Bonjour, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à dire que je suis honoré d'avoir été invité à vous parler des mesures employées par les Forces canadiennes à l'appui des besoins en matière de sécurité pour les Jeux olympiques et paralympiques de Vancouver qui auront lieu de janvier à mars 2010. Je suis très heureux de pouvoir le faire.
J'ai préparé un très court exposé visant à montrer le type d'activités auquel nous participons, la planification en cours, le calendrier des activités principales et un aperçu de la structure opérationnelle au sein de laquelle les opérations de sécurité se dérouleront. Cependant, avant tout, je crois qu'il serait bon que je parle du contexte dans lequel ces opérations se dérouleront et de la façon dont, dans l'organisation, les contrôles se sont développés et continuent de grandir.
Pour être clair, la GRC est l'organisation responsable de la planification et de l'exécution des opérations de sécurité pour les Jeux, et les Forces canadiennes jouent un rôle de soutien.
[Traduction]
Il ne s'agit pas là d'un cas isolé. En effet, les Forces canadiennes participent au soutien logistique et à la sécurité de la plupart des événements spéciaux nationaux en collaboration avec la GRC ou d'autres organisations d'application de la loi. Ce fût le cas pour les Jeux olympiques de Montréal en 1976 et ceux de Calgary en 1988.
Mais aujourd'hui la situation est différente. La sécurité est un sujet plus important et les moyens de l'assurer sont plus complexes et plus exhaustifs qu'auparavant. Nous, responsables de cette tâche ne sommes peut-être pas les mieux placés pour dire que nous pensons que nous assurons bien la sécurité ni pour parler de son importance, laissons à ceux qui sont conscients de son importance, plus particulièrement en ce qui concerne les Olympiques, de le faire.
M. Jacques Rogge, président du Comité international olympique, a fait la déclaration suivante trois mois après l'attribution des jeux à Vancouver:
Les Jeux ont survécu à beaucoup de choses, allant des boycottages à des organisations de qualité inférieure à ce qu'elle aurait dû être. ... Mais nous devons veiller à ce qu'il n'y ait aucune atteinte à la sécurité et c'est la raison pour laquelle j'accorde la plus haute priorité à la sécurité.
[Français]
Il ne fait aucun doute que la sécurité est une responsabilité importante du pays hôte. Cependant, nous comprenons que les projecteurs doivent demeurer braquer sur les événements sportifs et les athlètes. Le maintien de cet équilibre entre une préparation adéquate et la garantie que cette préparation n'aura aucun effet sur le déroulement normal et agréable des ces événements est au coeur de l'approche moderne en matière de défense et de planification de la sécurité au Canada.
Au cours des dernières années, nous avons mis sur pied une architecture de sécurité beaucoup plus exhaustive et elle a été employée lors du Sommet du G8 de 2002, du Sommet des leaders nord-américains de 2007 et du Sommet de la Francophonie de l'année dernière. Nous sommes tous sortis grandis de ces expériences.
Les Jeux olympiques et paraolympiques du début 2010 présentent un défi complexe en matière de sécurité. Ce ne sont pas les premiers, mais ils aideront à renforcer l'architecture qui permet à une approche pangouvernementale d'obtenir l'effet escompté, c'est-à-dire des jeux sécuritaires.
[Traduction]
Les Forces canadiennes et leur capacité unique forment une partie de cet effet. Je vous parle aujourd'hui en réponse à votre demande d'information, mais je le fais à titre de commandant du Commandement Canada, une structure organisationnelle relativement nouvelle des Forces canadiennes précisément créée pour obtenir l'effet que je viens d'expliquer.
C'est certainement la première fois dans notre histoire que toutes les opérations nationales des Forces canadiennes sont placées sous la responsabilité d'un commandement unique et j'ai ce privilège et cette responsabilité. C'est donc moi qui vous donnerai les réponses dont vous avez besoin, qui effectuerai les recherches nécessaires si je ne les connais pas, ou qui vous expliquerai pourquoi vos questions n'ont pas de réponses.
Je vous demanderais maintenant de regarder les diapos que vous avez devant vous, que j'ai préparées pour vous présenter un aperçu de l'appui des Forces canadiennes aux exigences de sécurité des jeux, et qui vous démontrent comment nos activités se déroulent et la façon dont elles sont incluses dans une approche intégrée de sécurité.
Comme vous pouvez le voir à la diapo 2, la participation des FC à la planification et la conduite des opérations de sécurité à Vancouver fait suite à une demande formelle du ministre de la Sécurité publique au ministre de la Défense nationale, demande faite en août 2007. La liste que vous avez devant vous comprend les capacités militaires générales fournies en réponse à cette demande et pour appuyer la GRC.
Fondée sur cette réponse, la prochaine diapo vous présente l'intention du Chef d'état-major de la Défense. Il a identifié les priorités de la mission et la portée générale de la contribution militaire. Son intention dénote également l'exigence de s'assurer d'un état de préparation suffisant pour répondre à d'autres besoins nationaux s'ils se présentaient ailleurs au pays. Et, finalement, la diapo présente et définit les tâches de ses commandants subordonnés directs — moi et le commandant de NORAD.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, cette opération est évidemment complexe, mais nous avons suffisamment de temps pour la planifier, s'y préparer et la mener d'une façon beaucoup plus complète que pour les autres opérations passées. Il s'agit réellement d'un effort pangouvernemental qui améliore la structure de gouvernance et la planification entre les ministères et avec nos partenaires américains, et cet effort nous mène tous vers une méthode de préparation plus réfléchie à la sécurité des événements spéciaux de cette nature ou d'une nature semblable.
Le rôle des Forces canadiennes et du ministère de la Défense nationale est significatif mais il est guidé par deux limites précises. Je les ai déjà mentionnées, mais il vaut la peine de les répéter. Nous jouons un rôle de soutien auprès de l'organisme principal, la GRC, qui détermine les exigences de sécurité. Notre contribution et certainement la présence physique des FC et les actions que nous mènerons seront discrètes.
La prochaine diapo vous montre la structure organisationnelle du gouvernement fédéral pour les Jeux de Vancouver de 2010. Elle vous sera peut-être utile pour poser des questions sur l'effort pangouvernemental dont j'ai parlé.
La diapo suivante présente le terrain et montre comment il a été divisé par la GRC en deux zones d'opération ou de responsabilité distinctes, que l'on appelle AOR sur la diapo. Il y a premièrement la région de Vancouver qui comprend le district régional du Grand Vancouver et tous les sites que vous voyez dans le coin inférieur gauche de la diapo, de même que la région de Cypress Mountain sur la côte nord de Vancouver; et l'AOR de Whistler, qui comprend les sites non seulement à Whistler même mais aussi dans la vallée Callaghan à l'ouest et le long de l'autoroute Sea-to-Sky à l'est de Howe Sound, et qui passe par Squamish, Whistler, et continue jusqu'à Pemberton.
Ma dernière diapo présente le calendrier de préparation et le moment où les Jeux olympiques et paralympiques auront lieu. L'horloge du compte à rebours est juste de l'autre côté de la rue, et je suis certain que vous la voyez chaque jour. Il ne reste plus que 347 jours avant les jeux. La diapo montre également les exercices importants du gouvernement du Canada qui nous permettent de nous préparer, et quand ils ont lieu. Nous avons complété l'exercice Bronze. Il a eu lieu l'an passé. C'était un exercice de simulation régionale afin d'établir une compréhension commune des plans ministériels nécessaires et des liens qui devaient être établis entre eux.
L'exercice Silver a eu lieu le mois passé. Ce fut un exercice important comprenant de nombreuses menaces à la sécurité pour mettre à l'épreuve les procédures et nous permettre de modifier et améliorer les plans. Ce fut le plus grand exercice pangouvernemental jamais mené au Canada. Il a suivi de très près l'exercice Bronze et a été conçu pour reproduire les conditions qui existeront pendant les Jeux: l'hiver dans le Lower Mainland de la côte ouest et dans les zones maritime et aérienne.
L'exercice Gold, qui aura lieu en novembre, sera un exercice de validation pour confirmer que la structure pangouvernementale qui sera déployée pour assurer des Jeux sûrs et sécuritaires est prête.
[Français]
Je suis maintenant disposé à répondre à vos questions. Vous avez devant vous des acétates que vous pourrez consulter à titre d'information ou, si vous le désirez, pour vous aider à formuler vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être ici aujourd'hui.
J'ai une série de questions, monsieur le président. Je vais toutes les poser.
Quel a été le niveau de communication avec les Américains en ce qui concerne la coordination de la sécurité pour les jeux entre le département de Homeland Security et les Services frontaliers? Comment cette information a-t-elle gérée et coordonnée entre les différentes agences et paliers de gouvernement?
Puisque la plupart de nos hélicoptères participent à notre mission en Afghanistan, comment trouverons-nous un équilibre entre nos besoins en Afghanistan et ceux des Jeux olympiques pour assurer la surveillance aérienne de cette région géographique diversifiée et le respect de nos responsabilités en recherche et sauvetage?
Le gouvernement fédéral et la province de la Colombie-Britannique se sont entendus pour que le fédéral couvre toute augmentation du budget de sécurité, estimé actuellement à 647,5 millions de dollars. Si ce budget est basé sur une menace potentielle moyenne à la sécurité, savons-vous à combien pourrait se chiffrer un budget s'il y avait une menace élevée à la sécurité?
Combien coûterait une menace élevée à la sécurité? Quelles ressources seraient nécessaires? Pouvez-vous nous donner les détails du fonds d'urgence et des ressources en personnel disponibles prévues pour une telle situation? Quel effet aurait le dilemme actuel concernant l'accord sur les salaires entre le gouvernement et la GRC sur les ressources humaines des Forces? Qui serait responsable de fournir ces ressources additionnelles puisque les ressources de la GRC et les Forces canadiennes sont déjà utilisées presqu'au maximum?
Pour terminer, avec la présence massive de visiteurs, il y a des conséquences sur la sécurité en ce qui concerne la prostitution et la traite des personnes. Ces éléments ont-ils été pris en compte dans votre stratégie générale de sécurité? Qui est responsable pour l'exécution de cette stratégie?
:
Monsieur, je commencerai par les communications avec les États-Unis. J'ai déjà dit qu'il s'agit indéniablement d'un effort pangouvernemental visant à mettre en place ces communications, alors il y a bien plus que simplement des liens de militaire à militaire avec les États-Unis. Je sais que c'est le cas pour les services policiers, pour Santé Canada et toutes les agences qui, à ma connaissance, participent à ce processus de planification.
Nos relations sur le plan militaire sont bien sûr excellentes avec les États-Unis. Les jeux vont se dérouler dans une ville — Vancouver — qui est très près de la frontière internationale; aussi, nous élaborons des plans importants avec les États-Unis pour assurer leur état de préparation et établir la liaison militaire avec nous. Cette coordination est considérable. Et elle continuera. Nous nous assurerons de toujours savoir ce que l'autre fait en matière de plans pour les jeux.
La relation militaire dépend essentiellement de la relation entre mon commandement et le U.S. Northern Command. Nous avons beaucoup discuté avec eux pour nous assurer que les deux côtés soient au courant de ce qui se passe et que s'il y avait un besoin d'appui, des mesures seraient mises en place pour que cet appui se produise facilement, dans le cas où le gouvernement demandait ce type d'appui. Des discussions très approfondies ont lieu entre toutes les agences et leurs homologues américains, à ce que je sache.
Votre deuxième question concerne la disponibilité des hélicoptères. Monsieur, sans aucun doute 2010 sera une année extrêmement chargée pour les Forces canadiennes. Pour pouvoir accomplir toutes les missions que nous avons pendant cette période, nous devons nous assurer de coordonner la répartition des ressources. Un des grands avantages que nous avons, c'est que nous aurons eu environ trois ans pour nous préparer aux Jeux olympiques. Ce long processus de planification nous permettra d'être aussi efficaces que possible, et comme c'est un événement de courte durée — la période de déploiement et d'utilisation sera de courte durée.
Oui, ces ressources sont nécessaires à plus d'un endroit, et de nombreuses discussions ont eu lieu pour s'assurer que nous puissions répondre aux exigences. Voilà un des grands avantages de pouvoir planifier à l'avance.
Monsieur, pour expliquer le processus pangouvernemental, nous sommes très satisfaits de l'approche intégrée que la GRC a adoptée pour y arriver. Les Forces canadiennes ne sont pas les seules à assurer la répartition la plus efficace des ressources, tous nos partenaires en sécurité du gouvernement fédéral le font également. Le temps dont nous disposons pour planifier, le niveau d'efficacité que nous sommes en mesure d'atteindre, et la nouvelle approche intégrée nous aident assurément à ne pas être débordés.
La troisième question que vous avez posée portait sur l'ampleur des déploiements et de la participation, et cela dépend évidemment du niveau des mesures d'intervention en matière de sécurité nécessaires. Nous préparons, suite à la demande de la GRC, un niveau de participation adaptable. Par adaptable, je veux dire que nous nous assurons d'avoir des forces prêtes, déployées et en mesure de répondre à une vaste gamme de menaces qui pourraient se présenter. La GRC déterminera le niveau de menace. De concert avec la GRC, nous mettons en place un programme qui s'adapterait à la menace.
Je ne peux pas faire de commentaires sur les coûts monétaires de cette réponse; je n'ai aucune information à ce sujet. Je sais que les coûts en ressources humaines font déjà partie des plans auxquels nous participons.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer par féliciter nos deux invités qui ont été promus récemment. Le vice-amiral McFadden a été nommé chef d'état-major de la Force maritime et c'est tout à son honneur. C'est une promotion dans une carrière déjà importante. Il ne lui reste qu'à accéder au poste de chef d'état-major. On verra peut-être un jour un marin devenir chef d'état-major. Pour l'instant, il est nommé amiral trois étoiles responsable de la Force maritime. Pour sa part, le commodore devient contre-amiral et directeur de l'État-major interarmées stratégique au quartier général. Je vous félicite tous les deux pour votre promotion.
J'aimerais poser des questions sur les forces militaires en présence. Étant donné que vous êtes dans l'armée, je ne vous demanderai pas combien il y a d'agents de la GRC ou du SCRS. Cependant, j'aimerais que vous me donniez une idée des forces en présence.
Un communiqué de presse de la Défense nationale du 25 février mentionne les forces en présence. Ce qu'on voit ici correspond-il bien à ce qui est à Vancouver? Entre autres, du côté de la marine, on parle d'une frégate, de deux navires de défense côtière, de deux navires de patrouille et de 19 embarcations pneumatiques à coque rigide. Naturellement, des réservistes de la Réserve navale du pays ont participé à l'exercice.
Le matériel militaire que je viens de mentionner sera-t-il le même que celui qui sera sur place aux Jeux olympiques de 2010?
:
Monsieur, en ce qui concerne le budget total du gouvernement, je ne peux rien vous dire de plus que ce que j'ai déjà dit. Je peux certainement vous donner plus de détails sur la contribution des Forces canadiennes au budget ministériel. Notre budget est de 212 millions de dollars. Ces 212 millions de dollars nous permettront de fournir les capacités uniques demandées par la GRC. Je pense que la demande a été faite formellement en août 2007, tel que je l'ai dit plus tôt. Dès que la demande a été évaluée, on a chiffré les exigences budgétaires pour y répondre à 212 millions de dollars. Le budget est resté à ce niveau de 212 millions de dollars durant la période tampon, nous serons donc en mesure d'offrir les capacités requises pour le coût mentionné.
En ce qui concerne notre intervention adaptable, nous voulons nous assurer que l'effet des ressources utilisées puisse être réduit ou augmenté sans augmentation substantielle de ressources additionnelles. Mais il faut décider du taux d'activités de planification raisonnable; c'est-à-dire les ressources que nous engageons ensuite. Si l'on se trompait lourdement, à cause d'une crise grave ou si les services de renseignements découvraient une menace beaucoup plus grande que prévue, je suis certain que nous prendrons les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des jeux. En ce qui concerne le budget alloué présentement, je peux vous donner plus de détails sur ces 212 millions de dollars, mais en ce qui concerne les fonds d'urgence pour l'ensemble du gouvernement, il y a beaucoup de personnes mieux placées que moi pour vous répondre.
Vous m'avez également demandé le coût de participation aux exercices tels que l'exercice Gold. Les coûts de la préparation aux jeux sont compris dans le budget des Forces canadiennes. Alors le coût du cycle d'exercice nous permettant de nous préparer fait partie du budget déjà mentionné.
Pour répondre à votre question touchant la participation des Forces canadiennes aux Jeux mondiaux des policiers et des pompiers, il n'y a pas eu de demande formelle pour que les Forces canadiennes y participent, ce qui me mène à croire que les services policiers locaux croient qu'ils ont les capacités nécessaires et ils n'ont pas besoin de capacités supplémentaires, mis à part les éléments courants: les forces permanentes qui participent, par exemple, à l'équipe d'intervention nationale aux menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. Nous participons de façon continue à cette équipe, c'est donc un engagement permanent. Mais autrement, à ma connaissance, on ne nous a pas demandé d'appui additionnel.
Je vais d'abord répondre à la première question, qui porte sur la planification entre les États-Unis et le Canada.
[Traduction]
Vous parlez d'un document, un plan signé en février. Il s'agit du Plan d'appui aux autorités civiles. Ce plan ne permet pas aux Forces américaines d'opérer de notre côté de la frontière; il vise plutôt à assurer une coordination efficace si jamais un des gouvernements demandait de l'aide.
Le Plan d'appui aux autorités civiles regroupe en fait les éléments de nombreuses ententes qui existaient déjà pour donner un mécanisme efficace de collaboration. Il ne s'agit pas d'une entente et le déplacement des forces n'y est pas permis. C'est un plan. Les forces ne se déplacent que si les gouvernements en font la demande et que cette demande est acceptée. Le Plan d'appui aux autorités civiles met simplement en place une façon plus efficace d'exécuter cet ordre.
Comme je l'ai dit au début, il ne fait aucun doute que nous avons entrepris un dialogue très sérieux avec les États-Unis afin d'instaurer une compréhension mutuelle de nos capacités réciproques. Actuellement, je n'envisage aucun déplacement important d'un côté ou de l'autre de la frontière, mais, monsieur, vous me demandez de prédire l'avenir, et nous savons tous que toute prédiction ne serait pas fiable. Ce plan est un moyen efficace de coopération entre nos deux forces militaires si jamais une décision dans ce sens était prise par les gouvernements.
Je vous dirais qu'il est peut-être surprenant de constater que nous sommes allés plus souvent au sud de la frontière que le contraire. En fait, le premier exercice du Plan d'appui aux autorités civiles s'appuyait sur l'invitation du gouvernement américain à nous rendre aux États-Unis en prévision du passage de l'ouragan Gustave. Nous avons déployé un aéronef C-17 et transporté des patients à risque de la Nouvelle-Orléans à Little Rock, en Arkansas.
Il s'agissait d'une demande du gouvernement américain approuvée par le gouvernement canadien, mais le mécanisme prévu dans le PAAC, le Plan d'appui aux autorités civiles, a permis d'intervenir dans les deux heures suivant la présentation de la demande.
Le mécanisme officiel est enclenché à la suite d'une décision des gouvernements. Une bonne partie des mécanismes prévus dans le Plan d'appui aux autorités civiles existaient auparavant. J'ai conduit un groupe de travail dans le Golfe du Mexique il y a de nombreuses années à la suite de la dévastation causée par l'ouragan Katrina. Le Plan d'appui aux autorités civiles permet une application plus efficace des mécanismes de coordination une fois que la demande est approuvée.
:
Monsieur, je pourrais peut-être commencer à répondre à votre question en vous expliquant la culture des Forces canadiennes. Qu'entendons-nous par un bon exercice? À nos yeux, un bon exercice en est un qui nous permet de découvrir beaucoup de choses, de cerner ce que nous voulons améliorer et de tirer des leçons. C'est ce que nous avons fait; nous avons mis en place un processus qui nous a permis de mettre en oeuvre les leçons apprises. Pour les Forces canadiennes, tout exercice qui s'est très bien déroulé soulève deux possibilités: soit l'exercice n'était pas assez difficile, soit vous n'avez pas été assez exigeant envers vous-mêmes dans l'exécution de cet exercice. Voilà, dans une certaine mesure, la culture des Forces canadiennes. Nous voulons tirer tous les avantages possibles des exercices.
Les trois importants exercices que j'ai mentionnés — Bronze, Silver et Gold — sont des exercices pangouvernementaux. Ce sont les principaux exercices prévus et qui réunissent de nombreux organismes — il y a un exercice de simulation, un exercice réel — afin d'examiner le problème dans toute sa complexité. Il ne s'agit pas des seuls exercices prévus. Les Forces canadiennes prévoient de nombreux exercices, à la fois pour se préparer et à la suite d'exercices d'envergure, et il en est de même pour la GRC. L'unité de sécurité intégrée à Vancouver fera encore plus de formation que celle prévue lors de ces exercices majeurs.
Les exercices Bronze et Silver se sont bien déroulés, en ce sens que, par exemple, l'exercice Silver comptait plus de 1 000 participants. Environ 100 organismes, ministères et agences différents — un peu plus de 50 centres d'opération — ont en fait participé à l'exercice au courant de la semaine. J'ai la certitude que pour beaucoup de gens cette semaine-là a été très chargée. Nous avons pris beaucoup de notes relativement aux plans en place pour nous permettre d'intervenir en cas d'incident, de préoccupation en matière de sécurité, et des améliorations seront apportées, non pas seulement au sein des Forces canadiennes, mais dans de nombreux autres ministères. Cette semaine, en fait, nous compilons les leçons apprises par les forces armées afin d'appuyer la GRC et l'organisme de sécurité intégré de la GRC, afin que nos deux organismes soient sur la même longueur d'onde pour la suite. Ces séances auront lieu plus tard cette semaine. Nous avons déjà compilé les leçons tirées d'un exercice au milieu du mois de février. Nous procédons très rapidement, parce que nous voulons que l'exercice Gold soit en fait un exercice de validation. À ce moment-là, il sera trop tard pour se demander s'il y a autre chose à faire.
Nous avons été vraiment exigeants durant l'exercice Silver. C'était notre intention; c'est ce qu'avait annoncé M. Elcock, le coordonnateur des normes de sécurité pour les jeux, et aussi pour le G-8. Son équipe avait d'ailleurs organisé l'exercice. Nous nous fixons des objectifs très rigoureux. Le niveau de collaboration atteint durant cet exercice n'avait jamais, à ma connaissance, été aussi élevé. Pour nous, c'est une vraie réussite. Nous allons désormais prendre de nombreuses mesures pour apporter des changements. C'est bien.
:
Vice-amiral, c'est un plaisir de vous recevoir.
Je vous remercie d'être présents aujourd'hui, messieurs.
Je ne suis pas aussi optimiste que vous en ce qui a trait à l'équipement. En effet, on sait qu'à cause du climat de l'Afghanistan, une grande partie de cet équipement va être désuet et sera probablement inutilisable dans le cadre des Jeux olympiques. Donc, pour ce qui est des ressources, il va falloir procéder à un renforcement de nos capacités. À moins que les chars du gouvernement puissent être acheminés à Vancouver, je ne pense pas qu'on ait les capacités nécessaires pour répondre à tous les besoins. C'est pourquoi j'espère qu'on va disposer d'un plan B. L'état de l'équipement qu'on utilise en Afghanistan et qu'on pourrait réexpédier au Canada m'inquiète un peu. Je pense qu'on a besoin d'être rassurés à ce sujet.
[Traduction]
J'aimerais vous parler du radar de contrôle tactique, qui est une question en soi.
Comme vous le savez, il y a deux unités actuellement, et leur principale mission est de former le CF-18. Ils arrivent en renfort des diverses lignes de radar. D'abord, un avis d'acquisition proposée a été publié dans MERX le 17 novembre 2008. C'était pour un genre de système mobile qui est plus utile pour donner une meilleure vue au CF-18. Le manque de cette capacité pourrait avoir une incidence sur la sécurité aux prochains Jeux olympiques. Ces systèmes datent de 1993, et il est même impossible en ce moment d'obtenir des pièces pour certains des composants. Croyez-vous que nous pourrons nous procurer ce genre d'équipement? De quoi avons-nous besoin pour être vraiment sûrs de pouvoir assurer la sécurité des Jeux olympiques?
:
Oui, monsieur, mais c'est plus qu'un simple organigramme. Ce qu'on voit dans ce diagramme qui est quand même assez compliqué, je l'avoue, ce sont certaines des agences qui ont en fait été créées et qui sont actuellement façonnées et mises à l'essai. J'ose espérer qu'avec le temps l'architecture ne servirait pas seulement pour les jeux. Nous travaillons à l'élaboration de quelque chose de plus global pour ces événements spéciaux en matière de sécurité à l'échelle nationale. Je crois que ça va rester parce que les gens en comprendront l'utilité.
Par exemple, contrairement au sous-ministre et au sous-ministre-adjoint qui se réunissent en cas de crise, pour ce genre d'opérations, les réunions se feront sur une base régulière, afin que l'échange de l'information se fasse déjà, ainsi, si quelque chose arrive, tous les intervenants sont déjà à jour. Il s'agit d'un changement important au mécanisme de gouvernance, à la façon dont, à l'échelle nationale, les autorités interviennent au fur et à mesure qu'un incident se déroule.
Alors à mon avis, beaucoup de choses évoluent avec la pratique. Dans l'exercice Silver, nous testons, aux niveaux des SMA et des SM, le comportement des groupes réunis, non seulement pour l'intervention en cas de crise, comme nous avons toujours fait jusqu'à maintenant, mais pour qu'ils interviennent au fur et à mesure que les événements se déroulent. Ainsi, le problème n'est pas abordé à froid. C'est un avantage par rapport à ce qui se faisait par le passé.
:
Certainement, madame. C'est un centre opérationnel, c'est-à-dire qu'il est constitué et qu'il fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Je peux vous parler, par exemple, de la façon dont les Forces canadiennes étendent leurs capacités et s'intègrent à l'USI. Les autres ministères se mobilisent eux aussi, chacun à son rythme.
Actuellement, nous sommes dans la structure de la Force opérationnelle interarmées des jeux. La structure militaire que nous formons sur la côte Ouest pour assurer le soutien des exigences de sécurité pendant les jeux revêt actuellement la forme d'un quartier général de planification. Elle intervient dans plusieurs des activités dont nous avons parlé. Au cours de l'été, elle va passer du mode de la planification à la conduite des opérations. Cela signifie que nous allons augmenter les effectifs, qui ne se limiteront plus à la planification, mais qui devront également faire le travail, effectuer un exercice, puis retourner à la table à dessin. Nous avons fortement augmenté le nombre de militaires de garde, de ceux qui seront sur le terrain opérationnel et qui monteront la garde par roulement.
L'USI va fonctionner à partir de la fin de 2009 en mode opérationnel; elle pourra fonctionner en vase clos et assurer la coordination des renseignements qui lui parviendront. Elle va traiter cette information, puis évaluer sa signification. Elle va planifier les opérations d'urgence qu'il faudra effectuer et sera prête à diriger ces opérations si elles s'avèrent nécessaires.
:
C'est que la coordination doit être faite à l'avance. Autrement dit, il faut mettre en place un programme d'exercices assez rigoureux qui permette de travailler sur l'interface entre les différents organismes.
Il existe dans notre pays une procédure normale applicable aux problèmes de sécurité et à leurs conséquences. Lorsqu'un événement se produit, il a des conséquences en matière de sécurité, mais les autorités municipales, provinciales et, au besoin, fédérales mettent en place des plans de gestion consécutive.
En observant les derniers Jeux olympiques, nous avons remarqué qu'une fois qu'on a décidé d'organiser un événement majeur comme les olympiques, les modalités de la gestion consécutive s'en trouvent modifiées. Pour prendre un exemple très simple, normalement, s'il faut faire de la gestion consécutive à Vancouver, on applique un plan qui permet au service ambulancier de savoir quels ponts vont être fermés et quel itinéraire les ambulances vont devoir emprunter. Si on rajoute les exigences des Olympiques de Vancouver à ce plan, il faut s'assurer d'obtenir une réponse efficace. Par ailleurs, il faut éviter de nuire par inadvertance au déroulement des jeux par application des plans. En plus des deux piliers que sont la sûreté et la sécurité, il y en a un troisième et il faut veiller à ce que, du début à la fin de l'événement, la gestion consécutive prenne en compte la façon de résoudre le problème, étant donné qu'il peut avoir une incidence sur le bon déroulement des jeux. C'est sans doute la principale leçon que nous avons retenue des jeux précédents, et que nous intégrons à notre programme d'exercices.
:
Je peux vous donner pas mal de détails sur les exercices militaires que nous avons faits en préparation des jeux. Je vais vous donner un exemple du niveau de complexité de ces manoeuvres par rapport à l'évolution de la réalité moderne et des menaces auxquelles nous devons faire face aujourd'hui.
Nous avons toujours été très bons dans les exercices militaires conjoints avec les États-Unis, par exemple, dans l'arme dont je relève, à savoir la marine. Nous avons eu de nombreuses manoeuvres conjointes. Nous en faisons actuellement sur les deux côtes; elles font intervenir non seulement les Forces canadiennes et la Marine américaine, mais également la garde côtière. Ce sont désormais des opérations courantes. Elles portent non seulement sur les relations de défense, mais aussi sur les moyens de faire intervenir les Forces armées pour répondre à des besoins de sécurité ou à la demande des autorités policières. Dans ces manoeuvres militaires conjointes, la garde côtière des États-Unis intervient également, si bien que nous devons converser au moins à trois. C'est l'occasion d'élargir le débat.
Chaque année se déroule au Rhode Island un jeu de guerre présidé par l'armée des États-Unis. Au cours des manoeuvres prévues cette année en avril, je crois, on va jouer des scénarios qui correspondent tout à fait aux Olympiques de Vancouver. Nous aurons la participation de l'Agence des services frontaliers du Canada, de la GRC, du ministère canadien de la Sécurité publique, de Transports Canada et de Santé Canada, qui seront là à la fois en tant qu'observateurs et participants. L'expression « jeux de guerre » paraît assez agressive, mais cela signifie qu'on peut créer un monde imaginaire qui peut atteindre un certain niveau de complexité.
Cette tendance à faire intervenir un plus grand nombre de partenaires dans des opérations très complexes est significative de ce que nous voulons faire en matière d'exercices conjoints auxquels participent plusieurs ministères, afin de favoriser la compréhension et pour que, lorsque la police fait appel à l'armée, nous ayons déjà tout prévu, non seulement de notre propre perspective, mais également du point de vue des organismes auxquels nous venons en aide. Dans le domaine de la sécurité, on fonctionne toujours sous l'autorité réglementaire de quelqu'un d'autre. Non seulement dans le cadre des olympiques, mais de façon générale, ce dialogue est désormais beaucoup plus complexe qu'il ne l'a jamais été.
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Votre question soulève à la fois des questions de sécurité et de sûreté. Sur le plan de la sécurité, il faut penser que cela se passe à Vancouver pendant l'hiver. J'ai grandi sur la côte Nord et je sais que l'autoroute Sea-to-Sky est fermée à la circulation assez souvent.
Du point de vue de la sûreté, ce qu'on pourrait imaginer de pire, ce serait des événements comme ceux qu'on vient de voir à Mumbai. Que je sache, il n'y a aucun signe d'une menace précise de cette ampleur, mais nous devons nous doter de capacités d'intervention qui pourront augmenter au besoin, pour soutenir les corps policiers.
Sur le plan de la sûreté, ce qui nous préoccupe le plus, c'est la circulation d'un très grand nombre de personnes. C'est le grand achalandage qui comporte toujours des risques. Il y aura des centaines de milliers de visiteurs, dont la plupart viendront pour assister aux jeux. Mais on peut supposer qu'il y en aura qui viendront pour d'autres raisons.
On a demandé aux Forces canadiennes de mettre leurs compétences particulières au service des corps policiers pour intervenir si des individus tentent délibérément de commettre des délits. C'est notre principale préoccupation, même si c'est peut-être le scénario le moins probable, mais ses conséquences sont des plus catastrophiques, ce qui est toujours le problème.
Comme les jeux se dérouleront en hiver sur la côte Ouest, on peut s'attendre à certains incidents. Une capacité pour absorber ces chocs aura le moins d'effet possible sur le bon déroulement des jeux.
:
Excellent. Merci beaucoup.
Je remercie les membres du comité d'avoir été brefs, parce que cela nous a permis de donner la parole à tous ceux qui voulaient intervenir.
Messieurs les témoins, je vous remercie pour vos réponses. Vous avez une tâche énorme entre les mains, mais à vous entendre, vous serez fin prêts à l'assumer correctement.
Je vous demanderais de bien vouloir libérer la table, car nous voulons discuter d'une motion proposée par M. Wilfert. Mais auparavant, voulez-vous ajouter quelque chose? Non? Merci beaucoup, et vous voudrez peut-être demeurer dans la salle et entendre nos délibérations à propos de cette motion, parce qu'elle pourrait vous toucher.
Monsieur Wilfert, j'aimerais discuter de l'avis de motion que vous avez présenté. Vous l'avez présenté dans les délais prescrits et dans les deux langues officielles. Je vous invite à lire la motion et à la proposer, puis nous en débattrons.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord avec l'amendement et avec la motion. Il y a quelque chose de louche là-dedans. Les propos initiaux du premier ministre à ce sujet ne concordent pas avec la déclaration du ministre de la Défense nationale. Au début, le premier ministre a parlé d'intrusions d'avions russes dans notre espace aérien. Par la suite, le ministre a semblé se dédire, affirmant que l'avion n'a que longé l'espace aérien du Canada. Or, certaines indications laissent croire que ce genre d'incident se produit régulièrement depuis 2007.
Beaucoup de questions sont restées sans réponse. Pourquoi le premier ministre et le ministre de la Défense nationale ont-ils fait de telles déclarations? Que se passe-t-il réellement dans l'Arctique? L'armée russe communique-t-elle avec notre armée au sujet de ces vols, qui seraient selon les uns, des vols de surveillance, et selon les autres, des intrusions?
Il faut faire la lumière sur tout cela. J'espère que le comité pourra entendre et l'ambassadeur russe et l'attaché militaire, de même que les fonctionnaires du ministère de la Défense nationale pour savoir vraiment ce qui s'est passé. On ne sait pas vraiment si le Canada en avait été avisé.