellente question. La prévention est un aspect très important.
John et moi avons quelque peu parlé des mesures prises dans le cadre du programme de recherche et de sauvetage. Transports Canada a la responsabilité première du programme de prévention, par règlement. Des responsables régionaux enseignent la sécurité aérienne, tout comme la Garde côtière s'acquitte de sa responsabilité en matière de prévention.
Le programme de l'Association civile de recherche et de sauvetage aériens ne s'apprécie pas en termes d'argent, puisque l'on ne peut pas le ventiler, mais sa valeur réside dans ses membres, qui sont des leaders communautaires. De fait, ils sont respectés dans le milieu de l'aviation et ont vraiment la prévention à coeur.
Il y a certaines exigences relatives à la délivrance des permis, telles que la présence de gilets de sauvetage dans les navires. Il me vient notamment à l'esprit les balises de détresse dont j'ai parlé tout à l'heure. Ce n'est pas tout à fait une mesure de prévention, mais c'est relié. Si rien d'autre ne fonctionne, les balises permettent au moins un secours très rapide. Il y a un volet pédagogique qui y est rattaché — c'est plus de l'éducation que de la prévention, je présume.
:
Voilà d'excellentes questions!
La bonne nouvelle, à mon avis, c'est que nous n'avons encore jamais déployé cette équipe en situation réelle, ce qui signifie qu'il n'y a jamais eu d'accident où nous en avons eu besoin. Or, n'allez pas penser qu'elle n'était pas prête. La dernière fois qu'elle s'est trouvée sur un pied d'alerte, c'était dans le cadre de la tragédie du vol 111 de Swissair. Il s'agit là de l'appareil qui s'est écrasé en mer au large de la Nouvelle-Écosse. Nous étions prêts à lancer l'équipe d'intervention CATAIR, mais il a vite été déterminé que ce serait une fouille maritime, contrairement à une mission de sauvetage, et elle n'a donc pas été déployée.
Vous posez une très bonne question. Je n'ai pas mentionné que ce poste de commandement a d'autres utilités, mais il peut être utilisé dans des situations autres que les catastrophes aériennes. Prenons l'exemple d'un navire de croisière de 1 600 personnes qui s'échoue. Dans un terrain accidenté ou sur le pergélisol, l'évacuation d'autant de personnes par hélicoptère ou par un autre moyen risque de prendre beaucoup de temps. L'équipe d'intervention CATAIR a la capacité de s'envoler et de larguer de l'équipement de survie. Chaque trousse inclut des tentes pour 80 personnes, et nous en avons quatre. Ainsi, pour les envoyer dans une région peu densément peuplée... De plus, il n'est pas nécessaire que ce soit dans l'Arctique. Ce peut bien sûr être ailleurs; il y a des régions dans le Nord de beaucoup de provinces qui pourraient également en bénéficier. Enfin, il est possible d'adapter l'intervention; toutes les mesures prévues ne sont peut-être pas nécessaires.
Nous avons également une équipe de 12 parachutistes militaires qui sont entraînés pour partir en mission. Ils peuvent donc fournir de l'assistance au sol et appliquer des techniques de survie. Bien sûr, il y a aussi nos techniciens de recherche et de sauvetage, qui ont des connaissances médicales. Il y a donc plus de possibilités qu'une simple expédition en Arctique.