:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les députés et collègues, je tiens à vous remercier de m'accorder la possibilité de m'adresser à vous cet après-midi. Je suis le brigadier-général Gerry Champagne, directeur général des opérations de l'état-major interarmées stratégique des Forces canadiennes. En d'autres termes, je suis le chef des opérations pour les Forces canadiennes.
Cela fait un certain temps que mon prédécesseur s'est adressé à vous. Au mois d'août, le brigadier-général Peter Atkinson vous a parlé de l'état général des opérations et de l'appui des Forces canadiennes, surtout de l'appui qu'on recevait de l'Agence canadienne du développement international visant la remise en état du barrage Dahla. Il vous a également donné des précisions en ce qui concerne la police nationale afghane.
Lors de la réunion de votre comité tenue le 9 février, le ministre de la Défense nationale et l'équipe de défense vous ont aussi fourni une mise à jour sur le budget, particulièrement sur la portion Afghanistan. Il avait aussi répondu à une série de questions pour faire une mise à jour sur les opérations en Afghanistan.
[Traduction]
Comme on l'a déjà dit, I'atteinte de nos objectifs en Afghanistan, en particulier la mise en place d'un environnement sécuritaire à l'appui de tous les autres efforts de développement et de reconstruction, a un prix. Nous en avons eu la preuve la semaine dernière, lorsque l'adjudant Dennis Raymond Brown, le caporal Dany Olivier Fortin et le caporal Kenneth Chad O'Quinn ont été tués alors qu'ils accomplissaient notre mission.
Je suis venu ici aujourd'hui dans l'intention de faire le point sur un certain nombre d'enjeux. D'abord, la sécurité et ensuite les Forces de sécurité nationale afghanes et l'effort pangouvernemental. Je veux en outre traiter de certaines des questions sur lesquelles vous vous penchez depuis six mois, notamment la lutte contre les dispositifs explosifs de circonstance, l'après 2011 et les élections. Bien entendu, je serai à votre disposition pour répondre à toutes vos questions après ma brève introduction.
Avant de passer à l'essentiel de mon exposé, il y a deux points sur lesquels je voudrais insister.
[Français]
En premier lieu, il convient de rappeler à ceux qui font partie du comité depuis peu qu'une grande partie des renseignements que nous traitons sont classifiés par nécessité. Par conséquent, je dois respecter certaines restrictions quant aux précisions que je peux vous donner. Il ne faut pas que vous perceviez cela comme une tentative de dissimulation indue, mais plutôt comme une mesure visant à protéger la sécurité opérationnelle des Canadiens et de nos alliés qui agissent à la demande de notre pays à l'étranger. Si vous posez une question à laquelle je ne peux pas répondre, je ferai tout pour y répondre et je m'assurerai qu'on vous donne des réponses séparément, si requis.
Deuxièmement, il est possible que vous souhaitiez me poser des questions sur des sujets qui ne font pas partie de mon champ de compétence ou auxquelles un autre militaire ou un responsable politique serait en mesure de répondre. Lorsque ce sera le cas, je vous dirai, bien sûr, qui serait le mieux placé pour répondre à votre question.
[Traduction]
Avant d'aborder la situation de sécurité actuelle, il convient de s'attarder un peu sur la notion suivante: pour gagner une bataille anti-insurrectionnelle, les forces militaires doivent pouvoir miser sur des efforts additionnels sur le plan de la gouvernance et de la sécurité pour établir un environnement où une autorité légitime puisse gouverner. À strictement parler, c'est tout à fait vrai. Je suis incapable de trouver un seul exemple dans l'histoire moderne où des militaires occidentaux ont pu vaincre des insurgés sans l'aide de partenaires civils. Et je pourrais vous faire part de ma propre expérience à Srebrenica.
En vérité, ce n'est qu'en utilisant une approche pangouvernementale globale qui tient compte des enjeux fondamentaux sous-jacents à une insurrection, tout en agissant dans un environnement de sécurité, qu'on peut vaincre des insurgés. C'est pour cette raison que les Forces canadiennes sont en Afghanistan, et c'est cette compréhension fondamentale des insurrections qui est le fondement de notre approche pangouvernementale.
Le commandant de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan travaille en très étroite collaboration avec l'ambassadeur du Canada, le représentant du Canada à Kandahar et l'équipe pangouvernementale chargée de réaliser les six priorités du gouvernement.
Je tiens également à souligner que les progrès stratégiques en Afghanistan ne peuvent se mesurer que sur une longue période, alors que nos soldats continuent de réaliser des progrès tactiques tous les jours en travaillant de concert avec nos associés pangouvernementaux, nos alliés, nos partenaires et les Afghans.
Cela dit, où en sommes-nous en ce qui concerne la sécurité dans la province de Kandahar? En bref, la situation d'ensemble n'a pas beaucoup changé au cours des six derniers mois et elle continue de susciter de vives inquiétudes. Le niveau de violence dans la ville de Kandahar est un peu plus élevé que la dernière fois que nous vous en avons parlé, même s'il y a eu une diminution saisonnière de la violence dans le reste de la province. Cette baisse est attribuable à l'arrivée de l'hiver et au départ des dirigeants insurgés vers leurs quartiers hivernaux.
Les membres des Forces de sécurité nationale afghanes, notamment la Police nationale afghane, travaillent à un rythme soutenu et subissent de ce fait beaucoup de pertes.
Comme en fait état le dernier rapport trimestriel, il est difficile de quantifier les perceptions des citoyens de Kandahar à l'égard de la sécurité. Tous ceux d'entre vous qui ont lu ce rapport auront noté les commentaires sur la perception de la sécurité dans la population locale. Cette perception des civils est un paramètre très important de la mesure de notre réussite. Comme vous, je tiens compte des commentaires de ce rapport, à savoir que de plus en plus de gens à Kandahar estiment que la situation de sécurité s'est dégradée et que le nombre de personnes qui croient que la situation s'améliore a beaucoup diminué.
Ayant constaté leur incapacité de réussir par des engagements directs, les insurgés sont passés à l'intimidation, au harcèlement et à l'utilisation de dispositifs explosifs de circonstance pour amplifier la perception que la sécurité se dégrade. En dépit des effets de ces opérations insurrectionnelles, les activités récentes d'inscription des électeurs en vue des prochaines élections nationales démontrent la volonté des Afghans de revenir à une situation normale et d'établir un gouvernement responsable et légitime. Nombreux sont les Kandaharis qui s'inscrivent en vue d'exercer leurs droits démocratiques, malgré les avertissements contenus dans la propagande des insurgés. S'ils estimaient que la situation était intolérable ou tout à fait dangereuse, il est fort probable que l'inscription des électeurs se serait déroulée très différemment.
D'un point de vue canadien, l'un des grands événements des six derniers mois fut le déploiement des améliorations réclamées dans le rapport Manley et la motion parlementaire de 2008. L'utilisation de nos hélicoptères Chinook et Griffon et de nos véhicules aériens sans pilote améliorés commence à avoir un impact positif, comme vous l'avez constaté la fin de semaine dernière. Leur utilisation conjointe a contribué à réduire et à atténuer les risques pour nos soldats que présentent les dispositifs explosifs de circonstance.
Nous commençons maintenant à repérer un plus grand nombre de ces dispositifs, avant plutôt qu'après leur déclenchement. Un exemple: en décembre dernier, sur 106 dispositifs repérés, 45 seulement ont effectivement explosés. Les autres, ou environ 60 p. 100, ont été découverts grâce à l'utilisation de nos nouvelles capacités ou encore grâce à nos efforts continus en vue de former les Afghans pour qu'ils nous signalent ensuite les dispositifs explosifs trouvés.
Comme vous le savez sans doute, nous avons été témoins récemment de la rotation du Quartier général de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan et de différents éléments du contingent militaire canadien. Cette activité courante fait en sorte que des forces nouvelles arrivent sur les lieux, permettant aux membres du contingent sortant de se reposer, de récupérer et de s'entraîner de nouveau pour les combats à venir.
Le commandant actuel de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan, le brigadier-général Jon Vance, s'est fait accompagner d'une équipe solide et expérimentée, et nombre de ces militaires avaient déjà servi en Afghanistan. Le groupement tactique actuel est fondé sur le 3e Bataillon, The Royal Canadian Regiment (Petawawa), qui est commandé par le lieutenant-colonel Roger Barrett.
Tournons-nous vers l'avenir: il convient de commenter deux points précis. Le premier, c'est l'orientation que prendront nos prochaines campagnes sous la direction du commandant du Commandement de la Force expéditionnaire du Canada (COMFEC). Le second, ce sont les forces additionnelles américaines qui se joindront au Commandement régional Sud.
Le commandant du COMFEC a énoncé de façon très précise les principes qui guideront et dirigeront la planification, la conduite et les opérations. À la lumière de la situation actuelle et de la présence imminente de forces armées américaines accrues au cours des prochains mois et des prochaines années, la nouvelle approche préconisée sera axée sur le renforcement de l'autonomie des Afghans, la protection des civils là où ils travaillent et dorment, la concentration de nos efforts dans la ville de Kandahar et ses voies d'accès et l'objectif à atteindre, qui est de changer le cours des choses de façon visible et tangible dans la vie des Afghans. Cette approche opérationnelle vise avant tout à modifier la perception des Afghans et à leur prouver que la situation s'améliore.
Pour ce faire, il faudra poursuivre nos efforts pour éviter que des civils soient blessés ou tués. En clair, les Forces canadiennes appliquent des règles d'engagement et des procédures d'identification de cibles pour faire en sorte que seules les cibles militaires légitimes soient visées et que nous ne causions pas de souffrances inutiles aux personnes que nous tentons d'aider. Nous continuerons de veiller à ce que ces processus soient respectés et que nos soldats agissent conformément au droit international, notamment en matière de droits de la personne, et au Code criminel du Canada.
Le deuxième aspect dont je voudrais vous entretenir servira à définir le rôle de la force opérationnelle actuelle. Il s'agit de l'arrivée des militaires américains dans la région. La contribution américaine accrue à la FIAS et la capacité de ces militaires d'améliorer sensiblement la sécurité au sein du Commandement régional Sud devraient produire des effets assez spectaculaires. Nous assisterons probablement à une augmentation de l'activité insurrectionnelle à court terme. Ceci peut se comparer à ce qui se passe quand un apiculteur renverse une ruche.
Les forces américaines seront en mesure de dominer un plus vaste territoire de même que certaines zones où nous n'avons pas pu maintenir une présence significative à cause de nos effectifs. On peut donc s'attendre à un nombre accru d'engagements avec des insurgés dans ces régions. Mais ce sont des combats que nous gagnerons et il en résultera un affaiblissement des Talibans et une plus grande sécurité en Afghanistan.
[Français]
Le renforcement de la capacité de l'Armée nationale afghane et de la Police nationale afghane est un aspect fondamental de la réalisation de notre mission militaire en Afghanistan.
L'objectif que nous visons à cet effet est de permettre à la force afghane à Kandahar de maintenir un climat de sécurité renforcé et de promouvoir l'ordre public. Nous avons récolté des succès jusqu'à maintenant.
Certains de nos Kandaks afghans et leur quartier général exercent maintenant des qualités de leadership et dirigent des opérations contre des insurgés. La preuve en a été faite par la brigade 1-205, la brigade de l'armée afghane en poste dans la province de Kandahar, qui s'est montrée apte à planifier et à exécuter des opérations avec très peu d'interventions de la part de l'ISAF ainsi que de nos forces.
Parallèlement, les différentes unités encadrées par les Forces canadiennes gravissent les échelons de capacité opérationnelle qu'elles doivent acquérir. Pour ceux d'entre vous qui n'êtes peut-être pas au courant, sachez que l'on mesure les progrès de l'armée afghane à l'aide d'un système de jalons par rapport à la capacité opérationnelle. Quand une unité a atteint le premier jalon de la capacité opérationnelle, elle est en mesure d'exécuter des opérations quasi autonomes, avec l'appui limité des ressources d'ISAF. C'est le plus haut niveau que l'on peut accorder à une unité et il peut équivaloir à la capacité opérationnelle totale. L'unité classée au deuxième jalon peut réussir ce genre d'opération de temps en temps, mais avec un plus grand besoin de soutien. On pourrait dire qu'elle a atteint un niveau élémentaire de capacité opérationnelle. Les jalons inférieurs de la capacité opérationnelle équivalent à de plus faibles niveaux de capacité.
Tel qu'indiqué dans notre dernier rapport trimestriel, un de nos Kandaks de l'ANA et son quartier général de brigade peuvent maintenant fonctionner de façon autonome, ce qui les situe au premier jalon. La situation continue de s'améliorer et d'autres Kandaks sont sur le point d'acquérir cette capacité. Le fait que le quartier général et l'un de nos Kandaks aient atteint l'ANA est tout un exploit, considérant les difficultés que rencontre la formation de Kandaks en Afghanistan. Les effets de cet accroissement de capacité sont dignes de mention.
Au cours des derniers mois, un Kandak a pris part à une opération du Commandement régional Sud et a réussi à repousser une solide résistance. Un autre Kandak, dont les capacités continuent à s'améliorer, a participé, dans la province, à des opérations d'ouverture d'itinéraires qui ont permis de réduire sensiblement le nombre de dispositifs d'explosifs de circonstance le long d'un trajet relevant de la responsabilité de l'ANA.
Un facteur qui est peut-être moins connu est que les opérations de ce genre, dirigées par l'ANA, deviennent de plus en plus fréquentes et complexes. Il se tient maintenant des opérations au cours desquelles la brigade afghane coordonne ses décisions et ses activités avec la Police nationale afghane et d'autres éléments. Ce sont là de véritables progrès.
Les niveaux d'effectifs de tous les Kandaks de Kandahar se sont également améliorés et des forces efficaces sont maintenant très proches du nombre attendu. La situation des effectifs évolue dans le bon sens, comme c'est le cas pour tous les efforts que nous déployons.
Par contre, les nouvelles ne sont pas toutes réjouissantes. Il reste encore des progrès marqués à accomplir en ce qui concerne la police afghane. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, il ne faut pas oublier que la police afghane est très près de l'action quand il s'agit de la lutte contre les insurgés. C'est elle qui est la cible des activités des insurgés dans la province de Kandahar. Cette année seulement, plus de 230 de ses agents ont été tués dans la province de Kandahar, comparativement à 51 de leurs compatriotes membres de l'ANA. De plus, comme elle constitue une force relativement nouvelle, particulièrement si on la compare à l'armée afghane, il est normal qu'elle soit moins chevronnée.
Le travail se poursuit et nos agents de la police militaire, tout autant que de la Gendarmerie royale du Canada ainsi que d'autres agents des forces de police municipale du Canada, déploient des efforts colossaux pour entraîner, équiper et préparer cette police aux tâches qui lui incombent.
Nous continuons de soutenir les projets d'infrastructure à cet effet ainsi que l'entraînement et l'équipement de cet élément vital de la création d'un climat de sécurité à Kandahar. Les fruits de nos efforts sur ce plan ont été illustrés de façon éloquente lorsque les médias ont fait grand cas d'un attentat suicide prévu contre le palais du gouverneur, mais déjoué par la police afghane, qui a découvert 400 kilos d'explosifs avant qu'ils ne puissent être utilisés.
Cet incident témoigne aussi du partenariat qui existe entre les Forces canadiennes et les forces afghanes. En effet, une fois que la police afghane a trouvé les explosifs, elle a confié à nos experts canadiens la responsabilité de les neutraliser. De fait, l'ancienne représentante du Canada à Kandahar a déclaré que parmi toutes les initiatives lancées durant son mandat, celle dont elle était la plus fière était le travail accompli par la police nationale et les forces de sécurité afghanes.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà mentionné, je veux vous parler de la situation de la sécurité et de la façon dont les mesures que nous prenons à ce chapitre permettent la réussite des autres volets de la mission. Les Forces canadiennes font partie intégrante de l'équipe pangouvernementale et elles soutiennent nos autres partenaires par tous les moyens possibles.
La semaine dernière, on a posé une question au sujet de la récente attaque au moyen de dispositifs explosifs de circonstance en bordure de la rivière Arghandab; on s'est demandé s'il était possible qu'un lien existe entre cet événement et le projet de premier plan que le Canada a entamé au barrage Dahla. Pour le moment, nous n'avons aucune preuve de l'existence d'un tel lien. En ce qui concerne le barrage Dahla, je suis persuadé que les mesures de sécurité en place permettront d'achever le projet dans les délais prévus. En fait, il s'agit d'un parfait exemple de la nature de notre mission, parce que, dans ce cas-ci, c'est la Force de sécurité nationale afghane qui assure la sécurité sur place à un entrepreneur canadien. Et cette sécurité est renforcée par des membres des Forces canadiennes, qui sont prêts à intervenir si la situation l'exige.
Comme vous le savez fort bien, le représentant du Canada à Kandahar dirige les efforts civils de gouvernance et de développement du Canada dans la province de Kandahar, travaillant de concert avec le commandant de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan pour atteindre les objectifs prioritaires énoncés par notre gouvernement.
Les tâches qu'accomplissent nos forces pour soutenir les initiatives de gouvernance peuvent se répartir dans deux secteurs distincts. Premièrement, il y a la protection que nos effectifs assurent directement à nos partenaires pangouvernementaux, par exemple lorsque le représentant du Canada à Kandahar se déplace dans la province de Kandahar. Deuxièmement, il y a l'établissement du climat de sécurité. Cependant, les Forces canadiennes prennent d'autres initiatives qui sont aussi utiles à cet égard: la tenue de réunions frontalières avec le Pakistan, l'appui du CSTC-A et l'aide à la justice, pour n'en nommer que quelques-unes.
À l'avenir, l'une des manifestations les plus évidentes de l'appui de la gouvernance par les FC sera le rôle que jouera la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan pour assurer la tenue en toute sécurité des prochaines élections présidentielles. Cet événement extrêmement complexe est essentiel à l'établissement de la légitimité du gouvernement afghan; notre rôle à cet égard sera important.
Nos équipes de liaison et de mentorat opérationnel ont déjà commencé à entraîner les membres des Forces de sécurité nationale afghanes, ce qui leur permettra de jouer un rôle prépondérant dans le maintien de la sécurité aux bureaux de scrutin et aux points stratégiques. En deuxième lieu, nous serons prêts et aptes à intervenir en cas de crise ou d'attentat qui risquerait de compromettre la tenue du scrutin et la capacité des Afghans d'exercer leurs droits démocratiques.
En troisième lieu, les récents moyens que nous avons déployés et les améliorations que nous avons apportées à la force — nos hélicoptères, les véhicules aériens sans pilote et les ressources de lutte contre les dispositifs explosifs de circonstance — seront tous utilisés à bon escient pour s'assurer que le climat général de sécurité demeure suffisamment stable pour que le scrutin ait lieu. Le succès que nous avons eu à l'inscription des électeurs laisse présager la réussite des élections.
[Français]
Le développement est un autre secteur d'intervention de nos forces. Nous continuons de soutenir nos partenaires pangouvernementaux et, en particulier, l'Agence canadienne de développement international. La manifestation la plus évidente de cet effort vient de notre Équipe de reconstruction provinciale, qui est à l'œuvre dans la municipalité de Kandahar depuis 2005. Toutefois, on remarque d'autres signes tangibles du travail des Forces canadiennes en ce sens. La participation du Canada à la construction de la route Fosters ainsi que la réhabilitation du barrage Dahla et de son système d'irrigation figurent parmi les faits les plus connus. Ces deux activités ont procuré des emplois rémunérés à plus de 500 Afghans, en grande partie grâce aux fonds injectés par le Canada. Les Forces canadiennes exercent un rôle indispensable à la réalisation de travaux de ce genre. Dans le cas de la route Fosters, nos hommes et nos femmes militaires assurent la sécurité pendant que nous achevons cet axe de déplacement. En ce qui concerne le barrage Dahla, les membres des Forces canadiennes veillent activement à ce que les ravitaillements et le personnel qui se rendent à ce site ne fassent pas l'objet d'ingérence de la part des insurgés.
Nos militaires du génie interviennent chaque fois que c'est possible. Leurs activités ont été de vaste portée et elles témoignent de la diversité des compétences de nos soldats. Pour leur part, nos équipes de gestion de la construction collaborent à l'organisation de la construction des routes et de projets d'irrigation de faible envergure. D'autres militaires ont aidé à la construction de routes locales et ont commencé à planifier l'érection de postes d'observation destinés à la police afghane. Par ailleurs, nos équipes de coopération civilo-militaire continuent à accomplir des tâches accessoires de développement — la construction de puits, par exemple —, à titre d'appui à la mission militaire.
Comme vous pouvez le constater, en assurant un climat de sécurité, nous continuons de renforcer de manière appréciable les mesures prises sur tous les plans pour améliorer la situation à Kandahar.
[Traduction]
Avant de terminer, je voudrais aborder certains points pour lesquels votre comité a toujours manifesté de l'intérêt. D'abord, je voudrais mentionner brièvement nos efforts destinés à neutraliser la menace posée par les dispositifs explosifs de circonstance. C'est l'arme la plus dévastatrice de nos ennemis. La majorité de nos soldats tués au combat, 70, ont perdu la vie non pas en combattant directement contre l'ennemi, mais plutôt en raison de cette tactique insidieuse. Nous ne saurions faire une seule erreur quand il s'agit de lutter contrer les dispositifs explosifs de circonstance, mais il suffit d'un seul succès chez les insurgés pour avoir un impact stratégique dramatique.
Pour contrer cette menace, nous prenons plusieurs mesures et nous mettons en oeuvre des solutions dès que nous en trouvons. Il s'agit entre autres d'adopter de nouvelles solutions technologiques particulières, comme l'utilisation de notre nouvelle escadre aérienne pour minimiser les risques pour nos soldats en déplacement, ainsi que nos UAV pour aider à détecter ces dispositifs explosifs au sol. Chose tout aussi importante, nous poursuivons nos efforts pour éduquer les Afghans en ce qui concerne les menaces que font peser les dispositifs explosifs de circonstance et pour les encourager à nous les signaler. Et cela a un effet de second ordre en permettant de créer un climat de confiance entre nous et la population locale tout en continuant d'aider à réduire la menace posée par ces engins.
En outre, nous avons une organisation professionnelle responsable des leçons retenues, qui analyse chaque incident et qui dégage toutes les leçons à en tirer afin de réduire les possibilités d'une attaque semblable ayant les mêmes conséquences. Nous continuons également à maintenir et à utiliser notre flotte de véhicules qui sert à lutter contre cette menace, notamment la capacité améliorée de dégagement d'itinéraire qui a été mise en service au cours des deux dernières années; nous continuons aussi à améliorer la protection de nos forces dans toute la mesure du possible tout en continuant de nous acquitter de la mission qui nous a été donnée.
Enfin, nous poursuivons nos initaitives visant à désorganiser les cellules qui fabriquent les dispositifs explosifs de circonstance et à nous attaquer aux dirigeants qui contrôlent l'acquisition du matériel pour ces engins ainsi que leur construction et leur emplacement.
Je répète que le rapport entre le nombre d'explosions de ces engins et le nombre de dispositifs trouvés est assez élevé: il y a une explosion pour chaque 2,9 engins que nous trouvons. Nous cherchons à hausser ce ratio et le succès que nous avons eu jusqu'ici nous encourage. Malheureusement, ce n'est pas une arme que nous pouvons retirer du champ de bataille ni une menace que nous pouvons éliminer entièrement. Le décès de quatre de nos soldats ces derniers jours nous l'a bien montré.
[Français]
Le prochain point que je voudrais aborder est ce que feront les Forces canadiennes en 2011 et après.
Manifestement, notre mandat changera conformément à la motion parlementaire de l'an dernier selon laquelle nous cesserons les opérations militaires à compter de juillet 2011. Tout le personnel des Forces canadiennes quittera l'Afghanistan en décembre de la même année. Cela a de nombreuses conséquences évidentes, et nous avons commencé la planification stratégique afin de concrétiser cette motion.
Pour ce qui est de ce que nous ferons une fois le retrait terminé, je ne saurais dire. Évidemment, nous recevons nos ordres du gouvernement canadien et nous exécuterons fidèlement toutes les tâches dont il nous chargera au pays et à l'étranger. Ce que je peux vous dire, c'est qu'en 2011, beaucoup d'efforts seront mis en oeuvre afin de garantir que nous respectons les délais et les ordres qui nous auront été donnés.
[Traduction]
Un autre point qui a suscité un certain intérêt depuis la dernière rencontre du comité est la question de la réconciliation avec les talibans. Pour être entièrement honnête, en tant que soldat, ce n'est pas vraiment une question dont je dois m'occuper. Comme le signale le dernier rapport trimestriel, il appartient en fait au gouvernement de l'Afghanistan de diriger les efforts de réconciliation nationale. Je sais et je reconnais que nos partenaires pangouvernementaux jouent un rôle pour ce qui est de soutenir cette initiative; toutefois, cela n'a pas été le cas pour les Forces canadiennes jusqu'à maintenant.
[Français]
Sur un autre sujet, la commission électorale en Afghanistan a décidé la semaine dernière que l'élection présidentielle aurait lieu le 20 août de cette année. Conscientes qu'il y a encore des questions à régler, les Forces canadiennes sont prêtes à jouer un rôle de soutien en suivant l'exemple des forces afghanes, qui sont les premières responsables de la sécurité de cet événement. Nous prévoyons aider nos partenaires des forces afghanes afin que cet événement se déroule en toute sécurité. À l'heure actuelle, les forces afghanes sont chargées d'assurer la sécurité de cette activité extrêmement importante. Nous serons prêts à les appuyer avec des forces de réaction rapide ainsi qu'avec l'ensemble de notre équipement et de nos effectifs.
Aucun d'entre vous ne devrait être surpris d'entendre que la meilleure chose que nous puissions faire pour garantir que l'élection aura lieu comme prévu est de continuer à instruire nos partenaires des forces afghanes grâce à nos équipes de liaison et de mentorat opérationnel et de nous employer à créer un environnement de sécurité, ce qui réduira le risque d'activités des insurgés. Évidemment, je crois que nous avons une excellente équipe sur le terrain, au Commandement régional Sud. Grâce aux améliorations apportées récemment aux forces, y compris les effectifs et aéronefs additionnels, nous sommes confiants que la sécurité pourra être maintenue dans le cadre de cet événement important.
[Traduction]
Mesdames et messieurs, j'ai probablement pris un peu plus de temps que vous ne l'auriez souhaité. Je tenais à vous donner une idée aussi précise que possible de la situation actuelle quant à la sécurité dans la province de Kandahar et à aborder des points qui, je le sais, vous préoccupent.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé et je serai heureux de répondre à vos questions.