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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des anciens combattants, à titre de président du Groupe consultatif ad hoc sur les besoins spéciaux, je suis heureux de comparaître aujourd'hui, même si nous avons peu de temps, pour discuter de questions relatives à la nouvelle Charte des anciens combattants et, plus particulièrement, du rapport entre la charte et les besoins spéciaux des anciens combattants.
Les anciens combattants qui ont des besoins spéciaux sont ceux qui ont de graves blessures ou handicaps et dont les besoins en matière de réadaptation médicale et de réinsertion et les besoins financiers et familiaux sont les plus grands. Ces anciens combattants sont ceux qui ont été évalués par le ministère des Anciens Combattants et qui reçoivent une retraite de 78 p. 100 ou plus. Aujourd'hui, je ne vais pas vous parler de l'ensemble des anciens combattants. Nous n'avons ni le temps ni la place pour cela, donc je vais me concentrer sur les anciens combattants ayant des besoins spéciaux.
Je suis sûr que les questions que je vais soulever aujourd'hui l'ont déjà été par la Légion, les fonctionnaires du ministère des Anciens Combattants, les autres présidents de comités consultatifs du ministère et des particuliers. À bien des égards, les questions que je soulève sont une répétition de ce que vous avez déjà entendu, sauf pour un point important; je suis moi-même un ancien combattant ayant des besoins spéciaux, et c'est donc d'expérience que je vous parle des défis auxquels font face ces anciens combattants qui sont considérablement défavorisés par rapport à leurs pairs.
Je fournis des services de consultation au ministère des Anciens Combattants, et je suis sûr que les gens du ministère vont m'éreinter plus tard, mais j'ai une aptitude innée à comprendre de quelle manière les choses vont se dérouler et je prévois que la nouvelle Charte des anciens combattants ne répondra pas aux besoins spéciaux. Je dis cela même si j'ai le plus grand respect pour ceux qui ont rédigé la charte et pour tout le travail qu'ils y ont mis, mais il y a eu des conséquences imprévues qui touchent particulièrement les anciens combattants qui ont des besoins spéciaux. Cela ne concerne pas l'ensemble de la population, seulement ceux qui en ont le plus besoin.
Je devrais tout d'abord vous dire que je ne suis pas un expert de la nouvelle Charte des anciens combattants ni de ce qui l'a précédée, la Loi sur les pensions. J'ai le privilège de travailler pour le ministère depuis cinq ans et ma seule responsabilité est d'examiner la nouvelle Charte des anciens combattants du point de vue des besoins spéciaux à titre de président du Groupe consultatif ad hoc sur les besoins spéciaux et de signaler au ministère les lacunes de la charte.
Il y a bien des questions dont nous pourrions discuter, mais je ne pourrais en aborder qu'une seule, la question financière. Il y a d'autres points tout aussi importants mais, malheureusement, nous n'aurons probablement pas le temps d'en parler. Alors, allons-y.
Là, je vais faire enrager les fonctionnaires en disant que le ministère des Anciens Combattants s'occupe uniquement d'argent. C'est tout. C'est ce qu'ils font, quoi qu'ils puissent vous dire. Y a-t-il quelqu'un ici du ministère? Très bien. J'espère qu'ils vont m'entendre, et ils vont probablement me congédier, mais cela ne fait rien.
Tout ce qu'ils font, c'est fournir de l'argent pour des programmes, des prestations et des services. Ils sont des distributeurs d'argent. Et après? Le Groupe consultatif ad hoc sur les besoins spéciaux se fait rabrouer par le ministère depuis cinq ans, à tel point que nous discutons rarement des questions financières. Mais cela reste l'élément de la nouvelle charte que la jeune cohorte d'anciens combattants méprise le plus. J'utilise le mot « méprise », j'aurais pu dire déteste, haïsse, craigne. À mon avis, le ministère n'a pas montré sans équivoque que la nouvelle charte est aussi bonne, sinon meilleure, que la Loi sur les pensions qui l'a précédée pour ce qui est d'assurer la stabilité et la sécurité financière des anciens combattants et de leurs familles.
Premièrement, nous devons nous rappeler que les anciens combattants gravement handicapés sont, en raison de leurs blessures, dans une situation financière toujours défavorable comparativement à celle de leurs pairs non blessés. Notamment, la charte ne tient pas compte de manière précise de ce groupe d'anciens combattants, des possibilités d'avancement perdues, de la perte de salaires escomptées sur le marché du travail, n'importe quel marché du travail.
Le ministère vous dira peut-être qu'il y a toute une gamme de programmes en vertu de la charte qui n'existaient pas en vertu de la Loi sur les pensions et qui aideront à assurer la stabilité financière et les possibilités d'avenir. Je dis que ce n'est que de la poudre aux yeux. C'est peut-être vrai dans certains cas, mais lorsqu'on fouille un peu, on constate qu'il y a de nombreuses lacunes.
Le ministère vous dira qu'il y a des programmes de formation professionnelle et de placement, mais ils ne servent à rien pour les anciens combattants ayant des besoins spéciaux qui ont une incapacité permanente.
Laissez courir votre imagination, pensez à un quadraplégique aveugle. Comment diable pourrait-il réintégrer le marché du travail et avoir une chance raisonnable de gagner quoi que ce soit? C'est peu probable. C'est un exemple extrême, mais il y en a bien d'autres.
La nouvelle Charte des anciens combattants relègue les anciens combattants qui ont des besoins spéciaux à un niveau de subsistance, avec la qualité de vie qui va avec, et je pense que c'est injuste. Du point de vue des besoins spéciaux, la Loi sur les pensions offrait de nombreuses aides financières pour assurer soutien et stabilité. Vous entendrez mes collègues plus tard et ils vous parleront de problèmes semblables. Si tant de gens le disent, c'est que quelque chose ne va pas. Si vous devez sans cesse ramener votre voiture parce qu'elle a un problème, il y a fort à parier qu'il y a un vrai problème. C'est la même chose. Si on vous en parle, c'est qu'il y a un problème.
Permettez-moi de vous citer quelques chiffres. Vous pouvez les vérifier sur le Web ou demander à vos analystes de le faire. En vertu de la Loi sur les pensions, une personne ayant perdu 78 p. 100 de ses capacités recevait une pension d'invalidité mensuelle de 1 900 à 2 300 $, libre d'impôt à vie. Je ne mentionnerai pas les autres avantages financiers, faute de temps, mais croyez-moi, la Loi sur les pensions assurait la stabilité financière. Lorsque la personne mourait — de vieillesse ou des suites de ses blessures —, toutes ses prestations et allocations revenaient à la famille, au conjoint pour le reste de sa vie et aux enfants, jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 18 ans, et ce, libres d'impôt.
Les pensions et allocations d'invalidité ont toutes disparu lors de l'adoption de la nouvelle charte — TOUTES, au cas où ce mot vous aurait échappé. Tout est disparu. Le ministère vous dira qu'il ne faut pas comparer la Loi sur les pensions et la nouvelle charte. C'est ce qu'ils vous diront. Ils vous diront qu'il n'est pas possible de comparer des pommes et de l'asphalte. Eh bien, il y a de bonnes choses dans la charte, comme la formation professionnelle et le placement, mais je vous dis, en toute franchise, que les anciens combattants les plus gravement blessés et ceux qui ont un handicap permanent ne pourront pas profiter pleinement de ces programmes. La nouvelle charte offre bien peu aux anciens combattants ayant des besoins spéciaux. Les pensions et allocations d'invalidité et pour la famille ont disparu. Je crois que ces modifications financières qui sont entrées en vigueur avec la nouvelle charte étaient un moyen de réaliser des économies et vous, les parlementaires, avez voté pour cela.
Je pense que la charte a des conséquences non voulues. L'ancien combattant handicapé qui a des besoins spéciaux ne reçoit plus de pension d'invalidité et il n'y a pas de sécurité financière pour la famille en vertu de la nouvelle charte. Je ne saurais trop insister là-dessus. Les jeunes sont en train de se faire avoir.
J'ai apporté des copies de ma déclaration. Je ne sais pas si elles ont été distribuées.
La nouvelle charte est fondamentalement différente de la Loi sur les pensions. La loi prévoit un réseau de sécurité financière à vie pour ceux qui en ont le plus besoin. La nouvelle charte n'offre pas ce réseau de sécurité. La nouvelle charte offre bien une indemnité d'invalidité, un montant forfaitaire pour les douleurs et les souffrances — des douleurs et des souffrances qui dureront toute la vie — ainsi qu'un certain soutien financier et une indemnité de remplacement du revenu. Mais ce remplacement du revenu cesse à 65 ans. Il cesse. À 65 ans, les anciens combattants qui ont des besoins spéciaux, qui sont déjà financièrement défavorisés n'ont plus que le RPC et la Sécurité de la vieillesse et peut-être un petit REER pour leur âge d'or.
La nouvelle charte prévoit des paiements initiaux. Cela ressemble aux REER. C'est un paiement forfaitaire unique. Le Groupe consultatif prévoit que cela posera des problèmes à long terme.
Le ministère vous dira qu'il y a une indemnité d'invalidité permanente — IIP — à laquelle les anciens combattants ayant des besoins spéciaux pourraient être admissibles. Il s'agit d'une indemnité à vie, mais elle est imposable. Le principal inconvénient est que les critères d'admissibilité sont si restrictifs qu'à ce jour, seulement trois IIP ont été accordées. Il y en a peut-être cinq, mais en tout cas, c'est très peu. C'est de la poudre aux yeux.
De nombreux anciens combattants ayant des besoins spéciaux en raison d'une invalidité permanente ne seront pas admissibles à l'IIP. J'ai mentionné l'indemnité, un montant forfaitaire qui reconnaît toute une vie de douleurs et de souffrances. C'est bien que l'on reconnaisse la douleur et la souffrance, mais il y a des degrés différents et la durée est aussi un problème. Cette indemnité doit être réexaminée afin de déterminer si elle est juste et fondée sur l'âge, la situation de famille, les circonstances familiales et la gravité de la blessure.
Je vais laisser de côté mes notes un instant pour vous dire ceci. Si vous êtes un double amputé, comme moi, vous recevrez une indemnité d'invalidité du ministère des Anciens Combattants de 276 000 $, que vous soyez marié ou pas. La nouvelle charte parle beaucoup des familles. Je ne vois pas comment l'indemnité d'invalidité peut être la même, qu'une personne soit mariée ou non, peu importe l'âge, qu'il y ait des enfants ou pas, étant donné toutes les allocations qui reviennent aux conjoints et aux enfants, une chose que j'ai oubliée de mentionner.
Il y a là une sérieuse lacune dans la nouvelle charte. Il faut que le calcul des indemnités soit amélioré. Il ne faut pas que ce soit un paiement forfaitaire, car les gars le gaspillent. Ils dilapident leur argent. Vous allez aussi entendre cela. Je vais vous lire un extrait d'un courriel que j'ai reçu il y a quelques jours.
Mais avant, si j'avais 20 ans et que quelqu'un me donnait 276 000 $, ce que fait le ministère... En fait, le chèque arrive par la poste, on ne le reçoit même pas de main propre. Alors vous recevez cette indemnité pour votre sacrifice, votre perte, votre douleur et votre souffrance, puis les mêmes personnes qui vous le donnent vous disent: « Ne le dépensez pas. Cet argent doit vous durer pour le reste de votre vie. Ne le dépensez pas ». Eh bien, lorsque vous avez 20 ans, c'est tentant de vous acheter une voiture. Vous achetez une maison, une grosse ou une petite, vous aurez le temps de vous inquiéter de l'hypothèque plus tard — même à Calgary, il est impossible d'acheter une maison pour 276 000 $.
Voici le courriel que j'ai reçu l'autre jour. J'ai enlevé les noms pour protéger les innocents. Voici:
La semaine dernière, le caporal X s'est adressé à moi, un peu bouleversé, au sujet du paiement forfaitaire. Il disait qu'un certain nombre de ses collègues qui ont reçu le paiement forfaitaire l'ont dépensé et qu'ils se retrouvaient dans une situation financière très difficile. Il a dit qu'il était « injuste qu'un triple amputé reçoive le même montant qu'un double amputé » — il pensait qu'une triple amputation devrait donner lieu à un paiement plus élevé.
Parmi les anciens combattants, on parle maintenant de ces questions. Ils critiquent ce montant forfaitaire. Il ne leur donne aucune sécurité. Une fois dépensé, c'est fini. En vertu de la Loi sur les pensions, les anciens combattants ne recevaient pas un montant aussi important, mais ils recevaient quelque chose tous les mois. Ils pouvaient montrer à leur banque qu'ils recevaient 500 $ par mois et que c'était peut-être suffisant pour payer une hypothèque. Cela n'existe plus.
Les « aspects financiers éthérés », comme je les appelle, de la nouvelle Charte des anciens combattants, sont très différents des aspects tangibles de la Loi sur les pensions, et rares sont ceux qui vous diront que cela fonctionne — ou alors peut-être trois ou quatre fonctionnaires —, car la matrice de calcul est tellement complexe. Cependant, les nouveaux anciens combattants et ceux qui ont des besoins spéciaux se sentent floués, volés, et ils se sentent marginalisés par rapport aux anciens combattants d'autrefois — il y en a deux ici. Ils éprouvent énormément de méfiance à l'égard du ministère — ils ont l'impression qu'on a cherché à les tromper — et ils se sentent très vulnérables, faute de sécurité financière pour le reste de leur vie.
Comme je le disais, il n'y a aucun soutien financier, que ce soit pour les conjoints et les familles, en vertu de la nouvelle charte comparativement à ce qu'offrait la Loi sur les pensions. La nouvelle charte abuse du mot « famille ». Comme si on avait ajouté le mot « famille » chaque fois qu'on utilise l'expression « ancien combattant ». Mais je demande à voir; revenons au début et montrez-moi l'argent.
À mon avis, monsieur le président, ce qu'il faut, c'est un examen fiduciaire indépendant de la nouvelle Charte des anciens combattants afin de déterminer si à tout le moins elle assure une sécurité financière égale à la Loi sur les pensions. Peu importe la façon de calculer, il semble que la situation financière des anciens combattants est nettement moins bonne en vertu de la nouvelle charte qu'elle ne l'était en vertu de la Loi sur les pensions. La nouvelle charte ne donne pas aux anciens combattants un réseau de sécurité financière à vie. Ils se font avoir de bien des façons.
Étant donné les contraintes de temps, je vais m'en tenir à l'aspect financier, quoiqu'il y ait bien d'autres aspects de la charte qui devraient être examinés.
En vertu de la nouvelle charte, le réseau de sécurité financière à vie qui existait en vertu de la Loi sur les pensions a été éliminé. Le ministère a justifié le fait que les prestations cessent à 65 ans en disant que les prestations du RPC et de la Sécurité de la vieillesse allaient continuer à être versées. Malheureusement, cela relègue les anciens combattants qui ont les besoins les plus importants à un niveau de vie de pure subsistance, malgré la Sécurité de la vieillesse et le RPC qui leur versent 1 100 ou 1 200 $ par mois à vie.
Ce que nous disent les anciens combattants, surtout ceux qui ont des besoins spéciaux et qui sont très handicapés, c'est qu'ils sont traités sur le même pied que le Canadien moyen en ce qui concerne le RPC et la SV. J'aimerais savoir si le Canada n'a pas l'obligation de s'assurer que nos anciens combattants ayant des besoins spéciaux, ceux qui ont les plus grands besoins, sont pris en charge au lieu d'être marginalisés ou relégués à un niveau de vie de subsistance. Ce n'était pas le cas avec la Loi sur les pensions; ils étaient protégés et ils se débrouillaient toute leur vie jusqu'au moment de leur mort. Après leur décès, leur conjoint continuait de recevoir les prestations. Cela a disparu avec la nouvelle charte.
Il est manifeste que les anciens combattants ayant des besoins spéciaux se sentent vulnérables et marginalisés, malgré leur service pour le Canada, vu ce que n'offre pas ou ne couvre pas la nouvelle Charte des anciens combattants. C'est à nous tous de changer la situation, et je vous mets tous au défi de veiller à ce que les anciens combattants d'aujourd'hui ayant des besoins spéciaux appuyés par la nouvelle Charte des anciens combattants, reçoivent, au moins, ce que recevait traditionnellement un ancien combattant en matière de sécurité financière personnelle et familiale, et ce toute la vie.
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Nous avions recommandé que plutôt que de verser un montant forfaitaire ponctuel, on structure le versement au cours des années, sous forme de rentes ou de versements structurés, ou encore des montants forfaitaires, mais des sommes moins élevées à 25, 30, 35 et 40 ans. Nous avons proposé ces recommandations au ministère afin de contourner la législation relative aux montants forfaitaires, parce que c'est un problème. C'est dans la loi; on ne peut pas changer le système de façon unilatérale. Le ministère doit présenter une proposition et faire bien attention de ne pas tout bouleverser ce qui a été approuvé par tous les partis. Il faut avancer en évitant les pièges, en quelque sorte pour respecter l'esprit de la loi, tout en fournissant un service adéquat aux anciens combattants.
C'est un défi. Si vous regardez les chiffres, c'est ce qui vous donne une stabilité financière. Je ne suis pas encore très vieux. Mais je reçois de l'argent sur mon compte tous les mois. C'est la somme des prestations pour enfants, des prestations de conjoint et autres avantages, et de ma pension d'invalidité. Je reçois cela tous les mois. Lorsque j'ai voulu contracter une hypothèque, je pouvais prouver que j'avais ce qu'il fallait, qu'il s'agisse d'un revenu, d'une retraite, d'une prestation ou d'une compensation, c'est de l'argent qui vient du gouvernement du Canada tous les mois. Vous pouvez le montrer à la banque.
Les nouveaux reçoivent un montant forfaitaire ponctuel. Qu'ils le mettent à la banque ou l'utilisent sous forme de rente, lorsqu'ils vont pour obtenir un prêt hypothèque, quand ils ont 30 ou 35 ans, ils ne peuvent pas prouver qu'ils ont un revenu. Ils peuvent simplement prouver qu'ils ont de l'argent. Ils ne peuvent pas montrer de chiffres, c'est plus difficile pour les hypothèques notamment. Donc, il y a une différence fondamentale entre un paiement forfaitaire et une rente plus modeste tous les mois.
Prenez un jeune de 20 ans qui reçoit 276 000 $. S'il vit jusqu'à 50 ans, si vous faites le calcul, sortez votre calculatrice, ce n'est pas la même chose que de recevoir 25 000 ou 30 000 $ par an pendant 60 ans, ce qui vous offre une certaine stabilité. À votre mort, vous savez que votre conjointe ne manquera de rien. En vertu de la nouvelle Charte des anciens combattants, à votre mort, il n'y a plus rien. Votre conjointe touche le RPC et la Sécurité de la vieillesse. Il n'y a pas de prestations au survivant.
Donc, il y a eu des changements. Le montant forfaitaire, cela ne fonctionne pas. Il y a beaucoup d'exemples de jeunes... Ils sont célibataires. Ils ne pensent pas à l'avenir. Disons qu'ils se marient dix ans plus tard, qu'ils ont rencontré la perle rare qui va les épouser malgré leur invalidité. Ils ont déjà dépensé tout le montant forfaitaire. Ce sera encore plus difficile pour eux de fonder une famille avec rien.
Cependant, en toute justice, le ministère des Anciens Combattants verse une allocation pour déficience permanente aux anciens combattants ayant des besoins spéciaux. C'est une prestation imposable qui varie entre 500 et 1 500 $ par mois, à vie. La conjointe ne la touche pas après votre mort, mais vous la recevez à vie. Elle est imposable — c'est très bien —, mais les trois étapes pour toucher l'ADP sont très restrictives. Donc, vous pouvez être invalide de façon permanente, inapte au travail et n'être pas admissible à cette allocation.
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Monsieur le président vient de mentionner qu'on manquait de temps, alors on fera cela de façon assez diligente.
Bonjour à tous les membres du comité. Je me présente. Mon nom est Elphège Renaud, je suis âgé de 78 ans. Je suis président de la Succursale de Québec de l'Association du Royal 22e Régiment. J'ai servi dans le Royal 22e Régiment de 1949 à 1954 comme parachutiste. J'ai été volontaire durant la Guerre de Corée de 1951 à 1953, où j'ai été sévèrement blessé en marchant sur une mine.
Je me présente aujourd'hui devant ce comité parlementaire qui étudie les amendements à apporter à la Charte des anciens combattants afin de suggérer des éléments constructifs. La charte n'est pas mauvaise dans son ensemble. Il y a des sections qui sont presque parfaites. En ce qui me concerne, je désire surtout m'attarder à la méthode d'indemnisation des militaires sévèrement blessés, comme ceux qui reviennent d'Afghanistan avec des blessures subies en théâtre opérationnel. Si le gouvernement a le moyen d'envoyer des troupes à cet endroit pour répondre à ses obligations envers les Nations Unies et aussi pour combattre le terrorisme dans le monde, il devrait avoir également les moyens financiers d'indemniser correctement les blessés qui en reviennent et qui sont handicapés toute leur vie.
Prenez mon exemple. Cela fait 57 ans que je souffre de mes blessures. Je n'ai pas perdu mes jambes, mais elles sont insensibles jusqu'au corps, avec des douleurs constantes. Cela fait 57 ans que je prends des antidouleurs, de la morphine. Je n'ai pas eu une vie normale comme tout le monde. J'ai pris des médicaments toute ma vie pour traiter toutes sortes de conséquences des blessures que j'ai subies.
À la suite de la visite de l'ombudsman des Anciens combattants à Valcartier, le Colonel Patrick B. Stogran, qui a été nommé par le gouvernement fédéral en novembre 2007, et à la demande de la Succursale de Québec de l'association, j'ai fait les présentations qui s'imposent afin de faire amender la nouvelle Charte des anciens combattants.
En ce qui concerne principalement le règlement accordé à un blessé ou en raison de maladies contractées en service actif en théâtre d'opération, comme en Afghanistan, les paiements forfaitaires actuels n'assurent pas la stabilité financière à vie des anciens combattants. C'est ce qu'un paiement mensuel permettrait de faire grâce à la régularité des paiements. Une étude a été faite sur les gens qui ont gagné des montants importants à la loto, parfois des millions de dollars, et la plupart n'avaient pas un sou après cinq ans. Je comprends qu'il y a eu des abus de la part des gagnants mais, de toute façon, certains gagnants finissent par se retrouver à la rue, tandis qu'un paiement mensuel ne peut être dépensé avant d'avoir été reçu. Donc, cela assure la stabilité et la sécurité financière.
Je veux parler des règlements par paiement forfaitaire. Je crois — et tout le monde aussi pense comme moi — que c'est probablement pour économiser de l'argent que le gouvernement agit de cette façon. Le montant maximal est de 276 000 $, ce qui est loin d'être suffisant pour assurer une pension raisonnable de 3 000 $ à 4 000 $ par mois à vie à l'ancien combattant. De plus, même si le montant était suffisant pour générer un revenu mensuel raisonnable, il n'est pas sécuritaire de payer une telle somme d'argent d'un seul coup à un ancien combattant qui n'est pas nécessairement outillé pour bien gérer ses finances afin de s'assurer une sécurité financière à vie. Le gouvernement se doit de penser pour l'individu. Il a une responsabilité aussi longtemps que vit l'ancien combattant. Je crois fermement — et je sais de quoi je parle — que le gouvernement doit payer, comme il le fait depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'au conflit en Afghanistan, une pension mensuelle à vie, et non un montant forfaitaire comme il a commencé à le faire depuis le début du conflit en Afghanistan en 2006.
Je voudrais attirer votre attention sur les devoirs de l'ombudsman, et je cite: « [...] n'examinera pas les décisions prises par le TACRA ». Cette citation est tirée du formulaire du gouvernement sur les devoirs de l'ombudsman. Dans le formulaire distribué par le Bureau de l'ombudsman, il est dit le contraire. On parle: « [...] d'examiner les problèmes d'ordre systématique liés au Tribunal des Anciens combattants ». Qui dit vrai, le gouvernement ou l'ombudsman?
Pourquoi l'Angleterre verse-t-elle un maximum de 800 000 $ à un blessé jugé 100 p. 100 invalide et le Canada ne verse-t-il que 276 000 $? Même le capital maximal du Canada, placé à un intérêt raisonnable selon le marché, ne suffirait pas à fournir à l'ancien combattant un revenu raisonnable pendant 10 ans. Et après, comment va-t-il vivre? Avec les pitances de l'aide sociale qui est attribuée à tout le monde.
Lui qui a risqué sa vie, ne mérite-t-il pas mieux? C'est tout simplement honteux pour un pays comme le Canada. J'ai rencontré plusieurs blessés sévères, qui ont subi la perte d'une ou des deux jambes. La façon dont ces gens ont été indemnisés est complètement ridicule, eux qui n'ont que 23 ans, 24 ans ou 25 ans.
Pour vous montrer combien les gouvernement antérieurs se souciaient de la sécurité financière des anciens combattants, j'aimerais vous parler d'un programme aujourd'hui périmé. Il s'agissait du programme prévu par la Loi sur les terres destinées aux anciens combattants. Selon ce programme, celui qui ne voulait pas d'un lot pour l'agriculture pouvait opter pour l'achat d'une maison neuve qu'il construisait lui-même. Afin de protéger l'ancien combattant, sa mise de fonds était le terrain. Le titre de propriété était libellé à Anciens combattants Canada. Anciens combattants Canada était donc propriétaire et louait la maison pour 25 ans à l'ancien combattant. Après ou avant les 25 ans, si l'hypothèque était payée, le titre de propriété était fait au nom de l'ancien combattant qui en devenait propriétaire absolu, libre de toute charge et de toute dette. Pendant la période de 25 ans, l'ancien combattant ne pouvait aliéner, hypothéquer ou emprunter sur la valeur de la maison, car il était locataire et non propriétaire. Anciens combattants Canada nous prêtait 12 000 $ et notre mise de fonds était le terrain. On remboursait 8 000 $ à Anciens combattants Canada et le dernier 4 000 $ nous était donné pour avoir si bien servi son pays. Faire cela, c'est se soucier de la sécurité et de la stabilité financière des anciens combattants. Le paiement mensuel était de 46,64 $ par mois, car il y avait des intérêts de 3 p. 100 pour le montant de 8 000 $. Cela, c'était aider l'ancien combattant avec quelque chose de tangible. J'ai bénéficié de ce programme et la maison que j'ai construite vaut facilement 250 000 $, aujourd'hui.
En conclusion, monsieur le président, je souhaite que le gouvernement abandonne la façon actuelle d'indemniser les blessés avec des paiements forfaitaires et revienne à l'ancienne méthode d'une pension mensuelle à vie, évaluée à tous les trois ans, et augmente la pension, s'il y a lieu. Il peut faire un règlement en deux volets, soit un montant forfaitaire minimum et ensuite une pension mensuelle pour assurer la sécurité financière de l'ancien combattant. Il faut améliorer le règlement des petites réclamations pour des lunettes, des prothèses, etc., car Charlottetown fait tout en son pouvoir pour ne pas payer, invoquant toutes sortes de raisons plus ou moins farfelues les unes que les autres. Qu'on nous donne un livret des avantages qu'on veut nous payer et qu'on les paye lorsqu'il y a une réclamation. Il faut arrêter de faire ce qu'ils font, c'est-à-dire chercher toutes sortes de raisons pour ne pas payer.
J'aurais plusieurs exemples à vous donner, mais le pire est que l'ombudsman ne peut intervenir dans les décisions du TACRA, le tribunal administratif. Par exemple, j'ai déposé une réclamation de 350 $. On m'a remboursé 150 $ pour les médicaments et l'autre montant de 200 $ correspondait aux honoraires du médecin qui s'est retiré du système gouvernemental. On m'a dit de me faire payer par le gouvernement, mais il s'est retiré du système. J'ai donc dû payer 200 $ puisqu'on n'a jamais voulu me rembourser. Si on va en appel, la réponse est toujours la même: décision maintenue.
Je vous remercie. J'ai fait rapidement parce que, comme Monsieur le président l'a dit, il manquait de temps. Peut-être que le débit de mes propos a été trop rapide, mais vous avez la copie que vous pourrez lire à tête reposée.
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Mon nom est Claude Sylvestre. Je suis un vétéran de la guerre de 1939-1945. J'ai été blessé en Italie, en combattant pour le Royal 22
e Régiment. Je vous donne seulement les grandes lignes et une partie des détails. Le reste vous a été remis en photocopies. Je regrette, mais à 20 cennes le mot, la traduction anglaise aurait coûté une fortune.
Le Tribunal des anciens combattants de Charlottetown est un des seuls organismes dans le monde qui a le mandat de passer des jugements d'une importance extrême pour un ancien combattant et, en même temps, de décider de la validité du jugement jusque dans les moindres détails. En d'autres mots, ils sont juge et partie. Je vous inclus une copie des articles de loi qui sont toujours ignorés en vertu de la loi.
Les autorités de Charlottetown semblent avoir carte blanche pour faire ce qu'elles veulent: engager du personnel, se donner des promotions, nous interdire l'accès aux bureaux de district. La Loi sur les allocations aux anciens combattants n'existe pas. Pour eux, la preuve en est faite. Ils ont même réussi à faire insérer dans les fonctions de l'ombudsman des interdictions qui paralysent complètement son travail, puisque l'ancien combattant concerné doit obligatoirement aller en appel et lorsque le jugement est rendu, il n'a pas le droit d'y toucher — je vous invite à voir la copie des fonctions de l'ombudsman; il y en a deux.
Contrairement à la description imprimée et distribuée à tout le monde lors d'une réunion à Valcartier, on a nommé à Charlottetown des gens pour régler à leur manière les cas qui peuvent se présenter à l'ombudsman s'il n'y a pas eu d'appel. Cela leur permet de contrôler l'ombudsman, qui doit obéir aux autorités, ce qui le prive totalement de son indépendance.
Sur la présentation de mon cas, cet ombudsman m'a téléphoné et m'a assuré au téléphone qu'il ferait une recommandation au ministre pour un remboursement à la suite d'une opération. Vous pouvez vous référer au document que vous avez en mains. Le jugement a été maintenu en vertu de la loi et des règlements. Il est impossible de savoir quels sont les règlements, parce qu'il n'y a pas eu d'appel.
En l'an 2000, le total des fonctionnaires, selon Google, se chiffrait à 37 485. Maintenant, il est à près de 40 000 à travers le Canada. Google ne donne plus cette information; Charlottetown y a vu. On s'est emparer des fonctions des employés des bureaux de district pour engager du personnel et ouvrir des bureaux satellites — totalement inutiles et qui doivent coûter une fortune — afin de favoriser des amis et améliorer les possibilités de leur fonds de pension.
Incidemment, aucun sous-ministre ne comprend un mot de français. Alors, un agent de correspondance subalterne écrit une lettre en français, dictée par une autorité. Voici ce qu'il fait dire à ce sous-ministre qui m'a écrit: « Les changements apportés aux bureaux de district ont pour but de libérer du personnel pour mieux vous aider ». Je la trouve bonne, parce que actuellement, on interdit les services de ces bureaux aux vétérans de 1939-1945. On n'a aucun service, on ne peut pas téléphoner. Je vais vous parler du téléphone plus tard.
Cette décision, prise en l'an 2000, a été une catastrophe pour des dizaines d'anciens combattants, car jusqu'en l'an 2000, les employés des bureaux de district les visitaient à leur résidence, tandis que ceux qui pouvaient marcher sans trop de peine, pouvaient se rendre à ce petit bureau. Charlottetown a fermé le bureau en l'an 2000. Sans aucune aide, des dizaines de vétérans, même décorés pour bravoure, sont décédés dans la misère totale, sans rien dire, vivant de l'aide sociale. Ils ne pouvaient rien faire parce que la majorité d'entre eux étaient analphabètes. Ils ne pouvaient pas communiquer par écrit, encore moins par téléphone.
Je me suis occupé d'un confrère du Royal 22e Régiment qui était sans aucune défense et dont j'avais pitié. Je le connaissais très bien, puisqu'il avait été mon numéro sur mitrailleuse Bren. Lors d'un bombardement intense, un soldat a reçu un coup direct et mon compagnon a reçu la tête de ce soldat à un mètre de sa tranchée. Il s'est fait une sorte de déclic dans son cerveau et il n'a jamais plus été le même homme. Vous pouvez lire son histoire dans le dossier que je vous ai donné: « Drame d'un soldat du Royal 22e Régiment ». Six médecins ont essayé de le soigner, mais ça n'a pas marché.
Nous sommes extrêmement reconnaissants envers , qui a daigné nous rencontrer lors d'une réunion à Valcartier. À ma connaissance, c'était la première fois qu'un ministre visitait un groupe de soldats. Le mercredi suivant, lors de notre déjeuner hebdomadaire à la Place-de-la-Capitale, à Québec, les hommes ont célébré en buvant un meilleur café. Du jamais vu!
Ma dernière recommandation serait que Mme Sheila Fraser fasse une enquête administrative sur le fonctionnement de cette boîte à surprises. Ils ont toujours été libres de faire ce qu'ils voulaient, sans supervision. Nous, qui sommes du groupe de vétérans qui a participé à la guerre de 1939-1945, sommes considérés comme un groupe de deuxième classe. Nous sommes totalement oubliés.
Le fameux colonel Charles Forbes, qui a combattu pendant 18 mois et a été l'un des plus hauts décorés canadiens, a demandé de l'aide récemment au bureau de district, mais il n'en a pas obtenu. Il est interdit d'accorder de l'aide à un vétéran de la guerre de 1939-1945 et de la guerre de Corée. Si vous essayez de rejoindre ces gens par téléphone, il faut passer par Kirkland Lake, où il faut faire une confession générale.
J'ai appelé là-bas et j'ai dit vouloir parler à Mme Unetelle, qui est infirmière. La téléphoniste m'a alors demandé pourquoi je voulais rencontrer une infirmière. Franchement, il y a des limites! Elle n'a jamais voulu transférer mon appel, même si je savais que l'infirmière était à son bureau. Elle a laissé un message sur son répondeur. À compter de ce moment, l'infirmière avait deux jours pour nous répondre. Par contre, elle devait faire un rapport à Kirkland Lake. En effet, tous les dossiers des vétérans de la guerre de 1939-1945 et de la guerre de Corée ont été transférés à Kirkland Lake. Cela complète leur dossier, peu importe ce qu'ils disent, et ils n'ont pas le droit d'en dire beaucoup.
C'est nous qui avons été obligés de nous occuper du colonel. Nous avons essayé de faire des arrangements avec des soldats du 22e Régiment qui pourraient lui venir en aide et avec du personnel féminin qui pourraient assister sa femme, mais rien n'a fonctionné. Nous sommes des citoyens oubliés.
Le dossier que je vous ai soumis comporte toutes les explications. Par contre, je regrette de ne pas avoir pu le traduire.
Messieurs, c'est tout ce que j'avais à vous dire.