Bonjour à tous et à toutes. Merci, mesdames et messieurs du comité, de nous donner la chance de comparaître devant vous aujourd'hui pour parler de la souveraineté dans l'Arctique.
Je suis originaire de Kuujjuaq, une ville au Nunavik, mais j'ai grandi à l'époque du système d'externat fédéral, donc mon français n'est pas très bon. Je l'ai étudié avant l'instauration du système scolaire provincial, alors j'aurai besoin de l'aide du traducteur.
La société Makivik est l'organisme chargé de protéger les droits et les intérêts des Inuits du Nunavik en vertu de la Convention de la Baie James et du Nord québécois et de l'Accord sur les revendications territoriales des Inuits du Nunavik de 2008, que l'on connaît par l'abréviation ARTIN. Il s'agit d'un accord conclu entre le gouvernement du Canada, le gouvernement du Nunavut ainsi que les Inuits du Nunavik et du Labrador, qui donne aux Inuits du Nunavik les droits de propriété sur environ 7 000 îles situées au large dans la baie d'Hudson, le détroit d'Hudson et la baie d'Ungava.
Comme vous l'avez sûrement deviné en entendant dire que nous possédons plus de 7 000 îles, le Nunavik est un territoire très vaste. En fait, après le Nunavut, le Nunavik est le deuxième territoire inuit au Canada tant pour la géographie que la population. Les Inuits constituent la très grande majorité de la population régionale. Notre littoral fait plus de 17 000 kilomètres, et la masse terrestre du Nunavik couvre 660 000 kilomètres carrés, ou environ le tiers supérieur du Québec.
Le Nunavik fait partie du l'Arctique canadien. Son paysage terrestre est principalement arctique. Une grande partie de son territoire se trouve au-dessus de la limite forestière, et sept de ses quatorze collectivités se trouvent en réalité au nord du 60e parallèle. Nous sommes isolés. Aucune route ne lie nos collectivités au réseau routier principal. Le détroit d'Hudson, qui donne un accès maritime au centre de l'Arctique canadien, baigne nos rives. Il convient particulièrement de noter ces faits vu que le gouvernement fédéral semble avoir décidé d'exclure le Nunavik de sa Stratégie pour le Nord.
Nous ne sommes pas des Inuits de deuxième classe. L'exclusion du Nunavik de la Stratégie pour le Nord est fondée sur des frontières artificielles, et non géographiques ou sociales. Nous sommes des Inuits, tout comme nos cousins du Nunavut, et nous voulons que le gouvernement du Canada reconnaisse cette simple réalité, tout comme il reconnaît que le Québec forme une nation. Nous demandons au gouvernement du Canada de reconnaître clairement que la Stratégie pour le Nord s'applique au Nunavik dans la même mesure qu'aux autres régions de l'Arctique canadien.
Pour ce qui est d'affirmer la souveraineté du Canada dans l'Arctique, nous estimons que le gouvernement fédéral semble avoir limité cet objectif à l'établissement d'une présence militaire dans le Nord. Dans ce contexte, si on nous demandait si nous pensons que la Défense nationale est actuellement en mesure d'assurer adéquatement notre sécurité et notre protection dans le Nord, notre réponse serait brève: non.
Je soulèverai quelques points pour appuyer mon affirmation. Un bon exemple est que le gouvernement est incapable de mener des opérations efficaces de recherche et de sauvetage dans nos régions, et les bâtiments doivent fonctionner dans un environnement exempt de mouillages sûrs ou de ports sécuritaires. Je dirais qu'en dépit de ses revendications fondées en droit sur son territoire arctique, dans nombre de secteurs, le gouvernement n'a pas les moyens pratiques d'exercer pleinement sa souveraineté dans l'Arctique.
Ce problème devient d'autant plus grave qu'on exerce des pressions accrues sur le Canada pour qu'il ouvre son passage du Nord-Ouest. Les bâtiments finiront par passer, d'une façon ou d'une autre. Il existe déjà des besoins criants de services et d'infrastructures maritimes supplémentaires, et ces besoins augmenteront considérablement dans les années qui viennent.
Sur une note plus positive, la réponse du Canada à cette situation peut donner aux résidents du Nord des possibilités importantes et ouvrir la voie à de nouveaux partenariats entre les gouvernements et les organismes inuits comme la société Makivik. Avec l'ARTIN, nous avons déjà prouvé que nous étions capables de négocier avec nos voisins et nos gouvernements des accords qui profitent à tout le monde.
Nos rives et nombre de nos aéroports ne sont pas protégés. N'importe qui peut amerrir au Nunavik sans qu'on puisse détecter sa présence pendant de longues périodes. Si sa présence était détectée, ce serait probablement par un chasseur ou une patrouille de Rangers.
Un autre point se rapporte à l'incapacité du gouvernement fédéral d'effectuer des missions efficaces de recherche et de sauvetage dans le Nord. Il faut habituellement jusqu'à cinq jours à la BFC Trenton et à la base opérationnelle des Rangers à Saint-Jean-sur-Richelieu pour autoriser la formation d'une équipe de recherche composée de Rangers. Lorsqu'un résident s'égard dans le Nord, une collectivité n'attendra pas aussi longtemps pour entamer des recherches. Si un résident est perdu en mer, les membres de la collectivité ont accès à un grand bateau communautaire, qui a été financé par la société Makivik et les collectivités régionales Kativik, tandis que les opérations sont financées par les municipalités.
Lorsqu'on finit par autoriser les missions de recherche et de sauvetage, ce sont habituellement les Rangers canadiens qui sont déployés. Nous estimons qu'ils font du bon travail, car ils font souvent appel aux compétences régionales, comme celles des chasseurs qui connaissent les vents et les courants dominants. Les Rangers ont également une incidence positive sur nos collectivités, et nous apprécions énormément les services qu'ils fournissent, en particulier la formation qu'ils offrent dans le cadre de leur programme de Rangers juniors.
Malheureusement pour nos besoins, les Rangers manque d'équipement. Ils n'ont ni motoneiges, ni véhicules utilitaires sports, ni bateaux qui pourraient servir dans des missions de recherche et de sauvetage. Les Rangers doivent utiliser leur propre équipement pour procéder à la recherche.
Un autre point est le sérieux manque de mouillages au Nunavik. Le volume des marchandises et la taille des bâtiments augmentent tous les deux. Par conséquent, les navires doivent s'amarrer de plus en plus loin. C'est une situation qui les expose de plus en plus à de mauvaises conditions climatiques et à des conditions dangereuses. Il faut régler ce problème, car nos collectivités du Nord dépendent d'organismes comme la société Makivik et certaines de ses filiales de transport maritime comme NEAS pour livrer les marchandises.
Il y a aussi un nombre croissant de bateaux de croisière qui se rendent dans le Nord. En fait, une autre filiale de la société Makivik, Cruise North Expeditions, a amené environ 800 touristes dans le Nord cet été. Si l'un de ces bateaux de croisière devait avoir un accident, nous estimons qu'il serait impossible de mener des missions de sauvetage rapides et efficaces. Cela aurait certainement un effet néfaste sur l'ensemble du tourisme canadien dans le Nord, puisque nos bateaux visitent autant le Nunavik que le Nunavut.
À l'heure actuelle, nous avons besoin de ports et de gares maritimes, en plus d'un surcroît d'aides à la navigation et de services de communication mobile maritimes. La plupart de nos eaux sont inexplorées, alors nous avons besoin de cartes hydrographiques. La société Makivik gère une nouvelle filiale qui offre certains de ces services aux résidents du Nord et aux ministères gouvernementaux, et s'il était possible d'affecter du financement à la production d'un surcroît de cartes hydrographiques, nous serions en mesure d'offrir certains de ces services.
Grâce au programme fédéral-provincial, les 14 collectivités du Nunavik bénéficient maintenant d'une infrastructure maritime de base conçue pour protéger les pêcheurs contre les périls de la mer. Nous sommes très reconnaissants des contributions que nous avons reçues et de l'incidence positive qu'elles ont eu sur l'économie locale et la sécurité de nos résidents et de nos chasseurs. Nous aimerions souligner que la division de notre société chargée de la construction a bâti l'une de ces 14 infrastructures maritimes.
Le moment est bien choisi pour pouvoir travailler à la construction d'un port en eau profonde. Si pareil port était construit au Nunavik, il permettrait au ministère de la Défense nationale de mener des missions militaires à partir du Nunavik. Il créerait également des possibilités économiques importantes pour notre région et contribuerait à réduire le coût élevé de la vie.
Nous estimons que les projets d'infrastructure septentrionaux de ce type ont été évalués en fonction de leur capacité à rehausser la souveraineté du Canada dans l'Arctique, mais pas seulement du point de vue des perspectives commerciales, comme ce serait le cas dans le sud du pays. La souveraineté dans l'Arctique doit être définie en termes opérationnels. Elle doit être menée à l'aide de programmes gouvernementaux conçus pour s'adapter aux réalités septentrionales changeantes, et offerte en partenariat avec les organismes régionaux.
La souveraineté dans l'Arctique et la Stratégie pour le Nord devraient être conçues pour permettre aux régions septentrionales, dont le Nunavik, de travailler en partenariat avec le gouvernement du Canada à concrétiser ses possibilités de développement socioéconomique et militaire.
Merci beaucoup.
Je crois que je me suis mis en nage à vous faire mon exposé.
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Je veux bien tenter de répondre.
Une bonne partie des opérations de recherche et de sauvetage qui ont lieu dans les territoires nordiques sont mal exécutées. Je me souviens d'une situation où les membres d'une famille entière étaient partis du village où j'habite pour se rendre au village suivant dans un canot de fret de 22 pieds. Ils ont eu des problèmes de moteur. Rien à voir avec la météo... c'est simplement leur moteur qui a lâché, et l'avion Hercule a dû partir à leur recherche.
Quelques bateaux se sont aussi lancés à leur recherche, mais les pilotes n'ont pas voulu écouter les gens de la place. Ils n'ont pas voulu écouter nos chasseurs, qui connaissent la région comme le fond de leur poche et qui savent que les courants, dans la baie d'Ungava, tournent en rond d'est en ouest. Ils n'en ont fait qu'à leur tête et ont concentré leurs recherches autour du dernier point de disparition. Nous n'avions malheureusement pas les moyens d'aller les chercher plus au large.
Je me souviens d'une autre situation où l'une de nos filiales, la compagnie aérienne Air Inuit ltée, a été embauchée par la municipalité d'Igloolik lorsque M. Kunuk a été porté disparu. J'ai oublié son prénom, mais c'est le père de Zacharias Kunuk, le producteur d'Atanarjuat. Cet homme, âgé de 81 ans, était parti en camping et n'avait pas donné signe de vie depuis un mois, même si de nombreux avions de recherche avaient été mis à contribution, dont le Hercule. Finalement, c'est l'avion d'Air Inuit qui l'a retrouvé. Il allait bien. Il était simplement cloué sur place parce que, lui aussi, son moteur était tombé en panne.
Il y a des choses pour lesquelles le ministère de la Défense aurait avantage à collaborer avec nous, notamment pour la portion « recherche et sauvetage » de ses activités, mais les responsables du ministère ne veulent rien entendre. La terre, les vents prédominants, les courants, rien de tout cela n'est exactement comme ce qu'ils ont appris.
Est-ce que je réponds bien à votre question?
Mes propos sont-ils traduits en anglais?
[Français]
D'accord, vous m'entendez en anglais.
D'abord, j'aimerais que vous transmettiez mes salutations à Pita Atami. Vous savez que j'ai travaillé sur le dossier des Affaires indiennes et du Développement du Grand Nord de 1993 à 2000. D'ailleurs, je pense que vous avez un excellent lobbyiste en Guy St-Julien, qui était un de mes collègues de travail à l'époque, et qui défend très bien votre situation.
Je veux revenir sur les sept villages abandonnés par la Stratégie pour le Nord, soit justement ceux dans le Nord du Québec. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre qu'on abandonne ces villages qui sont situés entre les 60e et 62e parallèles. Il y a d'autres îles qui sont situées beaucoup plus au sud. Entre autres, il y a les îles Sanikiluaq — qui sont les îles Belcher, en anglais —, l'île Akimiski, et même certaines qui sont situées au 52e parallèle et qui, elles, font partie de la Stratégie pour le Nord. Quelque chose ne va pas, géographiquement. Il n'est pas nécessaire d'être docteur en géographie pour constater, à l'aide d'une carte, que l'on abandonne des villages qui sont au nord du 60e parallèle et qu'on inclut des îles qui sont situées autour du 52e parallèle.
Monsieur le président, je veux aussi rappeler au comité que l'Assemblée nationale du Québec a pris la décision unanime de demander au gouvernement fédéral d'inclure les sept villages du Nord du Québec dans la Stratégie pour le Nord.
D'une part, j'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi le Nunavut a hérité des îles Sanikiluaq et de l'île Akimiski, qui sont juste en bordure du Québec. Cela n'a pas de logique géographique. Je me rappelle même être allé dans ces îles pour réclamer qu'elles soient redonnées au Québec. Non seulement elles ne sont pas redonnées au Québec, mais en plus, on exclut des territoires du Québec de la Stratégie pour le Nord et on inclut ces territoires, car ils relèvent du Nunavut qui est environ à 2 000 km de là.
Pendant que vous m'expliquez pourquoi, géographiquement, elles ne relèvent pas du Québec, répondez aussi à la question suivante: que vous fait perdre le fait de ne pas faire partie de la Stratégie pour le Nord? Accorde-t-on beaucoup de crédit à la Stratégie pour le Nord?
J'ai d'autres questions, mais répondez d'abord à ces deux premières.
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Je vous remercie, monsieur Bachand.
Je constate que mon exposé n'était peut-être pas aussi clair que je le croyais. Mais je vous remercie de poser la question, car je crois qu'elle sera très utile aux membres du comité.
Le Nunavik s'étend au-delà du 55e parallèle. Les 14 localités dont nous sommes responsables sont toutes situées au-delà de cette limite. Sept d'entre elles sont au-delà du 60e parallèle, et les sept autres sont situées entre le 50e et le 60e. Pourtant, nous ne faisons pas partie de la Stratégie pour le Nord. La totalité de notre territoire en est exclu.
Mais vous avez raison à propos des îles Sanikiluaq et Belcher. Les gens qui y vivent — et qui sont d'ailleurs nos cousins, car ils sont très proches des Inuits du Nunavik, notamment de ceux de Kuujjuarapik et d'Umiujaq — font bel et bien partie de la stratégie.
Je suppose que le MAINC pourrait mieux vous répondre que nous, mais je vous dirais qu'en gros, nous ne faisons pas partie de la stratégie parce que nous faisons partie d'une province.
Daniel, peut-être souhaitez-vous ajouter quelque chose? Il me semble que c'est court comme réponse.
Je tiens d'abord à remercier les témoins d'être ici ce matin. Je remplace aujourd'hui Jack Harris, qui fait normalement partie du comité.
J'aimerais poursuivre dans la même veine que mes collègues et savoir, moi aussi, pourquoi le Nunavik est exclu de la Stratégie pour le Nord.
On nous a remis un document produit par Statistique Canada et intitulé « Délimitation du Nord canadien: un examen de la relation nord-sud au Canada ». On y apprend notamment que, bien souvent, les « commodes frontières politiques ne tiennent pas compte des similarités au niveau des attributs climatiques et physiques, de la structure économique et des profils de peuplement entre les territoires et les parties septentrionales du Labrador, du Québec » et ainsi de suite.
La carte qui s'y trouve trace clairement ce qui constitue la ligne de transition nord, et on voit tout de suite que le Nunavik est au-delà de ce que Statistique Canada considère être la ligne de transition nord. Vous a-t-on expliqué pourquoi la délimitation du Nord varie autant d'un ministère à l'autre?
Avant la rencontre, vous et moi avons eu l'occasion de discuter du fait que le Comité des affaires autochtones se penche actuellement sur le développement économique du Nord, et sur le fait que, jusqu'à maintenant, vous aviez été exclus des discussions. Vous n'avez jamais été invités. On ne vous a jamais parlé d'une éventuelle comparution devant le comité. Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de la situation?
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Merci, monsieur le président. Je veux juste ajouter que l'Assemblée nationale du Québec demande que les villages situés au nord du 60
e parallèle soient inclus dans la Stratégie pour le Nord. Ce n'est pas le gouvernement du Québec qui ne veut pas, c'est tout le contraire. Selon moi, c'est aussi dû à la relation qu'a le Canada avec les Autochtones, les Métis et les Inuits. En effet, le fédéral a une responsabilité certaine à cet égard.
Voilà pourquoi l'Assemblée nationale considère comme injuste que la région d'Inuvialuit — qui est plus à l'ouest — soit incluse dans la stratégie et que ne le soit pas le Nunavik. À ma connaissance, sauf erreur, les gens du Labrador ne font pas partie eux non plus de la Stratégie pour le Nord. Ils réclament d'en faire partie. Ils doivent relever automatiquement de Terre-Neuve eux aussi, ils relèvent donc d'une province. Il faudrait peut-être que le gouvernement se rende à l'évidence: il a une responsabilité à cet égard et il doit apporter sa contribution.
Il faut arrêter de penser comme les Blancs: voici où est la frontière, voici où cela s'arrête et voici où cela commence. Depuis des temps immémoriaux, les Inuits ne connaissent pas de frontières et voyagent d'un bout à l'autre du Grand Nord. Il ne faudrait pas qu'aujourd'hui, à cause des délimitations faites par Ottawa, des régions soient pénalisées. Plus tôt, vous appeliez les gens du Nunavut « vos cousins ». Il ne faudrait pas que certains cousins soient avantagés par rapport à d'autres; il faudrait que tout le monde soit traité équitablement.
Je veux revenir sur la question du logement. Selon les renseignements que j'ai obtenus de Québec, un important programme en matière de logement est en cours de préparation. Ce programme compte 1 000 maisons. Le gouvernement du Québec aurait déjà avancé, selon sa proposition, un montant de 300 millions de dollars sur cinq ans. On attendrait actuellement après le gouvernement fédéral pour mettre le programme en branle. Je ne veux pas pousser l'audace jusqu'à dire qu'il y a là une possibilité à exploiter en matière de politique, mais on attendrait peut-être la veille des élections à Ottawa pour annoncer...
Avez-vous entendu dire, vous aussi, que Québec demande à Ottawa de contribuer pour 250 millions de dollars, et que Québec, pour sa part, contribuerait pour 300 millions de dollars sur cinq ans, et que cela concerne 1 000 maisons? Peut-être pourriez-vous nous donner des détails à ce sujet?
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Oui. Merci, monsieur Bachand.
Le gouvernement fédéral envisage d'offrir un programme de rattrapage, qui permettra de construire environ 1 140 maisons, si je ne m'abuse, sur sept années. Cela permettrait de mettre fin à la pénurie de logements. Des négociations ont cours concernant le programme régulier de logement. Comme ce dernier doit être renouvelé au printemps, avant le 31 mars, tout devrait se dérouler comme prévu.
On construira environ 60 maisons par année dans le cadre de ce programme, mais ce ne sera pas suffisant pour mettre fin à la pénurie qui sévit actuellement. Nous avons besoin de ces 1 140 maisons pour remédier à la situation. La pénurie de logements dans l'Arctique, au Nunavik, exerce un stress énorme sur les familles de la région. Le surpeuplement engendre des problèmes familiaux. Certains foyers abritent plus d'une génération. Des grands-parents vivent avec leurs enfants, qui sont maintenant adultes et qui ont eux-mêmes des enfants. Il peut aussi arriver que leurs frères habitent dans la même maison.
Cette situation crée des problèmes familiaux. Elle crée aussi des problèmes sociaux dans les collectivités, et elle peut également entraîner des risques pour la santé. La grippe porcine se propage actuellement au Canada et partout dans le monde, alors les risques de transmission sont très élevés pour ces familles.
Nous connaissons bien le programme de logement et le programme de rattrapage que propose le gouvernement fédéral. Nous étions très mécontents d'entendre récemment que le programme pourrait être retardé. Il est possible que ce soit en raison des élections.
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J'aimerais vous donner un exemple de ce qui s'est produit dans l'Arctique canadien dans les années 1950. Le gouvernement canadien avait adopté une politique qui visait à convertir les Inuits en agriculteurs. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais on avait envoyé beaucoup de moutons et de poulets dans le Nord, et des Inuits s'en occupaient. Je crois qu'il y avait aussi des porcs.
On a fait cela dans beaucoup de collectivités, pas dans toutes, mais dans celles qui devenaient des centres importants. Nous connaissons un homme à Kuujjuaq qui s'appelle Chicken Sam, et ce n'est pas parce qu'il est une poule mouillée, mais parce qu'il s'occupait des poulets. Je vous en parle simplement pour souligner que le gouvernement canadien a tenté d'introduire dans l'Arctique, comment dire, une économie externe.
Pour répondre à votre question, je crois que l'on devrait soutenir davantage l'économie traditionnelle. La capacité des gens de chasser... Soit dit en passant, nous payons des taxes. Nous en payons probablement plus que quiconque, étant donné qu'il y a des frais de transport supplémentaires pour les produits d'épicerie acheminés dans le Nord, ainsi que des taxes sur les frais de transport.
Aller à la chasse — en motoneige, par exemple — coûte très cher, comme vous le savez sans doute, mais un aîné ou un chasseur inuit a besoin de ce véhicule pour aller chasser afin de nourrir sa famille. Si c'était possible, nous aimerions que les motoneiges ne soient pas taxées, dans la région du Nord, puisqu'elles contribuent grandement à l'essor économique local de la communauté inuite. Elles permettent aux familles de s'approvisionner en nourriture. C'est un premier point.